29.12.2012 Views

SONO - Spirit Magazine

SONO - Spirit Magazine

SONO - Spirit Magazine

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

La « maison des canisses » n’est<br />

pas le fruit du hasard. « Nous<br />

voulions faire une architecture<br />

contextuelle, se souvient Jacquier<br />

Ferrier, l’un des architectes du projet,<br />

c’est-à-dire une architecture méditerranéenne,<br />

qui tienne compte du climat, de l’orientation,<br />

du vent, de l’ensoleillement. Mais qui soit<br />

à l’opposé des pastiches nostalgiques qui,<br />

hélas, se répandent en France et notamment<br />

dans le Sud. » À y regarder de plus près, l’architecte<br />

a raison. Un mal sévit en zone méridionale.<br />

Depuis vingt ou trente ans, on assiste<br />

à la prolifération d’un « pseudo style néo-provençal<br />

qui en apparence a un lien avec la région<br />

mais qui, dans le mode de construction<br />

et dans le fonctionnement, n’est qu’un décor<br />

sans rapport avec la façon intelligente de penser<br />

une maison. » Ceci étant dit, on comprend<br />

bien vite que la « maison des canisses » n’est<br />

pas à classer dans cette catégorie-là. Elle fait,<br />

en revanche, la démonstration de la frugalité<br />

constructive, « c’est un thème qui m’intéresse<br />

beaucoup, un thème très méditerranéen »<br />

commente Jacques Ferrier. La frugalité, c’est<br />

l’économie de moyens et de matériaux au<br />

sens noble du terme. « Consommer le moins<br />

possible, c’est justement ici que commence<br />

la réflexion sur le rapport à l’environnement ».<br />

Cette maison, c’est un volume très simple, fait<br />

de briques creuses en terre cuite, un matériau<br />

facilement disponible puisque l’usine est<br />

à seulement 2 kilomètres. À l’arrivée, l’édifice<br />

résiste à la chaleur par son inertie thermique,<br />

à l’instar des mas provençaux ou des cabanes<br />

de vignes. Le volume en dur est doublé d’une<br />

enveloppe légère, celle des canisses, qui fonctionne<br />

comme un filtre et augmente les performances<br />

globales de la construction.<br />

En courant d’air<br />

L’architecte a également utilisé une technique<br />

« vieille comme le monde ». Le volume allongé<br />

est percé d’ouvertures systématiquement placées<br />

en vis-à-vis les unes des autres. Chaque<br />

pièce est donc traversée par un courant d’air<br />

qui garde la maison agréable et aérée même<br />

en été, sans aucun système de ventilation et<br />

encore moins de climatisation. En plein aprèsmidi,<br />

la masse d’air est un peu plus chaude<br />

sur la façade ouest tandis que qu’à l’est, le<br />

mur est ombré par les canisses. Se produit<br />

un différentiel de température qui suffit à créer<br />

un courant d’air extrêmement puissant. « En<br />

temps normal, des choses aussi simples ne<br />

mériteraient pas d’être évoquées. On en parle<br />

parce qu’elles ont été complètement oubliées<br />

et perdues, et j’espère que dans 10 ou 15 ans,<br />

on verra partout ces dispositifs d’orientation ».<br />

Le plan simple, est aussi là pour s’élever contre<br />

le caractère labyrinthique des petites maisons<br />

aux grands couloirs et aux portes multiples<br />

dans lesquelles on réduit considérablement<br />

l’espace. Ici, les architectes ont choisi de créer<br />

des pièces qui se commandent les unes les<br />

autres. Et, comme le couloir n’est pas vraiment<br />

matérialisé, il y a toujours la possibilité<br />

de passer par la coursive de canisses située<br />

à l’extérieur. L’espace ainsi libéré paraît plus<br />

grand. Pourquoi avoir choisi des canisses ? Du<br />

tac-au-tac, l’architecte répond : « cela fabrique<br />

de l’ombre, mais une ombre particulière, avec<br />

un effet de lumière interrompu par endroit.<br />

Cela inscrit la bâtisse dans une culture. Si je<br />

dessinais une maison à Copenhague ou dans<br />

le nord de la France, bien évidemment je ne<br />

mettrais pas de canisses. Il y a un côté culturel<br />

même dans la lumière. » Culture, le mot est lâché<br />

et l’architecte devient intarissable. Il parle<br />

du plaisir d’habiter que doit attiser l’architecture.<br />

Et là, impossible de le contredire.<br />

Le volume est construit en utilisant les techniques courantes dans la région : murs en maçonnerie de briques creuses, toiture en hourdis de terre cuite, enduit à la chaux...<br />

le toit-terrasse aide la maison à disparaître complètement dans la végétation. elle est parfaitement invisible tant que l’on n’a pas franchi le rideau de pins qui l’entoure.<br />

Fiche technique<br />

Pourquoi ?<br />

Maîtrise d’ouvrage<br />

privée<br />

Où ? L’Aude<br />

Par qui ?<br />

Jacques Ferrier avec<br />

Sandra Planchez<br />

Combien ? 100 m²<br />

et 550 000 € TTC<br />

le CaraCtère Urbain <strong>Spirit</strong> • 17

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!