Léviathan des Nations_fr
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Le même processus ne s'est-il pas répété dans presque toutes les Eglises soidisant protestantes ? A mesure que leurs fondateurs, animés d'un véritable esprit de réforme, disparaissaient de la scène du monde, leurs descendants s'enhardissaient au point de donner une nouvelle forme à la cause. Tout en adhérant aveuglément aux croyances de leurs pères et refusant d'accepter toute vérité qu'ils n'avaient pas connue, les enfants des réformateurs s'éloignèrent beaucoup de leur exemple d'humilité, d'oubli d'eux-mêmes et de renoncement au monde. Ainsi, la première simplicité disparut. Un torrent de mondanité entra dans l'Eglise et apporta avec lui ses coutumes, ses pratiques et ses idoles. Hélas ! à quel effrayant degré cette amitié du monde, qui est " une inimitié contre Dieu ", n'est-elle pas recherchée par ceux qui professent être les disciples de Christ ! Combien les Eglises populaires de la chrétienté ne se sont-elles pas éloignées de ce niveau biblique d'humilité, de renoncement, de simplicité et de piété ! John Wesley disait, en parlant du bon usage de l'argent : " Ne perdez rien d'un si précieux talent simplement pour satisfaire les désirs des yeux, par une toilette superflue et dispendieuse, ou d'inutiles ornements. N'en prodiguez rien pour orner vos maisons de meubles superflus ou coûteux, de tableaux de prix, de peintures, de dorures. ... Ne dépensez rien pour satisfaire l'orgueil de la vie, pour obtenir l'admiration ou la louange des hommes.... Aussi longtemps que tu te feras du bien, on te louera.... Aussi longtemps que tu seras vêtu de pourpre et de fin lin, et que tu te traiteras bien et magnifiquement tous les jours, beaucoup de gens applaudiront sans doute à l'élégance de ton goût, à ta générosité et à ton hospitalité. Mais ne paie pas leurs applaudissements si cher. Contente-toi plutôt de l'honneur qui vient de Dieu." Wesley, Works, Sermon 50. De nos jours, cet enseignement est méconnu dans bien des Eglises. Il est de mode dans le monde de faire profession de religion. Souverains, hommes d'Etat, avocats, docteurs, marchands, se rattachent à une Eglise afin de s'assurer le respect et la confiance de la société, et dans l'intérêt de leurs ambitions mondaines. Ils cherchent ainsi à couvrir tous leurs procédés injustes du manteau de la religion (Ceci s'applique surtout aux Eglises d'Amérique dans lesquelles on n'entre qu'à l'âge de raison et sur sa demande. Comme on le verra, plusieurs détails de ce chapitre s'appliquent également plus spécialement aux Etats-Unis). Les diverses communautés religieuses, confortées par la richesse et l'influence de ces mondains baptisés, recherchent avec plus d'empressement encore la popularité et l'appui du monde. Des églises splendides, ornées de la manière la plus extravagante, sont érigées dans les quartiers les plus riches et les plus populaires. Les adorateurs se vêtent avec luxe et se conforment aux dernières modes. On paie des honoraires énormes à un ministre éloquent pour qu'il attire et captive agréablement le peuple. Dans ses sermons, il ne doit pas évoquer les péchés populaires, mais ses discours doivent être agréables aux oreilles de ses élégants auditeurs. De cette manière les 258
mondains sont reçus dans l'Eglise, et les péchés à la mode sont recouverts du manteau de la piété. Parlant de l'attitude actuelle vis-à-vis du monde de gens faisant profession de christianisme, un des journaux politiques les plus répandus disait : " L'Eglise a cédé insensiblement à l'esprit du jour, et a adapté les formes de son culte aux besoins du temps. ... Elle s'empare en effet de tout ce qui peut rendre la religion attrayante." D'un autre côté, un correspondant de l'Indépendant de New-York parle ainsi du méthodisme actuel : " La ligne de séparation entre les gens pieux et les irréligieux s'efface dans une demi-obscurité, et des hommes des deux partis travaillent avec zèle à faire disparaître toute différence entre leurs manières d'agir et leurs plaisirs. ... La popularité de la religion tend fortement à augmenter le nombre de ceux qui voudraient s'en assurer les bienfaits sans en remplir honnêtement les devoirs." Howard Crosby dit : " Aujourd'hui, l'Eglise de Dieu fait la cour au monde. Ses membres essaient de l'abaisser au niveau des impies. Les bals, les théâtres, l'art impudique, le luxe social avec sa morale relachée, font leur entrée dans l'enceinte sacrée de l'église. Pour expier toute cette mondanité, les chrétiens font leurs carêmes et leurs Pâques, et ornent magnifiquement leurs églises. C'est l'ancienne ruse de Satan. L'Eglise juive est allée échouer sur cet écueil, l'Eglise romaine fit naufrage de la même manière, et le même sort est réservé à l' Eglise protestante." Dans ce flux de mondanité et de recherche du plaisir, l'esprit de renoncement et de sacrifice pour l'amour de Christ a presque entièrement disparu. " Quelques-uns des hommes et des femmes qui sont maintenant membres actifs de nos Eglises, avaient appris, étant enfants, à faire des sacrifices pour contribuer de leurs biens à l'avancement de la cause de Christ. Mais aujourd'hui, a-t-on besoin de fonds [...] il ne faut demander à personne de donner. Oh ! non ; qu'on fasse une vente, une loterie, ou quelque festin, quelque chose qui amuse!" Le gouverneur Washburn du Wisconsin déclarait dans sa proclamation annuelle que " les ventes d'églises, les loteries de bienfaisance, les loteries-concerts organisées dans des buts charitables et autres, les lots et sachets de hasard, les faveurs aux écoles du dimanche et autres, par billets tirés, sont des pépinières du crime. Pour autant qu'ils promettent des avantages gratuits, ce sont réellement des jeux de hasard. L'esprit pernicieux du jeu est ainsi provoqué, attisé et entretenu par ces moyens, à un degré que les honnêtes citoyens comprennent peu. Sans ces excitations, les lois répressives du jeu seraient moins violées et plus facilement appliquées. On ne devrait, déclare-t-il, plus permettre ces pratiques qui corrompent la jeunesse. " L'esprit de conformité au monde envahit toutes les Eglises de la chrétienté. Robert Atkins, dans un sermon qu'il prêcha à Londres, fait un sombre tableau du déclin spirituel qu'on remarque en Angleterre. " Les hommes vraiment justes diminuent sur la terre, et personne ne s'en inquiète. Les hommes qui, de nos jours, font profession de religion, dans chaque Eglise, sont amis du monde. Ils imitent le monde, ils sont amateurs de leurs aises, 259
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réformateurs s'éloignèrent beaucoup de leur exemple d'humilité, d'oubli d'eux-mêmes et<br />
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Hélas ! à quel ef<strong>fr</strong>ayant degré cette amitié du monde, qui est " une inimitié contre<br />
Dieu ", n'est-elle pas recherchée par ceux qui professent être les disciples de Christ !<br />
Combien les Eglises populaires de la chrétienté ne se sont-elles pas éloignées de ce<br />
niveau biblique d'humilité, de renoncement, de simplicité et de piété ! John Wesley disait,<br />
en parlant du bon usage de l'argent : " Ne perdez rien d'un si précieux talent simplement<br />
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de tableaux de prix, de peintures, de dorures. ... Ne dépensez rien pour satisfaire l'orgueil<br />
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te feras du bien, on te louera.... Aussi longtemps que tu seras vêtu de pourpre et de fin lin,<br />
et que tu te traiteras bien et magnifiquement tous les jours, beaucoup de gens<br />
applaudiront sans doute à l'élégance de ton goût, à ta générosité et à ton hospitalité. Mais<br />
ne paie pas leurs applaudissements si cher. Contente-toi plutôt de l'honneur qui vient de<br />
Dieu." Wesley, Works, Sermon 50. De nos jours, cet enseignement est méconnu dans<br />
bien <strong>des</strong> Eglises.<br />
Il est de mode dans le monde de faire profession de religion. Souverains, hommes<br />
d'Etat, avocats, docteurs, marchands, se rattachent à une Eglise afin de s'assurer le respect<br />
et la confiance de la société, et dans l'intérêt de leurs ambitions mondaines. Ils cherchent<br />
ainsi à couvrir tous leurs procédés injustes du manteau de la religion (Ceci s'applique<br />
surtout aux Eglises d'Amérique dans lesquelles on n'entre qu'à l'âge de raison et sur sa<br />
demande. Comme on le verra, plusieurs détails de ce chapitre s'appliquent également plus<br />
spécialement aux Etats-Unis). Les diverses communautés religieuses, confortées par la<br />
richesse et l'influence de ces mondains baptisés, recherchent avec plus d'empressement<br />
encore la popularité et l'appui du monde. Des églises splendi<strong>des</strong>, ornées de la manière la<br />
plus extravagante, sont érigées dans les quartiers les plus riches et les plus populaires. Les<br />
adorateurs se vêtent avec luxe et se conforment aux dernières mo<strong>des</strong>. On paie <strong>des</strong><br />
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Dans ses sermons, il ne doit pas évoquer les péchés populaires, mais ses discours<br />
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