Léviathan des Nations_fr

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prisons " , pour que l’hérésie fût promptement extirpée. " (Id., chap XII, p. 177-178, 180, 181-183.) L’Evangile de paix, rejeté par la France, allait en effet être banni du royaume, mais à quel prix ! Le 21 janvier 1793, deux cent cinquante-huit ans après ces lamentables scènes, une procession d’un autre genre parcourait les rues de Paris, pour une raison tout à fait différente. Le roi en était de nouveau le principal personnage ; de nouveau on entendait les clameurs de la populace demander d’autres victimes ; de nouveau se dressaient de noirs échafauds pour servir à d’affreuses exécutions. " Louis XVI, se débattant entre les mains de ses geôliers et de ses bourreaux, était traîné sur la planche et maintenu de vive force, en attendant que le couperet fît tomber sa tête. " ( Cf. Histoire Moderne et Contemporaine, Dufayard et Suérus, p. 488, 489.) Le roi de France ne devait pas périr seul ; près du même lieu, pendant les jours sanglants de la Terreur, deux mille huit cents hommes et femmes furent décapités. La Réforme avait ouvert le Livre de Dieu devant le monde ; elle avait rappelé les préceptes de la loi divine et proclamé ses droits sur les consciences. L’Amour infini avait fait connaître aux hommes les statuts et les principes du ciel. Dieu avait dit : " Vous les observerez et vous les mettrez en pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes ces lois et qui diront : Cette grande nation est un peuple absolument sage et intelligent ! " (Deutéronome 4 : 6.) En rejetant le don du ciel, la France répandait des semences d’anarchie et de ruine dont la moisson inévitable fut récoltée sous la Révolution et le règne de la Terreur. Longtemps avant la persécution provoquée par les placards, l’intrépide et ardent Farel avait été obligé de quitter le pays de sa naissance. Il s’était retiré en Suisse où, secondant Zwingle dans ses travaux, il contribua à faire triompher la Réforme. C’est à ce pays qu’il devait consacrer les dernières années de sa vie. Il continua, toutefois, à exercer une influence décisive sur la Réforme en France. Pendant les premières années de son exil, il consacra beaucoup de temps à évangéliser ses compatriotes du Jura d’où, avec une inlassable vigilance, il surveillait le conflit qui sévissait dans son pays natal, prodiguant ses paroles d’exhortation et ses conseils. Grâce à ses encouragements et au concours d’autres exilés, les écrits des réformateurs allemands aussi bien que l’Ecriture sainte étaient traduits en français et imprimés à grands tirages. Ces ouvrages furent largement répandus en France par des colporteurs — auxquels ils étaient cédés à bas prix — ce qui leur donnait la possibilité de vivre du produit de leurs ventes et de poursuivre leur œuvre. Farel avait commencé sa mission en Suisse en exerçant l’humble fonction de maître d’école, se vouant à l’éducation des enfants dans une paroisse isolée. Afin d’atteindre les parents, il ajoutait prudemment aux branches ordinaires l’enseignement des saintes Ecritures. Quelques-uns ayant reçu la Parole, les prêtres intervinrent et soulevèrent contre 148

le réformateur les campagnards superstitieux. " Ce ne peut être l’Evangile du Christ, disaient les prêtres, puisque sa prédication amène non la paix, mais la guerre. " Comme les disciples de Jésus, lorsqu’il était persécuté en un lieu, Farel fuyait dans un autre, allant de village en village et de ville en ville, voyageant à pied, exposé au froid, à la faim, à la fatigue. Partout en danger de mort, il prêchait sur les places de marché, dans les églises et, à l’occasion, dans la chaire des cathédrales. Il lui arrivait de se trouver sans auditeurs. Parfois, sa prédication était interrompue par des cris et des moqueries ; d’autres fois, il était violemment expulsé du lieu de l’assemblée. A maintes reprises, poursuivi et frappé par la populace, il fut laissé pour mort. Mais il ne se décourageait pas. Repoussé, il revenait opiniâtrement à l’assaut et finissait par voir des villes, des bourgs et des villages, autrefois forteresses de la papauté, ouvrir leurs portes à l’Evangile. La petite paroisse d’Aigle, qui fut le théâtre de ses premiers travaux, ne tarda pas à se ranger sous la bannière de la Réforme. Les villes de Morat et de Neuchâtel, abandonnant aussi les rites du romanisme, enlevèrent les idoles de leurs églises. Depuis longtemps, Farel aspirait à planter l’étendard protestant à Genève. Si cette ville pouvait être gagnée, pensait-il, elle deviendrait un centre pour la Réforme en Suisse, en France et en Italie. Dans cette perspective, il avait réussi à rallier à la cause de l’Evangile plusieurs bourgs et villages des environs. Accompagné d’un collaborateur nommé Antoine Saunier, il entra dans Genève. Mais il ne put y prêcher que deux fois. Les prêtres, ayant échoué dans leurs efforts pour le faire condamner par l’autorité civile, le sommèrent de comparaître devant un tribunal ecclésiastique, où ils se rendirent avec des armes cachées sous leurs soutanes, déterminés à lui ôter la vie. En dehors de la salle, une populace furieuse, armée de gourdins et d’épées, s’apprêtait à le tuer dans le cas où il réussirait à s’échapper du tribunal. Farel fut sauvé grâce à la présence des magistrats civils et d’une troupe armée. De bonne heure, le lendemain, il était, avec son compagnon, conduit en lieu sûr de l’autre côté du lac. Ainsi se termina sa première tentative d’évangélisation à Genève. La seconde fois, on choisit un instrument plus modeste ; c’était un jeune homme de si chétive apparence qu’il fut froidement reçu, même par les amis de la Réforme. Que pouvait faire cet homme inexpérimenté là où Farel avait échoué ? Comment pourrait-il résister à la tempête devant laquelle le vaillant réformateur avait dû battre en Retraite ? " Ce n’est ni par la puissance ni par la force, mais c’est par mon esprit, dit L’Éternel des armées. " (Zacharie 4 : 6.) En effet, " Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes " . " Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. " (1 Corinthiens 1: 27, 25.) 149

prisons " , pour que l’hérésie fût promptement extirpée. " (Id., chap XII, p. 177-178, 180,<br />

181-183.)<br />

L’Evangile de paix, rejeté par la France, allait en effet être banni du royaume, mais à<br />

quel prix ! Le 21 janvier 1793, deux cent cinquante-huit ans après ces lamentables scènes,<br />

une procession d’un autre genre parcourait les rues de Paris, pour une raison tout à fait<br />

différente. Le roi en était de nouveau le principal personnage ; de nouveau on entendait<br />

les clameurs de la populace demander d’autres victimes ; de nouveau se dressaient de<br />

noirs échafauds pour servir à d’af<strong>fr</strong>euses exécutions. " Louis XVI, se débattant entre les<br />

mains de ses geôliers et de ses bourreaux, était traîné sur la planche et maintenu de vive<br />

force, en attendant que le couperet fît tomber sa tête. " ( Cf. Histoire Moderne et<br />

Contemporaine, Dufayard et Suérus, p. 488, 489.) Le roi de France ne devait pas périr<br />

seul ; près du même lieu, pendant les jours sanglants de la Terreur, deux mille huit cents<br />

hommes et femmes furent décapités.<br />

La Réforme avait ouvert le Livre de Dieu devant le monde ; elle avait rappelé les<br />

préceptes de la loi divine et proclamé ses droits sur les consciences. L’Amour infini avait<br />

fait connaître aux hommes les statuts et les principes du ciel. Dieu avait dit : " Vous les<br />

observerez et vous les mettrez en pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre<br />

intelligence aux yeux <strong>des</strong> peuples, qui entendront parler de toutes ces lois et qui diront :<br />

Cette grande nation est un peuple absolument sage et intelligent ! " (Deutéronome 4 : 6.)<br />

En rejetant le don du ciel, la France répandait <strong>des</strong> semences d’anarchie et de ruine dont la<br />

moisson inévitable fut récoltée sous la Révolution et le règne de la Terreur.<br />

Longtemps avant la persécution provoquée par les placards, l’intrépide et ardent Farel<br />

avait été obligé de quitter le pays de sa naissance. Il s’était retiré en Suisse où, secondant<br />

Zwingle dans ses travaux, il contribua à faire triompher la Réforme. C’est à ce pays qu’il<br />

devait consacrer les dernières années de sa vie. Il continua, toutefois, à exercer une<br />

influence décisive sur la Réforme en France. Pendant les premières années de son exil, il<br />

consacra beaucoup de temps à évangéliser ses compatriotes du Jura d’où, avec une<br />

inlassable vigilance, il surveillait le conflit qui sévissait dans son pays natal, prodiguant<br />

ses paroles d’exhortation et ses conseils. Grâce à ses encouragements et au concours<br />

d’autres exilés, les écrits <strong>des</strong> réformateurs allemands aussi bien que l’Ecriture sainte<br />

étaient traduits en <strong>fr</strong>ançais et imprimés à grands tirages. Ces ouvrages furent largement<br />

répandus en France par <strong>des</strong> colporteurs — auxquels ils étaient cédés à bas prix — ce qui<br />

leur donnait la possibilité de vivre du produit de leurs ventes et de poursuivre leur œuvre.<br />

Farel avait commencé sa mission en Suisse en exerçant l’humble fonction de maître<br />

d’école, se vouant à l’éducation <strong>des</strong> enfants dans une paroisse isolée. Afin d’atteindre les<br />

parents, il ajoutait prudemment aux branches ordinaires l’enseignement <strong>des</strong> saintes<br />

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