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Léviathan des Nations_fr

serpent de mer, dragon de mer, , , archidémon, lucifer, , , lviathan,

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Le monarque, heureux de mettre à l’épreuve la puissance et la finesse <strong>des</strong> champions<br />

adverses, aussi bien que d’humilier l’orgueil et la morgue <strong>des</strong> moines, enjoignit aux<br />

romanistes de défendre leur cause par la Parole de Dieu. Ces derniers savaient que cette<br />

arme ne les servirait guère ; l’emprisonnement, la torture et le bûcher leur étaient plus<br />

familiers. Maintenant, les rôles étaient renversés, et ils se voyaient sur le point de tomber<br />

dans la fosse qu’ils avaient creusée à l’intention de Berquin. Ils se demandaient avec<br />

inquiétude comment ils sortiraient de cette impasse. A ce moment, on trouva, à l’angle<br />

d’une rue, une image mutilée de la Vierge. L’émotion fut grande dans la ville. Des foules<br />

accoururent sur les lieux, jetant <strong>des</strong> cris de douleur et d’indignation. Le roi fut<br />

profondément affecté, et les moines ne manquèrent pas de tirer parti de cet incident. " Ce<br />

sont là les <strong>fr</strong>uits <strong>des</strong> doctrines du chevalier, s’écrièrent-ils ; tout est sur le point de<br />

s’écrouler par cette conspiration luthérienne : la religion, les lois, le trône lui-même. "<br />

Louis de Berquin fut de nouveau arrêté. François Ier ayant quitté Paris pour Blois, les<br />

moines purent agir à leur guise. Le réformateur fut jugé et condamné à mort. Dans la<br />

crainte que le roi n’intervînt une fois encore, la sentence fut exécutée le jour même où<br />

elle fut prononcée. A midi sonné, il fut conduit au lieu de l’exécution. Une foule immense<br />

se réunit pour assister à sa mort. Plusieurs constatèrent avec épouvante que la victime<br />

avait été choisie parmi les hommes les plus nobles et les plus illustres de France. L’ef<strong>fr</strong>oi,<br />

l’indignation, le mépris et la haine se lisaient sur bien <strong>des</strong> visages ; mais il y avait là un<br />

homme sur les traits duquel ne planait aucune ombre. Les pensées du martyr étaient bien<br />

éloignées de cette scène de tumulte ; il était pénétré du sentiment de la présence de Dieu.<br />

Il ne prenait garde ni à la grossière charrette sur laquelle on l’avait hissé, ni aux visages<br />

rébarbatifs de ses tortionnaires, ni à la mort douloureuse vers laquelle il marchait. Celui<br />

qui était mort, et qui vit aux siècles <strong>des</strong> siècles, qui tient les clés de la mort et du séjour<br />

<strong>des</strong> morts était à ses côtés. Le visage du prisonnier rayonnait de la lumière et de la paix<br />

du ciel. Revêtu de son plus beau costume — une robe de velours, <strong>des</strong> vêtements de satin<br />

et damas et <strong>des</strong> chausses d’or (Merle d’Aubigné, Hist. de la Réformation au temps de<br />

Calvin, liv. II, Chap. XVI, p. 60.) — il allait rendre témoignage de sa foi en présence du<br />

rois <strong>des</strong> rois et de l’univers, et rien ne devait démentir sa joie.<br />

Tandis que le cortège avançait lentement dans les rues encombrées, on était <strong>fr</strong>appé du<br />

calme, de la paix, voire du joyeux triomphe que révélait toute l’attitude de ce noble. "<br />

Vous eussiez dit, raconte Erasme d’après un témoin oculaire, qu’il était dans un temple à<br />

méditer sur les choses saintes. " Arrivé au bûcher, le martyr tenta de parler à la foule,<br />

mais les moines, qui redoutaient son éloquence, couvrirent sa voix en poussant <strong>des</strong> cris,<br />

tandis que les soldats faisaient entendre le cliquetis de leurs armes. " Ainsi la Sorbonne<br />

de 1529, la plus haute autorité littéraire et ecclésiastique de France, avait donné à la<br />

commune de Paris de 1793 le lâche exemple d’étouffer sur l’échafaud les paroles sacrées<br />

<strong>des</strong> mourants. " (G. de Félice, Ouv. cité, p. 34.) Louis de Berquin fut étranglé et son corps<br />

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