Léviathan des Nations_fr

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place en face de son superbe adversaire sur un tréteau grossièrement travaillé " . Eck parlait d’une voix retentissante et avec une imperturbable assurance ; son zèle était stimulé par l’or aussi bien que par les honneurs : le défenseur de la foi devait, en effet, recevoir une importante rémunération. Quand les arguments lui manquaient, il avait recours aux injures et aux imprécations. OEcolampade, naturellement timide et modeste, avait longtemps hésité à prendre part à la dispute ; il ne s’y était décidé qu’en faisant à l’avance cette protestation solennelle : " Je ne reconnais pour règle de foi que la Parole de Dieu. " Doux et courtois, il se montra à la fois érudit et inébranlable. Tandis que les champions de l’Eglise faisaient constamment appel à l’autorité et aux usages de l’Eglise, le réformateur en appelait invariablement aux saintes Ecritures. " La coutume, disait-il, n’a de valeur dans notre Suisse que par la constitution : or, en matière de foi, la constitution, c’est la Bible. " Le contraste entre les deux antagonistes ne fut pas sans produire son effet. Le calme, la sérénité et la modestie du réformateur, aussi bien que la clarté de ses exposés, le recommandaient à ses auditeurs, qui se détournaient avec dégoût des affirmations bruyantes et orgueilleuses du docteur Eck….La dispute dura dix-huit jours. Les papistes s’en attribuèrent bruyamment la victoire. Comme la plupart des délégués étaient partisans de Rome, la diète décida que les réformateurs avaient été battus et qu’ils étaient avec Zwingle, leur chef, retranchés de la communion de l’Eglise. Mais les résultats de cette conférence montrèrent où était la vérité. La cause protestante en reçut une puissante impulsion et, peu après, les villes importantes de Bâle et de Berne se déclarèrent pour la Réforme. 116

Chapitre 10 - Le Progrès de la Reforme La disparition mystérieuse de Luther avait jeté toute l’Allemagne dans la consternation. On se demandait ce qu’il était devenu. Les rumeurs les plus extravagantes circulaient. Beaucoup croyaient qu’il avait été assassiné. Il était pleuré, non seulement par ses partisans déclarés, mais aussi par bien des gens qui n’avaient pas encore pris position pour la Réforme. Et plusieurs juraient solennellement de venger sa mort. Les dignitaires de l’Eglise virent avec terreur à quel point l’opinion publique leur était hostile. Après s’être réjouis de la mort présumée de Luther, ils ne tardèrent pas à désirer se mettre à l’abri de la colère du peuple. Les ennemis de Luther n’avaient pas été aussi déconcertés par ses actes les plus retentissants qu’ils ne l’étaient par sa disparition. Ceux qui, dans leur rage, avaient demandé le sang du hardi réformateur, étaient épouvantés maintenant qu’il n’était plus qu’un captif. " Le seul moyen qui nous reste pour sauver notre cause, disait l’un d’eux, c’est d’allumer des torches, d’aller chercher Luther dans le monde entier et de le rendre à la nation qui le réclame. " L’édit impérial semblait frappé d’impuissance et les légats du pape étaient indignés en constatant que cet édit retenait infiniment moins l’attention que le sort de leur adversaire. La nouvelle que Luther était en sécurité, quoique prisonnier, calma les craintes populaires et enflamma l’enthousiasme en sa faveur. On lut ses écrits avec plus de ferveur. Ceux qui épousaient la cause du héros qui avait soutenu les droits de la Parole de Dieu dans des circonstances aussi tragiques augmentaient de plus en plus. La Réforme prenait de jour en jour des forces nouvelles. La semence que Luther avait jetée fructifiait de toutes parts. Son absence faisait ce que sa présence n’eût pu accomplir. En outre, ses collaborateurs sentaient sur eux une plus grande responsabilité maintenant que leur chef leur était enlevé. Animés d’une foi et d’une ardeur nouvelles, ils redoublaient d’efforts pour que l’œuvre si noblement commencée ne souffrît pas de retard. Mais Satan ne restait pas inactif. Comme il l’avait toujours fait dans des circonstances analogues, il tenta d’opposer à l’œuvre de la Réforme une contrefaçon destinée à séduire et à perdre les âmes. De même qu’il y avait au premier siècle de l’Eglise de faux christs, il s’éleva au seizième siècle de faux prophètes. Quelques hommes, vivement impressionnés par l’effervescence qui régnait dans le monde religieux, et imaginant avoir reçu des révélations du ciel, se dirent spécialement élus de Dieu pour parachever l’œuvre de réforme ébauchée par Luther. En réalité, ils démolissaient ce que le réformateur avait édifié. Rejetant le grand principe qui était à la base de la Réforme : la Parole de Dieu prise comme unique règle de foi et de vie, ils substituaient à cette règle infaillible et immuable la norme variable et incertaine de leurs sentiments et de leurs impressions. Or, 117

place en face de son superbe adversaire sur un tréteau grossièrement travaillé " . Eck<br />

parlait d’une voix retentissante et avec une imperturbable assurance ; son zèle était<br />

stimulé par l’or aussi bien que par les honneurs : le défenseur de la foi devait, en effet,<br />

recevoir une importante rémunération. Quand les arguments lui manquaient, il avait<br />

recours aux injures et aux imprécations.<br />

OEcolampade, naturellement timide et mo<strong>des</strong>te, avait longtemps hésité à prendre part<br />

à la dispute ; il ne s’y était décidé qu’en faisant à l’avance cette protestation solennelle : "<br />

Je ne reconnais pour règle de foi que la Parole de Dieu. " Doux et courtois, il se montra à<br />

la fois érudit et inébranlable. Tandis que les champions de l’Eglise faisaient constamment<br />

appel à l’autorité et aux usages de l’Eglise, le réformateur en appelait invariablement aux<br />

saintes Ecritures. " La coutume, disait-il, n’a de valeur dans notre Suisse que par la<br />

constitution : or, en matière de foi, la constitution, c’est la Bible. "<br />

Le contraste entre les deux antagonistes ne fut pas sans produire son effet. Le calme,<br />

la sérénité et la mo<strong>des</strong>tie du réformateur, aussi bien que la clarté de ses exposés, le<br />

recommandaient à ses auditeurs, qui se détournaient avec dégoût <strong>des</strong> affirmations<br />

bruyantes et orgueilleuses du docteur Eck….La dispute dura dix-huit jours. Les papistes<br />

s’en attribuèrent bruyamment la victoire. Comme la plupart <strong>des</strong> délégués étaient partisans<br />

de Rome, la diète décida que les réformateurs avaient été battus et qu’ils étaient avec<br />

Zwingle, leur chef, retranchés de la communion de l’Eglise. Mais les résultats de cette<br />

conférence montrèrent où était la vérité. La cause protestante en reçut une puissante<br />

impulsion et, peu après, les villes importantes de Bâle et de Berne se déclarèrent pour la<br />

Réforme.<br />

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