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Léviathan des Nations_fr

serpent de mer, dragon de mer, , , archidémon, lucifer, , , lviathan,

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Continuant sa route, le réformateur était partout l’objet du plus vif intérêt. Une foule<br />

avide se pressait autour de lui. Des voix amies l’avertissaient <strong>des</strong> <strong>des</strong>seins <strong>des</strong> romanistes<br />

: " On vous brûlera, lui disait-on, on réduira votre corps en cendres, comme on l’a fait de<br />

celui de Jean Hus. " Sa réponse était : " Quand ils feraient un feu qui s’étendrait de<br />

Worms à Wittenberg et qui s’élèverait jusqu’au ciel, au nom du Seigneur je le<br />

traverserais. Je paraîtrais devant eux, j’entrerais dans la gueule de ce Béhémoth, je<br />

briserais ses dents, et je confesserais le Seigneur Jésus-Christ."<br />

En apprenant qu’il approchait de Worms, les gens furent en effervescence. Ses amis<br />

tremblaient pour sa sécurité ; ses ennemis craignaient pour leur cause. On s’efforça de le<br />

dissuader d’entrer dans la ville. A l’instigation <strong>des</strong> prêtres, il fut invité à se retirer dans le<br />

château d’un chevalier sympathique à sa cause, où, lui assurait-on, toutes les difficultés<br />

pourraient être résolues amicalement. Des amis tentèrent d’exciter ses craintes en lui<br />

représentant les dangers auxquels il était exposé. Tout fut inutile. Inébranlable, Luther<br />

répondit : " Quand même il y aurait autant de diables à Worms qu’il y a de tuiles sur les<br />

toits, j’y entrerais. "<br />

A son entrée dans la ville, l’animation fut intense : une grande foule lui souhaita la<br />

bienvenue. L’empereur lui-même n’avait pas vu une aussi grande foule venir le saluer.<br />

Du milieu de la foule, une voix perçante et plaintive fit entendre le chant <strong>des</strong> morts pour<br />

avertir Luther du sort qui le menaçait. " Dieu sera ma défense " , dit-il en <strong>des</strong>cendant de<br />

voiture. Les romanistes n’avaient pas cru que Luther oserait venir à Worms ; aussi son<br />

arrivée les plongea-t-elle dans la consternation. L’empereur convoqua aussitôt ses<br />

conseillers afin de savoir quel parti prendre. L’un <strong>des</strong> évêques, papiste rigide, prenant la<br />

parole, s’écria : Nous nous sommes longuement consultés sur cette affaire. Que votre<br />

Majesté impériale se débarrasse promptement de cet homme. Sigismond n’at- il pas fait<br />

brûler Jean Hus ? On n’est tenu ni de donner un sauf-conduit à un hérétique ni de le<br />

respecter. " Non ! dit Charles : ce qu’on a promis, il faut qu’on le tienne. " On décida, en<br />

conséquence, de faire comparaître le réformateur.<br />

Toute la ville désirait voir cet homme extraordinaire. Bientôt, une foule de visiteurs<br />

envahit son appartement. A peine remis de sa récente maladie, fatigué d’un voyage qui<br />

avait duré deux semaines entières, et devant se préparer à la comparution solennelle du<br />

lendemain, il avait besoin de calme et de repos. Mais leur désir de le voir était si grand<br />

que nobles, chevaliers, prêtres, citoyens se pressaient autour de lui. De ce nombre étaient<br />

plusieurs de ceux qui avaient hardiment demandé à l’empereur de mettre fin aux abus du<br />

clergé, et qui, dit plus tard Luther, " avaient tous été af<strong>fr</strong>anchis par mon Evangile " . Amis<br />

et ennemis accouraient pour contempler ce moine intrépide au visage pâle, émacié, qui<br />

recevait chacun avec une bienveillance enjouée. Son calme, sa dignité, son tact, son<br />

attitude ferme et courageuse, la solennité de ses paroles lui donnaient une autorité à<br />

laquelle ses ennemis eux-mêmes avaient peine à résister, et qui remplissait chacun<br />

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