Léviathan des Nations_fr

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adversaires de la Réforme et préparait ainsi la voie à la grande œuvre qui allait s’accomplir. La Réforme n’a pas pris fin avec Luther, comme beaucoup le supposent. Elle doit se poursuivre jusqu’à la fin de l’histoire de l’humanité. Luther avait une grande tâche : celle de communiquer au monde la lumière que Dieu avait fait briller sur son sentier ; et pourtant, il ne la possédait pas tout entière. De son temps à nos jours, des lumières nouvelles n’ont cessé de jaillir des pages des saintes Ecritures. La diète nomma aussitôt une commission chargée de préparer une liste des exactions papales qui pesaient si lourdement sur le peuple allemand. Ce catalogue, qui contenait cent et un griefs, fut présenté à l’empereur avec la requête instante de prendre des mesures immédiates pour faire cesser ces abus. Que d’âmes chrétiennes perdues!" disaient les pétitionnaires, " que de dépravations, que d’extorsions résultent des scandales dont s’entoure le chef spirituel de la chrétienté ! Il faut prévenir la ruine et le déshonneur de notre peuple. C’est pourquoi, tous ensemble, nous vous supplions très humblement, mais de la manière la plus pressante, d’ordonner une réforme générale, de l’entreprendre et de l’accomplir. La diète exigea alors qu’on fit comparaître le réformateur. En dépit des objurgations, des protestations et des menaces d’Aléandre, l’empereur finit par y consentir. La convocation était accompagnée d’un saufconduit promettant que Luther serait ramené en lieu sûr. Ces deux documents furent portés à Wittenberg par un héraut chargé d’escorter le réformateur. Les amis de Luther furent terrifiés. Connaissant la haine de ses ennemis, ils craignaient que le saufconduit ne fût pas respecté, et ils le suppliaient de ne pas exposer sa vie. Il leur répondit : " Les papistes ne désirent pas ma comparution à Worms, mais ma condamnation et ma mort. N’importe ! Priez, non pour moi, mais pour la Parole de Dieu. … Le Christ me donnera son Esprit pour vaincre les ministres de l’erreur. Je les méprise pendant ma vie, et j’en triompherai par ma mort. On s’agite à Worms pour me contraindre à me rétracter. Voici quelle sera ma rétractation : J’ai dit autrefois que le pape était le vicaire du Christ ; maintenant je dis qu’il est l’adversaire du Seigneur et l’apôtre du diable. " Luther n’allait pas être seul à faire ce périlleux voyage. Outre le messager impérial, trois de ses meilleurs amis décidèrent de l’accompagner. Mélanchthon désirait ardemment se joindre à eux. Uni de cœur à son ami, il voulait le suivre, s’il le fallait, jusqu’à la prison et à la mort. Mais on ne le lui permit pas. Si Luther devait mourir, la responsabilité de la Réforme devait retomber sur les épaules de son jeune collaborateur. En le quittant, le réformateur lui fit cette recommandation : " Si je ne reviens pas, et que mes ennemis m’ôtent la vie, ô mon frère ! ne cesse pas d’enseigner la vérité, et d’y demeurer ferme. Travaille à ma place. … Si tu vis, peu importe que je périsse. " Les étudiants et les citoyens qui s’étaient réunis pour assister au départ du réformateur étaient 94

très émus. De nombreuses personnes dont le cœur avait été touché par l’Evangile lui firent des adieux émouvants. Chemin faisant, Luther et ses compagnons constatèrent que de sombres pressentiments agitaient les foules. Dans certaines villes, on ne lui fit aucun accueil. Dans une auberge où l’on s’arrêta pour la nuit, un prêtre ami lui fit part de ses craintes en lui présentant le portrait de Savonarole, le réformateur italien, martyr de sa foi. Le jour suivant, on apprit que les écrits de Luther avaient été condamnés à Worms. Des messagers impériaux proclamaient le décret de l’empereur et sommaient le peuple d’apporter aux magistrats les ouvrages proscrits. Le héraut, craignant pour la sécurité du voyageur devant la diète, et pensant que sa résolution était ébranlée, lui demanda s’il était encore décidé à poursuivre sa route. Sa réponse fut : " Oui, même si je suis interdit dans toutes les villes." A Erfurt, on fit à Luther de grands honneurs. Dans les rues qu’il avait si souvent parcourues en mendiant, il se vit entouré d’une foule admiratrice. Il visita la cellule de son couvent, et se rappela les luttes par lesquelles il avait passé avant de recevoir dans son cœur la lumière qui inondait maintenant l’Allemagne. On l’invita à prêcher. Cela, lui avait été interdit, mais le héraut impérial le lui permit, et le moine qui avait été domestique du couvent monta en chaire. Il parla sur ces paroles du Christ : " La paix soit avec vous. " " Tous les philosophes, dit-il, les docteurs, les écrivains se sont appliqués à enseigner comment l’homme peut obtenir la vie éternelle, et ils n’y sont point parvenus. Je veux maintenant vous le dire. … Dieu a ressuscité un homme, le Seigneur Jésus- Christ, pour qu’il écrase la mort, détruise le péché, et ferme les portes de l’enfer. Voilà l’œuvre du salut. … Jésus-Christ a vaincu ! Voilà la grande nouvelle ! et nous sommes sauvés par son œuvre, et non par les nôtres. … Notre Seigneur a dit : La paix soit avec vous ; regardez mes mains, c’est-à-dire : Regarde, ô homme ! c’est moi, c’est moi seul qui ai ôté ton péché, et qui t’ai racheté ; et maintenant, dit le Seigneur, tu as la paix ! " Il poursuivit en montrant que la foi se manifeste par la sainteté de la vie. " Puisque Dieu nous a sauvés, ordonnons tellement nos œuvres qu’il y mette son bon plaisir. Es-tu riche ? Que ton bien soit utile aux pauvres ! Es-tu pauvre ? Que ton service soit utile aux riches ! Si ton travail n’est utile qu’à toi-même, le service que tu prétends rendre à Dieu n’est qu’un mensonge. " L’auditoire était suspendu à ses lèvres. Le pain de vie était rompu à des âmes qui mouraient d’inanition. Le Sauveur était élevé à leurs yeux audessus des papes, des légats, des empereurs et des rois. Luther ne fit aucune allusion à la situation périlleuse dans laquelle il se trouvait. Il ne fit rien pour attirer sur sa personne l’attention ou la sympathie. Se perdant de vue dans la contemplation du Christ, il se cachait derrière l’Homme du Calvaire, en qui il voyait son Rédempteur. 95

adversaires de la Réforme et préparait ainsi la voie à la grande œuvre qui allait<br />

s’accomplir.<br />

La Réforme n’a pas pris fin avec Luther, comme beaucoup le supposent. Elle doit se<br />

poursuivre jusqu’à la fin de l’histoire de l’humanité. Luther avait une grande tâche : celle<br />

de communiquer au monde la lumière que Dieu avait fait briller sur son sentier ; et<br />

pourtant, il ne la possédait pas tout entière. De son temps à nos jours, <strong>des</strong> lumières<br />

nouvelles n’ont cessé de jaillir <strong>des</strong> pages <strong>des</strong> saintes Ecritures. La diète nomma aussitôt<br />

une commission chargée de préparer une liste <strong>des</strong> exactions papales qui pesaient si<br />

lourdement sur le peuple allemand. Ce catalogue, qui contenait cent et un griefs, fut<br />

présenté à l’empereur avec la requête instante de prendre <strong>des</strong> mesures immédiates pour<br />

faire cesser ces abus. Que d’âmes chrétiennes perdues!" disaient les pétitionnaires, " que<br />

de dépravations, que d’extorsions résultent <strong>des</strong> scandales dont s’entoure le chef spirituel<br />

de la chrétienté ! Il faut prévenir la ruine et le déshonneur de notre peuple. C’est<br />

pourquoi, tous ensemble, nous vous supplions très humblement, mais de la manière la<br />

plus pressante, d’ordonner une réforme générale, de l’entreprendre et de l’accomplir. La<br />

diète exigea alors qu’on fit comparaître le réformateur. En dépit <strong>des</strong> objurgations, <strong>des</strong><br />

protestations et <strong>des</strong> menaces d’Aléandre, l’empereur finit par y consentir. La convocation<br />

était accompagnée d’un saufconduit promettant que Luther serait ramené en lieu sûr. Ces<br />

deux documents furent portés à Wittenberg par un héraut chargé d’escorter le<br />

réformateur.<br />

Les amis de Luther furent terrifiés. Connaissant la haine de ses ennemis, ils<br />

craignaient que le saufconduit ne fût pas respecté, et ils le suppliaient de ne pas exposer<br />

sa vie. Il leur répondit : " Les papistes ne désirent pas ma comparution à Worms, mais ma<br />

condamnation et ma mort. N’importe ! Priez, non pour moi, mais pour la Parole de Dieu.<br />

… Le Christ me donnera son Esprit pour vaincre les ministres de l’erreur. Je les méprise<br />

pendant ma vie, et j’en triompherai par ma mort. On s’agite à Worms pour me<br />

contraindre à me rétracter. Voici quelle sera ma rétractation : J’ai dit autrefois que le pape<br />

était le vicaire du Christ ; maintenant je dis qu’il est l’adversaire du Seigneur et l’apôtre<br />

du diable. "<br />

Luther n’allait pas être seul à faire ce périlleux voyage. Outre le messager impérial,<br />

trois de ses meilleurs amis décidèrent de l’accompagner. Mélanchthon désirait<br />

ardemment se joindre à eux. Uni de cœur à son ami, il voulait le suivre, s’il le fallait,<br />

jusqu’à la prison et à la mort. Mais on ne le lui permit pas. Si Luther devait mourir, la<br />

responsabilité de la Réforme devait retomber sur les épaules de son jeune collaborateur.<br />

En le quittant, le réformateur lui fit cette recommandation : " Si je ne reviens pas, et que<br />

mes ennemis m’ôtent la vie, ô mon <strong>fr</strong>ère ! ne cesse pas d’enseigner la vérité, et d’y<br />

demeurer ferme. Travaille à ma place. … Si tu vis, peu importe que je périsse. " Les<br />

étudiants et les citoyens qui s’étaient réunis pour assister au départ du réformateur étaient<br />

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