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L'Essentiel Prépas - N°83 - Juin 2024

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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<strong>N°83</strong> | JUIN <strong>2024</strong><br />

CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />

COLLOQUE DE LA CDEFM<br />

L’accueil des étudiants internationaux<br />

au cœur du projet des écoles de<br />

management<br />

ENQUÊTE<br />

Comment accroître la diversité sociale<br />

dans l’enseignement supérieur ?<br />

DÉBAT<br />

La bataille du label et de<br />

l’apprentissage est engagée<br />

LE DOSSIER DU MOIS<br />

Comment utiliser les<br />

IA<br />

en classes prépas


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ÉDITO + SOMMAIRE<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

IA ET CPGE UN DUO GAGNANT ?<br />

Quand j’ai lancé un appel à APHEC pour savoir qui s’intéressait<br />

de près à la question des intelligences artificielles (IA) je n’imaginais<br />

pas un instant recevoir tant de réponses de professeurs<br />

désireux de s’exprimer sur ce sujet. Je n’ai malheureusement<br />

pas pu tous les interroger sur leurs pratiques, faute de temps,<br />

mais vous lirez dans ce numéro des exemples très intéressants<br />

d’une relation qui se construit. Oh bien sûr beaucoup<br />

d’autres professeurs y sont totalement réfractaires, souvent<br />

avec d’excellentes raisons, mais un vrai mouvement a démarré<br />

comme dans toute la société.<br />

Est-ce la fin des devoirs à la maison ? Ce sont d’abord les élèves<br />

qui se sont emparés des IA avec une fâcheuse tendance à estimer<br />

qu’elles feraient bien mieux qu’eux leurs devoirs à la maison. Résultat : il<br />

est de plus en plus délicat d’évaluer la qualité d’une copie au retour d’un<br />

élève qui a peut-être seulement passé quelques minutes à prompter sa<br />

dissertation sur « Aimer, est-ce se perdre ? » Est-ce la fin des devoirs à<br />

la maison ? Beaucoup le pensent.<br />

À quoi l’IA peut servir aux élèves ? Heureusement l’IA ne sert pas<br />

qu’à faire des dissertations en un temps record. D’ailleurs même l’exercice<br />

peut être intéressant pour peu qu’on y apporte un regard critique<br />

– parfois les IA disent n’importe quoi en mode « hallucinations » - et qu’on<br />

pousse les IA dans leurs retranchements. Mais énormément d’autres<br />

utilisations sont possibles avec des IA particulièrement douées pour<br />

les synthèses ou pour aider à produire exposés, podcasts, vidéos, musiques,<br />

tout un univers de création rapide à condition de trouver l’IA la<br />

plus adaptée.<br />

Individualiser ses cours. Des systèmes de correction assistés par<br />

IA existent déjà sans être utilisés en prépas. En revanche nombre de<br />

professeurs utilisent déjà des IA pour préparer leurs cours, inventer des<br />

exercices, produire des podcasts et surtout mieux individualiser leurs<br />

cours. Produire un exercice différent pour chaque élève ? C’est possible.<br />

Aider chaque élève en fonction de son niveau ? C’est possible.<br />

Rendre ses cours plus vivants. Agrémenter ses cours de quiz, vidéos,<br />

podcasts, tests, autant de façons de rendre son cours plus vivant et<br />

sans doute de permettre à ses élèves de mieux apprendre. Un an et sept<br />

mois après le début de leur cursus vont-ils être de meilleurs candidats que<br />

sont qui les ont précédés lors des concours ? C’est toute la question et<br />

nous n’y répondrons pas ici.<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

4 • Classements des écoles de commerce :<br />

Le Parisien clôt la saison<br />

5 • emlyon ouvre un institut dans la santé<br />

6 • ESCP habilitée à délivrer des diplômes au<br />

Royaume-Uni<br />

7 • Audencia forme<br />

des entrepreneurs à Paris<br />

9 • Parcoursup :<br />

la phase d’admission est ouverte<br />

10 • Quelle formation pour les professeurs ?<br />

11 • Quel profil pour diriger Sciences Po ?<br />

ENQUÊTE & DOSSIER<br />

12 • Comment accroître la diversité sociale<br />

dans l’enseignement supérieur ?<br />

17 • IA et CPGE : une relation à construire<br />

ENTRETIEN<br />

24 • Alain Goudey, Directeur général adjoint<br />

en charge du numérique de Neoma<br />

COLLOQUE & DÉBAT<br />

27 • L’accueil des étudiants internationaux au<br />

cœur du projet des écoles<br />

de management<br />

30 • La bataille du label et de l’apprentissage<br />

est ouverte<br />

Olivier Rollot,<br />

rédacteur en chef<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse<br />

Photo de couverture : Illustration promptée par Alain Goudey


www.salon-see.com<br />

SAVE THE<br />

DATE !<br />

19 & 20<br />

NOV.<br />

<strong>2024</strong><br />

Cité internationale<br />

universitaire de Paris<br />

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L’EXPÉRIENCE ETUDIANTE<br />

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PROFESSIONNELS DE<br />

L'ENSEIGNEMENT<br />

SUPÉRIEUR<br />

Organisé par<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Classements des écoles de commerce :<br />

Le Parisien clôt la saison<br />

Une seule surprise dans le Palmarès des écoles<br />

de commerce post prépas <strong>2024</strong> du Parisien :<br />

alors que dans les quatre autres classements<br />

emlyon a repris la quatrième place à l’Edhec<br />

c’est toujours l’Edhec qui la conserve. Une emlyon cette<br />

année rejointe par Skema à la 5 ème place. Nous pouvons<br />

donc finaliser notre « Classement des classements » des<br />

écoles post prépas.<br />

Executive Education rankings<br />

du Financial Times :<br />

HEC et l’Insead leaders<br />

QS International Trade<br />

Rankings : Excelia<br />

dans le top 20<br />

En gagnant une place par rapport à 2023,<br />

HEC Paris s’empare de la couronne du<br />

classement Executive Education Open<br />

<strong>2024</strong> du Financial Times. Suivent Iese,<br />

Esade et London business school ex aequo.<br />

Cinquième ex aequo avec la Fundaçao<br />

Don Cabral brésilienne, l’Edhec gagne<br />

cinq places pendant que l’Insead en perd<br />

quatre pour se retrouver 8 ème . Pour la France<br />

l’Essec suit à la 13 ème place (-1) et devance<br />

l’ESCP (+3). emlyon est 22 ème (-1) alors que<br />

Neoma fait son entrée à la 37 ème juste devant<br />

Kedge BS. 50 ème Audencia perd 13 places.<br />

Première dans le classement Executive<br />

Education Custom <strong>2024</strong>, l’Insead prend<br />

cette année le meilleur sur Duke (reléguée<br />

à la 4 ème place) pendant que l’Iese (2 places<br />

de gagnées) et l’IMD (4 places de mieux)<br />

la rejoignent sur le podium. HEC est également<br />

4 ème (-1 place), l’Essec 9 ème (+1),<br />

ESCP 11 ème (+3), Edhec 14 ème (+1). Mais<br />

c’est Neoma qui fait la plus belle opération<br />

en gagnant 17 places pour se propulser<br />

à la 19 ème quand Skema gagne également<br />

huit places (22 ème ).<br />

QS publie deux classements consacrés à l’International<br />

Trade. Le Classement des MBA et masters est dominé<br />

par Arizona State devant HEC Montréal et l’université<br />

d’Auckland. Pour la France c’est Excelia BS qui mène<br />

le peloton avec son MSc International Business Management<br />

avec même une première place mondiale sur le critère<br />

« Graduate outcome » qui valorise la carrière des diplômés,<br />

l’accompagnement de l’école vers l’emploi et une<br />

troisième sur le critère « Trade Programme Content » qui<br />

s’intéresse à la dimension internationale, aux méthodes<br />

pédagogiques et au contenu du programme sur tous les<br />

aspects du business International. Le Master in Management<br />

d’HEC Paris occupe la 40 ème place et le Global MBA<br />

de l’Edhec la 45 ème .<br />

Georgia Tech est en tête le Classement des Executive MBA<br />

devant le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et<br />

Cornell University. L’Executive MBA de HEC Paris occupe<br />

la 14 ème place, l’Essec la 18 ème .<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

emlyon ouvre un institut dans la santé<br />

C’est stratégique dans une ville où l’industrie<br />

pharmaceutique occupe une place de choix :<br />

pour « devenir la business school de référence<br />

dans ce secteur économique majeur », emlyon<br />

business school lance l’Institut Healthcare Innovation,<br />

Technology & Society (HITS) et un nouveau cursus<br />

emlyon BioPharma pour les étudiants du Programme<br />

Grande École. « Non seulement nous renforçons notre<br />

position de business school de référence sur le secteur<br />

majeur de la santé, mais nous ancrons aussi davantage<br />

l’école au cœur de l’écosystème lyonnais reconnu comme<br />

incontournable sur ces thématiques », explique Isabelle<br />

Huault, présidente du directoire et directrice générale<br />

d’emlyon.<br />

emlyon BS<br />

L’Institut HITS va coordonner des programmes diplômants<br />

- avec en particulier le Master of Science (MSc) in<br />

Health Management & Data Intelligence - et de formation<br />

continue en santé, ainsi que des activités de recherche,<br />

et soutenir l’entrepreneuriat dans ce domaine. Intégré au<br />

PGE le cursus emlyon BioPharma est quant à lui conçu<br />

pour les étudiants titulaires d’un premier diplôme (niveau<br />

licence ou supérieur) en sciences de la vie (biochimie,<br />

bio-ingénierie, microbiologie, immunologie, pharmacie,<br />

...) qui souhaitent s’engager dans le secteur des biotechnologies<br />

ou dans l’industrie pharmaceutique. La formation<br />

continue comprend des programmes inter-entreprises<br />

(sur la gestion du développement clinique par exemple) et<br />

des programmes sur-mesure (tel que « Breakthrough »,<br />

qui a fêté ses 10 ans, conçu avec Bristol Myers Squibb,<br />

et « Management de Projets Innovants », récompensé<br />

aux Victoires des Acteurs Publics <strong>2024</strong>, conçu avec les<br />

Hospices Civils de Lyon).<br />

Le chiffre<br />

51,9 % des jeunes français de 25-34 ans sont diplômés<br />

du supérieur établit la note Les objectifs de l’Union européenne<br />

en matière d’éducation et de formation pour 2030 :<br />

où en est la France en <strong>2024</strong> ? que vient de publier la DEPP<br />

(Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance)<br />

du ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse<br />

et des Sports. C’est largement supérieur à la moyenne<br />

européenne qui est de 43,1 %. Parmi les 14 pays qui n’ont<br />

pas encore atteint l’objectif de 45 %, on compte le Portugal<br />

(40,9 %), l’Allemagne (38,4 %) et surtout l’Italie (30,6 %).<br />

Dans l’ensemble des 27 États membres, les femmes âgées<br />

de 25 à 34 ans sont plus souvent diplômées de l’enseignement<br />

supérieur que les hommes avec 11,2 points d’écart en<br />

moyenne. Parmi les pays qui ont déjà atteint plus de 45 %<br />

de diplômés, la France est après l’Irlande le pays qui présente<br />

l’écart le plus faible (55,8 % de femmes et 47,8 %<br />

d’hommes). En Italie, 24,4 % des hommes sont diplômés<br />

contre 37,1 % des femmes. Néanmoins, les femmes diplômées<br />

de l’enseignement supérieur qui travaillent à temps<br />

plein ont des revenus en moyenne inférieurs à ceux des<br />

hommes, quel que soit le groupe d’âges observé.<br />

EN BREF<br />

• L’Essec met en place une<br />

nouvelle voie d’accès dédiée<br />

aux étudiants-athlètes à son<br />

Programme Grande École,<br />

après qu’ils aient obtenu<br />

une première formation à<br />

la Prépa Diagonale et une<br />

licence Mathématiques à<br />

CY Cergy Paris Université.<br />

• Grenoble École de<br />

Management (GEM) lance<br />

deux nouvelles filières en<br />

partenariat avec Strate<br />

École de Design dans<br />

le cadre de son PGE. La<br />

filière « Transition(s) » se<br />

concentre sur l’action avec<br />

les systèmes vivants pour<br />

« préserver la viabilité de<br />

notre monde. Le parcours<br />

« Design Territoires et<br />

Maîtrise d’Usages »<br />

(TMU) sera ouvert ) la<br />

rentrée 2025. Il vise à<br />

« former des designers<br />

capables de jouer un rôle<br />

clé dans l’urbanisme en<br />

anticipant les changements<br />

à venir et en guidant les<br />

transformations futures<br />

de manière proactive ».<br />

• Neoma BS et<br />

AgroParisTech<br />

lancent le certificat<br />

executive « Innovation<br />

& Transitions ». Cette<br />

formation professionnelle<br />

d’une durée de 5 jours<br />

s’adresse à un public de<br />

managers expérimentés<br />

désireux « d’intégrer les<br />

enjeux de transitions dans<br />

leurs missions techniques<br />

et managériales ».<br />

• La récente signature<br />

d’accords avec<br />

l’Universidade de<br />

Lisboa et Lisbon School<br />

of Economics and<br />

Management (ISEG)<br />

au Portugal, porte à 18<br />

le nombre d’universités<br />

partenaires proposant de<br />

passer un double diplôme<br />

aux étudiants de l’EM<br />

Normandie, que ce soit<br />

en 3 ème et 5 ème année du<br />

Programme Grande École.<br />

• Huit étudiants de KEDGE<br />

Business School, membres<br />

de l’association SimONU,<br />

ont participé en avril<br />

à New York à la plus<br />

grande simulation de<br />

négociation des Nations<br />

Unies. L’expérience<br />

grandeur nature a permis<br />

durant 5 jours aux 4 000<br />

universitaires venus<br />

du monde entier de se<br />

mettre dans la peau de<br />

diplomates pour représenter<br />

un pays et défendre ses<br />

intérêts sur différents<br />

sujets et en anglais.<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

ESCP habilitée à délivrer des<br />

diplômes au Royaume-Uni<br />

L’Office for Students (OfS) britannique a accordé<br />

à ESCP Business School le droit de délivrer des<br />

diplômes en Business et Management pour des<br />

programmes qualifiants dispensés sur son campus<br />

de Londres. Habilitation qui couvre les diplômes de premier<br />

et de deuxième cycles, jusqu’au niveau 7 inclus. ESCP<br />

est ainsi l’un des premiers établissements européens<br />

à atteindre ce plus haut niveau de reconnaissance<br />

académique. L’autorisation, entrera en vigueur le<br />

2 septembre <strong>2024</strong> et permettra aux étudiants d’obtenir<br />

au moins deux diplômes reconnus à l’international.<br />

Cette année, ESCP célèbre ses 20 ans de à Londres et<br />

les 50 ans de l’école au Royaume-Uni. En 2023-<strong>2024</strong>,<br />

le campus de Londres de ESCP a accueilli plus de 1 100<br />

étudiants de plus de 70 nationalités dans ses programmes<br />

de Bachelor, Master et MBA, et plus de 1 200 participants<br />

en formation continue.<br />

ESCP BS<br />

22 nouveaux<br />

professeurs<br />

à l’Edhec<br />

Ce ne sont pas moins de 22 nouveaux professeurs-chercheurs<br />

qui rejoindront l’Edhec<br />

en septembre <strong>2024</strong>. Avec ce nouveau<br />

recrutement ce sont plus de 40 nouveaux<br />

professeurs qui ont rejoint l’école en quatre<br />

ans. L’école renforce ainsi particulièrement<br />

sa communauté académique en finance<br />

climatique, comptabilité de la biodiversité<br />

et des écosystèmes, entrepreneuriat responsable,<br />

bien-être au travail et marketing<br />

durable. À parité hommes et femmes, ces<br />

nouveaux professeurs ont un profil international<br />

pour 86 % d’entre eux et représentent<br />

une quinzaine de nationalités différentes.<br />

Ils sont tous titulaires d’un PhD<br />

délivré par de grandes institutions internationales<br />

(États-Unis, Suède, Autriche,<br />

Royaume-Uni etc.). Et l’Edhec l’école s’est<br />

fixé l’objectif de recruter encore environ 15<br />

nouveaux professeurs par an sur les quatre<br />

prochaines années, avec des efforts d’investissement<br />

davantage marqués dans les départements<br />

« Économie, Finance & Science<br />

des données » et « Stratégie, Entrepreneuriat<br />

et Opérations ».<br />

L’Essec crée son<br />

Talent Studio<br />

destiné aux<br />

entreprises Deep<br />

Tech<br />

Le Centre Entrepreneuriat et Innovation de<br />

l’Essec déploie son Talent Studio. Premier<br />

Talent Studio « DeepTech for Good » créé<br />

par une business school en France,« Momentum<br />

Studio » a pour ambition de<br />

connecter le monde de la recherche avec<br />

celui de l’entrepreneuriat pour développer<br />

des projets qui répondent aux défis environnementaux<br />

et sociétaux en s’appuyant<br />

sur la DeepTech.<br />

Dispositif interdisciplinaire construit en<br />

partenariat avec CY Cergy Paris Université,<br />

le CNRS, le CEREMA et la SATT Erganeo,<br />

« Momentum Studio » s’adresse à<br />

plus de 1900 chercheurs répartis dans 27<br />

laboratoires français. Depuis un an, une<br />

dizaine de start-ups y sont déjà incubées.<br />

EN BREF<br />

• TBS Education lance<br />

« TBSeeds Entreprendre »<br />

pour favoriser la création et<br />

la reprise d’entreprises à fort<br />

potentiel d’innovation. En<br />

partenariat avec TBSeeds,<br />

l’incubateur de l’école,<br />

des prêts d’honneur seront<br />

alloués aux entrepreneurs<br />

émergents, leur fournissant<br />

ainsi un soutien financier<br />

crucial post-incubation.<br />

• Grenoble École de<br />

Management réaffirme son<br />

expertise en géopolitique<br />

en organisant un cycle de<br />

conférences sur le thème<br />

« Enjeux de souveraineté<br />

et recompositions<br />

géopolitiques » l’un sur<br />

son campus grenoblois,<br />

le second sur son campus<br />

parisien, sous le haut<br />

patronage de l’Institut des<br />

Hautes Études de Défense<br />

Nationale (IHEDN).<br />

• Le 29 mai, un groupe de<br />

15 étudiants d’Excelia a<br />

pris le départ de la « XL<br />

Blue Walk » à La Rochelle,<br />

un projet inter-campus qui<br />

vise à marquer l’année des<br />

35 ans de l’institution et<br />

du lancement de la Blue<br />

Education Experience.<br />

Pendant 5 semaines<br />

d’aventure dont 30 jours<br />

de marche, 15 étudiants<br />

parcourront 650 kilomètres,<br />

en faisant étape dans<br />

chacune des implantations<br />

d’Excelia (La Rochelle,<br />

Niort, Tours, Orléans<br />

et Paris-Cachan).<br />

• En complément de son<br />

campus à São Paulo,<br />

Audencia compte<br />

désormais 3 nouveaux<br />

« open collaborative<br />

campus » avec FECAP<br />

à São Paulo, la<br />

Fundação Dom Cabral<br />

(Belo Horizonte), la<br />

FAE (Curitiba) et le<br />

CESUPA (Belém).<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Audencia forme<br />

des entrepreneurs à Paris<br />

À<br />

travers les dispositifs portés par le Pôle Entrepreneur<br />

d’Audencia, et le nouveau programme<br />

hybride Air Launch proposé par l’incubateur<br />

Centrale-Audencia-Ensa, Audencia déploie<br />

désormais l’accompagnement entrepreneurial sur son<br />

campus parisien. Alors que 140 étudiants sont accompagnés<br />

à Nantes cette année, Charles Fouché,<br />

Professeur d’entrepreneuriat et Co-Responsable du Pôle<br />

Entrepreneur, en charge du déploiement entrepreneurial<br />

parisien, entend maintenant « tisser des liens forts avec<br />

l’écosystème parisien au profit de nos entrepreneurs<br />

étudiants et alumni ». À partir de septembre <strong>2024</strong>, le<br />

campus parisien proposera à cet effet un espace de<br />

coworking dédié aux entrepreneurs étudiants et diplômés.<br />

Lancé en expérimentation en février par l’Incubateur<br />

Centrale-Audencia-Ensa, le nouveau programme Air<br />

Launch s’adresse aux diplômés des 3 écoles. D’une<br />

durée de 6 mois d’accompagnement hybride 100 %<br />

gratuit, il est dédié aux porteurs de projets innovants,<br />

en phase de prototypage, de Recherche & Développement<br />

ou de pré-amorçage, qui souhaitent rejoindre<br />

une communauté et « faire décoller leur business ». Le<br />

dispositif permet d’accompagner jusqu’à 8 projets par<br />

session, soit 16 par an.<br />

Audencia BS<br />

EN BREF<br />

• En soutien à la Palestine,<br />

une étudiante perturbe<br />

la remise des diplômes<br />

de l’Essec (Challenges) :<br />

Arborant le drapeau<br />

palestinien, une jeune<br />

diplômée a perturbé la<br />

cérémonie de remise des<br />

diplômes de l’Essec samedi<br />

soir, en montant longuement<br />

sur la scène de la salle<br />

Pleyel. Elle serait restée<br />

plus d’une demi-heure<br />

devant la haie d’honneur<br />

des membres de la faculté,<br />

sans que cette cérémonie<br />

ne soit interrompue<br />

ou que le service de<br />

sécurité n’intervienne.<br />

• GEM annonce la signature<br />

de 16 nouveaux partenariats<br />

avec des institutions<br />

internationales dont quatre<br />

triplement accréditées :<br />

Jönköping International<br />

Business School (Suède),<br />

ESMT Berlin (Allemagne),<br />

The Chinese University<br />

of Hong Kong (Hong<br />

Kong), et Universidad<br />

Adolfo Ibanez (Chili).<br />

emlyon lance sa nouvelle<br />

campagne de com<br />

emlyon business school présente une nouvelle<br />

identité de marque qui s’exprime<br />

dans le cadre d’une campagne de communication<br />

institutionnelle. L’objectif est<br />

« d’affirmer la singularité d’emlyon à travers<br />

son esprit « Makers », et son engagement<br />

en tant que société à mission, illustrés<br />

par des preuves concrètes de son<br />

action ». Lancée à partir de fin mai, elle<br />

sera déclinée sur différents médias (Print,<br />

Abribus, Digital).<br />

Champagne pour<br />

des étudiantes<br />

boursières de<br />

Neoma<br />

En 2021, la maison de champagne Veuve<br />

Clicquot et NEOMA Business School<br />

ont lancé un programme de bourses de<br />

soutien : dix bourses d’études financent<br />

chaque année intégralement les frais de<br />

scolarité de dix étudiantes du Programme<br />

Grande Ecole. Un dispositif reconduit<br />

cette année et enrichi d’une bourse mensuelle<br />

de « frais de vie ».<br />

Au-delà des bourses d’études et de frais<br />

de vie, les étudiantes bénéficiaires sont<br />

accompagnées tout au long de leur cursus<br />

par les membres du comité de direction<br />

de la Maison Veuve Clicquot. Dans<br />

un esprit de mentorat, ces professionnels<br />

les conseillent durant leur scolarité<br />

pour les aider à mener à bien leurs projets<br />

professionnels.<br />

EN BREF<br />

• Master of Science<br />

Technologie &<br />

Management, Mastère<br />

Spécialisé® Management<br />

Industriel, Projets et<br />

Supply Chain, Mastère<br />

Spécialisé® Innovation<br />

et Transformation l’Iéseg<br />

proposera à ses étudiants<br />

en cycle master du<br />

Programme Grande École<br />

(PGE) trois nouveaux<br />

doubles diplômes avec<br />

CentraleSupélec en<br />

septembre <strong>2024</strong>.<br />

• L’EM Normandie et<br />

l’association régionale 11<br />

de Normandie de l’Institut<br />

des hautes etudes de défense<br />

nationale (AR11 IHEDN)<br />

ont signé, le 29 mai, une<br />

convention de partenariat<br />

afin de « sensibiliser les<br />

étudiants et enseignants de<br />

l’école à l’esprit de défense<br />

sur le territoire normand ».<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Parcoursup :<br />

la phase d’admission est ouverte<br />

La phase d’admission Parcoursup a débuté le 30 mai<br />

<strong>2024</strong> : les 945 500 candidats qui ont confirmé au<br />

moins un vœu d’orientation dans l’enseignement<br />

supérieur (contre 917 000 en 2023) peuvent consulter<br />

les premières réponses des formations à leurs vœux.<br />

Chaque matin, jusqu’au 10 juillet <strong>2024</strong>, les dossiers des<br />

candidats sont mis à jour en fonction de l’évolution des<br />

listes d’attente : ils sont alertés par mail et sms, ainsi que<br />

les parents qui ont saisi leurs coordonnées, dès qu’ils<br />

reçoivent une ou plusieurs propositions d’admission<br />

auxquelles ils doivent répondre avant la date limite<br />

indiquée dans leur dossier. Les délais de réponse aux<br />

propositions d’admission seront suspendus du 16 au<br />

23 juin <strong>2024</strong>, pour permettre aux élèves de se concentrer<br />

sur ces épreuves.<br />

Pour rappel, à l’issue de la campagne 2023, 95 % des<br />

néo-bacheliers avaient reçu au moins une proposition<br />

d’admission et 83 % en avaient accepté une. Les lycéens<br />

ont reçu en moyenne près de 6 propositions d’admission.<br />

La phase complémentaire sera ouverte dès le 11 juin<br />

<strong>2024</strong>, notamment pour permettre aux candidats qui<br />

n’auraient eu que des réponses négatives de retrouver<br />

des perspectives en amont des épreuves écrites du<br />

baccalauréat. Ces candidats bénéficieront d’un accompagnement<br />

spécifique personnalisé : les équipes<br />

Parcoursup prendront rapidement contact avec eux<br />

par mail et téléphone pour leur présenter les solutions<br />

possibles.<br />

Les candidats qui n’auraient toujours pas reçu de proposition<br />

début juillet pourront, à partir du 4 juillet <strong>2024</strong>,<br />

en amont des résultats du baccalauréat, solliciter depuis<br />

leur dossier les commissions d’accès à l’enseignement<br />

supérieur (CAES) pour les aider à trouver une formation.<br />

Un podcast pour la santé<br />

mentale des étudiants<br />

Le dispositif Santé Psy<br />

Étudiant a été lancé en<br />

mars 2021 en réponse à la<br />

crise du Covid-19, offrant<br />

aux étudiants 8 séances de<br />

45 minutes par an avec un<br />

psychologue, sans avance<br />

de frais. Depuis 2021, plus<br />

de 67 000 étudiants ont<br />

déjà été accompagnés et<br />

près de 330 000 séances<br />

ont été réalisées auprès de<br />

l’un des 1 200 psychologues<br />

partenaires du dispositif.<br />

C’est dans cette dynamique<br />

que Santé Psy Étudiant a<br />

lancé son podcast, Kaavan<br />

(l’éléphant Kaavan est connu<br />

comme l’éléphant « le plus<br />

seul au monde »), avec pour<br />

objectif d’explorer le monde<br />

de la santé mentale à travers<br />

différentes expériences<br />

de vie. Toutes les deux<br />

semaines, le podcast Kaavan<br />

reçoit des personnalités, des<br />

experts et des anonymes<br />

pour plonger dans des<br />

discussions intimes et simples<br />

où chacun peut trouver un<br />

écho à son propre parcours.<br />

Parcoursup : quels sont les choix des candidats ?<br />

Selon la note du SIES Parcoursup <strong>2024</strong> :<br />

Les vœux des lycéens à l’entrée dans<br />

l’enseignement supérieur ce sont au total<br />

945 500 candidats qui ont confirmé au<br />

moins un vœu d’orientation dans l’enseignement<br />

supérieur sur Parcoursup soit une<br />

progression de 3,1 % par rapport à 2023.<br />

Parmi ces candidats, les plus nombreux<br />

sont les lycéens préparant le baccalauréat :<br />

ils sont 645 000, un chiffre en progression<br />

de 2,5 % par rapport à 2023, On compte<br />

également 169 000 étudiants + 3,7 %) qui<br />

souhaitent se réorienter en première année<br />

ou qui formulent des vœux par précaution<br />

en attendant leurs résultats.<br />

Enfin, parmi les autres candidats, on retrouve<br />

97 000 candidats ayant un projet<br />

de reprise d’études et 34 500 candidats<br />

(lycéens et étudiants) suivant une scolarité<br />

non française à l’étranger (ces lycéens<br />

et étudiants n’ont pas ou ne préparent pas<br />

le bac français).<br />

Dans leur ensemble, les candidats ont<br />

confirmé près de 11,8 millions de vœux<br />

et sous-vœux pour des formations sous<br />

statut étudiant, une donnée stable par rapport<br />

à 2023 comme la répartition globale<br />

de ces vœux :<br />

• près de sept élèves de terminale sur dix<br />

ont confirmé au moins un vœu pour une<br />

licence (hors L.AS), presque la moitié<br />

(48 %) pour un BTS (en légère baisse), un<br />

peu plus d’un tiers pour un BUT (35 %),<br />

18 % pour une CPGE, 7 % pour une<br />

école d’ingénieurs et 4 % pour une école<br />

de commerce ;<br />

• 28 % ont sélectionné une seule filière de<br />

formation, 52 % deux ou trois filières et<br />

19 % quatre ou plus ;<br />

• presque 9 candidats sur 10 ayant fait un<br />

vœu en CPGE, en école d’ingénieurs ou<br />

en école de commerce, candidatent également<br />

dans une licence ;<br />

• les candidats à une CPGE demandent<br />

également, outre une licence, un BUT<br />

(38 % des cas) ou une école d’ingénieurs<br />

(27 %).<br />

Les formations en apprentissage sont plus<br />

nombreuses à être proposées sur la plateforme<br />

(10 000) et leur attractivité se poursuit<br />

: 235 000 candidats ont déjà confirmé<br />

plus de 1,3 million de vœux pour ces formations.<br />

Des candidatures restent possibles<br />

pour ces formations jusqu’au 10 septembre<br />

<strong>2024</strong>.<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Quelle formation<br />

pour les professeurs ?<br />

Dans le cadre de la réforme de la formation des<br />

enseignants le projet de décret modifiant les<br />

conditions de recrutement des corps enseignants<br />

et des personnels d’éducation du ministère chargé<br />

de l’éducation nationale vient d’être rendu public. Le<br />

projet de décret indique que les lauréats des concours,<br />

désormais organisés en fin de licence, suivent une<br />

formation dans « un organisme de formation du ressort<br />

géographique d’une académie désigné par le ministre<br />

chargé de l’éducation nationale ». Une formule substituée<br />

à celle « d’établissement public de formation » figurant<br />

dans les textes actuellement en vigueur. Un changement<br />

qui « franchit une ligne rouge malgré des mises en garde<br />

réitérées de la part de France Universités » déplore la<br />

conférence qui, par ailleurs, rappelle qu’elle « partage<br />

les principales orientations de la réforme »,<br />

Selon France Universités la formule est en effet ambiguë<br />

car, « par sa généralité, elle laisse entendre qu’il pourrait<br />

s’agir d’un organisme dénué de toute attache universitaire,<br />

autrement dit d’un organisme public ne relevant pas du<br />

ministère chargé de l’enseignement supérieur ou d’un<br />

organisme privé, lucratif ou non ».<br />

France Universités demande donc que cette formulation<br />

soit « immédiatement retirée pour rétablir un climat de<br />

confiance et, faute de mieux, celle actuellement en vigueur<br />

immédiatement reprise dans le projet de décret ». Et de<br />

conclure : « Aucune discussion sereine n’est possible<br />

sans ce préalable ».<br />

LE CHIFFRE<br />

Après quatre années de gel<br />

les droits d’inscription à<br />

l’université augmenteront de<br />

2,9 % à la rentrée <strong>2024</strong> soit :<br />

• 175 € en licence (+5 €) ;<br />

• 250 € en master (+7 €) ;<br />

• 391 € en doctorat (+11 €).<br />

La CVEC (contribution<br />

à la vie étudiante et de<br />

campus) connaitra quant<br />

à elle une hausse de 3 €<br />

à la rentrée alors que les<br />

tarifs du repas au restaurant<br />

universitaire restent gelés.<br />

NOMINATIONS<br />

Laurence Fort-Rioche a été nommée responsable<br />

du continuum classes préparatoires<br />

pour le Programme Grande École<br />

de Rennes SB. A l’origine de nombreuses<br />

initiatives de continuum, dont des « Summer<br />

Camps RSE » initiés avec l’Association<br />

des professeurs de classes préparatoires<br />

économiques et commerciales<br />

(APHEC) elle est responsable du parcours<br />

« Transition » du Programme Grande<br />

École depuis 2021.<br />

Professeure associée de marketing,<br />

doyenne académique de 2014 à 2018,<br />

puis référente RSE et transitions pour les<br />

programmes, elle est titulaire d’un PhD<br />

britannique. Elle a également été formée<br />

auprès du Cambridge Institute for Sustainability<br />

Leadership et du Campus de<br />

la Transition.<br />

Paul Tardif a été nommé responsable de<br />

cabinet de TBS Education. Il succède à<br />

Arnaud Thersiquel qui se concentre dès<br />

à présent sur la Direction du marketing et<br />

de la communication de l’école.<br />

Paul Tardif est diplômé de Sciences Po<br />

Aix-en-Provence et titulaire d’un MA<br />

Risk Analysis du King’s College of London<br />

depuis 2018. Il débute sa carrière chez<br />

BCW France comme stagiaire consultant<br />

en crise et affaires publiques. Il quitte<br />

l’entreprise en 2022 consultant sénior,<br />

toujours en crise et affaires publiques.<br />

Il rejoint ensuite ETHICSGroup (Entreprise<br />

à mission sociale et environnementale)<br />

à Bordeaux puis à Toulouse en tant<br />

que consultant en concertation et communication<br />

sensible.<br />

10<br />

Peter Wirtz a été nommé doyen de la<br />

Faculté et de la Recherche d’emlyon business<br />

school. À ce titre il aura notamment<br />

pour mission de faire le lien entre la faculté<br />

et la direction de l’école. De nationalité<br />

française et allemande, Peter Wirtz<br />

est titulaire d’un doctorat en sciences du<br />

management obtenu à l’Université de Dijon<br />

en 2000 (avec habilitation à diriger<br />

des recherches l’année suivante). Il devient<br />

maître de conférences à l’Université<br />

Panthéon-Assas jusqu’en 2003. Il est alors<br />

nommé professeur à l’Université Lumière<br />

à Lyon dans le département Économie. Il<br />

rejoint l’IAE de l’Université Jean Moulin<br />

de Lyon en 2011. Entre 2012 et 2020, il est<br />

vice-président de la recherche de l’Université<br />

Jean Moulin Lyon 3. Il rejoint emlyon<br />

business school début 2023 en tant que<br />

professeur chercheur à l’Institut français<br />

de gouvernance d’entreprise et pour accompagner<br />

les chercheurs de l’école dans<br />

le montage et le dépôt de projets de recherches<br />

financés.


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Quel profil pour diriger<br />

Sciences Po ?<br />

Cela pourrait lui être utile : le futur directeur<br />

de Sciences Po et administrateur de la FNSP<br />

(Fondation nationale des sciences politiques)<br />

devra avoir une « capacité d’adaptation et<br />

de gestion de crise » selon le profil publié au Journal<br />

officiel le 11 mai. Une caractéristique qui n’était pourtant<br />

pas mentionnée au Journal officiel en 2021 lors du<br />

précédent recrutement et qui correspond bien à une<br />

époque plus troublée pour les Sciences Po. Par ailleurs il<br />

ne doit plus avoir une « capacité à conduire les missions<br />

de l’établissement, notamment la formation, la recherche<br />

et la vie étudiante », missions qui semblent donc durablement<br />

entrer dans les prérogatives du directeur de<br />

la formation et de la recherche, poste créé par Mathias<br />

Vicherat pour pallier ses insuffisances académiques.<br />

Pour le reste on retrouve bien dans les deux profils<br />

demandés :<br />

• expérience de direction ou de responsabilité dans un<br />

établissement, une institution, ou une entité à dimension<br />

internationale (placée cette fois-ci en n°1 et plus en n°2<br />

mais sans la mention « notamment dans l’enseignement<br />

supérieur et la recherche ») ;<br />

• capacité à diriger et à fédérer des équipes et des communautés<br />

variées (qui passe de la 5 ème à la 2 ème place<br />

sans la mention « et à conduire le dialogue social » ;<br />

• connaissance des secteurs tant publics que privés,<br />

en France ou à l’international ;<br />

• capacité à développer une vision stratégique et à<br />

anticiper des évolutions du secteur de l’enseignement<br />

supérieur et de la recherche en sciences humaines et<br />

sociales, avec le sens de l’innovation (qui recule de la<br />

première place à la quatrième) ;<br />

• exigence et exemplarité éthiques et déontologiques ;<br />

• français et anglais courants indispensables.<br />

Les candidats ont maintenant jusqu’au 19 juin pour<br />

présenter un projet qui devra notamment expliciter<br />

(ce n’était pas précisé en 2021) :<br />

• la stratégie envisagée pour la Fondation nationale des<br />

sciences politiques et l’Institut d’études politiques de<br />

Paris et le positionnement qui sera proposé pour la<br />

fondation et l’établissement au niveau national (notamment<br />

avec le Réseau Sciences Po, les autres instituts<br />

d’études politiques et les conférences de dirigeants<br />

d’établissement) et international ;<br />

• les objectifs fixés en matière de formation<br />

initiale et continue, de recherche,<br />

de développement des partenariats au<br />

niveau local, national et international,<br />

de vie étudiante, de démocratisation<br />

des voies d’accès, ainsi que les moyens<br />

proposés pour les atteindre ;<br />

• les modalités de gouvernance et de<br />

pilotage envisagées.<br />

Qui serait candidat ?<br />

En 2021 pas moins de 23 noms avaient<br />

circulé. Cette année de très beaux profils<br />

semblent devoir se présenter sachant que,<br />

depuis 1945, tous les directeurs étaient<br />

diplômés de Sciences Po puis en plus de<br />

l’ENA. On évoque notamment les noms de :<br />

• Rima Abdul-Malak, ancienne ministre<br />

de la Culture (2022-<strong>2024</strong>) .<br />

• Jeanne Lazarus, directrice de recherche au CNRS<br />

et doyenne du collège universitaire de Sciences Po,<br />

• Enrico Letta, 57 ans, ex-président du Conseil des<br />

ministres d’Italie (avril 2013-février 2014) et ancien<br />

directeur de l’École des affaires internationales de<br />

Sciences Po ;<br />

• Rostane Mehdi, directeur de Sciences Po Aix ;<br />

• Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé (2023) ;<br />

• Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation<br />

nationale (2014-2017) et diplômée de Sciences<br />

Po mais par de l’ENA.<br />

Nomination en septembre <strong>2024</strong>. Bon mais on sait qu’à<br />

Sciences Po le profil recruté n’a parfois pas toutes les<br />

caractéristiques initialement recherchées comme l’ont<br />

prouvé les recrutements successifs de Frédéric Mion<br />

et Mathias Vicherat, ni l’un ni l’autre n’ayant vraiment<br />

occupé une « expérience de direction ou de responsabilité<br />

dans un établissement, une institution, ou une entité à<br />

dimension internationale ».<br />

Il faudra en tout cas attendre le 20 septembre <strong>2024</strong> pour<br />

qu’en cas d’accord entre le conseil de l’Institut d’études<br />

politiques de Paris et le conseil d’administration de la<br />

Fondation nationale des sciences politiques, soit transmis<br />

le nom retenu au ministère de l’Enseignement supérieur<br />

et de la Recherche (MESR) et surtout à la présidence<br />

de la République et du Premier ministre qu’on sait tra<br />

attentifs au sujet.<br />

Sciences Po<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENQUÊTE<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Comment accroître<br />

la diversité sociale dans<br />

l’enseignement supérieur ?<br />

Excelia BS<br />

Quelque peu occultée ces dernières années par les<br />

questions de transition environnementale la diversité<br />

sociale reste la question majeure qui se pose dans<br />

l’enseignement supérieur. Un domaine dans lequel les<br />

classes préparatoires ont su se montrer vertueuses ces<br />

dernières années.<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENQUÊTE JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

««<br />

Votre parcours est inspirant »<br />

me disent les recruteurs.<br />

Mais non je ne reçois pas<br />

pour autant de proposition<br />

d’emploi. La méritocratie ne<br />

fonctionne pas », déplore Aïssa Imane<br />

Cissé, jeune ingénieure noire et voilée en<br />

amont des premières Assises de l’égalité<br />

que l’association dédiée aux questions<br />

de diversité sociale Article 1 organisait<br />

le 25 avril. Les questions de diversité<br />

sociale, dans la formation comme dans<br />

l’entreprise, reprennent aujourd’hui toute<br />

leur place après plusieurs années où les<br />

questions environnementales étaient plus<br />

au centre des préoccupations. Notamment<br />

en classe préparatoire scientifique<br />

avec les récentes initiatives de Centrale-<br />

Supélec et de l’Isae SupAero.<br />

L’ASSOCIATION ARTICLE 1<br />

ORGANISE SES PREMIÈRES<br />

ASSISES DE L’ÉGALITÉ<br />

« Quand on parle d’égalité des chances<br />

on oublie à quel point nous sommes<br />

chacun assignés à un groupe avec toutes<br />

les discriminations que cela implique »,<br />

analyse Réjane Sénac, directrice de recherche<br />

CNRS au Centre de recherches<br />

politiques de Sciences Po, le CEVIPOF<br />

lors du colloque d’Article 1. Spécialiste<br />

des expressions contemporaines du<br />

principe d’égalité à travers le prisme<br />

des différenciations jugées légitimes et<br />

illégitimes elle insiste : « Si on ne fait rien,<br />

on assiste naturellement à des reproductions<br />

des élites avec des sédimentations<br />

dans l’orientation qui interviennent très<br />

vite. Au-delà de l’égalité des chances il<br />

faut arriver à l’égalité des résultats ».<br />

Et c’est justement pour faire respecter<br />

l’Article 1 de la Déclaration des droits de<br />

l’homme et du citoyen – « Les hommes<br />

naissent et demeurent libres et égaux<br />

en droits. Les distinctions sociales ne<br />

peuvent être fondées que sur l›utilité<br />

commune » - qu’a été cocréé Article 1<br />

par Benjamin Blavier, aujourd’hui à la<br />

tête d’une des principales associations<br />

de France actrices de la diversité, notamment<br />

avec tout un travail sur le mentorat et<br />

l’orientation des jeunes : « Il faut travailler<br />

Devenir mentor<br />

L’association Article 1 aide<br />

des milliers d’étudiants à<br />

devenir mentor de jeunes<br />

issus des quartiers défavorisés<br />

en mettant en avant que<br />

devenir mentor d’un étudiant,<br />

c’est avoir de l’impact dans<br />

la réussite de ses études et de<br />

son insertion professionnelle<br />

via la plateforme de<br />

l’association DEMA1N.<br />

Comment s’orientent les jeunes selon l’étude d’Article 1<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENQUÊTE JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

L’Essec a été à l’origine des Cordées de la réussite<br />

Essec x Les Chics Types<br />

avec les établissements scolaires et nous<br />

organisons des conférences partout pour<br />

faire connaitre les filières à tous. Un beau<br />

travail a déjà été fait dans les Grandes<br />

écoles, et il faut continuer, mais il faut<br />

également se poser des questions sur<br />

l’entrée dans les masters universitaires ».<br />

CSP, ORIENTATION ET EMPLOI :<br />

L’ÉTAT DES LIEUX<br />

Selon l’enquête menée par l’association<br />

Article 1 en <strong>2024</strong> alors que 72 %<br />

des jeunes urbains de familles CSP+ se<br />

sentent en capacité d’obtenir un diplôme<br />

de licence, ils ne sont que 51 % chez les<br />

jeunes urbains issus de familles CSP- et<br />

encore moins, 40 %, chez les jeunes<br />

ruraux issus de CSP-. Selon l’étude le<br />

principal frein à l’égalité des chances en<br />

orientation est l’environnement social et<br />

territorial. « L’environnement proche des<br />

jeunes concentre la majorité des sources<br />

d’informations pour construire leur futur.<br />

C’est cet environnement scolaire et<br />

familial qui joue un rôle prépondérant<br />

dans leurs aspirations académiques puis<br />

professionnelles. Mais pour faire évoluer<br />

la situation il faut avoir conscience que<br />

nous nous battons contre un système qui<br />

se défend. Lutter contre les inégalités<br />

c’est aussi porter atteinte aux privilèges<br />

d’une classe dominante », commente<br />

Benjamin Blavier.<br />

Ce manque d’information conduit les<br />

plus défavorisés à s’autocensurer démontrent<br />

les experts de l’Institut des<br />

politiques publiques (IPP) dans leur note<br />

Confiance en soi et choix d’orientation<br />

sur Parcoursup : Enseignements d’une<br />

intervention randomisée. Selon eux une<br />

bonne information comblerait « 95 % de<br />

l’écart initial dans la probabilité d’admission<br />

en CPGE entre élèves d’origine<br />

sociale favorisée et défavorisée, et 72 %<br />

de l’écart entre filles et garçons ».<br />

OUVERTURE SOCIALE EN PRÉPAS :<br />

LES ÉCOLES S’ENGAGENT<br />

CentraleSupélec, l’ENS Paris-Saclay<br />

et l’École des Ponts ParisTech se sont<br />

engagés cette année à « faire de la classe<br />

préparatoire scientifique aux grandes<br />

écoles un véritable tremplin d’ouverture<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENQUÊTE JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Part de non-diplômés, de diplômés du supérieur court et du supérieur<br />

long selon l’origine sociale (%) selon le Céreq<br />

sociale et de genre » au sein de lycées des<br />

territoires de Paris-Saclay et de l’académie<br />

de Créteil. Des sessions de tutorat/<br />

mentorat seront notamment organisées<br />

tout au long de l’année par des élèves et/<br />

ou alumni de chaque école partenaire,<br />

chaque tuteur/mentor suivant personnellement<br />

un élève de classe préparatoire<br />

tout au long de l’année. Une bourse de vie<br />

de 1 000 euros sera par ailleurs versée à<br />

certains élèves disposant de ressources<br />

financières limitées afin qu’ils puissent<br />

se concentrer sur leurs études. « Force<br />

est de constater que beaucoup de jeunes<br />

femmes ou d’élèves boursiers se mettent<br />

naturellement des freins alors qu’ils ont<br />

le potentiel pour intégrer nos écoles. Il<br />

leur faut gagner confiance en eux et c’est<br />

l’essence même de notre programme »,<br />

commente Olivier de Lapparent, directeur<br />

du Centre des diversités et de l’inclusion<br />

de CentraleSupélec.<br />

Une trentaine d’élèves intégreront le<br />

dispositif dès la prochaine rentrée universitaire<br />

<strong>2024</strong>-2025. Ils sont trois fois<br />

plus déjà dans le programme monté par<br />

l’Isae SupAero en 2022 pour soutenir les<br />

élèves des classes préparatoires scientifiques<br />

de et autour de Toulouse. « Avec<br />

« OSE Ingé » nous soutenons des élèves<br />

boursiers tout au long de leur cursus<br />

en CPGE afin de les aider à construire<br />

leur projet d’avenir et à développer leur<br />

ambition », explique Émilie Teyssedre,<br />

la directrice adjointe des programmes<br />

d’ouverture sociale de l’école. Dans ce<br />

cadre près de 75 élèves bénéficient cette<br />

année d’un accompagnement personnalisé<br />

et individuel par un mentor alumni de<br />

l’Isae-SupAero ou de l’Enac, jusqu’aux<br />

concours. Des concours qu’une première<br />

promotion de va passer sans pour autant<br />

que le programme se fixe des objectifs<br />

d’intégration spécifiques à l’Isae-SupAero.<br />

Et le programme se développe. A la<br />

demande du rectorat de Montpellier et<br />

de l’Institut polytechnique de Paris qui<br />

en sera partenaire le programme s’étend<br />

à Nîmes et Montpellier.<br />

DES QUOTAS ? NON MAIS !<br />

La question de l’instauration de quotas<br />

à l’entrée de l’enseignement supérieur<br />

est un débat sans fin de l’enseignement<br />

supérieur français. Dans un entretien<br />

publie en mai <strong>2024</strong> sur Educpros Pierre<br />

Mathiot, ancien directeur de Sciences Po<br />

et à la base de la création de ses « Programmes<br />

d’études intégrées », explique<br />

que si les « quotas garantissent un succès<br />

assez facile à réaliser, à court terme,<br />

il y a un risque accru de syndrome de<br />

l’imposteur ». Il reste plutôt « favorable<br />

à des politiques très volontaristes de<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENQUÊTE JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

lutte contre l’autocensure ».<br />

Pour favoriser l’accès des boursiers<br />

aux concours HEC Paris a décidé de<br />

son côté de donner des points en plus à<br />

l’ensemble des étudiants dits « carrés »<br />

ainsi qu’aux seuls « cubes » boursiers.<br />

« Nous avons longuement étudié les données<br />

des étudiants boursiers sur critères<br />

sociaux. Il est clair que ces étudiants ont<br />

besoin d’un peu plus de temps en classes<br />

préparatoires pour exprimer tout leur<br />

potentiel. Les classes préparatoires ont<br />

une extraordinaire capacité à réduire les<br />

inégalités par rapport à la sortie du bac.<br />

Mais cela peut prendre du temps. Maintenir<br />

la bonification – ni plus ni moins – pour<br />

les étudiants boursiers s’ils cubent nous<br />

permet de les mettre sur la même ligne<br />

de départ au concours que les carrés<br />

non boursiers », explique Eloïc Peyrache,<br />

le directeur général d’HEC Paris.<br />

Une évolution des épreuves peut également<br />

être nécessaire pour favoriser<br />

la diversité sociale. Cela peut passer<br />

par le libellé des sujets. Un exemple : il<br />

y a quelques années, dans le cadre de<br />

l’épreuve d’oral dite de « triptyque » d’HEC<br />

avait été posée la question « Faut-il rendre<br />

à la Grèce la Victoire de Samothrace ? ».<br />

Or l’un des deux candidats ne connaissait<br />

pas l’œuvre et donc n’a pas pu débattre.<br />

Il est apparu que poser la question autrement<br />

en indiquant « Faut-il rendre<br />

à la Grèce la Victoire de Samothrace,<br />

œuvre de l’antiquité exposée au Musée<br />

du Louvre ? » n’aurait pas changé l’esprit<br />

de l’épreuve et aurait permis au débat<br />

d’avoir lieu selon Eloïc Peyrache.<br />

ORIGINE SOCIALE, ORIENTATION<br />

ET CARRIÈRE PROFESSIONNELLE<br />

S’appuyant sur l’observation en 2020<br />

des trajectoires des jeunes sortis de<br />

formation trois ans plus tôt, le Céreq<br />

fournit également des éléments de réponse<br />

dans sa note Origine sociale,<br />

diplôme et insertion : la force des liens.<br />

Il montre en effet que les inégalités sociales<br />

observées au moment de l’insertion<br />

professionnelle « s’expliquent avant tout<br />

par l’effet déterminant du milieu d’origine<br />

sur le niveau de diplôme atteint ». 55 %<br />

des enfants de deux parents cadres sont<br />

diplômés de l’enseignement supérieur long<br />

(bac+5 et plus), c’est en effet le cas de<br />

seulement 11 % des enfants de familles<br />

à dominante ouvrière.<br />

Et ensuite si 51 % des jeunes dont les<br />

deux parents sont cadres deviennent<br />

cadres, c’est seulement le cas de 10 %<br />

des enfants des familles ouvrières. De<br />

plus les jeunes diplômés de bac+5 et plus<br />

dont les deux parents sont cadres sont<br />

78 % à être cadres eux-mêmes, contre<br />

seulement 60 % de celles et ceux issus<br />

de familles à dominante ouvrière. Si ces<br />

variations proviennent aussi de la capacité<br />

plus ou moins grande des filières à<br />

mener aux emplois de cadres, à diplôme<br />

et domaine de formation identiques, une<br />

personne issue d’une famille de cadres<br />

a encore « deux fois plus de chances<br />

d’être cadre elle-même que celle issue<br />

d’une famille ouvrière » selon la note<br />

du Céreq qui conclut que si « l’origine<br />

sociale, à niveau de diplôme équivalent,<br />

joue relativement peu sur l’accès<br />

à l’emploi, elle accentue le mécanisme<br />

de reproduction sociale déjà enclenché<br />

à l’école : l’accès aux emplois les plus<br />

valorisés socialement et financièrement<br />

reste l’apanage des enfants de familles<br />

de cadres ». La marche vers l’égalité est<br />

un long chemin…<br />

Sébastien Gémon<br />

Cordées de la réussite :<br />

tout vient de là<br />

Créées en 2008 les Cordées<br />

de la réussite ont donné<br />

une formidable impulsion<br />

à la diversité sociale dans<br />

l’enseignement supérieur.<br />

Aujourd’hui plus de 900<br />

Cordées sont déployées<br />

dans les territoires qui<br />

rassemblent plus de 3 500<br />

établissements et près de<br />

800 têtes de cordée. Depuis<br />

la 2020, les formations<br />

présentes sur Parcoursup<br />

peuvent prendre en compte<br />

la participation à une Cordée<br />

de la réussite dans leur<br />

examen des candidatures<br />

sur Parcoursup. Cette année,<br />

plus de 5 300 formations<br />

sont engagées dans cette<br />

démarche, soit près de 40 %<br />

des formations sous statut<br />

étudiant. Depuis lors, ces<br />

candidats disposent d’un taux<br />

de proposition d’admission<br />

sensiblement supérieur<br />

au reste de la population<br />

lycéenne de terminale.<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

IA et CPGE :<br />

une relation à construire<br />

Ils en sont les premiers utilisateurs : près de 70%<br />

des 18-24 ans utilisent personnellement les intelligences<br />

artificielles (IA) selon in baromètre Ifop pour Talan,<br />

Les Français et les IA génératives, publié en avril <strong>2024</strong>.<br />

Mais quel emploi en font les professeurs et les élèves en<br />

CPGE ? Nous avons mené l’enquête.<br />

Illustration promptée par Alain Goudey<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

« D’un seul coup mes élèves se<br />

sont mis à écrire len anglais<br />

dans un très beau style, et<br />

sans faute, en se disant qu’on<br />

ne s’en rendrait pas compte »,<br />

s’amuse Charlotte Audiard, professeure<br />

d’anglais en ECG et en hypokhâgne au<br />

lycée Stanislas à Paris et en classe<br />

préparatoire hors contrat WeiD, en se<br />

souvenant des premiers pas des IA fin<br />

2022. Comme beaucoup de professeurs<br />

elle a rapidement proposé à ses élèves de<br />

tester ChatGPT en lui faisant écrire une<br />

dissertation sur la « civilisation américaine<br />

et les limites à la liberté d’expression ».<br />

Leur note ? 12/20. « Nous avons analysé<br />

les réponses très consensuelles, le style,<br />

la construction, l’argumentation et les<br />

exemples. En résumé : ChatGPT produit<br />

un texte qui concentre tout ce qu’il ne faut<br />

pas faire pour intégrer une bonne école !<br />

Pas de prise de risque, pas d’humour,<br />

pas d’ironie, pas de créativité ! »<br />

DES ESSAYS À L’ANGLAISE<br />

Fondé sur la méthode d’« essay » à l’anglo-saxonne,<br />

les IA comme ChatGPT<br />

trouvent toute leur limite dès l’ordre qu’il<br />

s’agit d’écrire une dissertation. Agathe<br />

Mezzadri-Guedj, professeure de littérature<br />

au lycée Michelet de Vannes, a ainsi<br />

fait tester ChatGPT à ses élèves lors d’un<br />

atelier « IA je t’aime moi non plus » : « Nous<br />

recevions des essays à l’anglaise. J’ai<br />

décidé d’écrire des prompts plus longs<br />

et cela s’est amélioré. De plus nous avons<br />

testé cinq outils d’IA différents et constaté<br />

combien les résultats varient selon l’IA et<br />

le prompt ». Tout un processus qu’elle a<br />

présenté en <strong>2024</strong> lors du Colloque annuel<br />

de l’Association française des acteurs<br />

de l’éducation et dont elle tire quelques<br />

conclusions : « Dans nos disciplines la<br />

grande angoisse est celle de la page<br />

blanche, Avec l’IA on peut obtenir un<br />

point de départ à critiquer ensuite mais<br />

sur un sujet comme « Rester soi-même »<br />

jamais l’IA ne commencera par se de-<br />

ChatGPT et les autres<br />

Il y a bien sur ChatGPT<br />

mais bien d’autres IA<br />

sont aujourd’hui sur le<br />

marché comme Perplexity<br />

(Google), Dall-e pour les<br />

illustrations, Iama2 pour<br />

la musique, Glarity pour<br />

les vidéos, DeepL pour les<br />

traductions, Quiz Wizard<br />

et Wooflash pour générer<br />

des QCM et flashcards,<br />

character.ai pour rencontrer<br />

des personnalités réelles<br />

virtuellement reconstituées.<br />

Mais attention l’évolution<br />

est très rapide : ChatGPT<br />

4 propose de nouvelles<br />

possibilités – et notamment<br />

de l’empathie ! – que n’ont<br />

pas ces prédécesseurs.<br />

De plus les discussions se<br />

font maintenant à l’oral.<br />

Cette photo comme les<br />

suivantes de ce dossier<br />

a été réalisée par l’outil<br />

Dall-e de ChatGPT<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Vous avez dit « prompt »<br />

Un prompt est une<br />

« instruction ou une série<br />

de données fournies à un<br />

système d’IA, qui utilise ces<br />

informations pour générer<br />

des réponses ou des créations<br />

en texte, image, ou autre<br />

forme de média » selon le<br />

Dictionnaire juridique Dalloz.<br />

mander si le moi existe contrairement à<br />

un philosophe ».<br />

Des limites en dissertation en français<br />

comme en anglais comme le remarque<br />

Charlotte Audiard : « ChatGPT n’arrive<br />

pas à se plier à une construction de<br />

dissertation française. De plus il est très<br />

consensuel afin de ne blesser personne.<br />

Il est très difficile d’obtenir une opinion<br />

et ce n’est donc pas exploitable dans<br />

les concours en ECG qui demandent de<br />

prendre en position pour convaincre<br />

les écoles les plus prestigieuses. En fait<br />

ChatGPT n’a pas de point de vue critique ».<br />

En revanche, observe la professeure, il<br />

a parfois des « emballements à l’américaine<br />

– tout est toujours formidable !<br />

- sans pour autant avoir le processus<br />

de réflexion qu’on attend d’un étudiant<br />

français ».<br />

UN BON « SECRÉTAIRE<br />

PARTICULIER »<br />

Les IA testées s’inscrivent également<br />

dans un registre relativement faible en<br />

culture générale. « En littérature et phi-<br />

losophie, les IA se fondent sur un petit<br />

nombre de grands textes. On retrouve des<br />

extraits des « Misérables » dans toutes<br />

les dissertations », regrette Agathe Mezzadri-Guedj<br />

comme Charlotte Audiard :<br />

« ChatGPT donne toujours en exemple les<br />

mêmes films ou ouvrages en se trompant<br />

souvent sur le nom des acteurs et des<br />

réalisateurs comme sur les dates. En<br />

fait il faut surtout l’utiliser pour faire des<br />

synthèses de documents ».<br />

Une opinion que partage Johanne Favre,<br />

professeure d’histoire, géographie et<br />

géopolitique du monde contemporain<br />

en ECG au lycée Georges-Clemenceau<br />

de Reims, qui a fait venir un professeur<br />

d’informatique de l’université Reims<br />

Champagne Ardenne dans sa classe<br />

pour expliquer à ses élèves les limites de<br />

la logique des IA. Sa conclusion après 18<br />

mois d’utilisation : « ChatGPT est un bon<br />

secrétaire particulier pour réaliser une<br />

revue de presse et faire des synthèses<br />

afin de construire un raisonnement plus<br />

ou moins élaboré ensuite. De même il peut<br />

améliorer la prise de note de nos élèves ».<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

PRÉPARER SES COURS ET LES<br />

RENDRE PLUS VIVANTS<br />

Les IA sont utilisées massivement les<br />

élèves mais pas encore autant par les<br />

professeurs. Qui s’y essayent pourtant de<br />

plus en plus comme en témoigne Fatima<br />

Aït Saïd, professeure d’économie, sociologie<br />

et histoire de chaire supérieure en<br />

ECG au lycée Saint Louis de Gonzague à<br />

Paris : « L’IA a de nombreux usages pour<br />

moi, qu’il s’agisse de préparer des cours<br />

inversés, des cours audios, de sortir un<br />

script d’une durée idéale ou de démultiplier<br />

mes cours ou mes exercices pour<br />

s’adapter à ce qui a été compris ou pas. Je<br />

l’ai aussi utilisé pour, avoir pris une copie<br />

en photo, la modifier légèrement pour la<br />

présenter aux élèves qui préfèrent ne<br />

pas travailler sur leurs propres copies ».<br />

Pour rendre ses cours plus vivants, Fatima<br />

Aït Saïd utilise également Wooflash<br />

et Quiz Wizard pour générer des QCM<br />

et des flashcards, parfois à partir de<br />

vidéos : « Beaucoup d’élèves tapent<br />

leurs cours et c’est un bon exercice de<br />

mettre ces cours dans l’appli pour qu’ils<br />

puissent en sortir des exercices et vérifier<br />

qu’ils ont bien compris les définitions. Ils<br />

peuvent aussi interroger l’IA comme s’ils<br />

étaient professeurs ». Et elle les incite à se<br />

rendre sur character.ai pour rencontrer<br />

des personnalités réelles virtuellement<br />

reconstituées afin de discuter avec de<br />

grands économistes comme John M.<br />

Keynes ou Milton Friedman…<br />

Aujourd’hui Charlotte Audiard utilise également<br />

les IA de bien des façons. Glarity<br />

lui permet par exemple de résumer des<br />

vidéos : « J’ai pu ainsi résumer des milliers<br />

de vidéos postées sur Youtube sur la<br />

guerre civile américaine. En revanche<br />

ChatGPT n’est pas très doué pour les<br />

traductions. DeepL est bien meilleure ».<br />

Eline de Mathuisieulx, professeure de<br />

langue en classes ECG et PSI au lycée<br />

Saint-Etienne de Strasbourg, utilise quant<br />

à elle l’IA pour traduire des termes techniques<br />

utilisés lors des travaux pratiques<br />

ou pour proposer des exercices de grammaire<br />

avec du vocabulaire spécifique aux<br />

Jamais sans mon IA !<br />

Dans le cadre d’un Hackathon autour des<br />

enjeux sociétaux de l’Intelligence artificielle,<br />

une étude sur L’impact des IA génératives<br />

sir les étudiants a été réalisée par le Pôle<br />

Léonard de Vinci et le groupe Talan auprès<br />

de 1 600 étudiants de 4ème année d’études<br />

supérieures afin de « révéler la vision et<br />

l’utilisation des IA génératives (Chat GPT,<br />

Midjourney etc.) par les étudiants mais aussi<br />

son impact sur l’avenir professionnel des<br />

élèves ». Une enquête qui fait écho au dernier<br />

baromètre Ifop pour Talan, Les Français<br />

et les IA génératives publié en avril <strong>2024</strong>.<br />

Quelques chiffres : 99% des étudiants<br />

interrogés utilisent l’IA (contre 60% pour<br />

l’ensemble des Français) et 92% en ont une<br />

utilisation régulière de l’IA (contre 32% des<br />

Français). Ils sont même 51% à indiquer<br />

qu’ils « auraient du mal à se passer » de<br />

ChatGPT et autant à reconnaître que<br />

ChatGPT les « influence dans leurs choix ».<br />

Au-delà de leur utilisation quotidienne, les<br />

IA génératives ont également un impact<br />

direct sur la pédagogie et la manière de<br />

travailler des étudiants. L’IA accompagne<br />

désormais les projets, les travaux et toutes<br />

les étapes d’apprentissage des étudiants.<br />

Parmi les principaux avantages perçus par<br />

les étudiants grâce aux IA génératives :<br />

• 83% diminuer leur temps de travail ;<br />

• 79% enrichir leur capacité de résoudre<br />

des problèmes complexes ;<br />

• 65% augmenter leur productivité<br />

et leur performance ;<br />

• 62% gagner du temps dans<br />

la vie quotidienne.<br />

Mais si 72% des étudiants ont une vision<br />

positive de l’IA quand 79% des Français se<br />

disent inquiets vis-à-vis de leur émergence,<br />

ils n’en sont pas moins conscients des<br />

dangers que les IA peuvent représenter,<br />

tant en termes sécurité des données que<br />

de dépendance à des grande sociétés<br />

internationales. 49% des étudiants<br />

interrogés estiment même que les IA peuvent<br />

représenter un danger pour la démocratie.<br />

« Nous avons conçu un dispositif pour<br />

former nos étudiants à un usage critique<br />

de ces IA génératives : utiliser les IA pour<br />

enrichir le travail individuel et collectif, mais<br />

sans qu’elles ne se substituent à la réflexion,<br />

et tout en conservant le discernement face<br />

aux risques d’erreurs et de manipulations »<br />

insiste Laure Bertrand, directrice<br />

Soft Skills, Développement Durable et<br />

Carrières au Pôle Léonard de Vinci.<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

sciences : « Ensuite je peux demander à<br />

chaque élève de faire un exercice différent<br />

que l’IA m’aide à produire. ChatGPT aide<br />

également à fabriquer des plans de cours<br />

ou un podcast »<br />

FAIRE ÉVOLUER<br />

LES ÉVALUATIONS<br />

Comment évaluer le travail des élèves à<br />

domicile quand une dissertation prend<br />

une seconde à écrire ? « Non seulement<br />

l’IA est capable de produire une dissertation,<br />

mais surtout, elle en produit une<br />

différente à chaque nouvelle demande,<br />

rendant la recherche de plagiat par le<br />

professeur difficile : un cliché stylistique,<br />

une référence malmenée peuvent être<br />

des signes de son utilisation, mais à quoi<br />

bon la débusquer, au fait ? », s’interroge<br />

Agathe Mezzadri-Guedj. « Aujourd’hui<br />

je ne compte plus les notes à domicile<br />

dans les moyennes de mes élèves et<br />

ils se servent donc sans doute moins<br />

des IA », répond Charlotte Audiard, qui<br />

constate que beaucoup de ses collègues<br />

ont totalement arrêté les devoirs maison.<br />

C’est partiellement le cas de Johanne<br />

Favre : « Cela remet en cause certaines<br />

évaluations car nous ne parvenons pas<br />

toujours à distinguer ce qui est écrit pas<br />

Adapter l’enseignement : l’exemple de Kedge<br />

Dans ce contexte d’utilisation quotidienne<br />

des IA par les étudiants les établissement<br />

d’enseignement supérieur s’adaptent. Dès<br />

la sortie publique de ChatGPT en 2022,<br />

un groupe de travail a ainsi été créé au<br />

sein de la faculté de Kedge pour identifier<br />

et cartographier les impacts de cette<br />

technologie sur l’enseignement. Kedge laisse<br />

aujourd’hui la liberté à ses enseignants<br />

d’intégrer l’IA dans leurs cours et de<br />

définir le cadre de son utilisation selon le<br />

profil des étudiants (postbac, master…).<br />

Les professeurs s’engagent à établir<br />

des consignes d’usage précises afin de<br />

s’assurer que l’IA complète et ne remplace<br />

pas l’apprentissage. Plusieurs cours<br />

sont ainsi donnés au sein de différents<br />

programmes. Les cours « Trust me I am<br />

an IA » et « IA & Business » sont enseignés<br />

aux 1 000 étudiants en M1 du PGE. Ils<br />

visent à accompagner les étudiants dans<br />

la compréhension du fonctionnement des<br />

technologies d’IA, de leur histoire et de<br />

nos élèves. Pour se faire une opinion il<br />

faut absolument pouvoir passer par une<br />

interrogation orale ou écrite en classe ».<br />

Quant à Fatima Aït Saïd, elle a depuis<br />

longtemps arrêté de demander à ses<br />

élèves de réaliser des devoirs à la maison<br />

: « Ce que nous évaluons c’est de<br />

la créativité dans les connaissances.<br />

Aujourd’hui nous savons repérer les<br />

copier-coller, nous sommes devenus<br />

plus exigeants, demain nous devons l’être<br />

encore plus en demandant aux élèves<br />

d’afficher leurs sources et de présenter<br />

tout un dossier ». « Quand un élève très<br />

médiocre rend soudainement un très bon<br />

devoir fait à la maison on peut facilement<br />

vérifier que la structure a été générée<br />

par l’AI avec une écriture spécifique et<br />

le recours à de grandes généralités »,<br />

souligne Eline de Mathuisieulx.<br />

Mais les IA peuvent également avoir des<br />

effets délétères sur la façon dont les<br />

étudiants jugent leur évaluation. Cécile<br />

Godé, professeure de management à<br />

Aix-Marseille Université a quant à elle<br />

constaté que ses étudiants donnaient<br />

leurs copies à tester à ChatGPT quand<br />

leurs applications multiples en entreprise,<br />

mais également de « prendre conscience<br />

des limites, risques et questionnements<br />

autour de ces technologies ».<br />

Les étudiants de Kedge sont également<br />

amenés à réaliser une étude de cas réel<br />

d’entreprise dans laquelle ils doivent<br />

évaluer les contraintes techniques<br />

et éthiques d’un projet IA et faire des<br />

recommandations appropriées qui<br />

seront communiquées à l’entreprise. Par<br />

exemple une étude de cas sur l’IA et les<br />

neurotechnologies les amène à utiliser les<br />

concepts développés en cours (IA biaisées,<br />

risques éthiques de l’IA, transparence<br />

des algorithmes, etc.) mais aussi à étudier<br />

les réglementations (AI Eu Act, RGPD)<br />

pour fournir des recommandations<br />

appropriées. Enfin Kedge propose<br />

également des formations à destination de<br />

sa faculté comme « L’IA générative dans<br />

l’enseignement supérieur » ou « Evaluer<br />

les étudiants à l’ère de ChatGPT ».<br />

Sciences Po, Sorbonne<br />

Université et le CNRS<br />

lancent un programme<br />

de recherche en IA au<br />

service de la démocratie<br />

Sciences Po, Sorbonne<br />

Université, le CNRS et<br />

l’organisation Make.org<br />

lancent le programme de<br />

recherche « Communs<br />

Démocratiques » qui vise à̀<br />

« exploiter le potentiel de l’IA<br />

générative pour préserver<br />

et renforcer les fondements<br />

de la démocratie dans un<br />

monde confronté à une crise<br />

de confiance institutionnelle<br />

sans précédent et à une<br />

guerre informationnelle<br />

croissante ». Le programme<br />

«Communs Démocratiques»<br />

réunira plus de 50 chercheurs<br />

et ingénieurs sur une période<br />

de deux ans. Son objectif<br />

principal est de développer et<br />

de partager en open source<br />

un cadre scientifique de<br />

détermination des principes<br />

démocratiques appliqués à<br />

l’IA, un modèle d›évaluation<br />

des biais des LLM (large<br />

lanhuage model, modèles<br />

de langage) par rapport à<br />

ses principes, des LLM<br />

débiaisés et des plateformes<br />

de participation citoyenne<br />

conformes à ces principes.<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

L’Institut Mines-<br />

Télécom en pointe<br />

dans la massification<br />

de la formation en IA<br />

ils n’étaient pas satisfaits de leurs notes<br />

et venaient se plaindre ensuite quand<br />

« l’IA avait accordé un 15/20 quand je<br />

ne notais de 9/20 en demandant des<br />

explications ».<br />

DES FREINS PERSISTANTS À<br />

L’UTILISATION DES IA<br />

C’est assez fascinant mais les IA peuvent<br />

répondre à toutes les questions même<br />

absurdes pour peu que les bases de<br />

données sur lesquelles elles sont fondées<br />

aient des réponses adaptées. Avec ce<br />

qu’on appelle des « hallucinations » on<br />

a récemment pu faire répondre à l’IA de<br />

Google que des « chats étaient allés sur<br />

la Lune » ou que les « baleines pondaient<br />

des œufs ». « Pas la peine de réessayer<br />

le test aujourd’hui, les IA se nourrissent<br />

des erreurs que nous leur remontons »,<br />

prévient Alain Goudey, directeur général<br />

adjoint en charge du numérique de Neoma<br />

(lire son entretien). Eline de Mathuisieulx<br />

a quant à elle pu constater, après avoir<br />

demandé à ChatGPT de trouver des<br />

poèmes écrits par des scientifiques<br />

que l’IA les avait totalement inventés :<br />

« Elle s’est excusée, a promis qu’elle ne<br />

« le referait plus » après que j’ai prompté<br />

« Ne raconte pas n’importe quoi ». En fait<br />

l’IA déteste ne pas savoir ! » Pour éviter<br />

ces biais Fatima Aït Saïd propose donc<br />

à ses élèves au début de chaque année<br />

de suivre un cours « Que doit-on faire de<br />

l’IA » pour leur apprendre à les manier<br />

avec une distance critique : « Certains<br />

résultats de recherche sont tout à fait<br />

vraisemblables mais en fait n’existent<br />

absolument pas ! »<br />

Des erreurs qui sont aussi des freins à<br />

l’utilisation des IA souligne Isabelle Ryl,<br />

vice-présidente intelligence artificielle<br />

de l’université PSL dans un entretien au<br />

Monde où elle décrypte les enjeux liés<br />

au déploiement de l’IA dans les universités.<br />

: « L’IA est un outil qui peut apporter<br />

beaucoup – en termes de gain de temps,<br />

d’exploration –, mais qui n’est pas exempt<br />

d’erreurs. La question est donc : com-<br />

Il fut déjà en pointe sur les<br />

MOOC en 2014. L’Institut<br />

Mines Télécom (IMT)<br />

est aujourd’hui chef de<br />

file du projet MACMIA<br />

pour « diversifier et<br />

massifier la formation en<br />

IA ». Lauréat de l’appel à<br />

projets « Compétences et<br />

Métiers d’Avenir », doté<br />

d’un financement de 5,9<br />

millions d’euros, le projet<br />

MACMIA propose la mise<br />

en place d’une filière de<br />

formation complète pour<br />

les techniciens, les ingénieurs<br />

et managers avec une double<br />

compétence en IA et Industrie<br />

du futur. MACMIA prévoit<br />

un continuum de formations,<br />

allant de la sensibilisation<br />

dès le lycée, à des formations<br />

supérieures de niveau bac+2<br />

à bac+8. Les parcours de<br />

formation couvrent un<br />

large spectre, incluant des<br />

programmes de licence,<br />

master et doctorat spécialisés<br />

en IA et Science des données.<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

ment l’insérer correctement dans les<br />

cursus ? Afin qu’elle puisse remplacer ce<br />

qui est remplaçable, sans se substituer<br />

à la formation globale de l’étudiant. Plus<br />

vous avancez dans une discipline, plus<br />

il faut de connaissances de base pour<br />

juger de la qualité de ce qui est proposé<br />

par l’IA. Un risque très important serait<br />

d’oublier que l’IA n’est qu’un outil à base<br />

de statistiques ».<br />

Pour autant une évolution vers une utilisation<br />

de plus en plus large des IA semble<br />

également inéluctable pour Fatima Aït<br />

Saïd juge : « Nous sommes passés de<br />

la bibliothèque à Internet et là à l’IA. Il<br />

faut prendre chaque outil comme une<br />

aide supplémentaire à l’apprentissage<br />

pour être plus créatifs avec ses connaissances.<br />

Les très bons candidats ne sont<br />

pas ceux qui recrachent leurs cours mais<br />

ceux qui savent le faire. Les IA peuvent<br />

faire gagner du temps et il faut s’y investir<br />

avec des élèves qui n’ont qu’un an et sept<br />

mois pour se préparer ».<br />

ChatGPT et les maths : « un étudiant très savant<br />

mais qui ne comprend pas ce qu’il fait ! »<br />

Parmi toutes les disciplines académiques<br />

les mathématiques semblent celles les<br />

moins intéressées par les IA génératives.<br />

« Dès le début, j’ai essayé par curiosité<br />

de soumettre à ChatGPT des équations<br />

assez simples. Les résultats étaient assez<br />

médiocres mais ils s’améliorent au fil du<br />

temps avec parfois des raisonnement<br />

assez bizarres », explique Thomas Peteul,<br />

professeur de mathématiques en seconde<br />

année d’ECG au lycée au lycée Saint Louis de<br />

Gonzague à Paris, qui constate surtout que<br />

l’IA ne parvient pas à résoudre un exercice<br />

inventé : « Sur un exercice non référencé il<br />

tâtonne, donne quelques informations, peut<br />

suggérer mais en aucun cas le résoudre ».<br />

Aujourd’hui il voit plutôt en l’IA aujourd’hui un<br />

« excellent moteur de recherche pour obtenir<br />

beaucoup d’informations, malheureusement<br />

non sourcées ». Un outil qui pourrait<br />

donc l’aider à préparer un cours mais qui<br />

ne le convainc pas dans sa pertinence<br />

mathématiques : « ChatGPT parvient à<br />

résoudre des exercices bien connus mais<br />

c’est avec un raisonnement de compilation,<br />

pas un raisonnement de mathématicien.<br />

C’est un peu comme si nous avions en<br />

face de nous un étudiant très savant mais<br />

qui ne comprend pas ce qu’il fait ».<br />

L’un des problèmes spécifiques aux<br />

mathématiques que doit résoudre l’IA est<br />

également de passer par le prisme d’une<br />

photo qu’il transforme ensuite en langage<br />

LaTeX, langage dans lequel il répond mais<br />

que ne connaissent que très peu d’élèves.<br />

Avec le danger également pour ces mêmes<br />

élèves d’utiliser des données qui ne sont<br />

tout simplement pas dans le programme.<br />

« J’ai demandé à ChatGPT de reprendre<br />

son raisonnement avec seulement les<br />

programmes appris en ECG mais il n’en a<br />

pas été capable », remarque le professeur.<br />

Olivier Rollot<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Alain Goudey<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT EN CHARGE DU NUMÉRIQUE DE NEOMA<br />

« Avec les IA les étudiants qui sont dans une démarche<br />

d’excellence vont aller plus vite et plus loin »<br />

Neoma a autorisé l’ensemble de<br />

ses étudiants à utiliser les IA dès<br />

septembre 2023 et en a déjà formé<br />

6 000 soit, 60 % d’entre eux, et 80 % de<br />

ses professeurs, notamment pour les<br />

préparer à ne pas avoir une confiance<br />

aveugle dans les outils d’IA. Directeur<br />

général adjoint en charge du numérique<br />

de Neoma, Alain Goudey nous explique<br />

comment l’IA bouleverse déjà toute sa<br />

faculté.<br />

Olivier Rollot : Pourquoi former les étudiants<br />

aux IA ? Cela semble tout naturel pour eux !<br />

Alain Goudey : Ils ont les mêmes soucis que les « digital<br />

natives » avec l’informatique. Certes ils utilisent les IA,<br />

généralement en mode freemium, mais sans forcément<br />

un usage récurrent. Interrogés, les étudiants parlent pour<br />

plus de la moitié d’entre eux de seulement une fois par<br />

mois et seulement 5 à 6 % très régulièrement en utilisant<br />

les bons outils et en apprenant à bien prompter. Nous<br />

les formons donc à comprendre ce que peuvent ou pas<br />

faire les IA, quand c’est efficace ou, au contraire, quand<br />

les IA produisent ce qu’on appelle des « hallucinations »,<br />

des inventions d’information qui propagent des erreurs.<br />

En fait il y a deux types d’utilisateurs. Les « good enough »<br />

- 44 % des utilisateurs selon une enquête nationale parue<br />

cette année en mai <strong>2024</strong> - qui considèrent qu’en une<br />

heure ils ont eu ce qu’il leur fallait et vont rendre une copie<br />

copiée-collée de l’IA sans se poser de questions, et les<br />

autres qui veulent améliorer la qualité de la réponse. C’est<br />

ce que je dis aux étudiants aujourd’hui : « Vous pouvez<br />

aller plus loin que les promotions précédentes avec des<br />

IA qui sont des facteurs d’amélioration dans la phase de<br />

production d’idées ». Un exemple. Nous demandons à<br />

nos étudiants de réfléchir à placer des capteurs dans<br />

des objets pour produire de l’information. Avec l’IA ce<br />

sont des centaines d’objets possibles qui leur sont<br />

proposés en quelques secondes : la génération d’idées<br />

va plus vite et dans un volume plus grand<br />

O. R : Quels exercices propres aux IA<br />

proposez-vous à vos étudiants ?<br />

A. G : Je leur propose par exemple de travailler avec une<br />

« Celebrity Critical Review » qui simule par IA générative<br />

le point de vue d’une personnalité, de Steve Jobs ou<br />

Greta Thunberg voire de Julien Assange ou Christine<br />

Lagarde, pour l’interroger avec son point de vue et lui<br />

demander son avis à chaque étape sur ce qui, selon<br />

elle, fonctionne ou pas. Et une fois la célébrité campée<br />

on peut demander à l’IA de critiquer sa propre critique<br />

pour avoir de nouvelles idées. En dix questions on fait<br />

le tour de tout le sujet.<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Avec les IA les étudiants qui sont dans une démarche<br />

d’excellence vont aller plus vite et plus loin. D’ailleurs ils<br />

en sont bien conscients et arborent le badge numérique<br />

que nous leur donnons sur leur CV, dès maintenant.<br />

O. R : Vous parliez d’hallucinations. Comme<br />

quand une IA a pu établir que les « baleines<br />

pondaient des œufs » ?<br />

A. G : Exactement mais pas la peine de réessayer le test<br />

aujourd’hui, les IA se nourrissent des erreurs que nous<br />

leur remontons avec du « renforcement humain » pour<br />

limiter ce type d’erreur. L’hallucination est un phénomène<br />

intrinsèque aux LLM (large language model, modèles de<br />

langage) qu’on peut diminuer avec différentes techniques<br />

mais pas totalement annuler aujourd’hui.<br />

O. R : Les LMM ont de nombreux biais ?<br />

A. G : La problématique des biais et des stéréotypes des<br />

LLM a pu être observée récemment quand on a demandé<br />

à l’IA Midjourney de dessiner un CEO, un chirurgien et<br />

un secrétaire (voir la campagne de l’Association Jamais<br />

Sans Elles) – tous termes qui s’écrivent de la même<br />

manière en anglais – et que l’IA a produit deux hommes<br />

pour les fonctions de CEO et chirurgien et une femme<br />

comme secrétaire. Des biais qui existent également<br />

dans le texte. Si vous interrogez une IA occidentale sur<br />

Taïwan vous aurez forcément une réponse différente<br />

de celle d’une IA chinoise.<br />

C’est aussi pour cela que c’est un enjeu politique de créer<br />

un modèle d’IA francophone car une LLM traduit aussi<br />

une vision du monde. Venues des États-Unis elles sont<br />

très emphatiques avec une surabondance de participes<br />

présents qu’on repère très vite.<br />

C’est ce qu’essayent de faire les équipes françaises de<br />

Mistral.ai qui ont fait des prouesses en peu de temps<br />

pour produire une bonne IA, quasiment au niveau de<br />

ChatGPT4, mais avec quels points d’accès ? Microsoft a<br />

su s’allier avec Open AI pour présenter massivement son<br />

IA au monde entier. Ils seront aussi distribués par Apple<br />

dans iOS18 ! Tout modèle francophone ou européen doit<br />

trouver un moyen d’être diffusé massivement.<br />

O. R : Quelles utilisations des IA préconisezvous<br />

pour vos professeurs ?<br />

A. G : Par exemple de préparer de nouveaux cours<br />

en créant des structures qui prennent en compte le<br />

niveau des étudiants. En Executive Education cela<br />

permet d’adapter finement son cours aux managers<br />

présents selon qu’ils travaillent chez Google ou chez<br />

un grand groupe industriel. Ils peuvent aussi adapter<br />

les exercices, créer des variantes à l’infini, produire de<br />

nouveaux formats de contenu pédagogique, etc.<br />

O. R : A titre personnel, combien de temps<br />

estimez-vous gagner aujourd’hui dans votre<br />

travail en utilisant les IA ?<br />

A. G : En mars 2023 je l’estimais à 30 %. Un an après<br />

je parle de 50 % car je les utilise mieux avec des outils<br />

adaptés à ce que je veux réaliser tout en possédant<br />

maintenant une bibliothèque personnelle de prompts<br />

efficaces, adaptés à chaque outil et chaque action à<br />

réaliser.<br />

O. R : Une dernière question. Quelles sont vos<br />

IA préférées ?<br />

A. G : ChatGTP4 bien sûr – ChatGPT Edu n’apporte pas<br />

grand-chose de plus en l’état des annonces – Gemini Ultra<br />

chez Google, ElevenLabs pour le clonage de voix, HeyGen<br />

pour les vidéos, Suno pour la musique, et bien d’autres<br />

modèles sur Hugging Face que je teste régulièrement.<br />

Avant de se consacrer<br />

aux IA Alain Goudey<br />

a été le promoteur d’un<br />

espace de travail virtuel<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS COLLOQUE<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

L’accueil des étudiants<br />

internationaux au cœur<br />

du projet des écoles<br />

de management<br />

Le colloque annuel de sa Conférence des directeurs des écoles françaises<br />

de management (Cdefm) se tenait le 23 mai dans les locaux de l’EM Normandie à Paris<br />

sur le thème « Mobilité étudiante et employabilité des internationaux :<br />

quels enjeux pour nos écoles ? ». Résumé des discussions<br />

«<br />

Les écoles de management font<br />

une contribution particulièrement<br />

importante dans la stratégie<br />

d’accueil d’étudiants internationaux<br />

de la France », félicite<br />

Donatienne Hissard, la directrice générale<br />

de Campus France quand Vincenzo<br />

Esposito Vinzi, directeur de l’Essec et<br />

vice-président de la Conférence des directeurs<br />

des écoles françaises de management<br />

(Cdefm) rappelle que « c’est dans<br />

les écoles de management que la croissance<br />

des étudiants internationaux est<br />

la plus importante ». L’occasion de rencontrer<br />

nombre d’acteurs du système et<br />

de présenter plusieurs études sur les étudiants<br />

et jeunes internationaux menées<br />

par Campus France, l’Edhec NewGen<br />

Talent Centre et la Fondation Higher Education<br />

For Good.<br />

Des étudiants internationaux<br />

de plus en plus nombreux<br />

C’est spectaculaire : le nombre d’étudiants<br />

étrangers en école de management<br />

a connu une hausse de 80 % entre 2017<br />

et 2022. Missionné par la Cdefm, l’Edhec<br />

NewGen Talent Centre a conduit la<br />

première étude sur les profils des étudiants<br />

internationaux des grandes écoles<br />

de management. Avec plus de 2 000 répondants<br />

de plus de 100 nationalités différentes,<br />

cette étude reflète la diversité<br />

des étudiants étrangers en management<br />

en France dont 82 % sont en mobilité internationale<br />

majoritairement diplômante.<br />

« Ce sont des étudiants qui ont une vision<br />

très positive du monde de l’entreprise,<br />

bien plus que les étudiants français. En<br />

revanche la question de l’environnement<br />

à moins de poids qu’en France », commente<br />

Manuelle Malot, la directrice l’Edhec<br />

NewGen Talent Centre.<br />

Avant leur séjour académique en école<br />

de management, 22 % des étudiants internationaux<br />

ont déjà des expériences internationales,<br />

notamment en France où la<br />

durée moyenne de leur cursus est de 16<br />

mois. Au bout de leur séjour 76 % des<br />

étudiants internationaux estiment que<br />

leurs études avant d’arriver en France les<br />

ont suffisamment sensibilisés aux enjeux<br />

sociaux mais plus de la moitié estiment<br />

que ces enjeux sont plus souvent pris en<br />

compte en France. Quand ils ont une<br />

préférence, les étudiants internationaux<br />

aimeraient travailler en Europe. Mais<br />

pas forcément en France… ne parlant<br />

pas assez bien français. « Nous sommes<br />

peut-être allés trop loin pour accueillir<br />

le maximum d’étudiants internationaux<br />

en leur donnant des cours en anglais et<br />

en demandant aux étudiants français de<br />

leur parler en anglais », s’interroge Manuelle<br />

Malot.<br />

Une question cruciale alors que la compétition<br />

entre les pays dans l’accueil des étudiants<br />

internationaux tient également à la<br />

possibilité ou pas d’y poursuivre ensuite<br />

leur vie professionnelle. « Aujourd’hui<br />

l’Allemagne insiste beaucoup sur ses besoins<br />

en recrutement pour recruter des<br />

étudiants internationaux. En France<br />

c’est un non-dit », remarque Adrienne<br />

Hissard en présentant son enquête sur<br />

le parcours de 10 000 étudiants internationaux<br />

venus se former en France. Il en<br />

Des étudiants de l’EM Normandie à Dubaï où l’école a ouvert un campus<br />

EM Normandie BS<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS COLLOQUE<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

résulte notamment que 87 % ont trouvé<br />

leur premier emploi moins d’un an<br />

après la fin de leurs études dont les troisquarts<br />

en moins de six mois (81 % après<br />

une école d’ingénieurs, 73 % après une<br />

école de commerce et 70 % après l’université).<br />

Pour 91 % des répondants, le séjour<br />

d’études en France a été un atout dans<br />

l’obtention de ce premier emploi alors<br />

que 44 % vivent toujours en France. Un<br />

taux qui baisse avec le temps : seuls 10 %<br />

des alumni ayant fini leurs études avant<br />

2005 vivent encore en France contre 20 %<br />

entre 2010 et 2014.<br />

Rennes SB est l’école la plus internationale qui soit<br />

La mobilité internationale des<br />

étudiants est-elle pérenne ?<br />

À l’Essec, la mobilité internationale représente<br />

chaque année 1 100 étudiants<br />

internationaux de 98 nationalités différentes<br />

et 1 100 mobilités internatio-<br />

Après leurs études en France :<br />

que deviennent les étudiants internationaux ?<br />

À l’occasion de la 2 e édition de la Journée<br />

mondiale des alumni, sur le thème « talents<br />

francophones, carrières mondiales », Campus<br />

France a publié les résultats d’une enquête<br />

sur le parcours de 10 000 étudiants<br />

internationaux venus se former en France.<br />

Il en résulte notamment que 87 % ont trouvé<br />

leur premier emploi moins d’un an après<br />

la fin de leurs études dont les trois-quarts<br />

en moins de six mois (81 % après une<br />

Rennes SB<br />

école d’ingénieurs, 73 % après une école<br />

de commerce et 70 % après l’université).<br />

Pour 91 % des répondants, le séjour<br />

d’études en France a été un atout dans<br />

l’obtention de ce premier emploi alors que<br />

44 % vivent toujours en France. Un taux<br />

qui baisse avec le temps : seuls 10 % des<br />

alumni ayant fini leurs études avant<br />

2005 vivent encore en France contre 20 %<br />

entre 2010 et 2014.<br />

nales inter-campus. La France, pays qui<br />

possède le plus de campus internationaux<br />

au monde (164), juste derrière les<br />

États-Unis et le Royaume Uni, a un rôle<br />

particulier à jouer alors que, comme le<br />

rappelle Elian Pilvin, directeur général<br />

de l’EM Normandie, « le développement<br />

international est attaché au modèle économique<br />

des écoles, qui devient central<br />

pour l’attractivité ».<br />

Mais, à l’heure où les écoles sont invitées<br />

à renforcer leur responsabilité sociétale<br />

et environnementale, les écoles entendent<br />

des injonctions contradictoires<br />

Pour Isabelle Jauny, la directrice de Skema<br />

Transitions « une partie de la mobilité<br />

internationale, dans les écoles de<br />

commerce est incompressible car elle est<br />

inscrite dans leur ADN ». Scott Blair, éditeur<br />

de contenu pour le Sulitest et directeur<br />

de l’AIAASC (American International<br />

Accreditation Association of Schools<br />

and Colleges), pose alors la question suivante<br />

: « Pour avoir un impact, la mobilité<br />

doit-elle forcément être loin ? »<br />

En mars <strong>2024</strong>, le BNEM (Bureau national<br />

des étudiants en management) a publié<br />

un rapport sur la transition écologique<br />

dans les écoles de management<br />

basé sur les réponses de 3 000 étudiants.<br />

Il en ressort que, même si les étudiants<br />

se sentent de plus en plus concernés par<br />

la transition écologique, l’insertion professionnelle<br />

reste la priorité. Elian Pilvin<br />

met lui en garde contre une atteinte<br />

aux libertés individuelles, en particulier<br />

celle de pouvoir vivre une expérience<br />

unique à l’étranger. Selon lui, les « mobilités<br />

longues sont à privilégier » et il<br />

pointe les dérives qui peuvent exister au<br />

niveau des mobilités dans le cadre des<br />

programmes courts. Chris Crabot, directeur<br />

associé de Nottingham Trent University,<br />

explique qu’au contraire son établissement<br />

« opte de plus en plus pour des<br />

mobilités courtes, pour en faire bénéficier<br />

le plus grand monde, mais tout en<br />

privilégiant l’Europe aux destinations<br />

lointaines ». Son objectif est d’impacter<br />

le plus grand nombre d’étudiants, parmi<br />

les 44 000 que compte son université,<br />

alors que seulement 5 % d’entre eux<br />

font une mobilité aujourd’hui.<br />

Prendre en compte un impact<br />

à 360°<br />

Si l’impact environnemental des déplacements<br />

des étudiants est très important<br />

pour les établissements il faut aussi<br />

en mesurer la portée pédagogique et<br />

économique. Les participants de la table<br />

ronde « Quel avenir pour la mobilité étudiante<br />

? » s’accordent ainsi à dire qu’avec<br />

un échange à l’étranger, il y a un avant et<br />

un après : il a un impact significatif sur<br />

l’expérience, le réseau professionnel, et<br />

une accélération dans l’acquisition de<br />

compétences comportementales. 3 compétences<br />

semblent particulièrement visées<br />

: l’adaptabilité, l’autonomie et l’ouverture<br />

d’esprit.<br />

« La mobilité doit être win win win : pour<br />

le parcours de l’étudiant bien sûr, mais<br />

aussi pour l’établissement d’accueil, et<br />

pour l’établissement d’origine puisque<br />

l’expérience associée à une mobilité rejaillit<br />

positivement dans la communauté<br />

ESR à tous ces niveaux », considère<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS COLLOQUE<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Isabelle Jauny quand Elian Pilvin rappelle<br />

le « rôle que jouent les étudiants français<br />

qui partent étudier dans le monde<br />

entier en matière de soft power ». Pour<br />

Donatienne Hissard, à l’image du Times<br />

Higher Education qui publie depuis trois<br />

ans un classement des établissements en<br />

fonction de leur impact « il est essentiel<br />

de prendre en compte un impact complet,<br />

c’est-à-dire l’impact positif qu’a une expérience<br />

en mobilité sur les 16 autres<br />

ODD ». Un point sur lequel la France<br />

n’est pas en avance selon elle : des campus<br />

sont bâtis aujourd’hui en tenant compte<br />

de tous les ODD dans plusieurs pays en<br />

voie de développement.<br />

Des étudiants internationaux<br />

qui veulent avant tout<br />

apprendre à vivre ensemble<br />

« Cela a été une surprise pour nous.<br />

Lorsque leur est posée la question de ce<br />

qu’ils ont besoin d’apprendre à l’école<br />

pour atteindre le futur qu’ils souhaitent,<br />

les jeunes demandent alors à ce que l’apprentissage<br />

des valeurs et des vertus soit<br />

au cœur de l’éducation qu’ils reçoivent,<br />

ce qui est très éloigné des pratiques actuelles<br />

», commente Marine Hadengue,<br />

CEO de la Fondation Higher Education<br />

For Good et directrice de Youth Talks,<br />

plus grande consultation jeunesse jamais<br />

réalisée à l’échelle mondial avec plus de<br />

45 000 participants âgés de 15 à 29 ans<br />

venant de 212 pays et territoires, qui reprend<br />

: « Les jeunes mettent ainsi les éducateurs<br />

d’aujourd’hui au défi de transformer<br />

ce qu’ils enseignent, de se concentrer<br />

sur la nécessité de réapprendre à vivre<br />

ensemble et à interagir harmonieusement<br />

les uns avec les autres. Non pas que les<br />

disciplines fondamentales traditionnelles<br />

n’aient plus d’importance, mais l’urgence<br />

de “refaire société” semble aujourd’hui<br />

la priorité pour les jeunes ».<br />

Si ce désir qui a été exprimé partout<br />

dans le monde, à l’exception notable de<br />

la Chine, sur d’autres questions clés Youth<br />

Talks met en évidence un clivage clair<br />

entre les jeunes occidentaux et leurs homologues<br />

du reste du monde comme le<br />

note encore Marine Hadengue : « Les<br />

jeunes occidentaux semblent plus ancrés<br />

dans des préoccupations matérielles.<br />

Leur situation financière est leur principale<br />

préoccupation des jeunes occidentaux<br />

: environ un tiers des participants<br />

occidentaux le mentionne comme leur<br />

priorité, contre seulement un dixième<br />

des autres ».<br />

Caroline Letellier et Olivier Rollot<br />

L’entrée du campus de Skema en Chine, à Suzhou<br />

Comment calculer l’impact environnemental d’un établissement ?<br />

La dimension RSE est de plus en plus<br />

prise en compte dans les classements à<br />

l’image du Financial Times qui a introduit<br />

en 2023 la part des enseignements des<br />

problématiques « environnementales, sociales<br />

et de gouvernance » parmi ses critères.<br />

Mais comment calculer et comparer<br />

le bilan carbone des établissements ?<br />

La démarche est aujourd’hui fastidieuse,<br />

et surtout il n’y a pas deux écoles qui calculent<br />

leur bilan carbone de la même façon.<br />

Doit-on inclure au calcul les stages, les<br />

années de césure, la mobilité entrante, les<br />

trajets domicile-campus… ? Ces derniers<br />

peuvent représenter jusque 40 % des émissions<br />

de GES. Un groupe de travail piloté<br />

par le MESR et comprenant la Cdefm, la<br />

Cdefi, France Universités, l’Amue ou en-<br />

core l’ADEME travaille justement sur la<br />

mise au point d’outils d’une définition de<br />

ce bilan adapté au secteur : référentiel d’activités,<br />

modes de calcul et règles d’usage<br />

normalisés.<br />

Autre initiative, le groupement de recherche<br />

« Labos 1point5 », créé en 2019,<br />

est un collectif académique partageant<br />

un objectif commun : mieux comprendre<br />

et réduire l’impact des activités de recherche<br />

scientifique sur l’environnement,<br />

en particulier sur le climat. Il a proposé<br />

une méthodologie de calcul du bilan adapté<br />

à un laboratoire de recherche, 100 %<br />

en open source, et est en train de concevoir<br />

son pendant pour un établissement<br />

d’enseignement.<br />

Skema BS<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

La bataille du label et de<br />

l’apprentissage est ouverte<br />

La baisse programmée des financements de l’apprentissage associée à la possible création<br />

d’un nouveau label pour l’enseignement supérieur privé conduisent aujourd’hui<br />

les grands acteurs à présenter chacune leurs propositions.<br />

D’un côté les opérateurs « classiques<br />

», Cdefi (Conférence<br />

des directeurs des écoles françaises<br />

d’ingénieurs), Conférence<br />

des Grandes écoles (CGE), Conférence<br />

des directeurs des écoles françaises<br />

de management (Cdefm), Fesic (Fédération<br />

des établissements d’enseignement<br />

supérieur d’intérêt collectif) et Union des<br />

Grandes écoles indépendantes (UGEI).<br />

De l’autre les nouveaux acteurs de l’enseignement<br />

supérieur privé lucratif bientôt<br />

réunis dans une toute nouvelle Conférence<br />

des établissements d’enseignement<br />

supérieur à vocation professionnelle et de<br />

l’alternance, la CEESPA, que le président<br />

de l’association Les entreprises éducatives<br />

pour l’emploi (E3) et directeur général du<br />

groupe Eduservices, Philippe Grassaud, a<br />

présenté le 15 mai. Avec son association -<br />

qui regroupe l’ensemble la quasi-totalité<br />

des acteurs de Galileo à Omnes Education<br />

en passant par Eduservices ou Ynov<br />

– il organisait les quatrièmes Rencontres<br />

pour la réussite professionnelle des jeunes<br />

à Paris dans les locaux de la Maison de<br />

l’Amérique latine.<br />

Comment définir un label puis<br />

évaluer les établissements ?<br />

« Nous sommes au milieu du gué », promet<br />

Anne-Sophie Barthez, la directrice<br />

générale de l’enseignement supérieur et<br />

de l’insertion professionnelle du MESR,<br />

lors de la conférence de l’association E3.<br />

Après des mois de concertation sur le projet<br />

de label de qualité pour les formations<br />

- voire les établissements dans leur ensemble<br />

comme le demandent les grands<br />

groupes privés lucratifs -, de l’enseignement<br />

supérieur privé, le suspense est entier<br />

: à quoi ressemblera ce label et verrat-il<br />

vraiment le jour. Alors qu’on évoque<br />

sept grandes familles de critères de qualité<br />

elle insiste sur la « chance d’avoir<br />

une diversité d’acteurs de l’enseignement<br />

supérieur, public et privé, lucratif<br />

et non lucratif. Le tout est d’organiser<br />

le travail de tous ces acteurs alors que<br />

l’enseignement supérieur est devenu largement<br />

illisible pour les jeunes et leurs<br />

familles. Nous voulons remettre de la lisibilité.<br />

Le Hcéres jouera forcément un<br />

rôle car la loi établit qu’il a un droit de<br />

regard sur l’ensemble de l’évaluation. Le<br />

tout main dans la main avec le ministère<br />

du Travail ».<br />

Le président par intérim du Hcéres (Haut<br />

Conseil de l’évaluation de la recherche et<br />

de l’enseignement supérieur), Stéphane Le<br />

Bouler, va dans son sens et promet même<br />

de proposer vite des préconisations qui<br />

pourraient aller plus loin que le « Qaliopi+<br />

» dont parlait son prédécesseur,<br />

Thierry Coulhon, en 2023 : « Le Hcéres<br />

est prêt à mobiliser son expertise de 20<br />

ans d’évaluation de 20 ans en créant<br />

des indicateurs de qualité mais aussi de<br />

non-qualité. Une non-qualité qu’il faudra<br />

se donner les moyens de révéler, même<br />

si on peut espérer que la régulation se<br />

fera aussi grâce à une concurrence accrue<br />

entre les opérateurs ». Devant une<br />

tâche qui s’annonce titanesque au vu du<br />

nombre de formations à évaluer, il propose<br />

également de « valider les processus<br />

d’évaluation des écoles » comme le<br />

Hcéres le fait par exemple pour la Cefdg<br />

(Commission d’évaluation des formations<br />

et diplômes de gestion).<br />

Un enjeu d’amélioration de la qualité<br />

auquel adhérent les établissements privés<br />

même s’il y a une « présomption de<br />

non-qualité d’un côté », regrette Martin<br />

Hirsch, vice-président du groupe Galileo<br />

Global Education, qui rappelle que « l’employabilité<br />

est un critère majeur » tout en<br />

se demandant s’il est « bien logique de<br />

mesurer en priorité si les diplômés s’insèrent<br />

dans le secteur directement en rapport<br />

avec leur diplôme alors qu’on parle<br />

tout le temps d’évoluer ? »<br />

Ce que demandent les acteurs<br />

publics et privés non lucratifs<br />

La Cdefi appelle à la « mise en œuvre<br />

d’une meilleure régulation par l’État ».<br />

Elle « regrette l’actuelle confusion autour<br />

des notions de « contrôle par l’État » ou<br />

« reconnu par l’État », sur laquelle jouent<br />

certains établissements privés ayant obtenu<br />

un titre RNCP (Répertoire national<br />

des certifications professionnelles) pour<br />

attirer des étudiants sur la base d’éléments<br />

de communication spécieux ».<br />

Pour améliorer la régulation par l’État et<br />

la lisibilité globale de l’offre de formation<br />

L’enseignement supérieur privé est en plein essor et construit de nouveaux<br />

bâtiment comme ici celui d futur campus de l’Essca à Aix-en-Provence<br />

Essca BS<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Les écoles privées lucratives créent leur conférence<br />

Alors que la question de la création d’un<br />

label pour l’enseignement supérieur privé<br />

reste en suspens, que les financements<br />

de l’apprentissage semblent devoir se tarir<br />

pour l’enseignement supérieur, l’association<br />

Les entreprises éducatives pour<br />

l’emploi (3E), qui regroupe l’ensemble<br />

la quasi-totalité des acteurs de Galileo à<br />

Omnes Education en passant par Eduservices<br />

ou Ynov, organisait Les quatrièmes<br />

Rencontres pour la réussite professionnelle<br />

des jeunes de le 15 mai à Paris dans les locaux<br />

de la Maison de l’Amérique latine.<br />

L’occasion d’annoncer la création pour la<br />

fin <strong>2024</strong> de la Conférence des établissements<br />

d’enseignement supérieur à vocation<br />

professionnelle et de l’alternance, la<br />

CEESPA, par le président de l’association<br />

Les entreprises éducatives pour l’emploi et<br />

directeur général d’Eduservices, Philippe<br />

Grassaud, pour « faire exister tout un pan<br />

de l’enseignement supérieur qui n’était pas<br />

considéré et qui souhaite aujourd’hui montrer<br />

patte blanche pour intégrer le « club »<br />

qu’est l’enseignement supérieur ».<br />

La création de cette Conférence doit permettre<br />

de placer les 400 000 étudiants de<br />

ces écoles au « cœur du dispositif avec<br />

l’objectif de renforcer la qualité des formations<br />

professionnalisantes et d’augmenter<br />

les garanties apportées aux étudiants sur<br />

la qualité et la validité de leur parcours et<br />

de leur diplomation ».<br />

Il s’agit également de démontrer la faisabilité<br />

d’une démarche de régulation de<br />

qualité des établissements d’enseignement<br />

supérieur, et non des formations, pour « encourager<br />

l’adoption de cette méthode dans<br />

les discussions en cours autour du label »<br />

et de « positionner durablement le secteur<br />

de l’enseignement supérieur professionnalisant<br />

comme un acteur majeur et<br />

responsable de l’enseignement supérieur<br />

dans son ensemble ».<br />

La Conférence proposera une adhésion à<br />

tous les établissements respectant un référentiel<br />

qualité et une charte de déontologie<br />

au-delà de l’association 3E qui continuera<br />

son activité. Le référentiel qualité en cours<br />

d’élaboration s’appuiera sur les normes<br />

en vigueur telles que Qualiopi, le projet<br />

de Label du ministère de l’Enseignement<br />

Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation<br />

(MESRI) et le Hcéres (Haut Conseil<br />

de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement<br />

supérieur), « mettant en avant<br />

l’organisation, l’encadrement et le caractère<br />

professionnalisant des formations ».<br />

supérieure, la Cdefi appelle à « mettre en<br />

place une évaluation systématique de la<br />

qualité sous l’égide du ministère de l’Enseignement<br />

supérieur et de la recherche<br />

de toutes les formations initiales postbac,<br />

et à faire de cette évaluation une condition<br />

de leur référencement sur Parcoursup<br />

». La Cdefi demande même que soit<br />

« conditionnée la reconnaissance ou la<br />

labellisation des formations supérieures<br />

postbac à un recrutement exclusif via<br />

Parcoursup (comme c’est déjà une obligation<br />

par exemple pour les formations<br />

conférant un grade, les formations des<br />

EESPIG), à l’exception des étudiants<br />

internationaux ».<br />

Une position proche de celle de la Fesic<br />

comme l’explique Delphine Le Quilliec,<br />

sa déléguée générale, qui demande<br />

qu’on « apporte du contrôle et de la<br />

transparence à un secteur parmi les<br />

moins régulés par l’État en France alors<br />

qu’on touche pourtant à l’essentiel, à la<br />

construction de l’avenir de notre société,<br />

avec la formation des jeunes. Établir un<br />

cadre protecteur pour l’intérêt général et<br />

le droit des étudiants est indispensable ».<br />

Quant à l’Union des Grandes écoles indépendantes<br />

(UGEI), qui réunit acteurs<br />

de l’enseignement supérieur non lucratifs<br />

comme lucratifs, elle estime par la voix<br />

de son président et directeur général de<br />

l’ESTP, Joël Cuny, qu’il « faut avant tout<br />

mieux informer les familles sur ce qu’est<br />

un grade, un visa, un bachelor et quelles<br />

poursuites d’études cela permet ou pas »<br />

tout en insistant pour ne « pas cascader<br />

les labels, le visa doit suffire pour les<br />

écoles qui l’ont déjà ».<br />

Quel financement pour<br />

l’apprentissage ?<br />

Alors que les niveaux de prise en charge<br />

(NPEC) des formations en apprentissage<br />

s’apprêtent à baisser dans l’enseignement<br />

supérieur pour les niveaux 6 et 7 (licence,<br />

master, diplôme d’ingénieur), la question<br />

de son financement est au centre des préoccupations<br />

des acteurs de l’enseignement<br />

supérieur. « Ce sont une nouvelle fois les<br />

formations supérieures qui font les frais<br />

de décisions d’économies. Faut-il en déduire<br />

que le nombre de diplômés du supérieur,<br />

et en ce qui nous concerne de<br />

diplômés ingénieurs, doit être réduit ? »,<br />

dénonce la Cdefi dans un communiqué.<br />

« Il faudra bien résoudre la question du<br />

financement déficitaire de l’apprentissage.<br />

Ça peut être par des contributions<br />

complémentaires. Ça peut être par un regard<br />

sur la qualité des formations avec<br />

un contrôle plus efficient », distille Dominique<br />

Da Silva, député du Val d’Oise<br />

et rapporteur spécial travail-emploi de<br />

l’Assemblée nationale en amont des rencontres<br />

de l’association 3E. « La croissance<br />

de l’apprentissage doit être durable<br />

et donc soutenable financièrement »,<br />

martèle Geoffroy de Vitry, haut-com-<br />

missaire à l’enseignement et à la formation<br />

professionnelle (sous la double tutelle<br />

des ministères du Travail, de la Santé et<br />

des Solidarités et l’Éducation nationale<br />

et de la Jeunesse), qui rappelle « apporter<br />

un intérêt particulier aux niveaux les<br />

moins élevés ».<br />

Passé ce constat financier comment faire<br />

évoluer le système ? Une question qui se<br />

pose encore plus dans l’enseignement supérieur<br />

privé lucratif qui forme 65 % de<br />

ses effectifs en apprentissage contre 20 %<br />

en moyenne dans le supérieur. « Les programmes<br />

reçoivent des financements très<br />

disparates selon les écoles et les régions.<br />

Il y a énormément de rentes dans le système<br />

au détriment des acteurs, des CFA,<br />

qui tentent de faire des gains de productivité.<br />

Il y a des marges de manœuvre »,<br />

insiste José Milano, président exécutif du<br />

groupe Omnes Education. « Il est impossible<br />

d’envisager un acte II de l’apprentissage<br />

si on ne simplifie pas le secteur<br />

tout en le stabilisant. Comment travailler<br />

quand, à six, sept mois, on ne sait<br />

pas comment vont évoluer les financements<br />

? », regrette Claire Khecha, déléguée<br />

générale de la fédération Acteurs<br />

de la compétence. « Le système est arrivé<br />

au bout et nous avons essayé cette année<br />

de faire quelque chose de plus ciblé<br />

et de plus juste avec des enjeux de qualité<br />

qui seront un prochain chantier très<br />

important. De toute façon on ne montera<br />

jamais à deux millions d’apprentis »,<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT JUIN <strong>2024</strong> N° 83<br />

Les locaux du nouveau campus d’Omnes Education, dont fait partie Inseec BS, à Rennes<br />

Omnes Education<br />

répond Jérôme Marchand-Arvier, délégué<br />

général à l’emploi et à la formation<br />

professionnelle au sein du ministère du<br />

Travail, du Plein emploi et de l’Insertion.<br />

« Faut-il privilégier les métiers en tension<br />

dans les financements ? Compliqué car<br />

de plus en plus de métiers sont en tension<br />

aujourd’hui », remarque Claire Khecha.<br />

De son côté la Cdefi appelle l’État à « recentrer<br />

les financements de l’apprentissage<br />

dans le supérieur sur les formations<br />

qui, quel que soit le niveau, peuvent se<br />

prévaloir d’une qualité contrôlée sous<br />

la supervision du ministère de l’Enseignement<br />

supérieur et de la recherche ».<br />

Une Cdefi qui dénonce un développement<br />

massif de l’apprentissage qui « s’est accompagné<br />

de l’émergence d’acteurs opportunistes<br />

et d’une captation des fonds<br />

par des formations parfois de faible qualité<br />

». Plutôt que de différentier le financement<br />

de l’apprentissage en fonction des<br />

niveaux de qualification, alors que l’apprentissage,<br />

en croissance dans le supérieur,<br />

était en passe de devenir une voie<br />

d’excellence, la Cdefi appelle donc le gouvernement<br />

à « réguler par la qualité. »<br />

Pour la Fesic, Delphine Le Quilliec demande<br />

qu’on soit plus vigilants « sur la<br />

qualité et le sérieux des formations en<br />

apprentissage, un contrôle plus strict des<br />

modalités de la formation et des chiffres<br />

d’insertion professionnelle réels, annoncés<br />

par l’établissement ». L’UGEI insiste<br />

pour que l’apprentissage soit réservé aux<br />

seuls diplômes et titres titulaires du futur<br />

label afin de « s’assurer de la bonne<br />

utilisation des fonds destinés à l’apprentissage<br />

». Pour elle il « devrait être obligatoire,<br />

pour tout titre ou formation qui<br />

souhaite être dispensé en apprentissage,<br />

de faire une demande de labellisation<br />

en nom propre y compris (et surtout)<br />

pour les titres loués ». Pour Joël Cuny et<br />

l’UGEI, « le développement – très positif<br />

- de l’apprentissage s’est fait au détriment<br />

d’un minimum de contrôles tels<br />

que ceux que les CFA opéraient avant<br />

2018. Les OPCO (opérateur de compétences)<br />

et France Compétences devraient<br />

plus contrôler les établissements formateurs<br />

». Et d’analyser : « L’ambiguïté du<br />

système est due au partage des compétences<br />

entre deux ministères qui tracent<br />

chacun leurs objectifs ».<br />

Un débat qui apparaît alors qu’un premier<br />

tassement du recrutement des apprentis<br />

apparaît notent certaines écoles. « Ce<br />

mouvement n’est pas incohérent avec la<br />

politique d’emploi des entreprises qui re-<br />

crutent leurs apprentis et n’en prennent<br />

donc pas d’autre. N’oublions pas que le<br />

soutien massif à l’apprentissage date des<br />

années Covid et qu’il s’agissait de préserver<br />

l’emploi des jeunes », rappelle Benoit<br />

Serre, vice-président de l’Andrh. « Aller<br />

chercher de nouveaux apprentis c’est aller<br />

chercher des profils plus éloignés de<br />

l’entreprise et cela demande des dispositifs<br />

de recrutement et d’adaptation plus<br />

compliqués », note José Milano quand<br />

Benoit Serre conclut : « Le vrai indicateur<br />

c’est le taux de transformation des<br />

apprentis en CDI. Tant qu’il est bon le<br />

système fonctionne ! » CQFD.<br />

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