Le lien du réseau N°9 juin 2024

Hommages
Actions mémorielles
Vie du Réseau
SEMESTRIEL — MAI 2024 — n°09
ÉDITO
FAIRE VIVRE
LA MÉMOIRE
DANS LES
COMMUNES
ADHÉRER AU RÉSEAU
VILLES ET VILLAGES
DES JUSTES DE FRANCE
Adhérer, c’est affirmer la volonté
de la commune de faire connaître
et de transmettre les valeurs
incarnées par les Justes parmi
les Nations ; c’est aussi, avec l’appui
du Comité français pour Yad Vashem,
susciter des initiatives culturelles
et mémorielles ouvertes à tous,
à partir du contexte historique des
années 1939-1945, de l’histoire
locale des Justes parmi les Nations,
des personnes juives qu’ils ont
sauvées et de celles qui ont été
exterminées.
Depuis l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas contre Israël le 7 octobre
2023, notre démocratie traverse une grave crise. En attestent les propos et actes
antisémites violents et assumés d’une partie de la population qui trouvent une
chambre d’écho dans les réseaux sociaux et autres médias, dans les grandes
écoles et les universités, instrumentalisés par certains partis politiques. Leur
résonance disproportionnée et asymétrique stimule la haine d’un public souvent
ignorant, réceptif aux idées simplistes, et donc facilement manipulable.
Dans son discours lors du dîner annuel du CRIF du 6 mai dernier, le Premier
ministre déclarait : « au premier trimestre 2024, 366 faits antisémites ont été
relevés. C’est une hausse de 300 % par rapport au premier trimestre 2023 et
60 % des actes antireligieux sont des actes antisémites ». L’American Jewish
Committee et la Fondation pour l’innovation politique qui réalisent depuis dix
ans une radiographie de l’antisémitisme en France ont publié leurs derniers
chiffres 6 mois après l’attaque terroriste. Ils montrent un déploiement continu
et virulent de la haine antisémite depuis le 7 octobre. 25 % des Juifs ont été
victimes d’un acte antisémite et 62 % de ces actes ont eu lieu en milieu scolaire
ou universitaire.
La lecture de ce rapport serait insupportable s’il ne révélait pas que les
trois-quarts des Français regardent l’antisémitisme comme un problème qui
concerne le pays tout entier, et non les seuls Français juifs.
Avec des élus et des enseignants qui ne se laissent pas emporter par cette
déferlante, le Comité poursuit avec détermination ses projets en s’appuyant
sur la politique mémorielle de l’État. Commémorations, rappel de l’histoire,
témoignages, expositions, projets scolaires… nourrissent la transmission auprès
des jeunes générations.
Pour élever un rempart efficace contre l’antisémitisme, plus que jamais, le
Comité français pour Yad Vashem et son Réseau Villes et Villages des Justes
de France doivent développer leurs actions et renforcer leur engagement aux
côtés des élus de la République et des professeurs.
Patrick Klugman
Président du Comité français
pour Yad Vashem
Christian Estrosi
Président du Réseau des Villes et Villages
des Justes de France
COMITÉ FRANÇAIS POUR YAD VASHEM

VILLES ET VILLAGES DES JUSTES DE FRANCE
Le 11 avril
à Dax (Landes),
la médaille des Justes
parmi les Nations a été
remise à Charles et
Marguerite Bouzats,
pour avoir sauvé Léa Kaluski
Maire : Julien Dubois
L’histoire de ces Justes est
accessible sur notre site
Internet, à la rubrique
Les Justes de France.
HOMMAGES
ALBERT ET RACHEL LAUVERJON,
deux Justes qui ont révélé un destin
Le 28 février dernier, à la mairie du 5 e arr. avait lieu une cérémonie au cours
de laquelle Madame Alona Fischer-Kamm, chargée d’Affaires près
l’ambassade d’Israël a remis, à titre posthume, la médaille et le diplôme
des Justes parmi les Nations à Albert et Rachel Lauverjon pour avoir sauvé
l’enfant Jean-Claude Zylberstein né en 1938 et aidé à cacher sa famille.
Trois années au cœur d’un foyer d’artistes généreux qui marqueront
de leur empreinte la vie de Jean-Claude.
Remise de
la médaille
et du diplôme à
Claude Lauverjon.
Médaille et diplôme en hommage
à Albert et Rachel Lauverjon.
©Comité français pour Yad Vashem
Retrouvez l’histoire
de Rachel et Albert
Lauverjon sur le site
du Comité français
pour Yad Vashem
à la rubrique des
Justes de France.
L’hommage de Jean-Claude Zylberstein à Albert
et Rachel Lauverjon qui l’ont recueilli dans leur
hôtel à Brunoy dans l’Essonne de 1941 à 1944,
au plus fort du danger pour les Juifs, montre à
quel point leur personnalité a marqué sa vie.
Comparant son sort à celui des enfants cachés
qui ont gardé de cette expérience un profond
traumatisme, il dira : « Je suis né sous une bonne
étoile. Avec les Lauverjon, je suis tombé dans
la marmite de la culture et je n’en suis jamais
ressorti, j’ai des souvenirs plutôt joyeux ».
Le caractère enjoué de Rachel et ses talents
culinaires, la passion et le talent d’Albert pour la
musique, le théâtre, la peinture et l’écriture ont
imprégné le jeune Jean-Claude qui deviendra
éditeur détecteur de talents, et avocat spécialisé
en propriété littéraire et artistique.
Mais le courage, la générosité et l’humanité
lumineuse de ce couple de Justes parmi les
Nations sont célébrés dans un moment où la
France est fortement agitée par les sursauts
de l’antisémitisme. La cérémonie empreinte de
gravité s’est tenue à deux pas du Panthéon, là
où les Justes sont entrés collectivement par la
volonté de Simone Veil, alors présidente de la
Fondation pour la Mémoire de la Shoah soutenue
par Jacques Chirac, président de la République.
Dans son intervention, Florence Berthout,
maire du 5 e arr. évoquera l’antisémitisme qui
« s’installe toujours en passant par la porte du
renoncement et de la lâcheté. Comme Albert et
Rachel Lauverjon, tous les Justes qui ont essayé
de faire sortir des Juifs de l’enfer nous ont donné
une leçon d’humanité et d’amour, de courage et
d’abnégation, sans attendre rien en retour, pas de
titre, pas de gloire. Peut-être seraient-ils gênés
aujourd’hui de cet honneur qui leur est rendu à
titre posthume. »
Patrick Klugman, président du Comité abondera
dans son sens : « Nous pensions tous, dira-t-il, que
l’antisémitisme était révolu. Manifestement, ce
n’est pas le cas, et s’il est important de célébrer
les Justes, c’est que nous devons nous souvenir
qu’il y avait des bourreaux […], non seulement les
nazis, mais aussi les plus hautes autorités de l’État
français. La barbarie est là lorsque l’on confond les
héros et les victimes. Pour que l’exemple d’Albert
et Rachel Lauverjon ne soit jamais annihilé, ni
ignoré, ni confondu, la mémoire doit prendre sa
place dans un impératif catégorique de dire ce
qui a été, de dire ce qui est ».
Pierre-François Veil, Président de la Fondation
pour la Mémoire de la Shoah poursuivra : « Alors
que l’attaque du 7 octobre aurait pu susciter un
moment de solidarité, il a, en France, suscité
un déchaînement d’antisémitisme, la libération
d’une parole jusqu’alors refoulée. Nous avons été
témoins de semaines terribles. Alors, que faire ?
Sinon comme les pouvoirs publics, résister, se
tenir droit, continuer d’affirmer les valeurs de la
République et d’abord celle de la fraternité […],
du soutien aux victimes ».
Quant à Claude Lauverjon, petit-fils d’Albert
et Rachel, représentant des ayants droit, il
dira la fierté de sa famille et la conscience
de se retrouver plus que jamais chargé d’une
mission hautement symbolique : se souvenir
et transmettre.
COMITÉ FRANÇAIS POUR YAD VASHEM

SEMESTRIEL — mai 2024 — n° 09
INITIATIVES CONTRE L’OUBLI
Depuis le début de l’année 2024, un peu partout en France, de nombreuses
initiatives prises par des professeurs, des élus, des associations montrent
combien la mémoire reste un repère pour l’éducation et une force qui rappelle
les valeurs républicaines de notre pays. Les délégués régionaux du Comité
francais Yad Vashem initient ou accompagnent ces initiatives ou sont invités
à leur présentation. Quelques exemples :
AUTRES
INTERVENTIONS
dans des collèges
ou lycées
LIEUX PORTEURS
de mémoire
Le 24 janvier à Chinon
(Indre-et-Loire)
a été inauguré le Jardin des Justes
parmi les Nations, en l’honneur
de Régine et Paul Girard et de
Robert Voisin. À cette occasion,
les élèves de 3 e du collège Jean Zay
ont mené un projet citoyen autour
de la mémoire. Ils ont reçu la visite
de Jacques Caen, 97 ans, sauvé
par ces Justes.
EXPOSITIONS
Les Justes du Cantal,
réseaux et portraits
Le 30 janvier dernier, une exposition
sur les trente-cinq Justes parmi les
Nations du Cantal réalisée par l’ONaCVG
et le Comité français Yad Vashem a été
inaugurée à la préfecture d’Aurillac.
Intéressant un vaste public, elle circulera
dans les communes du département
où vivaient les Justes.
Le cri du cœur, la voix des Justes
Créée en partenariat avec la Conférence
des évêques fin 2022, cette exposition
s’est invitée dans de très nombreux
diocèses de France. C’est l’occasion pour
les enseignants et les délégués du Comité
français Yad Vashem de sensibiliser
les élèves, de présenter les objectifs
de Yad Vashem, de faire entendre le
témoignage de descendants de Justes
et de personnes sauvées.
Ce fut le cas le 10 janvier, au lycée Geoffroy
Saint-Hilaire d’Etampes, le même jour
au lycée Le Rebours à Paris 13 e ; le 21 mars,
au lycée Albert de Mun, à Paris 7 e .
Le 11 avril, à Marseille,
au lycée Simone Veil,
plusieurs classes de seconde présentaient
leurs travaux sur l’histoire du Convoi 11
et sur la participation de l’État français
à l’accomplissement de la Shoah.
Durant le mois de janvier à Rennes,
les élèves du groupe scolaire Assomption
ont travaillé sur l’exposition de Yad Vashem
L’art au cœur dans la Shoah.
Ils étaient six cent cinquante pour
écouter le témoignage de Ginette Kolinka
le 21 janvier.
À l’occasion du Concours de
la Résistance et la déportation
dont le thème 2024 était Résister à
la déportation en France et en Europe,
les délégués du Comité en région ont
pu découvrir les travaux des élèves de
leur région.
Au collège de Bollène à Boudon dans
le Var ; au lycée Marguerite Yourcenar
du Mans, où les élèves accueillaient
Jean-Guy Busson, petit-fils d’Albert et
Marie-Louise Busson Justes parmi les
Nations ; à Joué-sur-Erdre, en Loire-
Atlantique où des élèves de terminale ont
écrit et diffusé le roman Des vies sur le Fil,
une histoire de Justes ; à Saint-Affrique,
où douze élèves du collège Jean Jaurès,
ont approfondi les recherches sur les Justes
Saint-Affricains, et dans bien d’autres
collectivités.
Le 1 er février, à Saint-Germainles-Belles
(Vienne), au collège
Arsène d’Arsonval
les élèves de 3 e ont reçu la mention spéciale
du Jury du prix Annie et Charles Corrin.
Leur professeure d’histoire les a guidés
pour réaliser un film entre documentaire
et création artistique sur le château de
Montintin où ont été accueillis de nombreux
enfants juifs par l’OSE.
Le 1 er mars, à l’école Jacques
Prévert de Pontault-Combault
(Seine-et-Marne),
la commune a rendu hommage
aux Justes parmi les Nations,
devant la stèle du parc de l’Hôtel
de ville. Quatre classes des écoles
Jacques Prévert, Pablo Picasso et
Edmond Rostand y ont participé.
L’intervention des déléguées du
CFYV a eu lieu dans les classes.
Le 28 avril, à Lacaune-les-
Bains (Tarn)
pour la journée nationale
du souvenir de la déportation
le Square de la déportation et
des Justes parmi les Nations
a été inauguré par les élus.
COMITÉ FRANÇAIS POUR YAD VASHEM

SEMESTRIEL — mai 2024 — n° 09
LA VIE DU COMITÉ
RECENSEMENT
des lieux de sépulture
des Justes parmi
les Nations
Le Comité français pour Yad Vashem et
Le Souvenir français partagent des valeurs
et des objectifs communs, chacun dans leur
périmètre d’action. Leur partenariat signé
en 2017 a été renforcé en avril 2023 et se
poursuit concrètement en 2024.
Le Souvenir français sauvegarde les lieux du
souvenir de la mémoire combattante française et
en transmet son histoire aux jeunes générations ;
le Comité français pour Yad Vashem honore
les Justes parmi les Nations et favorise la
transmission de l’histoire de la Shoah par des
actions mémorielles et éducatives. Ensemble,
ils ont signé une convention de partenariat
afin de protéger et de perpétuer la mémoire
des Justes parmi les Nations et de ne pas
oublier les victimes de la Shoah. Pour mettre
en œuvre leurs objectifs, les deux associations
SÉMINAIRES ENSEIGNANTS
juillet/octobre, les inscriptions
sont ouvertes
Mieux se former pour mieux
transmettre l’histoire de
la Shoah, tel est l’objectif
des séminaires organisés
pour les professeurs d’écoles,
de collèges ou de lycées à
l’Institut international pour
la mémoire de la Shoah
Yad Vashem à Jérusalem,
en partenariat avec le Comité
français pour Yad Vashem.
Avec la responsable
des programmes éducatifs
francophones au département
des séminaires internationaux
et à l’École Internationale pour
l’Enseignement de la Shoah,
le Comité propose un programme
riche et dense. Des professeurs
d’université français ou israéliens,
historiens, philosophes,
des écrivains, des témoins
apportent leurs compétences
pour des conférences, des visites
et des ateliers.
Conférences : Les différents
courants de pensée dans l’histoire
juive du 17 e siècle à la Shoah ;
de l’antijudaïsme classique
à l’antisémitisme aujourd’hui ;
1879-1920 : les vagues
d’antisémitisme en Europe ;
La Shoah à travers la pensée
et l’éthique ; la banalisation
de la Shoah…
Ateliers : destinés au secondaire,
ils proposent aux éducateurs
des outils d’apprentissage et
des ressources pédagogiques
qui les aideront à appréhender
l’enseignement de la Shoah
et à aborder les différentes
questions qui pourraient se
poser en fonction du profil
du groupe d’élèves et du cadre
d’apprentissage ; destinés
au primaire et au collège,
ces ateliers s’appuient sur
des histoires de sauvetage en
France dans un discours éducatif
ont entrepris de recenser les lieux de sépulture
des Justes. Un courrier a été envoyé en mars à
près de 3 500 familles de descendants, afin de
connaître avec précision l’état civil des Justes
et leurs lieux de sépulture. Des centaines de
réponses arrivent quotidiennement. Selon les
réponses, selon l’état des tombes, la nature
des concessions, l’existence ou non d’ayants
droits, Le Souvenir français et le Comité français
pour Yad Vashem pourront intervenir, dans un
second temps, en accord avec les familles et/
ou les communes où les Justes sont enterrés.
Le Souvenir français pourra contribuer à la
sauvegarde d’une tombe, notamment si elle est
en déshérence ; les deux associations pourront
signaler, sur la tombe ou sur une plaque à
l’entrée du cimetière, la présence d’un ou de
plusieurs Justes parmi les Nations.
En 2024, au cimetière de Ciry-Salsogne, dans
l’Aisne, une plaque à l’entrée du cimetière a
été dévoilée le 8 mai et la mention Juste de
France gravée sur la tombe, de même qu’au
cimetière de Surgères, en Charente-Maritime,
le 6 novembre prochain.
et éthique qui aborde la Shoah
d’une manière qui protège les plus
jeunes élèves.
Tous les participants bénéficient
également d’une visite du site
Yad Vashem : La vallée des
communautés où l’on se retrouve
face à la perte immense que
représente l’annihilation du
monde juif d’Europe centrale et
orientale ; le jardin des Justes,
le mémorial des enfants, la crypte
du souvenir… Le musée historique
de Yad Vashem et son approche
pédagogique mêlant, de manière
thématique et chronologique,
architecture, histoire et
documents.
420 professeurs de
17 académies ont déjà participé
à 12 séminaires. Le niveau
très élevé de satisfaction
exprimé par les participants,
les projets pédagogiques qui
s’ensuivent incitent le Comité
à poursuivre cette action et à
faire bénéficier les enseignants
de notre pays des approches
novatrices et pluridisciplinaires
de l’École Internationale ainsi
que de l’exceptionnelle richesse
mémorielle de Yad Vashem.
PUBLICATION SEMESTRIELLE
DU COMITÉ FRANÇAIS
POUR YAD VASHEM
ISSN 2739-6177
DIRECTEUR DE PUBLICATION :
Patrick Klugman
RÉDACTRICE EN CHEF :
Catherine Korenbaum
ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO :
David Adam,
Marie-Aimée Ide,
Corinne Melloul,
Martine Ouaknine,
Fabienne Waks.
L’ensemble des actions présentées
dans cette lettre a été réalisé grâce
aux équipes de bénévoles en région
et aux permanents du siège du
Comité français pour Yad Vashem.
GRAPHISME : Valérie Delebecque
Comité français
pour Yad Vashem
6 avenue de la Motte-Picquet
75007 Paris
contact@yadvashem.fr
www.yadvashem-france.org
Avec le
soutien de la :
COMITÉ FRANÇAIS POUR YAD VASHEM