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LOJS195

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N°195 juin 2024<br />

Affaire Lassana Diarra, vers un nouvel<br />

arrêt Bosman ?<br />

Le premier avocat général de la Cour de Justice de l’Union Européenne (« CJUE ») a<br />

présenté le 30 avril 2024 ses conclusions sur renvoi préjudiciel dans le litige opposant le<br />

footballeur Lassana Diarra à la FIFA. Retour sur un match disputé.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

oup d’envoi : en<br />

2013, M. Diarra<br />

signe pour 4 ans avec<br />

le Lokomotiv Moscou. En<br />

2014, invoquant notamment<br />

une réduction de salaire imposée,<br />

il se considère libre de<br />

s’engager ailleurs. Or selon<br />

l’article 13 du règlement du<br />

statut et du transfert des<br />

joueurs (« RSTJ ») de la<br />

FIFA, le contrat ne peut<br />

prendre fin qu’à son<br />

échéance ou d’un commun<br />

accord.<br />

Sommaire<br />

En août 2014, le club sollicite<br />

donc devant la chambre<br />

de résolution des litiges<br />

(« CRL ») de la FIFA la<br />

condamnation du joueur à lui<br />

payer une indemnité de<br />

20.000.000 € : le motif de<br />

rupture invoqué par M.<br />

Diarra ne correspondant à<br />

aucune des trois « justes<br />

causes » permettant la rupture<br />

anticipée et unilatérale<br />

du contrat sans conséquences<br />

prévues par le RSTJ<br />

(art. 14, 14 bis et 15), cette<br />

rupture entraînerait l’obligation<br />

pour M. Diarra de payer<br />

une indemnité à son ancien<br />

club (art. 17.1) et impliquerait<br />

que son éventuel nouveau<br />

club soit responsable<br />

conjointement et solidairement<br />

du paiement de cette<br />

indemnité (art. 17.2).<br />

M. Diarra se retrouve alors<br />

au vestiaire, de nombreux<br />

clubs craignant d’être tenus<br />

d’un tel paiement s’ils le recrutent.<br />

Seul le Sporting du pays de<br />

Charleroi (« SPC ») lui fait<br />

une offre en 2015, sous<br />

condition notamment d’une<br />

confirmation écrite de la<br />

FIFA et de l’Union royale<br />

belge des sociétés de football<br />

association (« URBSFA »)<br />

que le SPC ne serait pas tenu<br />

d’un tel paiement, condition<br />

qui n’a pu se réaliser du fait<br />

des règles susvisées.<br />

Tribune<br />

Superliga contre Superleague : noms indifférenciables pour le consommateur moyen, selon<br />

l’EUIPO.................................................................................................................................................2<br />

Chronique judiciaire<br />

L’UNFP mise en défaut dans l’affaire Panini .......................................................................4<br />

Affaire PANINI : Guerre d'image sur le droit à l'image des footballeurs .............................5<br />

Un tribunal de Madrid exhorte la FIFA et l’UEFA de « cesser leur comportement<br />

anticoncurrentiel »..................................................................................................................7<br />

Etat<br />

Comment la justice se prépare pour Paris 2024.....................................................................8<br />

Par Alban BENNACER<br />

Avocat au Barreau de Paris -<br />

Mandataire sportif<br />

Droit du sport - droit du travail |<br />

Strategos Avocat<br />

Faute dans la surface selon le<br />

joueur, qui assigne la FIFA et<br />

l’URBSFA en paiement du<br />

manque à gagner né de l’application<br />

de ces règles.<br />

Pénalty accordé par le tribunal<br />

de commerce du Hainaut<br />

qui rend en 2017 une décision<br />

favorable au joueur<br />

mais, sur appel de la FIFA, la<br />

cour d’appel de Mons sollicite,<br />

par question préjudicielle,<br />

l’arbitrage vidéo de la<br />

CJUE dont le premier avocat<br />

général considère que les<br />

règles en cause :<br />

• peuvent « empêcher un<br />

joueur d’exercer sa profession<br />

dans un club situé dans<br />

un autre État membre ».<br />

Néanmoins, l’objectif de<br />

« stabilité contractuelle dans<br />

le secteur du football professionnel<br />

» constitue une raison<br />

impérieuse d’intérêt général<br />

qui pourrait justifier<br />

une telle restriction mais les<br />

règles visées sont disproportionnées<br />

au regard de cet objectif<br />

;<br />

• « affectent nécessairement<br />

la concurrence entre les<br />

clubs sur le marché de l’acquisition<br />

des joueurs professionnels<br />

», « en limitant la<br />

capacité des clubs à recruter<br />

des joueurs » et constituent<br />

donc une restriction de<br />

concurrence par objet.<br />

L’Officiel juridique du sport<br />

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Directeur de la publication et de la<br />

rédaction : David Tomaszek<br />

Dépôt légal à parution<br />

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Imprimerie Domenica Media / Espagne<br />

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Tribune<br />

N°195 La Lettre de l’Officiel juridique du sport juin 2024<br />

Superliga contre Superleague : noms indifférenciables<br />

pour le consommateur moyen, selon l’EUIPO<br />

Par décision du 7 mars 2024 (1), la chambre des oppositions de l’Office de l'Union européenne pour la propriété<br />

intellectuelle (EUIPO) d’Alicante a connu en faveur du détenteur de la marque de propriété intellectuelle « Superliga<br />

». Établi depuis longtemps au Danemark, l’opposant avait contesté l’enregistrement de la marque « Superleague »,<br />

établie bien plus récemment en Espagne, au niveau européen. En interprétant l’article Art. 8 § 5 du Règlement (EU)<br />

2017/1001 (2) (motifs d’un refus), la chambre s’est appuyée sur la jurisprudence « Intel » de la CJUE (3) pour mettre<br />

en exergue le test du « consommateur moyen » (4). Considérant que les qualités acoustiques et conceptuelles des deux<br />

noms les rendraient indifférenciables dans la pratique, la chambre a refusé l’enregistrement souhaité.<br />

Par Jacob Kornbeck, Bruxelles<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

our rappel, l’Office de<br />

l'Union européenne<br />

pour la propriété intellectuelle<br />

(EUIPO) (avant<br />

2016 nommé Office de<br />

l’harmonisation dans le marché<br />

intérieur) tranche tous<br />

les ans un nombre important<br />

d’affaires de marques liées<br />

au sport. Quelques-unes de<br />

ses décisions ont déjà fait<br />

l’objet d’articles publiés<br />

dans nos colonnes (5). Dans<br />

l’affaire en espèce, l’enregistrement<br />

avait été demandé<br />

pour la marque « (The)<br />

Superleague » pour la totalité<br />

de l’Union européenne.<br />

Il a échoué contre l’opposition<br />

formée par le propriétaire<br />

la marque danoise<br />

« Superliga(en) », en sachant<br />

qu’en danois, la terminaison<br />

« en » fait office d’article à<br />

l’instar du mot « the » en anglais.<br />

Ainsi, la chambre des<br />

oppositions y a reconnu un<br />

risque de confusion entre les<br />

deux marques, malgré certaines<br />

différentes orthographiques<br />

et sémantiques,<br />

grâce à la similitude autant<br />

conceptuelle qu’auditive des<br />

deux noms commerciaux.<br />

La marque « Superliga »<br />

jouissait d’une renommée<br />

au Danemark, un Etatmembre,<br />

bien avant le dépôt<br />

de la marque « (The)<br />

Superleague »<br />

Conformément à l’article 8 §<br />

5 du Règlement (UE)<br />

2017/1001, l’enregistrement<br />

d’une marque ne peut être<br />

opposée que si les deux<br />

marques sont identiques ou<br />

similaires, alors que la<br />

marque antérieure jouit déjà<br />

d’une renommée sur le territoire<br />

d’un État membre<br />

concret et que l’utilisation de<br />

la nouvelle marque implique<br />

un risque de préjudice.<br />

Citant le jurisprudence<br />

« Botolist et Botocyl » du<br />

Tribunal (6), la chambre a<br />

rappelé le caractère contraignant<br />

et cumulatif des critères<br />

– l’absence d’un seul<br />

critère devant entraîner l’irrecevabilité<br />

de l’opposition<br />

– tout en soulignant la nécessité<br />

pour le demandeur de<br />

démontrer un motif valide et<br />

juste (« establish due<br />

cause »). En l’absence d’une<br />

telle démonstration, l’opposition<br />

a été jugée recevable<br />

(7).<br />

En cause, la demande d’enregistrement<br />

de la marque<br />

« Superleague », en date du<br />

16 avril 2021, déposée par<br />

l’ESL (European Super<br />

League Company, S.L) basée<br />

à Madrid, auprès de<br />

l’EUIPO (8). Cette demande<br />

a attiré une opposition formée,<br />

le 16 juillet 2021, par la<br />

société danoise Superligaen<br />

A/S, dont le siège est établi à<br />

Brøndby (9), et ce pour les<br />

classes de produits et de services<br />

N° 25 (articles d'habillement<br />

pour êtres humains,<br />

etc.), N° 28 (jouets,<br />

appareils de jeux, équipements<br />

de sport), N° 35 (marketing<br />

et publicité de l’événementiel)<br />

et N° 41 (éducation<br />

et formation, etc.) (10).<br />

Conformément à l’article 8 §<br />

5 du Règlement (EU)<br />

2017/1001, l’opposant a mis<br />

en jeu l’enregistrement préalable<br />

de la marque «<br />

Superliga » (11) et notamment<br />

son utilisation très régulière,<br />

systématique et visible<br />

de cette marque, sur le<br />

marché danois, et ce depuis<br />

longtemps. La chambre a<br />

pris connaissance d’un arrêt<br />

rendu par le Tribunal maritime<br />

et commercial danois<br />

(Sø- og Handelsretten), le 19<br />

avril 2013, en faveur de<br />

l’opposant (12), ainsi que<br />

d’une documentation copieuse<br />

incluant par exemple<br />

des captures d’écran.<br />

Malgré la richesse de ladite<br />

documentation – incluant<br />

des captures d’éléments textuels<br />

démontrant l’acceptation<br />

du nom commercial danois<br />

tout autant que des photographies<br />

de tribunes, de<br />

bannières, de maillots portés<br />

par des joueurs, de casquettes<br />

portées par des fans,<br />

mais aussi de logos inscrits<br />

directement sur les ballons –<br />

, nul ne pourrait en vouloir à<br />

un observateur (même raisonnablement<br />

averti) qui<br />

conclurait à une possible coexistence<br />

légitime et légale<br />

entre les deux marques.<br />

Après tout, les différences<br />

orthographiques sont manifestes<br />

– « liga » n’étant pas<br />

identique à « league » – alors<br />

que chacune des deux<br />

marques inclut de surcroît<br />

un élément grammatical distinctif<br />

: l’article définitif<br />

« The » en anglais ainsi que<br />

la terminaison « en » en danois,<br />

étant l’équivalent sémantique<br />

dans cette langue<br />

scandinave. S’il ne paraît<br />

pas déraisonnable d’office<br />

de raisonner ainsi, la<br />

chambre a cependant cité un<br />

dictionnaire publié aux éditions<br />

Gyldendal (Gyldendals<br />

Røde Ordbøger) pour faire<br />

Jacob Kornbeck est fonctionnaire européen. Il enseigne à l'Université allemande du Sport de Cologne<br />

(management du sport) ainsi qu’à l’Université de Lille (droit du sport). Les opinions exprimées sont<br />

strictement personnelles et ne sauraient aucunement engager les institutions de l'Union européenne.<br />

2


Tribune<br />

N°195 La Lettre de l’Officiel juridique du sport juin 2024<br />

ressortir que le mot « superliga<br />

» serait déjà rentré dans<br />

le langage quotidien. Alors<br />

que cette inscription ne se<br />

référait qu’au nom danois<br />

« Superliga » (avec ou sans<br />

terminaison), la chambre a<br />

cité l’arrêt « New Look »<br />

(13) du Tribunal UE pour<br />

conclure à la présence fortement<br />

répandue, à travers<br />

l’Union mais surtout dans<br />

les pays scandinaves, d’un<br />

certain niveau de l’anglais ;<br />

ce qui rendrait les deux<br />

marques « conceptuellement<br />

identiques » aux yeux de la<br />

chambre (14).<br />

Un degré très élevé de<br />

similitude<br />

Aussi, la chambre a conclu à<br />

un degré très élevé de similitude<br />

tant visuelle qu’acoustique<br />

et conceptuelle (15).<br />

Encore fallait-il établir un<br />

lien entre les deux signes,<br />

conformément à l’arrêt<br />

« Intel » de la CJUE (16),<br />

alors que selon l’arrêt<br />

« Royal Shakespeare et<br />

Royal Shakespeare<br />

Company » du Tribunal, le<br />

simple fait que le propriétaire<br />

d’une marque antérieure<br />

craint un abus de sa<br />

renommée ne suffit pas à lui<br />

seul pour refuser l’inscription<br />

demandée d’une nouvelle<br />

marque (17). C’est<br />

pourquoi la chambre s’est<br />

penchée sur la jurisprudence<br />

« Intel » pour faire ressortir<br />

la notion du « consommateur<br />

moyen » réputé être<br />

« normalement informé et<br />

raisonnablement attentif et<br />

avisé » (18). Sans plus tarder,<br />

et sans démontrer ce<br />

quoi consisterait cette analyse<br />

dans le cas en espèce –<br />

ce qui représente peut-être la<br />

faiblesse majeure de cette<br />

décision –, la chambre a<br />

donné gain de cause à l’opposant<br />

(19). Dorénavant,<br />

l’ESL ne pourra donc plus<br />

utiliser sa marque<br />

« Superleague », que ce soit<br />

avec ou sans l’article<br />

« The ».<br />

J.K.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

1 EUIPO, 07.03.2024 : European Super League Company S.L. Numéro de la marque<br />

: 018455149. N° de l'affaire : 003150803.<br />

https://euipo.europa.eu/eSearchCLW/#key/trademark/OPP_20240307_003150803_01<br />

8455149<br />

2 Règlement (UE) 2017/1001 du Parlement européen et du Conseil du 14 juin 2017<br />

sur la marque de l'Union européenne (texte codifié) (Texte présentant de l'intérêt pour<br />

l'EEE). JO L 154 du 16.6.2017, p. 1–99.<br />

3 Arrêt de la Cour, 27 novembre 2008. Intel Corporation Inc. contre CPM United<br />

Kingdom Ltd. Demande de décision préjudicielle: Court of Appeal (England & Wales)<br />

(Civil Division) – Royaume-Uni. Affaire C-252/07. Rec. 2008 I-08823.<br />

ECLI:EU:C:2008:655.<br />

4 Ibid., § 36.<br />

5 Cf. par exemple J. Kornbeck, Arrêt adidas : l'Europe protège les droits de propriété<br />

intellectuelle dans les articles de sport. LOJS n° 108 (2016), pp. 4-5. – J. Kornbeck,<br />

L’Europe protège les marques sportives : millésime 2018 avec Adidas, Puma et Messi<br />

en guest stars. LOJS n° 135 (2019), pp. 4-5.<br />

6 Arrêt du Tribunal du 16 décembre 2010. Helena Rubinstein SNC (T-345/08) et<br />

L’Oréal SA (T-357/08) contre Office de l’harmonisation dans le marché intérieur<br />

(marques, dessins et modèles) (OHMI). Marques communautaires verbales BOTOLIST<br />

et BOTOCYL. Affaires jointes T-345/08 et T-357/08. Rec. 2010 II-00279.<br />

ECLI:EU:T:2010:529, § 41.<br />

7 EUIPO, 07.03.2024 (op.cit.), p. 3.<br />

8 EUIPO, Demande N° 18 455 149.<br />

9 EUIPO, Opposition N° B 3 150 803.<br />

10 Cf. Liste des classes, avec notes explicatives,<br />

https://euipo.europa.eu/ec2/static/html/explanatory-notes-fr.html.<br />

11 EUIPO, Dossier N° V R 2 001 00 163.<br />

12 Sø- og Handelsretten, Affaire N° v-79-11.<br />

13 Arrêt du Tribunal de première instance, 26 novembre 2008. New Look Ltd contre<br />

Office de l’harmonisation dans le marché intérieur (marques, dessins et modèles)<br />

(OHMI). Affaire T-435/07. Rec. 2008 II-00296. ECLI:EU:T:2008:534, § 18 : « […] que<br />

le public pertinent était composé de membres du grand public de langue maternelle<br />

anglaise et des consommateurs des produits en cause dans la Communauté qui<br />

comprennent l’anglais de base, normalement informés et raisonnablement attentifs et<br />

avisés. […] que le public ciblé comprenait donc, outre le grand public du Royaume-Uni<br />

et de l’Irlande, celui de Malte, de Chypre, des pays scandinaves, des Pays-Bas, de la<br />

Finlande et de « tous les endroits où la mode représente une activité commerciale<br />

importante ». » Ibid., § 20 : « […] Cette expression sera ainsi comprise comme signifiant<br />

« nouvelle apparence » par un public de langue maternelle anglaise, mais également par<br />

des personnes ayant une connaissance de base de l’anglais, un tel niveau de<br />

connaissances étant suffisant, en l’espèce, à la compréhension du signe demandé. En<br />

effet, il ressort de la jurisprudence qu’un signe verbal composé de mots de langue<br />

anglaise dont la combinaison est grammaticalement correcte peut avoir un sens non<br />

seulement pour un public anglophone, mais aussi pour un public ayant des<br />

connaissances suffisantes de l’anglais […] ».<br />

14 EUIPO, 07.03.2024 (op.cit.), p. 15 : « The Opposition Division considers that a<br />

significant part of the public in the relevant territory has sufficient English-knowledge to<br />

perceive ‘THE SUPER LEAGUE’ as the English translation of the Danish word<br />

‘SUPERLIGA’, and therefore as conceptually identical. In order to avoid entering into<br />

different conceptual scenarios, and to focus on the scenario in which the signs present<br />

greater similarities, the Opposition Division will focus on this (significant) part of the<br />

Danish public, since from their perspective the signs present conceptual coincidences<br />

that would not arise from the perspective of the remaining part of the public. »<br />

15 EUIPO, 07.03.2024 (op.cit.), p. 16 : « Visually, the signs coincide in the letters ‘S-<br />

U-P-E-R-L’ and in the presence of ‘G’ and ‘A’ in their endings, although they are in an<br />

inverted order. The signs differ in ‘THE’ of the contested sign, and in the letters ‘I’ of the<br />

earlier mark and ‘E-U-E’ in the ending of the contested sign, and in the figurative<br />

elements of the contested sign. Taking into account the greater or lesser impact of each<br />

of the elements forming the marks, for the reasons explained above, it is considered that<br />

the signs are visually similar to an average degree. // Aurally, the sequences ‘s-u-p-e-r-le-a-g’<br />

and ‘s-u-p-e-r-l-i-g’ are pronounced identically or nearly identically (the ‘ea’<br />

pronounced as a longer form of ‘i’). The aural differences are found in ‘the’ of the<br />

contested sign and in the endings ‘a’ and ‘ue’, which are however highly similar. //<br />

Taking into account the greater or lesser impact of each of the elements forming the<br />

marks, for the reasons explained above, it is considered that the signs are aurally similar<br />

to a high degree. // Conceptually, two signs are identical or similar conceptually when<br />

they are perceived as having the same or analogous semantic content (11/11/1997, C-<br />

251/95, Sabèl, EU:C:1997:528, § 24). // In the present case, the public will perceive the<br />

verbal elements in the marks as conceptually identical. However, the additional elements<br />

contained in the contested sign, independently of the specific concept attributed to them<br />

(i.e. lines from sports fields or mere geometrical shapes), bring additional concepts to<br />

this latter sign.Accordingly, the signs are conceptually highly similar »<br />

16 Arrêt de la Cour, 27 novembre 2008 « Intel » (op.cit.), § 42.<br />

17 Arrêt du Tribunal, 6 juillet 2012. Jackson International Trading Co. Kurt D. Brühl<br />

GmbH & Co. KG contre Office de l'harmonisation dans le marché intérieur (marques,<br />

dessins et modèles). Affaire T-60/10. ECLI:EU:T:2012:348, § 53 : « […] le titulaire de<br />

la marque antérieure n’est pas tenu de démontrer l’existence d’une atteinte effective et<br />

actuelle à sa marque […] mais […] doit apporter des éléments permettant de conclure<br />

prima facie à un risque futur non hypothétique de profit indu ou de préjudice. […] Le<br />

titulaire de la marque antérieure doit, toutefois, établir l’existence d’éléments permettant<br />

de conclure à un risque sérieux qu’une telle atteinte se produise dans le futur […]. »<br />

18 Arrêt de la Cour, 27 novembre 2008 « Intel » (op.cit.), § 36 : « D’autre part,<br />

s’agissant de l’atteinte constituée par le profit indûment tiré du caractère distinctif ou de<br />

la renommée de la marque antérieure, dans la mesure où ce qui est prohibé est l’avantage<br />

tiré de cette marque par le titulaire de la marque postérieure, l’existence de ladite atteinte<br />

doit être appréciée dans le chef du consommateur moyen des produits ou des services<br />

pour lesquels la marque postérieure est enregistrée, normalement informé et<br />

raisonnablement attentif et avisé. »<br />

19 EUIPO, 07.03.2024 (op.cit.), p. 19 : « The Opposition Division does not consider it<br />

necessary to repeat the detailed explanation on the analysis of the evidence of reputation<br />

included above. As concluded in the corresponding section, it is clear from the evidence<br />

submitted that the earlier trade mark has been subject to long-standing and intensive use<br />

and is generally known and has acquired a significant reputation in the relevant market,<br />

where it enjoys a consolidated position, as has been attested by diverse independent<br />

sources. »<br />

3


Chronique judiciaire<br />

N°195 La Lettre de l’Officiel juridique du sport juin 2024<br />

L’UNFP mise en défaut dans l’affaire Panini<br />

Vincent Bessat, Bruno Ecuele-Manga, Jérémy Pied et le Belge Jérémy Doku, qui ont attaqué Panini, ont obtenu gain<br />

de cause. Le tribunal de Paris condamne Panini et l’UNFP pour avoir exploité l’image des quatre joueurs sans leur<br />

accord (voir ci-contre l’analyse du cabinet NFALAW).<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

e syndicat des footballeurs<br />

professionnels<br />

(UNFP) et<br />

Panini ont été condamnés<br />

pour l’absence de document<br />

octroyant le droit au syndicat<br />

de céder les droits<br />

d’image des joueurs à l’éditeur.<br />

Promo-Foot, la branche<br />

commerciale de l’UNFP,<br />

avançait qu’une convention<br />

en date du 15 mars 1996 lui<br />

permettait d’exploiter les<br />

droits d’image collective des<br />

joueurs détenus par l’UNFP.<br />

Mais celle-ci n’a jamais été<br />

produite par les parties lors<br />

de l’audience. Promo-Foot<br />

n’a donc pas la preuve<br />

qu’elle est titulaire de ces<br />

droits, et elle ne peut donc<br />

pas les avoir cédés à Panini.<br />

Les condamnations restent<br />

En bref<br />

toutefois assez faibles. Alors<br />

que les quatre footballeurs<br />

réclamaient entre 100.000 et<br />

250.000 € de dommages et<br />

intérêts, Panini n’a été<br />

condamné qu’à verser<br />

quelques milliers d’euros.<br />

Promo-Foot devra s’acquitter<br />

de ces sommes. Les<br />

joueurs ne s’interdisent pas<br />

de faire appel.<br />

Interprétation différente<br />

pour l’UNFP<br />

L’UNFP « se félicite des décisions<br />

rendues par le<br />

Tribunal Judiciaire de Paris<br />

le 15 mai 2024 » qui, selon<br />

elle, « viennent confirmer<br />

qu’elle est parfaitement fondée<br />

à exploiter les droits à<br />

l’image collective des<br />

joueurs de football professionnel<br />

en application de la<br />

Charte du Football<br />

Professionnel ». Pour<br />

l’UNFP, « le Tribunal a reconnu<br />

que les vignettes autocollantes<br />

Panini (…) sont<br />

destinées à prendre place au<br />

sein d’un unique support<br />

que constitue l’album et rentrent<br />

donc bien dans le<br />

cadre des droits conférés à<br />

l’UNFP par la Charte du<br />

Football Professionnel,<br />

c’est-à-dire de l’exploitation<br />

de l’image collective des<br />

joueurs ». Le syndicat regrette<br />

« que le Tribunal ait<br />

jugé que la société Nouvelle<br />

Promofoot n’aurait pas apporté<br />

la preuve que l’UNFP<br />

lui avait concédé ses droits<br />

malgré l’existence d’un<br />

contrat conclu à cette fin<br />

entre elles en 1996 et ce,<br />

alors même que ce contrat<br />

avait été reconnu par la<br />

Cour d’Aix-en-Provence<br />

dans son arrêt « Moulin à<br />

Huile » en 2004. C’est sur<br />

ce seul fondement, au demeurant<br />

très contestable,<br />

que le Tribunal a condamné<br />

les sociétés Panini et<br />

Nouvelle Promofoot. »<br />

L’UNFP note en fin « que<br />

les dommages et intérêts alloués<br />

aux quatre joueurs<br />

concernés (entre 1.000 et<br />

2.000 € chacun) sont bien<br />

loin de représenter les centaines<br />

de milliers d’euros réclamés<br />

par les joueurs. Le<br />

Tribunal a d’ailleurs souligné<br />

que la représentation<br />

des joueurs dans les albums<br />

Panini est valorisante pour<br />

eux en raison de la notoriété<br />

qu’elle leur procure. »<br />

Une nouvelle enquête ouverte sur la pratique des « lofts » dans les clubs. Une nouvelle enquête a été ouverte à Paris pour se pencher<br />

sur une plainte de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) dénonçant la pratique du « loft » par les clubs. Le ministère<br />

public a précisé avoir été saisi d’un signalement en janvier de l’UNFP, dénonçant cette pratique sous les qualifications pénales de<br />

harcèlement moral et d’extorsion. Les investigations ont été confiées à la Brigade de la répression de la délinquance contre la personne<br />

(BRDP) de la police judiciaire. Le parquet de Paris avait déjà confié il y a quelques semaines une enquête à la même BRDP sur ce<br />

phénomène après un signalement du président de l’association « Les ouvriers du vivre ensemble » (LOVE), qui y voyait de la<br />

discrimination et, comme l’UNFP, du harcèlement moral. Il est vraisemblable que les deux enquêtes soient prochainement regroupées.<br />

Glen Davis écope de trois ans et demi de prison pour une fraude à la NBA. L’ancien joueur des Celtics (2007-2011) notamment,<br />

champion en 2008, a écopé de 40 mois de prison et trois ans de liberté surveillée pour une fraude auprès de l’assurance maladie de la NBA,<br />

à hauteur de plus de 5 M$. Davis est le quatrième ancien joueur de premier plan à être condamné dans cette affaire, après avoir été reconnu<br />

coupable d’un système dans lequel au moins 20 personnes ont contribué à soumettre ou à falsifier des demandes de remboursement au<br />

régime de soins de santé de la NBA. Dooling, ancien vice-président de la National Basketball Players Association, le syndicat des joueurs,<br />

a été condamné à 30 mois. Dooling a été condamné à restituer plus de 547.000 $.<br />

La Liga obtient la possibilité de faire bloquer des sites de streaming et d’IPTV en France. La Ligue espagnole de football peut faire<br />

bloquer les sites de streaming et les services d’IPTV en France. Désormais, grâce à la justice française, elle dispose du droit de faire bloquer<br />

les sites de streaming qui permettent d’accéder aux rencontres du championnat sans passer par les diffuseurs payants traditionnels. Même<br />

chose pour les services illégaux d’IPTV, dont elle peut empêcher l’accès. LaLiga a obtenu gain de cause auprès du tribunal judiciaire de<br />

Paris. Une ordonnance de référé contraint les opérateurs français (Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR) à s’exécuter, sous trois jours,<br />

pour empêcher l’accès aux sites qui auront été identifiés, par le biais d’un blocage du nom de domaine, par exemple. C’est une première.<br />

Jusqu’à présent, la mesure prise n’avait été déclarée éligible que pour les entités françaises et les compétitions se déroulant sur le sol<br />

français.<br />

4


Chronique judiciaire<br />

N°195 La Lettre de l’Officiel juridique du sport juin 2024<br />

Affaire Panini : Guerre d'image sur le droit à<br />

l'image des footballeurs<br />

Depuis plusieurs mois, le monde du football français est le terrain d'une intense controverse entre des joueurs, d'une<br />

part, et l'Union Nationale des Footballeurs professionnels (UNFP), d'autre part, concernant l'exploitation du droit à<br />

l'image de ces sportifs dans le cadre des fameux albums Panini. Aux termes de plusieurs décisions rendues le 15 mai<br />

2024, le Tribunal judiciaire de Paris est venu siffler ce qui pourrait toutefois n'être que la mi-temps d'un long combat,<br />

voué à se poursuivre devant la Cour d'appel, voire à connaitre des prolongations devant la Cour de cassation. Il<br />

condamne l'éditeur à indemniser les 4 demandeurs de leur préjudice moral pour avoir exploité leur image sans<br />

autorisation dans ses albums et images autocollantes du championnat de France de football.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

aradoxalement, il est<br />

toutefois permis de<br />

s'interroger : qui est le<br />

véritable vainqueur de cette<br />

première manche ? Le résultat<br />

judiciaire, qui donne incontestablement<br />

l'avantage<br />

aux footballeurs, doit-il être<br />

confondu avec le résultat juridique<br />

? Rien n'est moins<br />

sûr. Tout d'abord, l'indemnisation<br />

obtenue par les demandeurs<br />

apparaît relativement<br />

symbolique (entre<br />

1.000 et 2.000 euros, soit<br />

bien moins que les centaines<br />

de milliers d'euros sollicitées),<br />

le Tribunal ayant pris<br />

soin de souligner que les représentations<br />

attentatoires à<br />

leur droit à l'image avaient<br />

été prises dans le cadre de<br />

leur activité professionnelle<br />

mais également que cette<br />

publication avait été « valorisante<br />

» pour eux, « par la<br />

reconnaissance qu'elle<br />

(leur) offrait et la notoriété<br />

qu'elle (leur) procurait ». Il<br />

faut préciser ici que l'ensemble<br />

de leurs demandes<br />

antérieures à juin 2017 avait<br />

été jugé prescrit.<br />

Thibault Lachacinski<br />

Fabienne Fajgenbaum<br />

Surtout, si victoire judiciaire<br />

il y a incontestablement, elle<br />

est enregistrée par les demandeurs<br />

sur le terrain de la<br />

preuve et non pas celui des<br />

idées. Le Tribunal reproche<br />

en effet à Panini de ne pas<br />

avoir communiqué la<br />

convention du 15 mars 1996<br />

par laquelle la société qui lui<br />

avait cédé les droits en question<br />

(Nouvelle Promo-Foot)<br />

les avait elle-même acquis<br />

auprès de l'UNFP ; la défenderesse<br />

a donc été jugée défaillante<br />

à établir la chaine<br />

des droits qui lui aurait permis<br />

d'exploiter commercialement<br />

les droits à l'image<br />

collective des joueurs. En revanche,<br />

les juges parisiens<br />

n'ont pas adhéré à la thèse<br />

centrale des 4 footballeurs,<br />

selon laquelle l'article 280 b)<br />

et d) de la Charte du Football<br />

Professionnel (convention<br />

collective nationale des métiers<br />

du Football) n'autorisait<br />

pas l'UNFP à exploiter le<br />

droit individuel à l'image des<br />

joueurs sous une forme collective<br />

au sein des albums<br />

Panini. Au contraire, constatant<br />

que le produit édité n'est<br />

pas l'image autocollante<br />

seule mais bien l'album au<br />

sein duquel elle s'insère et<br />

qui est composé d'une multitude<br />

de vignettes de plusieurs<br />

joueurs de plusieurs<br />

clubs à collectionner, le<br />

Tribunal confirme que les albums<br />

Panini sont couverts<br />

par les dispositions précitées.<br />

C'est finalement tout le paradoxe<br />

de cette affaire : alors<br />

que ses droits étaient contestés<br />

au premier chef (il s'agissait<br />

en réalité de tout l'enjeu<br />

des débats), l'UNFP n'était<br />

pas même partie à la procédure.<br />

Or, dans le cadre de ce<br />

qu'il est permis d'analyser<br />

comme une guerre d'image,<br />

le syndicat a pris l'initiative<br />

de diffuser - en moins de 24<br />

heures ! - un communiqué<br />

afin de se féliciter des décisions<br />

rendues par le Tribunal<br />

qui confortent « sans aucune<br />

ambiguïté (ses) droits à exploiter<br />

l'image collective des<br />

joueurs de football professionnel<br />

». Il prend alors le<br />

soin d'étriller « les multiples<br />

dépêches qui se contentent<br />

de faire des raccourcis sans<br />

analyse juridique » mais<br />

également de critiquer de façon<br />

étonnamment virulente<br />

les arguments du « conseil<br />

des demandeurs ».<br />

Une chose est certaine : le<br />

grand gagnant des 4 décisions<br />

rendues le 15 mai 2024<br />

ne sont ni les demandeurs<br />

(indemnisés a minima), ni<br />

les défendeurs (reconnus<br />

coupables d'atteinte à<br />

l'image des footballeurs)<br />

mais bien l'UNFP. Sous réserve<br />

de la difficulté probatoire<br />

précitée, les albums<br />

Panini ont donc toujours de<br />

beaux jours devant eux. Ce<br />

litige reflète malgré tout les<br />

aspirations croissantes des<br />

athlètes à maitriser davantage<br />

l'exploitation commerciale<br />

qui est faite de leur<br />

image, faculté dont ils se<br />

sentent en partie privés au<br />

bénéfice de leurs partenaires<br />

contractuels traditionnels<br />

que sont les clubs, les fédérations…<br />

et donc les syndicats.<br />

D'aucun rappelleront<br />

toutefois que l'objectif de redistribution<br />

égalitaire entre<br />

joueurs est à ce prix et que<br />

chacun des footballeurs professionnels<br />

des 40 clubs de<br />

Ligue 1 et Ligue 2 a perçu<br />

une contrepartie financière,<br />

certes modique mais identique.<br />

Reste désormais à savoir<br />

si l'une des parties a seulement<br />

intérêt à un appel...<br />

NFALAW AVOCATS<br />

Thibault LACHACINSKI<br />

Fabienne FAJGENBAUM<br />

Avocats à la Cour<br />

5


Chronique judiciaire<br />

N°195 La Lettre de l’Officiel juridique du sport juin 2024<br />

Affaire Lassana Diarra, vers un nouvel arrêt<br />

Bosman ?<br />

Suite de la page 1<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

Par conséquent, les articles<br />

45 et 101 du traité sur le<br />

fonctionnement de l'Union<br />

européenne (« TFUE »), relatifs<br />

respectivement à la<br />

libre circulation des travailleurs<br />

et à l’interdiction<br />

des ententes anticoncurrentielles,<br />

s’opposent à leur application.<br />

Ces conclusions ne lient toutefois<br />

pas la Cour (voir<br />

CJUE, 21 déc. 2023,<br />

European Superleague<br />

Company, C‐333/21), qui<br />

pourrait considérer que les<br />

règles litigieuses ne sont pas<br />

contraires à l’article 45 du<br />

TFUE si la FIFA et<br />

l’URBSFA la convainquent<br />

qu’elles sont proportionnées<br />

à l’objectif de stabilité<br />

contractuelle, ou encore<br />

constater l’existence d’une<br />

Abonnement<br />

Lassana Diarra en 2013 sous les couleurs du Lokomotiv Moscou<br />

restriction de concurrence<br />

non pas par objet mais par effet,<br />

ce qui impliquerait un<br />

examen, supplémentaire, de<br />

Etablissement : ............................................................................................<br />

Service :......................................................................................................<br />

Nom : .................................. Prénom : .....................................................<br />

Adresse :.....................................................................................................<br />

CP : ................. Ville :................................................................................<br />

Tél : ................................................................. Fax : ...............................<br />

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ces effets (CJUE, 28 fév.<br />

2013, OTOC, C‐1/12).<br />

Le coup de sifflet final n’a<br />

Mode de règlement<br />

donc pas retenti et la décision<br />

de la CJUE est particulièrement<br />

attendue.<br />

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Chronique judiciaire<br />

N°195 La Lettre de l’Officiel juridique du sport juin 2024<br />

Un tribunal de Madrid exhorte la FIFA et l’UEFA de<br />

« cesser leur comportement anticoncurrentiel »<br />

La FIFA et l’UEFA ont « abusé de leur position dominante » en s’opposant à la Super Ligue, selon une décision du<br />

tribunal de commerce de Madrid.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

En bref<br />

e tribunal de commerce<br />

de Madrid a<br />

rendu publique sa décision<br />

pour déterminer le<br />

rôle de la FIFA et de l’UEFA<br />

à propos de la création de<br />

nouvelles compétitions dans<br />

l’Union européenne. Elle<br />

n’est pas en faveur des deux<br />

instances puisque la FIFA et<br />

l’UEFA ont « abusé de leur<br />

position dominante » en<br />

s’opposant à la Super Ligue.<br />

Les deux instances du football<br />

mondial et européen doivent<br />

« cesser leur comportement<br />

anticoncurrentiel »,<br />

basé sur « des restrictions injustifiées<br />

et disproportionnées<br />

», exige, dans cette décision,<br />

le tribunal de commerce<br />

de Madrid, qui avait<br />

été saisi par le promoteur de<br />

la Super Ligue, projet de<br />

compétition semi-fermée qui<br />

avait failli faire imploser le<br />

football européen en 2021.<br />

« Il n’est pas possible d’imposer<br />

une interdiction ou<br />

une restriction par principe<br />

»<br />

Pour le tribunal de commerce<br />

de Madrid, les actions<br />

de la FIFA et de l’UEFA « ne<br />

visaient pas seulement à empêcher<br />

le développement du<br />

projet, mais aussi à empêcher<br />

l’introduction d’un tiers<br />

concurrent et la modification<br />

du système monopolistique<br />

d’organisation des compétitions<br />

». « Il n’est pas possible<br />

d’imposer une interdiction<br />

ou une restriction par principe,<br />

c’est-à-dire d’interdire<br />

à l’avenir tout autre projet »,<br />

détaille la juge. « Admettre le<br />

contraire reviendrait à accepter<br />

une sorte d’interdiction<br />

[…] de tout projet de<br />

compétition de football »<br />

concurrent à l’actuelle Ligue<br />

des champions, poursuit la<br />

juge, qui demande à l’UEFA<br />

et à la FIFA « de mettre fin »<br />

à leurs « pratiques anticoncurrentielles<br />

».<br />

Le projet de Super Ligue<br />

relancé ?<br />

La portée de cette décision<br />

est incertaine. Elle sanctionne<br />

une réglementation<br />

qui a été réécrite dans l’intervalle.<br />

Pour Javier Tebas, président<br />

de La Liga, le jugement<br />

du tribunal espagnol<br />

« n’est pas définitif et n’apporte<br />

rien de nouveau », a-til<br />

écrit sur X. Le tribunal de<br />

commerce de Madrid avait<br />

été saisi par A22 Sports<br />

Management, structure chargée<br />

de développer cette nouvelle<br />

compétition à trois divisions.<br />

A22 s’appuyait sur<br />

une décision de la Cour de<br />

justice de l’Union européenne<br />

(CJUE) de décembre<br />

2023, qui avait jugé elle<br />

aussi contraire au droit européen<br />

l’interdiction de la<br />

Super Ligue, estimant que<br />

l’UEFA n’avait pas de critères<br />

clairs pour autoriser ou<br />

non de nouvelles compétitions.<br />

La CJUE avait estimé que<br />

les pouvoirs de ces deux instances<br />

n’étaient alors « encadrés<br />

par aucun critère assurant<br />

leur caractère transparent,<br />

objectif, non discriminatoire<br />

et proportionné ».<br />

L’UEFA a cependant assuré<br />

avoir depuis corrigé cette<br />

« lacune », avec un nouveau<br />

règlement bien plus détaillé<br />

adopté en juin 2022. « Cet<br />

arrêt ne signifie pas une approbation<br />

ou une validation<br />

de la soi-disant + Super<br />

Ligue + », avait insisté l’organisation<br />

européenne, en<br />

réaction à l’arrêt de la CJUE.<br />

https://pro.sport.fr/tag/superligue<br />

La « Loi Beckham » version « Mbappé ». Afin d’attirer les travailleurs étrangers à hauts revenus dans la région de Madrid, la<br />

communauté autonome de Madrid propose de réactiver la « loi Beckham » (de 2005) qui avait fait couler tellement d’encre en Espagne<br />

avant d’être abrogée (la « Loi Beckham » avait mis en place un régime fiscal avantageux pour les étrangers avec un taux fixe de 24 %,<br />

qu’importe le niveau revenu, ndlr). L’impôt sur le revenu en Espagne se divise en deux parties : une part nationale, avec un barème<br />

applicable à tous les résidents fiscaux espagnols, et une part variable selon la communauté autonome de résidence. À Madrid, le taux<br />

d’imposition pour un revenu annuel dépassant 300.000€ est de 20,5%. Le gouvernement de la région de Madrid prévoit que toutes les<br />

personnes qui vont vivre dans la Communauté de Madrid, qu’il s’agisse d’étrangers ou d’Espagnols qui reviennent au pays et investissent<br />

dans la communauté, pourront déduire 20 % de l’impôt sur le revenu des personnes physiques de la section autonome tant qu’elles<br />

investissent dans celle-ci (une déduction qui peut s’étaler sur six ans, ndlr). Parfait pour Kylian Mbappé, prochain joueur du Real Madrid.<br />

Mais le projet irrite les concurrents du Real. La « Loi Mbappé » comme elle est déjà surnommée, procurerait en effet un avantage fiscal<br />

non négligeable au club de la capitale (pour l’Atlético de Madrid aussi) pour ses prochains recrutements. La communauté de Madrid<br />

s’attend à ce que la disposition profite à 30.000 étrangers, pour un manque à gagner de 60 M€ par an pour les finances publiques.<br />

7


Etat<br />

N°195 La Lettre de l’Officiel juridique du sport juin 2024<br />

Comment la justice se prépare pour Paris 2024<br />

Eric Dupond-Moretti, le garde des sceaux, a détaillé, dans une circulaire les moyens humains supplémentaires affectés<br />

pour la durée des compétitions, mais aussi les plans d’action jugés prioritaires lors des Jeux olympiques de Paris 2024.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

ans une circulaire de<br />

huit pages adressée<br />

aux procureurs, le<br />

ministre de la Justice annonce<br />

le dispositif judiciaire<br />

en place pendant les Jeux<br />

Olympiques de Paris 2024.<br />

En parallèle, Éric Dupond-<br />

Moretti a annoncé des effectifs<br />

et des moyens supplémentaires.<br />

Ainsi, 122 magistrats<br />

et 294 greffiers (dont 60<br />

magistrats et 185 greffiers à<br />

la cour d’appel de Paris) auront<br />

été affectés entre janvier<br />

2023 et juin 2024 dans les<br />

17 juridictions concernées<br />

par l’événement qualifié<br />

« d’historique » dans la circulaire.<br />

Neuf cours d’appel<br />

et 14 tribunaux accueilleront<br />

sur leurs ressorts des compétitions.<br />

Cette mobilisation de la justice<br />

« anticipée sans précédent<br />

» s’accompagne donc<br />

d’une présence renforcée de<br />

personnels pendant la compétition.<br />

« Au-delà de ces<br />

premiers renforts, nous<br />

avons nommé des magistrats<br />

et greffiers en surnombre<br />

pour mieux faire face à l’accroissement<br />

prévisible d’activité<br />

», indique l’entourage<br />

du garde des Sceaux. « Au<br />

niveau national, ce sont<br />

ainsi 70 magistrats et 37<br />

greffiers qui ont été nommés<br />

en surnombre dans ces juridictions<br />

», est-il précisé. Des<br />

moyens supplémentaires<br />

sont alloués, avec le déblocage<br />

de « crédits exceptionnels<br />

permettant le recrutement<br />

massif de contractuels<br />

» à la cour d’appel de Paris.<br />

Cela représente « l’équivalent<br />

de 140 emplois sur 8<br />

mois dont 48 pour la juridiction<br />

parisienne », précise<br />

l’entourage d’Éric Dupond-<br />

Moretti. Selon les comptes<br />

du ministre de la Justice<br />

« l’ensemble des moyens<br />

ainsi détaillés représentent<br />

au total un effort de 663 personnels,<br />

dont 523 pérennes<br />

».<br />

Ces moyens et ces effectifs<br />

supplémentaires sont déployés<br />

pour faire face à des «<br />

menaces protéiformes ».<br />

Notamment pour faire face<br />

au risque d’attentat, mais<br />

aussi au risque de cyber-attaques<br />

« qui dans le contexte<br />

de compétition sportive à<br />

fort rayonnement international<br />

peuvent être perpétrées<br />

PRO.SPORT.FR<br />

aux fins de déstabilisation<br />

institutionnelle ». La<br />

Chancellerie met également<br />

en garde sur le risque accru<br />

de fraudes et d’arnaques, lié<br />

à l'afflux de voyageurs pendant<br />

les JO qui « s’accompagnera<br />

nécessairement d’une<br />

augmentation des locations<br />

d’hébergement de courte durée<br />

». La Chancellerie met<br />

aussi en garde contre la<br />

contrefaçon, les fraudes à la<br />

billetterie et la lutte contre le<br />

dopage.<br />

Le parquet de Paris est invité<br />

à « traiter le haut du spectre<br />

». Et dans le cas d’une attaque<br />

« visant à causer un<br />

trouble grave à l’ordre public<br />

par le recours à des méthodes<br />

confinant à l’intimidation<br />

et à la terreur », le<br />

parquet national anti-terroriste<br />

(Pnat) pourra être saisi.<br />

Étant donné le caractère international<br />

des JO, « les besoins<br />

en interprètes devront<br />

être particulièrement anticipés<br />

afin de pouvoir assurer<br />

leur présence tout au long<br />

de la chaîne judiciaire ».<br />

« Les infractions commises à<br />

raison de l’orientation<br />

sexuelle, d’une religion ou<br />

de toute autre cause de discrimination,<br />

particulièrement<br />

les faits de menaces et<br />

de violences sexistes et<br />

sexuelles, l’utilisation de<br />

drones à des fins détournées,<br />

le survol d’un aéronef sur<br />

une zone interdite ou encore<br />

les fausses alertes à la<br />

bombe devront également<br />

faire l’objet d’une attention<br />

toute particulière », insiste le<br />

ministre dans sa circulaire.<br />

8<br />

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