TMag-FS_24_FR_LowRes

PORTRAIT
LIBERTÉ
La
liberté
naît du
FEMMES
FORTES,
MOTS
FORTS
aller.
Clara Louise vit pour les mots. Ses
textes touchent un très grand nombre
de personnes, en particulier sur Instagram.
Mais à côté du succès, la dépression
fait aussi partie de sa vie. Lorsque
le poids des jours devient trop lourd à
porter, elle se crée un lieu où habiter
ses pensées. Dans cette interview, elle
raconte comment l'écriture de chansons
et la poésie sont devenues le
miroir de son âme.
Ton premier roman « Au-dessus de moi, le nuage
», raconte une maladie psychique qui assombrit
la vie. Tu es toujours dans l'ombre de ce nuage.
Tu veux nous en parler ? Le livre parle d'une crise
personnelle que le personnage principal traverse sans pouvoir
vraiment l'identifier. Au cours de son voyage, elle découvre
pas à pas, surtout au contact d'autres personnes, qu'il
y a de l'espoir ; même si on n'a pas toujours une solution simple
à disposition. Il peut s'agir d'une maladie mentale, comme
une dépression, mais tout aussi bien d'une crise que la plupart
d'entre nous traversent au cours de leur vie. Par le passé, j'ai
connu deux épisodes dépressifs qui ont été très éprouvants
et ont bouleversé ma vie. Mais ces périodes m'ont aussi permis
d'apprendre beaucoup de choses sur moi-même et sur
les autres, ce qui m'a rendu plus forte que jamais. Cela peut
paraître absurde, mais quand on se retrouve à nouveau de
l'autre côté de la vie, on conserve un sentiment de gratitude à
l'égard de l'obscurité, car elle forme un contraste avec les
aspects lumineux de la vie.
Quand as-tu eu pour la première fois l'impression
d'être en dépression ? Quand j'étais jeune, je souffrais de
graves troubles du sommeil. J'ai d'abord consulté mon médecin
traitant, qui a exclu les causes purement physiques, puis
m'a envoyée chez une thérapeute pour adolescents, avec qui
j'ai commencé à m'attaquer à cet épisode dépressif. J'ai eu la
chance d'avoir des parents très ouverts et qui m'ont épaulée
par rapport à ma souffrance psychique. J'ai entendu parler de
beaucoup de gens qui n'ont pas réussi à demander de l'aide
parce que leur entourage n'acceptait pas la situation, voire les
rejetait.
Tu t'es souvent sentie seule avec tes pensées ?
Oui, absolument. À l'adolescence, je ne parlais de certaines
pensées à personne, sauf à ma thérapeute, donc je ne savais
pas que nous pensions et ressentions tous des choses assez
similaires. Il est essentiel que les gens parlent aussi de leurs
idées noires et de leurs émotions difficiles, afin que nous
comprenions que nous sommes tous liés. C'est beaucoup
plus facile de faire face quand on sait que rien ne cloche avec
nous.
Tu as ensuite mis ce « chaos mental » en mots.
Comment en es-tu arrivée là ? Cela a commencé à l' âge
d'avais environ 13 ans. Surtout le soir, quand je n'arrivais pas
à dormir, car c'était justement un moment difficile pour moi,
où je devais gérer les émotions les plus diverses. L'écriture et
la musique m'ont toujours beaucoup aidée ; faire quelque
chose où j'avais vraiment l'impression de pouvoir être moimême
et de ne pas être jugée, mais de pouvoir simplement
laisser libre cours à ce qui est en moi.
« QUAND J'AI COMMENCÉ
À NE PLUS ÊTRE AUSSI DURE
AVEC MOI-MÊME, LE RESTE
DU MONDE EST DEVENU
PLUS DOUX. »
Dans son appartement de Salzbourg, Clara Louise vit ses émotions
de manière créative : elle transforme son « chaos mental » en art,
créant de la musique et de la poésie d'une grande profondeur.
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