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Livret de l'exposition les Justes de La Charente

Livret accompagnant l'exposition sur les Justes parmi les Nations de la Charente

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Gabriel Javelaud, Léontine, Élise Khan, Jean Javelaud, Mme Khan, mère d’Élise. Collection J. Delias<br />

ÉTAGNAC (<strong>Charente</strong>)<br />

Jean JAVELAUD (27 août 1899 -30 août 2002)<br />

Léontine JAVELAUD (son épouse), née VARACHAUD (10 juin 1906 – 10 avril 1988)<br />

Le couple habite le hameau <strong>de</strong> Rouillac, dans la<br />

commune d’Étagnac, limitrophe du département<br />

<strong>de</strong> la Haute-Vienne et au bord <strong>de</strong> la RN 141.<br />

Jean Javelaud est menuisier-charpentier et<br />

Léontine, sa femme, épicière.<br />

« Un jeudi <strong>de</strong> juin ou juillet 1942 », précisera<br />

plus tard leur fils unique Gabriel, <strong>de</strong>ux<br />

femmes, mesdames Kahn et une fillette <strong>de</strong><br />

cinq ans, Élise, entrent dans l’épicerie <strong>de</strong><br />

Léontine pour acheter <strong>de</strong>s boissons. El<strong>les</strong><br />

racontent, poursuit Gabriel, qu’el<strong>les</strong> ont fui<br />

Paris où leurs maris ont été arrêtés. El<strong>les</strong> ne<br />

cachent pas qu’el<strong>les</strong> sont Juives toutes <strong>les</strong><br />

trois. El<strong>les</strong> ont fait le voyage à pied et se<br />

dirigent vers l’Espagne. Après une longue<br />

conversation, el<strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à ma mère<br />

si elle veut bien gar<strong>de</strong>r la petite fille, parce<br />

qu’el<strong>les</strong> sont facilement repérab<strong>les</strong> en sa<br />

compagnie et donc en danger ».<br />

Les <strong>de</strong>ux femmes étaient <strong>de</strong>ux sœurs mariées<br />

à <strong>de</strong>ux frères. Dans <strong>les</strong> faits, el<strong>les</strong> sont arrivées<br />

là grâce à l’O.S.E., l’Œuvre <strong>de</strong> secours aux<br />

enfants juifs, créée en 1938 sur le territoire<br />

national. Cette organisation permet <strong>de</strong><br />

cacher <strong>de</strong>s enfants pour leur éviter la déportation<br />

et l’extermination.<br />

Gabriel reste dans l’épicerie en leur compagnie<br />

pendant que sa mère Léontine rejoint<br />

dans l’atelier Jean, son mari, auquel elle<br />

raconte l’histoire <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux femmes et<br />

lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la permission <strong>de</strong> le gar<strong>de</strong>r à la<br />

maison.<br />

Il est d’accord, l’enfant pourra donc rester<br />

avec eux.<br />

Gabriel se souvient : « Je revois la séparation<br />

<strong>de</strong> la petite et <strong>de</strong> sa mère. Élise n’a pas pleuré.<br />

On aurait dit qu’elle avait compris la situation.<br />

Elle n’avait que cinq ans pourtant ».<br />

Les <strong>de</strong>ux bel<strong>les</strong>-sœurs peuvent donc reprendre<br />

la route.<br />

Léontine qui rêvait d’avoir une fille élèvera<br />

Élise comme la sienne, puis l’inscrira à l’école<br />

communale d’Étagnac où elle se fera <strong>de</strong><br />

nombreuses amies.<br />

Pendant ce temps, sa mère, madame Khan,<br />

est employée comme gouvernante dans une<br />

famille <strong>de</strong> Savoie. Elle apprendra que son<br />

mari, interné à Beaune-la-Rolan<strong>de</strong>, est mort<br />

en déportation.<br />

À la Libération, madame Khan revient chercher<br />

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