Livret de l'exposition les Justes de La Charente

Joseph et Agnès STACKE. Collection particulière.
SALLE D’ANGLES (Charente)
Joseph STACKE (25 février 1899 – 21 octobre 1970)
Agnès STACKE, née CIGANIK (15 janvier 1914 – 25 décembre 1995)
Joseph et Agnès Stacke sont un couple
d’antiquaires installé près de Cognac, à
Salles-d’Angles.
Joseph est né à Brno, en Moravie (République
tchèque). Sa femme, Agnès, est originaire de
Slovaquie. Joseph Stacke est catholique, orphelin
depuis l’âge de 4 ans et victime de la famine.
Ce sont des familles juives qui le nourrissent
chaque semaine, lors du Shabbat. Incorporé
dans l’armée autrichienne pendant la Première
Guerre mondiale, il est fait prisonnier et se porte
ensuite volontaire dans la Légion tchèque créée
à Cognac où il s’installe en 1918. Au printemps
1942, il rencontre à Paris des compatriotes, la
famille Fischl, juive. Originaires de Prague en
Bohème (République tchèque), les Fischl se sont
réfugiés en France. La plus grande rafle massive
de Juifs, les 16 et 17 juillet au Vél’ d’Hiv, se
prépare et les Fischl comprennent qu’il faut fuir
vite pour se protéger. Ce sont les enfants, Otto
et Alex-Hans qui vont partir les premiers. Joseph
Stacke les accueille le 14 juillet 1942 à la gare
d’Angoulême et les emmène dans la maison
familiale de Salles-d’Angles. Leurs parents, Kurt
et Heda, les y rejoindront rapidement. Les Fischl
vivront cachés là pendant toute la guerre, à
l’abri du regard de la population, mais aussi de
celui des clients – dont des officiers allemands –
du magasin d’antiquités de Joseph et Agnès
Stacke. Malgré les soupçons, les rumeurs et les
perquisitions, les Stacke resteront libres et les
Fischl seront sauvés.
À la Libération, les Stacke furent cependant
victimes d’une méprise. La Résistance et la
population les crurent collaborationnistes parce
que l’on apercevait souvent des Allemands
dans leur magasin. Mais le malentendu fut levé.
Les Allemands n’étaient que des clients.
En 1948, Otto Fischl est reparti en République
tchèque. Il a ensuite séjourné en Irlande avant
d’émigrer vers l’Australie où il a créé une
entreprise d’import-export de cuir.
Pendant les années où il vécut caché avec sa
famille par les Stacke, il rédigea un journal
(19 octobre 1943 – 15 mars 1945) retrouvé
par les Stacke dans le grenier de la maison
familiale. Il a été publié en 2009 dans la collection
Témoignages de la Shoah. Le 9 mai 2013,
Joseph et Agnès Stacke furent distingués
« Juste parmi les Nations » par l’Institut Yad
Vashem Jérusalem.
Les familles STACKE et FISCHL devant le perron de la
maison de Salles-d’Angles. Collection particulière.
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