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Livret de l'exposition les Justes de La Charente

Livret accompagnant l'exposition sur les Justes parmi les Nations de la Charente

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ANGOULÊME (<strong>Charente</strong>)<br />

Lucie LANDRÉ (1901 – 2003)<br />

Isaac et Tova Wegner sont Juifs d’origine<br />

polonaise. Ils ont eux aussi fui <strong>les</strong> pogroms<br />

pour rejoindre la France dans <strong>les</strong> années 1920.<br />

Ils ont <strong>de</strong>ux fil<strong>les</strong>, Renée 15 ans et Charlotte<br />

10 ans. Les <strong>de</strong>ux ado<strong>les</strong>centes sont scolarisées<br />

au cours complémentaire Anatole France<br />

d’Angoulême où Lucie <strong>La</strong>ndré enseigne l’Histoire-Géographie<br />

et <strong>les</strong> Sciences naturel<strong>les</strong>.<br />

<strong>La</strong> gran<strong>de</strong> rafle antijuive s’abat le 8 octobre 1942.<br />

Lucie <strong>La</strong>ndré apprend par ses élèves que<br />

Renée et Charlotte ont été arrêtées avec leurs<br />

parents. Comme <strong>de</strong>s centaines d’autres, la<br />

famille est regroupée dans la salle philharmonique<br />

(l’actuel Conservatoire Gabriel Fauré),<br />

Place <strong>de</strong> la Gendarmerie (aujourd’hui Place<br />

Henri Dunant). Toutes ces famil<strong>les</strong> doivent<br />

être conduites par <strong>les</strong> gendarmes allemands<br />

à la gare d’Angoulême où <strong>de</strong>s wagons à<br />

bestiaux <strong>les</strong> transporteront à Drancy puis<br />

Auschwitz. Vers midi, Lucie <strong>La</strong>ndré se trouve<br />

dans l’appartement <strong>de</strong> son amie Éliette<br />

Cor<strong>de</strong>lier, enseignante elle aussi. El<strong>les</strong><br />

aperçoivent <strong>de</strong>s enfants en pleurs qui sortent<br />

<strong>de</strong> la salle philarmonique, poussés par <strong>les</strong><br />

Allemands. Parmi ces enfants, el<strong>les</strong> reconnaissent<br />

Renée et Charlotte. Lucie <strong>La</strong>ndré<br />

et son amie Éliette Cor<strong>de</strong>lier n’hésitent pas,<br />

el<strong>les</strong> déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>les</strong> sauver. Profitant <strong>de</strong> la<br />

confusion, Lucie parvient à extraire <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />

sœurs et promet à leurs parents qu’elle a<br />

reconnus dans la cohue <strong>de</strong> <strong>les</strong> protéger.<br />

Éliette Cor<strong>de</strong>lier va <strong>les</strong> cacher chez elle,<br />

et après leur avoir procuré <strong>de</strong> faux papiers<br />

d’i<strong>de</strong>ntité, Lucie <strong>La</strong>ndré <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>ra à franchir<br />

la ligne <strong>de</strong> démarcation pour entrer en zone<br />

libre, grâce à un passeur, Georges Delaby.<br />

<strong>La</strong> Gestapo et la milice surveillent Lucie<br />

<strong>La</strong>ndré, mais elle ne sera jamais inquiétée<br />

ni arrêtée. À la Libération, l’enseignante<br />

n’oubliera pas ses protégées désormais<br />

orphelines. Elle <strong>les</strong> remettra à l’O.S.E.<br />

(l’Œuvre <strong>de</strong> secours aux enfants juifs) qui <strong>les</strong><br />

prendra en charge et <strong>les</strong> placera dans <strong>de</strong>s<br />

famil<strong>les</strong>. Mais toute sa vie, elle gar<strong>de</strong>ra un<br />

lien avec cel<strong>les</strong> qu’elle appelait avec affection<br />

ses petites Juives ». En août 1993, Charlotte<br />

Wegner fit le voyage <strong>de</strong> Tel Aviv, où elle vivait<br />

désormais, à l’Hôtel <strong>de</strong> Ville d’Angoulême<br />

pour assister à la cérémonie <strong>de</strong> remise<br />

<strong>de</strong> la Médaille <strong>de</strong>s <strong>Justes</strong> à Lucie <strong>La</strong>ndré.<br />

C’est le 1 er août 1993 que Lucie <strong>La</strong>ndré fut<br />

distinguée « Juste parmi <strong>les</strong> Nations » par<br />

l’Institut Yad Vashem Jérusalem.<br />

À noter qu’un prix « Lucie <strong>La</strong>ndré » récompense,<br />

<strong>de</strong>puis 2005, <strong>les</strong> meilleurs élèves du<br />

collège Anatole France d’Angoulême, là où<br />

elle avait enseigné.<br />

Lucie <strong>La</strong>ndré, en 1948, fut également avec<br />

Suzanne Noël, la gran<strong>de</strong> chirurgienne réparatrice<br />

<strong>de</strong>s Gueu<strong>les</strong> cassées <strong>de</strong> la Première<br />

Guerre mondiale, à l’origine <strong>de</strong> la création du<br />

club Soroptimist d’Angoulême dont le but est<br />

<strong>de</strong> promouvoir le statut <strong>de</strong>s femmes dans la<br />

société et la vie professionnelle.<br />

Lucie <strong>La</strong>ndré fut également distinguée<br />

Comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s Palmes académiques et<br />

Chevalier <strong>de</strong> la Légion d’Honneur.<br />

Lucie LANDRÉ. Collection particulière.<br />

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