Corner Magazine #11

UN MERCATO A L’ACCENT BRITISH
Mais malgré des chiffres plus importants chaque année, le mercato
d’hiver fait débat et son utilité est parfois remise en question. Un débat
qui n’existe pas de l’autre côté de la Manche. Le championnat anglais est,
pour sûr, celui qui rythme la période de transferts en janvier et celui qui
souffrirait le plus d’une possible suppression de ce mercato. Les clubs
anglais ont représenté à eux seuls 57,3 % du total des dépenses à l'échelle
mondiale au mois de janvier de l’année passée, à hauteur de 835 millions
d’euros. Huit des dix clubs les plus dépensiers sont sur le sol britannique
et le champion en la matière reste Chelsea, avec plus de 300 millions
d’euros dépensés en hiver l’année passée. Un club dépensier qui pointe à
une triste neuvième place au championnat et duquel on peut attendre
de nouvelles dépenses mirobolantes. C’est donc du côté de l’Angleterre
que le mercato hivernal se dessine et prend ou non la direction d’un
nouveau record, selon si des clubs comme Chelsea ou Manchester
United font exploser la tirelire pour un nouveau transfert record, comme
c’était le cas d'Enzo Fernandes et de ses 120 millions d’euros en janvier
dernier.
UN MANQUE D’EQUITÉ
Les chiffres montrent que les clubs, comme les joueurs,
trouvent toujours un intérêt à préserver une période de
transferts en hiver. Mais au-delà de la question de l’utilité de
ce mercato, se pose une autre question, celle de l’équité.
Parce que le mercato d’hiver reste, en Europe du moins, une
possibilité de modifier son effectif en plein milieu d’un
championnat. Et à cet égard, les clubs les plus riches sont
toujours les plus avantagés. Dans beaucoup de pays
européens, il n’est pas rare de voir des clubs mal embarqués
dans leur championnat respectif sauver leur saison grâce à un
mercato hivernal qui change toute la face de l’équipe. Un club
comme Lyon, actuellement à la lutte pour le maintien en
Ligue 1, ne va pas batailler à armes égales avec Clermont ou
Metz lors de ce mercato. Avec un budget double, voire triple, il
est difficile d’imaginer l’OL être relégué en fin de saison. En
atteste la récente signature de Malick Fofana en provenance
du KAA Gent pour 17 millions d’euros, un joueur qu’aucun
autre club du fond de classement ne pourrait se payer. Une
situation qui existe au sein de notre championnat national,
avec le FC Bâle. En très mauvaise posture avec 18 points sur
les 54 possibles, le club bâlois a un budget bien plus
conséquent que le club de Lausanne-Ouchy ou que celui
d’Yverdon-Sport, concurrents directs du FCB cette saison.
D’ailleurs, aucun de ces clubs ne devrait enregistrer d’arrivées
payantes cet hiver, faute de budget, alors que Bâle a déjà
officialisé la venue de Nicolas Vouilloz.
L’utilité d’un mercato hivernal n’est donc plus à démontrer,
les dépenses et les transactions en témoignent. Mais
l’augmentation de l’activité en hiver élargit le fossé entre les
clubs avec des budgets drastiquement différents. C’est de ce
point de vue que nous pouvons le remettre en question, car le
mercato d’hiver, c’est toujours plus d’argent pour toujours
moins d’équité.