Corner Magazine #11

décembre 2023. On est
dans la dernière heure
avant minuit. Il est 23:19
exactement, quand Dan Ndoye fait
double quine: il qualifie Bologne pour
les quarts de finale de la Coupe
d’Italie et marque son premier but en
Italie. À quatre minutes de la séance
des tirs au but. À Giuseppe Meazza.
Devant plus de 64'000 spectateurs.
Contre le leader du championnat et
actuel meilleur effectif de la botte :
l’Inter de Lautaro Martinez.
Un scénario de rêve. «La sensation est
indescriptible, me confie-t-il. Dans le
contexte de la Coupe, dans les
dernières minutes, dans un stade
aussi mythique. C’est sans doute l’un
de mes plus beaux moments depuis
que je suis à Bologne». On veut bien
le croire ! Un but victorieux inscrit au
terme d’un sprint monstrueux conclu
par une délicieuse petite balle piquée
parfaite pour gagner son un contre
un avec Emil Audero. Une merveille.
«Une caresse au ballon mais aussi un
sprint digne d’un 100 mètres aux JO»,
analyse La Gazzetta dello Sport au
lendemain du match en lui collant la
note de 7.
Ce qui m’a impressionné dans ce but,
c’est le sang-froid de l’ancien
Lausannois, et sa capacité à conclure
l’action, même après avoir à peine
trop poussé le ballon. On en parle
ensemble. Il n’est pas d’accord avec
moi. Il décortique son goal. «Je vois
d’abord Zirkzee qui reçoit le ballon. Je
le vois faire un petit pont sur Acerbi,
ce qui libère de l’espace devant lui. À
ce moment-là je sais que je dois
attaquer la profondeur. Je fais une
course qui lui suggère la passe dans
l’espace. Et là je sais que ça va être
une action dangereuse. Je reste très
concentré sur ce qui va se passer.
Pendant ma course, j’analyse : je vois
les mouvements du gardien devant
moi et des défenseurs qui reviennent
dans mon dos. Et là je sais que ma
première touche ne doit pas être trop
Daniel Romano
Journaliste
blue Sport
Je n’aime pas préparer
mes célébrations à
l’avance!
Dan Ndoye
courte parce que sinon le défenseur
derrière moi peut revenir. Elle ne doit
pas être trop longue non plus pour
que je puisse affronter le gardien.
Cette touche-là, elle me permet de
continuer ma course. Tu penses peutêtre
qu’elle est trop longue, comme
d’autres me l’ont dit aussi. Mais si je la
fais plus courte, alors Audero ne sort
pas. Et je ne peux pas conclure.»
Un but qui couronne un gros travail
sur toute l’action. Un goal qui était
aussi dans l’air depuis plusieurs
semaines déjà, si on repense aux
prestations très abouties du Vaudois
contre la Roma ou l’Atalanta. «Ça
faisait plusieurs semaines que je
voulais aller chercher ce but, c’est vrai,
avoue-t-il. Je travaillais bien aux
entraînements sur la finition, les
centres, les situations devant le but, je
sentais que ça allait arriver». Pourtant,
au moment de mettre le ballon au
fond, on a la nette sensation que
malgré tout, il n’avait pas forcément
prévu sa célébration. «Je n’aime pas
trop préparer ces choses à l’avance.
J’y vais au feeling pour vivre le
moment présent. Tout le monde m’a
bondi dessus. C’était trop bon»,
reconnait l’ancien Bâlois,