Corner Magazine #11

étant jeune, j'ai abusé de ces séances.
On pense que c'est la bonne
approche pour maîtriser les éléments
du match. On va créer des situations
pour assurer le placement, donner
des consignes, couvrir un maximum
de cas pour éviter l'effet de surprise.
Le problème, c'est que dans un
match, il y a tellement d'autres
paramètres : l'ambiance, les
émotions, le dynamisme, etc. Je me
suis rendu compte que je devais
préparer ces situations par le jeu. On
peut répéter les gammes pendant 10,
15 minutes, mais ensuite, il faut
travailler d'autres aspects,
notamment mentaux, pour répondre
aux besoins que l'on aura sur le
terrain. La gestion des émotions, par
exemple, consiste à réussir à
Tu es réputé pour ton exigence
envers les joueurs. Peux-tu décrire
cette exigence? Comment se
traduit-elle au quotidien et sur le
long terme?
Essayer, encore et encore. Je suis
extrêmement exigeant avec moimême
et chaque jour, j'essaie
d'apprendre des choses nouvelles.
Chaque jour, je me remets en
question. J'attends la même chose de
mes joueurs. Je crois que je suis ainsi
en tant qu'entraîneur parce que
j'étais comme cela en tant que
joueur. J'avais des qualités, mais
surtout un mental d'acier et une soif
d'apprendre en permanence. Si j'ai
réussi à faire la carrière que j'ai faite,
c'est grâce au travail. Il faut avoir cette
mentalité. Je ne supporte pas un
joueur qui fait une passe pour faire
Je ne supporte pas un joueur qui fait une passe pour
faire une passe. Il faut avoir la volonté de gagner, à
chaque match, chaque entraînement.
performer sous n'importe quelle
pression, dans n'importe quel milieu.
Si tu veux atteindre les sommets, c'est
un élément clé de la réussite. La
gestion du stress est fondamentale.
Et aujourd'hui, je pense que les
nouvelles générations ont un
avantage à ce niveau par rapport aux
anciennes générations comme la
mienne. Ils sont confrontés très
jeunes à beaucoup plus d'épreuves,
ce qui fait que cette faculté s'acquiert
plus facilement. Ils sont mieux
préparés. Par contre, je pense que
notre génération était plus
"instinctive". Nous apprenions le
football dans la rue. Nous jouions
toujours au foot. Le sport en club ne
représentait qu'une petite partie de
notre jeu. Le club nous offrait un
cadre, mais le jeu s'apprenait dehors.
Aujourd'hui, c'est différent.
une passe. Il faut avoir la volonté de
gagner, à chaque match, chaque
entraînement. C'est ainsi que l'on
progresse. Cette exigence a été
bénéfique partout où je suis passé,
car j'ai pu trouver des joueurs,
notamment des jeunes, qui avaient
cette mentalité. Je me qualifie
volontiers comme un entraîneur
capable de développer les jeunes
joueurs, et j'aime cela. Je ne parle
même pas de résultats et de gagner
des matchs, mais de développement.
C'est ma marque de fabrique. J'aime
ce travail, cette relation avec les
joueurs. Bien sûr, il y a des moments
de doute, des moments plus difficiles.
Mais mon objectif est de sortir
chaque joueur de sa zone de confort.
Je leur dis toujours qu'une carrière
dure 10 ans. Il n'y a pas de temps à
perdre. On s'entraîne deux ou trois
heures par jour, et j'essaie donc de
profiter de ce temps au maximum
pour les pousser à se surpasser.