Corner Magazine #11

général. C'est un peu comme s'ils
étaient devant un tableau blanc, et
que ton rôle est de leur fournir le
matériel avec des pinceaux, des
couleurs et une idée générale.
Ensuite, c'est à eux de peindre le
tableau. La grande difficulté réside
dans le fait que ce n'est pas à un seul
joueur de le faire, mais à 21, 22 ou 23.
Tous doivent réussir, trouver leur rôle,
même si, à certains moments,
l'entraîneur n’a besoin que de «11
d'entre eux».
Le métier d'entraîneur est particulier
car tu dois transmettre une idée
footballistique à tes joueurs et
développer la capacité pour qu'ils en
fassent leur propre interprétation. Ils
ne doivent pas simplement faire ce
que je dis, mais réussir à interpréter
mes idées. C'est pourquoi "mon
Lausanne" ne ressemble pas à "mon
Lucerne" ou à "mon Lugano". Ce sont
des équipes avec les mêmes idées,
mais une interprétation
complètement différente. Les clubs
ne sont pas dans la même région,
n'adoptent pas la même philosophie
et n'ont pas les mêmes
caractéristiques.
Le plaisir, le jeu, être conquérant
sur le terrain sont des ambitions qui
ne sont pas toujours une réalité
pour un entraineur. Il y a l’autre
aspect: déjouer l’adversaire, gagner
le match sur l’aspect tactique.
Comment trouve-t-on le juste
équilibre entre tout ça pour ne pas
tomber dans des aspects trop
complexes pour les joueurs?
Par le passé, j'ai été un spécialiste de
la volonté de tout gérer, tout
contrôler. Cependant, c'est
impossible, absolument impossible. Il
faut trouver pour chaque groupe son
niveau d'affinité. Pour certains, il y a
un besoin d'être plus analytique, plus
détaillé; pour d'autres, moins. La
liberté est une notion importante. Il
faut aussi prendre en compte que
chaque joueur a une carte mémoire
footballistique qui ne va retenir qu'un
certain niveau d'information.
Aujourd'hui, en groupe, je vais plutôt
donner la "big picture". Les principes
À l'époque, je pouvais
être extrêmement
frustré quand je
sortais d'un
entraînement
imparfait. Aujourd'hui,
je me dis que cela va
me permettre
d'améliorer l'équipe!
de base: comment se comporter sur
le terrain, comment utiliser la largeur,
comment aborder les duels, des
éléments très simples. Je garde la
partie plus "complexe" pour les
séances individuelles, qui sont aussi
un moment d'échanges important
avec les joueurs.
Concernant l’aspect technicotactique,
comment le travailles-tu
quotidiennement à l’entrainement?
Et comment a-t-il évolué au fil de ta
carrière d’entraineur?
J'ai appris à être plus «Suisse». À
l'époque, je pouvais être
extrêmement frustré quand je sortais
d'un entraînement imparfait.
Aujourd'hui, c'est l'inverse. Cela va me
permettre d'améliorer l'équipe. J'ai
eu la chance de faire carrière en
Espagne où j’ai appris beaucoup de
choses sur le football, même si j’ai
également vécu de grands moments
avec l'Olympique de Marseille. J'ai
commencé mes diplômes en
Espagne, ensuite en Suisse et j’ai pu
finir les deux plus importants en
Italie. L'Italie, c’est la folie en termes
tactiques et analytiques ! On ne cesse
de répéter les actions défensives et
l'organisation du jeu. Je pense qu'au
début de ma carrière d'entraîneur,
Photo: USG