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Deux_secondes_Extrait

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Lina Biancarelli<br />

<strong>Deux</strong> <strong>secondes</strong> avant l’extase<br />

Théâtre<br />

•<br />

Édition bilingue<br />

français-allemand


<strong>Deux</strong> <strong>secondes</strong> avant l’extase<br />

Création au théâtre de l’ACUD de Berlin, le 11 janvier 2024, avec le soutien de La Ménagerie e.V.<br />

Mise en scène Lina Biancarelli<br />

Lumières et scénographie Cécile Boos<br />

Musique Romain Firroloni<br />

Affiche Alessandro Bocquet<br />

Avec<br />

Tania Nuñez, Antigone<br />

Maymouna Diouf, Ismène<br />

Clémence Guigue, Créon<br />

Alessandra Tosi, Eurydice<br />

Anissa Raiss, La nourrice<br />

Valentin Tesseron, Hémon<br />

Victor Perier, Exupère<br />

Tanja Holstein, Eusébie<br />

Ilias Deligiannis, Laodamas<br />

Lina Chelha, Le chœur<br />

Personnages<br />

ANTIGONE<br />

ISMÈNE<br />

LA NOURRICE<br />

HÉMON<br />

CRÉON<br />

EURYDICE<br />

EXUPÈRE<br />

LAODAMAS<br />

EUSÉBIE<br />

LE CHŒUR<br />

ACHEVÉ D’IMPRIMER<br />

en décembre 2023<br />

sur les presses de Flex Print Ink – Imprimé en France<br />

DÉPÔT LÉGAL<br />

4 e trimestre 2023<br />

ISBN<br />

978-2-8241-1346-3<br />

Albiana – 4, rue Emmanuel-Arène – 20000 Ajaccio<br />

Tél. : 04 95 50 03 00 – Fax : 04 95 50 03 01<br />

www.albiana.fr<br />

E-mail : contact@albiana.fr<br />

© Tous droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays – Albiana 2023


Longues elles sont, les nuits<br />

De ton absence, et longues<br />

Les journées<br />

Nancy Huston et Rachid Koraïchi (ill.),<br />

Tu es mon amour depuis tant d’années,<br />

Th. Magnier éd., 2001<br />

Monologue d’Antigone au sujet des vies qu’elle aurait eues<br />

si elle avait renoncé à enterrer Polynice.<br />

ANTIGONE<br />

Là, au bord du gouffre<br />

<strong>Deux</strong> <strong>secondes</strong> avant l’abîme<br />

Juste ce moment suspendu<br />

On se regarde, heureux de ne pas savoir<br />

Ce qu’il se passe dans la tête de l’autre<br />

Tomber, se laisser happer par le moment qui vient<br />

Ou bien rester au bord<br />

À contempler les possibles<br />

Et sinon ? Sinon c’est tomber…<br />

La chute est belle, douce, libératrice<br />

La chute c’est comme voler<br />

<strong>Deux</strong> <strong>secondes</strong> avant l’abîme<br />

C’est voler oui, c’est voler<br />

Voler deux <strong>secondes</strong> à la vie morose<br />

Et enfin ?<br />

Enfin la troisième seconde arrive<br />

Elle est là, à portée de main<br />

Enfin tous mes os se brisent<br />

La quatrième seconde<br />

Comment peut-il se passer autant de choses<br />

En deux petites <strong>secondes</strong> ?<br />

Tout un monde<br />

Toute une vie<br />

3


DEUX SECONDES AVANT L’EXTASE<br />

En deux petites <strong>secondes</strong>.<br />

On s’est aimés, on a eu une famille<br />

Et on est morts<br />

Maintenant je revis<br />

Les os se ressoudent<br />

Mon cœur se reforme<br />

Mon sang revient couler<br />

Arrosant généreusement tous mes fantasmes<br />

LE CHŒUR<br />

Elle, c’est Antigone et elle n’en finit pas de revivre son destin tragique. Tout le<br />

monde, partout dans le monde, veut raconter la belle mort d’Antigone, tout le<br />

monde veut nous montrer le chemin du refus. Ce soir on va la voir mourir, oui<br />

comme toujours. Elle est condamnée et c’est comme ça. La ligne de sa vie ne<br />

souffre d’aucune surprise. Mais on oublie souvent de raconter sa vie de fille. Sa<br />

vie de femme, pardon. Car oui, Antigone a été amoureuse, follement. Antigone a<br />

aimé, démesurément, à en mourir. Et personne ne sait ce qu’elle a à dire. La<br />

tragédie c’est aussi cela. C’est d’aimer et de savoir que rien, plus rien ne se<br />

passera. Regardez-la, toute frêle et si forte, tiraillée par le choix terrible qu’elle<br />

sait qu’elle devra faire. Elle sait pourtant que c’est la seule qui peut faire le choix<br />

du courage, les autres la regarderont. Mais pour l’instant, pour l’instant, on est<br />

un jour avant le drame et, même si les dés sont jetés, elle doit encore vivre tant<br />

de choses…<br />

Voir cet amoureux et faire de mon corps<br />

Un temple pour lui<br />

Non, pas pour lui !<br />

Pour moi.<br />

C’est moi qui mourrai bientôt.<br />

Je le vois quand je ferme les paupières<br />

Ces muscles que ma main épouse<br />

Et ce soir, je vais tenter le sort<br />

Ce soir je veux vivre avec lui<br />

Même si le sang se mélange à la sueur<br />

Mon histoire est une histoire de sang<br />

Après tout<br />

ANTIGONE<br />

4


LE CHŒUR<br />

Son histoire est bien une histoire de sang, cela fait déjà plusieurs lunes…<br />

Au diable !<br />

Je meurs demain<br />

Dans tes bras peut-être<br />

Oh ! tes yeux, tes yeux mon Hémon<br />

Tes yeux doux et ton corps grave<br />

Comment fais-tu ?<br />

Sans me toucher, je vibre<br />

Si tu savais ce que mon ventre<br />

Pourrait devenir<br />

Et j’oublie déjà que je dois mourir.<br />

ANTIGONE<br />

À qui parles-tu espèce de folle ?<br />

ISMÈNE<br />

ANTIGONE<br />

Ah ? C’est toi ? Parle-moi mieux, je meurs bientôt.<br />

ISMÈNE<br />

Encore cette histoire ? Mais passe à autre chose, bon sang !<br />

Pas tant qu’il ne sera pas enterré.<br />

ANTIGONE<br />

ISMÈNE<br />

Mais qu’est-ce que ça change ? On n’a pas le droit de le faire ! On ne l’aimait<br />

même pas… Ne fais pas semblant. Arrête. On ne l’a jamais aimé ce frère lointain,<br />

moqueur, guerrier.<br />

ANTIGONE<br />

Je ne l’ai pas aimé autant que j’aurais voulu… Mais ce n’est pas la question ! Tu<br />

comprendras peut-être un jour, le jour où tu seras moins belle…<br />

ISMÈNE<br />

Encore cette jalousie infernale ? Mais tu es belle toi aussi, et je suis intelligente.<br />

C’est fini le temps de l’enfance et des catégories. (Elle plonge dans ses souvenirs<br />

5


DEUX SECONDES AVANT L’EXTASE<br />

et se rappelle.) Oh Ismène la belle et Antigone l’intelligente. Incroyable ! Si<br />

différentes et pourtant sœurs…<br />

ANTIGONE<br />

Je sais que tu es intelligente, ce n’est pas ce que je voulais dire.<br />

Que voulais-tu dire alors ?<br />

ISMÈNE<br />

ANTIGONE<br />

Un jour, je l’espère tu me comprendras, peut-être quand tu seras toute ridée.<br />

Peut-être quand tu seras un tout petit tas d’os dans la terre. Peut-être que tu<br />

comprendras ce que c’est que d’être réchauffée par de la terre.<br />

ISMÈNE<br />

J’abandonne… Quand tu es comme cela, il n’y a rien à faire. On dirait un taureau,<br />

l’écume aux lèvres qui s’échine à essayer d’embrocher le matador. Alors qu’il sait<br />

pertinemment que son monde n’existe déjà plus en dehors de l’arène. Et que cela<br />

ne finira qu’avec son sang qui rougit la sciure.<br />

ANTIGONE<br />

Tu oublies que si le taureau doit mourir, je te l’accorde, le matador peut finir sous<br />

un drap blanc.<br />

Mais, je n’en ai rien à faire du matador !<br />

ISMÈNE<br />

ANTIGONE<br />

Ah bon ? Un bel homme bien mis aux couleurs chatoyantes ne t’attire pas ?<br />

ISMÈNE<br />

Si, si bien sûr… Non ! Arrête ! C’est toi le taureau, c’est toi que je ne veux pas<br />

voir mourir.<br />

ANTIGONE<br />

Ma sœur chérie, ma toute petite, il faudra bien t’y résoudre. Car tu l’as dit toimême<br />

: le taureau doit mourir. Ce n’est pas tant que j’en ai envie. C’est que je sais<br />

ce qui est juste et ce qui doit se passer.<br />

6


ISMÈNE<br />

Même si je ne veux pas ?<br />

ANTIGONE<br />

Oui ma puce.<br />

ISMÈNE<br />

C’est injuste !<br />

ANTIGONE<br />

C’est la justice de notre oncle Créon, celle de la grande Thèbes. Et si on ne<br />

l’accepte pas, on meurt. C’est le contrat.<br />

ISMÈNE<br />

Tu me promets une chose alors, une seule !<br />

ANTIGONE<br />

Tu sais bien qu’avant que je sache ce que c’est, je ne peux pas te dire oui.<br />

Promets-moi ! Juste promets-moi…<br />

Oui ma puce, je te promets.<br />

ISMÈNE<br />

ANTIGONE<br />

ISMÈNE<br />

Promets-moi que… que… quand le moment sera venu…<br />

Oui ma puce, je te promets.<br />

ANTIGONE<br />

ISMÈNE<br />

Il faudra que je sache, tu comprends. Promets-moi que tu me diras avant d’aller<br />

appliquer les rites funéraires à notre frère. Promets-moi !<br />

Oui, je te le promets.<br />

ANTIGONE<br />

7


DEUX SECONDES AVANT L’EXTASE<br />

ISMÈNE<br />

Oh non, mais regarde ma figure. On n’a pas idée de me faire pleurer comme ça.<br />

Je suis toute barbouillée. Je me change et je reviens. Ce soir nous irons au bal,<br />

d’accord ?<br />

ANTIGONE<br />

Oui, ma belle. Oui, nous irons. Maintenant, laisse-moi un peu seule.<br />

Ismène sort.<br />

Ma sœur, mon sang aussi<br />

Des lumières dans le ciel<br />

Toute petite, toujours<br />

Et je te prendrai tes bonbons<br />

En riant<br />

Pour te les rendre contre un bisou<br />

Et puis on a grandi et je continue de te faire pleurer<br />

Pardon<br />

LA NOURRICE<br />

Que fais-tu encore en pyjama ? Le bal est dans deux heures, une princesse ne<br />

peut pas y aller mal peignée ! Ce n’est pas possible de se comporter comme ça…<br />

ANTIGONE<br />

Nourrice, je ne pense pas que quiconque se soucie de la petite Antigone…<br />

Mais moi je me soucie !<br />

LA NOURRICE<br />

ANTIGONE<br />

Oh nourrice, tu es bien la seule. Même Hémon regardera Ismène ce soir. Même<br />

mon amoureux, mon fiancé, même lui si fidèle, regardera Ismène. C’est l’ordre des<br />

choses. Elle est belle et elle vivra. Et moi…<br />

LA NOURRICE<br />

Tatata. Tu vas te débarbouiller maintenant ! Et te changer ! Arrête de discuter ou je<br />

te gronderai comme quand tu étais petite. C’est ça que tu veux ? Te faire disputer ?<br />

8


ANTIGONE<br />

Non, nourrice, j’aimerais juste être une enfant encore quelques heures. Et puis<br />

j’aimerais être une femme.<br />

LA NOURRICE<br />

Être une femme ! Et tu peux me dire ce que ça veut dire « être une femme » ? Même<br />

moi, qui suis une femme depuis bien longtemps, je ne pourrais pas te le dire.<br />

Moi je sais.<br />

ANTIGONE<br />

Elle part.<br />

LA NOURRICE<br />

Et la voilà qui fait la maligne. On n’a pas idée de dire des âneries pareilles, « être<br />

une femme »… J’aurai tout entendu. Être une femme… Qu’est-ce qu’elle peut<br />

bien vouloir dire ?<br />

La nourrice s’affaire et sort. <strong>Deux</strong> enfants arrivent et s’installent pour jouer.<br />

Boum ! Et là, je te pète la gueule !<br />

Non ! Non ! Arrête !<br />

EUSÉBIE<br />

LAODAMAS<br />

EUSÉBIE<br />

Ben si. Et là tu es mort. Comme Polynice, les corbeaux viendront te manger les<br />

yeux, puis les boyaux…<br />

Arrête, arrête !<br />

LAODAMAS<br />

EUSÉBIE<br />

Allonge-toi par terre. Voilà. Là tu es bien mort. J’ai gagné.<br />

Non ! Je ne veux pas !<br />

LAODAMAS<br />

9


Lina Biancarelli<br />

Zwei Sekunden<br />

vor dem Höhepunkt<br />

Theaterstück<br />

•<br />

Aus dem Französischen von Sarah Holstein


Zwei Sekunden vor dem Höhepunkt<br />

Uraufführung im Theater der ACUD in Berlin am 11. Januar 2024, mit der Unterstützung von La Ménagerie e.V.<br />

Regie, Lina Biancarelli<br />

Licht und Bühnenbild, Cécile Boos<br />

Musik, Romain Firroloni<br />

Plakat, Alessandro Bocquet<br />

Mit<br />

Tania Nuñez, Antigone<br />

Maymouna Diouf, Ismene<br />

Clémence Guigue, Kreon<br />

Alessandra Tosi, Eurydike<br />

Anissa Raiss, Amme<br />

Valentin Tesseron, Hämon<br />

Victor Perier, Exuperius<br />

Tanja Holstein, Eusebia<br />

Ilias Deligiannis, Laodamas<br />

Lina Chelha, Chor<br />

Personen<br />

ANTIGONE<br />

ISMENE<br />

AMME<br />

HÄMON<br />

KREON<br />

EURYDIKE<br />

EXUPERIUS<br />

LAODAMAS<br />

EUSEBIA<br />

CHOR<br />

2


Monolog Antigones bezüglich der Leben, welche ihr durch den Wunsch Polyneikes<br />

zu beerdigen verwehrt blieben.<br />

ANTIGONE<br />

Dort, am Rande des Abgrunds<br />

Zwei Sekunden vor dem Nichts<br />

Einzig dieser schwebende Moment<br />

Man schaut sich an, froh nicht zu wissen<br />

Was im Kopfe des anderen vor sich geht<br />

Fallen, sich vom kommenden Moment erfassen lassen<br />

Oder alle Möglichkeiten betrachtend<br />

Am Rande verbleiben<br />

Und sonst? Sonst heißt es fallen…<br />

Der Fall ist schön, sanft, befreiend<br />

Fallen ist wie fliegen<br />

Zwei Sekunden vor dem Nichts<br />

Das heißt fliegen, ja, das heißt fliegen<br />

Zwei Sekunden zu einem trostlosen Leben fliegen<br />

Und schließlich?<br />

Schließlich naht die dritte Sekunde<br />

Sie ist hier, zum Greifen nah<br />

Schließlich brechen alle meine Knochen<br />

Die vierte Sekunde<br />

Wie kann so viel<br />

Innerhalb zweier kleiner Sekunden passieren?<br />

Eine ganze Welt<br />

Ein ganzes Leben<br />

3


ZWEI SEKUNDEN VOR DEM HÖHEPUNKT<br />

Innerhalb von zwei kleinen Sekunden.<br />

Wir haben uns geliebt, wir hatten eine Familie<br />

Und wir sind gestorben<br />

Jetzt lebe ich noch einmal auf<br />

Meine Knochen schweißen zusammen<br />

Mein Herz bildet sich neu<br />

Mein Blut fließt zurück<br />

Meine Fantasien reichlich gießend<br />

CHOR<br />

Das ist Antigone und sie durchlebt immer wieder ihr tragisches Schicksal. Alle<br />

wollen überall auf der Welt von ihrem edlen Tod erzählen, alle wollen uns den<br />

Weg der Weigerung zeigen. Heute Abend werden wir sie sterben sehen, ja, wie<br />

immer. Sie ist verdammt und das ist so. Ihr Lebensweg erleidet keine<br />

Überraschungen. Aber oft wird vergessen, von ihrem Mädchenleben zu erzählen.<br />

Pardon, von ihrem Frauenleben. Weil Antigone unsterblich verliebt war. Antigone<br />

hat geliebt, maßlos, bis zum Tode. Und niemand weiß, was sie zu sagen hat. Auch<br />

das ist die Tragödie. Die Tragödie ist es im Wissen, dass nichts mehr, gar nichts<br />

mehr, geschehen wird, zu lieben. Schaut sie euch an, so schmächtig und so stark,<br />

hin und hergerissen durch die schreckliche Entscheidung, welche sie fällen<br />

müssen wird. Sie weiß jedoch, dass sie die Einzige ist, die den Mut wählen kann,<br />

die anderen werden ihr zuschauen. Aber noch, noch ist der Tag vor dem Drama,<br />

und obwohl die Würfel gefallen sind, muss sie noch Einiges erleben…<br />

ANTIGONE<br />

Diesen Geliebten sehen und für ihn<br />

Aus meinem Körper einen Tempel machen<br />

Nein, nicht für ihn!<br />

Für mich.<br />

Ich bin es, die bald sterben wird.<br />

Ich sehe es, wenn ich meine Lider schließe<br />

Diese Muskeln welche meine Hand umschmeichelt<br />

Und heute Abend werde ich das Schicksal herausfordern<br />

Heute Abend will ich mit ihm leben<br />

Obwohl sich Schweiß Und Blut mischen<br />

Ist meine Geschichte<br />

Letztendlich eine des Blutes<br />

4


CHOR<br />

Ihre Geschichte ist in der Tat bereits seit mehreren Monden eine Blutsgeschichte…<br />

ANTIGONE<br />

Zum Teufel!<br />

Morgen sterbe ich<br />

Vielleicht in deinen Armen<br />

Oh! Deine Augen, mein Hämon<br />

Deine sanften Augen und dein ernster Körper<br />

Wie tust du mir das an?<br />

Ich vibriere, ohne dass du mich berührst<br />

Wenn du bloß wüsstest<br />

Was aus meinem Bauch werden könnte<br />

Und schon vergesse ich, dass ich sterben muss.<br />

Wovon redest du, du Irre?<br />

ISMENE<br />

ANTIGONE<br />

Ach? Du bist das? Sprich netter mit mir, ich sterbe bald.<br />

ISMENE<br />

Schon wieder die gleiche Geschichte? Meine Güte, denk doch mal an etwas<br />

anderes.<br />

Nicht, solange er nicht begraben wurde.<br />

ANTIGONE<br />

ISMENE<br />

Aber was ändert das denn? Wir dürfen es nicht! Wir mochten ihn doch nicht<br />

mal…tu nicht so. Hör auf. Diesen fernen, spöttischen, kriegerischen Bruder<br />

haben wir nie geliebt.<br />

ANTIGONE<br />

Ich habe ich nicht so sehr geliebt, wie ich es wollte. Aber darum geht es nicht!<br />

Vielleicht wirst du es eines Tages verstehen, am Tag, an dem du nicht mehr so<br />

hübsch bist, …<br />

5


ZWEI SEKUNDEN VOR DEM HÖHEPUNKT<br />

ISMENE<br />

Schon wieder diese höllische Eifersucht? Du bist doch auch schön, und ich bin<br />

klug. Die Zeit der Kindheit und der Zuschreibungen ist vorbei.<br />

Sie taucht in ihr Gedächtnis ein und erinnert sich.<br />

Oh Ismene die Hübsche und Antigone die Kluge. Unglaublich!! So unterschiedlich<br />

und doch Schwestern…<br />

ANTIGONE<br />

Ich weiß, dass du klug bist, so war das nicht gemeint.<br />

Was meintest du dann?<br />

ISMENE<br />

ANTIGONE<br />

Ich hoffe, du wirst mich eines Tages verstehen, vielleicht wenn du ganz faltig<br />

bist. Vielleicht, wenn du ein klitzekleiner Knochenhaufen unter der Erde bist.<br />

Vielleicht wirst du dann verstehen, was es bedeutet, von Erde gewärmt zu werden.<br />

ISMENE<br />

Ich gebe auf…Wenn du so bist, ist nichts zu machen. Du siehst aus wie ein Stier,<br />

mit Schaum vor dem Mund, der sich abmüht, um den Matador aufzuspießen.<br />

Obwohl er weiß, dass es seine Welt außerhalb der Arena bereits nicht mehr gibt.<br />

Und dass alles nur in von seinem Blut rotem Sägemehl enden wird.<br />

ANTIGONE<br />

Ich gestehe dir zu, dass der Stier sterben muss, doch du vergisst, dass der Matador<br />

trotzdem unter einem weißen Laken enden kann.<br />

Der Matador ist mir vollkommen egal!<br />

ISMENE<br />

ANTIGONE<br />

Ach so? Ein schöner, wohlgekleideter Mann in schillernden Farben zieht dich<br />

nicht an?<br />

ISMENE<br />

Doch doch, natürlich… Nein! Hör auf! Du bist der Stier, du bist es, die ich nicht<br />

sterben sehen will!<br />

6


ANTIGONE<br />

Meine geliebte Schwester, meine Klitzekleine, du wirst dich damit abfinden<br />

müssen. Du hast es doch selbst gesagt: der Stier muss sterben. Es ist nicht so,<br />

dass ich Lust darauf hätte. Doch ich weiß, was richtig ist und was geschehen<br />

muss.<br />

Auch wenn ich nicht will?<br />

Ja mein Spatz.<br />

Das ist ungerecht!<br />

ISMENE<br />

ANTIGONE<br />

ISMENE<br />

ANTIGONE<br />

Das ist die Justiz unseres Onkels Kreon, die des großen Theben. Wenn wir sie<br />

nicht akzeptieren, sterben wir. So lautet der Vertrag.<br />

ISMENE<br />

Dann versprich mir eine Sache, nur eine Einzige!<br />

ANTIGONE<br />

Du weißt genau, dass ich dir nicht mein Wort geben kann, bevor ich weiß, worum<br />

es sich handelt.<br />

ISMENE<br />

Versprich es mir! Versprich es mir einfach!<br />

Ja mein Spatz, ich verspreche es dir.<br />

ANTIGONE<br />

ISMENE<br />

Versprich mir, dass, wenn…, wenn der Moment gekommen ist…<br />

Ja mein Spatz, ich verspreche es dir.<br />

ANTIGONE<br />

7


ZWEI SEKUNDEN VOR DEM HÖHEPUNKT<br />

ISMENE<br />

Ich muss es wissen, verstehst du! Versprich mir, dass du mir Bescheid gibst,<br />

bevor du gehst, um bei unserem Bruder die Bestattungsrituale auszuführen.<br />

Versprich es mir!<br />

Ja, ich verspreche es dir.<br />

ANTIGONE<br />

ISMENE<br />

Oh nein, schau dir mein Gesicht an! Wie kommst du nur auf den Gedanken mich<br />

so zum Weinen zu bringen. Ich bin ganz verschmiert. Ich ziehe mich um und<br />

komme wieder. Heute Abend gehen wir zum Ball, einverstanden?<br />

ANTIGONE<br />

Ja, meine Hübsche. Ja, wir gehen. Jetzt lass mich ein wenig allein.<br />

Ismene geht raus.<br />

Meine Schwester, mein Blut<br />

Lichter am Himmel<br />

Ganz klein, immer<br />

Ich werde dir lachend Bonbons stehlen<br />

Um sie dir gegen ein Küsschen wiederzugeben<br />

Und dann sind wir groß geworden und ich bringe dich immer noch zum Weinen<br />

Verzeih mir<br />

AMME<br />

Was tust du noch im Schlafanzug? Der Ball ist in zwei Stunden, eine Prinzessin<br />

kann nicht ungekämmt hingehen! So kann man sich nicht verhalten…<br />

ANTIGONE<br />

Amme, ich denke nicht, dass irgendwer sich um die kleine Antigone sorgt…<br />

Doch, ich sorge mich!<br />

AMME<br />

ANTIGONE<br />

Ach Amme, da bist du wohl die Einzige. Selbst Hämon wird heute Abend Ismene<br />

anschauen. Selbst mein Geliebter, mein Verlobter, selbst er der so treu ist, wird<br />

Ismene anschauen. Sie ist schön und sie wird leben. Und ich…<br />

8


AMME<br />

Tststs. Du wäschst dich jetzt! Und du ziehst dich um! Hör auf herumzudiskutieren<br />

oder ich werde so mit dir schimpfen, wie ich es tat, als du klein warst. Ist es das,<br />

was du willst? Dass ich dich ausschimpfe?<br />

ANTIGONE<br />

Nein Amme, ich wäre nur gerne noch ein paar Stunden lang ein Kind. Und dann<br />

wäre ich gerne eine Frau.<br />

AMME<br />

Eine Frau sein! Kannst du mir denn sagen, was das bedeutet „eine Frau sein“?<br />

Selbst ich, die schon seit langer Zeit eine Frau bin, könnte es dir nicht sagen.<br />

Ich weiß es.<br />

ANTIGONE<br />

Sie geht.<br />

AMME<br />

Sieh an, wie sie angibt. Wie kommt sie nur auf den Gedanken solche Dummheiten<br />

von sich zu geben, „eine Frau sein“… Was man nicht alles hört. Eine Frau sein…<br />

was kann sie bloß meinen?<br />

Die Amme macht sich zu schaffen und geht hinaus. Zwei Kinder kommen hinein<br />

und richten sich ein, um zu spielen<br />

Bumm! Und dann mach ich dich fertig!<br />

Nein! Nein! Hör auf!<br />

EUSEBIA<br />

LAODAMAS<br />

EUSEBIA<br />

Doch. Und dann bist du tot. Wie bei Polyneikes werden die Raben deine Augen<br />

fressen, und dann deine Eingeweide…<br />

Hör auf, hör auf!<br />

LAODAMAS<br />

9


ZWEI SEKUNDEN VOR DEM HÖHEPUNKT<br />

EUSEBIA<br />

Leg dich auf den Boden. So, jetzt bist du richtig tot. Ich habe gewonnen.<br />

Nein! Ich will nicht!<br />

LAODAMAS<br />

EUSEBIA<br />

Ich bin größer und stärker. So ist das. Sei nicht sauer.<br />

LAODAMAS<br />

Also, wenn ich der Schwächere bin, kann ich die Götter bitten, mir zu helfen! So,<br />

Thétis lässt mich Ambrosia trinken. Mein Körper ersteht stärker wieder auf!<br />

EUSEBIA<br />

Nein, dein Körper kann sich nicht bewegen, du bist tot.<br />

LAODAMAS<br />

Die Bestattungsriten wurden nicht gemacht, ich bin ziellos in der Hölle<br />

umhergeirrt…Ohne Münze und ohne Erde konnte ich nicht wirklich sterben. Also<br />

funktioniert die Ambrosia. Ätsch. Ich erstehe auf, ich bin stärker und daher töte<br />

ich dich. Aber ich gebe schön Erde auf dich drauf. So. Ich bin schwächer, aber ich<br />

bin schlauer. Ich lege dir sogar eine Münze in die Tasche!<br />

EUSEBIA<br />

Nein, ich mag dieses Spiel nicht. Und dann wird man mit uns schimpfen, weil wir<br />

so von Polyneikes reden…Komm, wir suchen Antigone! Mit ein bisschen Glück<br />

wird sie mit uns spielen wollen!<br />

Die Kinder verlassen die Bühne, die Kulisse wechselt. Wir befinden uns im Zimmer<br />

Antigones. Sie ist im Begriff, sich umzuziehen.<br />

ANTIGONE<br />

Mich umziehen…aber wozu? Wozu Lippenstift auftragen, Pigmente auf die<br />

Augenlider. Wozu dieses Kleid anziehen, welches meine Brust und meine Hüften<br />

betont? Für wen? Hämon? Aber er will mich doch bereits heiraten. Die anderen?<br />

Nein. Nein, nicht für die anderen. Für mich? Mir beweisen, dass ich auch dieser<br />

Mensch sein kann? Diese junge Frau voller Leben, voller Zukunft? Mich ein letztes<br />

Mal belügen? Auf geht’s. Heute Abend tue ich so.<br />

10


Ich werde Rot auf meine Lippen auftragen, damit Hämon Lust darauf bekommt<br />

sie zu beißen.<br />

Blau auf den Augen, damit er nicht sieht, dass ich geweint habe.<br />

Diesen Büstenhalter damit er sich fragt, welche Form meine Brüste haben, wenn<br />

sie nicht in einem Käfig sind.<br />

Dieses Kleid, welches meine Unterwäsche erahnen lässt, … Sein Begehren<br />

wachsen lassen. Oh ja. Sein Begehren gegen mich spüren. Spüren, dass er mich<br />

will. Dass er will, dass ich seine Frau werde. Werden wir Zeit haben, uns vor dieser<br />

Nacht zu lieben? Werde ich Zeit haben, wegen seines warmen Atems in meinem<br />

Nacken Gänsehaut am ganzen Körper zu erleben?<br />

Leidenschaft und Trommel<br />

Zärtlichkeit und Biss<br />

Das wünsche ich mir<br />

Und später<br />

Seine Hand nehmen<br />

Damit er mir vergibt<br />

Antigone, Antigone! Spielst du mit uns?<br />

Nein, heute nicht.<br />

Wieso denn?<br />

Die Kinder betreten Antigones Zimmer.<br />

EUSEBIA<br />

ANTIGONE<br />

LAODAMAS<br />

ANTIGONE<br />

Weil ich heute an etwas anderes als Spielen denken muss.<br />

Woran denkst du denn dann?<br />

LAODAMAS<br />

ANTIGONE<br />

Du bist zu klein, um dich mit Problemen Erwachsener zu behelligen.<br />

EUSEBIA<br />

Er ist vielleicht klein, aber ich bin groß, mir kannst du es sagen.<br />

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