Boxoffice Pro n°460 – 17 janvier 2024
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RENCONTRE AVEC RICHARD PATRY<br />
Aujourd’hui, il faut que chaque exploitant<br />
ait les moyens d’investir<br />
L'ÉMISSION<br />
Heureux de la<br />
fréquentation 2023, le<br />
président de la FNCF<br />
évoque les perspectives<br />
pour <strong>2024</strong>, au cours de<br />
laquelle chaque exploitant<br />
devra être en mesure<br />
d’investir, notamment pour<br />
répondre au défi<br />
écologique.<br />
©<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong><br />
Richard Patry, président de la FNCF<br />
Les 181 millions d’entrées dans les salles françaises en<br />
2023 ont de quoi réjouir Richard Patry, qui constate que<br />
« le cinéma est inscrit dans l’ADN des Français ». Le président<br />
de la FNCF tient à ce titre à rappeler le travail effectué<br />
par les salles en éditorialisant intensément les films. Car<br />
aujourd’hui, « mettre une affiche sur un écran dynamique<br />
n’est plus suffisant, il faut travailler et écouter le public. La<br />
premiumisation passe aussi par l’événementialisation… et<br />
ça marche ! À l’Omnia de Rouen, nous avons rempli la<br />
grande salle de 500 places pour Psychose, et le public était<br />
jeune ! »<br />
On sait déjà que le premier semestre <strong>2024</strong> sera particulier,<br />
la grève à Hollywood ayant entraîné un décalage des<br />
sorties important. Avec moins de films américains en<br />
début d’année, « il y aura un espace plus grand pour les<br />
films français. Il s’agira de voir si cela est suffisant pour eux<br />
». Les perturbations sur la fréquentation risquent de se<br />
prolonger à l’été avec deux événements non-cinématographiques,<br />
les Jeux Olympiques et la Coupe d’Europe<br />
de football, qui « accapareront les médias et modifieront le<br />
comportement des spectateurs ».<br />
Des enjeux économiques et écologiques<br />
majeurs<br />
Reste que les exploitants devront continuer à investir,<br />
pour rester attractif et relever le défi de la transition<br />
écologique. Mais outre les remboursements des PGE qui<br />
ont accru la dette, l’explosion des taux d’intérêts a créé<br />
« une impossibilité d’emprunter à un taux en dessous de<br />
5,5 % ». La FNCF a entamé un travail de pédagogie<br />
auprès du CNC sur les dispositifs d’aides, et avec les<br />
Régions pour mettre en place des fonds sélectifs : « Nos<br />
comptes d’exploitation, donc nos marges brutes d’autofinancement,<br />
donc nos capacités à investir sont dégradés. Aujourd’hui,<br />
il faut que chaque exploitant ait les moyens d’investir pour<br />
le confort, l’accueil du public, les nouvelles technologies…<br />
et l’écologie. »<br />
Car <strong>2024</strong> est une année décisive : « La salle verte n’est pas<br />
une option. Nous devons investir massivement dans nos<br />
bâtiments pour les rendre moins énergivores, et penser au<br />
tri de nos déchets et à nos mobilités. » Quant au passage du<br />
parc à la projection laser, « il ne s’agit pas de faire la révolution,<br />
les salles y seraient passées naturellement dans les 15<br />
ans. Mais l’enjeu est d’y passer dans les 5 ans », pour réaliser<br />
rapidement des économies d’énergie, dans un contexte<br />
d’augmentation des coûts d’au moins 25 %. Globalement,<br />
le passage au laser devrait représenter près de 400 M €,<br />
un investissement pour lequel, selon Richard Patry, il<br />
devrait être simple d’avoir des aides… au vu de ce qui<br />
est proposé aux ménages dans le cadre de la rénovation<br />
énergétique.<br />
De grandes inquiétudes sur l’éducation<br />
au cinéma<br />
Après les directives du guide du Remplacement de courte<br />
durée décrété par l’Éducation nationale à la rentrée, on<br />
sait que de nombreux professeurs se sont désinscrits des<br />
dispositifs scolaires, et certaines régions comptent plus<br />
d’un tiers de désistements. « Il faut cesser l’hémorragie »<br />
clame le président de la FNCF, rappelant que « le public<br />
de demain est formé dès aujourd’hui ». S’il dit continuer à<br />
« se battre pour éteindre l’incendie » avec Aurélie Delage,<br />
l’actuelle présidente adjointe de la FNCF et présidente<br />
de la commission de l’Éducation à l’Image, il annonce<br />
également avoir rencontré l’ex-ministre de l’Éducation<br />
nationale dans le cadre des stages obligatoires en 2nde<br />
générale et technologique dès juin <strong>2024</strong>. L’objectif est<br />
que « les salles de cinéma s’engagent à accueillir des élèves »,<br />
et ainsi participent à la formation des adolescents.<br />
Emission à voir ou revoir<br />
sur notre chaîne YouTube<br />
Quant à la réforme art et essai, sur laquelle s'accordent,<br />
globalement, tous les courants représentés à la FNCF,<br />
Richard Patry estime qu’il est nécessaire de « tester tous<br />
les curseurs du classement » et d’étudier pleinement les<br />
préconisations des rapports pour pouvoir en sortir des<br />
chiffres, à l’instar des coefficients de pondération sur les<br />
films. Mais avant tout, le président de la FNCF rappelle<br />
que, pour pouvoir mieux récompenser les salles qui<br />
prennent le plus de risques, l’enveloppe du CNC doit<br />
être augmentée, et passer de 18 M € à 19 M €.<br />
Enfin, la FNCF développe ses opérations de promotion.<br />
Avec un nouveau partenaire inédit en <strong>2024</strong> <strong>–</strong> qui<br />
sera prochainement dévoilé <strong>–</strong>, cela ne fait aucun doute<br />
pour Richard Patry : « Cette année, on sera capable de<br />
donner beaucoup plus d’ampleur au Printemps et à la<br />
Fête du cinéma, ce qui donnera un grand coup de<br />
projecteur sur les salles. »<br />
Cécile Vargoz et Jules Dreyfus<br />
N°460 / <strong>17</strong> <strong>janvier</strong> <strong>2024</strong><br />
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