Miles #47 - Benoît Mintiens - Une relecture du temps
Miles #47 - Benoît Mintiens - Une relecture du temps
Miles #47 - Benoît Mintiens - Une relecture du temps
- No tags were found...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
1<br />
Enzo et la princesse<br />
Brock Yates raconte aussi comment les pneus belges<br />
Englebert en sont venus à équiper les bolides de la Scuderia<br />
Ferrari.<br />
Selon ses sources, Pirelli avait décidé de ré<strong>du</strong>ire sa participation<br />
aux courses automobiles. Des rumeurs jamais<br />
confirmées évoquaient notamment à l’époque que des<br />
pneus déficients auraient provoqué un accident et la<br />
mort d’Alberto Ascari en 1955, lors d’un essai à l’improviste<br />
à Monza sur la Ferrari 750 Monza d’Eugenio Castellotti.<br />
Pirelli avait donc décidé de supprimer les 13 à 25% de<br />
ré<strong>du</strong>ction sur le prix des pneus pour les écuries automobiles<br />
et, carrément, le don de pneus à des clients importants<br />
comme Ferrari. Le prix plein ou rien.<br />
Enzo Ferrari avait tenu cette attitude pour une félonie<br />
impardonnable. Il déclara dans la foulée que plus jamais<br />
un pneu Pirelli n’équiperait la moindre Ferrari (ce qui fut<br />
évidemment vite oublié) et qu’il chercherait un fabricant<br />
étranger.<br />
Mais qui ? Mercedes-Benz était le client principal de<br />
l’Allemand Continental. Dunlop fit preuve de chauvinisme<br />
et refusait de livrer ses pneus à tout qui n’était<br />
pas British. Michelin n’était pas intéressé de s’acoquiner<br />
avec un rival italien et Firestone, l’unique fabricant de<br />
pneus américain, ne put développer à <strong>temps</strong> des pneus<br />
destinés à la course automobile.<br />
C’est là qu’intervint la princesse Lilian de Réthy, seconde<br />
épouse <strong>du</strong> roi Léopld III et amie de longue date. Grâce à<br />
elle qui y avait ses entrées, Enzo Ferrari parvint à décrocher<br />
un contrat à long terme avec la firme belge Englebert.<br />
Toujours selon Brock Yates : sans l’intervention de<br />
la princesse, il n’aurait pas été improbable que Ferrari<br />
<strong>du</strong>sse finalement mettre à exécution l’une de ses nombreuses<br />
menaces de quitter la compétition.<br />
Ferrari de 59 ans, campe un personnage élégant et manipulateur<br />
qui cache sans doute quelques souffrances<br />
intérieures. Ce tyran obsédé de victoires se montrait – <strong>du</strong><br />
moins extérieurement – indifférent à la mort et aux souffrances<br />
des autres et ne s’embarrassait guère de règles<br />
qui facilitent la vie en société. Michael Mann a ren<strong>du</strong> Ferrari<br />
plus beau qu’il n’était, mais reflète bien son élégance.<br />
Captivé par le <strong>temps</strong> qui passe tant en course que<br />
dans la vie, la montre de Ferrari figure dans plusieurs<br />
plans sans qu’on puisse en reconnaître la marque (contrairement<br />
à l’un des chronographes utilisés lors d’essais<br />
en course et qui affiche Omega).<br />
Choix judicieux dans sa garde-robe et visite quotidienne<br />
chez le barbier faisaient partie de la routine matinale<br />
d’Enzo Ferrari, dans la réalité et à l’écran, tout comme<br />
une visite fleurie à la tombe de son fils.<br />
Le réalisateur a aussi tenu à être fidèle à l’aspect des lieux,<br />
des décors, des costumes et des voitures.<br />
La cour intérieure de la Maison de Maranello a été repro<strong>du</strong>ite<br />
à l’identique, tandis que les voitures de cascade<br />
participant aux courses sont des répliques fidèles<br />
2<br />
3<br />
Plus beau que le vrai<br />
Dans ce film de plus de deux heures, le jeune acteur<br />
américain Adam Driver (°1983), métamorphosé en Enzo<br />
Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Pro<strong>du</strong>Press Advertising SA.<br />
52