Miles #47 - Benoît Mintiens - Une relecture du temps

M - C’était mieux avant ?
JH - Avant, un Leonardo da Vinci, un Michelangelo,
un Le Corbusier pouvaient être ingénieurs, peintres,
architectes, designers, couturiers… Aujourd’hui, la catégorisation
vous empêche de sortir du secteur dans
lequel on vous a coincé. Mon monde est différent.
Plus complexe. Je crée mon propre monde : je fais
de la peinture, du cinéma, de la sculpture, du design,
de l’architecture d’intérieur. Mon idéal, c’est de briser
les catégories et de communiquer ce que je fais avec
mon côté narratif.
Le moins qu’on puisse dire est que l’exposition au
MAD Brussels illustre fidèlement les dires de Jaime
Hayon. n
www.hayonstudio.com
www.mad.brussels
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« PERSONNE N’A
BESOIN D’UNE
AUTRE CHAISE QUE
CELLES QUI EXISTENT
DÉJÀ, MAIS ON
PEUT AVOIR ENVIE
D’UNE NOUVELLE
EXPÉRIENCE. »
JH - La question est déterminante dans le processus
de création d’un nouvel objet. C’est ce que l’objet
nous communique qui varie d’une création nouvelle
à l’archétype. Personne n’a besoin d’une autre chaise
ou d’un autre vase que ceux qui existent déjà. Mais on
peut avoir besoin d’une nouvelle expérience. Le vase
Ikebana, que j’ai fait pour la Maison Danoise Fritz Hansen,
n’est pas un vase comme un autre car ce que je
voulais, c’était mettre la fleur et sa tige en évidence et
non pas le vase. C’est l’expérience visuelle qui est intéressante
pour moi.
1. Jaime Hayon (°1974) se veut
à la fois artiste et designer.
2. L’art, le design, l’utilitaire
se confondent dans le monde
narratif de Jaime Hayon.
3. Jaime Hayon entouré de
quelques-unes de ses créations,
dans l’exposition Nuevo
Nouveau au MAD Brussels.
4. Entre les mains de
Jaime hayon, l’objet offre
simultanément une fonction
et une émotion.
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M - Vous avez créé à la fois pour un éditeur de
bibelots parfois assez kitch comme Lladró, et
pour le minimaliste danois Fritz Hansen. L’un fait
de la décoration, l’autre du design…
JH - Mon mode de travail reste le même. Déco ou design :
l’un ne vit pas sans l’autre. Le côté artistique de Hayon
Studio est purement visuel et n’a aucune fonction
comme accessoire utilitaire. C’est à la fois de l’art et de
l’artisanat, comme le sont mes tableaux. J’offre parfois
un peu trop à ce niveau à des gens qui n’en veulent
pas autant. Beaucoup de gens sont trop simples
aujourd’hui : ils sont sécurisés par la répétition de ce
qui est reconnaissable et existe déjà. C’est comme
ces chansons qu’on fredonne parce qu’on les entend
partout, alors qu’on ne les aime pas du tout.
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