Miles #47 - Benoît Mintiens - Une relecture du temps

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« BEAUCOUP
DE GENS SONT
SÉCURISÉS PAR
LA RÉPÉTITION
DE CE QUI EST
RECONNAISSABLE
ET EXISTE DÉJÀ. »
cherche artistique du groupe Benetton en Italie, où il
a dirigé le département de design pendant quatre ans,
avant de fonder Hayon Studio à Valence en 2001.
Optimisme, humour et explosion de couleurs caractérisent
son style depuis lors.
Mais que pense Jaime Hayon lui-même du lien que
Bruxelles établit entre son œuvre et l’Art Nouveau ?
« Ce lien est parfait. Le titre de l’exposition – Nuevo
Nouveau - réfère à la fois à l’Art Nouveau, à mon origine
espagnole et à mon style qui est un nouvel art
nouveau. L’Art Nouveau était aussi un mouvement de
l’art total : l’art, l’architecture, le mobilier, les objets, la
décoration en faisaient partie. C’est ainsi que je travaille
moi aussi. »
Un communicateur né
Jaime Hayon était tout de noir vêtu, à l’exception d’une
veste Homme Plissé d’Issey Miyake d’un jaune plus
écarlate qu’un rouge vermeil. Rebondissant d’emblée
sur notre appréciation de sa tenue, il nous raconta qu’il
regrettait amèrement d’avoir raté une collaboration
avec le créateur de mode japonais. « J’avais rencontré
Miyake à Paris il y a 15 ans. Il m’avait alors confié qu’il
aimait beaucoup la céramique que j’avais apprise au
Japon et que nous devrions faire quelque chose ensemble
dans ce domaine. Je ne l’ai plus rappelé et,
maintenant qu’il est mort, je le regrette amèrement.
J’ai toujours aimé ce qu’il faisait. »
Miles - Le design influence-t-il l’utilisateur d’un
objet ou d’une création dans la manière de s’en
servir ?
Jaime Hayon - C’est clair. En ce qui me concerne, ma
perception d’un objet se prolonge dans mon comportement.
Par sa construction ou par sa beauté, il peut
m’inspirer passion et désir. Proportion, perfection,
énergie, surprise, humour, légèreté et lumière engendrent
une communication visuelle entre l’objet et moi,
dont la perception évolue vers un comportement personnel.
Je suis doté d’une très grande perception intuitive,
même de très loin.
M - Ma question portait non sur vous en tant que
créateur mais sur l’utilisateur de vos objets.
JH - À vrai dire, je pense très peu au comportement
de la personne qui va utiliser ce que je crée. Je pense
plutôt au côté narratif et à la perception visuelle qu’il
en aura. Je pense à l’émotion et au sentiment, qui sont
des piliers dans mon processus de création. En fin de
compte, ce qui m’intéresse, c’est comment on communique
avec un objet ou une création. En tant que
designer, je n’offre pas un service. Je ne suis jamais aucun
briefing. Mon objectif a toujours été d’explorer au
plus profond ce qui se crée devant moi. D’ailleurs, je
ne suis pas un designer. Je suis un artiste qui travaille
aussi dans le domaine du design. Mais quand je fais
une chaise, on pourra effectivement s’asseoir dessus.
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M - L’esthétique a-t-elle une utilité au même
titre que la fonction d’un objet ? En quoi une
chaise que vous créez diffère-t-elle de l’archétype
d’une chaise ?
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