Miles #47 - Benoît Mintiens - Une relecture du temps

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Ressence est une fusion des mots « renaissance » et
« essence » et a pour objectif d’habituer le regard à
une lecture la plus simple possible en deux dimensions
des indications de la mesure du temps.
Benoît Mintiens a très vite intéressé le monde de l’horlogerie,
pourtant peu enclin à toucher à ses traditions
ancestrales. Ressence a ainsi remporté, en 2013 déjà,
le Prix de la Révélation Horlogère au Grand Prix d’Horlogerie
de Genève pour sa Type 3 et il est invité depuis
2017 par la Fondation de la Haute Horlogerie au
Carré des Horlogers qui réunit le gratin des indépendants
lors de la grand-messe annuelle de l’horlogerie
Watches and Wonders à Genève.
La première heure
Une reconnaissance rapide donc, pour un designer
industriel qui, tout en ayant marqué un intérêt certain
pour les montres dès son plus jeune âge, n’avait jamais
songé à devenir horloger. Benoît Mintiens : « Je
viens du design industriel et en tant que tel, je me suis
toujours demandé quelle est la raison d’être d’un produit,
sa pertinence. Pour une montre, c’est l’affichage
du temps. Pour Ressence, mon objectif de départ a
donc été de maximaliser l’expression de la mesure du
temps. Je n’étais pas un fanatique de montres au départ.
Mais je suis un freak de produits bien conçus. Dès
le départ, j’ai donc pris en charge à la fois le design
et la conception mécanique de Ressence : jusqu’à la
moindre roue dentée. Je suis très attiré par la mécanique.
Mais la mécanique n’est qu’un moyen pour arriver
à une fin qui est l’expression efficace du temps :
ce qui m’importe le plus. »
Miles - Vous êtes passé d’un design multisectoriel
à un focus sur un seul produit. Pourquoi ?
Benoît Mintiens - Je ne me suis pas posé la question.
Je ne connaissais personne dans l’horlogerie.
Mais je me souviens que j’ai aimé les montres dès
1. Pour une meilleure visibilité,
la Type 3 inonde d’huile la
moitié supérieure de la montre,
hermétiquement séparée du
mouvement.
2. La dernière Type 3 habillée
d’un vert eucalyptus.
3. La Type 5, une Ressence en
version montre de plongée.
4 & 5. La type 8 est la version
la plus simple du catalogue
Ressence.
6. Image d’archive : Benoît
Mintiens portant le premier
modèle Ressence dont la
couronne latérale a bien vite
disparu.
mon plus jeune âge. Ainsi, j’ai longtemps gardé une
image découpée dans un magazine, d’une Star
Wheel d’Audemars Piguet du début des nineties,
qui affichait trois petits disques mobiles surplombant
le cadran de base… Je suis passé à la montre,
non parce que je me sens un grand philosophe du
temps, mais parce qu’il s’agit pour moi d’un produit
beaucoup plus holistique que la plupart des produits
qui nous entourent.
M - Holistique à quel point de vue ?
BM - À part l’automobile, je n’ai pas trouvé d’autre
produit aussi holistique que la montre. Il y a d’abord
l’esthétique qui est la porte d’entrée d’un produit.
Ensuite, il y a les matériaux, la mécanique, l’ergonomique,
le marketing, l’univers de la marque, etc. Et
pour Ressence, notre approche a été différente des
autres dans chaque aspect. Notre esthétique est immédiatement
reconnaissable. Ergonomiquement,
nos montres se lisent mieux. L’univers de marque
avec la signification de son nom et de son logo nous
distingue clairement… Et toutes ces dimensions sont
cohérentes entre elles. Nous procurons donc une
autre réalité dans l’univers de l’horlogerie. C’est notre
atout.
M - Votre concept de cadran fascine autant qu’il
est difficile de l’expliquer avec des mots.
BM - Il tourne sans cesse sur lui-même, alors que les
petits cadrans qu’il contient en font autant. Toute la
montre change donc d’aspect tout au long du jour et
de la nuit. J’ai repris le concept d’un écran qui offre
plus de possibilités que le papier puisqu’il permet, sur
une même surface, de changer l’information dans le
temps. Un écran comme le papier sont plats : ce qui
facilité la lecture parce les deux yeux voient la même
chose. Imaginez que les lettres d’un livre se retrouvent
1 cm au-dessus du papier…
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