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Corner Magazine #8

De l'ombre à la lumière. Tout va vite en football, et Cameron Puertas en est un exemple probant. Le Vaudois survole le championnat belge en ce début de saison, au point d'être considéré comme le meilleur joueur de la Jupiler Pro League. Nous l'avons rencontré à Lausanne, sa ville, pour une interview exclusive. Lars Villiger est passé de l'anonymat à devenir l'espoir numéro un au poste d'attaquant de l'équipe de Suisse M21. L'attaquant du FC Lucerne possède des qualités indéniables, mais surtout un profil relativement rare en Suisse. Pour compléter notre reportage, Steven Lang, consultant chez blue Sport, partage son avis éclairé sur le jeune buteur. Un club vaudois crée la surprise en ce début de saison. Yverdon Sport surprend tout le monde et contredit les pronostics. Et si Yverdon était la surprise de la Super League ? Décryptage en compagnie d'Anthony Sauthier et William Le Pogam. L'Europe et la France sont sous le charme de Warren Zaïre-Emery. Le Titi Parisien prend une nouvelle dimension dans le système de Luis Enrique. Cela mérite bien un focus dans notre rubrique "Talents d'Europe". Tout va vite en football, et le FC Bâle, l'Ajax ou l'OL ne diront pas le contraire. De la lumière aux zones d'ombre, il n'y a qu'un pas. Découvrez pourquoi ces clubs historiques plongent au point de sentir la menace et le spectre de la bataille contre la relégation peser sur leur saison. Restez connectés, restez au cœur du jeu avec Corner Magazine! Le football suisse n'aura plus de secrets pour vous! ⚽

De l'ombre à la lumière.

Tout va vite en football, et Cameron Puertas en est un exemple probant. Le Vaudois survole le championnat belge en ce début de saison, au point d'être considéré comme le meilleur joueur de la Jupiler Pro League. Nous l'avons rencontré à Lausanne, sa ville, pour une interview exclusive.

Lars Villiger est passé de l'anonymat à devenir l'espoir numéro un au poste d'attaquant de l'équipe de Suisse M21. L'attaquant du FC Lucerne possède des qualités indéniables, mais surtout un profil relativement rare en Suisse. Pour compléter notre reportage, Steven Lang, consultant chez blue Sport, partage son avis éclairé sur le jeune buteur.

Un club vaudois crée la surprise en ce début de saison. Yverdon Sport surprend tout le monde et contredit les pronostics. Et si Yverdon était la surprise de la Super League ? Décryptage en compagnie d'Anthony Sauthier et William Le Pogam.

L'Europe et la France sont sous le charme de Warren Zaïre-Emery. Le Titi Parisien prend une nouvelle dimension dans le système de Luis Enrique. Cela mérite bien un focus dans notre rubrique "Talents d'Europe".

Tout va vite en football, et le FC Bâle, l'Ajax ou l'OL ne diront pas le contraire. De la lumière aux zones d'ombre, il n'y a qu'un pas. Découvrez pourquoi ces clubs historiques plongent au point de sentir la menace et le spectre de la bataille contre la relégation peser sur leur saison.

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CORNER<br />

CAMERON<br />

PUERTAS<br />

La Belgique à ses pieds<br />

LARS<br />

VILLIGER<br />

Une ascension fulgurante<br />

WARREN<br />

ZAÏRE-EMERY<br />

Prototype du football moderne<br />

OCTOBRE 2023 <strong>#8</strong>


L’ÉDITO<br />

Le football suisse va-t-il dans la bonne direction ?<br />

Il n'y a certes que 11 journées de<br />

championnat, il ne faut pas s'affoler<br />

ni tirer de bilan alarmiste trop<br />

rapidement. Cependant, les<br />

premiers signaux de cette nouvelle<br />

formule de la Super League ne sont<br />

pas réjouissants. Le football<br />

champagne imaginé par certains,<br />

avec notamment la promotion des<br />

jeunes talents due à l'élargissement<br />

à douze équipes et à la montée en<br />

puissance de certains clubs, n'est<br />

pas encore au rendez-vous.<br />

Ce début de championnat est<br />

timide, c'est le moins que l'on<br />

puisse dire. La Suisse, pourtant terre<br />

de formation reconnue à l'étranger,<br />

semble, à travers ses clubs, vouloir<br />

retrouver l'approche des années 90.<br />

Cette barre virtuelle destinée à<br />

diviser le championnat en deux<br />

encourage les entraîneurs à jouer la<br />

prudence. Les jeunes talents de<br />

moins de 20 ans sur nos terrains se<br />

comptent sur les doigts d'une main.<br />

À leur place, d'autres joueurs,<br />

parfois bons, mais toujours limités<br />

en termes de développement et de<br />

potentiel. Ce n'est pas surprenant, il<br />

n'a pas fallu attendre 20 ans pour<br />

comprendre que la Suisse n'a pas<br />

les moyens de s'offrir les meilleurs<br />

joueurs de la tranche d'âge 23-28<br />

ans.<br />

Nos clubs, qui rencontrent certaines<br />

difficultés sur la scène européenne,<br />

doivent clairement se poser les<br />

bonnes questions. Il serait peut-être<br />

judicieux d'aller jeter un œil dans<br />

d'autres pays, comme la Belgique<br />

voire même le Danemark. Autrefois<br />

égaux voire inférieurs à notre<br />

championnat, ces pays semblent<br />

avoir pris la bonne direction en<br />

promouvant leur relève, en<br />

recrutant judicieusement des<br />

jeunes joueurs et en maintenant<br />

l'identité de leurs clubs pour réaliser<br />

de bonnes performances sur la<br />

scène européenne.<br />

Une statistique révèle<br />

particulièrement les difficultés<br />

actuelles de notre championnat: le<br />

classement des buteurs. En Suisse,<br />

le meilleur buteur a marqué 5 buts<br />

après 11 journées. C'est le taux le<br />

plus faible en Europe ! Avons-nous<br />

la bonne approche du football ?<br />

Sommes-nous assez créatifs sur le<br />

terrain ? Et si ce grain de folie<br />

pouvait être apporté par le talent<br />

brut à polir ?


SOMMAIRE<br />

CAMERON<br />

PUERTAS<br />

AU SOMMET<br />

Qui sera le meilleur buteur de<br />

Super League ?<br />

Ce n'est pas du tout un trophée à<br />

prendre à la légère, et ils sont<br />

nombreux à vouloir détrôner<br />

l'insatiable Jean-Pierre Nsame.<br />

Il se livre rarement, et pourtant<br />

Cameron Puertas s'est confié à<br />

<strong>Corner</strong> <strong>Magazine</strong>. Découvrez en<br />

exclusivité l'interview du meilleur<br />

joueur actuel du championnat<br />

belge. Et si Cameron ne s'arrêtait<br />

pas là ?<br />

TOUS FOUS<br />

DE WARREN<br />

ZAÏRE-EMERY<br />

Yverdon, la surprise du chef ?<br />

Le néo-promu vaudois surprend !<br />

Alors que tout le monde<br />

s'attendait à ce qu'il ait du mal en<br />

Super League, Yverdon étonne<br />

match après match. Anthony<br />

Sauthier et William Le Pogam<br />

nous parlent de l'incroyable<br />

aventure des Yverdonnois.<br />

L’ASCENCION<br />

FULGURANTE<br />

DE LARS<br />

VILLIGER<br />

Ce mois-ci, les consultants de blue<br />

Sport, Stéphane Henchoz et<br />

Steven Lang, nous livrent leurs<br />

avis sur Cameron Puertas et Lars<br />

Villiger. Vite, allez découvrir cela !<br />

Qui est Sascha Stauch ?<br />

Nous sommes partis sur les traces<br />

du nouvel homme fort de l'équipe<br />

de Suisse M21, un individu discret<br />

qui a gravi les échelons sans<br />

brûler les étapes.


RÉDACTION<br />

Julien MORET<br />

Rayane DERUNGS<br />

Robin GODINAT<br />

Téo NANIA Bénédict PERRET Ludovic CHEVALIER<br />

PRODUCTION<br />

KMedia


Photo: Gabriel Bertelletto


AU TOP<br />

“LE FOOTBALL,<br />

C'EST UNE QUESTION<br />

DE PERSÉVÉRANCE”<br />

Photo: USG


e “gamin d’ici” est devenu star à<br />

l’étranger. Depuis le début de la<br />

saison, Cameron Puertas, 25 ans, brille<br />

en Belgique au point d’être considéré<br />

comme le meilleur joueur du Lchampionnat belge. Ce n'est pas anodin, sachant<br />

que ce championnat exporte ses meilleures<br />

pépites à prix d'or vers les ligues majeures<br />

européennes. Le Vaudois semble être en train de<br />

prendre une toute nouvelle dimension.<br />

Meilleur passeur de la Jupiler Pro League, Puertas<br />

s'intègre parfaitement dans le système du nouvel<br />

entraîneur de l’Union Saint-Gilloise, Alexander<br />

Blessin. Le club bruxellois est actuellement le<br />

leader incontesté de la Belgique.<br />

Serein, Cam reste très calme malgré toute<br />

l’agitation qui l’entoure. “Tout va très vite en<br />

football”, précise-t-il. C'est vrai qu'avec son<br />

parcours atypique et les difficultés rencontrées<br />

lors de son arrivée en Belgique, Puertas connaît<br />

les revers du métier.<br />

Aujourd’hui, il peut enfin savourer son expérience<br />

belge. Grâce à sa persévérance et sa combativité,<br />

le milieu de terrain s'est accroché même lorsqu'il<br />

avait un temps de jeu limité pendant près d'un an<br />

et demi. Désormais, il profite des rares jours de<br />

repos accordés lors des trêves internationales<br />

pour récupérer du rythme effréné des matchs.<br />

Juste après avoir découvert Anfield Road avec son<br />

club, nous l'avons rencontré au stade de la<br />

Tuillière, non loin de chez lui, pour discuter de son<br />

début de saison, de son parcours et de ses<br />

ambitions.<br />

Interview exclusive d'un joueur pas comme les<br />

autres, profondément attaché à sa famille, ses<br />

racines, son quartier et plongé dans une infernale<br />

attente d'un passeport à croix-blanche.<br />

#ÀL’INSTINCT


Cameron, nous sommes mioctobre<br />

et tu as 1'057 minutes de<br />

jeu dans les jambes, soit 98<br />

minutes de moins que toute la<br />

saison 2022-23. Est-ce que cette<br />

trêve internationale arrive au<br />

bon moment pour souffler un<br />

peu ?<br />

Après avoir peu joué ces dernières<br />

années, cela m’a fait beaucoup de<br />

bien de pouvoir enchaîner les<br />

matchs et retrouver du rythme.<br />

Physiquement, je me sens bien et<br />

je n’ai pas de pépins. Mais, la trêve<br />

arrive au bon moment, car nous<br />

avons eu beaucoup de matchs,<br />

cela permet de récupérer.<br />

Qu'est-ce qui est important pour<br />

toi durant la trêve ? Comment te<br />

ressources-tu ?<br />

À chaque trêve, la première chose<br />

que je fais, c'est de rentrer en<br />

Suisse voir ma famille et mes<br />

proches. C’est très important pour<br />

moi. J’ai grandi dans cet<br />

environnement et j’ai toujours eu<br />

beaucoup d’amis autour de moi.<br />

Ma famille a toujours été très<br />

présente, je pense que je peux dire<br />

que c’est la chose la plus<br />

importante pour moi.<br />

Le football de rue<br />

résonne comme un air<br />

de liberté. Tu es libre<br />

de faire ce que tu veux<br />

sur le terrain, de<br />

laisser parler ton<br />

instinct.<br />

La famille, les amis, la région.<br />

C’est quelque chose qui te<br />

manque au quotidien ?<br />

Oui, au début, c'était très dur. Je<br />

suis un enfant de Lausanne.<br />

Imagine: je n’avais jamais habité<br />

ailleurs que dans mon quartier. Du<br />

jour au lendemain, se retrouver en<br />

Belgique, ça fait bizarre (rires). J’ai<br />

eu un gros choc, clairement. Et<br />

surtout, je ne m’attendais pas à un<br />

tel choc. Les 3-4 premiers mois ont<br />

été très durs, ensuite je me suis<br />

acclimaté petit à petit.<br />

Heureusement, j’ai souvent<br />

beaucoup d’amis qui viennent me<br />

voir. Ce n’est pas trop loin. J’ai de la<br />

chance.<br />

Tu as un frère, Liam, qui joue à<br />

Lausanne Nord, un club de<br />

quartier populaire à Lausanne.<br />

Qu’est-ce que le football de<br />

quartier représente pour toi ?<br />

Si j’en suis là aujourd’hui, c’est en<br />

partie grâce à ce football-là. En<br />

fait, quand j’étais petit, j’étais<br />

gardien de but jusqu’à l’âge de 13<br />

ans. Ma seule façon de jouer<br />

joueur de champ était quand je<br />

finissais l’entraînement et que<br />

nous nous retrouvions pour jouer<br />

au football dans la rue ou dans des<br />

tournois organisés par le centre de<br />

loisirs du quartier. C’est là que j’ai<br />

appris à jouer au foot. J’aime ce<br />

football. C’est du pur plaisir, il<br />

résonne comme un air de liberté.<br />

Tu es libre de faire ce que tu veux<br />

sur le terrain, de laisser parler ton<br />

instinct.


Le football d’aujourd’hui est-il<br />

trop « structuré » ?<br />

Ce n’est pas forcément le football<br />

qui est trop structuré, mais c’est<br />

surtout l’époque qui a changé.<br />

Quand j’étais petit, nous sortions<br />

de l’école et nous jouions au foot.<br />

Tous les jours, c’était comme ça.<br />

Nous restions dehors jusqu’à<br />

18h/19h pour jouer au football.<br />

Nous n’avions pas de Playstation<br />

ou d’autres distractions. Nous<br />

pensions au football 24h sur 24h.<br />

Est-ce que cette empreinte de «<br />

football de rue » est toujours<br />

présente chez Cameron Puertas<br />

aujourd’hui ?<br />

Oui, même si je ne suis pas le plus<br />

grand dribbleur sur un terrain.<br />

Mais je pense être un joueur<br />

d’instinct. Je suis quelqu’un<br />

d’imprévisible qui réfléchit à<br />

l’instant. Cette habileté, je la dois<br />

au quartier.<br />

Je suis un joueur<br />

imprévisible. Je<br />

réfléchis à<br />

l’instant. Cette<br />

habileté, je la dois<br />

au quartier !<br />

Photo: USG


Est-ce que le fait d’être entré<br />

dans la filière élite très tard joue<br />

également un rôle là-dedans ?<br />

Cela m’a aidé surtout au niveau<br />

physique. Lorsque j’avais 16 ans, je<br />

jouais déjà avec des adultes.<br />

L’impact physique n’est<br />

clairement pas le même que<br />

lorsque tu es en junior. Quand je<br />

suis revenu à Lausanne avec les<br />

M21, j’étais un peu au-dessus<br />

physiquement par rapport à mes<br />

coéquipiers. J’avais l’habitude du<br />

«vrai foot», dans la mesure où les<br />

contacts sont bien plus durs avec<br />

des adultes. Et je vais même plus<br />

loin, lorsque tu évolues en 2ème<br />

ligue et que tu joues contre des<br />

mecs qui bossent toute la<br />

semaine, je peux t’assurer que<br />

c’est costaud ! Les joueurs en face<br />

de moi étaient peintres dans la<br />

vraie vie (rires).<br />

On a évoqué ton frère qui évolue<br />

en 3ème ligue, est-ce qu’il y a<br />

une forme de jalousie qui se crée<br />

par rapport à ton statut de<br />

joueur professionnel ?<br />

Non, pas du tout. Nous sommes<br />

vraiment très proches, mon frère,<br />

mes sœurs, mes parents et moi.<br />

On s’est toujours soutenus<br />

mutuellement. Et je n’ai pas peur<br />

de le dire: mon frère est un joueur<br />

plus talentueux que moi sur le<br />

plan technique ! Je pense<br />

sincèrement qu’il aurait pu être un<br />

très bon joueur. Il a choisi l’école et<br />

a mis le football de côté. Encore<br />

aujourd’hui, j’essaie de le motiver à<br />

aller plus haut, mais il joue pour le<br />

plaisir. Il est dans une équipe<br />

d’amis avec une superbe<br />

ambiance. Ils ont de très bons<br />

joueurs, d’anciens joueurs du<br />

Lausanne Sport qui viennent du<br />

même quartier que moi. Ce sont<br />

vraiment des bons joueurs.<br />

Photo: USG


Tu essaies de le motiver pour<br />

aller plus haut, c’est-à-dire ?<br />

Je voulais qu'il fasse des tests en<br />

1ère ligue voire même en<br />

Promotion League, mais il était en<br />

période d'examens et j'ai vite<br />

compris qu'il ne voulait pas être<br />

perturbé par tout ça. Peut-être<br />

qu'il jouera à un niveau supérieur<br />

plus tard. Il a largement le niveau.<br />

n'imagines jamais réussir si tu ne<br />

joues pas au LS. Mais même si à 14<br />

ans tu évolues dans un autre club,<br />

il te faudra encore 6 ans pour avoir<br />

la chance de devenir<br />

professionnel. Tu peux créer ton<br />

propre chemin ! Le football, c'est<br />

une question de persévérance.<br />

Donc aucune jalousie ?<br />

Non, aucune. Mais si tu veux tout<br />

savoir, quand nous étions petits,<br />

nous nous mettions un peu en<br />

compétition lors des grillades en<br />

famille (rires). Il fallait mettre un<br />

petit pont de plus pour être<br />

tranquille !<br />

C’est intéressant que tu dises<br />

qu'il est meilleur que toi<br />

techniquement. Qu’est-ce qui<br />

fait qu'un joueur un peu moins<br />

talentueux réussit selon toi ?<br />

C’est le mental ! Tout simplement !<br />

Bien sûr, il faut un peu de chance<br />

aussi, avec les opportunités qui te<br />

sont données ou le bon entraîneur<br />

au bon moment. La chance<br />

d'éviter les blessures et de pouvoir<br />

jouer. Mais la mentalité fait le<br />

reste. Combien de joueurs<br />

abandonnent à un moment<br />

donné ? Je peux te citer plein de<br />

joueurs qui étaient meilleurs que<br />

moi à l’époque et qui jouent<br />

maintenant en 3ème ligue. Ces<br />

joueurs-là ont tout simplement<br />

craqué mentalement. Ils n'ont pas<br />

poussé leurs limites jusqu'au bout.<br />

S'accrocher et savoir se dépasser<br />

constamment, c'est extrêmement<br />

important. Même aujourd'hui,<br />

pour aller plus loin. C'est la clé !<br />

Mon parcours en est l'exemple<br />

parfait. Quand tu viens de la<br />

région, tu<br />

Photo: USG


À quel âge as-tu senti que tu<br />

pouvais percer ?<br />

C'était à Renens. J'avais 15/16 ans<br />

et je jouais avec l'équipe de 2ème<br />

ligue. Il y avait des week-ends où<br />

je jouais trois matchs d'affilée, un<br />

avec les B inter, un autre avec la<br />

3ème ligue et enfin un avec la<br />

2ème ligue. J'ai compris à ce<br />

moment-là que j'avais la condition<br />

physique pour clairement jouer<br />

plus haut. On comptait beaucoup<br />

sur moi. Ensuite, je suis parti à<br />

Morges avec mon beau-frère où<br />

tout s'est très bien passé. Le coach<br />

de l'époque a beaucoup contribué<br />

à mon arrivée. J'ai eu la chance de<br />

jouer régulièrement, j'ai fait une<br />

première entrée où j'ai délivré une<br />

passe décisive. Ensuite, j'ai eu une<br />

bonne semaine à l'entraînement<br />

et au match suivant, un joueur<br />

s'est blessé à la 20ème minute de<br />

jeu. J'ai été appelé, j'ai bien joué ce<br />

match et j'ai ensuite enchaîné<br />

toute la saison. Puis un jour, le<br />

téléphone a sonné. C'était Marc<br />

Ottiger, Lausanne voulait que je<br />

passe des tests.<br />

Quel joueur t’as inspiré quand tu<br />

étais jeune ?<br />

J’étais gardien, donc je vais te dire<br />

Iker Casillas ! J’étais capable de<br />

pleurer s’il prenait un but (rires) !<br />

J’étais vraiment fan.<br />

Tu as beaucoup bougé sur le<br />

terrain avec différentes<br />

positions, certaines plus<br />

offensives et d’autres plus<br />

défensives. As-tu un rôle de<br />

prédilection ?<br />

Lorsque j’ai commencé à jouer en<br />

pro, j’ai toujours aimé évoluer en 6<br />

avec deux points de base. J’aime<br />

avoir de la liberté sur le terrain et<br />

voir le jeu. Ce poste me permettait<br />

de percuter et mettait en valeur<br />

mon volume de jeu. Ensuite, Ilija<br />

Borenović a pris en charge<br />

l’équipe première. C’était mon<br />

entraîneur en M21 et il m’a fait<br />

jouer plus haut en 8. L’Union m’a<br />

recruté pour évoluer à ce poste. Je<br />

suis un joueur qui aime beaucoup<br />

bouger, donc j’ai quand même dû<br />

apprendre à me canaliser un peu<br />

sur le terrain. Désormais, j’évolue<br />

presque un peu plus haut et<br />

légèrement sur la gauche. Je suis<br />

épanoui, j’aime vraiment ce poste<br />

qui me permet de provoquer,<br />

d’amener du danger, de créer des<br />

occasions, d’être décisif et de jouer<br />

sur mes qualités défensives aussi.<br />

Donc, il me correspond<br />

parfaitement.<br />

Il y a aussi une différence<br />

notable avec Lausanne: à l’Union,<br />

vous dominez la plupart des<br />

matchs.<br />

Oui, c’est clair. Jouer pour une<br />

équipe qui joue le maintien ou qui<br />

vise le haut de tableau, voire<br />

même le titre, n’a rien à voir. Ici, on<br />

doit faire le jeu. Je pense être dans<br />

l’environnement parfait pour<br />

montrer toutes mes qualités.<br />

Le fait d’avoir cette polyvalence,<br />

c’est aussi parce que tu sais<br />

presque tout faire sur le terrain.<br />

Marquer, dribbler, passer,<br />

récupérer des ballons, aller au<br />

duel, effectuer des courses. Je<br />

vais pousser le vice un peu loin,<br />

mais tu me fais penser un peu à<br />

Jude Bellingham. Un milieu<br />

capable de tout faire. Tu<br />

constates aussi cette<br />

polyvalence ?<br />

Oui, j’en suis conscient. Je suis très<br />

à l’aise avec les consignes de<br />

l’entraîneur. Je sais que si on me<br />

demande de défendre, je sais le<br />

faire, de même si on doit attaquer.<br />

C’est une chance, car je pense<br />

pouvoir être performant à tous les


postes au milieu de terrain. Après,<br />

je joue là où on me demande de<br />

jouer et je donne toujours le<br />

meilleur de moi-même sur le<br />

terrain. Je pense que cela fait aussi<br />

partie de mon style de jeu.<br />

Pour appuyer mon propos, voici<br />

quelques chiffres. Tu es le joueur<br />

le plus décisif de ton équipe<br />

(buts + passes décisives), celui<br />

qui crée le plus de grandes<br />

occasions (7) en Belgique et avec<br />

l'un des meilleurs taux de passes<br />

réussies pour un joueur offensif<br />

(près de 80%), le meilleur<br />

dribbleur avec 3 dribbles réussis<br />

par match, celui qui obtient le<br />

plus de penalties (2), et le<br />

deuxième joueur qui réussit le<br />

plus de tacles par match (2,2).<br />

Les chiffres montrent que tu es<br />

performant, mais que tu n’es pas<br />

en<br />

surperformance. Penses-tu<br />

pouvoir être encore meilleur ?<br />

Je crois que l’on peut toujours<br />

s’améliorer. Mais, il est vrai que je<br />

réalise un très bon début de saison<br />

et les chiffres plaident en ma<br />

faveur. On sait qu’aujourd’hui les<br />

statistiques sont importantes dans<br />

le football. En évoluant plus haut<br />

sur le terrain, je peux délivrer des<br />

passes décisives, dribbler,<br />

marquer. Mais très honnêtement,<br />

je ne calcule pas. Je joue à<br />

l’instinct et cela me réussit. Je ne<br />

dois rien changer dans ce sens.<br />

Est-ce que tu suis ces chiffres ?<br />

Aujourd’hui, sur Instagram, tu es<br />

identifié sur de nombreux posts,<br />

notamment des publications en<br />

ce sens. Donc forcément, ça rentre<br />

un peu dans ta tête. Lorsque tu as<br />

d'excellentes statistiques, tu es<br />

clairement mis en avant.<br />

Photo: USG


Le FotMob rating te place<br />

comme le meilleur joueur actuel<br />

du championnat belge (8,13).<br />

Raconte-nous ton adaptation et<br />

ce qui fait que tu es à ce niveau<br />

actuellement.<br />

Il y a un an et demi, je n’aurais<br />

jamais imaginé être à ce niveau,<br />

dans cette situation. Mais je suis<br />

très heureux, et je suis aussi très<br />

fier de n'avoir rien lâché lorsque<br />

c'était plus compliqué. Quand je<br />

suis arrivé, je pensais m'imposer<br />

beaucoup plus vite et je me suis<br />

rendu compte que le niveau était<br />

plus élevé que ce que je pensais.<br />

Le championnat est meilleur que<br />

le championnat suisse et comme<br />

évoqué précédemment, je quittais<br />

mon cocon. Il faut savoir avaler sa<br />

frustration, notamment lors des<br />

moments où je pensais<br />

sincèrement mériter de jouer plus.<br />

J'ai transformé cette frustration en<br />

détermination. En démarrant<br />

cette saison, j'étais déterminé à ne<br />

plus revivre une saison «sans<br />

jouer».<br />

As-tu pensé à partir ?<br />

Dans ma tête, c'était clair que je<br />

n'allais pas jouer tous les matchs<br />

durant les 6 premiers mois. Une<br />

fois l'adaptation faite, il fallait que<br />

tout s'accélère. Par la suite, mon<br />

niveau s'est amélioré. J'ai réalisé<br />

une bonne préparation, j'ai joué de<br />

bons matchs et même marqué<br />

des buts. J'étais en concurrence<br />

avec un autre joueur et je savais<br />

que si je débutais titulaire, tout<br />

pouvait changer. Je suis devenu<br />

remplaçant, et j'ai débuté un autre<br />

match dans lequel j'évoluais très<br />

bas sur le terrain et nous avons<br />

perdu largement. Il y a même eu<br />

deux-trois matchs où je n'étais pas<br />

convoqué. Je savais que la saison<br />

allait être longue. J'ai continué à<br />

travailler, mais mon statut n'a pas<br />

changé. En fin de saison, j'ai eu<br />

une discussion avec le directeur<br />

sportif qui a toujours cru en moi.<br />

De mon côté, c'était clair: je ne<br />

voulais pas revivre une saison<br />

comme ça. Il m'a dit: « Il y a un<br />

nouveau coach qui arrive, vois<br />

comment ça se passe. Si tu te<br />

retrouves dans la même situation,<br />

alors nous ne te bloquerons pas. »<br />

J'ai persévéré, j'ai joué le jeu. J'étais<br />

prêt à accepter que si ça ne<br />

fonctionnait pas avec ce coach, le<br />

problème venait de moi. J'étais<br />

prêt à faire un pas en arrière pour<br />

mieux rebondir. Le feeling est<br />

rapidement passé avec le nouvel<br />

entraîneur et aujourd'hui je me<br />

sens libéré. Je sens la confiance du<br />

coach et cela se reflète dans mes<br />

performances.<br />

C’est une sacrée preuve de<br />

maturité de te dire que le<br />

problème pourrait venir de toi.<br />

J’ai eu un parcours atypique dans<br />

la mesure où je n’ai pas suivi la<br />

filière élite depuis tout petit. Je<br />

suis un peu sorti de nulle part et<br />

j’ai en moi ce côté de devoir faire<br />

deux fois plus que les autres pour<br />

y arriver.<br />

Je suis un peu sorti<br />

de nulle part. Je sais<br />

que je dois faire<br />

deux fois plus que<br />

les autres pour y<br />

arriver.


J’ai aussi beaucoup gagné en<br />

maturité en venant vivre seul ici,<br />

en Belgique. À Lausanne, j’étais<br />

considéré comme le «gamin d’ici»,<br />

tout le monde voulait prendre des<br />

photos avec moi après les matchs.<br />

En Belgique, je ne jouais pas, on<br />

ne me demandait pas de photo !<br />

C’est la réalité du foot. Donc, il faut<br />

travailler et je n’avais rien à perdre.<br />

Je ne voulais surtout pas avoir de<br />

regrets, me dire que «j’aurais pu».<br />

Donc, j’ai tout donné. Si j’avais été<br />

amené à partir, je voulais que ce<br />

soit la tête haute par rapport à<br />

mon investissement personnel.<br />

Être projeté rapidement sur le<br />

devant de la scène, est-ce que ça<br />

peut faire tourner un peu la tête<br />

?<br />

Oui, sans hésitation. Quand tu es<br />

en forme, tout tourne autour de<br />

toi. Les demandes d’interviews, les<br />

photos, la presse. Aujourd’hui, tu<br />

as accès à tout ça via ton<br />

téléphone très facilement. C’est<br />

difficile de ne pas le remarquer. Tu<br />

es identifié sur des posts, tu<br />

trouves facilement des articles sur<br />

toi sur internet où il suffit de taper<br />

ton nom. Ce qui est dangereux,<br />

c’est que cela va dans les deux<br />

sens. Quand tout va bien, cela<br />

peut être perçu comme positif et<br />

cela peut te donner de l’énergie,<br />

mais quand ça va mal, c’est très<br />

compliqué à vivre. J’essaie de ne<br />

pas regarder. Je ne suis pas<br />

quelqu’un qui va vérifier les notes<br />

attribuées après un match. Même<br />

s’il y a des choses que tu vois sans<br />

le vouloir. Mais je dirais qu’il faut<br />

sentir les moments où tu peux lire<br />

ce qu’on écrit sur toi et les<br />

moments où il ne faut pas. Il y a<br />

des moments où tu as intérêt à<br />

rester concentré et à ne pas trop<br />

te disperser.<br />

Comment l’arrivée de Alexander<br />

Blessin t’a permis de devenir le<br />

joueur que tu es actuellement ?<br />

Petite précision, il vient de<br />

l’école « Redbull » Leipzig. Est-ce<br />

un style de football qui te<br />

convient ?<br />

Complètement. C’est un<br />

entraîneur qui est très proche de<br />

ses joueurs, c’est une bonne<br />

personne. C’est important pour<br />

moi, car je ne parle pas bien<br />

anglais. En parallèle, c’est un<br />

passionné de travail et on ressent<br />

bien l’influence de l’école<br />

allemande dans sa méthode. Son<br />

jeu dynamique me correspond<br />

bien.<br />

Qu’est-ce qui fait la force de<br />

votre équipe, qui est en tête du<br />

championnat belge ?<br />

C’est un club qui travaille très bien<br />

dans le recrutement. Le<br />

remplacement d’un joueur est<br />

toujours très bien planifié et<br />

exécuté. Ensuite, l’Union n’a pas<br />

abandonné sa philosophie très<br />

familiale malgré les récents<br />

succès. Le club est resté très sain,<br />

tout comme lorsqu’il évoluait en<br />

deuxième division. C’est une<br />

ambiance unique. Assister à un<br />

match à l’Union est quelque chose<br />

de très spécial. Les supporters sont<br />

incroyables, très respectueux.<br />

Même si l’on perd un match 4-0,<br />

nous ne serons pas insultés. Ils<br />

resteront derrière nous. Ils étaient<br />

2'000 à Liverpool. L’atmosphère<br />

autour de ce club est quelque<br />

chose de rare dans le football<br />

professionnel.


Cameron Puertas<br />

Photo: USG<br />

Vu de Suisse, le club semble être<br />

sorti de nulle part.<br />

Un peu, en effet, tout s’est déroulé<br />

très rapidement. C’était un des<br />

très bons clubs en Belgique dans<br />

les années 1930. Ensuite, ils ont<br />

connu une descente. Le<br />

propriétaire de Brighton a racheté<br />

le club et a entrepris une<br />

reconstruction très intelligente.<br />

Actuellement, nous surfons<br />

vraiment sur cette vague de<br />

succès où presque tout nous<br />

réussit. L’Union a vraiment pris de<br />

l’ampleur ! Cependant, c’est<br />

paradoxal, car certaines choses<br />

nous rappellent d’où nous venons,<br />

notamment nos vestiaires. Ils sont<br />

loin d’être des vestiaires de niveau<br />

professionnel (rires). Malgré les<br />

résultats, le club garde les pieds<br />

sur terre. Les salaires ne sont pas<br />

énormes comparés à d’autres<br />

clubs belges.<br />

Parlons de l’Europe. L’Union<br />

Saint-Gilloise est dans un groupe<br />

relevé avec LASK, Toulouse et<br />

surtout Liverpool. La deuxième<br />

place risque de se jouer entre<br />

vous et le Toulouse de Vincent<br />

Sierro. Quelles sont vos chances<br />

?<br />

On ne va pas se mentir, Liverpool<br />

va finir premier du groupe. La<br />

deuxième place est accessible<br />

pour les trois autres équipes.<br />

J’espère que nous parviendrons à<br />

finir deuxième. Toulouse est une<br />

très bonne équipe, mais tout est


possible. Il faut élever notre niveau<br />

de jeu pour décrocher quelque<br />

chose au niveau européen.<br />

Est-ce qu'il y a une pression<br />

particulière en Belgique au<br />

moment d’affronter une équipe<br />

française ?<br />

Non, c’est plus les médias qui vont<br />

évoquer cela. Pour nous, les<br />

joueurs, ça ne change rien. De<br />

mon côté, il y aurait une<br />

adrénaline spéciale si j’affrontais<br />

Servette. En tant que Lausannois,<br />

c’est toujours important d’aller<br />

gagner contre eux (rires).<br />

Quand tu affrontes Liverpool à<br />

Anfield et que tu te mesures aux<br />

meilleurs joueurs du<br />

championnat anglais, qu’est-ce<br />

que tu ressens ?<br />

Quand tu joues contre Liverpool<br />

en coupe d’Europe, tu te dis que<br />

tu es sur la bonne voie. C’est le<br />

niveau supérieur. C’est cette<br />

impression que je ressens.<br />

As-tu conscience que c'est un<br />

match important pour ta carrière<br />

?<br />

Oui, bien sûr ! Mais il ne faut pas<br />

trop y réfléchir, c'est contreproductif.<br />

Mais c’est clair que tu<br />

sais que c’est un match spécial,<br />

peut-être que tu ne joueras ce<br />

match qu’une fois dans ta vie. À<br />

Anfield, il y avait 20 amis à moi<br />

dans le stade, c’est quelque chose<br />

qui m’a donné de la force. Je<br />

n’avais pas de pression quand le<br />

coup d’envoi a été donné. Je ne<br />

voulais surtout pas avoir de<br />

regrets.<br />

Quand le match se termine, à<br />

froid, est-ce que tu penses être<br />

loin du niveau de ces joueurs ?<br />

Est-ce que tu repenses à tout le<br />

chemin que tu as parcouru pour<br />

en arriver là ?<br />

En fait, pour ma part, ce qui m’a le<br />

plus impressionné, c’est la veille<br />

du match. Déjà, tu reçois plein de<br />

messages, mais là tu ne te rends<br />

pas vraiment compte. J’ai<br />

vraiment réalisé quand nous<br />

sommes arrivés avec le car devant<br />

Anfield. Tu te dis: «Ok, c’est<br />

vraiment impressionnant !»<br />

Ensuite, tu vois le logo de<br />

Liverpool, les trophées, les<br />

vestiaires. C’est un autre monde.<br />

C’est exactement à ce moment-là<br />

que j’ai repensé à mon parcours.<br />

S’imaginer que dans le stade il y<br />

aura tous mes amis du quartier,<br />

ma famille, c’est surréaliste. Il y a<br />

beaucoup de fierté. Ensuite, le jour<br />

du match est très long. Du réveil<br />

au coup d’envoi, il y a beaucoup<br />

d’impatience. Et finalement, une<br />

certaine angoisse plus on se<br />

rapproche du coup d’envoi. C’était<br />

comme pour mon premier match<br />

en pro. Je me souviens, je<br />

marchais dans ma chambre.<br />

J’avais tellement peur de me rater.<br />

J’étais tétanisé. Et finalement, une<br />

fois sur le terrain, lorsque j’ai vu<br />

ma famille et mes amis, tout est<br />

redescendu. C’était pareil à<br />

Anfield. Tout se transforme<br />

ensuite en adrénaline.<br />

J’ai vraiment apprécié le moment !<br />

Se retrouver sur le terrain avec<br />

Alisson, Alexander Arnold, c’est<br />

magique. Tout va plus vite. Il a fallu<br />

15 à 20 minutes d’adaptation, mais<br />

ensuite, nous étions bien dans le<br />

match. Il fallait appréhender un<br />

peu l’environnement, le stade,<br />

l’ambiance.


Est-ce que c’est un match qui<br />

peut changer une vie ?<br />

Oui, c’est un peu comme quand<br />

j’étais plus jeune et qu’on jouait<br />

avec la réserve contre la première<br />

équipe. Tu sais que si tu fais un<br />

bon match, ça peut accélérer les<br />

choses. Là c’est une autre<br />

dimension. Un gros match contre<br />

un club comme ça peut changer<br />

beaucoup de choses. Il ne faut pas<br />

se mentir. Il y a beaucoup de<br />

joueurs qui ont fait carrière grâce à<br />

un évènement comme ça. C’est<br />

des clubs qui ont de l’argent, ils<br />

peuvent t’acheter facilement. Mais<br />

c’est là aussi qu’il faut prendre du<br />

recul. Ne pas vouloir trop en faire. Il<br />

faut jouer comme tu sais le faire et<br />

les choses viendront<br />

naturellement.<br />

Tu as laissé une trace à<br />

Lausanne, comme l’enfant du<br />

club. Ton départ avait touché<br />

beaucoup de supporters à<br />

l’époque. Quels liens entretienstu<br />

avec le club ?<br />

C’est vrai que j’avais cette<br />

étiquette d’enfant du club. Ce fut<br />

positif pour les deux parties, car le<br />

club n’avait plus vraiment sorti de<br />

joueur depuis un petit moment.<br />

Donc c’était très bien pour l’image<br />

du club également. Je pense que<br />

les fans se sont reconnus en moi et<br />

cela a donné envie à des<br />

supporters de venir au stade. Je<br />

suis Lausannois, j’étais ramasseur<br />

de balles à l’époque. Lausanne,<br />

c’est mon club. Je suis clairement<br />

un fan du LS. Dès que je peux, je<br />

suis les matchs, je les regarde.<br />

J’étais extrêmement content<br />

lorsqu’ils sont montés. J’espère<br />

très sincèrement qu’ils vont réussir<br />

à se maintenir.<br />

La Belgique, c’était un choix<br />

facile ?<br />

Oui ! J’avais deux-trois pistes, mais<br />

c’était clairement le projet le plus<br />

adapté pour moi. À l’époque, il y<br />

avait des articles qui disaient que<br />

je partais pour l’argent, que j’étais<br />

un mercenaire, mais pas du tout.<br />

C’était simplement le pas à faire<br />

pour mon développement. Je<br />

remercie vraiment mon agent, qui<br />

est comme un grand frère pour<br />

moi, qui m’a parfaitement<br />

accompagné dans ce choix.<br />

Passons au sujet du moment.<br />

Quand est-ce que Cameron<br />

Puertas devient Suisse (rires) ?<br />

(rires) Écoute, normalement, sauf<br />

retournement de situation,<br />

courant 2026 ou 2027.<br />

Photo: USG<br />

Est-ce que tu ressens l’attente<br />

des supporters de l’équipe de<br />

Suisse de te voir porter le maillot<br />

de la Nati ?


Oui, on m’en parle souvent. Très<br />

honnêtement, au début, j’avais<br />

énormément de mal à accepter<br />

cela. Aujourd’hui, je me suis fait<br />

une raison. Je te dirai même que<br />

ça fait partie de mon histoire.<br />

Est-ce que tu as déjà eu des<br />

discussions avec l’ASF et est-ce<br />

qu'ils ont essayé de forcer les<br />

choses ?<br />

Oui, lorsque j'avais fait une bonne<br />

saison en Super League. Mais nous<br />

sommes en Suisse, tout est très<br />

carré. C’est très compliqué de faire<br />

des exceptions. Si j’étais<br />

sélectionnable, je pense que je<br />

serais dans les papiers du<br />

sélectionneur. C’est dommage.<br />

Aujourd’hui, je ne tourne pas la<br />

page. Je veux maintenir mon<br />

niveau de jeu et j’espère vivre des<br />

émotions avec la sélection dans 3<br />

ans. Tout est encore possible.<br />

Les intérêts vont forcément se<br />

manifester. Est-ce qu’il y a un<br />

championnat qui t’attire plus<br />

que d’autres ?<br />

Oui, j’aime beaucoup l’Angleterre.<br />

Il y a également la Liga que je suis<br />

beaucoup, et c’est un<br />

championnat qui a un affect<br />

particulier pour moi via mes<br />

origines. Jouer dans le<br />

championnat espagnol serait un<br />

superbe cadeau pour mes parents.<br />

Comment vois-tu la suite de ta<br />

carrière ?<br />

J’ai fait l’erreur de trop penser à ça<br />

par le passé. Aujourd’hui, je veux<br />

finir ma saison et me dire que j’ai<br />

réalisé une très bonne saison. Je<br />

ne pense pas à tout cela. J’y<br />

penserai lorsque mon agent me<br />

demandera de le faire car des<br />

éléments concrets seront sur la<br />

table.<br />

Photo: ASF


Stéphane Henchoz<br />

Consultant<br />

blue Sport<br />

L’avis de<br />

L’export<br />

Un petit mot sur Cameron Puertas ?<br />

Il a traversé une période d'adaptation difficile, qui a pris plus de temps que ce qu'il<br />

avait initialement prévu. Cependant, il est indéniable que le championnat belge<br />

est d'un niveau supérieur à celui de la Suisse. Il regorge de joueurs talentueux, ce<br />

qui demande inévitablement un temps d'adaptation. Aujourd'hui, il a su se faire<br />

une place, faisant preuve de patience et de détermination, ce qui mérite d'être<br />

salué. Nous étions conscients de ses qualités, que nous avions pu observer en<br />

Super League. Il se distingue comme un milieu de terrain polyvalent, affichant un<br />

remarquable volume de jeu. De plus, il possède une excellente technique, lui<br />

permettant à la fois de marquer des buts et de réaliser des passes décisives. Son<br />

profil est complet et très intéressant. C’est également un joueur avec un bel<br />

impact physique, cette caractéristique est importante pour le haut niveau.<br />

Le voir joueur si haut dans le terrain, est-ce surprenant ?<br />

En raison de ses qualités techniques, il est indiscutable qu'il a la capacité de faire la<br />

différence plus haut sur le terrain. Cependant, il est vrai que nous l'avons souvent<br />

observé évoluer en position plus reculée en Super League. Il était fréquemment<br />

utilisé dans un rôle de récupérateur ou de relayeur. Toutefois, sa capacité à jouer à<br />

plusieurs postes et dans divers systèmes de jeu est un avantage majeur.<br />

Que lui manque-t-il pour aller dans un club du big 5 ?<br />

Grâce à son excellent début de saison, il a attiré l'attention des observateurs.<br />

Naturellement, des recruteurs vont venir le superviser. Lorsque l'on évolue à<br />

l'Union Saint-Gilloise, un club important en Belgique, les bonnes performances ont<br />

un impact significatif. Ce championnat est scruté par les plus grands clubs<br />

européens, car il offre des opportunités à moindre coût. Il se classe juste après les<br />

cinq meilleurs championnats d'Europe, ce qui attire de nombreux jeunes talents.<br />

Cameron Puertas doit désormais confirmer son bon début de saison sur<br />

l'ensemble de la saison, et les intérêts des clubs viendront automatiquement à lui.<br />

Il a la chance de jouer en Europa League, ce qui lui offre l'opportunité de se<br />

montrer à un niveau européen. C'est lors de ces matchs et des chocs au sommet<br />

du championnat belge qu'il doit être performant. Ce sont ces rencontres qui<br />

influent sur l'avenir d'un joueur et incitent les clubs à agir.<br />

Jouer Liverpool, un club que vous connaissez bien, peut changer une carrière ?<br />

Absolument, réaliser une excellente performance contre un club tel que Liverpool<br />

peut indéniablement propulser une carrière. C'est lors de ces matchs que les<br />

joueurs sont confrontés aux meilleurs joueurs et à la plus haute intensité. Si l'on<br />

parvient à se montrer performant dans de telles circonstances, c'est un atout. Les<br />

joueurs en sont parfaitement conscients. C'est pourquoi ces rencontres sont non<br />

seulement des défis, mais aussi des opportunités de briller et de se faire<br />

remarquer à l'échelle internationale.


PORTRAIT<br />

QUI EST<br />

SASCHA STAUCH<br />

L’ENTRAÎNEUR DE LA<br />

SUISSE M21 ?


Photo: ASF


lors que l'équipe de Suisse espoir a commencé<br />

victorieusement ses éliminatoires pour l'Euro 2025, avec<br />

trois victoires en autant de matchs, <strong>Corner</strong> <strong>Magazine</strong><br />

vous propose de découvrir le nouvel entraîneur de<br />

Al'équipe des Rougets, Sascha Stauch.<br />

Il faut remonter à la saison 1996-<br />

1997 pour trouver trace d’un<br />

entraîneur étranger à la tête de<br />

l’équipe Suisse M21. À l’époque, le<br />

Belge Michel Renquin avait alors<br />

sous ses ordres les jeunes Raphaël<br />

Wicky, Gerardo Seoane, Fabio<br />

Celestini, Patrick Müller ou encore<br />

Boris Smiljanic. Bien que chacun<br />

de ces joueurs ait effectué un<br />

magnifique parcours, que ce soit<br />

en tant que joueur ou entraîneur,<br />

cette génération n'est pas restée<br />

gravée dans les annales du<br />

football de notre pays. Depuis le<br />

mois de juillet, un Allemand de 49<br />

ans a pris les rênes de l’équipe<br />

nationale espoir. Il s'agit de Sascha<br />

Stauch, un inconnu du grand<br />

public, mais qui trace son chemin<br />

à l'Association suisse de football.<br />

Un entraîneur qui a construit sa<br />

carrière loin des projecteurs<br />

Né à Waldshut-Tiengen, à<br />

quelques kilomètres de la<br />

frontière suisse, Sascha Stauch a<br />

connu une modeste carrière de<br />

joueur, effectuée pour la quasitotalité<br />

dans les ligues inférieures<br />

suisses, entre Olten, Baden, Aarau<br />

ou encore Schaffhouse. Il débute<br />

son parcours de coach comme<br />

entraîneur-joueur au FC Olten en<br />

2006, à l’âge de 32 ans. Après<br />

quatre ans passés à découvrir le<br />

métier en 1ère ligue, il est repéré<br />

par le FC Aarau, qui l’engage<br />

comme coordinateur dans la<br />

formation. Il y reste jusqu’en<br />

2017, dirigeant même un match<br />

de l’équipe première en tant<br />

qu’entraîneur intérimaire en 2015.<br />

Son excellent travail au service des<br />

jeunes lui permet en parallèle de<br />

travailler pour l’Association suisse<br />

de football, en tant que<br />

responsable de l’analyse des<br />

données.<br />

Les données au cœur du<br />

système<br />

À l’heure où les données sont<br />

encore peu utilisées, l’Allemand<br />

développe sa science du football<br />

dans l’ombre à Muri. Entre 2014 et<br />

2018, l’ancien joueur du FC Aarau<br />

est notamment responsable de<br />

l’analyse des données ainsi que<br />

des adversaires des équipes de<br />

Suisse juniors. Il contribue<br />

notamment à professionnaliser<br />

l’analyse de jeu et à moderniser<br />

l’utilisation de la technologie dans<br />

la relève helvétique, comme il<br />

l’expliquait dans une interview à<br />

Bolzplazz au mois de mai dernier:<br />

«Nous avons notamment mis en<br />

place la formation d'analystes de<br />

jeu et, avec le projet Filming &<br />

Analyse, nous avons offert à<br />

toutes les équipes de la relève de<br />

nouveaux outils dans le domaine<br />

de l'analyse du jeu. Des caméras<br />

mobiles et des logiciels d'analyse<br />

comme Dartfish ou InStat ont<br />

ainsi été installés.»


Si la Suisse a prouvé depuis vingt<br />

ans qu’elle possède un excellent<br />

système de formation, l’Allemand<br />

estime toutefois que notre pays<br />

peut encore progresser dans le<br />

domaine: «Le domaine de<br />

l'analyse de jeu doit absolument<br />

être encore étendu en Suisse. La<br />

génération Z a vécu la<br />

numérisation et est habituée à<br />

traiter des contenus numériques.<br />

C'est donc précisément dans ce<br />

domaine qu'un grand potentiel<br />

sommeille encore et qu'il vaut la<br />

peine d'investir.»<br />

Ses fonctions à l’Association suisse<br />

de football lui donnent l’occasion<br />

de collaborer activement avec<br />

l’ensemble des entraîneurs de<br />

l’ASF de l’époque. En 2018, il est<br />

nommé adjoint de Mauro<br />

Lustrinelli, poste qu’il occupera<br />

jusqu’en 2022. Entre 2018 et 2023,<br />

il est également entraîneur des<br />

M16 et M17. Sous ses ordres,<br />

l’équipe de Suisse M17 s’est<br />

notamment qualifiée pour l’Euro<br />

2023, une première depuis cinq<br />

ans.<br />

Un homme de la maison ASF<br />

pour commencer un nouveau<br />

cycle<br />

Le choix de Sascha Stauch comme<br />

nouvel entraîneur des Rougets<br />

dénote d’une vraie volonté de la<br />

part de l’Association suisse de<br />

football de miser sur la continuité,<br />

comme l’a expliqué Pierluigi Tami<br />

lors de la nomination du nouveau<br />

coach à l’été dernier. «Sascha a<br />

prouvé au cours des dernières<br />

années qu’il était un formidable<br />

entraîneur des jeunes et assistant.<br />

Il connaît parfaitement la<br />

philosophie de jeu de l’ASF,<br />

s’identifie à l’association et a déjà<br />

travaillé avec succès avec les<br />

classes d’âge de l’équipe actuelle<br />

M21. Je suis très heureux que nous<br />

ayons pu trouver une solution<br />

interne.»<br />

Photo: ASF


L’Allemand reprend une équipe<br />

partie pour un nouveau cycle,<br />

après celui entamé par Mauro<br />

Lustrinelli et terminé par Patrick<br />

Rahmen à l’Euro 2023. Malgré un<br />

certain changement<br />

générationnel, l’équipe de Suisse<br />

M21 compte toujours dans son<br />

effectif des joueurs de très grande<br />

qualité tels que Rieder, Jashari,<br />

Stergiou, Omeragic ou encore<br />

Amenda. Avec de tels joueurs et<br />

dans un groupe de qualification<br />

plus qu’abordable, composé de<br />

l’Albanie, du Monténégro, de la<br />

Finlande, de l’Arménie et de la<br />

Roumanie, la qualification pour le<br />

prochain championnat d’Europe,<br />

qui aura lieu en 2025 en Slovaquie,<br />

est un minimum.<br />

Une génération 2002 emmenée<br />

par le FC Lucerne<br />

La plupart des joueurs de cette<br />

génération 2002 évoluent en<br />

Super League ou en Challenge<br />

League.<br />

Un club en particulier laisse son<br />

empreinte sur cette nouvelle<br />

équipe, avec quatre joueurs<br />

appelés à jouer les premiers rôles<br />

dans notre équipe nationale<br />

junior: le FC Lucerne.<br />

Aux buts, Pascal Loretz s’est déjà<br />

imposé comme l’un des meilleurs<br />

gardiens de notre championnat. Il<br />

est en concurrence avec le<br />

talentueux Marvin Keller, prêté par<br />

YB à Winterthour. Le latéral droit<br />

Severin Ottiger a déjà disputé<br />

vingt-cinq matchs en Super<br />

League et l’attaquant Lars Villiger<br />

vingt-et-un. Ils seront<br />

probablement des joueurs<br />

importants de l’équipe nationale<br />

M21 pour les prochains matchs. Le<br />

piston gauche Lenny Meyer<br />

pourrait lui aussi bientôt être<br />

appelé par Sascha Stauch. Enfin,<br />

Ardon Jashari a déjà connu les<br />

joies des « grands » à deux reprises<br />

sous les ordres de Murat Yakin.


Photo: Gabriel Bertelletto


SUPER LEAGUE<br />

QUI<br />

SERA LE<br />

GOLEADOR DE<br />

SUPER LEAGUE?


Photo: BSC Young Boys


lors que le nombre<br />

d'équipes en Super<br />

League a été porté à<br />

douze pour cette<br />

Anouvelle saison, la<br />

question qui préoccupe <strong>Corner</strong><br />

<strong>Magazine</strong> est la suivante : qui<br />

deviendra le meilleur buteur de<br />

ce nouveau format de<br />

championnat ? Est-ce que Jean-<br />

Pierre Nsamé réussira à défendre<br />

victorieusement son titre ? Serat-il<br />

détrôné par son dauphin de<br />

l'année dernière, Cédric Itten, ou<br />

par un nouvel arrivant ?<br />

Nouvelle saison, nouveau mode,<br />

nouveaux joueurs, et peut-être un<br />

nouveau roi des buteurs ? Tout est<br />

possible. Cependant, le détenteur<br />

actuel du titre ne se laissera pas<br />

évincer aussi facilement. Il faut<br />

rappeler que Jean-Pierre Nsame<br />

aspire à régner une fois de plus sur<br />

les terrains de notre championnat.<br />

Bien épaulé par Cédric Itten, son<br />

dauphin et coéquipier, sa<br />

meilleure chance pourrait résider<br />

dans les mouvements sur le<br />

marché des transferts. En effet,<br />

parmi les départs notables, on<br />

compte plusieurs buteurs de<br />

renom et des valeurs sûres de<br />

notre championnat. Avec 104 buts<br />

à son actif, le leader de l'attaque<br />

des Young Boys pourrait avoir un<br />

autre objectif en tête : celui de<br />

battre le record du nombre de<br />

buts en Super League pour un<br />

joueur étranger, actuellement<br />

détenu par Rosario Martinelli avec<br />

124 réalisations. Il devrait<br />

probablement y parvenir en cours<br />

de saison, étant donné qu'il lui<br />

manque moins de 10 buts pour<br />

atteindre cet objectif.<br />

Photo: BSC Young Boys<br />

Dans cette saison 2023-2024,<br />

d'autres records pourraient<br />

également tomber. Avec deux<br />

matches supplémentaires par<br />

équipe, le record de 32 buts sur<br />

une saison, détenu par Nsame<br />

depuis la saison 2019-2020,<br />

pourrait bien être battu. Enfin, le<br />

record absolu du nombre total de<br />

450 buts par saison, établi en 2011-<br />

2012, devrait normalement être<br />

dépassé grâce à la programmation<br />

de plus de 20 matches<br />

supplémentaires. Alors, qui seront<br />

ces joueurs qui feront trembler les<br />

filets et se battront pour le titre<br />

honorifique de meilleur buteur ?<br />

Nsame, buteur par excellence<br />

Avant le début de la saison, Jean-<br />

Pierre Nsame était<br />

incontestablement le grand favori


pour conserver son titre de<br />

meilleur buteur. Pourtant, il<br />

connaît un début de saison difficile<br />

avec un temps de jeu réduit<br />

malgré de bonnes performances.<br />

Après avoir déjà remporté ce titre<br />

à trois reprises, à égalité avec des<br />

légendes comme Christian<br />

Gimenez et Seydou Doumbia<br />

(alors qu'Alex Frei et Viorel<br />

Moldovan ne l'ont remporté que<br />

deux fois), Nsamé pourrait entrer<br />

dans l'histoire en devenant le seul<br />

attaquant à le remporter quatre<br />

fois, aux côtés de Friedrich Künzli<br />

(1970-1980), si Raphaël Wicky lui<br />

renouvelle sa confiance. Pour cela,<br />

il devra également améliorer son<br />

total de 21 buts de la saison<br />

dernière, qui était d'ailleurs assez<br />

modeste, il faut le reconnaître. Cela<br />

le place au niveau de joueurs tels<br />

que Sonny Anderson (20 buts en<br />

1993) ou Stéphane Chapuisat (21 en<br />

2000), mais bien devant Albian<br />

Ajeti (17 en 2018).<br />

Son coéquipier Cédric Itten, quant<br />

à lui, aspire à franchir ce palier. L'an<br />

dernier, il s'est arrêté à 19 buts,<br />

suffisants pour décrocher la<br />

deuxième place. On peut<br />

s'imaginer que le joueur formé au<br />

FCB sera à nouveau un sérieux<br />

prétendant. Désormais<br />

régulièrement appelé en équipe<br />

de Suisse, le grand attaquant sait<br />

que ses performances sont<br />

scrutées par Murat Yakin. Un titre<br />

honorifique de meilleur buteur de<br />

Super League pourrait lui<br />

permettre de gagner de précieux<br />

points avant l’Euro et pourquoi par<br />

de retenter sa chance à l’étranger.<br />

Toujours à YB, un autre attaquant,<br />

dans un tout autre style, survole<br />

match après match notre<br />

championnat. Il s’agit de Meschak<br />

Elia. L’international congolais, n’est<br />

pas à proprement<br />

parlé un buteur. Cependant,<br />

l’attaquant de poche a beaucoup<br />

progressé sur sa finition.<br />

Désormais, il est capable de<br />

marquer à tous les matchs et<br />

notamment de très jolis buts.<br />

Brillant sur la scène européenne,<br />

Elia sait que la régularité du<br />

championnat lui permettra de<br />

finaliser son transfert vers l’un des<br />

cinq meilleurs championnats<br />

européens.<br />

Heureusement, en Suisse, le talent<br />

ne se limite pas aux Young Boys, et<br />

le futur meilleur buteur de la Super<br />

League peut émerger ailleurs.<br />

Photo: Dylan Oppliger


Avec Zan Celar, le Tessin possède<br />

probablement l'un des adversaires<br />

les plus redoutables pour les<br />

Young Boys et leur contingent<br />

d'attaquants. Fort de ses 16 buts<br />

marqués lors de la saison dernière,<br />

il possède un impressionnant<br />

curriculum vitae et a déjà<br />

démontré cette saison, aux côtés<br />

de l'expérimenté Renato Steffen,<br />

qu'il sera en mesure de mettre à<br />

nouveau en difficulté les défenses<br />

adverses. Grâce à son instinct de<br />

buteur indéniable dans la surface,<br />

on peut s'attendre à ce qu'il<br />

développe une belle complicité<br />

avec les nouveaux internationaux<br />

suisses, Uran Bislimi et Mattia<br />

Bottani. De plus, la nouvelle<br />

concurrence venant de Vladi peut<br />

également pousser l'attaquant<br />

slovène à se surpasser. Capable de<br />

porter son équipe, l'ancien joueur<br />

de la Roma ne devrait pas<br />

connaître de difficultés<br />

particulières si son FC Lugano n'est<br />

pas au mieux de sa forme.<br />

De nouveaux outsiders<br />

En plus des joueurs attendus,<br />

d'autres se démarquent cette<br />

saison. À Servette, il semble que les<br />

Genevois aient trouvé leur buteur<br />

en la personne de Chris Bedia.<br />

Avec sa montée en puissance, les<br />

Servettiens ont désormais les<br />

moyens de rivaliser avec le Lugano<br />

de Zan Celar, et peut-être même<br />

de viser le titre de meilleur buteur<br />

cette année. Cela pourrait aider<br />

l'équipe de René Weiler à<br />

consolider sa position de dauphin<br />

dans le championnat. La seule<br />

incertitude réside dans l'impact<br />

des semaines anglaises sur les<br />

joueurs du bout du lac. Cependant,<br />

la forme de Chris Bedia garantit au<br />

Servette d'avoir l'un des meilleurs<br />

attaquants du<br />

championnat. À 27 ans et après<br />

plusieurs expériences en France et<br />

en Belgique notamment, l'Ivoirien<br />

semble être au sommet de son art<br />

et en pleine maturité. C'est tout<br />

simplement le joueur qui ne déçoit<br />

pas dans le dispositif de René<br />

Weiler, montrant une excellente<br />

entente avec Stevanovic et Kutesa.<br />

Un autre club ambitieux semble<br />

avoir trouvé son numéro 9 en la<br />

personne de Lars Villiger. Avec un<br />

début de saison exceptionnel, il a<br />

été propulsé en tant qu'attaquant<br />

de l'équipe de Suisse des moins de<br />

21 ans, devenant ainsi un sérieux<br />

prétendant au titre de meilleur<br />

buteur du championnat. À<br />

seulement 20 ans et mesurant<br />

1m90, Villiger a déjà inscrit quatre<br />

buts en championnat et semble<br />

parfaitement à l'aise avec<br />

l'engouement qui se développe<br />

autour de lui. Grand et doté de<br />

compétences techniques solides,<br />

ce joueur formé au FC Lucerne<br />

réussit pratiquement tout en ce<br />

début de saison. La forme de son<br />

équipe lui permet de surfer sur<br />

cette vague de succès, d'autant<br />

plus qu'il est parfaitement encadré<br />

par un Max Meyer qui est au<br />

sommet de sa forme.<br />

Avec les départs de Zeki Amdouni,<br />

Andi Zeqiri, Darian Males et Dan<br />

Ndoye, le FC Bâle a perdu ses deux<br />

buteurs ainsi que ses quatre<br />

meilleurs marqueurs. Ces départs<br />

n'ont été que partiellement<br />

comblés, et ce, assez tardivement.<br />

Cependant, un joueur qui mérite<br />

une attention particulière est le<br />

Serbe Djordje Jovanovic,<br />

international et meilleur buteur de<br />

la saison passée avec le Maccabi<br />

Tel Aviv.


À 24 ans, cet attaquant semble<br />

posséder le potentiel de buteur<br />

dont le FC Bâle a besoin. Jusqu'à<br />

présent, le Serbe s'est davantage<br />

illustré dans son rôle de passeur<br />

que dans celui de buteur, en<br />

grande partie en raison du<br />

manque d'opportunités claires qui<br />

lui ont été offertes. Pour briller, il<br />

aura néanmoins besoin que son<br />

club relève la tête.<br />

zurichoise pourrait voir<br />

l'émergence d'un jeune talent,<br />

Daniel Afriyie. À seulement 22<br />

ans, cet international ghanéen<br />

s'est rapidement adapté au FCZ,<br />

et son entente avec Jonathan<br />

Okita semble<br />

Chassé du FC Bâle après avoir fait<br />

bonne impression à Grasshopper,<br />

Kaly Sène a rebondi au LS. Le<br />

buteur sénégalais compte tirer<br />

parti du jeu en contre-attaque<br />

pratiqué par les Vaudois pour<br />

briller à nouveau sur la scène du<br />

championnat suisse. Dans ce rôle,<br />

le jeune attaquant peut se révéler<br />

très dangereux. Il risque d'être<br />

moins en vue lorsque son équipe<br />

devra prendre l'initiative du jeu,<br />

mais l'ancien joueur de la<br />

Juventus a déjà prouvé par le<br />

passé qu'il avait la capacité de<br />

marquer des buts au sein d'une<br />

équipe qui n'est pas<br />

nécessairement favorite. À ses<br />

côtés, le talent du club, Alvyn<br />

Sanches, joue libéré. En soutien<br />

de l’attaquant, l’international<br />

suisse des moins de 21 ans se plait<br />

dans le système de Ludovic<br />

Magnin et a déjà ouvert son<br />

compteur.<br />

Le FC Zurich a connu<br />

d'importantes pertes ces deux<br />

derniers étés avec le départ de ses<br />

buteurs, Wilfried Gnonto en 2022<br />

et Aiyegun Tosin il y a quelques<br />

semaines. Le président Ancilo<br />

Canepa peut être fier de ses<br />

ventes, mais cela a créé un vide<br />

difficile à combler. Toujours<br />

prompt à surprendre, l’équipe<br />

Photo: Lausanne Sport


intéressante. Son style de jeu<br />

rappelle celui du prodige italien :<br />

petit, costaud et rapide. Pour<br />

l'instant, les défenses de Super<br />

League semblent être prises au<br />

dépourvu par ce nouvel arrivant.<br />

Cependant, l'effet de surprise ne<br />

durera pas éternellement et Afriyie<br />

devra bientôt confirmer les belles<br />

promesses qu'il a montrées. Mais<br />

le FCZ compte dans ses rangs<br />

deux autres joueurs capables de se<br />

placer dans ce classement :<br />

l’inusable Antonio Marchesano et<br />

Jonathan Okita. À eux trois, ils<br />

portent littéralement l’offensive<br />

zurichoise.<br />

premiers buts précieux dans le<br />

championnat suisse. La course au<br />

titre de meilleur buteur de la<br />

saison 2023/24 est lancée !<br />

Et si la surprise venait des «<br />

petits clubs » ?<br />

Blessé à plusieurs reprises et<br />

stoppé dans son élan, Aldin<br />

Turkes s'est rendu à Winterthur<br />

pour tenter une seconde carrière.<br />

On sait que l'attaquant bosniaque<br />

a le potentiel pour marquer des<br />

buts. Toutefois, la question<br />

demeure de savoir si son corps lui<br />

permettra d'enchaîner les matchs<br />

et de se faire une place dans cette<br />

compétition. Jusqu'à présent, le<br />

grand attaquant répond plutôt<br />

présent, ce qui ravit les fans<br />

zurichois.<br />

Enfin, le champion de Challenge<br />

2022-2023 a mis en place son<br />

équipe assez tardivement, mais il<br />

est indéniable que les dernières<br />

semaines ont été particulièrement<br />

fructueuses. L'arrivée de<br />

l'international algérien Aimen<br />

Mahious semble être un coup de<br />

maître pour Yverdon. Très fort<br />

dans les duels, l'attaquant des<br />

verts se montre également<br />

redoutable dans la surface de<br />

réparation. L'Algérien s'est<br />

rapidement adapté et a trouvé sa<br />

place dans le système de Marco<br />

Schällibaum, en marquant ses<br />

Photo: FC Zurich


Photo: BSC Young Boys


ILS ONT GAGNÉ<br />

2022/23 Jean-Pierre Nsame 33 matchs 21 buts<br />

2021/22 Jordan Siebatcheu 32 matchs 22 buts<br />

2020/21 Jean-Pierre Nsame 30 matchs 19 buts<br />

2019/20 Jean-Pierre Nsame 32 matchs 32 buts<br />

2018/19 Guillaume Hoarau 28 matchs 24 buts<br />

2017/18 Albian Ajeti 32 matchs 17 buts<br />

2016/17 Seydou Doumbia 25 matchs 20 buts<br />

2015/16 Munas Dabbur 35 matchs 19 buts<br />

2014/15 Shkelzen Gashi 31 matchs 22 buts<br />

2013/14 Shkelzen Gashi 32 matchs 19 buts<br />

2012/13 Oscar Scarione 36 matchs 21 buts


LE TITRE<br />

2011/12 Alex Frei 31 matchs 24 buts<br />

2010/11 Alex Frei 35 matchs 27 buts<br />

2009/10 Seydou Doumbia 32 matchs 30 buts<br />

2008/09 Seydou Doumbia 32 matchs 20 buts<br />

2007/08 Hakan Yakin 32 matchs 24 buts<br />

2006/07 Mladen Petric 25 matchs 19 buts<br />

2005/06 Alhassane Keita 32 matchs 20 buts<br />

2004/05 Christian Gimenez 30 matchs 27 buts<br />

2003/04 Stéphane Chapuisat 35 matchs 24 buts<br />

2002/03 Richard Nunez 35 matchs 27 buts<br />

2001/02 Richard Nunez 36 matchs 28 buts


LE CLASSEMENT DES BUTEURS<br />

SAISON 2023/24<br />

1 Jean-Pierre Nsame 9 matchs 5 buts<br />

2 Antonio Marchesano 9 matchs 5 buts<br />

3 Chris Bedia 11 matchs 5 buts<br />

4 Jonathan Okita 11 matchs 5 buts<br />

5 Matteo Di Giusto 11 matchs 5 buts<br />

6 Cédric Itten 10 matchs 4 buts<br />

7 Lars Villiger 10 matchs 4 buts<br />

8 Varol Tasar 10 matchs 4 buts<br />

9 Sayfallah Ltaief 10 matchs 4 buts<br />

10 Aldin Turkes 10 matchs 4 buts


Photo: Lenny Rapin


Photo: Edi Kingori<br />

YVERDON, LA<br />

SURPRISE DU CHEF ?<br />

Et si Yverdon Sport terminait la saison 2023/2024 en tant que<br />

meilleure équipe romande ? Impensable en début de saison, la<br />

question mérite d’être posée après le très bon début de saison du<br />

club vaudois.<br />

Pour comprendre le virage récent<br />

pris par le FC Yverdon Sport,<br />

revenons un peu en arrière. À<br />

l'instar du FC Lugano un an<br />

auparavant, Yverdon est passé à<br />

l'été 2023 sous le contrôle d'un<br />

investisseur américain. Marco Di<br />

Pietrantonio, président du club, a<br />

en effet cédé la quasi-totalité de<br />

ses actions à Jamie Welch. Di<br />

Pietrantonio, qui avait<br />

accompagné le club de la 1ère<br />

ligue à la Super League, savait qu'il<br />

ne pouvait pas supporter la charge<br />

financière nécessaire pour<br />

maintenir son équipe en première<br />

division helvétique. Fatigué par ses<br />

efforts déployés pendant plus de<br />

dix ans, il avait déclaré en 2022<br />

dans le journal 24 heures qu'il «se<br />

réjouissait de tourner la page du<br />

football».<br />

Photo: Edi Kingori


Le changement de propriétaire<br />

semble jusqu'à présent bénéficier<br />

au club vaudois, comme l'a<br />

expliqué Marco Schällibaum au<br />

média Watson il y a quelques<br />

semaines: «L'investisseur fait<br />

vraiment du bien à Yverdon. J'ai<br />

des échanges très étroits avec<br />

Jeffrey Saunders, le président du<br />

club. Il est compétent, connaît le<br />

football et dispose en plus d'un<br />

réseau incroyable.» Il est à noter<br />

que le nouveau propriétaire, qui a<br />

déjà réussi à reprendre avec<br />

succès le club portugais d'Estoril, a<br />

une expérience préalable dans le<br />

monde du football.<br />

L'une des premières décisions<br />

judicieuses de l'Américain a été de<br />

conserver Mario Di Pietrantonio au<br />

sein de la structure du club, en<br />

tant que responsable du<br />

marketing et du sponsoring. Cela<br />

permet de maintenir une<br />

connexion avec l'écosystème<br />

politico-économique de la cité<br />

thermale. Cette continuité est<br />

soulignée par Anthony Sauthier:<br />

«En réalité, cela ne change pas<br />

grand-chose pour nous, les<br />

joueurs, dans notre vie<br />

quotidienne. De plus, Mario aime<br />

tellement ce club qu'il ne le<br />

trahirait pas. Nous faisons<br />

confiance aux nouveaux<br />

investisseurs et nous les voyons<br />

d'ailleurs régulièrement.» A<br />

Yverdon, il n'y a pas de promesses<br />

mirobolantes, car l'objectif avoué<br />

de la nouvelle direction est le<br />

maintien, et ce, à travers un projet<br />

bien pensé qui prend en compte la<br />

réalité du club. Il n'y aura pas de<br />

folie financière à Yverdon, même si<br />

le club a tout de même investi lors<br />

du mercato.<br />

Néanmoins, le changement de<br />

présidence a entraîné<br />

d'importants bouleversements<br />

dans l'effectif, puisque quatorze<br />

joueurs ayant participé à la<br />

promotion ont été invités à partir.<br />

«Pour être honnête, l'intersaison a<br />

été compliquée», explique le<br />

capitaine William Le Pogam. «La<br />

saison dernière a été incroyable à<br />

tous égards, et humainement,<br />

j'avais tissé des liens forts avec les<br />

gars. Les voir quitter le club m'a<br />

donc touché. Mais nous savons<br />

comment fonctionne le monde du<br />

football, où il y a peu de place<br />

pour les sentiments. Les nouveaux<br />

propriétaires ont d'autres<br />

ambitions, il est normal qu'ils<br />

apportent des changements au<br />

club.»<br />

Dix-sept joueurs sont arrivés, la<br />

plupart d'entre eux en fin de<br />

mercato. Avec la nonreconduction<br />

de plusieurs<br />

contrats, Yverdon-Sport a été<br />

contraint d’annuler un match de<br />

préparation et s’est parfois<br />

entraîné pendant l’été avec<br />

seulement une quinzaine de<br />

joueurs. Malgré ces<br />

bouleversements, l’intégration des<br />

nouveaux s’est plutôt bien<br />

déroulée, selon Anthony Sauthier:<br />

«C’est toujours délicat quand il y a<br />

beaucoup d'arrivées et de départs.<br />

C’était notamment notre rôle en<br />

tant qu'anciens de veiller à ce que<br />

cela se passe bien, à aider les<br />

nouveaux dans leur intégration.»<br />

Une intégration réussie donc,<br />

notamment «grâce à la belle<br />

mentalité de ces joueurs, qui tirent<br />

tous dans le même sens.»


Photo: Edi Kingori


Néanmoins, il n'y a pas eu d'excès<br />

dans le nord vaudois, puisque la<br />

valeur marchande totale des<br />

joueurs, estimée à 14 millions de<br />

francs suisses, est l'avant-dernière<br />

du championnat, juste devant<br />

Winterthour. Il est important de ne<br />

pas surestimer l'importance des<br />

chiffres: l'effectif du FC Zurich,<br />

actuel leader du championnat,<br />

n'est estimé qu'à 18 millions, bien<br />

loin des 58 millions de Young Boys<br />

ou des 33 millions du FC Bâle.<br />

Il est impossible de parler du bon<br />

début de saison du FC Yverdon<br />

sans mentionner le rôle de Marco<br />

Schällibaum. Fin connaisseur du<br />

football suisse, l'ancien entraîneur<br />

de YB possède une grande<br />

expérience des bancs suisses,<br />

ayant coaché dix équipes dans le<br />

pays. Arrivé au début de la saison<br />

2022-2023, le Zurichois joue un rôle<br />

clé dans le succès actuel des «verts<br />

et blancs», comme le reconnaît<br />

Anthony Sauthier: «Il parle<br />

plusieurs langues, ce qui facilite la<br />

communication dans cet effectif<br />

aux multiples nationalités. De<br />

plus, il a une idée claire de ce qu'il<br />

attend de nous et grâce à sa<br />

grande expérience, il parvient à<br />

faire passer son message.» Une<br />

certaine continuité par rapport à la<br />

saison précédente se fait sentir<br />

avec lui, comme l'explique Le<br />

Pogam: «L'entraîneur n'a pas<br />

changé son attitude malgré notre<br />

passage en première division.»<br />

Malgré ce début de saison<br />

prometteur, les deux latéraux<br />

restent prudents. William Le<br />

Pogam tempère les ardeurs de<br />

ceux qui pourraient prêter au club<br />

yverdonnois de nouvelles<br />

ambitions: «Ce classement flatteur<br />

montre que nous méritons d'être<br />

là où nous sommes. L'objectif<br />

initial reste le même, à savoir le<br />

maintien, car cela permettra de<br />

stabiliser le club en Super<br />

League.» Anthony Sauthier conclut<br />

en soulignant: «Nous savons qu'en<br />

Super League suisse, tout peut<br />

basculer très rapidement, que ce<br />

soit dans un sens ou dans l'autre,<br />

en enchaînant quelques victoires<br />

ou défaites. Pour l'instant, nous<br />

continuons sur notre chemin et<br />

nous verrons où nous en sommes<br />

avant les cinq derniers matchs.»<br />

Photo: Edi Kingori


Photo: Edi Kingori


Photo: Edi Kingori


Photo: Dylan Oppliger


Alerte<br />

rouge.


Des<br />

monuments<br />

s’effondrent.


Au moment où le FC Bâle semble être au plus bas, des questions<br />

légitimes se posent sur les répercussions de cette chute non<br />

seulement sur l'équipe de Suisse, mais aussi sur l'image de la Super<br />

League en Europe. La Suisse est-elle le seul pays concerné par<br />

l’effondrement d’un ogre de son championnat ? Le phénomène est<br />

plus fréquent qu’il n’y parait, et ce depuis des années.<br />

Le 27 septembre 2017, le FC Bâle<br />

avait infligé une humiliation à<br />

Benfica lors des phases de poule<br />

de la Ligue des champions en<br />

remportant le match 5-0.<br />

Quelques semaines plus tard, cette<br />

même équipe avait remporté une<br />

victoire cruciale contre Manchester<br />

United (1-0) dans un match décisif<br />

pour la qualification en phase<br />

éliminatoire.<br />

Le parcours européen du FC Bâle<br />

s'était terminé avec les honneurs<br />

en huitièmes de finale contre<br />

Manchester City, grâce<br />

notamment à une victoire à<br />

l’Etihad Stadium. Cette campagne<br />

restera gravée dans les annales du<br />

FCB, car depuis lors, le club n'a<br />

plus participé à la Ligue des<br />

Champions. Aujourd'hui, six ans<br />

plus tard, le club rhénan se trouve<br />

à la dernière place du classement<br />

de la Super League après un début<br />

de saison catastrophique. Autrefois<br />

intouchable de 2010 à 2017, le FC<br />

Bâle semble désormais être au<br />

fond du gouffre, comme le triste<br />

épilogue d'une longue agonie.<br />

Le naufrage<br />

« Rome ne s’est pas détruite en un<br />

jour ». La descente aux enfers des<br />

Rouges et Bleus a débuté lors de la<br />

saison 2017-18, lorsque le club a<br />

décidé de bouleverser<br />

complètement son<br />

organigramme.<br />

On peut notamment souligner<br />

l'arrivée de Bernhard Burgener en<br />

tant que président, de Raphaël<br />

Wicky en tant qu'entraîneur, ainsi<br />

que celle de Marco Streller dans le<br />

rôle de directeur sportif, conseillé<br />

par Alex Frei, et de Massimo<br />

Ceccaroni à la formation. Ces<br />

nouvelles têtes étaient censées<br />

symboliser un nouveau départ<br />

pour le FCB. Cependant, le projet<br />

n'a pas porté ses fruits et s'est<br />

soldé par un échec cuisant.<br />

Cette année-là, les Young Boys, qui<br />

semblaient condamnés à la<br />

deuxième place, ont créé la<br />

surprise en prenant le pouvoir sous<br />

les ordres d'Adi Hütter. Ils ont<br />

renversé Bâle dès la première<br />

journée et ont remporté le<br />

championnat avec une avance<br />

confortable de quinze points. À<br />

première vue, cela ne semblait pas<br />

alarmant, mais ce succès a<br />

marqué le début d'un nouveau<br />

règne, celui d'YB. Les Bâlois n'ont<br />

jamais réussi à retrouver la<br />

stabilité. En l'espace de six ans, le<br />

club a changé d'entraîneur six fois,<br />

avec trois intérimaires à la barre.<br />

Pendant ce temps, l'écart de<br />

niveau entre les deux équipes n'a<br />

cessé de se creuser. De plus, le<br />

club rhénan a vu son budget<br />

diminuer en raison du manque<br />

d'activité en Europe et d'une<br />

visibilité réduite.


Cette période tumultueuse a laissé<br />

des traces profondes dans l'histoire<br />

du FC Bâle, mettant en évidence la<br />

nécessité d'une réévaluation<br />

sérieuse de sa stratégie et de son<br />

leadership pour espérer un retour<br />

en grâce dans le monde du<br />

football suisse et européen.<br />

L'échec du trading<br />

Malgré son parcours historique en<br />

Conférence League, marqué par<br />

une demi-finale face à la<br />

Fiorentina, c'est lors de la saison<br />

2022-23 que le club a connu un<br />

nouveau tournant. En 2021,<br />

l'ancien international suisse David<br />

Degen prend les rênes du club<br />

avec l'intention d'instaurer une<br />

nouvelle stratégie sportive pour<br />

inverser la tendance. Il adopte une<br />

approche axée sur le trading pour<br />

redynamiser les finances du club,<br />

achetant des joueurs dans le but<br />

de les revendre à profit. Parmi les<br />

noms cochés figuraient Zeki<br />

Amdouni, Andy Diouf, Dan Ndoye<br />

et Wouter Burger. Bien que ce<br />

plan ait des avantages<br />

économiques, il a compromis<br />

l'identité du club. En raison d'une<br />

équipe constamment remaniée,<br />

les joueurs ne parviennent pas à<br />

s'identifier au club et manquent de<br />

repères.<br />

Cette stratégie, en plus de<br />

mécontenter les supporters bâlois,<br />

s'est avérée péjorer le plan sportif<br />

cet été. Après de nombreux<br />

départs, le club a échoué à se<br />

qualifier pour la Conférence<br />

League, étant éliminé par le FK<br />

Tobol, huitième du championnat<br />

kazakh. En championnat, Bâle a<br />

enchaîné deux lourdes défaites 3-0<br />

contre le promu Stade Lausanne-<br />

Ouchy puis contre YB. Le coach<br />

Timo Schultz a déjà été renvoyé, et<br />

avec seulement<br />

cinq points obtenus en neuf<br />

matchs, le club se retrouve dernier<br />

de la Super League. La chute<br />

semble interminable et le<br />

désespoir s'installe.<br />

Des répercussions sur le football<br />

suisse ?<br />

Les résultats désastreux du FC<br />

Bâle pourraient avoir des<br />

conséquences directes sur l'équipe<br />

de Suisse. En effet, la Nati est<br />

habituée à accueillir des joueurs<br />

ayant porté le maillot rouge et<br />

bleu depuis plusieurs années. Lors<br />

de la Coupe du monde 2022, treize<br />

joueurs convoqués étaient<br />

d'anciens joueurs du FC Bâle, dont<br />

six titulaires réguliers. En<br />

comparaison, seulement six<br />

d'entre eux avaient joué pour les<br />

Young Boys, avec un seul titulaire,<br />

Djibril Sow.<br />

De plus, depuis plus d’une<br />

décennie, le centre de formation<br />

bâlois est réputé pour sortir les<br />

futures stars du football suisse.<br />

Seulement, le club a également<br />

connu un passage à vide depuis de<br />

nombreuses années. Les talents se<br />

font plus rares et le dernier en date<br />

est Noah Okafor. Si l’on pourrait<br />

penser que le club laisse moins<br />

l’opportunité à ses jeunes joueurs<br />

de briller avec sa nouvelle<br />

stratégie, il est également<br />

important de comprendre que le<br />

campus bâlois est moins<br />

performant. Alors que des jeunes<br />

comme Shaqiri, Xhaka, Sommer,<br />

ou Embolo ont émergé par le<br />

passé, seul Bislimi, aujourd’hui<br />

international suisse, a percé sans<br />

porter les couleurs rhénanes. Il<br />

semble clair que si l’académie du<br />

FCB n’arrive plus à sortir des<br />

talents, l’équipe de Suisse sera<br />

impactée.


Photo: Olympique Lyonnais<br />

Mais ce n’est pas tout, le FC Bâle<br />

représente également le<br />

rayonnement de la Suisse dans le<br />

football européen. Ses campagnes<br />

mythiques, ses victoires surprises<br />

contre des équipes comme<br />

Chelsea ou Liverpool ont apporté<br />

une lumière sur le football suisse.<br />

Cela semble être un défi plus<br />

difficile pour les Young Boys, qui<br />

n'ont jamais atteint les huitièmes<br />

de finale de la Ligue des<br />

champions et n'ont pas (encore ?)<br />

atteint le dernier carré en Ligue<br />

Europa. Même l'année dernière,<br />

malgré ses difficultés, un FC Bâle<br />

en crise a fait sensation en se<br />

hissant tout près d'une finale en<br />

Conference League. Ce succès est<br />

dans l'ADN du club, et s'il sombre,<br />

le football suisse risque d’en<br />

souffrir cruellement, que ce soit en<br />

termes d'indice UEFA, sur le plan<br />

financier ou en termes d'image<br />

internationale.<br />

La chute d’un monument: une<br />

situation vécue par d’autres pays<br />

Seule petite lueur d’espoir, le FC<br />

Bâle n'est pas le premier grand<br />

club à traverser des périodes<br />

sombres. En ce début de saison,<br />

d'autres équipes mythiques de<br />

leurs pays connaissent le même<br />

sort. En Ligue 1, l'Olympique<br />

Lyonnais est en danger de<br />

relégation, victime également d'un<br />

système sportif catastrophique. Un<br />

point commun existe avec le FCB :<br />

le club n’a pas su gérer le<br />

changement de propriétaire. La<br />

vente du mythique président à<br />

succès, Jean-Michel Aulas, à<br />

l’homme d’affaires américain John<br />

Textor risque de pénaliser le club<br />

durant de nombreuses années. Si<br />

le multiple champion de France ne<br />

se relève pas, il pourrait bien<br />

rejoindre son rival, l'AS Saint-<br />

Étienne, en deuxième division, ce<br />

dernier


connaissant lui aussi la pire<br />

période de son histoire. La France<br />

se retrouverait dans une situation<br />

similaire à la Suisse, tant l’OL<br />

alimente les sélections françaises<br />

avec ses talents et reste un club<br />

disposant de cet ADN européen<br />

capable de briller dans les<br />

compétitions internationales.<br />

Aux Pays-Bas, l'Ajax Amsterdam<br />

traverse une série de défaites<br />

inquiétante, due notamment à<br />

une campagne de recrutement<br />

ratée et à une gestion bien<br />

éloignée de celle qui a fait le<br />

succès du club. Pour tenter de se<br />

relever, le club a fait appel à Louis<br />

Van Gaal en tant que conseiller.<br />

L’ancien sélectionneur des Pays-<br />

Bas passé par Barcelone,<br />

Manchester United et le Bayern<br />

Munich connaît bien le club<br />

mythique hollandais. Assez pour<br />

régler la mécanique ? Ici aussi, des<br />

similitudes avec le FC Bâle existent<br />

: en ayant vendu 5 titulaires, le club<br />

néerlandais s’est tiré la même balle<br />

dans le pied que le FCB. Seule<br />

issue de secours, stopper au plus<br />

vite la dynamique négative pour<br />

ramener du calme et de la sérénité<br />

dans l’équipe.<br />

Un changement de propriétaire à<br />

risque, un été mal géré, le club<br />

suisse coche déjà deux cases de «<br />

ce qu’il ne faut pas faire » pour<br />

couler un club. Et étant donné que<br />

le dicton « jamais deux sans trois »<br />

existe, les Rotblau ont tapé dans le<br />

mille avec la troisième source<br />

d’ennuis : les problèmes financiers.<br />

Ici aussi, une parallèle avec un<br />

autre pays est faisable. L’Espagne<br />

et le FC Séville, connu pour être LE<br />

vainqueur de l’Europa League, se<br />

retrouve à l’été 2023 dans une<br />

situation financière dramatique<br />

suite à un championnat<br />

compliqué. Le club souhaite<br />

vendre presque tous ses joueurs<br />

pour sortir rapidement de la crise<br />

financière. Une crise qui impacte<br />

forcément les résultats du club et<br />

le projet à moyen terme. Malgré<br />

une présence en Ligue des<br />

Champions cette année, la<br />

mayonnaise peine à prendre. Le<br />

club de Djibril Sow est trop agité<br />

en coulisse et les fondements ne<br />

sont plus assez solides pour<br />

garantir le succès du club. Comme<br />

dit le proverbe sportif : « Il faut<br />

sortir au plus vite de la zone rouge<br />

! »<br />

En Suisse, Grasshopper, champion<br />

de Suisse régulier de 1990 à 2003,<br />

ne s’est jamais remis de ses<br />

problèmes en coulisses. Le point<br />

de chute historique du club a été<br />

la relégation à l'issue de la saison<br />

2018-19. Depuis, même si les<br />

Sauterelles sont remontées, le club<br />

impopulaire de Zurich est depuis<br />

de très nombreuses années noyé<br />

dans des soucis financiers<br />

récurrents. L’aspect économique<br />

d’un club est sûrement le<br />

fondement principal du succès,<br />

dans tous les pays et tous les<br />

championnats confondus.<br />

Cette sérénité en coulisses est très<br />

fragile et de nombreux facteurs<br />

peuvent bouleverser l’équilibre.<br />

Secoué par plusieurs scandales, le<br />

championnat italien et ses clubs<br />

phares ont également connu des<br />

moments critiques. Pour se<br />

reconstruire, il faut du temps, un<br />

bon projet et des dirigeants<br />

compétents. Le capitaine désigné<br />

pour conduire le navire doit être le


on. Et seulement à partir de là,<br />

l’espoir renaît. Est-ce le cas au FC<br />

Bâle ?<br />

De nombreux grands clubs<br />

européens ont connu des creux,<br />

mais se sont généralement<br />

relevés. En général, les institutions<br />

dotées d'une véritable identité et<br />

d'une histoire riche y arrivent. Le<br />

FC Bâle ne peut désormais<br />

compter que sur son ADN et<br />

l'ardeur de ses supporters pour<br />

retrouver les sommets du football<br />

suisse. Pas moins de 21 000<br />

passionnés étaient présents pour<br />

soutenir Fabian Frei et ses<br />

coéquipiers contre le Stade<br />

Lausanne le 1er octobre, offrant<br />

ainsi une lueur d'espoir.


Photo: Dylan Oppliger


HORS FRONTIÈRES<br />

Photo: Paris Saint-Germain


Warren Zaïre-Emery<br />

Prototype du footballeur<br />

moderne<br />

Rédaction: Jerry Morel-Takou<br />

Dans l'arène du football<br />

contemporain, émergent des<br />

talents qui incarnent la<br />

quintessence du jeu moderne.<br />

Parmi ces étoiles naissantes, un<br />

nom brille de plus en plus fort:<br />

Warren Zaïre-Emery. De sa<br />

technique impeccable à ses<br />

capacités physiques<br />

exceptionnelles, découvrez<br />

comment Zaïre-Emery surprend<br />

son monde au point de s’imposer<br />

dans l’un des meilleurs clubs<br />

d’Europe, le Paris Saint-Germain.<br />

Bien qu'ils n'aient pas été les plus<br />

rapides et n'aient pas eu la plus<br />

grande capacité VO2max, leur<br />

technique était irréprochable, et ils<br />

pouvaient s'appuyer sur cela.<br />

Malheureusement, s'ils jouaient<br />

encore au football aujourd'hui, il<br />

est probable qu'ils ne<br />

bénéficieraient pas de la même<br />

renommée qu'autrefois.<br />

« Le football a changé », comme le<br />

dit si bien un célèbre numéro sept<br />

évoluant dans la capitale française.<br />

Auparavant, le football était un<br />

sport où la qualité technique d'un<br />

joueur constituait le facteur décisif<br />

entre un bon et un très bon<br />

footballeur. Indépendamment des<br />

capacités physiques, cognitives ou<br />

tactiques, la capacité à effectuer<br />

un contrôle de balle impeccable<br />

permettait d'avoir toujours un<br />

temps d'avance sur l'adversaire.<br />

L'importance n'était pas de courir<br />

vite, mais de penser plus vite que<br />

les autres. C'est ainsi que des<br />

joueurs tels que l'Argentin Juan<br />

Román Riquelme ou l'Italien<br />

Roberto Baggio ont prospéré à<br />

leur époque.


Photo: Paris Saint-Germain<br />

Warren Zaïre-Emery<br />

17 ans<br />

France<br />

Paris Saint-Germain<br />

Il est fort probable que, dans notre<br />

version moderne du sport, ils<br />

seraient catégorisés comme des<br />

joueurs « unidimensionnels » - des<br />

joueurs dont la qualité principale<br />

est élevée, mais dont les autres<br />

compétences sont de niveau<br />

standard, voire en dessous de ce<br />

que le footballeur moyen est<br />

capable de produire.<br />

Pour la majorité des entraîneurs<br />

de l'élite, avoir une grande qualité<br />

technique n'est plus suffisant pour<br />

être la pièce maîtresse de l'équipe;<br />

il en faut désormais davantage.<br />

Dans le documentaire populaire<br />

«All or Nothing Arsenal», le<br />

talentueux entraîneur espagnol<br />

Mikel Arteta souligne à maintes<br />

reprises, lors des causeries d'avantmatch<br />

ou à la mi-temps, qu'il veut<br />

que ses joueurs remportent plus<br />

de duels et soient plus intenses<br />

pendant les matchs. Pep<br />

Guardiola, fervent adepte du jeu<br />

de position, a félicité ses joueurs<br />

pour l'intensité déployée après le<br />

match nul 1-1 de son équipe contre<br />

Brighton le 24 mai 2023. « On a<br />

montré de quoi on est capable<br />

avec et sans ballon. Je n'ai<br />

constaté aucune baisse de notre<br />

intensité et de nos idées. » disait-il<br />

en conférence de presse après la<br />

rencontre.<br />

Il n'y a désormais plus aucun<br />

doute: deux grands entraîneurs à<br />

succès n'hésitent pas à parler ou à<br />

se féliciter d'un football de plus en<br />

plus


intense. Le football a changé, et<br />

désormais, la technique n'est plus<br />

qu'un prérequis pour être<br />

considéré comme un joueur très<br />

bon.<br />

Les attentes vis-à-vis des joueurs<br />

dans l'entrejeu ont évolué.<br />

Auparavant, une technique<br />

irréprochable et un sens du jeu<br />

raisonnable faisaient de toi un<br />

joueur d'exception. Aujourd'hui, le<br />

profil du milieu de terrain<br />

moderne a considérablement<br />

changé.<br />

Le nouveau prince du Parc<br />

Le football évolue progressivement<br />

vers un sport où la transition<br />

rapide est essentielle, surtout pour<br />

les équipes évoluant au plus haut<br />

niveau. Ainsi, posséder des milieux<br />

de terrain capables de répéter des<br />

courses à une grande intensité est<br />

devenu indispensable. Lorsqu'on<br />

évoque le milieu de terrain<br />

moderne, les noms de Jude<br />

Bellingham, Jamal Musiala et Pedri<br />

sont les premiers à venir à l'esprit.<br />

Depuis le début de la saison 2023-<br />

2024, un autre nom attire<br />

l'attention du grand public: celui<br />

de la jeune étoile montante du<br />

football parisien, Warren Zaïre-<br />

Emery.<br />

Dans la lignée des milieux du<br />

"nouveau football", Zaïre-Emery se<br />

distingue pour plusieurs raisons.<br />

La première et la plus remarquable<br />

au premier coup d'œil est sa<br />

capacité physique. À seulement 17<br />

ans, il a déjà accumulé 736<br />

minutes de jeu sur les 900<br />

possibles avec le Paris Saint-<br />

Germain. Aucun autre joueur du<br />

top cinq européen, né en 2006, n'a<br />

joué plus de minutes que lui. Le<br />

seul joueur qui s'en approche est la<br />

nouvelle révélation du FC<br />

Barcelone, Lamine Yamal, né en<br />

2007, avec 594 minutes. Beaucoup<br />

de jeunes footballeurs de son âge<br />

ne pourraient pas enchaîner<br />

autant de minutes de jeu sans<br />

subir de conséquences physiques<br />

importantes. Non seulement il<br />

joue de nombreux matchs, mais<br />

en plus de cela, il reste performant.<br />

On espère que le staff du club de<br />

la capitale saura le ménager au<br />

moment opportun. Comme le<br />

montre l'exemple de Pedri, la<br />

surutilisation d'un jeune joueur<br />

peut entraîner de nombreux<br />

problèmes physiques.<br />

En plus de cela, il possède<br />

également une accélération<br />

éclatante. Bien qu'il ne soit pas<br />

aussi rapide que son coéquipier<br />

Kylian Mbappé, la vitesse de Zaïre-<br />

Emery n'est cependant pas à<br />

négliger. Sur le plan offensif, le<br />

jeune joueur français aime<br />

percuter balle au pied. Il est<br />

difficile de l'arrêter une fois lancé<br />

en raison de sa vélocité. Sa rapidité<br />

lui est également utile pour<br />

accomplir des tâches défensives,<br />

comme le nombre impressionnant<br />

de ballons qu'il récupère suite à<br />

son pressing intense, ainsi que ses<br />

retours défensifs.<br />

Sa maturité dans le jeu est<br />

également remarquable. Doté<br />

déjà d'un grand QI football, "WZE"<br />

ne fait jamais «trop». Il passe<br />

quand il faut et tire quand c'est<br />

nécessaire. Sa compréhension<br />

tactique est tout aussi<br />

impressionnante. Il ralentit le<br />

tempo quand c'est nécessaire et<br />

l'accélère si besoin. Le natif de<br />

Montreuil sait également réguler<br />

le jeu parisien. Après la<br />

convaincante victoire du PSG face<br />

à leur rival


historique, l'Olympique de<br />

Marseille, lors du « Classico », Zaïre-<br />

Emery n'a pas manqué<br />

d'impressionner une fois de plus<br />

son public.<br />

Luis Enrique, l'entraîneur du PSG,<br />

a déclaré après le match: « Warren<br />

pourrait avoir 37 ans et non 17. »<br />

N'est-ce pas la preuve de sa<br />

maturité ? Quand un entraîneur<br />

aussi expérimenté fait de tels<br />

éloges sur un joueur de 17 ans,<br />

cela signifie une chose: ce jeune<br />

garçon est exceptionnel. Luis<br />

Enrique, lui-même ancien milieu<br />

de terrain, comprend la difficulté<br />

de ce poste. Il a entraîné d'autres<br />

milieux légendaires tels que Rodri,<br />

Ivan Rakitic et Xavi. Le voir ainsi<br />

complimenter Zaïre-Emery<br />

témoigne de la qualité de ce<br />

dernier.<br />

Comme si cela ne suffisait pas, le<br />

joueur de 17 ans possède un jeu de<br />

passe exceptionnel. Capable<br />

d'alterner entre jeu long et jeu<br />

court, il crée fréquemment des<br />

décalages grâce à ses<br />

transmissions précises. À titre<br />

d'exemple, voici un graphique<br />

illustrant son taux de réussite des<br />

passes cette saison en Ligue 1.<br />

Photo: Paris Saint-Germain


Lors de l'écrasante défaite du PSG<br />

4-1 contre Newcastle en Ligue des<br />

Champions, il fut le seul Parisien ce<br />

soir-là à s'être illustré. Il réussit<br />

notamment une passe brillante et<br />

décisive pour Lucas Hernandez.<br />

Cette passe décisive pour son<br />

coéquipier n'était pas facile à<br />

réaliser. À la manière de son ancien<br />

coéquipier italien Marco Verratti,<br />

Zaïre-Emery déposa sur la tête de<br />

Hernandez un ballon parfaitement<br />

dosé qui s'est glissé derrière la<br />

défense anglaise. Quelques jours<br />

plus tard, face au Stade Rennais, il<br />

réitéra une passe décisive similaire,<br />

mais cette fois pour trouver l'autre<br />

latéral, en la personne d'Achraf<br />

Hakimi.<br />

Aussi talentueux soit-il, Zaïre-<br />

Emery demeure un diamant brut<br />

qu'il faut polir et façonner. Il est<br />

indéniable qu'avec Luis Enrique<br />

comme entraîneur, le Parisien de<br />

naissance est entre de bonnes<br />

mains pour continuer à progresser.<br />

Un véritable milieu à tout faire<br />

L'entraîneur Didier Deschamps<br />

avait déclaré au sujet de Paul<br />

Pogba : "Paul est un joueur<br />

capable de tout faire, mais je ne<br />

peux pas lui demander de tout<br />

faire." Il soulignait ainsi le fait qu'en<br />

dépit des qualités de Pogba, il est<br />

difficile pour un joueur d'accomplir<br />

toutes les tâches au milieu du<br />

terrain : la création, la récupération<br />

et la gestion du tempo.


Cependant, avec un milieu aussi<br />

moderne et complet que Warren<br />

Zaïre-Emery, rien ne semble<br />

impossible. Alors que de<br />

nombreux journalistes<br />

s'interrogent sur la possibilité que<br />

Deschamps sélectionne Zaïre-<br />

Emery en équipe A dans les mois à<br />

venir, le jeune joueur se pose des<br />

questions sur la réussite de son<br />

bac.


Photo: Paris Saint-Germain


TALENT DE DEMAIN<br />

Photo: FC Lucerne<br />

L'ASCENSION FULGURANTE DE<br />

LARS VILLIGER<br />

Rédaction: Emanuel Staub, bolzplazz.ch<br />

La Suisse tient désormais une nouvelle attraction dans le domaine<br />

offensif: le jeune Lars Villiger du FC Lucerne, qui a démontré son<br />

talent tant en Super League qu'à l'échelle internationale. Analyse et<br />

décryptage du nouvel espoir de l'attaque de la Nati.<br />

Le FC Lucerne est réputé pour son<br />

excellent travail en matière de<br />

formation. Ces dernières années,<br />

le club de Suisse centrale a produit<br />

des joueurs tels que Ruben<br />

Vargas, Flip Ugrinic, Darian Males<br />

ou plus récemment Ardon Jashari.<br />

Un regard sur l'équipe actuelle de<br />

l’équipe de Suisse M21, entrainée<br />

par Sacha Stauch, permet de<br />

constater l'importance de la<br />

production de talents par le FC<br />

Lucerne. Parmi les 27 joueurs<br />

convoqués lors des deux dernières<br />

trêves internationales, sept ont un<br />

passé au FCL ou y évoluent<br />

toujours. Ainsi, Lucerne compte<br />

plus de joueurs dans l'équipe<br />

nationale M21 que n’importe quel<br />

autre club du pays.<br />

Le dernier joyau issu de la<br />

formation lucernoise a déjà<br />

marqué les esprits de l’équipe<br />

suisse M21. Il s'agit bien sûr du<br />

talentueux attaquant de la Super<br />

League, Lars Villiger (20 ans). En<br />

septembre, il a fait ses débuts lors<br />

du match de qualification pour<br />

l'Euro contre la Finlande (2-1) et a<br />

immédiatement marqué le but de<br />

la victoire lors de sa toute<br />

première apparition sous les<br />

couleurs suisses. Curieusement,<br />

l'ASF n'avait jamais appelé Villiger


en équipe nationale espoirs au<br />

cours des années précédentes et<br />

pourtant, le natif d'Argovie est<br />

soudainement devenu le nouvel<br />

espoir offensif de l'association<br />

suisse de football.<br />

Devenu titulaire de la première<br />

équipe en un clin d'œil<br />

Au printemps dernier, Villiger a<br />

émergé comme par magie au sein<br />

de l'équipe première du FC<br />

Lucerne. À l'époque, il s'entraînait<br />

encore avec l'équipe M21 du club,<br />

qui venait de remporter le titre en<br />

Promotion League. Sa<br />

contribution au titre de champion<br />

était indéniable avec dix buts<br />

marqués. Après un<br />

impressionnant hat-trick contre<br />

YB M21, l'entraîneur Mario Frick l'a<br />

rapidement intégré dans l'équipe<br />

professionnelle. Peu de temps<br />

après, il a signé son premier<br />

contrat professionnel, le liant au<br />

club jusqu'en 2026.<br />

En avril, il a fait ses débuts en<br />

équipe première. Il faut dire que<br />

les départs de l'attaquant titulaire,<br />

Dejan Sorgic (34 ans, Sion), ainsi<br />

que celui de Joaquin Ardaiz (24<br />

ans, Sanliurfaspor), ont ouvert la<br />

voie à Villiger. Il a ainsi commencé<br />

la préparation estivale en tant que<br />

nouveau numéro 9 du club et a su<br />

conserver cette position malgré<br />

l'arrivée de Kemal Ademi (27 ans).<br />

En quelques mois seulement, il est<br />

passé du statut de joueur de<br />

moins de 21 ans à celui de titulaire<br />

indiscutable au sein de l'équipe<br />

première, démontrant ainsi sa<br />

remarquable ascension dans le<br />

monde du football professionnel.<br />

Un profil ultramoderne qui<br />

éveille les fantasmes<br />

Cette saison, Villiger a franchi un<br />

nouveau palier. Alors qu'au<br />

printemps, il a dû faire face à des<br />

difficultés d'adaptation au plus<br />

haut niveau et attendre jusqu'à fin<br />

mai pour marquer son premier<br />

but, il est désormais en pleine<br />

bourre.<br />

Celui qui apporte ce<br />

mélange particulier<br />

élargit considérablement<br />

le répertoire tactique de<br />

son équipe<br />

Son temps de jeu (presque deux<br />

fois plus de minutes que son<br />

concurrent Ademi) en est la<br />

preuve, tout comme ses<br />

performances. En 16 matches de<br />

compétition, Villiger a été<br />

impliqué sur dix buts (cinq buts,<br />

cinq passes décisives).<br />

Ce qui rend Villiger si intéressant,<br />

ce n'est pas seulement son<br />

rendement, mais aussi et surtout<br />

son profil. Un profil qui n'existe pas<br />

actuellement dans le football<br />

suisse, mais qui correspond<br />

parfaitement au football moderne.<br />

En exagérant un peu, on pourrait<br />

dire que Villiger est une sorte de<br />

"Haaland". Mesurant 1,90 mètre, il<br />

est imposant tout en étant mobile<br />

et rapide. Cette combinaison de<br />

puissance physique et d'agilité est<br />

rare mais très recherchée chez les<br />

avant-centres modernes.


Lars Villiger<br />

Photo: FC Lucerne<br />

En effet, un attaquant doté de<br />

telles capacités offre plusieurs<br />

avantages à son équipe. D'une<br />

part, il peut exploiter la profondeur<br />

en passant derrière la défense<br />

adverse grâce à sa vitesse, créant<br />

ainsi des opportunités offensives.<br />

De plus, il a la capacité de prendre<br />

de la vitesse avec le ballon, ce qui<br />

lui permet de déborder ses<br />

adversaires et de créer des<br />

occasions de but. D'autre part, sa<br />

taille imposante et sa force lui<br />

permettent d'être une cible<br />

dangereuse dans la surface de<br />

réparation, surtout sur les centres<br />

et les phases arrêtées, à la manière<br />

d'un buteur classique.<br />

Villiger possède justement ces<br />

qualités essentielles<br />

contrairement à Ademi, dont le<br />

manque de vitesse et de mobilité<br />

le limite dans la construction du<br />

jeu. Il apporte une énergie<br />

dynamique à l'offensive du FCL, ce<br />

qui rend le jeu de l'équipe plus<br />

varié et imprévisible. Sans la<br />

présence de Villiger, Lucerne perd<br />

un élément clé en attaque, ce qui<br />

rend l’équipe plus statique.<br />

Il est indéniable que les débuts de<br />

Villiger dans le monde<br />

professionnel sont prometteurs.<br />

Cependant, il est crucial de ne pas<br />

surestimer ce jeune attaquant.


L’avant-centre de 20 ans a encore<br />

des aspects de son jeu à améliorer.<br />

Sa capacité dans le jeu aérien, sa<br />

détermination, sont des domaines<br />

qu'il peut encore développer. Par<br />

moments, il semble encore un peu<br />

trop réservé. En revanche, d'autres<br />

facettes de son jeu sont déjà bien<br />

développées: en plus de sa force,<br />

sa vitesse et sa mobilité<br />

mentionnées précédemment, il<br />

dispose d'une bonne technique<br />

(même à grande vitesse), d'une<br />

précision redoutable, d'une<br />

habileté à finir avec les deux pieds,<br />

ainsi que de compétences dans le<br />

jeu de combinaison et de passes.<br />

En attaque, soudain le numéro<br />

un de la classe 2003 ?<br />

Le remarquable développement<br />

de Villiger et son temps de jeu<br />

significatif l'ont propulsé du statut<br />

de no-name à celui d'espoir<br />

offensif. En Suisse, le vivier de<br />

talents de sa classe d'âge (2003)<br />

est relativement restreint. Alors<br />

que les générations précédentes<br />

ont vu émerger des talents<br />

exceptionnels comme Rieder,<br />

Omeragic, Jashari, Stergiou (tous<br />

nés en 2002), Von Moos, Males,<br />

Okafor, Amdouni, Imeri, Ndoye,<br />

Stojilkovic (tous nés en 2001 ou<br />

2000), la génération 2003 ne<br />

comptait jusqu'à présent que<br />

deux joueurs dans cette lignée:<br />

Aurèle Amenda (YB) et Alvin<br />

Sanches (Lausanne-Sport).<br />

Certes, Bryan Okoh (Salzbourg) et<br />

Bradley Fink (Bâle/GC) figuraient<br />

parmi les grands espoirs<br />

nationaux dans les catégories de<br />

jeunes. Cependant, aucun des<br />

deux n'a encore réussi à s'imposer<br />

dans le monde professionnel, pour<br />

diverses<br />

Photo: ASF<br />

raisons, notamment de graves<br />

blessures pour Okoh et un<br />

manque de temps de jeu pour<br />

Fink. C'est donc avec un immense<br />

soulagement que Villiger, né en<br />

2003, est apparu de nulle part,<br />

offrant ainsi une lueur d'espoir en<br />

attaque pour le football suisse.<br />

En un temps record, le jeune<br />

prodige du FC Lucerne devient le<br />

numéro un des attaquants, non<br />

seulement dans son club<br />

formateur, mais aussi au sein de<br />

l'équipe nationale suisse (ASF).<br />

Cette ascension fulgurante a été<br />

facilitée par le fait que son plus<br />

grand rival, Bradley Fink, n'a pas<br />

encore réussi à s'imposer dans son<br />

club (GC), et lutte pour obtenir du<br />

temps de jeu. Les autres<br />

attaquants de Challenge League,<br />

tels que le buteur tessinois de Wil,<br />

Nikolas Muci, celui de Vaduz,<br />

Fabrizio Cavegn, ou le


Photo: FC Lucerne<br />

Valaisan Theo Berdayes,<br />

possèdent indéniablement des<br />

qualités, mais ils n'ont pu les<br />

démontrer qu'en deuxième<br />

division. Autrement dit, dans sa<br />

catégorie d'âge, Villiger est<br />

actuellement le seul avant-centre<br />

suisse à être titulaire en Super<br />

League et à marquer<br />

régulièrement. Cela fait de lui le<br />

leader incontesté de la nouvelle<br />

génération des M21.<br />

En termes de perspectives, il sera<br />

intéressant de suivre l'évolution de<br />

la compétition entre Fink et<br />

Villiger. Tout comme Villiger,<br />

l'ancien prodige du Borussia<br />

Dortmund, Fink, provient de<br />

l'académie du FC Lucerne et il y a<br />

seulement quelques mois, il était<br />

considéré comme le grand espoir<br />

de l'attaque.<br />

Il est ironique de constater qu'il a<br />

été dépassé par son ancien<br />

coéquipier. Malgré des attributs<br />

physiques similaires, les deux<br />

talents formés au sein de la<br />

jeunesse du FCL ont des styles de<br />

jeu différents. Fink, non seulement<br />

un peu plus grand, est également<br />

légèrement plus robuste pour se<br />

frayer un chemin et conclure les<br />

occasions. En revanche, Villiger est<br />

nettement plus mobile, agile et<br />

explosif.<br />

Si Fink parvient à s'imposer au<br />

plus haut niveau et si Villiger<br />

continue sur sa lancée, il n'est pas<br />

exclu que dans quelques années,<br />

nous assistions à la formation d'un<br />

duo d'attaquants exclusivement<br />

lucernois au sein de l'équipe<br />

nationale A.


Steven Lang<br />

Consultant<br />

blue Sport<br />

L’avis de<br />

L’export<br />

Lars Villiger est un joueur très intéressant à suivre, surtout en raison de sa taille. Je<br />

le trouve particulièrement habile sur le plan technique, capable de conserver le<br />

ballon avec beaucoup d’aisance. C’est peut-être le type d'attaquant que nous ne<br />

voyons pas souvent dans les jeunes générations actuelles. Nous avons beaucoup<br />

de joueurs rapides, mais pas beaucoup dans le style de jeu de Lars. Son jeu en<br />

pivot est excellent, et il est très efficace face au but. Personnellement, je suis<br />

enthousiaste à l'idée de le voir évoluer.<br />

J'ai découvert Lars Villiger l'année dernière lorsqu'il a fait ses débuts avec Lucerne.<br />

Je sais qu'il avait déjà marqué les esprits avec l'équipe des moins de 21 ans en<br />

réalisant d'excellents matchs. En ce moment, il connaît un très bon début de<br />

saison à la fois en club et avec l'équipe nationale suisse des moins de 21 ans. Il a<br />

vraiment progressé, ce qui le rend encore plus intéressant à suivre.<br />

Comment appréhender la suite de sa carrière ?<br />

Il est essentiel de ne pas précipiter les choses et de progresser étape par étape<br />

dans sa carrière. Je suis toujours d'avis qu'il est important de rejoindre l'un des<br />

meilleurs clubs suisses, où la pression est plus intense, avant de songer à partir à<br />

l'étranger. C'est une préparation nécessaire pour ressentir l'attente du public,<br />

l'enthousiasme et être capable de répondre à ces attentes. Il est crucial de partir à<br />

l'étranger lorsque tu as déjà fait tes preuves. Je reste convaincu qu'il est très<br />

difficile de passer directement de Lucerne à un club du top 5 européen. Je pense<br />

qu'une bonne option serait, par exemple, de signer à Young Boys où il aurait<br />

l'opportunité de jouer une ou deux saisons dans un environnement compétitif et<br />

de marquer de nombreux buts. Cela lui permettrait de se développer et de gagner<br />

en confiance avant de penser à une étape encore plus grande.<br />

Est-ce possible de le voir rapidement en équipe de Suisse ?<br />

Oui, je pense. Il faudra surveiller de près l'évolution de la situation de Murat Yakin,<br />

mais le sélectionneur a montré que les portes de l'équipe nationale suisse ne sont<br />

pas fermées aux joueurs évoluant en Super League. À une époque, il semblait<br />

presque inévitable de jouer à l'étranger pour être sélectionné en équipe nationale,<br />

mais Murat Yakin a changé cette dynamique. Certains joueurs sont désormais<br />

appelés en équipe de Suisse tout en évoluant à Lugano. Si Lars Villiger continue à<br />

marquer des buts en club et en sélection, je pense qu'il a toutes les chances d'être<br />

considéré. D'autant plus que nous rencontrons actuellement quelques problèmes<br />

au poste d'attaquant, ce qui laisse des opportunités à saisir.<br />

La comparaison avec Itten:<br />

Il est vrai que ces deux joueurs se ressemblent physiquement. Ils sont grands,<br />

assez costauds et évoluent en tant qu'attaquants de pointe. Ce sont tous deux des<br />

buteurs naturels. Cependant, Lars Villiger semble être plus mobile que Cédric<br />

Itten, et à en juger par ce qu'il a montré jusqu'à présent, il semble plus complet. En<br />

revanche, Cédric Itten possède davantage d'expérience et est sous les feux des<br />

projecteurs avec Young Boys.<br />

Il sera intéressant de voir comment Lars Villiger évoluera et comment il fera face<br />

aux attentes grandissantes qui entoureront son parcours.

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