syndicom magazine No.37

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Tranches
de vie
« Le syndicat ce n’est pas seulement les
salaires et les conditions de travail »
Née en 1998 à Winterthour, Anja Bachmann
a suivi une formation de logisticienne,
puis a décroché une maturité
professionnelle. Le déclic pour le choix
de sa formation s’est produit lors d’une
journée « Futur en tous genres ». En
2017, à la fin de son apprentissage à La
Poste, Anja y est engagée comme factrice.
Elle travaille aujourd’hui comme
responsable adjointe d’équipe. Après
une expérience décevante dans un
syndicat peu présent sur son lieu de
travail, elle rejoint syndicom, où elle se
sent immédiatement impliquée dans
les processus décisionnels. Elle s’engage
activement au sein de la commission
des femmes, de la commission de
la jeunesse et du comité central.
Texte : Mattia Lento
Image : Patrick Gutenberg
« La rencontre avec
syndicom a fait naître
mon intérêt pour le
travail syndical »
J’ai un travail qui me plaît, des collègues
avec qui je m’entends bien et de
bonnes conditions de travail. J’ai
pourtant ressenti le besoin de m’affilier
au syndicat et de m’engager personnellement.
Ma décision ne résulte
donc pas d’un mal-être, mais de
l’envie d’assumer davantage de responsabilités
et d’avoir mon mot à
dire sur de nombreux processus qui
impactent mon travail à La Poste.
La solidarité est aussi un aspect qui
a influencé mon choix : tout ne se
passe pas bien pour tout le monde
dans ma branche, et c’est pour ces
personnes que je m’engage sans oublier
celles qui n’ont pas le temps, ni
la force, ni la possibilité de lutter.
Pour mes collègues, de bons
contrats de travail, des droits respectés
et la participation vont de soi.
Mes jeunes collègues ne voient pas la
nécessité d’adhérer au syndicat, encore
moins de s’y engager. J’ai l’impression
que les jeunes préfèrent
s’investir dans des projets sociaux et
solidaires, plus limités dans le
temps, plutôt que de consacrer leur
énergie aux syndicats. Les jeunes
gens associent par ailleurs les syndicats
uniquement à la défense des
salaires et des conditions de travail.
Or les grandes grèves des femmes de
2019 et 2023 ont montré que le travail
syndical, c’est influencer des
processus qui dépassent le contexte
entrepreneurial. Il est certain que
l’activité syndicale est et reste centrée
sur le travail, mais m’investir au
sein de syndicom me montre qu’il y a
bien plus en jeu. Dans mon travail à
la commission des femmes, nous
nous occupons d’une palette plus
large de thèmes politiques et sociaux
tels que l’égalité salariale, la garde
des enfants, la violence sexuelle ou
encore l’antiracisme. En ce qui
concerne d’autres thèmes, par
exemple les questions climatiques et
environnementales, il est plus difficile
de faire comprendre le rôle des
syndicats. Or leur engagement est
prioritaire si l’on veut une transition
écologique juste et équitable pour
toutes et tous.
J’estime important que les jeunes
adhèrent aux syndicats et y assument
des responsabilités. Il va sans dire
que la présence de travailleurs-euses
d’un certain âge dans les syndicats
est importante, que leur expérience
est précieuse et leur engagement remarquable.
Mais il est aussi vrai que
de nombreux sujets requièrent une
vision différente, un nouvel élan et
une ouverture d’esprit que les personnes
âgées ne parviennent pas toujours
à adopter. Le même discours
vaut aussi pour les femmes : le processus
de féminisation des syndicats
a déjà commencé, mais le chemin
vers l’égalité, y compris au sein de
nos organisations, est encore long.