PANORAMA MEDIA - 20.09.23

POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE
Presse écrite
FRA
Famille du média : PQR/PQD
Edition : 19 septembre 2023
(Quotidiens régionaux)
P.7
Périodicité : Quotidienne
Audience : 102000
Journalistes : Yann Tourbe
Nombre de mots : 571
Sujet du média :
Actualités-Infos Générales
p. 1/1
En 2023, la météo prend le pas sur le climat
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Yann Tourbe Il ne faut pas confondre le climat et
la météo: le climat, c'est une moyenne sur 30 ans,
la météo est sur un pas de temps beaucoup plus
court.» Basile Pauthier sait de quoi il parle: celui
qui a pris, pour le Comité champagne, la succession
de Bruno Duron dans le vignoble aubois, est aussi
l'expert météo de l'interprofession. «On est déjà à
+1,3ºC en Champagne par rapport aux années 60»,
explique-t-il à la préfète de l'Aube, Cécile Dindar. Autour
d'eux, les coteaux d'Urville et une parcelle de pinots
blancs des champagnes Moutaux, qui sont, eux, de
Bligny et qui étaient la première étape de la tournée
vendanges du Syndicat général des vignerons, jeudi
14 septembre. Pour l'instant, ces 1,3ºC en plus ont
permis au vignoble champenois de donner des vins plus
fruités, avec des maturités un peu plus poussées. Bref,
«le changement climatique, la Champagne s'en sort
bien», commente le technicien du Comité champagne.
«Jusqu'à aujourd'hui», intervient alors Joël Falmet, le
vice-président aubois du syndicat. «Le changement
climatique, la Champagne s'en sort bien... -Jusqu'à
aujourd'hui.» C'est que l'année a été compliquée.
Beaucoup plus, sans doute, que ce qui avait été
prévu. Et Basile Pauthier reprend son explication: en
sortie d'hiver, les sols étaient «rechargés à 60% de
la réserve utile, c'est-à-dire de l'eau mobilisable par
la vigne». Pas encore la sécheresse, mais pas loin.
Contrairement à 2021, 2017 ou 2016, pour rappeler
les gelées printanières les plus importantes de ces
dernières années, l'épisode froid du mois d'avril a eu
peu de conséquences: la vigne n'avait pas pris l'avance
qu'elle avait ces années-là. Par contre, les précipitations
du printemps ont permis au mildiou de pointer le bout de
son nez. Pour ne rien arranger, souligne Basile Pauthier,
«la Côte des Bar est systématiquement la partie la plus
arrosée de la Champagne».
Un poids des grappes «délirant»
Et puis est arrivé le mois de juillet: de la pluie, de la grêle
(le vignoble de Montier-en-l'Isle, avec 70% de récolte
en moins, en a fait les frais) mais, déjà, la promesse
de grappes hors-norme. En août, ça se confirme: «Au 4
août, les grappes étaient déjà à 178 grammes, contre
169 grammes à la même date en 2022». La maturation
de ces grappes s'est faite «dans des conditions assez
fraîches, ce qui a évité trop de dilution d'acide»,
continue le technicien. Mais, juste avant la vendange,
le poids des grappes est «délirant»: «240 grammes
pour le pinot noir au lieu de 135 grammes», insistet-il.
La cause? C'est la question qui anime une partie
des services techniques aujourd'hui. Peut-être faut-il
y voir une conséquence de l'azote qui n'avait pas été
assimilé par la vigne en 2022, à cause de la sécheresse,
se demande Basile Pauthier. La vigne aurait ainsi reçu
cette année «une double dose d'azote»... C'est une
hypothèse qui expliquerait également la fréquence du
botrytis, qui aurait profité autant que la vigne de cet
azote d'autant plus facile à assimiler que l'année a été
humide. La canicule des dernières semaines a permis au
pinot noir (82% de l'encépagement dans la Côte des Bar,
tout de même) de se concentrer un peu, en diminuant le
poids des grappes de «15 à 20%». Ne restait plus qu'à
trier, pour laisser le pourri en dehors des pressoirs... Y
aura-t-il du rosé des Riceys cette année? Vous le saurez
en allant lire la page 15.
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