Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
G ALÁPA<br />
G<br />
édition automne <strong>2023</strong><br />
O S<br />
I<br />
N TER<br />
N E<br />
Expédition Galápagos Deep <strong>2023</strong><br />
Des drones pour protéger les tortues<br />
de mer aux Galápagos<br />
Comment se portent les tortues<br />
géantes des Galápagos ?<br />
Bulletin<br />
d‘information<br />
des Amis des Îles<br />
Galápagos (Suisse)
Éditorial<br />
Le dernier Intern des Galápagos a une forte connotation<br />
maritime. Il y a deux raisons à cela : Premièrement,<br />
le 25e anniversaire de la réserve marine<br />
des Galápagos et deuxièmement, l‘annonce par le<br />
président équatorien, Guillermo Lasso, de la création<br />
d‘une zone protégée de 8 miles nautiques (14,8<br />
km) le long de la côte équatorienne, dans laquelle<br />
la pêche commerciale sera interdite.<br />
Parallèlement, l‘expédition internationale Galápagos<br />
Deep Expedition <strong>2023</strong> a fait une découverte<br />
sensationnelle dans la réserve marine des Galápagos<br />
avec son sous-marin Alvin. À environ 600<br />
mètres de profondeur, ils ont trouvé au centre de<br />
l‘archipel des récifs coralliens jusqu‘alors inconnus<br />
et intacts, abritant une incroyable diversité<br />
d‘organismes vivants. Nous attendons avec impatience<br />
l‘évaluation scientifique de cette découverte<br />
et les autres conclusions de cette grande expédition<br />
dans le Sanctuaire marin des Galápagos.<br />
Il est donc évident que nous consacrerons également<br />
notre appel de fonds de cet automne aux<br />
océans. Cette fois-ci, il s‘agit d‘une campagne de<br />
protection des tortues vertes qui se reproduisent<br />
sur les plages de l‘archipel. Nous espérons que ce<br />
numéro de Galápagos Intern vous encouragera à<br />
soutenir cette campagne et à poser ainsi les bases<br />
d‘un avenir sûr pour les tortues vertes.<br />
Dans ce numéro, nous évoquons également les premiers<br />
succès du projet de barcoding que nous soutenons,<br />
dont l‘objectif est de créer une bibliothèque<br />
d‘ADN de tous les êtres vivants des Galápagos.<br />
Malgré les revers dus à la pandémie, plus de 1 500<br />
échantillons ont déjà été prélevés et catalogués.<br />
Enfin, nous sommes très heureux de pouvoir enfin<br />
vous présenter le film „GALAPAGOS - Hope for the<br />
future“ d‘Ewert van den Bos, annoncé avant la<br />
pandémie, le 3 novembre à Zurich (voir l‘invitation<br />
ci-jointe). Vous aurez ainsi l‘occasion unique de voir<br />
des chercheurs connus tels que le Dr Stephen Blake<br />
(directeur du programme d‘écologie du mouvement<br />
des tortues aux Galápagos), le Dr Heinke Jäger,<br />
le Dr <strong>Fr</strong>ancesca Cunninghame et bien d‘autres<br />
encore, en train de réaliser leur précieux travail sur<br />
l‘archipel.<br />
Contenu<br />
3 Expédition Galápagos Deep <strong>2023</strong><br />
4 Les plastiques marins : un défi de taille<br />
5 Les otaries des Galápagos sont eux<br />
aussi menacés<br />
6 Des drones pour protéger les tortues<br />
de mer aux Galápagos<br />
8 Le Sanctuaire marin des Galápagos<br />
fête ses 25 ans<br />
9 Comment se portent les tortues géantes<br />
des Galápagos ?<br />
10 Le projet de barcoding Galápagos<br />
progresse<br />
12 Premières constatations sur les Géospizes<br />
pique-bois de Pinzon<br />
12 Nouvelles des Galápagos<br />
Mentions légales :<br />
Amis des Îles Galápagos (Suisse)<br />
c/o Zoo de Zurich, Zürichbergstrasse 221, 8044 Zürich<br />
Téléphone : 044 254 26 70<br />
E-Mail : freunde.galapagos@zoo.ch<br />
Page d‘accueil : www.galapagos-ch.org<br />
Avec la collaboration de :<br />
Lukas Keller, Claudia Haas, Veronika Huebl, Doris Hölling,<br />
Marianne Egli, Karin Ramp. Imprimé sur du papier<br />
certifié FSC.<br />
La prochaine édition du<br />
Galápagos interne<br />
paraîtra au printemps 2024<br />
Follow us also on Social Media<br />
freundegalapagos<br />
friendsofgalapagos<br />
J‘espère voir beaucoup d‘entre vous très bientôt<br />
à notre soirée cinéma.<br />
Avec mes meilleurs vœux<br />
Image de<br />
couverture<br />
Lukas Keller, Président<br />
Tortues géantes des<br />
Galápagos, © Amy<br />
MacLeod<br />
2 Galápagos Interne
Expédition Galápagos Deep <strong>2023</strong><br />
Le printemps de cette année a été une période<br />
très fructueuse pour la conservation marine à plusieurs<br />
égards : En mars <strong>2023</strong>, le président équatorien<br />
Guillermo Lasso a annoncé la création d‘une<br />
zone protégée visant non seulement à protéger<br />
les espèces marines vivant dans cette zone, telles<br />
que les baleines à bosse, les raies mantas, les<br />
requins et quatre des sept espèces de tortues de<br />
mer au monde, mais aussi à préserver les écosystèmes<br />
importants que sont les mangroves, les récifs,<br />
les coraux, les dorsales sous-marines, les îles<br />
et îlots et les canyons sous-marins.<br />
Un peu plus tard, fin mars <strong>2023</strong>, l‘expédition « Galápagos<br />
Deep <strong>2023</strong> », d‘une durée de quatre semaines,<br />
a été lancée avec 22 chercheurs dans le<br />
but de mieux connaître la biodiversité et la géologie<br />
des eaux profondes autour des Galápagos. Alvin,<br />
le sous-marin de haute mer (DSV-2) qui avait<br />
déjà exploré l‘épave du Titanic en 1986, faisait partie<br />
de l‘expédition. Alvin peut accueillir trois personnes<br />
à bord, peut plonger jusqu‘à 6500 mètres<br />
de profondeur et dispose de deux bras préhenseurs<br />
capables de collecter des échantillons de<br />
manière extrêmement précise et délicate, ainsi<br />
que d‘un système d‘imagerie photo et vidéo haute<br />
résolution.<br />
Il existe encore des espèces inconnues<br />
Les fonds marins de l‘ensemble de l‘archipel ont<br />
ainsi pu être cartographiés de manière plus précise,<br />
et ce jusqu‘aux profondeurs. De nombreux<br />
échantillons de coraux fossiles ont également<br />
pu être prélevés, ce qui permet d‘avoir un aperçu<br />
du passé géologique. D‘autres échantillons<br />
d‘organismes vivants ont permis, lors de leur analyse<br />
génétique, d‘identifier au moins 32 nouvelles<br />
espèces pour les Galápagos.<br />
Une découverte remarquable a été une grande<br />
accumulation d‘algues varech. Avec une longueur<br />
d‘environ un mètre, il s‘agit de la plus grande<br />
algue de tout l‘espace marin équatorien et d‘une<br />
plante qui normalement ne se trouve pas dans les<br />
Oursin sur un corail vivant (à gauche) et, en arrière-plan, un<br />
corail fossile qui constitue la base du récif vivant. Image reproduite<br />
avec l‘aimable autorisation de Robinson (U. Bristol),<br />
D. Fornari (WHOI), M. Taylor (U. Essex), D. Wanless (Boise State<br />
U.) NSF/NERC/HOV Alvin/WHOI MISO Facility, <strong>2023</strong>, © Woods<br />
Hole Oceanographic Institution<br />
tropiques et qui ne peut exister ici que grâce aux<br />
courants d‘eau froide comme le courant de Humboldt.<br />
Le varech est un habitat important pour les<br />
espèces clés qui sont essentielles à la survie de<br />
populations entières, en particulier dans la zone<br />
mésophile, où la lumière du jour ne pénètre plus<br />
que très peu. Après la violente saison El Niño de<br />
1982-83, le varech ne se trouvait plus qu‘au large<br />
des côtes ouest d‘Isabela et de Fernandina et était<br />
considéré comme éteint dans le reste de l‘archipel.<br />
Il s‘avère maintenant que des forêts de varech de<br />
la taille d‘un terrain de football existent à de faibles<br />
profondeurs d‘environ 100 mètres entre Santa<br />
Cruz, Isabela et Floreana. Elles sont différentes du<br />
varech de l‘ouest de l‘archipel (Eisenia galapagensis)<br />
et constituent probablement une sous-espèce<br />
distincte.<br />
Salome Buglass de la Charles Darwin Foundation (à gauche)<br />
et la Dr Sylvia Earle avec leurs échantillons d‘algues varech<br />
à bord de la Mission Blue Galápagos Islands Hope Spot Expedition<br />
2019. Image reproduite avec l‘aimable autorisation<br />
d‘Amanda Townsel, Mission Blue<br />
Découvertes grandioses<br />
En plus des plongées de cartographie et<br />
d‘échantillonnage très réussies, l‘expédition a fait<br />
une découverte unique : entre les îles de Santa<br />
Cruz et de San Cristóbal, à une profondeur de 400<br />
à 600 mètres, les chercheurs ont trouvé un récif<br />
corallien intact et plein de vie sur la crête d‘un<br />
volcan englouti qui n‘avait pas été cartographié<br />
jusqu‘à présent. Il s‘étend sur plusieurs kilomètres<br />
et se compose de 50 à 60% de coraux vivants, en<br />
plus de nombreuses autres espèces marines. La<br />
norme pour les récifs coralliens en eau profonde<br />
est de 10 à 20% maximum de coraux vivants. Les<br />
coraux d‘eau froide font partie des organismes vivants<br />
les plus anciens que nous connaissons. Ils<br />
ont un âge incroyable de 2500 à 3000 ans. A cette<br />
profondeur, les coraux n‘ont plus accès à la lumière<br />
du jour. Ils vivent de la « neige marine », une<br />
pluie continue de particules qui permet à de gran-<br />
Galápagos Interne<br />
3
des quantités de carbone de passer des couches<br />
superficielles vers les profondeurs.<br />
Les nombreuses images et échantillons collectés<br />
sont actuellement analysés en détail et promettent<br />
d‘apporter de nombreuses nouvelles informations<br />
sur les fonds marins profonds, le changement climatique<br />
et la protection de l‘environnement.<br />
Le lien suivant vous permet d‘accéder à un webinaire<br />
passionnant de la station Charles Darwin sur<br />
ce sujet. https://youtu.be/zcv85IH25-k<br />
Veronika Huebl<br />
Ancien récif corallien vivant en eau profonde (coraux mixtes<br />
Madrepora sp. et Dendrophyllia sp. d‘eau froide) échafaudage<br />
à 400m-500 m de profondeur. Image reproduite avec<br />
l‘aimable autorisation de L. Robinson (U. Bristol), D. Fornari<br />
(WHOI), M. Taylor (U. Essex), D. Wanless (Boise State U.) NSF/<br />
NERC/HOV Alvin/WHOI MISO Facility, <strong>2023</strong>, © Woods Hole<br />
Oceanographic Institution<br />
Les plastiques marins : un défi de taille<br />
Les Galápagos sont l‘une des réserves naturelles les<br />
mieux préservées au monde et c‘est précisément pour<br />
cette raison que l‘impact de la pollution plastique en<br />
mer y est particulièrement dévastateur.<br />
Au cours des cinq dernières années, plus de 80 tonnes<br />
de déchets plastiques se sont échoués sur les plages de<br />
l‘archipel et ont été nettoyés. De nombreux gardes du<br />
Parc national des Galápagos, ainsi que des volontaires,<br />
y participent quotidiennement. L‘analyse des déchets<br />
échoués montre que plus de 80% du plastique ne<br />
provient pas des Galápagos ou de la réserve marine.<br />
Des simulations océanographiques montrent qu‘une<br />
grande partie est transportée depuis les côtes continentales<br />
de l‘Équateur et du Pérou par le vent et les<br />
courants marins.<br />
Mais les grandes flottes de pêche du Pacifique oriental<br />
laissent également leurs déchets dans l‘océan.<br />
Causes<br />
Pour capturer les grands poissons de banc, on utilise<br />
souvent des bouées d‘attraction ou des dispositifs<br />
de concentration de poissons (DCP ou, en anglais,<br />
FAD - Fish Agregating Devices) qui sont soit ancrés<br />
au fond de la mer, soit flottent librement dans la mer<br />
et peuvent être localisés par satellite. Ces DCP sont<br />
constitués d‘un flotteur sous lequel sont fixés des<br />
filets ou des cordes équipés de capteurs et suspendus<br />
jusqu‘à 20 mètres de profondeur. Lorsqu‘un banc de<br />
poissons s‘approche de cette structure, les capteurs<br />
envoient les données par GPS aux bateaux de pêche<br />
qui capturent ensuite les animaux avec de grands<br />
filets circulaires. Cette méthode de pêche, préférée en<br />
Asie, est utilisée pour environ 40% des prises de thon.<br />
Cependant il est incroyable que seul un petit pourcentage<br />
de ces leurres sont récupérés. On estime que<br />
seulement 15% de ces dispositifs de concentration de<br />
poissons sont récupérés et que jusqu‘à 40 000 DCP<br />
flottent dans le seul Pacifique central. Tout comme les<br />
filets de pêche et les lignes perdus, que l‘on retrouve<br />
dans le monde entier sous forme de „filets fantômes“,<br />
4 Galápagos Interne<br />
Jeune lion de mer empêtré dans un sac plastique, © Juan Pablo<br />
Muñoz, CDF<br />
les leurres flottent dans l‘océan sous forme de déchets<br />
plastiques et constituent des pièges mortels pour la vie<br />
marine. Les dauphins, les tortues de mer et les requins,<br />
en particulier, s‘y prennent et meurent misérablement<br />
car ils ne peuvent pas respirer.<br />
Conséquences<br />
Ces dernières années, plus de 35 espèces animales<br />
différentes ont été victimes des déchets plastiques<br />
sur terre et en mer. Les scientifiques ont découvert<br />
des nids d‘oiseaux marins dans lesquels de grandes<br />
quantités de plastique sont utilisées pour construire<br />
des nids. C‘est particulièrement dangereux, car les<br />
jeunes oiseaux peuvent se prendre dans les matériaux<br />
du nid, s‘étouffer avec ou considérer le plastique coloré<br />
comme comestible et mourir. Les otaries, les lézards<br />
marins et d‘autres animaux se prennent dans les sacs<br />
en plastique, qui leur coupent alors les membres ou<br />
les étranglent.<br />
C‘est particulièrement dévastateur pour les espèces<br />
endémiques comme les lézards marins, les albatros<br />
des Galápagos, mais aussi les tortues géantes des<br />
Galápagos, car elles aussi considèrent souvent le<br />
plastique comme comestible.<br />
Heureusement, l‘archipel a interdit l‘utilisation de<br />
plastique à usage unique depuis 2019. La population
de l‘archipel prend de plus en plus conscience de<br />
l‘importance de se passer de ce type de plastique,<br />
d‘autant que plus de 60% des plastiques marins<br />
échoués proviennent d‘emballages à usage unique.<br />
Il est également effrayant de constater que sur certaines<br />
plages de l‘archipel, on a trouvé plus de 2 500<br />
microparticules de plastique par mètre carré. Ces<br />
particules de plastique entraînent un changement<br />
de couleur du sable, qui devient plus foncé, ce qui<br />
accélère le réchauffement du sable et provoque des<br />
changements climatiques.<br />
Il est donc évident que pour les Galápagos, le plastique<br />
marin ne représente pas seulement une menace pour<br />
la faune unique de l‘archipel, mais aussi un risque pour<br />
l‘ensemble de l‘écosystème. Les polluants contenus<br />
dans le plastique sont libérés et représentent un<br />
défi supplémentaire pour l‘élimination des déchets<br />
échoués – sans compter qu‘ils ne proviennent pas<br />
des îles, mais qu‘ils doivent y être éliminés.<br />
Otarie avec un anneau en plastique autour du cou, © Andrew<br />
Donelly, GCT<br />
Fondamentalement, le plastique est un problème qui<br />
nous concerne tous et qui ne peut pas être résolu facilement.<br />
Mais si nous contribuons ensemble à utiliser<br />
moins de plastique et à trouver des alternatives plus<br />
écologiques, nous ferons un premier pas important<br />
pour assurer l‘avenir des océans et de leurs habitants.<br />
Les otaries des Galápagos sont eux aussi menacés<br />
Vous vous souvenez certainement des otaries des<br />
Galápagos (Zalophus wollebaeki), effrontées qui se<br />
battent pour des places assises sur le front de mer des<br />
villages des Galápagos ou qui attendent sur le marché<br />
de Puerto Ayora pour obtenir une friandise des marchands<br />
de poisson. Mais vous ne savez probablement<br />
pas que ces animaux endémiques, c‘est-à-dire que l‘on<br />
ne trouve qu‘aux Galápagos, sont eux aussi menacés.<br />
Bien que les otaries des Galápagos soient toujours<br />
présents sur les îles, leur population a diminué de<br />
moitié au cours des quatre dernières décennies. C‘est<br />
pourquoi les otaries des Galápagos figurent sur la liste<br />
rouge des espèces menacées de l‘Union internationale<br />
pour la conservation de la nature (UICN) comme étant<br />
en danger. On pense que la pollution et la modification<br />
des courants marins réduisent la quantité de nourriture<br />
disponible autour de l‘archipel des Galápagos, ce qui<br />
entraîne un déclin de la population animale.<br />
Une étude a donc été menée en 2022 pour évaluer<br />
les menaces pesant sur les otaries des Galápagos.<br />
Une otarie sur un débarcadère de l‘île d‘Española, © Paquita<br />
Hoeck<br />
Pour ce faire, des échantillons d‘excréments d‘otaries<br />
ont été collectés sur les îles de Santa Fé, Floreana,<br />
Española et San Cristóbal, dont les plages abritent<br />
une grande partie des otaries des Galápagos. L‘ADN<br />
qu‘elles contiennent a permis d‘identifier les espèces<br />
de poissons consommées par les animaux. Cela a<br />
permis de déterminer si et comment les habitudes<br />
alimentaires des animaux changent au cours des<br />
différentes saisons.<br />
L‘objectif était de déterminer dans quelle mesure le<br />
changement climatique affecte les animaux, car l‘un des<br />
effets du changement climatique est l‘augmentation<br />
de la fréquence et de l‘intensité des événements El<br />
Niño, au cours desquels la température de la mer<br />
augmente. Le réchauffement de l‘eau entraîne une<br />
diminution de la diversité des espèces dans l‘océan,<br />
ce qui pourrait se traduire par une diminution de la<br />
nourriture pour les otaries.<br />
Des conclusions encourageantes<br />
Les chercheurs notent toutefois que les otaries mangent<br />
une grande variété de proies, dont de nombreux<br />
poissons d‘eau profonde ainsi que des requins et des<br />
raies. Un régime alimentaire aussi diversifié pourrait<br />
aider les animaux à faire face aux changements de<br />
l‘offre alimentaire causés par le réchauffement des<br />
océans.<br />
En novembre de l‘année dernière, une expédition<br />
a été lancée dans le but d‘obtenir des informations<br />
plus complètes sur l‘évolution des populations, afin<br />
de mieux évaluer la manière de prévenir les effets<br />
potentiels à long terme du changement climatique<br />
sur ces animaux charismatiques, pour que les otaries<br />
continuent à être une image familière aux Galápagos.<br />
Galápagos Interne<br />
5
Des drones pour protéger les tortues de mer aux Galápagos<br />
Les tortues géantes des Galápagos, légendaires<br />
pour l‘archipel, ne sont pas les seules à être menacées<br />
d‘extinction. Leurs cousines, les tortues de<br />
mer, sont également en danger, selon l‘Union internationale<br />
pour la conservation de la nature (UICN).<br />
Dans les Galápagos, on voit le plus souvent la tortue<br />
de mer verte du Pacifique (Chelonia mydas). Selon<br />
l‘UICN, cette espèce de tortue de mer est menacée<br />
d‘extinction en raison de la baisse de sa population.<br />
C‘est la seule espèce de tortue de mer qui se reproduit<br />
dans les Galápagos.<br />
Très fréquentes dans le Sanctuaire marin des Galápagos,<br />
elles ont souvent une carapace plus sombre,<br />
légèrement plus bombée. Leurs extrémités sont<br />
également de couleur plus sombre que celles de<br />
la plupart des tortues de mer vertes du Pacifique.<br />
C‘est pourquoi ces animaux ont parfois été considérés<br />
comme une espèce distincte, parfois appelée<br />
tortue noire (Chelonia agazsizii), mais cette opinion<br />
est désormais contestée. On pense que ces animaux<br />
constituent une sous-espèce (Chelonia mydas<br />
agassizii) de la tortue de mer verte du Pacifique.<br />
La tortue de mer verte est également appelée tortue<br />
à soupe, ce qui donne une indication claire de<br />
son ancienne utilisation préférentielle par l‘homme.<br />
Cependant, depuis 1988, le commerce des œufs,<br />
de la viande et des tortues de mer vertes vivantes<br />
ou mortes est interdit par la Convention de<br />
Washington sur le commerce international des<br />
espèces de faune et de flore sauvages menacées<br />
d’extinction (CITES). Contrairement à ce que l’on<br />
pourrait penser, le nom de tortue de mer verte ne<br />
fait pas référence à la couleur brune à vert olive<br />
de sa carapace, mais à la couleur de sa graisse corporelle.<br />
En effet, les tortues de mer vertes adultes<br />
sont exclusivement herbivores et se nourrissent<br />
d‘herbes marines, d‘algues ou de feuilles de laitue<br />
de mer qu‘elles peuvent arracher et mâcher avec<br />
leurs mâchoires dentelées. Seuls les jeunes sont<br />
carnivores, c‘est-à-dire qu‘ils mangent de la viande.<br />
Ils se nourrissent notamment de crabes, de coquillages<br />
et de méduses.<br />
Tortues de mer vertes sur leur lieu d‘alimentation, © Joshua Vela, CDF<br />
6 Galápagos Interne<br />
Lorsque les tortues de mer atteignent leur maturité<br />
sexuelle, entre 25 et 35 ans, elles retournent dans<br />
leurs eaux de naissance pour s‘y reproduire. Pour<br />
ce faire, elles parcourent de longues distances (plus<br />
de 2 600 km), guidées par leur boussole interne qui<br />
s‘oriente sur les champs magnétiques de la terre et<br />
par leur bonne vue qui leur permet de s‘orienter en<br />
fonction de la position du soleil ou du mouvement<br />
des vagues.<br />
Quelques semaines après l‘accouplement, les femelles<br />
se rendent sur les plages où elles ont éclos<br />
pour y pondre leurs œufs. On pense que les<br />
animaux reviennent sur les plages où ils sont nés<br />
car ils y trouvent de bonnes conditions pour leur<br />
progéniture.<br />
Tortues vertes en train de s‘accoupler, © Paquita Hoeck<br />
Les menaces sont nombreuses<br />
Le requin tigre est le principal prédateur des tortues<br />
de mer vertes adultes. Les jeunes tortues fraîchement<br />
écloses sont chassées par un nombre beaucoup<br />
plus important d‘espèces animales telles que<br />
les crabes, les oiseaux marins, les gros poissons et<br />
les mammifères marins. En plus, il y a les chats retournés<br />
à l‘état sauvage qui recherchent également<br />
les œufs et les jeunes tortues.<br />
Une autre grande menace pour les tortues marines<br />
reste l‘homme. L‘augmentation de la circulation<br />
des bateaux entraîne des blessures terribles de<br />
la carapace, la perte de membres et souvent la<br />
mort des animaux. La pêche menace également<br />
les tortues de mer, car elles sont souvent prises<br />
accidentellement dans les filets de pêche ou s’y<br />
retrouvent coincées avec leurs extrémités. Ainsi,<br />
elles ne peuvent pas remonter à la surface pour<br />
respirer et se noient misérablement.<br />
Les Galápagos restent une destination touristique<br />
très prisée. Rien qu‘au cours des dix dernières années,<br />
le nombre de visiteurs a augmenté de plus<br />
de 50%. Cela se traduit par une forte augmentation<br />
du trafic de bateaux pour le shopping sur les îles,<br />
le transport, ou les excursions de plongée et de<br />
snorkeling. Tout cela contribue à l‘augmentation
dramatique des blessures et des décès chez les<br />
tortues marines.<br />
Les activités touristiques telles que la fréquentation<br />
des plages ou les excursions en kayak ou en<br />
snorkeling le long de la côte ou à partir des plages<br />
où les tortues de mer vertes pondent affectent les<br />
animaux. Le bruit et l‘excès d‘activités sur la plage<br />
impliquent une modification de l‘habitat des tortues<br />
marines et peuvent provoquer des troubles du<br />
comportement ou, dans le pire des cas, entraîner<br />
la migration des animaux.<br />
Une autre menace non négligeable provient des<br />
microplastiques stockés dans le sable. Ces minuscules<br />
particules donnent au sable une couleur<br />
plus foncée, ce qui entraîne un réchauffement plus<br />
rapide et une température plus élevée. Ceci est fatal<br />
car le sexe des jeunes tortues est déterminé par la<br />
température de reproduction. Plus la température<br />
est élevée, plus il y a de femelles qui éclosent. Les<br />
femmes sont certes importantes, mais s‘il y a principalement<br />
des tortues femelles, elles ne peuvent<br />
pas se reproduire en nombre suffisant pour assurer<br />
la pérennité de l‘espèce.<br />
Une jeune tortue de mer quitte le nid, © Andres Cruz, CDF<br />
Alignement du drone et collecte de données, © Joshua Vela,<br />
CDF<br />
Une équipe de chercheurs de la station de recherche<br />
Charles Darwin, en collaboration avec l‘autorité<br />
du parc national des Galápagos, veut donc savoir<br />
si et comment la présence humaine affecte les<br />
tortues de mer. Pour ce faire, une équipe de chercheurs<br />
surveille depuis maintenant deux ans, à<br />
l‘aide de drones, les tortues de mer du célèbre spot<br />
touristique de Tortuga Bay. L‘utilisation de drones<br />
permet de s‘assurer que les tortues de mer ne sont<br />
pas dérangées. Ainsi, les chercheurs peuvent non<br />
seulement enregistrer le nombre d‘animaux sur la<br />
plage et dans l‘eau, leur état visuel et leurs activités,<br />
mais aussi le trafic de bateaux et les activités<br />
touristiques sur place. Comme l‘étude a débuté en<br />
l‘absence de touristes (en raison de la pandémie de<br />
Covid-19), nous disposons également de données<br />
comparatives représentatives sur le comportement<br />
des animaux lorsqu‘il n‘y a presque personne dans<br />
la baie de Tortuga.<br />
Cette année, le nombre de touristes est revenu au<br />
niveau d‘avant la pandémie. La poursuite de l‘étude<br />
cette année est donc particulièrement importante.<br />
Elle permet en effet d‘obtenir des données actuelles<br />
et fiables qui serviront ensuite de base pour<br />
rendre les activités touristiques aux Galápagos plus<br />
durables et moins dangereuses pour les tortues de<br />
mer, et ainsi garantir leurs habitats et leur survie.<br />
Aidez-nous<br />
Aidez-nous à préserver l‘habitat naturel des<br />
tortues de mer vertes. C‘est la seule façon de<br />
garantir la survie à long terme de ces animaux<br />
intéressants pendant des milliers d‘années.<br />
Votre don contribuera à faire en sorte que<br />
les tortues de mer vertes des Galápagos<br />
donnent le sourire à beaucoup d‘autres<br />
personnes.<br />
Galápagos Interne<br />
7
Le Sanctuaire marin des Galápagos fête ses 25 ans<br />
Oui, cela fait déjà 25 ans que la Réserve marine des<br />
Galápagos (RMG) a été créée le 18 mars 1998 afin<br />
de protéger durablement la riche faune marine des<br />
îles Galápagos. Nulle part ailleurs dans le monde,<br />
on ne trouve un archipel où se rencontrent des<br />
courants marins de températures aussi différentes,<br />
créant ainsi un habitat unique. Ainsi, le courant de<br />
Panama apporte des eaux tropicales chaudes, tandis<br />
que les courants de Humboldt et de Cromwell<br />
proviennent de grandes profondeurs et apportent<br />
des eaux riches en plancton, qui offrent une base<br />
de vie à d‘innombrables espèces qui ne se trouvent<br />
souvent que là.<br />
A ses débuts, la réserve marine couvrait 198.000 km 2<br />
et comptait parmi les plus grandes réserves marines<br />
de la planète. Depuis, beaucoup de choses se sont<br />
passées. La protection des océans devient de plus<br />
en plus urgente et de nombreux autres pays ont<br />
suivi l‘exemple des Galápagos.<br />
Lors du sommet sur le climat de 2021, les présidents<br />
de l‘Équateur, de la Colombie, du Panama et<br />
du Costa Rica ont annoncé leur intention de créer<br />
ensemble une aire marine protégée de plus de<br />
500.000 km 2 . Ce fut un grand pas en avant. Puis, il<br />
y a un an, le président Guillermo Lasso a signé le<br />
décret d‘extension de la RMG à la „Hermandad“<br />
de 60.000 km 2 . Elle relie désormais, le long d‘une<br />
dorsale sous-marine, l‘aire marine protégée autour<br />
de l‘île de Coco, au large du Costa Rica, à la RMG.<br />
Cette extension était très importante puisque la RMG<br />
est le point de rencontre de nombreuses espèces<br />
marines migratrices telles que les requins, les raies,<br />
les baleines ou les tortues de mer, pour lesquelles<br />
les grandes flottes de pêche du domaine public<br />
maritime représentent une grande menace.<br />
directrice générale Claudia Haas, lors de leur visite à<br />
l‘ambassade équatorienne à Berne. C‘est pourquoi<br />
le président Guillermo Lasso a annoncé la création<br />
d‘une zone protégée le long de toute la côte continentale<br />
équatorienne, d‘une largeur d‘environ<br />
15 km. Dans cette zone, seule la pêche durable et<br />
traditionnelle est autorisée en petites quantités.<br />
Les Amis des Galápagos en visite à l‘ambassade équatorienne.<br />
Ambassade à Berne. (de gauche à droite) Dominik<br />
Ziegler, l‘ambassadrice Deborah Salgado Campaña, Claudia<br />
Haas, Señor Édil Sánchez T.<br />
La surveillance des limites de ces immenses zones<br />
protégées et du respect des interdictions et<br />
restrictions de pêche pose un problème majeur.<br />
Chaque année, des centaines de bateaux de pêche<br />
de différentes nationalités croisent aux frontières de<br />
la RMG. Ils capturent de grands bancs de poissons<br />
et mettent ainsi en danger de nombreuses autres<br />
espèces marines, comme les tortues de mer, les<br />
dauphins, les raies, les requins et les requins-baleines.<br />
Cependant, de nombreux navires ciblent les grands<br />
groupes de requins, dont les ailerons sont toujours<br />
très recherchés. Dans ce cas, il serait utile d‘utiliser<br />
davantage de stations vidéo sous-marines (BRUVs –<br />
Baited Remote Underwater Videostations) pour<br />
surveiller les voies de migration des espèces menacées<br />
et pour les comparer avec les zones protégées<br />
existantes. De cette manière, la recherche peut<br />
fournir aux gouvernements des indications sur les<br />
zones marines qui doivent être protégées de toute<br />
urgence afin de protéger à long terme les espèces<br />
marines migratrices menacées.<br />
Source de l‘image : https://ml.globenewswire.com/Resource/<br />
Download/f14b9060-8bf9-4c8b-81e7-4711cdbe2606 (WildAid)<br />
Mais il reste encore beaucoup à faire si nous voulons<br />
atteindre l‘objectif 30/30, c‘est-à-dire protéger<br />
30% des océans d‘ici 2030. C‘est ce qu‘a expliqué<br />
l‘ambassadrice équatorienne Deborah Salgado<br />
Campaña à notre président Dominik Ziegler et à la<br />
Mais la pollution de l‘océan par le plastique et les<br />
changements climatiques sont également un grand<br />
défi pour le RMG. Les chercheurs constatent de plus<br />
en plus souvent que les oiseaux marins, comme<br />
le cormoran aptère, intègrent de plus en plus de<br />
déchets plastiques dans leurs nids, ce qui conduit<br />
les jeunes oiseaux à avaler de petits morceaux de<br />
plastique et à en mourir. En plus, les mangroves<br />
des côtes des Galápagos souffrent également des<br />
déchets plastiques dans l‘océan, qui menacent<br />
8 Galápagos Interne
littéralement de les étouffer. Ces écosystèmes sont<br />
pourtant d‘importantes nurseries pour les requinsmarteaux<br />
halicorne et les raies-aigles tachetées,<br />
deux espèces menacées. Grâce à l’identification et<br />
au suivi des déchets plastiques par les habitants de<br />
l’archipel, l’autorité du parc national des Galápagos<br />
obtient des informations importantes sur les zones<br />
qui doivent être nettoyées régulièrement.<br />
L’ambassadrice a été très reconnaissante d’apprendre<br />
que notre association soutient activement ce type<br />
de projets depuis longtemps et qu’elle continuera<br />
à s’engager dans des projets de recherche liés à la<br />
protection de la vie marine.<br />
Nous avons également été ravis d’apprendre que<br />
le Crédit Suisse (CS) avait accepté en mai dernier<br />
un « swap dept for nature ». Ce type plus récent<br />
de restructuration de la dette pourrait être un bon<br />
moyen de s‘assurer que davantage de fonds sont<br />
investis dans la protection de la nature dans les pays<br />
bénéficiant de tels swaps. Le rachat des obligations<br />
par le CS a pour effet de réduire les obligations de<br />
remboursement du gouvernement équatorien<br />
d‘environ 17 millions de dollars par an. En contrepartie,<br />
le gouvernement équatorien s‘est engagé à<br />
investir environ 18 millions de dollars par an dans la<br />
protection de la nature au cours des 20 prochaines<br />
années. Ces fonds pourraient faire bouger les choses<br />
en matière de protection de la RMG. Espérons donc<br />
que ce concept se concrétise.<br />
Requin-marteau ’halicorne, © Jordi Chias, CDF<br />
Plage des Galápagos polluée par du plastique, © Juan Pablo<br />
Muñoz, CDF<br />
Comment se portent les tortues géantes des Galápagos ?<br />
Le Dr Steven Blake de l‘Université de St. Louis (Etats-<br />
Unis), en collaboration avec l‘Institut Max Planck de<br />
biologie comportementale de Radolfzell, a lancé<br />
le Giant Tortoise Movement Ecology Programme<br />
(GTMEP). Ce projet a pour but d‘étudier la migration<br />
des tortues géantes. Il est soutenu par notre<br />
association depuis de nombreuses années.<br />
Les objectifs pour une meilleure protection de ces<br />
tortues endémiques, et donc présentes uniquement<br />
dans l‘archipel des Galápagos, sont les suivants :<br />
• Un objectif est de déterminer dans quelle mesure<br />
le comportement naturel des tortues est<br />
influencé par les modifications apportées par<br />
l‘homme à l‘habitat des animaux.<br />
Les tortues adultes et les jeunes tortues sont équipées<br />
d‘émetteurs GPS qui permettent aux chercheurs<br />
et aux gardes de suivre les mouvements des<br />
animaux. Mais comme toutes les tortues ne migrent<br />
pas, les chercheurs veulent savoir si la migration<br />
permet aux animaux de mieux se reproduire. Pour ce<br />
faire, une radiographie de terrain a été réalisée pour<br />
la première fois sur 20 tortues femelles en liberté<br />
à Santa Cruz. Les chercheurs ont ainsi pu compter<br />
le nombre d‘œufs et de pontes par femelle. Ces<br />
analyses seront effectuées chaque année à l‘avenir.<br />
Les premiers résultats indiquent que les femelles<br />
migrantes pondent plus d‘œufs et produisent plus de<br />
couvées. Cela montre aux chercheurs l‘importance<br />
d‘éduquer la population sur les besoins des animaux<br />
et de fournir des recommandations d‘action<br />
à l‘autorité du parc national des Galápagos afin de<br />
protéger les routes migratoires des tortues à long<br />
terme. En utilisant les données de déplacement des<br />
jeunes tortues, les chercheurs ont pour la première<br />
fois la possibilité de suivre les tortues géantes tout<br />
au long de leur vie et d‘évaluer leur taux de survie.<br />
• Il s‘agit également de déterminer comment les<br />
bactéries résistantes aux antibiotiques et les<br />
virus émergents, causés par la cohabitation avec<br />
l‘homme, sont transportés chez les tortues.<br />
L‘objectif est de déterminer le statut sanitaire gé-<br />
Galápagos Interne<br />
9
néral des tortues géantes des Galápagos. Cela ne<br />
comprend pas seulement la collecte d‘échantillons<br />
de sang et de matières fécales. Des recherches sont<br />
également en cours sur un champignon qui s‘installe<br />
dans les blessures de la carapace et entraîne une<br />
mauvaise croissance de celle-ci. Une autre étude<br />
très inquiétante porte sur les déchets plastiques<br />
consommés par les tortues. Il s‘agit notamment<br />
des masques chirurgicaux utilisés et jetés, à travers<br />
lesquels les animaux ingèrent d‘autres pathogènes<br />
qui menacent encore plus leur santé.<br />
• Montrer combien il est important d‘informer<br />
intensivement la population de l‘archipel sur ces<br />
animaux emblématiques et de générer ainsi une<br />
meilleure compréhension de leur protection.<br />
Tortue géante équipée d‘un émetteur dans un point d‘eau,<br />
© Christian Zeigler GTMEP<br />
L‘accent est mis sur le jeune public. Lors d‘excursions,<br />
de journées de projet ou de cours scolaires, les<br />
jeunes en apprennent davantage sur ces animaux<br />
intéressants. Outre des informations générales sur<br />
l‘anatomie ou les habitudes de vie des tortues géantes,<br />
il est également possible, avec les chercheurs, de<br />
localiser et d‘observer les tortues dans leur habitat<br />
grâce aux balises GPS et d‘aider les chercheurs à<br />
collecter des données scientifiques. Ces courtes<br />
expéditions permettent également de montrer<br />
aux jeunes les opportunités professionnelles que<br />
la conservation de la nature peut leur offrir.<br />
Pour les résidents adultes, l‘accent est mis sur<br />
l‘éducation concernant les routes de migration<br />
des tortues et l‘importance de maintenir l‘accès à<br />
ces routes pour les animaux, mais aussi sur la prévention<br />
des déchets et des pesticides.<br />
Groupe d‘enfants visitant les tortues géantes du GTMEP,<br />
© Christian Zeigler<br />
Nous espérons que toutes ces recherches permettront<br />
de dresser un tableau complet de la vie<br />
des tortues géantes et d‘organiser la cohabitation<br />
avec l‘homme de manière à ce que ces animaux<br />
intéressants et tranquilles puissent vivre encore<br />
longtemps sur l‘archipel.<br />
Le projet de barcoding Galápagos progresse<br />
La génétique moderne est fascinante : même avec<br />
un petit brin d‘ADN, il est possible de déterminer<br />
la séquence génétique d‘un être vivant avec des<br />
moyens abordables. En connaissant la séquence<br />
génétique, les scientifiques et les conservateurs<br />
peuvent par exemple évaluer la santé « génétique »<br />
d‘une population, le degré de parenté entre les<br />
différents groupes d‘individus et les individus qui<br />
ne sont pas apparentés entre eux et qui sont donc<br />
aptes aux programmes de reproduction – ce qui est<br />
particulièrement important aux Galápagos, où l‘on<br />
trouve un grand nombre d‘espèces endémiques<br />
localement éteintes. Par exemple, sur Floreana, il est<br />
possible non seulement de réimplanter les tortues<br />
géantes, mais aussi de réintroduire des espèces telles<br />
que l‘oiseau moqueur, la buse ou le tyran rubis, qui<br />
ont survécu sur de petites îles au large. Les séquences<br />
génétiques permettent également d‘identifier<br />
10 Galápagos Interne
L‘équipe du projet Code-barres des Galápagos collecte de l‘ADN<br />
environnemental (ADNe) dans la mer au large d‘Isabela, © Universidad<br />
San <strong>Fr</strong>ancisco de Quito, Equipo Galapagos Barcode 2021<br />
L‘équipe du projet Code-barres des Galápagos collecte des<br />
échantillons à Santa Cruz, © Universidad San <strong>Fr</strong>ancisco de Quito,<br />
Equipo Galapagos Barcode 2021<br />
les espèces envahissantes. En plus, elles fournissent<br />
des informations importantes pour la lutte contre le<br />
commerce illégal d‘ailerons de requins, par exemple,<br />
ou la vente d‘animaux domestiques sur les marchés<br />
noirs. La catégorisation des échantillons génétiques<br />
est également susceptible d‘identifier de nouvelles<br />
espèces, ce qui est toujours une perspective très<br />
intéressante pour la science.<br />
Le projet de barcoding a été lancé durant l‘année<br />
Corona 2020 en tant que coopération entre les<br />
universités de San <strong>Fr</strong>ancisco de Quito (Équateur)<br />
et d‘Exeter (Royaume-Uni). Il a été soutenu par la<br />
Galápagos Conservancy et l‘Agencia de Bioseguridad<br />
Galápagos (ABG) du gouvernement équatorien,<br />
ainsi que par l‘Association des Amis des Galápagos<br />
en Suisse.<br />
Les scientifiques poursuivaient deux objectifs avec<br />
ce projet : Premièrement, il s‘agissait de créer des<br />
moyens de subsistance alternatifs aux Galápagos<br />
pour soutenir les efforts de conservation de la<br />
nature et des espèces. Un besoin devenu urgent<br />
en raison des difficultés économiques causées par<br />
l‘effondrement du tourisme, en particulier pendant<br />
la pandémie de Covid-19. Deuxièmement, le profil<br />
génétique de toutes les espèces présentes dans<br />
l‘archipel devait être décrit, des arbres Scalesia et<br />
des fous à pieds bleus aux microbes et aux tortues<br />
géantes. En raison de la situation isolée et de l‘origine<br />
volcanique des îles, l‘écosystème des Galápagos<br />
est comparativement gérable, avec environ 9 000<br />
espèces multicellulaires.<br />
Malheureusement, le Covid-19 a provoqué des coupes<br />
dans les budgets déjà alloués. Il a été essayé de<br />
les compenser par le crowdfunding. Les salaires des<br />
employés sur les îles et une partie du projet scolaire<br />
qui devait sensibiliser les élèves à la protection des<br />
espèces ont été touchés. Notre association a soutenu<br />
le projet avec votre aide et a ainsi pu contribuer de<br />
manière déterminante à son succès.<br />
Grâce au projet et grâce à notre soutien, il a été<br />
possible de former 84 personnes aux techniques<br />
de laboratoire et de terrain. Pendant le projet, elles<br />
ont été employées à temps plein ou à temps partiel.<br />
Ils ont ainsi pu non seulement survivre à la période<br />
de Covid-19 – économiquement précaire due à<br />
l‘effondrement complet du tourisme – mais aussi<br />
acquérir une expérience et des qualifications variées<br />
pour des emplois ultérieurs. Plus de 1 500 échantillons<br />
d‘ADN ont été collectés dans tout l‘archipel.<br />
Ceux-ci comprennent des espèces endémiques<br />
et invasives de la faune et de la flore. Un atelier a<br />
également pu être organisé à Santa Cruz, au cours<br />
duquel 70 élèves ont eu l‘occasion de découvrir les<br />
principes de la biologie moléculaire et l‘équipement<br />
de séquençage génétique, et de discuter avec les<br />
scientifiques. Ainsi, ce projet contribue également<br />
à faire connaître aux jeunes Galápagueños leur<br />
environnement unique et à les sensibiliser à sa<br />
protection.<br />
Veronika Huebl<br />
Flore et faune de Extraction de l‘ADN de tous Stocker les informations sur des Créer une<br />
Galápagos des espèces des Galápagos codes barres Bibliothèque<br />
Dessins, © Galápagos Conservation Trust<br />
Galápagos Interne<br />
11
Premières constatations sur les Géospizes pique-bois de Pinzon<br />
Dans notre appel de fonds de Noël, nous vous avions<br />
présenté le projet des Géospizes pique-bois sur l‘île<br />
de Pinzon. Voici un rapport intermédiaire.<br />
En 2012, tous les rats invasifs ont été retirés de l‘île de<br />
Pinzon. Il a ainsi été possible de réintroduire de jeunes<br />
tortues géantes de Pinzon (Chelonoidis duncanensis)<br />
après 150 ans d‘absence. Les râles des Galápagos (Laterallus<br />
spilonota) et les pinsons des cactus (Geospiza<br />
scandens) ont également été réintroduits.<br />
C‘est pourquoi, en 2022, des efforts ont été faits pour<br />
réintroduire les Géospizes pique-bois (Camarhynchus<br />
pallidus) sur l‘île. Dans les hautes terres de Santa Cruz,<br />
23 de ces oiseaux ont été capturés, bagués, équipés<br />
d‘émetteurs et mis en quarantaine jusqu‘à leur départ<br />
pour Santa Cruz. Durant cette période, des tests sanitaires<br />
ont également été effectués afin de s‘assurer<br />
que seuls des individus parfaitement sains et sans<br />
parasites arrivent à Pinzon.<br />
Une fois que les Géospizes pique-bois ont été relâchés<br />
dans leur nouveau territoire, la surveillance des oiseaux<br />
a commencé par la recherche de leurs signaux<br />
de transmission. Cependant, après quelques jours de<br />
surveillance, il n‘y avait plus de signaux. Seuls deux<br />
pics ont été observés sur l‘île voisine de Rabida. En<br />
conséquence, une recherche a été lancée sur l‘île de<br />
Santa Cruz afin de déterminer si les oiseaux y étaient<br />
retournés. Mais là encore, aucun signe des oiseaux<br />
n‘a été détecté.<br />
D‘autres expéditions doivent maintenant être menées<br />
afin de déterminer où se trouvent les animaux. Les<br />
chercheurs espèrent que certains des oiseaux se sont<br />
installés dans des zones moins accessibles de Pinzon et<br />
qu‘ils ont peut-être même commencé à se reproduire.<br />
Il est très important pour l‘équipe de recherche de<br />
savoir où se trouvent les oiseaux. Ces données indiquent<br />
aux chercheurs quels sont les habitats naturels<br />
préférés par les oiseaux. Cela permet également de<br />
déterminer les plantes qui attirent les oiseaux ainsi<br />
que les insectes qu‘ils préfèrent manger. Si les oiseaux<br />
se sont envolés vers d‘autres îles, il est important de<br />
les retrouver pour déterminer ce qui y est meilleur<br />
ou différent afin de créer des conditions adéquates<br />
sur Pinzon.<br />
Toutes ces découvertes ne sont pas seulement importantes<br />
pour l‘installation des des Géospizes pique-bois<br />
sur Pinzon, elles donnent également aux chercheurs<br />
des indications essentielles pour la réintroduction<br />
des oiseaux sur l‘île de Floreana, prévue pour début<br />
2024, après que l‘éradication des rats y ait également<br />
été réalisée.<br />
Géospize pique-bois en quête de nourriture, © Dr. M. Dvorak<br />
Nouvelles des<br />
Galápagos<br />
Des citoyens protègent la plage des lions de mer<br />
Playa de Los Marinos, une plage de l‘île de San Cristóbal, est un habitat important pour la plus grande colonie<br />
d‘otaries de l‘archipel des Galápagos et également un lieu de rencontre pour de nombreux autres habitants<br />
des plages des Galápagos.<br />
Malheureusement, cet endroit particulier a été pollué par les eaux usées, les produits chimiques des bateaux et<br />
les déchets. Heureusement, avec l‘aide de notre organisation partenaire „Galápagos Conservancy“, des travaux<br />
intensifs sont en cours pour restaurer la Playa de Los Marinos. Ces efforts sont très importants, notamment<br />
en raison de la grande biodiversité qui s‘y trouve.<br />
Des études sont en cours pour déterminer dans quelle mesure cette diversité est menacée par la pollution<br />
de la plage. Des échantillons d‘eau et de sol sont collectés afin de déterminer le niveau de pollution. De plus,<br />
la municipalité s‘est engagée à entretenir la plage de manière permanente et travaille avec les propriétaires<br />
de bateaux de pêche et même les touristes pour ramasser les déchets qui traînent.<br />
12 Galápagos Interne