PANORAMA DE PRESSE - 02.08
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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />
VITISPHÈRE<br />
Alexandre Abellan<br />
02·08·23<br />
«LA VITICULTURE N’EST PAS<br />
ACCESSOIRE» MARTÈLE MARC<br />
FESNEAU (3)<br />
Plus globalement, le vignoble s’interroge sur une hypocrisie française, et européenne, entre la fierté<br />
affichée de la culture du vin et de ses performances export, s’accompagnant paradoxalement de signes<br />
inquiétants sur les phytos (réglementation SUR sur la réduction des phytos malgré des pertes de<br />
rendements acceptables) et l’hygiénisme (étiquetage en Irlande et taxes en France). Que pensez-vous de<br />
ces décalages ?<br />
Il n’y a pas d’hypocrisie dans la position française. Pour SUR, je trouve que la position de la Commission donnée<br />
sur la viticulture dans l’étude d’impact (demandée par la France et plusieurs autres pays) est inacceptable.<br />
Aller dire que la perte de rendement est acceptable parce que c’est une filière accessoire au fond, ça n’est<br />
pas la position de la France. Ce n’est pas accessoire, c’est comme si l’on disait que l’on pouvait assumer une<br />
décroissance sur l’industrie aéronautique parce que l’on est plus exportateur que consommateur net. Ça ne<br />
peut pas être une stratégie pour l’Europe, quand on a des filières à forte valeur d’identité et de patrimoine, de<br />
répondre que le sujet n’est pas essentiel et que l’on peut accepter une réduction de 28 %. Sans compter par<br />
ailleurs que le facteur du dérèglement climatique n’est pas pris en compte. La viticulture n’est pas accessoire<br />
dans la stratégie agricole européenne. C’est une stratégie d’influence, de puissance, de commerce extérieur. Je<br />
ne pense pas que d’autres pays comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal, soient sur une autre position : il faut<br />
que la Commission entende raison sur ces questions. Cela étant, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer<br />
à trouver une voie de réduction des produits phytosanitaires. Cela se fait dans la réflexion et l’investissement<br />
sur des alternatives. C’est aussi pour cela que l’on pousse parallèlement au règlement SUR la question des<br />
NBT/NGT : sinon nous passerions à côté du potentiel de la sélection variétale sur ces enjeux.<br />
Pour l’Irlande, on est toujours en discussion. Si l’on ouvre la boîte d’un étiquetage où chacun fait ce qu’il veut,<br />
on sort de la logique de la construction européenne. On ne peut pas avoir de mesures unilatérales les uns contre<br />
les autres, sinon on n’est plus dans le même marché. Nous avons une politique française qui a fonctionné sur<br />
les questions de réduction de la consommation en 50 ans, sans que l’on procède à des mesures unilatérales<br />
d’étiquetage. On est plusieurs à pousser en ce sens. Je pense qu’au niveau européen, le dialogue est la meilleure<br />
voie.<br />
Sur la question des droits d’accise, c’est un débat interministériel. Il faut que l’on soit vigilant à un point<br />
d’équilibre. S’il s’agit d’avoir des mesures incitatives pour réduire la consommation, on a déjà la réduction<br />
de consommation sous les yeux. Ce sont aussi des affaires budgétaires, tranchées d’abord lors des réunions<br />
interministérielles durant l’été et ensuite par le débat parlementaire.<br />
Quelle est votre position sur l’évolution des droits d’accise ? Lors des questions au gouvernement, le<br />
ministre de la Santé affichait un soutien à la filière vin tout en faisant référence à un rapport proposant<br />
des augmentations de taxe et un prix minimum sur l’alcool.<br />
Dès lors que l’on opère sur une taxe, il faut regarder l’impact que cela peut avoir sur une filière. Dans la période<br />
actuelle, tous les signaux que l’on a sont des signaux de fragilité. C’est ce que je vais faire valoir auprès de mes<br />
collègues de Bercy en particulier et de la Santé également, pour dire qu’il y a des équilibres qu’il faut tenir. Je<br />
suis défenseur de la viticulture et d’une politique sanitaire. Comme les viticulteurs qui ont été au rendez-vous<br />
depuis des années.<br />
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