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PANORAMA DE PRESSE - 19.07

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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />

VITISPHÈRE<br />

Alexandre Abellan<br />

19·07·23<br />

LA FILIÈRE VIN «CONTRE TOUTE<br />

TAXATION DANS CETTE PÉRIO<strong>DE</strong><br />

EXTRÊMEMENT COMPLIQUÉE» (1)<br />

Alors que le gouvernement envisagerait d’indexer la fiscalité des vins sur l’inflation sans plafond, la<br />

filière vin s’y oppose fermement, la déconsommation secouant déjà fortement ses opérateurs.<br />

Entre marronnier et réflexe pavlovien, la question d’une augmentation des droits d’accise sur les boissons<br />

alcoolisées revient chaque année sur la table des négociations du Projet de Loi de Financement de la Sécurité<br />

Sociale (PLFSS). Mais alors que le gouvernement veut réduire ses dépenses et augmenter ses recettes, le<br />

PLFSS 2024 pourrait déboucher sur une augmentation de la taxation des alcools en général, et du vin en<br />

particulier, avec une indexation des droits d’accises sur l’inflation sans plafonnement. Révélé par Contexte et<br />

confirmé par les Échos puis le Figaro, le projet porté par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire « serait<br />

de l’ordre de 0,3 centime par bouteille de vin et de 1 à 2 centimes pour les alcools forts ». De quoi inquiéter et<br />

mobiliser la filière vin, déjà frappée par la déconsommation.<br />

S’il n’aime pas crier avant d’avoir mal, Samuel Montgermont, le président de Vin & Société s’oppose fermement<br />

à la possibilité d’une flambée des droits d’accise sur les vins. « Les droits d’accises vont peser sur les prix<br />

standards, ce qui va accélérer la déconsommation, alors que la filière fait face à de vraies problématiques<br />

structurelles » rappelle le négociant rhodanien, relevant un paradoxe : ce que le gouvernement donne d’une main<br />

pour financer la distillation (sans que les fonds soient suffisants pour répondre aux besoins), il le reprendrait de<br />

l’autre main par la fiscalité ?<br />

Pouvant coûter 5 millions d’euros aux consommateurs, cette augmentation des taxes sur le vin aurait un effet<br />

direct d’accélération de la déconsommation : « on l’a déjà vu avec l’inflation, les hausses de prix causent un<br />

décrochage immédiat des volumes. Et l’inflation n’est pas terminée » prévient Samuel Montgermont, pour qui<br />

« la période et le pas de temps sont très mal choisis : alors qu’il y a beaucoup d’inquiétude dans les bassins<br />

viticoles avant les vendanges (marchés, orages, sécheresse, mildiou…), ce serait un très mauvais signal. »<br />

Pour la filière vin, « pas d’ambiguïté. Nous sommes contre toute taxation dans cette période extrêmement<br />

compliquée, que ce soit clair » souligne Samuel Montgermont.<br />

Une lecture partagée par le député de la majorité Pascal Lavergne (Gironde, Renaissance), qui a interpellé, ce<br />

18 juillet à l’Assemblée Nationale, le ministre de la Santé, François Braun, sur le fait qu’« une augmentation<br />

de la fiscalité viendrait mettre sous pression l’une des rares filières exportatrices. Ce soutien de la majorité ne<br />

vaut pas négociation des enjeux de santé publique liés à la consommation d’alcool. Tous les indicateurs de<br />

santé publique sont orientés à la baisse. » Et ce alors que « la viticulture, la brasserie et les spiritueux sont des<br />

secteurs en pleine crise de compétitivité (avec une succession de crises géopolitiques, sanitaires, climatiques,<br />

inflationnistes…) ». Comme « ces crises à répétition sont venues fragiliser un secteur et une augmentation de<br />

la fiscalité aggraverait une situation économique déjà dégradée […] monsieur le ministre, envisagez-vous une<br />

taxation sur les alcools ? » résume le député bordelais.<br />

▼ SUITE ▼<br />

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