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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />
VITISPHÈRE<br />
Sharon Nagel<br />
10·07·23<br />
LES 18 PROCHAINS MOIS SERONT<br />
CRITIQUES POUR LA PRESSION<br />
HYGIÉNISTE SUR LE SECTEUR VIN (1)<br />
L’instauration par l’Irlande de mises en garde sanitaires drastiques semble avoir donné un coup<br />
d’accélérateur à des réflexions allant dans le même sens dans différents pays du monde, et justifié des<br />
prises de position au plus haut niveau des instances sanitaires et politiques.<br />
L’époque du French Paradox est bien révolue : désormais, dès le premier verre, l’alcool est qualifié par les<br />
instances sanitaires dans de nombreux pays, de nuisible. A commencer par la France : un rapport de l’Inserm<br />
repris par Santé Publique France en juin 2023 affirme que « Toute consommation d’alcool étant nuisible pour<br />
la santé, il est nécessaire d’en limiter l’accès et d’en réduire l’attractivité ». L’expertise collective de l’institut<br />
de recherche réfute l’existence même d’un effet positif, déclarant que « Les effets « protecteurs » à la base du<br />
célèbre French Paradox sont sans fondement ».<br />
L’OMS veut mobiliser davantage les Etats membres<br />
De quoi apporter de l’eau au moulin de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui vient de s’approprier<br />
la tâche de préparer un document de discussion sur l’étiquetage des boissons alcoolisées au sein du Codex,<br />
lors de la réunion de son comité en mai dernier au Canada. Sans doute pour des questions de priorisation de<br />
dossiers, aucun pays membre n’a voulu se charger de préparer ce document, laissant la voie libre à l’OMS.<br />
« A notre connaissance, c’est la première fois qu’un projet n’est pas mené par un Etat volontaire au Codex »<br />
confie une source anonyme proche du dossier. Lorsqu’on connaît la position de l’OMS sur cette question, on<br />
peut imaginer son niveau d’objectivité, les conflits d’intérêts étant évidents. Depuis quelque temps, l’OMS<br />
fait savoir, en effet, qu’elle voudrait que les Etats membres soient plus actifs au niveau de l’étiquetage des<br />
boissons alcoolisées, avec notamment des indications santé liées au cancer, prétextant un vide juridique en la<br />
matière. Or, les boissons alcoolisées font partie des produits les plus réglementées au monde, y compris au<br />
sein du Codex.<br />
Pour l’heure, l’OMS n’a pas proposé de type de message spécifique, mais sa forme fait peu de doute : il sera<br />
sûrement semblable à celui adopté par l’Irlande. La position des professionnels reste délicate, car ils courent<br />
le risque d’être accusés de pousser à la consommation au détriment de la santé publique, mais le manque<br />
de contexte et de nuance dans les messages émis est pour le moins déplorable. Si beaucoup d’études sorties<br />
récemment qui ont fait grand bruit en liant l’alcool au cancer ne sont pas très scientifiques et plutôt biaisées,<br />
certaines indications suggèrent que des barrières s’érigent contre les articles qui montrent des effets positifs<br />
pour une consommation modérée d’alcool. En effet, des échos de la part d’économistes et de juristes du secteur<br />
laissent à penser que certains chercheurs n’ont pas réussi à faire publier des articles qui ne trouvent pas de<br />
lien négatif entre la consommation d’alcool et la santé. Des articles qui ne sont pas publiés parce qu’ils ne<br />
correspondent pas à la ligne éditoriale d’aujourd’hui.<br />
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