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PFE 2023 - Tout se transforme

Livret de Projet de Fin d'Etude - Tout se Transforme Sous la direction de Magali Paris et Jean-Patrice Calori dans le groupe Monde des Coexistences. 30 Juin 2023

Livret de Projet de Fin d'Etude - Tout se Transforme
Sous la direction de Magali Paris et Jean-Patrice Calori dans le groupe Monde des Coexistences.
30 Juin 2023

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TOUT SE

TRANSFORME

Sebastien EBLE

Projet de fin d’études 2023

Construire le monde des coexistences


Sous la supervision de Magali Paris et Jean-Patrice

Calori

Construire les mondes des coexistences

2


Sommaire

INTRODUCTION

-Introduction p.5

ANALYSE GÉNÉRALE

-Extraction minière

-Situation Internationale

-Ressources minérales en France

p.8-9

p.10-11

p.12-13

SITE N º1

-Houillières du Midi-Pyrénées

p.16-17

-La Decouverte - Decazeville - evolution p18-19

-Carte générale

p.20-21

-Coupe générale

p.22-23

-Photographies

p.24-25

SITE N º2

SITE N º3

PROJET

-Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais

-Terrils 74 et 79 de Lens - evolution

-Carte générale

-Coupe générale

-Methode et outils

-Photographies

-Bassin carrier du Tournaisis

-La carrière CCB de Gaurain - evolution

-Carte générale

-Coupe générale

-Photographies

-Introduction

-Carte du paysage et intervention

-La réserve d’eau

-L’écluse et la bassine

-Le tyrolienne et le silo

-Coupe transversale

-La Chute

-Conclusion

BIBLIOGRAPHIE

p.28-29

p.30-31

p.32-33

p.35-35

p.36-37

p.38-39

p.42-43

p.44-45

p.46-47

p.48-49

p.50-51

p.54-57

p.58-59

p.60-67

p.67-75

p.76-83

p.84-89

p.90-93

p.94-95

P.96-97

3


4


Au cours de mes études en Architecture , une notion s’est présentée

comme inaliénable : la limite . C’est un concept qui peut paraître

évident : chaque tracé de l’Architecte consiste en une scission ,

une distinction , une limite entre l’intérieur et l’extérieur , le plein et le

vide , une matière et une autre etc. On pourrait même penser que ce

sont ces délimitations qui constituent la réelle pratique de l’Architecture

en ce qu’elle anticipe toute manifestation matérielle . Cependant , plus

on la manipule , plus on réalise que cette notion de limite n’est pas

aussi simple qu’on pourrait le croire . Il ne s’agit pas toujours d’une incision

unidimensionnelle entre une chose et une autre , au contraire c’est

souvent une interface à deux dimensions où deux entités se pénètrent ,

se connectent , se confondent .

Dans cette optique , quelle serait la «limite» entre l’architecture

et le paysage ? Quelle échelle , quelle matière , quel geste , quel

ordre de grandeur permettrait de distinguer les deux ? Au contraire ,

est-ce que les deux ne se confondrait pas à un certain point ?

Depuis longtemps l’humain modifie et aménage son environnement

. Il commence à modifier maîtriser les végétaux qui l’entourent il y

a 10 500 ans en développant l’agriculture . Pour fabriquer les premiers

outils , les premiers objets , il extrait de la terre , des argiles , des métaux

. Ainsi toute création matérielle s’est préalablement ou simultanément

traduite par une extraction de cette même matière en vue de sa

transformation . N’importe quel objet d’une masse d’un kilogramme a

nécessairement requis l’extraction préalable d’au moins un kilogramme

de matière . L’extraction pourrait donc être considérée comme la première

étape du procédé architectural matériel .

A l’époque moderne , l’industrie de l’extraction s’opère à des

ordres de grandeurs époustouflants . La modification des paysages

naturels avec des outils de différentes magnitudes résulte en des typologies

nouvelles , des biotopes originaux . Serait-il possible alors

de faire de la modification du paysage non plus une contingence

de l’extraction mais bel et bien une intention à part entière ? Le projet

d’Architecture peut-il avoir pour objectif le paysage-même dont il est

extrait ?

Ce projet est constitué en un premier temps d’une analyse des

paysages miniers existants puis d’un projet architectural capable d’influencer

le paysage dont il est extrait .

5


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ANALYSE

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Extraction miniere

Les premières mines préhistoriques dont nous ayons connaissances

sont des mines de charbon situées en Afrique du Sud qui

semblent avoir été creusées il y a 20 000-40 000 ans . Pendant

plusieurs milliers d’années l’activité minière se limitait à l’extraction de

métaux présents en surface . C’est suite au développements techniques

de la révolution industrielle aue l’être humain arrive à démultiplier sa

force par l’intermédiaire de machines et d’énergies fossiles. Cette

nouvelle force se traduit par une capacité à modifier les sols et les

paysages de façon Plus profonde et conséquente pour y récupérer

des matériaux plus rares en de plus grandes quantités . De nos jours

on peut dénombrer plusieurs méthodes d’extraction :

-Extraction de surface

-Exploitation par enlèvement des terrains de couverture

-Extraction à ciel ouvert

-Mine à déplacement de sommet

-Extraction souterraine

-Exploitation par chambres et pilliers

-Foudroyage par blocs

-Exploitation par longue taille

-Exploitation de placers

-Exploitation in situ

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9


Situation internationale

Depots de charbon dans le monde

10


Anthracite et houille

Lignite

échelle : 1/100 000 000

11


Ressources minérales en France

Sur le territoire français métropolitain , on parle de mine pour

toute extraction de combustibles , métaux , de sel et de soufre . Les

exploitations d’autres ressources sont appelées des carrières .

L’exploitation des minerais contenus dans le sol français remonte au

moins au Moyen-Age durant lequel la lignite et le fer étaient particulièrement

en demande pour la fabrication d’acier .

En France , les bassins houilliers se caractérisent généralement

par des roches sédimentaires datant du Carbonifère , période géologique

s’étendant de -358.9 à -298.9 millions d’années . C’est cette

période qui voit l’apparition des premiers grands arbres à travers le

monde . Couplé à un niveau des mers bas et un taux de CO2 élevé

, de vastes étendues de marécages permettent aux arbres ligneux de

former d’immenses forêts sur des sols argileux. Puis , suite a une élévation

du niveau de la mer , une grande partie de cette végétation

abondante est inondée et ensevelie sous des couches sédimentaires .

C’est cette matière organiaue enfouie sous les sédiments qui formera

les grandes couches de charbon qui donneront son nom au Carbonifère

.

12


Bassins houilliers de France

échelle : 1/10 000 000

13


14


SITE N º1

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Houillières de Midi-Pyrénées

Le bassin houillier de L’Aveyron est exploité depuis le

XIIIème siècle . Situé dans le Sud du Massif Central , le relief

de l’Aveyron est dominé par des plateaux rocheux anciens

et de profondes vallées creusées par de nombreuses rivières .

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C’est justement le débordement d’une de ces rivières aui révèlera

une épaisse couche de charbon de grande qualité et fera naître

certaines des premières compagnies d’extraction minière en France .

échelle : 1/50 000

17


La Decouverte - Decazeville

Decazeville se situe a l’’extrémité Nord du bassin houiller de

lùQveyron .On y exploite le charbon depuis le Haut Moyen-Age ,

mais c’est en 1826 que le Duc Elie Decazes y fait construire les Houillières

et Fonderies de l’Aveyron et transforme cette région en grand

centre industriel : en effet , ce dernier se trouve au milieu d’un énorme

gisement de houille et de minerai de fer , ressources exploitées en

masse dans cette nouvelle ère d’industrialisation.

Le Canton de Decazeville , nommé après le duc Elie Decazes

qui a permis son developpement , se forme en 1881 par la réunion

de trois communes. L’activité industrielle continue de s’y développer et

atteint son essor qu début du XXème siècle avec 9 000 travailleurs et

une production annuelle de fonte d’un million de tonnes par an .

Site emblématique des dynamiques économiques et sociales

du XXeme siècle , les usines de Decazeville sont le théâtre de nombreuses

grèves et mouvements de contestation dont certains auront

une portée nationale . Avec le déclin de la production de charbon en

France , l’activité de la ville se diversifie .Les puits et galeries souterraines

cessent d’être exploités en 1966 .

Entre 1966 et sa fermeture en 2001 , 10 millions de tonnes de

charbon sont extraites de la mine à ciel ouvert de Decazeville et 170

millions de tonnes en 170 ans sur l’intégralité du site. Elle mesure 3.7

km de long et 2.5 km de large et en son centre se trouve aujourd’hui

un lac de 25m de profondeur . Sur ses hauteurs , une centrale solaire

photovoltaique a ete installée en 2014 afin de tirer profit du relief du

site et de ses grandes surfaces en friche . Ainsi , L’installation photovoltaique

de 38 000 panneaux permet une génération de crête de

l’ordre de 12 MW sur l’intégralité du site , soit la consommation de

6000 foyers .

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2003 2006

2008 2010

2014 2018

Forêt Friche Terrain en travaux Eau

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échelle : 1/5 000

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échelle : 1/4 000

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SITE N º2

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Bassin minier du Nord Pas de Calais

Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais , inscrit au patrimoine mondial

mondial de l’UNESCO , est peut-être un des paysages miniers

les plus célèbres de France. Il s’agit d’une des régions de France les

plus plane , formée de terrains sédimentaires du Crétacé-Tertiaire .

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La première veine de houille y est découverte en 1720 et , au

cours des 300 ans d’exploitation du bassin , le relief est refaçonné

: les terrils forment les nouveaux points culminants

, plus de 100 000 kilomètres de galeries sont creusées .

échelle : 1/75 000

29


Les Terrils 74 et 79 de Lens

Parsemé de reliefs coniques et tabulaires en tout genres , la

bassin minier du Nord-Pas-de-Calais se remarque aussi bien par le

négatif des puits , galeries et volumes creusés que par le positif des

matières extraites façonnées en terrils , monticules et autres reliefs

artificiels . En effet , ce bassin houillier a été le plus productif de France

durant ses 300 années d’exploitation en produisant 2.4 milliards de

tonnes de charbon grâce à 852 puits répartis sur sa superficie de

1200 km².

En particulier , les 326 terrils qui ont été formés par aggrégation

des stériles extraits des mines au cours des 3 siècles d’exploitation

présentent une grande variété de typologies qui sont elle-même

révélatrices des progrès technologiques et méthodes mises en oeuvre

à l’époque de leur fabrication . Grands , petits , coniques ou tabulaires

, végétalisés ou non , on peut souvent déduire le contexte dans lequel

les stériles ont été mis en terril en analysant ces propriétés .

Parmis les terrils les plus monumentaux de la région , les terrils

jumeaux 74 et 74A sont des terrils coniques de près de 146 mètres de

haut auquel se joint le terril tabulaire 74B et son bassin de décantation

. Ces terrils récents sont composés des schistes noirs extraits des fosses

n º 11 et 19 a quelques centaines de mètres . Au Nord du terril tabulaire

, les terrils 79 et 79A composés de schistes noirs et rouges sont

quant à eux toujours exploités par la société Schistes Calibrés Artois

qui en extrait des minéraux, notemment du calcaire .

La grande taille des coniques 74 et 74A s’explique par leur

modernité : ils commencent a se former entre 1960 et 1966 lorsque

la production d’autre fosses est concentrée et extraite par la fosse n º

19 . Ce grand gain en productivité se traduit par une accrétion rapide

des schistes aui forment les terrils . Avec leurs 23 000 000 de mètres

cube , ces terrils sont devenus de véritables biotopes à part entière qui

abritent 205 espèces végétales , 82 espèces d’oiseaux , 12 espèces

de mammifères , 9 espèces de libellules et 53 espèces de papillons .

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1951 1963

2004 2006

2018 2022

Forêt Terril Terrain exploité Eau

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32


échelle : 1/5 000

33


34


échelle : 1/4 000

35


Au fil des siècles la mise en terril s’est effectuée de différentes

manières et à différentes échelles .

En un premier temps , les touts premiers terrils du XIXème siècle

ne font que quelques dizaines de mètres de haut , jusqu’à 30 mètres .

Ils sont fabriqués à la main par des ouvrières qui transportent les steriles

dans des paniers . Les steriles sont les residus du minage issu du

triage des minerais interessants et ceux qui n’ont pas de réelle valeur .

Il s’agit souvent de schistes . Rapidement , le transport des steriles se fait

plutot par wagonnets sur rails tractés par l’Homme ou un cheval .

Vers la fin du XIXème siècle , les techniques d’extraction se sont

améliorées et les volumes extraits ont grandement augmenté . Afin

de limiter l’empiètement sur les terre agricoles avoisinnantes , de nouvelles

méthodes d’édification des terrils voient le jour . L’acheminement

des schistes se fait désormais par rampe mécanisée qui achemine les

wagons jusau’en haut des terrils par un câble avant de déverser les

steriles à son sommet. Les terrils prennent alors une forme conique et

gagnent en élévation jusqu’à 65 mètres.

Au début du XXème siècle , ce sont des téléphériques qui commencent

à être installés pour transporter les wagons et déverser les

déchets qu’ils sontiennent directement sur les terrils alignés . Cette méthode

devient cependant incapable de suivre la cadence d’extraction

des années 50-60 et est finalemenet remplacée .

Enfin , la version la plus moderne d’edification des terrils

consiste à accumuler les steriles dans une trémie au pied du terril et a

acheminer les déchets jusqu’a la têtes de versage où les steriles sont

alors deverses sur la pente opposée , potentiellement à l’aide d’une

gouttière qui donne la forme «en épis» caractéristique des terrils 74-

74A . Les terrils tabulaires sont quant à eux édifiés par des trains dont

les wagons basculent sur les côtés pour fqire to,ber les steriles ce qui

produit des terrils longs et plats .

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SITE N º3

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Bassin carrier du Tournaisis

Le sous-sol de la Wallonie se compose essentiellement de roches sédimentaires

formées aux aires Paléozoique(-541 MA à -252.2 MA)

et Mesozoique (-252.2 MA à -66,0 MA). Ce sous-sol se caractérise

par des plissements causés par les forces tectoniaues au cours du

Carbonifère qui affectent la dureté des roches et le relief du paysage.

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Ces plissements font affleurer divers couches geologiques, notemment

des grès , des schistes et des calcaires . Dans le bassin du

Tournaisis , des calcaires du Dinantien (début du carbonifère) forment

d’épaisses couches exploitées depuis la fin du XIXème siècle .

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La carriere CCB de Gaurain

Situé à l’Est du bassin carrier du Tournaisis , la carrière de

Gaurain-Ramecroix est exploitée par la Compagnie du Ciment Belge

(CCB) depuis plus de 100 ans , compagnie qui possède également la

carrière du Milieu situé un kilomètre plus au Sud ainsi qu’une troisième

carrière , la carrière du Clypot à Soignies (42 km à l’Est) . Les calcaires

exploités aux carrières du Mileu et de Gaurain sont des calcaires

d’origines organique qui se sont formés par la sédimentation d’organismes

marins il y a 350 millions d’années .

C’est sur le site de la carrière de Gaurain que se situe l’usine de

production de ciment. Cette dernière traite les calcaires qui etaient extraits

de la carrière de Gaurain ainsi que ceux de la carrière du Milieu

qui lui sont acheminés par un tunnel passant sous le village . Avec une

extraction de 10 millions de tonne de calcaire par an , la carrière du

milieu est la plus grande carrière de calcaire d’Europe . Cela se traduit

par une production de 2,3 millions de tonnes de ciment et 1 million

de m3 de béton par l’usine , soit 5 viaducs de Millau , ce qui en fait la

plus grande usine de production de ciment de France, Belgique, Pays-

Bas et Luxembourg .

Profonde de plus de 130 mètres , son exploitation est arrêtée

en 2012 . A cette profondeur , l’eau de la nappe phréatique doit être

pompée pour pouvoir exploiter le fond de la carrière . Une fois l’exploitation

terminée , l’eau n’est plus pompée et extraite de la carrière et

son niveau va donc progressivement augmenter et remplir la carrière

jusqu’à atteindre sa hauteur naturelle . Certaines carrières réinondées

deviennent ainsi des réserves d’eau , des plans d’eau de loisir (plongée

, activités nautiaues etc. ) ou des sites naturels . D’autre part , CCB

réaménage les abords de la carrière sur recommandation du département

Nature et Forêts et du Cercle des Naturalistes de Belgique.

L’entreprise participe également au projet LIFE in quarries qui consiste

a réinsérer des populations de Tritons crêtés, espèces de triton rare et

menacée , dans les carrières avec plan d’eau . Elle place également

des plateformes flottantes sur l’eau permettant aux goelands cendrés

de faire leurs nids à l’abri des prédateurs .

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2015 2016

2017 2019

2020 2021

Forêt Carrière exploitée Eau

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échelle : 1/4 000

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PROJET

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Introduction

Dans son Traité Elémentaire de Chimie de 1789 , Antoine

Lavoisier écrit « [...] rien ne se crée, ni dans les opérations de l’art, ni

dans celles de la nature, et l’on peut poser en principe que, dans toute

opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l’opération

; que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu’il n’y

a que des changements, des modifications.» . Cette citation passera

dans la culture populaire sous la forme de «Rien ne se créée , rien ne

se perd , tout se transforme.» . Ce principe m’a semblé particulièrement

pertinent dans le cas du sujet «construire les mondes des coexistences»

.

Le paysage est une matière en flux permanent dont les grands

changements peuvent s’opérer sur plusieurs centaines de millions

d’années tout comme quelques décennies , voir quelques secondes .

Construire ce monde , c’est donc avant tout maîtriser ce flux , l’orienter

. A cette fin , j’ai souhaité consacrer une importante partie de ce PFE

à l’analyse , plus spécifiquement l’analyse d’un type de modification

particulier : les paysages extractifs . Comprendre ce type de paysage

, son fonctionnement , son échelle et ses propriétés me semble être une

étape nécessairement préalable à l’élaboration d’un projet qui se doit

d’être déduit du potentiel du site .

Une telle approche requiert également une certaine humilité de

la part de l’architecte quant à sa capacité à s’insérer dans ce processus

de transformation permanente . La notion d’échelle et de limite

devient donc quelque chose de primordiale : la transformation devient

une partie d’un tout et une modification même ponctuelle peut avoir

des effets à grande échelle .

A la suite de mon analyse , c’est le site de Gaurain qui retient

mon attention grâce à ses propriétés uniques ainsi que les défis qu’il

soulève .

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Principe

Parmi les nombreuses carrière du Tournaisis , la carrière de

Gaurain et la carrière du Milieu se démarquent , non seulement par

leurs dimensions colossales , mais également par leur positions particulières

. Situées de part et d’autre de la double faille de Gaurain-Ramecroix-Dondaine

ces deux carrières se retrouvent sur deux différentes

nappes phréatiques bien distantes seulement d’un seul kilomètre . Cela

s’explique par le même phénomène géologique qui a rendu ces sites

attrayants pour l’exploitation minière : un anticlinal , pli convexe des

strates géologiques. Ce pli permet a des strates normalement profondes

de se rapprocher de la surface et de devenir plus facilement

exploitables . Cependant , au niveau de la double faille , ce sont des

minerais imperméable qui viennent s’insérer entre les deux nappes de

calcaire perméables à l’eau , rompant ainsi la communication entre

les deux aquifères . En résulte deux nappes phréatiques : celle de

Pecq-Roubaix au Nord qui est intensivement surexploitée afin d’alimenter

les grandes agglomérations , et celle de Frasnes-Peruwelz-Seneffe

qui l’est beaucoup moins .

La quantité d’eau extraite annuellement de cet ensemble phréatique

est de 110 millions de m3 pour une ressource de 130 à 150

millions de m3 de ressource . Cependant , cette consommation étant

inégalement répartie , la nappe Nord voit son niveau d’eau baisser de

0.5 à 1 mètre par an , résultant en plus de 150 km² de calcaire dénoyé

à risque de karstification .

En venant creuser dans ces nappes de calcaires , les carrières

mettent à découvert de grandes parties de la nappe phréatique . La

partie poreuse de ces nappes de calcaire dans laquelle l’eau circule

sous l’effet de la gravité et de la pression s’appelle un aquifère , et

lorsqu’une carrière atteint la profondeur de l’aquifère , l’eau commence

a ruisseler à travers ses parois sous l’effet de la pression . Cela

résulte en une baisse du niveau piézométrique de l’aquifère

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Cependant , l’effet inverse est également possible : avec un niveau

d’eau dans la carrière supérieur à celui de l’aquifère , la pression

pousserai l’eau vers l’aquifère, remontant progressivement son niveau.

Depuis l’arrêt du pompage dans la carrière en 2012 , le niveau

d’eau est remonté pour atteindre les -80 mètres d’altitude . En prenant

en compte le niveau piézométrique de l’aquifere aux abords de la

carriere , le niveau de l’eau devrait naturellement remonter vers les

-40m . Cependant , en faisant monter le niveau de l’eau au dessus du

niveau piezometrique des nappes de calcaires affleurantes , la pression

de l’eau va alors faire ruisseler l’eau dans la partie dénoyée de

l’aquifère et le rengorger au fur et à mesure.

Le but du projet est donc de ré-équilibrer les nappes phréatiques

Nord et Sud afin d’éviter l’assèchement et la karstification des

sols . A travers ce simple geste d’unification de deux nappes phréatiques

, un impact positif à large échelle se propagera en stabilisant et

préservant les sols calcaires de l’Est de la Wallonie.

Afin d’accomplir cet objectif , plusieurs interventions architecturales

locales permettent à la fois le cheminement de l’eau d’une nappe

phréatique à l’autre mais également en créant des espaces accessibles

au public . Afin que ce projet accomplisse ses objectifs environnementaux

et sociaux , il se doit de conserver une cohérence à toutes

les échelles .

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-80m

-20 m

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La Reserve d’eau

La première partie de ce projet d’intervention paysagère

consiste à concentrer de l’eau provenant de la nappe de Frasnes-

Peruwelz-Seneffe , c’est à dire la nappe Sud . La carrière du milieu

étant toujours en exploitation , ses eaux d’exhaure sont continuellement

pompées afin d’éviter l’inondation des fonds de carrière . En construisant

cette réserve à la limite entre la carrière et le terril , il est ainsi

possible de stocker l’eau d’exhaure tout en étant placé juste sous le

niveau de la végétation du terril , créant un îlot de fraîcheur et d’humidité

qui limitera l’évaporation , cause principale de perte en eau dans

les bassines . De plus , en plaçant cette réserve d’eau le long du front

de taille , sa fondation pourra être décaissée par l’activité normale de

la mine , produisant par la même occasion les matériaux nécessaires à

sa construction : des sables et graviers calcaires qui permettront d’obtenir

un béton plus résistant qu’un tout-silicieux et des blocs de calcaire

qui deviendront les pierres de tailles des piles de l’aqueduc .

Cette réserve d’eau d’une capacité de 16 000 m3 et à une

altitude de 0 mètres alimente l’aqueduc qui vient ainsi relier les deux

aquifères . L’aqueduc suit l’ancien cour du Rieu du Coucou , cour

d’eau qui s’est asséché et qui a été décaissé par la suite . Il se prolonge

ensuite dans le tunnel qui relie la carrière du Milieu à l’usine

CCB pour se déverser dans la carrière de Gaurain . Il est constitué

de piles en pierre de taille sur lesquelles viennent se poser les arches

et radier en béton de calcaire . Le canal de l’aqueduc est maintenu

étanche par un solin en acier . Avec un dénivelé de Il permet de transférer

de façon passive l’eau depuis la nappe Sud jusqu’à la nappe

Nord dès que l’eau atteint un niveau suffisant .

Le contrefort de la réserve d’eau permet également d’accueillir

la route qui fait le tour de la carrière tout en étant accessible par les

chemins de promenade du terril . Le ponton fixe devient ainsi un lieu de

repos , de rencontre ou simplement une étape de randonnée .

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L’Ecluse et la bassine

La deuxième intervention dans le paysage des carrières du

Tournai est dans la dépression au Sud de la carrière de Gaurain .

C’est ici que l’aqueduc vient déverser l’eau de la nappe Sud et crée

ainsi une bassine dont le niveau monte jusqu’à -10 mètres d’altitude

pour un volume d’approximativement 1.1 millions de m3 d’eau . Ce véritable

lac artificiel est séparé de la carrière principale par une écluse

qui fait office de sas entre la bassine de l’aqueduc et la réserve d’eau

que constitue la carrière principale à -20 mètres .

L’écluse a porte levante et mur de masque est particulièrement

adaptée à des hauteurs de chutes de l’ordre des 10 mètres . Avec

son sas de 60 mètres de long et 12 de large et ses deux aqueducs

latéraux , cette écluse joue un rôle double : elle permet de garder un

niveau d’eau constant pour les aménagements des rives de la bassine

mais aussi de faire passer des bateaux entre la bassine et la carrière

quand la saison le permet . En effet , avec un niveau d’eau plus élevé

, la carrière devient l’habitat de nombreuses espèces souhaitant fuir les

prédateurs comme par exemple le goéland cendré qui vient construire

son nid sur les parois de la carrière durant ses migrations .

Sur les rives de cette bassine , des aménagements font de

la bassine une espace social unique où les personnes peuvent se

retrouver , se reposer , organiser des évènements ou pratiquer des

sports aquatiques . Les aménagements des rives de la bassine sont

accessibles directement à l’arrivée de la tyrolienne qui se situe sur la

gare d’aval , petit bâtiment servant à la fois d’accueil pour les personnes

souhaitant obtenir des informations ou utiliser les vestiaires et les

consignes , mais ce bâtiment abrite également le poste de contrôle

de l’écluse qui permet de lever les portes et ouvrir les vannes .

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La tyrolienne et le silo

Enfin la dernière partie de cette intervention de paysage est

l’aménagement d’un silo a clinker désaffecté avec des terrasses qui

vont accueillir les points d’arrivée et de départ des tyroliennes ainsi

qu’une partie abritée dans laquelle une exposition explique les caractéristiques

géologiques de la région afin de sensibiliser le public à la

préciosité de l’eau et des mécanismes qui la mettent à notre disposition

:

Le système de terrasses métalliques vient se greffer sur les

poutres treillis de la structure existante des silos . Conçus pour soutenir

le poids de plusieurs tonnes de clinker acheminées par le convoyeur

situé au dessus du silo , cette structure est idéale pour servir au cheminement

des visiteurs .

La tyrolienne n’est pas uniquement un moyen de locomotion

rapide dans un environnement difficile d’accès , c’est également l’opportunité

de faire ressentir aux visiteurs le dénivelé , la chute : à l’instar

de la transformation du paysage qui se fait par l’impact de la gravité

sur le ruissellement de l’eau , le parcours des visiteurs se trace également

d’après cette logique . L’organisation circulaire des terrasses leur

permet également d’observer le site dans son intégralité , d’en constater

les dimensions et de mieux envisager la façon de le parcourir .

Elle transforme ce site industriel en lieu attractif pour le public

avide de redécouvrir le paysage , y compris le paysage refaçonné

par l’Homme afin de tisser un lien entre le public et les enjeux environnementaux

.

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La chute

La notion d’échelle est , il me semble , est une des plus importantes

dans la conception de l’architecture , mais également dans sa

représentation . Au fil de ce projet , je me suis souvent demandé à

quelles échelles ce projet devait être représenté . L’échelle humaine ?

L’échelle du détail technique ? Se cantonner à de grandes cartes ? La

nature même du projet consiste en la mise en relation de différentes

échelles , de l’architecture et du paysage . Cela se traduit par l’association

de la 3d et de la 2d , du filaire et du volume .

Durant la réalisation de ce PFE , j’ai pris part aux jurys d’admission

de l’ENSA-V , et la première question posée aux candidats est

: «décrivez une œuvre d’architecture que vous avez visité et qui vous

a marqué .» . Me vient alors l’idée de réalité virtuelle , médium réellement

capable de transmettre une notion d’espace , une expérience

de l’architecture non construite . Un document unique , dont le but ,

l’information transmise est le ressenti . Sa présentation a donc pour but

de concentrer l’attention , de communiquer de façon très nette . Tandis

que le reste de la présentation de ce projet consistait principalement à

transmettre une idée de son fonctionnement , de son implantation , de

sa volumétrie et de ses effets , l’expérience en réalité virtuelle communiquerait

sur quelque chose d’intangible : le ressenti .

Cette expérience de réalité virtuelle permet de descendre la

tyrolienne afin de réellement ressentir l’échelle du projet , de ses interventions

et de son environnement .

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A l’issue de ce PFE je souhaite remercier Magali Paris et Jean-Patrice

Calori pour leurs conseils , suggestions et critiques non seulement au

cours de ce projet mais également au cours de ces études . Cela m’a

permis de remettre en question mon approche de l’architecture mais

également de m’intéresser à des techniques différentes et d’investir

dans certaines de mes compétences .

Je souhaite également remercier Theodore Olaru , Nathan Martinez

, Eulalie Vidal , Robin Herman , Pierre-Louis Mabire , Amina Slaoui ,

Yacine Wahren , Naoki Shimamura , Hugo Mahasith , Adriana Filain

, Jamie Gaulet , Adrien Le Roux , Diandra Bon et tous ceux qui m’ont

assisté à différentes phases du projet . Sans leur aide ce projet n’aurait

pas pus aboutir .

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