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BO#397 FOCUS Noé Cinémas

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<strong>FOCUS</strong> EXPLOITATION<br />

OUVERTURES<br />

De la Normandie à la Côte d’Azur,<br />

Noé Cinémas redessine le paysage<br />

Le groupe Nord Ouest Exploitation, dirigé par Richard Patry, a marqué la reprise du 19 mai en ouvrant<br />

les voiles de deux nouveaux complexes, qui portent désormais sa flotte à 17 cinémas.<br />

ADIEU ROYAL<br />

Bombardé durant la Seconde Guerre mondiale,<br />

reconstruit en 1948, transformé en trois salles<br />

dans les années 1980… Le Royal de la famille<br />

Swertvaegher a été racheté en 2018 par la Ville<br />

qui développe en parallèle son ambitieux projet<br />

de nouveau cinéma. L’ancien établissement,<br />

« qui a rythmé la vie et nourri la cinéphilie des<br />

habitants de Pont-Audemer, est resté ancré dans<br />

les années 80 et était impossible à rénover »,<br />

rappelle le dirigeant de Noé Cinémas, en charge<br />

de sa DSP avec un bail locatif depuis l'acquisition<br />

municipale.<br />

Après plus de 70 ans de bons et loyaux services,<br />

Le Royal a donc définitivement fermé ses portes<br />

le 15 mars 2021, avec une “dernière séance”<br />

symbolique qui a permis à des centaines de<br />

spectateurs fidèles de le visiter une dernière fois<br />

– dans le respect des gestes barrières –, certains<br />

repartant avec un fauteuil en souvenir. Le bâtiment<br />

est désormais destiné à être transformé<br />

en habitation.<br />

LE CINÉ PONT-AUDEMER<br />

« Un bâtiment conçu comme un geste, un trait qui<br />

va marquer la ville », s’enthousiasme Richard<br />

Patry en présentant le nouvel équipement de six<br />

salles et 633 places, implanté sur l’emprise de<br />

l’ancienne gare et qui remplace désormais l’historique<br />

cinéma Royal [voir encart]. Michel Leroux,<br />

le maire passionné d'architecture de Pont-Audemer,<br />

a de nouveau fait appel au cabinet international<br />

Jakob + MacFarlane, avec lequel il avait collaboré<br />

sur la reconstruction du théâtre de la ville, cette<br />

fois pour concevoir un cinéma qui assume sa<br />

différence. 2 476 m² de bâtiment, « comme un<br />

rocher posé sur quelques poteaux, un espace très<br />

aérien, qui se voit de loin. Bref, un vrai Versailles ! »<br />

selon le président de Noé Cinémas. L’édifice se<br />

veut tout en transparence, avec un hall gigantesque,<br />

des circulations « exceptionnelles » et des salles<br />

posées comme autant de boîtes autour.<br />

©Noé Cinémas ©Noé Cinémas<br />

28


À l’intérieur de ces dernières, changement immédiat d’ambiance,<br />

avec des fauteuils gris et un environnement noir qui mettent<br />

l’écran au premier plan – la plus petite salle disposant d’un<br />

écran de 7 mètres de base, alors que le plus grand du Royal<br />

faisait 5,5 m. « Nous sommes sur le modèle des Arches Lumières<br />

à Yvetot [voir Boxoffice Pro n°358 du 9 janvier 2019], avec des<br />

salles d’une qualité technique irréprochable. Les Pont-Audemériens<br />

vont passer au 22 e siècle ! »<br />

Et pourtant, la polémique n’a pas manqué autour du nouveau<br />

cinéma de la ville, notamment sur sa taille et le choix se son<br />

habillage rose fushia – couleur spécialement créée par l’architecte<br />

en dehors de la gamme pantone – « qui peut faire peur »,<br />

concède Richard Patry. Mais le président de Noé Cinémas<br />

n’en reste pas moins convaincu que les cinémas doivent être<br />

des lieux emblématiques, « des signaux dans la ville. La Tour<br />

Eiffel n’avait-elle pas suscité la polémique à l’époque de sa construction<br />

? »<br />

Au final, le projet financé par la Ville, le département, la région,<br />

les aides du CNC et une partie par Noé Cinémas, aura coûté<br />

6 millions « tout compris » (dont les honoraires d’architecte et<br />

l’aménagement du parking). Avec à peine une soixantaine de<br />

sièges de plus que l’ancien Royal qui en comptait 570 pour<br />

ses trois salles, Le Ciné de Pont-Audemer affiche un ratio<br />

fauteuils bien plus élevé qu’un cinéma normal. « L’enjeu n’était<br />

pas de doubler les fauteuils mais de doubler les salles », rappelle<br />

Richard Patry. « On aurait pu le faire pour deux fois moins cher,<br />

mais comme toute œuvre d’art, ce bâtiment a un coût que le maire<br />

assume sans concession. » En outre, grâce à la collaboration de<br />

son directeur technique Alain Surmulet, Noé Cinémas a<br />

apporté toute son expertise au cabinet Jakob + MacFarlane<br />

pour concilier création architecturale et exigences d’un équipement<br />

cinématographique, « en sortant de certaines certitudes.<br />

Car nous voulions tous faire l’un des plus beaux cinémas possible ».<br />

La programmation sera enrichie de retransmissions d’opéras,<br />

deux grandes salles sont équipées pour accueillir des séminaires<br />

ainsi que de petites formes théâtrales, et « vu la taille du hall,<br />

plusieurs expositions pourront simultanément y être présentées ».<br />

Les ateliers jeune public et les animations ne seront pas en<br />

reste, notamment en poursuivant la collaboration avec l'association<br />

cinéphile locale Le Strapontin. Enfin, l’ensemble du<br />

cinéma est accessible pour les personnes à handicap sensoriel<br />

comme à handicap moteur.<br />

Sans aucun autre cinéma à proximité – l’implantation géographique<br />

de la commune au sud de la Seine l’éloignant de Rouen<br />

et du Havre –, le nouvel équipement de Pont-Audemer est<br />

bien décidé à devenir le phare cinématographique d’un territoire<br />

culturellement très actif. Le tout, avec l’objectif de doubler<br />

les plus de 53 000 entrées (2019) du Royal, « en faisant vivre<br />

le lieu à la hauteur de ses ambitions »<br />

LES ÉQUIPEMENTS *<br />

GLOBAL<br />

Maître d'ouvrage : VILLE DE PONT-AUDEMER<br />

Maître d'œuvre / pilote : JAKOB + MACFARLANE /<br />

PILOTE EGIS<br />

Bureau de contrôle : QUALICONSULT<br />

BÂTIMENT<br />

Gros œuvre : CMEG<br />

Électricité et réseaux : EIFFAGE<br />

Climatisation/chauffage : ELAIRGIE<br />

FAÇADE/HALL<br />

Sols durs, moquette, etc. : BONAUD<br />

Système de billetterie : THE BOXOFFICE COMPANY<br />

Affichage dynamique : CDS<br />

SALLES<br />

Fauteuils : KLESLO<br />

Tentures : HTI<br />

Sols : BONAUD<br />

CABINES<br />

Installateur : CDS<br />

Marque des projecteurs : NEC<br />

EXPLOITATION<br />

Programmation : NOE CINÉMAS<br />

SITE INTERNET<br />

Conception du site internet : THE BOXOFFICE COMPANY<br />

Fournisseur VAD : THE BOXOFFICE COMPANY<br />

*Basé sur le déclaratif de la salle<br />

©Noé Cinémas<br />

CARACTÉRISTIQUES DES SALLES<br />

SALLE<br />

PLACES<br />

PMR<br />

DIM, BASE<br />

ÉCRAN (m)<br />

SON<br />

IMAGE<br />

1 283 7 18 7.1 SCOPE<br />

2 148 4 12 5.1 SCOPE<br />

3 37 2 6,5 5.1 1.85<br />

4 42 2 7 5.1 1.85<br />

5 42 2 7 5.1 1.85<br />

6 81 2 8,8 5.1 1.85<br />

Total 633 19<br />

N°397 / 26 mai 2021<br />

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<strong>FOCUS</strong> EXPLOITATION<br />

LES ÉQUIPEMENTS *<br />

GLOBAL<br />

Maître d'ouvrage : VILLE DU LAVANDOU<br />

Maître d'œuvre / pilote : ATELIER 5 - OLIVIER MATHIEU<br />

Bureau de contrôle : VERITAS<br />

BÂTIMENT<br />

Gros œuvre : EIFFAGE<br />

Électricité et réseaux : SNEF<br />

Climatisation/chauffage : SET<br />

FAÇADE/HALL<br />

Sols durs, moquette, etc. : EIFFAGE<br />

Système de billetterie : THE BOXOFFICE COMPANY<br />

Affichage dynamique : CDS<br />

Comptoir : CINEMOB<br />

SALLES<br />

Fauteuils : KLESLO<br />

Tentures/sols : EIFFAGE/ P.I.M<br />

CABINES<br />

Installateur : CDS<br />

Marque des projecteurs : CHRISTIE<br />

EXPLOITATION<br />

Programmation : NOE CINÉMAS<br />

SITE INTERNET<br />

Conception du site internet : THE BOXOFFICE COMPANY<br />

Fournisseur VAD : THE BOXOFFICE COMPANY<br />

*Basé sur le déclaratif de la salle<br />

LE GRAND BLEU<br />

DU LAVANDOU<br />

Cap sur la Méditerranée pour Noé Cinémas qui, motivé par<br />

les attaches personnelles d’un collaborateur et face à l’absence<br />

de collègues déjà implantés, avait répondu à l’appel à DSP<br />

de la commune varoise, face à l’île du Levant et à la grande bleue.<br />

Il aura fallu plus d’une quinzaine d’années à la Ville pour<br />

concrétiser le projet d’un équipement « en dur », destiné à<br />

compléter toute l’année l'offre cinématographique de son<br />

seul Théâtre de verdure plein-air qui accueille aussi une<br />

dizaine de spectacles et de concerts en été. De quoi donner<br />

l’occasion à Noé de créer un cinéma « d’ultra proximité » sur<br />

l’un des rares territoires encore vierges de France, les établissements<br />

les plus proches étant à une demi-heure de route.<br />

Ici, la forte contrainte immobilière du Sud de la France a<br />

poussé au maximum d’économies en termes de mètres carrés<br />

au sol, pour un budget de construction (sans compter le prix<br />

du terrain ni du parking) de 2,4 millions d’euros. Plus petit<br />

et ramassé que Le Ciné de Pont-Audemer, Le Grand Bleu<br />

présente donc la simplicité de la rationalité : trois cubes (un<br />

grand et deux petits) réunis par un hall inscrit dans la différence<br />

de profondeur des bâtis. « Nous avons construit un petit<br />

bijou », se réjouit Richard Patry qui décrit un édifice « d’or »,<br />

réverbérant le soleil comme le ciel bleu azur du Sud, tel « un<br />

diamant qui brille de mille feux ou devient feu au couchant ».<br />

L’architecte Olivier Mathieu, du cabinet Atelier 5, a aussi<br />

mis en place un remarquable dispositif de diodes pour<br />

prolonger, même de nuit, les effets de lumière sur le bâtiment.<br />

Les équipements extérieurs sont complétés par un parking<br />

de 100 places environ où la Ville a aménagé une esplanade,<br />

bordée de palmiers spécialement plantés sur cet ancien terrain<br />

vague, pour accueillir six food trucks qui ont « heureusement<br />

remplacé l’idée d’un McDo » et alterneront pour proposer<br />

leurs plats midi et soir.<br />

À l’intérieur, toujours aucune concession sur l'exigence<br />

technique, avec un écran de plus de 100 m² et le son Dolby<br />

Atmos dans la grande salle (par ailleurs modulable en salle<br />

de spectacle, de conférence ou de séminaire), des écrans de<br />

9 mètres de base et du son 7.1 dans les deux autres, ainsi<br />

qu’une projection laser dans toutes. Sur la période estivale,<br />

Le Grand Bleu passera à quatre salles avec les séances pleinair<br />

du Théâtre de verdure, à dix minutes à pied et qui peut<br />

accueillir jusqu’à 500 spectateurs « pour de belles séances très<br />

populaires comme nous avons pu en organiser l’année dernière ».<br />

Une extension bienvenue pour la commune qui voit sa<br />

population de 5 000 habitants décupler les mois d’été, sans<br />

compter les locataires du fort de Brégançon voisin !<br />

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Côté programmation, pour une population « forcément plus CSP+ », Noé<br />

Cinémas déploiera son offre de films pour les préretraités et retraités, sans<br />

oublier les familles sur les week-ends et les vacances scolaires. Une articulation<br />

que Richard Patry connaît bien, avec l’expérience du Cinéma du Casino à<br />

Houlgate, « avec des pics et des moments calmes, pour un cinéma art et essai<br />

généraliste de proximité, du film grand public français au film VO recherche d’un<br />

pays émergent ». Si les études de marché prévoient entre 35 000 et 40 000<br />

spectateurs annuels, Richard Patry compte bien dépasser ces estimations. « Nous<br />

partons d’une page blanche. Et vu la qualité de ce que nous proposons, ça ne peut<br />

pas ne pas marcher. »<br />

CARACTÉRISTIQUES DES SALLES<br />

SALLE<br />

PLACES<br />

PMR<br />

DIM, BASE<br />

ÉCRAN (m)<br />

SON<br />

IMAGE<br />

1 220 5 12.50 ATMOS 1.85<br />

LES CHANTIERS DE RÉNOVATION<br />

Quand les exploitants deviennent archéologues<br />

de leur cinéma<br />

À Rouen, les travaux de rénovation de L'Omnia République sont dans la<br />

phase « délicate et compliquée » de la démolition du hall ainsi que de la petite<br />

salle au-dessous qui l’encombrait. « Le cinéma ressemble actuellement à une<br />

cathédrale », s'émerveille Richard Patry, associé à Hervé Aguillard sur l’aventure<br />

rouennaise. Menée sous la houlette du cabinet d'architecture Gilbert<br />

Long, la rénovation totale du cinéma de sept écrans permettra en outre la<br />

création d’une salle supplémentaire et d’un ciné-café [voir Boxoffice Pro n°389<br />

du 15 juillet 2020]. L’abattage d’envergure arrive avec son lot de surprises qui<br />

ralentissent le chantier – comme une salle de bain reliée à l’appartement de<br />

l’immeuble… d’à côté ! – ... mais qui permettent aussi de « découvrir des<br />

choses merveilleuses derrière les cloisons », comme le gril de scène du théâtre<br />

qu’était l’Omnia à l’origine. « C’est un vrai travail d’historien, voire d’archéologue.<br />

» En attendant, les séances ont repris pour l’Omnia délocalisé, dans les quatres<br />

salles installées dans un bâtiment municipal du cœur de ville.<br />

2 96 2 8 DOLBY 1.85<br />

3 99 2 9 DOLBY 1.85<br />

Total 415 9<br />

©Noé Cinémas<br />

L’Omnia de Rouen, entre avril 2020...<br />

©Omnia<br />

©Omnia ©Omnia<br />

©Noé Cinémas<br />

... et avril 2021<br />

Noé Cinémas entame aussi le programme de rénovation de sa première DSP<br />

historique : Le Grand Mercure d’Elbeuf. Construit en 1960 par Marcel Lods,<br />

« immense architecte de la reconstruction en France », le mono écran était passé à<br />

trois salles en 1982, puis à cinq en 1998. Il en comptera bientôt sept, mais là<br />

aussi, « même dans un cinéma où j’ai vu mes premiers films enfant, où j’ai fait mes<br />

jobs d’étudiants et que je pensais connaître de fond en comble, il y a plein de choses<br />

que l’on découvre sur le bâtiment. C’est passionnant, mais quand un mur en plus à<br />

abattre peut coûter jusqu’à 30 000 euros supplémentaires, il faut avoir les nerfs solides ».<br />

Enfin, à noter que tous les autres projets Noé Cinémas qui n'avaient pas encore<br />

commencé, qu’ils soient de construction – comme à Vernon en association avec<br />

Première Cinémas [voir Boxoffice Pro n°380 du 4 décembre 2019] – ou de rénovation<br />

– comme à Fécamp ou Senonches – « sont malheureusement arrêtés pour<br />

l’instant. Les relations se sont tendues avec le secteur bancaire. Il nous faut avant tout<br />

rouvrir et montrer que le modèle d’exploitation a de beaux jours devant lui », déclare<br />

Richard Patry, sans l’ombre d’un doute sur la relance très rapide, des cinémas<br />

comme des projets !<br />

N°397 / 26 mai 2021<br />

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