Journal asmac No 3 - juin 2023
Numérique - Des machines et des hommes Politique - Des résultats qui suscitent l’inquiétude Médecine du voyage - Prévention et suivi Tendinopathies Douleurs manifestes
Numérique - Des machines et des hommes
Politique - Des résultats qui suscitent l’inquiétude
Médecine du voyage - Prévention et suivi
Tendinopathies Douleurs manifestes
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<strong>Journal</strong><br />
N o 3, <strong>juin</strong> <strong>2023</strong><br />
<strong>asmac</strong><br />
Le journal de l’Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique<br />
Numérique<br />
Des machines et des hommes<br />
Page 28<br />
Politique<br />
Des résultats<br />
qui suscitent<br />
l’inquiétude<br />
Page 6<br />
Médecine du<br />
voyage<br />
Prévention et suivi<br />
Page 52<br />
Tendinopathies<br />
Douleurs<br />
manifestes<br />
Page 54
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Sommaire<br />
Numérique<br />
Des machines et des hommes<br />
Illustration de la page<br />
de couverture: Stephan Schmitz<br />
Editorial<br />
5 Quelle intelligence voulez-vous?<br />
Politique<br />
6 Horaires de travail longs, épuisement<br />
et temps partiel en augmentation<br />
9 Des forces nouvelles et de vieux<br />
problèmes<br />
Formation postgraduée/<br />
Conditions de travail<br />
12 «Je ne reçois que des réactions<br />
positives de la part des patients»<br />
15 L’essentiel en bref<br />
16 Les «objectifs généraux de formation»<br />
dans la formation médicale<br />
postgraduée: enquête de l’ISFM<br />
18 ISFM Award: engagement exceptionnel<br />
pour la formation<br />
21 Dans l’univers des médecinsassistant(e)s<br />
<strong>asmac</strong><br />
22 <strong>No</strong>uvelles des sections<br />
26 <strong>asmac</strong>-Inside<br />
27 Conseil juridique de l’<strong>asmac</strong><br />
Perspectives<br />
52 Actualités de la médecine du voyage:<br />
prévention et suivi<br />
Les défis de la médecine du voyage<br />
54 Aus der «Praxis»:<br />
Tendinopathien – häufige Diagnosen<br />
in der Handchirurgien<br />
59 Le lieu particulier<br />
mediservice<br />
60 Boîte aux lettres<br />
62 La relaxation musculaire progressive<br />
64 Qui paye en cas d’absence pour<br />
maladie?<br />
Medpension<br />
65 Une réussite à long terme au<br />
service de nos assurés<br />
Rapport de gestion 2022 en ligne<br />
66 Impressum<br />
Point de mire:<br />
Numérique<br />
28 Décision et dignité à l’ère de l’IA<br />
30 Retour à l’origine de la langue<br />
34 Les enfants de la Silicon Valley<br />
36 La réalité virtuelle au service<br />
de la neuroréhabilitation<br />
40 L’IA n’est pas une pandémie<br />
42 Qui l’a inventé?<br />
44 Qui peut y accéder et pour<br />
quelle durée?<br />
46 <strong>No</strong>us ne voulons que le meilleur?<br />
50 Le courrier arrivera-t-il<br />
encore demain?<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 3
Médecine<br />
Interne Générale<br />
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2 SSP-SGP | 2 SGORL | 3 SSR<br />
Médecine<br />
Interne<br />
Update Refresher<br />
05. – 09.12.<strong>2023</strong> Lausanne<br />
40 h<br />
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14 h<br />
Gynécologie<br />
Update Refresher<br />
08. – 09.11.<strong>2023</strong> Lausanne<br />
14 SGGG | 1 SSUM | 2 SSMIG<br />
Pédiatrie<br />
Update Refresher<br />
29.11. – 01.12.23 Lausanne<br />
21 h<br />
Psychiatrie et<br />
Psychothérapie<br />
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29.11. – 01.12.23 Lausanne<br />
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Editorial<br />
Quelle<br />
intelligence<br />
voulez-vous?<br />
Catherine Aeschbacher<br />
Rédactrice en chef<br />
du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong><br />
Un entrepreneur génial construit des machines humanoïdes<br />
qu’il vend dans le monde entier comme esclaves. Un jour,<br />
ces machines se révoltent et tuent non seulement leur<br />
créateur, mais détruisent l’humanité entière. Cela résume<br />
brièvement la pièce de théâtre «R.U.R» écrite en 1920 par l’écrivain<br />
tchèque Karel Čapek. La pièce et son auteur sont tombés dans l’oubli,<br />
mais pas le nom que Čapek donna à ses machines: «robot». Ce terme<br />
s’est imposé dans le monde entier. La peur que l’homme puisse, si ce<br />
n’est être détruit, se voir dépassé et dominé par sa propre œuvre est<br />
restée. Cette crainte se retrouve aussi dans les discussions actuelles sur<br />
l’intelligence artificielle IA et ChatGPT. Quelle intelligence l’intelligence<br />
artificielle peut-elle avoir? Et comment distingue-t-on l’œuvre<br />
de l’homme et celle de la machine?<br />
Dans notre Point de mire «numérique», nous abordons les possibilités<br />
et les chances, mais aussi les limites et les risques de l’IA. <strong>No</strong>us nous<br />
intéressons à la langue qui revient à ses origines grâce aux emojis ou à<br />
la génération Z, la première à avoir grandi avec la numérisation. Quels<br />
avantages l’intelligence artificielle dans la médecine apporte-t-elle aux<br />
médecins? Plusieurs articles traitent de cette question. Et pour terminer,<br />
la rédaction a fait une petite expérience en générant des images<br />
à l’aide de mots-clés. Vous trouverez les résultats à la rubrique Point de<br />
mire. Le célèbre dessinateur et illustrateur Jared Muralt a rédigé un<br />
commentaire sur le sujet.<br />
Dans les hôpitaux suisses, l’intelligence artificielle n’a pas encore eu<br />
pour effet de réduire la charge de travail des médecins. Les résultats du<br />
dernier sondage le montrent. La durée de travail moyenne dépasse<br />
légèrement les 56 heures et donc clairement la limite légale. Environ la<br />
moitié des médecins interrogés se sentent au moins de temps en temps<br />
ou souvent émotionnellement et/ou physiquement épuisés. Rien de<br />
surprenant donc que nombre d’entre eux réfléchissent à quitter la<br />
profession. Pour l’éviter dans la mesure du possible, l’<strong>asmac</strong> a initié<br />
une table ronde. Tous les acteurs de la santé sont appelés à développer<br />
ensemble des solutions pour prévenir la pénurie de médecins qui<br />
menace. Vous en saurez plus en lisant la rubrique Politique.<br />
Pour terminer, encore un message de la rédaction: après vingt ans,<br />
il est temps de remettre la direction du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong> en de plus jeunes<br />
mains. Je suis très heureuse de vous informer que nous avons trouvé<br />
en Regula Grünwald une personne particulièrement compétente pour<br />
me succéder. Je lui souhaite de tout cœur bonne chance! Quant à vous,<br />
chères lectrices et chers lecteurs, je vous remercie chaleureusement<br />
de votre intérêt pour le <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong>. Ce fut un plaisir et un honneur<br />
de travailler pour vous.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 5
Politique<br />
Horaires de travail longs,<br />
épuisement et temps partiel<br />
en augmentation<br />
Les résultats du sondage auprès des membres<br />
de cette année montrent que la loi sur le travail continue d’être bafouée.<br />
Les médecins se sentent de plus en plus fatigués et épuisés,<br />
et la formation postgraduée structurée n’a pas lieu dans la mesure exigée.<br />
Oliviero Reusser, collaborateur politique et communication, <strong>asmac</strong><br />
Pour la quatrième fois depuis<br />
2013, l’<strong>asmac</strong> a réalisé un sondage<br />
auprès des membres en<br />
collaboration avec l’institut Demoscope.<br />
Tous les trois ans, elle prend<br />
ainsi le pouls de ses membres et recense<br />
la situation des médecins-assistant(e)s et<br />
chef(fe)s de clinique en Suisse.<br />
Commençons par une bonne nouvelle:<br />
grâce aux 3240 réponses, la pertinence du<br />
sondage de cette année est particulièrement<br />
élevée et comparable à celle des enquêtes<br />
précédentes. La motivation des<br />
membres pour participer au sondage reste<br />
forte. Ils contribuent ainsi de manière<br />
décisive au travail de l’association. Tous<br />
les membres qui travaillent comme médecins-assistant(e)s<br />
et chef(fe)s de clinique<br />
en Suisse ont reçu un accès personnalisé<br />
au questionnaire comprenant plus<br />
de 20 questions sur des thèmes tels que<br />
la durée de travail, la pression ressentie,<br />
la formation postgraduée et continue et<br />
les tâches administratives susceptibles<br />
d’être déléguées. Ces réponses permettent<br />
de comparer sur une période prolongée<br />
l’évolution de la situation concernant les<br />
conditions de travail des médecins.<br />
La loi sur le travail est régulièrement<br />
violée<br />
La plupart des résultats du sondage ne<br />
sont hélas guère réjouissants. Une nouvelle<br />
fois, le sondage montre que chez une<br />
grande partie des personnes interrogées,<br />
la durée hebdomadaire maximale de travail<br />
de 50 heures est régulièrement dépassée.<br />
43 % travaillent ainsi en moyenne plus<br />
de 52 heures par semaine. Extrapolée sur<br />
un plein temps, la durée hebdomadaire de<br />
travail s’élevait en moyenne à 56,3 heures<br />
et dépassait donc même légèrement la<br />
valeur de 2019 (55,7 heures). Il est donc<br />
Photo: Adobe Stock<br />
6<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Politique<br />
Changements 2013 à 2022<br />
2022 2019 2016 2013<br />
Changement<br />
2019 à 2022<br />
Changement<br />
2013 à 2022<br />
Temps de travail moyen par semaine<br />
Selon le contrat de travail 45.0 h 45.0 h 45.5 h 46.0 h - significatif<br />
Taux d'occupation selon le contrat de travail 90.3% 91.1% 92.2% 91.4% significatif significatif<br />
Effectivement accompli 50.7 h 50.6 h 51.3 h 51.2 h<br />
Effectivement accompli, calculé sur la base d'un taux d'occupation<br />
de 100%<br />
56.3 h 55.7 h 55.6 h 56.6 h significatif<br />
Différence entre le temps de travail moyen effectif et le temps de<br />
travail par semaine selon contrat de travail<br />
5.8 h 5.8 h 5.8 h 5.2 h - significatif<br />
Annoncé/enregistré 48.2 h 48.1 h 48.6 h 48.7 h<br />
Annoncé/enregistré, calculé sur la base d'un taux d'occupation de<br />
100%<br />
53.6 h 52.9 h 52.7 h 53.8 h significatif<br />
Différence entre le temps de travail moyen effectif et<br />
annoncé/enregistré<br />
2.3 h 2.5 h 2.6 h 2.2 h<br />
Heures supplémentaires cumulées 133.8 h 137.3 h 141.0 h 140.8 h significatif significatif<br />
Ne travaille jamais plus de 7 jours d'affilée 64% 60% 54% 46% significatif significatif<br />
Dérogation au droit du travail 68% 62% 66% 69% significatif<br />
Changement positif/tendance positive<br />
= la valeur a diminué<br />
Changement positif<br />
= la valeur a augmenté<br />
Changement négatif/tendance négative<br />
= la valeur a augmenté<br />
Photo: màd<br />
urgent d’agir. Le fait que 86 % des personnes<br />
interrogées souhaiteraient travailler<br />
jusqu’à 42 heures par semaine montre<br />
par ailleurs qu’une réduction de la durée<br />
hebdomadaire de travail est plus que jamais<br />
d’actualité.<br />
La loi sur le travail ne réglemente pas<br />
seulement la durée hebdomadaire de travail,<br />
elle prescrit aussi qu’il n’est pas permis<br />
de travailler plus de sept jours consécutifs<br />
et que les heures de travail supplémentaire<br />
cumulées ne doivent pas dépasser<br />
140 heures par année. Un chiffre frappe:<br />
chez 68 % des médecins, la loi n’est pas<br />
respectée. Si l’on considère le nombre<br />
d’heures de travail supplémentaire cumulées<br />
par année, on constate que c’est en<br />
premier lieu la durée hebdomadaire de travail<br />
qui contribue à cette valeur élevée.<br />
Avec une moyenne de 133,8 heures, cette<br />
durée reste élevée, mais baisse par rapport<br />
aux années précédentes. Bien entendu, cela<br />
ne vaut que pour ceux qui connaissent<br />
ces chiffres. Car cette année aussi, environ<br />
un tiers des personnes sondées ne savent<br />
pas combien d’heures supplémentaires<br />
elles ont effectuées. En revanche, on<br />
constate une nette amélioration en ce qui<br />
concerne la réglementation de ne pas travailler<br />
plus de sept jours consécutifs: la<br />
part de personnes qui n’ont jamais été dans<br />
cette situation a sensiblement augmenté,<br />
passant de 46 % en 2013 à 64 % en 2022.<br />
Pourtant, ces deux évolutions positives<br />
sont probablement dues, au moins en partie,<br />
au fait que la part des médecins travaillant<br />
à temps partiel a continué d’augmenter.<br />
En 2022, ils étaient un tiers à travailler<br />
à temps partiel, contre 27% en 2019.<br />
La pression ne cesse d’augmenter<br />
Les résultats du sondage sont alarmants,<br />
en particulier pour ce qui concerne les<br />
répercussions de la durée de travail trop<br />
élevée. Les médecins sont toujours plus<br />
nombreux à se sentir fatigués et harassés.<br />
4 médecins sur 10 se sentent souvent ou<br />
la plupart du temps harassés et épuisés<br />
émotionnellement et physiquement. Rien<br />
d’étonnant donc que l’idée d’abandonner<br />
la profession soit de plus en plus souvent<br />
évoquée. Plus de 50 % des membres de l’<strong>asmac</strong><br />
pensent de temps en temps, voire<br />
même souvent «Je n’en peux plus». Plus<br />
qu’un tiers des personnes interrogées indiquent<br />
ne se sentir fatiguées que de<br />
temps en temps ou rarement, ce qui représente<br />
une nette détérioration par rapport<br />
aux 44 % en 2019.<br />
La mise en danger des patients<br />
augmente<br />
Cela se répercute aussi sur les patients. La<br />
part des membres de l’<strong>asmac</strong> qui n’ont jamais<br />
vécu, au cours des deux dernières<br />
années, qu’un patient ou une patiente ait<br />
été mis en danger pour cause de surmenage<br />
des médecins a baissé de 47 % en<br />
2013 à 25 % dans l’enquête actuelle. En<br />
revanche, au cours des deux dernières<br />
années, environ un quart a observé une<br />
mise en danger à plus de quatre reprises.<br />
On ne le répétera jamais assez: la qualité<br />
du traitement médical dépend directement<br />
du bien-être des médecins et des<br />
performances qui en découlent.<br />
Pour la première fois, le sondage<br />
incluait des questions sur la situation dans<br />
la formation postgraduée et continue.<br />
D’après la Réglementation pour la formation<br />
postgraduée de l’ISFM, chaque établissement<br />
de formation postgraduée doit<br />
proposer au moins quatre heures hebdomadaires<br />
de formation postgraduée structurée<br />
aux médecins-assistant(e)s. Ici aussi,<br />
le potentiel d’amélioration est important:<br />
plus de trois quarts des personnes interrogées<br />
n’ont bénéficié que de trois heures ou<br />
moins de formation postgraduée structurée.<br />
Chez les chef(fe)s de clinique, les<br />
choses se passent un peu mieux. Ils sont<br />
41 % à avoir bénéficié de sept ou plus de<br />
jours de formation continue sur le minimum<br />
de dix prescrit par la Réglementation<br />
pour la formation continue. L’offre de<br />
formation postgraduée et continue relève<br />
de la responsabilité des employeurs qui<br />
touchent pour cela de l’argent des cantons.<br />
Cette responsabilité n’est de toute évidence<br />
pas encore assumée de manière<br />
appropriée: 43 % de tous les médecinsassistant(e)s<br />
sont d’avis que l’absence de<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 7
Politique<br />
Changements 2013 à 2022<br />
Expérience personnelle de la mise en danger des patientes et patients<br />
0% 20% 40% 60% 80% 100%<br />
2022 (3'180)<br />
25%<br />
35%<br />
15%<br />
9%<br />
13%<br />
2019 (2'884)<br />
34%<br />
33%<br />
12%<br />
6%<br />
13%<br />
Total<br />
2016 (3'258)<br />
40%<br />
34%<br />
10%<br />
6%<br />
9%<br />
2013 (3'210)<br />
47%<br />
26%<br />
7%<br />
5%<br />
13%<br />
<strong>No</strong>n, jamais 1-3 fois 4-9 fois Plus de 9 fois Ne sait pas Pas de réponse/refusé<br />
Base: Le nombre de participants entre parenthèses. Pour des raisons de lisibilité, les valeurs inférieures à 4% ne sont pas indiquées.<br />
volonté de l’hôpital de proposer la formation<br />
postgraduée explique pourquoi ils ne<br />
peuvent pas la suivre.<br />
Effets négatifs de la pandémie<br />
Le sondage a aussi porté sur les répercussions<br />
de la pandémie de COVID-19, avec<br />
des résultats peu encourageants. 43% des<br />
médecins interrogés indiquent que la<br />
charge de travail a nettement augmenté<br />
par rapport à 2019; 38% sont d’avis que<br />
l’ambiance parmi les collaborateurs s’est<br />
détériorée. Environ un cinquième est<br />
d’avis que la situation s’est entre-temps<br />
normalisée.<br />
L’<strong>asmac</strong> remercie vivement tous les<br />
participants. Les résultats détaillés sont<br />
disponibles sur le site web de l’<strong>asmac</strong>.<br />
Même si la plupart des résultats du sondage<br />
ne laissent rien présager de bon, l’<strong>asmac</strong><br />
dispose grâce à cela de données pertinentes<br />
qu’elle peut utiliser pour améliorer<br />
la situation.<br />
@vsao<strong>asmac</strong><br />
8<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Politique<br />
Des forces nouvelles<br />
et de vieux<br />
problèmes<br />
Même si les mauvaises conditions de travail et les lacunes<br />
dans la formation postgraduée sont des thèmes récurrents, les choses bougent.<br />
C’est ce qui ressort des discussions et comptes rendus de la séance<br />
de printemps du Comité central de l’<strong>asmac</strong>. Le fait que l’association parvienne<br />
à mobiliser la relève est une autre source de satisfaction.<br />
Catherine Aeschbacher, rédactrice en chef du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong>. Photo: Severin <strong>No</strong>wacki.<br />
Si l’on prend les conditions de<br />
travail, les améliorations ne<br />
semblent avancer que très lentement.<br />
Si l’on regarde l’association,<br />
on constate qu’elle ne ménage pas ses<br />
efforts pour faire bouger les choses. Et fort<br />
heureusement, les sections ont moins de<br />
difficultés que par le passé à recruter de<br />
nouveaux membres pour leurs comités.<br />
En même temps, elles renforcent leur<br />
collaboration: les bonnes idées des uns<br />
servent d’exemples aux autres. Pour les<br />
tâches à l’échelon national, les candidats<br />
ne manquent pas non plus. Le Comité<br />
central a l’embarras du choix. La séance de<br />
printemps du Comité central de l’<strong>asmac</strong> à<br />
la fin avril à Berne l’a bien montré. Il s’agissait<br />
de pourvoir un siège à l’Assemblée des<br />
délégués de la FMH, plus un siège de délégué<br />
suppléant. Aileen Chen, membre de<br />
longue date de la section Genève, a été<br />
élue déléguée ordinaire. Son élection est<br />
particulièrement appréciée, car elle permet<br />
de renforcer la représentation romande<br />
de l’<strong>asmac</strong> à l’AD FMH. Alexandra<br />
Filips, vice-présidente de l’ASMAC Zurich,<br />
est la nouvelle déléguée suppléante. De<br />
plus, les sièges vacants à la Chambre médicale<br />
ont également été pourvus.<br />
La Rose fleurira-t-elle?<br />
Il serait exagéré de parler d’un débat passionnel,<br />
mais le choix du lauréat de la<br />
Rose d’hôpital 2022 a néanmoins suscité<br />
des discussions animées. La récompense<br />
décernée chaque année pour des initiatives<br />
exceptionnelles dans le domaine<br />
des conditions de travail et/ou de la formation<br />
postgraduée était cette année placée<br />
sous le signe de la formation postgraduée<br />
structurée. <strong>No</strong>us savons qu’elle a souffert<br />
pendant la crise du coronavirus et qu’elle<br />
n’a toujours pas retrouvé son niveau<br />
d’avant la crise. Dans ces circonstances,<br />
il est particulièrement réjouissant de constater<br />
que les sections ont nommé trois<br />
institutions. Les services psychiatriques<br />
de St-Gall qui accordent à leurs médecinsassistant(e)s<br />
six heures de formation<br />
postgraduée structurée interne par semaine<br />
et dix jours de formation postgraduée<br />
externe payés par année. De<br />
plus, l’institution participe à hauteur de<br />
CHF 6000.– par personne et par année<br />
aux frais de la formation postgraduée<br />
externe.<br />
La section Tessin a nommé le service<br />
de médecine interne de l’Ospedale Regionale<br />
di Locarno «La Carità» pour ses efforts<br />
entrepris en faveur d’une formation<br />
postgraduée de qualité. Outre les quatre<br />
heures de formation postgraduée structurée,<br />
l’établissement organise régulièrement<br />
d’autres manifestations. De plus, le<br />
service a développé une méthode pour<br />
mesurer la qualité de la formation postgraduée<br />
qui est également utilisée dans<br />
d’autres hôpitaux tessinois.<br />
L’Institut de médecine intensive de<br />
l’Hôpital universitaire de Zurich (USZ) est<br />
le troisième candidat qui a été nommé<br />
pour la planification des services des<br />
médecins-assistant(e)s. Elle s’effectue sur<br />
la base d’un engagement clinique de<br />
42 heures par semaine plus quatre heures<br />
de formation postgraduée structurée. Le<br />
but est de séparer dans la planification<br />
des services la prestation médicale et la<br />
formation postgraduée structurée. Il s’agit<br />
d’un projet-pilote qui est en cours depuis<br />
janvier de cette année. Il est prévu de<br />
l’introduire définitivement en <strong>juin</strong> <strong>2023</strong>.<br />
Et c’est sur ce point que les avis étaient<br />
partagés: certains délégués ont fait remarquer<br />
que le projet n’avait pas encore vraiment<br />
été mis en œuvre ou qu’il y avait<br />
déjà d’autres cliniques qui planifiaient<br />
le travail sur cette base dans leur région.<br />
Les partisans ont rétorqué qu’une telle<br />
récompense ferait figure d’exemple à<br />
suivre, le projet montrant qu’une telle<br />
plani fication est aussi possible dans un<br />
très grand hôpital. Sans compter que le<br />
projet a sus cité de nombreuses réactions<br />
dans les milieux politiques. A Zurich par<br />
exemple, une motion demandant d’introduire<br />
ce modèle dans toutes les organisations<br />
de santé de la ville a été déposée.<br />
Même si cette année, c’est plus un bouton<br />
de rose qu’une fleur qui est récompensée,<br />
cette Rose est néanmoins méritée. Ces<br />
arguments ont finalement convaincu la<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 9
Politique<br />
Même si les conditions ne changent pas du jour au lendemain, les améliorations se multiplient.<br />
Les membres de l’<strong>asmac</strong> y sont pour quelque chose, par exemple les délégués du Comité central lors de leur séance de printemps.<br />
majorité des délégués. La Rose d’hôpital<br />
2022 ira donc à Zurich. (Un compte rendu<br />
détaillé sera publié dans le prochain numéro.)<br />
Idéal et réalité<br />
Après le compte rendu de <strong>No</strong>ra Bienz, il est<br />
apparu que le modèle zurichois primé est<br />
loin d’être une évidence. La vice-présidente<br />
de l’<strong>asmac</strong> dirige le groupe de travail<br />
42+4h. Un sondage relatif à la saisie électronique<br />
du temps de travail a été réalisé<br />
pour savoir comment le temps de travail<br />
est saisi dans les hôpitaux. Sur les 192 institutions<br />
contactées, une cinquantaine<br />
ont répondu. Celles-ci exploitent toutes<br />
une saisie électronique du temps de travail<br />
et sont d’avis que le temps de travail est<br />
correctement saisi. Reste à savoir si c’est<br />
toujours le cas. En effet, le sondage auprès<br />
des membres montre que le temps de travail<br />
n’est de loin pas saisi correctement<br />
partout. Un modèle de contrat qui précise<br />
le modèle 42+4h a été élaboré et mis à disposition<br />
des sections. Elles peuvent l’utiliser<br />
dans les négociations CCT ou pour<br />
d’autres modifications contractuelles.<br />
La Convention intercantonale sur le<br />
financement de la formation médicale<br />
postgraduée est entrée en vigueur. Parallèlement,<br />
le SECO a défini que la formation<br />
postgraduée structurée comptait comme<br />
temps de travail et précisé qu’elle devait<br />
être prise en compte dans la planification<br />
des services et être saisie comme telle.<br />
<strong>No</strong>rmalement, les contrats de travail devraient<br />
être adaptés en conséquence. Le<br />
conditionnel reste toutefois de mise. Car<br />
bien des choses qui devraient être mises<br />
en œuvre et qui sont consignées sur le papier<br />
sont en attente, comme le montrent<br />
les résultats du dernier sondage auprès des<br />
membres. La situation ne s’est pas améliorée<br />
par rapport à 2019. On constate même<br />
une détérioration de certains points (cf. article<br />
p. 6). Des conditions de travail diffi-<br />
Oui à la loi sur le climat<br />
le 18 <strong>juin</strong><br />
Le 18 <strong>juin</strong> <strong>2023</strong>, les citoyens suisses<br />
se prononceront sur la loi sur le climat<br />
et l’innovation. Une fois de plus, les<br />
émissions de CO 2<br />
en Suisse ont augmenté<br />
au lieu de baisser. Cela attise<br />
la crise climatique dont les conséquences<br />
graves mettent en péril notre<br />
santé et nos moyens d’existence.<br />
Le changement climatique représente<br />
la plus grande menace de notre siècle<br />
pour la santé. La Suisse a urgemment<br />
besoin d’une loi lui permettant de tenir<br />
ses promesses en matière de protection<br />
climatique. L’<strong>asmac</strong> a aussi discuté de<br />
la loi et décidé de la soutenir. De plus,<br />
un «Comité des médecins OUI à la loi<br />
sur le climat» s’est constitué et s’engage<br />
pour un oui à la loi. N’oubliez pas<br />
d’aller voter le 18 <strong>juin</strong> <strong>2023</strong>.<br />
Merci beaucoup!<br />
10<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Politique<br />
ciles à gérer suscitent la frustration et incitent<br />
finalement les médecins à quitter,<br />
si ce n’est pas la profession, du moins l’activité<br />
clinique. Et les jeunes réfléchissent à<br />
deux fois avant de se lancer dans des études<br />
de médecine. A cela s’ajoute que les jeunes<br />
médecins sont plus nombreux à vouloir<br />
travailler à temps partiel, contrairement<br />
à leurs prédécesseurs. Lorsqu’un médecin<br />
de la génération du baby-boom part à la<br />
retraite, il faut donc généralement plus<br />
d’une personne pour le remplacer. Une<br />
pénurie de médecins est donc plus que<br />
probable. C’est pourquoi l’<strong>asmac</strong> a convoqué<br />
une table ronde pour trouver des solutions<br />
avec tous les acteurs du système de<br />
santé. L’OFSP, la CDS, H+, la FMH, l’ISFM<br />
et l’AMDHS y participeront. santésuisse et<br />
curafutura y étaient également conviées,<br />
mais ont préféré renoncer. Leur désintérêt<br />
pour les préoccupations des jeunes médecins<br />
est révélateur. L’objectif de la table<br />
ronde est de développer ensemble des mesures<br />
que les différents acteurs pourront<br />
mettre en œuvre dans leur domaine.<br />
Chiffres noirs et idées vertes<br />
Une budgétisation prudente permet d’éviter<br />
les mauvaises surprises. Ce principe<br />
a été confirmé lors de l’Assemblée des<br />
délégués de mediservice vsao-<strong>asmac</strong> (AD).<br />
Comme l’organisation de services a réalisé<br />
un résultat supérieur au budget, les<br />
comptes 2022 clôturent sur un bénéfice<br />
au lieu de la perte prévue. Dans son rapport<br />
sur la situation, le président de mediservice,<br />
Daniel Schröpfer, a souligné deux<br />
prestations: d’une part, le guide pour le<br />
cabinet médical nouvellement disponible<br />
en français et la version allemande mise à<br />
jour et, d’autre part, le séminaire en ligne<br />
«Consultation médicale». Les deux prestations<br />
sont très demandées. Chez mediservice,<br />
la fluctuation du personnel est<br />
habituellement très basse. Peter Scheidegger,<br />
responsable de la coordination de<br />
la vente, et Catherine Aeschbacher, rédactrice<br />
en chef du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong>, quitteront<br />
toutefois l’organisation en cours d’année<br />
pour raison d’âge.<br />
De nouveaux développements exigent<br />
de nouvelles idées. C’est aussi vrai<br />
pour le <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong>. L’augmentation<br />
des coûts de production, c’est-à-dire du<br />
papier, de l’énergie, etc. accompagnée de<br />
la baisse continuelle des recettes publicitaires<br />
placent le <strong>Journal</strong> dans une situation<br />
de plus en plus délicate. D’un point de<br />
vue écologique vient s’ajouter la question<br />
de savoir si la publication d’un magazine<br />
imprimé est encore appropriée à notre<br />
époque. Marc Schällebaum, directeur de<br />
mediservice, a établi un rapport détaillé à<br />
l’intention des délégués qui résume les arguments<br />
pour et contre en la matière. Les<br />
sections sont invitées à discuter de la<br />
question de savoir sous quelle forme le<br />
<strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong> doit paraître à l’avenir, afin<br />
de pouvoir prendre une décision lors de<br />
l’Assemblée des délégués en novembre<br />
<strong>2023</strong>. Marc Schällebaum et les membres<br />
du Comité directeur de mediservice se<br />
tiennent à disposition pour répondre aux<br />
questions des sections sur place.<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 11
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
«Je ne reçois<br />
que des réactions<br />
positives de la part<br />
des patients»<br />
Les médecins attachent de plus en<br />
plus d’importance à la compatibilité entre profession et vie privée.<br />
Comment peut-elle réussir? Le D r Franz Martig nous parle<br />
de ses expériences avec un temps partiel.<br />
Julia Frey, psychologue du travail et collaboratrice scientifique, Haute école de psychologie appliquée,<br />
HES du <strong>No</strong>rd-Ouest de la Suisse (FHNW)<br />
Brigitte Liebig, professeure de psychologie appliquée, Haute école de psychologie appliquée,<br />
HES du <strong>No</strong>rd-Ouest de la Suisse (FHNW); privat-docente à l’Université de Bâle<br />
D r méd. Franz Martig (crédit photo: Caspar Martig, photographe)<br />
Photo: màd<br />
12<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Franz Martig est spécialiste en<br />
chirurgie générale et viscérale<br />
à l’Hôpital Tiefenau de Berne. Il<br />
y travaille comme médecin adjoint<br />
à 60 %, ce qui est très rare en chirurgie.<br />
Son exemple montre comment le travail<br />
quotidien à taux d’activité réduit peut<br />
être organisé et les points dont il faut tenir<br />
compte.<br />
En tant que responsable du programme<br />
de formation postgraduée interne,<br />
l’activité de Franz Martig combine<br />
la prise en charge directe des patients, les<br />
tâches administratives et l’enseignement.<br />
Une bonne planification est nécessaire<br />
pour gérer tout cela dans le cadre d’un<br />
temps partiel. Dans ce contexte, la communication<br />
avec les patients revêt une importance<br />
toute particulière: «Ils partent du<br />
principe que je suis disponible 24 heures<br />
sur 24 et 7 jours sur 7. Pourtant, lorsque je<br />
leur explique ma situation, je ne reçois que<br />
des réactions positives de leur part.»<br />
Franz Martig a choisi de travailler à<br />
temps partiel pour des raisons familiales.<br />
Il est père de trois enfants et veut leur<br />
consacrer le plus de temps possible, car il<br />
a souvent entendu ses anciens supérieurs<br />
de l’ancienne génération de chirurgiens<br />
lui dire: «Si j’avais pu faire les choses différemment<br />
dans ma vie, j’aurais aimé voir<br />
grandir mes enfants.»<br />
Une activité épanouissante<br />
à temps partiel<br />
Franz Martig est très satisfait de sa situation<br />
actuelle. Ça n’a pas toujours été le cas.<br />
Lorsqu’il travaillait dans la médecine stationnaire<br />
en tant que chef de clinique,<br />
avant d’entamer son travail à l’Hôpital<br />
Tiefenau, il travaillait à 80 %, mais entendait<br />
régulièrement le reproche de n’être<br />
jamais là, alors qu’il travaillait généralement<br />
plus de 40 heures par semaine. En<br />
même temps, sa famille avait l’impression<br />
qu’il était tout le temps absent. Il s’agit<br />
là d’un problème bien connu: on tente à<br />
grands efforts de satisfaire à la fois aux<br />
attentes de la famille et de la profession.<br />
Plusieurs facteurs expliquent pourquoi<br />
Franz Martig trouve les conditions<br />
de travail nettement plus agréables: d’une<br />
part, l’engagement à 60 % signale clairement<br />
qu’il n’est pas toujours disponible.<br />
D’autre part, son engagement à temps partiel<br />
est largement accepté dans le service<br />
de chirurgie générale et viscérale de l’Hôpital<br />
Tiefenau. En plus du bon équilibre<br />
entre profession et vie privée, le climat de<br />
travail positif est une autre source d’énergie<br />
importante pour lui.<br />
Le temps partiel fonctionne, si ...<br />
Petit à petit, d’autres collègues chirurgiens<br />
commencent à travailler à temps partiel.<br />
Franz Martig soutient cette évolution: «Je<br />
me suis battu pour travailler à temps partiel<br />
et mon taux d’activité actuel en témoigne.<br />
Sauf erreur, je suis le seul homme<br />
à le faire dans une position dirigeante.»<br />
Il tient cependant à ce que l’engagement<br />
à temps partiel ne se fasse pas au détriment<br />
des collègues de travail et que la<br />
qualité de la prise en charge et l’efficacité<br />
de la collaboration soient garanties. «Je<br />
dois connaître les tâches à effectuer<br />
jusqu’à la fin de mon service, savoir ce que<br />
je dois moi-même terminer et ce que je<br />
peux transmettre à mes collègues.» Pour<br />
cela, il faut être capable de déléguer les<br />
tâches et la responsabilité. Grâce à une<br />
bonne ambiance au travail et à l’esprit<br />
d’équipe, le travail à temps partiel est donc<br />
aussi possible en chirurgie.<br />
La clé: le changement de mentalité<br />
Qu’il faille encourager le travail à temps<br />
partiel, en particulier en chirurgie, est une<br />
nécessité absolue de son point de vue:<br />
«Les médecins en début de carrière nous<br />
font clairement comprendre que les mentalités<br />
évoluent en ce qui concerne le meilleur<br />
équilibre entre vie professionnelle et<br />
vie privée. Si nous ne répondons pas à cela,<br />
nous risquons d’être bientôt confrontés à<br />
un problème de relève.»<br />
De par sa propre expérience, Franz<br />
Martig estime qu’il est fondamental de<br />
changer d’attitude envers le travail à temps<br />
partiel à l’hôpital. Un changement des<br />
mentalités s’est déjà opéré au cours des<br />
dernières années, mais le potentiel reste<br />
considérable. «Il faut des exemples illustrant<br />
que le travail à temps partiel en<br />
chirurgie est possible et fonctionne.»<br />
Ce portrait a été réalisé dans le cadre<br />
d’un projet de la Haute école de psychologie<br />
appliquée (HES du <strong>No</strong>rd-<br />
Ouest de la Suisse, FHNW) consacré<br />
à la compatibilité entre profession<br />
et vie privée à l’hôpital (www.fhnw.ch/<br />
vereinbarkeit-im-spital). Le guide<br />
relatif à la «Compatibilité entre profession<br />
et vie privée pour les médecins<br />
hospitaliers» (en allemand) publié<br />
en <strong>2023</strong> est disponible sur fhnw.ch/<br />
vereinbarkeit-im-spital-wegleitung-de.<br />
Il présente aux responsables du personnel,<br />
aux directions des hôpitaux et<br />
cliniques, aux associations professionnelles<br />
et aux médecins travaillant dans<br />
le secteur hospitalier de nombreuses<br />
suggestions et idées sur la manière de<br />
mettre en œuvre un environnement de<br />
travail encourageant la compatibilité<br />
entre profession et vie privée.<br />
Le cœur du guide est constitué d’un<br />
catalogue de mesures et outils permettant<br />
d’aménager les conditions de<br />
travail des médecins hospitaliers dans<br />
le sens d’un meilleur équilibre entre<br />
l’activité médicale et la vie privée.<br />
Une feuille de route présente en outre<br />
comment identifier, dans le cadre<br />
du développement de l’organisation,<br />
les principaux champs d’action et<br />
comment les mettre en œuvre étape<br />
par étape dans le contexte hospitalier.<br />
Les portraits de médecins et hôpitaux<br />
montrent comment concilier l’activité<br />
de médecin hospitalier et la vie privée.<br />
Le Bureau fédéral de l’égalité entre<br />
femmes et hommes a soutenu le projet<br />
par une contribution financière.<br />
L’<strong>asmac</strong> a participé à l’élaboration<br />
du guide à titre consultatif.<br />
Le 6 <strong>juin</strong> <strong>2023</strong> à Olten, l’<strong>asmac</strong> a<br />
organisé, en collaboration avec la<br />
FHNW, l’ISFM et l’Association<br />
des responsables du personnel des<br />
instituts de santé suisses (VPSG),<br />
une manifestation sur le thème de la<br />
compatibilité lors de laquelle le<br />
guide et le projet ont été présentés.<br />
Elle a rencontré un franc succès<br />
avec plus de 50 participants, majoritairement<br />
des responsables RH des<br />
hôpitaux et des responsables d’établissements<br />
de formation postgraduée.<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 13
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14<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Savoir dire non<br />
Photo: màd<br />
Je lis souvent mes e-mails quand j’attends quelque<br />
chose, et je l’avoue, parfois aussi en attendant au feu<br />
rouge. Les e-mails auxquels je n’ai pas pu répondre<br />
finissent ensuite sur ma liste mentale des tâches en<br />
suspens où l’on trouve les cours de formation postgraduée que je<br />
devrais préparer, les articles que je dois écrire et les documents<br />
de séance que je n’ai pas encore lus. Certaines listes contiennent<br />
des anniversaires, les dates de mes prochaines rencontres avec<br />
mes amies et les personnes avec qui un échange serait urgent.<br />
On y trouve aussi mes achats au magasin antigaspi plutôt qu’à<br />
la Migros, mes heures d’entraînement, les prévisions<br />
du vent pour la planche à voile, un rappel pour<br />
la lessive, le nettoyage de l’appartement et la<br />
visite chez mon filleul …<br />
Vous ai-je impressionné? Ou avezvous<br />
pitié de moi? Dans certains<br />
cercles, les listes de tâches sont un<br />
symbole de prestige censé témoigner<br />
de la pression subie, de l’activité et<br />
donc aussi de l’attractivité. La pitié<br />
n’est pas de mise. Mon dynamisme a<br />
certes une origine familiale, mais<br />
n’est pas une fatalité. Car n’oublions<br />
pas que nous avons souvent le choix.<br />
Le problème de ces listes de<br />
tâches est le suivant: je n’arrive pas à<br />
vivre sans. Si j’oublie de noter quelque<br />
chose, j’oublie régulièrement de le faire.<br />
Deuxième problème: à partir d’une certaine<br />
longueur, elles m’empêchent de dormir. Troisième<br />
problème: leur existence me fait honte. Je n’aimerais pas<br />
devoir gérer mes amitiés à l’aide d’une liste de tâches.<br />
Récemment, ma liste de tâches a failli m’assommer. Je ne<br />
voyais tout simplement pas comment venir à bout de toutes ces<br />
tâches. Ma formation postgraduée à l’uni, la prise de fonction<br />
dans un nouveau poste de rotation à l’hôpital et l’apprentissage<br />
en vue d’un examen à venir a été la goutte d’eau qui a fait<br />
déborder le vase, tout comme mon exigence d’être une meilleure<br />
amie et fille et d’améliorer mes capacités de grimpeuse. Sans<br />
oublier la rédaction d’un discours d’adieu émouvant pour notre<br />
assemblée générale. A cela est venu s’ajouter une autre difficulté:<br />
je n’arrive pas à admettre que trop c’est trop.<br />
Ma colocataire et mon ami ont dû intervenir. Les deux sont<br />
porteurs d’un virus qui me contraint à l’inactivité et m’apporte<br />
un soulagement dans de telles situations. Ils m’ont recommandé<br />
des choses banales: annuler le programme du soir prévu et<br />
l’excursion à la montagne planifiée le jour suivant. Et ils m’ont<br />
écoutée: mon ami m’a apaisée, il m’a apporté le calme dont<br />
L’essentiel<br />
en bref<br />
j’avais urgemment besoin. Ma colocataire a fait du café, elle m’a<br />
aidée à mettre en pot des plants sous la pluie battante et préparé<br />
un magnifique repas. Plus tard, elle m’a donné l’envie d’écrire<br />
ce texte. Et mon père? Je ne peux attendre aucune aide de sa<br />
part, car il souffre des mêmes symptômes et m’assomme avec<br />
la citation de Tucholsky: «J’aimerais avoir mes soucis.»<br />
Il n’a pas tout à fait tort. D’où vient ce besoin de rythmer<br />
mon quotidien au point d’en faire une course contre la montre?<br />
Une question essentielle que je ne devrais plus esquiver à mon âge.<br />
Bien entendu, je ne vais pas vous ennuyer avec une<br />
introspection. Mais une chose est sûre, la pause<br />
évoquée plus haut ne résout que temporairement<br />
le problème. S’il y a un trou dans la<br />
journée, la pression de traiter les tâches<br />
en suspens tend à s’accroître plutôt<br />
qu’à s’atténuer.<br />
Nicolas Chamfort aurait<br />
déclaré: «Savoir prononcer le mot<br />
‹non› est le premier pas vers la<br />
liberté.» Je l’ai intégré et commencé<br />
à refuser des demandes.<br />
Pour moi, il ne s’agit pas<br />
seulement de connaître ses propres<br />
limites, mais aussi d’avoir le<br />
courage de le montrer. Cet article<br />
constitue un pas dans ce sens et,<br />
comme le souligne ma colocataire,<br />
un acte de bienveillance envers moimême<br />
et de rébellion contre ma dépendance<br />
à la reconnaissance et ma tendance à la<br />
perfection.<br />
<strong>No</strong>ra Bienz,<br />
vice-présidente de l’<strong>asmac</strong><br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 15
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Les «objectifs généraux de<br />
formation» dans la formation<br />
médicale postgraduée:<br />
enquête de l’ISFM<br />
Divers éléments indiquent que les objectifs généraux<br />
d’apprentissage ne reçoivent pas suffisamment d’attention dans<br />
le cadre de la formation médicale. Le SIWF lance donc une<br />
enquête Delphi en <strong>juin</strong> <strong>2023</strong> dans le but de renforcer l’enseignement<br />
des objectifs généraux d’apprentissage.<br />
D r méd. Hermann Amstad, amstad-kor, Prof. D r méd Giatgen Spinas, vice-président de l’ISFM,<br />
PD D r méd. et MME Monika Brodmann Maeder, et MME, présidente de l’ISFM<br />
Dans le cadre de la formation<br />
médicale postgraduée, c’està-dire<br />
dans la phase comprise<br />
entre la fin des études de médecine<br />
et l’octroi d’un titre fédéral de spécialiste,<br />
il faut satisfaire à la fois à des exigences<br />
spécifiques à la discipline et à des<br />
exigences supérieures non spécifiques à<br />
la discipline, appelées «objectifs généraux<br />
de formation».<br />
Les contenus de formation spécifiques<br />
à la discipline sont définis dans les programmes<br />
de formation postgraduée des<br />
sociétés de discipline médicale concernées.<br />
Les objectifs généraux de formation<br />
(OGF) sont formulés dans l’annexe 3 de la<br />
Réglementation pour la formation postgraduée<br />
(RFP); ils s’appuient sur le modèle<br />
CanMEDS (Canadian Medical Education<br />
Directives for Specialists), qui a été développé<br />
au Canada dans les années 1990 et<br />
qui décrit sept rôles de l’action médicale.<br />
L’intérêt du modèle de rôles CanMEDS réside<br />
dans le fait qu’il représente toute<br />
l’étendue de l’action médicale avec un modèle<br />
simple. Il met en évidence le fait que le<br />
«bon médecin» a besoin de bien plus que<br />
de connaissances spécialisées et d’une habileté<br />
manuelle. La formation continue<br />
doit donc expressément inclure les rôles<br />
prétendument moins importants qui s’articulent<br />
autour de «l’expert médical». Il<br />
s’agit par exemple des aptitudes à la communication<br />
ou de l’action médicale dans<br />
un contexte éthique.<br />
Définition du problème<br />
Les OGF sont en principe des contenus<br />
obligatoires de la formation postgraduée<br />
des médecins et ont un caractère de mise<br />
en œuvre. Malheureusement, la réalité<br />
montre qu’ils sont peu pris en compte<br />
dans la formation postgraduée des médecins-assistant(e)s.<br />
Une enquête menée en<br />
2016 auprès des responsables d’établissements<br />
de formation postgraduée était déjà<br />
arrivée à la même conclusion. Les raisons<br />
possibles de cette torpeur sont multiples<br />
et sont esquissées ci-dessous.<br />
1. La description des OGF dans<br />
les documents ISFM n’est pas<br />
homogène<br />
L’annexe 3 de la RFP comprend le catalogue<br />
des objectifs de formation avec les<br />
«Objectifs généraux de formation pour les<br />
programmes de formation postgraduée»;<br />
celui-ci est structuré selon les sept rôles<br />
de CanMEDS et présente dans la partie A<br />
une version abrégée et dans la partie B<br />
une «version détaillée des objectifs généraux<br />
de formation». La «version détaillée»<br />
contient pas moins de 166 objectifs à atteindre.<br />
La prise de position «Principes et recommandations<br />
pour l’enseignement des<br />
objectifs généraux de formation» sur le<br />
site Internet de l’ISFM se réfère à l’enquête<br />
susmentionnée auprès des responsables<br />
des établissements de formation postgraduée<br />
et énumère ensuite les thèmes suivants<br />
à traiter: communication, économie<br />
et médecine, gestion des équipes et des<br />
conflits, leadership, gestion des erreurs,<br />
prise de décision éthique, détermination<br />
de la capacité de travail, «Clinical decision<br />
making». Le lien avec les rôles CanMEDS<br />
n’existe plus.<br />
Les futurs médecins spécialistes<br />
peuvent documenter l’atteinte des objectifs<br />
de formation dans le logbook électronique.<br />
Les OFG sont représentés dans ce<br />
que l’on appelle les compétences de la<br />
RFP. Il s’agit de 22 aspects très différents,<br />
qui vont de la prise en charge à l’organisation<br />
personnelle en passant par la pharmacothérapie.<br />
Ici aussi, le lien avec les<br />
rôles CanMEDS n’est plus visible.<br />
2. La manière dont les OGF doivent<br />
être communiqués n’est pas claire<br />
Dans les «Principes et recommandations<br />
pour l’enseignement des objectifs généraux<br />
de formation», il est précisé que l’enseignement<br />
des OGF nécessite une étroite<br />
coopération entre les sociétés de disci-<br />
16<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
– Pour 25 médecins-assistant(e)s (sur 50),<br />
les 22 compétences de la RFP ont été<br />
évaluées avec le maximum de points.<br />
Ces chiffres peuvent signifier deux choses:<br />
soit les OGF sont atteints dans une large<br />
mesure (ce que suggère le premier point),<br />
soit – ce qui est plus probable – l’évaluation<br />
n’est pas effectuée avec le sérieux nécessaire<br />
(ce que suggère le deuxième<br />
point).<br />
Projet de l’ISFM pour une meilleure<br />
médiation des OGF<br />
Le malaise apparent lié à la mise en œuvre<br />
des OGF est donc peut-être dû au fait qu’il<br />
n’est pas clair,<br />
– quels objectifs de formation doivent effectivement<br />
être transmis<br />
– comment les enseigner et<br />
– comment vérifier qu’ils sont respectés.<br />
Photo: màd; Adobe Stock<br />
pline médicale, les établissements de formation<br />
postgraduée et l’ISFM. Si l’ISFM a<br />
pour mission de définir des principes et<br />
des directives, voire de les coordonner, la<br />
mise en œuvre pratique, nécessairement<br />
avec le soutien des sociétés de discipline<br />
médicale, devrait avoir lieu sur place,<br />
c’est-à-dire dans les établissements de formation<br />
postgraduée. Toutefois, ce document<br />
ne précise pas exactement comment<br />
cette transmission devrait se faire de manière<br />
judicieuse (p. ex. par des cours, des<br />
lectures, etc.).<br />
3. La manière de vérifier que les OGF<br />
sont atteints n’est pas claire<br />
Le logbook électronique doit indiquer si<br />
les objectifs de formation générale resp.<br />
les compétences de la RFP ont été atteints.<br />
En ce qui concerne la méthode pour le<br />
constater, il est mentionné qu’il faut répondre<br />
aux questions correspondantes<br />
lors de l’entretien commun, sur la base<br />
des attentes envers le candidat spécialiste<br />
par rapport à son niveau ou à son année de<br />
formation postgraduée actuelle, et ce par<br />
«tout à fait» à «pas du tout» ou «pas applicable».<br />
Pour le projet prévu, nous avons analysé,<br />
dans un échantillon aléatoire de<br />
50 logbooks électroniques de médecinsassistant(e)s,<br />
peu avant l’obtention du<br />
titre de spécialiste, comment l’atteinte<br />
des 22 compétences de la RFP est évaluée.<br />
Deux points ont particulièrement retenu<br />
notre attention:<br />
– Les 22 compétences de la RFP à évaluer<br />
ont toutes été très bien notées en<br />
moyenne, avec une valeur maximale<br />
possible de 4 («correspond tout à fait»),<br />
allant d’un minimum de 3,62 (pour la recherche<br />
sur l’être humain) à un maximum<br />
de 3,96 (pour le comportement<br />
envers les collaborateurs).<br />
Du point de vue de l’ISFM, cette situation<br />
est insatisfaisante. C’est pourquoi l’ISFM<br />
souhaite s’engager davantage pour que les<br />
OGF soient mieux pris en compte dans la<br />
formation postgraduée des médecins. Il<br />
prévoit pour cela une procédure en trois<br />
étapes: dans un premier temps, il s’agit de<br />
préciser les objectifs de formation et le cas<br />
échéant de les classer par ordre de priorité;<br />
ensuite, il convient de clarifier leur enseignement<br />
et enfin le mode de contrôle.<br />
Dans cette optique, une enquête Delphi<br />
sera menée à partir de <strong>juin</strong> <strong>2023</strong> auprès<br />
des médecins en formation postgraduée et<br />
des responsables d’établissements de formation<br />
postgraduée. Celle-ci doit montrer<br />
quels sont les OGF considérés comme particulièrement<br />
pertinents et qui devraient<br />
être mis en œuvre en priorité. L’enquête se<br />
déroulera probablement en trois tours<br />
successifs et se fera à chaque fois en ligne.<br />
L’ISFM remercie tous les médecins interrogés<br />
de bien vouloir consacrer un<br />
quart d’heure à cette enquête. Cela augmentera<br />
les chances de donner à l’avenir<br />
aux OGF l’importance qu’ils méritent dans<br />
la formation postgraduée des médecins.<br />
Correspondance:<br />
contact@amstad-kor.ch<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 17
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
ISFM Award<br />
Engagement exceptionnel<br />
pour la formation<br />
D re Monika Brodmann Maeder, p.-d. et MME, présidente de l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM)<br />
D r méd. Raphael Stolz, vice-président de l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM)<br />
L’ISFM veille à la formation de médecins compétents.<br />
Au cours de votre formation<br />
postgraduée, avez-vous<br />
eu l’opportunité de vous<br />
former auprès d’une<br />
personne faisant preuve d’un engagement<br />
exemplaire? Alors, n’hésitez<br />
pas à la sélectionner à l’ISFM Award<br />
pour récompenser son engagement.<br />
Vous pouvez nommer aussi bien<br />
des personnes en particulier que des<br />
équipes en charge de la formation<br />
postgraduée.<br />
<strong>No</strong>us avons le plaisir de publier pour la<br />
dixième fois la mise au concours de l’ISFM<br />
Award. Les nombreuses personnes sélectionnées<br />
et l’écho positif que nous avons<br />
reçu confirment la pertinence et le<br />
bien-fondé de cette récompense. La remise<br />
de ce prix est devenue un événement<br />
fixe dans l’agenda de l’ISFM.<br />
La responsabilité que portent les médecins-cadres<br />
en matière de formation<br />
postgraduée constitue un des principes<br />
fondamentaux du transfert de connaissances<br />
et de compétences aux jeunes médecins.<br />
Or cette tâche ne peut guère être<br />
définie par le seul cahier des charges; l’engagement<br />
personnel et l’enthousiasme<br />
jouent un rôle bien plus important. Dans<br />
le domaine médical, les charges qui pèsent<br />
sur les médecins sont nombreuses et les<br />
ressources en matière de temps et de<br />
moyens à disposition se réduisent sans<br />
cesse. Il est donc important que les personnes<br />
particulièrement actives et motivées<br />
dans l’enseignement soient reconnues.<br />
C’est pourquoi l’ISFM entend donner<br />
la possibilité aux jeunes médecins de<br />
témoigner leur reconnaissance à des personnes<br />
ou à des équipes en charge de la<br />
formation postgraduée qui se distinguent<br />
par leur engagement extraordinaire, sans<br />
pour autant établir un classement.<br />
Processus de nomination<br />
Pour être sélectionné-e-s pour l’ISFM<br />
Award, les médecins doivent participer activement<br />
à la formation médicale postgraduée.<br />
Il s’agit notamment de médecins-cadres<br />
qui s’engagent personnellement<br />
en faveur de la formation des prochaines<br />
générations de spécialistes et qui<br />
font preuve de compétences exceptionnelles<br />
et d’initiative dans la manière de<br />
transmettre les connaissances et compétences.<br />
Cette année encore, il est également<br />
Photo: màd<br />
18<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
possible de nominer des équipes en charge<br />
de la formation postgraduée. Pour que la<br />
nomination soit valable, elle doit être déposée<br />
par une ou un médecin en formation<br />
postgraduée ou qui a obtenu un titre de<br />
spécialiste il y a moins d’un an. De plus, elle<br />
doit être déposée conjointement par deux<br />
personnes et exprimer une reconnaissance<br />
personnelle pour la qualité de la formation<br />
dispensée par la personne choisie et pour<br />
son engagement. Afin qu’il ne résulte ni<br />
avantage ni conflit en raison du processus<br />
de nomination, vous ne pouvez sélectionner<br />
que les personnes ou les équipes chez<br />
qui vous ne travaillez plus. Les noms des<br />
personnes qui ont déposé une nomination<br />
ne seront ni publiés ni communiqués. Aucun<br />
classement ne sera établi.<br />
Critères de nomination<br />
– Seul-e-s les médecins en formation postgraduée<br />
en vue d’un titre de spécialiste<br />
ou d’une formation approfondie de droit<br />
privé ou ayant obtenu un titre de spécialiste<br />
il y a moins d’un an peuvent déposer<br />
une nomination.<br />
– Une nomination doit être déposée conjointement<br />
par deux personnes.<br />
– Les personnes qui déposent une nomination<br />
ne doivent plus travailler auprès des<br />
personnes qu’elles nomment.<br />
– La personne nommée doit toujours exercer<br />
dans le domaine de la formation<br />
postgraduée.<br />
Déposez votre nomination!<br />
Pour nommer quelqu’un, vous pouvez remplir<br />
le formulaire prévu à cet effet sur le site<br />
Internet de l’ISFM (www.siwf.ch Projets<br />
ISFM Award) d’ici le 31 juillet <strong>2023</strong>.<br />
La direction de l’ISFM contrôlera si la<br />
nomination est correcte du point de vue<br />
formel avant de la valider.<br />
Toutes les personnes dont la nomi nation<br />
a été validée recevront un acte de reconnaissance<br />
et un cadeau en récompense<br />
de leur engagement exceptionnel pour la<br />
formation postgraduée. Elles pourront également<br />
participer gratuitement au symposium<br />
MedEd le 13 septembre <strong>2023</strong> à Berne,<br />
et seront citées nommément (après accord)<br />
sur le site Internet de l’ISFM (www.siwf.ch)<br />
et lors du symposium MedEd.<br />
Correspondance<br />
info@siwf.ch<br />
Récompensez<br />
l’engagement<br />
L’ISFM Award permet d’exprimer une<br />
reconnaissance appuyée aux responsables<br />
de formation postgraduée,<br />
mais également à des équipes, qui font<br />
preuve d’un engagement exemplaire<br />
et de compétences particulières.<br />
Une ancienne formatrice ou un ancien<br />
formateur vous a laissé une impression<br />
durable? Alors, n’hésitez pas à<br />
sélectionner cette personne pour<br />
l’ISFM Award!<br />
Pour cela, veuillez remplir le formulaire<br />
prévu à cet effet sur le site Internet<br />
de l’ISFM (www.siwf.ch Projets <br />
ISFM Award).<br />
Délai d’envoi: 31 juillet <strong>2023</strong><br />
Vous trouverez d’autres informations<br />
sur www.siwf.ch. Si vous avez des<br />
questions, nous sommes à votre<br />
entière disposition à l’adresse<br />
info@siwf.ch ou au 031 503 06 00.<br />
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Kathrin Grüneis<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 19
MedEd<br />
SYMPOSIUM<br />
SIWF/ISFM<br />
Schweizerisches Institut für ärztliche Weiter- und Fortbildung<br />
Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue<br />
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
10. MedEd SYMPOSIUM<br />
<strong>2023</strong><br />
Mit Simultanübersetzung<br />
Avec traduction<br />
simultanée<br />
Perspektiven der ärztlichen Bildung<br />
Perspectives de la formation médicale<br />
Keynote Speakers <strong>2023</strong><br />
Tanja Krones<br />
Prof. Dr. med.<br />
Zürich<br />
Sven Staender<br />
PD Dr. med.<br />
Männedorf<br />
Raphäel Bonvin<br />
Pr Dr méd.<br />
Fribourg<br />
Lutz Jäncke<br />
Prof. Dr. rer. nat.<br />
Zürich<br />
Save the Date<br />
13. September <strong>2023</strong><br />
Casino, Bern<br />
Das MedEd-Symposium ist im Rahmen der erweiterten Fortbildung<br />
in allen Fachgebieten mit 7 Credits anerkannt (SIWF-approved).<br />
Le Symposium MedEd donne droit à 7 crédits dans toutes les disciplines<br />
dans le cadre de la formation continue élargie (ISFM approved).<br />
Anmeldung/Inscription: www.congress-info.ch/meded<strong>2023</strong><br />
20<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Dans l’univers des médecins-assistant(e)s<br />
«Y a-t-il une chose que<br />
tu saches faire sans l’aide<br />
de personne?»<br />
Et avant même de m’en rendre<br />
compte, je me retrouve assise<br />
face au photographe de l’hôpital<br />
pour la photo de mon<br />
nouveau badge de médecin-assistante.<br />
N’étais-je pas, il y a peu de temps encore,<br />
un visage anonyme dans l’amphithéâtre<br />
de l’université, à écouter les cours d’une<br />
oreille distraite? Le principal sujet de<br />
discussion portant alors sur la meilleure<br />
manière de tuer le temps, sur les sujets<br />
à apprendre pour l’examen ou ceux que<br />
nous pouvions laisser de côté. Ou bien<br />
nous rêvions du futur quotidien passionnant<br />
et exaltant de la clinique et discutions<br />
avec les collègues du meilleur<br />
endroit où postuler.<br />
Je me retrouve soudainement au<br />
cœur de l’action, une planchette à pince<br />
et la liste des patients sous le bras et, dans<br />
la poche, un téléphone qui sonne toutes<br />
les trois minutes. Visites, examens, rapports<br />
de soins, ordonnances, rédaction de<br />
rapports et documentation – tout se déroule<br />
en parallèle et doit aller vite. Comment<br />
concilier tout cela tout en paraissant<br />
et en agissant de manière souveraine et<br />
assurée? C’était peut-être la partie du<br />
cours que j’avais choisi d’ignorer. Mais<br />
pendant mes six années d’études, jamais<br />
je n’ai entendu parler d’un «guide de<br />
survie en clinique». Peu importe, un médecin<br />
est un médecin, et on attend de<br />
lui qu’il se comporte et agisse comme tel.<br />
«Fake it till you make it»: je me rappelle<br />
que c’était le premier conseil que l’on<br />
m’avait donné. Reçu 5 sur 5.<br />
Je commence par me présenter par<br />
mon nom, suivi de «Je suis la nouvelle<br />
médecin-assistante», si possible à toutes<br />
les personnes que je croise – attendez – ce<br />
n’était pas une patiente à l’instant? ...<br />
Alors que je m’évertue à essayer de<br />
recueillir toutes les nouvelles informations<br />
avec un sourire entendu et que je<br />
déambule d’un pas assuré dans les couloirs,<br />
mon stress me fait mettre les pieds<br />
dans le plat. J’atterris dans la mauvaise<br />
chambre, je me trompe dans le nom des<br />
patients ou j’oublie le prénom de ma<br />
collègue. Autant de choses qui ne me<br />
seraient jamais arrivées dans ma fonction<br />
de sous-assistante. Sauf qu’à l’époque,<br />
c’étaient mes seuls soucis. A ce moment<br />
précis, j’aurais préféré redevenir sousassistante<br />
ou être téléportée dans un amphithéâtre<br />
ennuyeux. Là, au moins, je<br />
pouvais encore décider à quel moment<br />
aller aux toilettes, et prendre des pauses<br />
régulièrement. En même temps, je me<br />
demande si je ne devrais pas plutôt<br />
changer de métier et me lancer dans la<br />
musique de rue ou la sculpture.<br />
Je dois arrêter de m’apitoyer sur<br />
mon sort, la journée continue. A 16h, j’ai<br />
l’impression d’être une plante desséchée<br />
et pendante. Hypovolémie et hypoglycémie?<br />
Ou suis-je tout simplement trop<br />
faible et pas assez aguerrie pour affronter<br />
le quotidien d’une clinique? Quoi qu’il en<br />
soit, je continue à sourire et je fais comme<br />
si j’étais fraîchement sortie de la douche.<br />
Et en tant que débutante, je tâche de ne<br />
pas montrer mes faiblesses.<br />
A 18h, après le rapport du soir,<br />
je me demande où j’ai bien pu perdre<br />
en route ma structure et mon calme<br />
intérieur et si l’ordre règnera à nouveau<br />
un jour dans mon cerveau.<br />
La liste des patients est tellement<br />
gribouillée que je ne peux même plus la<br />
lire. Avec mes bouffées de chaleur et<br />
mon visage cramoisi, j’ai l’air d’une poule<br />
ébouriffée, ce qui me prive bien sûr de<br />
toute plausibilité en tant que médecin.<br />
Et à cause de l’épuisement, j’ai tendance<br />
à être distraite et à perdre la notion<br />
du temps et le sens de l’orientation<br />
(par rapport à la personne et à l’environnement).<br />
«Y a-t-il une chose que tu saches<br />
faire sans l’aide de personne?», me demande-t-on<br />
en fin de journée. Honnêtement,<br />
je n’en suis plus sûre. Au moins,<br />
je saurai retrouver le chemin de chez<br />
moi.<br />
Camille Bertossa,<br />
médecin-assistante en<br />
première année de<br />
formation postgraduée<br />
Photo: màd<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 21
<strong>asmac</strong><br />
<strong>No</strong>uvelles<br />
des sections<br />
Berne<br />
Assemblée générale <strong>2023</strong><br />
L’assemblée générale s’est déroulée le<br />
27 avril dans l’aula du Progr à Berne. Le<br />
poète slam Remo Zumstein a assuré le<br />
divertissement de l’assemblée avec verve.<br />
En plus des traditionnels objets à l’ordre<br />
du jour, les changements de personnel y<br />
ont occupé une place importante.<br />
Remo Zumstein (poète slam)<br />
<strong>No</strong>ra Bienz s’est engagée pendant huit<br />
ans pour les préoccupations des médecins,<br />
d’abord comme présidente, ensuite<br />
comme coprésidente avec Marius Grädel-Suter.<br />
Elle a privilégié les échanges en<br />
petit comité, mais n’a pas hésité à s’exposer<br />
dans les médias. Grâce à sa franchise,<br />
elle a su gagner des sympathies, aussi pour<br />
des thèmes délicats. Elle a abordé tous les<br />
sujets et interpellé tout le monde, elle a<br />
fait preuve de persévérance pour faire<br />
avancer les sujets phare de l’ASMAC Berne.<br />
A l’occasion de l’assemblée générale, <strong>No</strong>ra<br />
a remis la coprésidence à Rahel Gasser qui<br />
a été élue, avec Marius Grädel-Suter, à la<br />
présidence. <strong>No</strong>us remercions chaleureusement<br />
<strong>No</strong>ra Bienz pour son énorme travail<br />
et lui souhaitons tout de bon pour la<br />
suite de son engagement en tant que<br />
vice-présidente de l’association faîtière<br />
<strong>asmac</strong>! Quant à Rahel Gasser, nous lui souhaitons<br />
la cordiale bienvenue à la présidence.<br />
<strong>No</strong>us avons également eu le plaisir<br />
d’accueillir cinq nouveaux membres du<br />
comité: Helly Hammer, <strong>No</strong>ra Höger, Monika<br />
Moser, Lukas Bauer et Yannick Turdo.<br />
Après un engagement de plusieurs années,<br />
Dario Häberli s’est retiré du comité,<br />
sous les applaudissements de l’assemblée.<br />
<strong>No</strong>us nous réjouissons de poursuivre la<br />
collaboration avec la nouvelle équipe!<br />
Fermeture des hôpitaux Münsingen<br />
et Tiefenau<br />
L’Insel Gruppe AG a décidé, pour des motifs<br />
avant tout économiques, de fermer les<br />
sites de Münsingen (au 30 <strong>juin</strong> <strong>2023</strong>) et du<br />
Tiefenau (au 31 décembre <strong>2023</strong>). L’ASMAC<br />
Berne regrette vivement cette décision et<br />
ne ménagera pas ses efforts pour aider le<br />
plus grand nombre possible de collaboratrices<br />
et collaborateurs à trouver un nouvel<br />
engagement sur les sites restants. Elle<br />
a aussi veillé à ce que les médecins-assistant(e)s<br />
touchés ne subissent pas d’inconvénients<br />
dans la formation postgraduée et<br />
à ce que le nombre de postes de formation<br />
postgraduée et de rotation ne soit pas réduit.<br />
<strong>No</strong>us avons pu participer à la procédure<br />
de consultation dans le cadre d’un<br />
échange intense avec la commission du<br />
personnel et nous sommes aussi en<br />
contact régulier avec la direction. <strong>No</strong>us savons<br />
que la situation représente un défi<br />
considérable pour les collaboratrices et<br />
collaborateurs concernés et que ces chan-<br />
<strong>No</strong>ra Bienz (coprésidente sortante) et<br />
Janine Junker (directrice)<br />
Assemblée (de g. à d. <strong>No</strong>ra Bienz, Nicolas<br />
Arnold, Rahel Gasser et Marius Grädel-Suter)<br />
Hôpital de Münsingen<br />
Photos: màd; neo1 (Hôpital de Münsingen)<br />
22<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
<strong>asmac</strong><br />
gements sont difficiles à comprendre et à<br />
accepter. La discussion menée lors de l’assemblée<br />
générale l’a clairement montré.<br />
<strong>No</strong>us prenons cela au sérieux et ferons<br />
tout pour trouver des solutions durables.<br />
Bien entendu, nous sommes à disposition<br />
pour répondre aux questions juridiques<br />
et autres des membres et nous nous<br />
efforçons de défendre au mieux les intérêts<br />
de chacun.<br />
Photo: màd<br />
Gel des admissions pour les médecins<br />
dès le 1 er juillet <strong>2023</strong><br />
Le Canton de Berne prévoit d’introduire<br />
un gel des admissions limité à certaines<br />
régions pour certaines disciplines (médecine<br />
interne générale, pneumologie,<br />
chirurgie orthopédique, gastro-entérologie<br />
et chirurgie) à compter du 1 er juillet<br />
<strong>2023</strong>. L’ASMAC Berne n’a hélas pas été invitée<br />
à participer à la consultation, ce qui<br />
est regrettable. Elle a néanmoins pu se rallier<br />
à la dernière minute à la prise de position<br />
de la Société des Médecins du Canton<br />
de Berne (BEKAG). La mise en œuvre prévue<br />
est précipitée et s’appuie sur des<br />
chiffres douteux. <strong>No</strong>us espérons que nous<br />
pourrons, en unissant nos forces, obtenir<br />
un changement de cap.<br />
Janine Junker, directrice de l’ASMAC Berne<br />
Suisse centrale<br />
Assemblée générale <strong>2023</strong><br />
L’assemblée générale s’est tenue le 23 mars<br />
au centre culturel Hinter Musegg à Lucerne.<br />
Une trentaine de membres avaient<br />
fait le déplacement pour se prononcer sur<br />
le rapport annuel de la coprésidente, les<br />
finances et les nouvelles admissions au<br />
comité. A la grande satisfaction du comité,<br />
toutes les propositions ont été approuvées.<br />
L’assemblée générale a donc été un<br />
succès.<br />
Plusieurs nouveaux visages sont venus<br />
compléter le comité qui se compose<br />
comme suit:<br />
– Coprésidence: Helen Manser,<br />
Mirjam Ulmi<br />
– Juriste de la section: Eric Vultier<br />
– Autres membres: Marc Eich,<br />
Stefanie Fleischli, Mirjam Hug,<br />
Anja Moczko, Raphael Fischer,<br />
Annika Berchtold, Benedict Krischer,<br />
Leos Kayhan, Benjamin Wiludda<br />
Le comité élabore actuellement une nouvelle<br />
organisation dans le but de mieux<br />
répartir et coordonner les tâches.<br />
Réunion à Zoug<br />
Le 20 avril, nous avons pour la première<br />
fois organisé une réunion (Stammtisch)<br />
dans le canton de Zoug. Lors d’un repas<br />
partagé au Cheers Bar à Baar, les participants<br />
ont pu échanger sur des thèmes<br />
d’actualité. Outre les informations générales<br />
sur les prestations de l’<strong>asmac</strong>, les discussions<br />
ont porté sur les modèles de travail<br />
à temps partiel, le feed-back et les possibilités<br />
de réduire la charge de travail des<br />
médecins-assistant(e)s.<br />
Mirjam Ulmi, coprésidente de l’ASMAC<br />
Suisse centrale<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 23
<strong>asmac</strong><br />
Zurich /<br />
Schaffhouse<br />
Un engagement collectif<br />
pour mettre en œuvre<br />
la semaine de 42 heures!<br />
Avant Pâques, nous avons informé le public<br />
de notre décision de résilier pour la fin <strong>2023</strong><br />
la convention collective de travail pour les<br />
médecins-assistant(e)s en vigueur avec le<br />
Canton de Zurich et les quatre établissements<br />
cantonaux (Hôpital universitaire de<br />
Zurich, Hôpital cantonal de Winterthour,<br />
Services psychiatriques universitaires et<br />
Services psychiatriques de Winterthour<br />
[ipw]). Ce sujet a continué de nous occuper<br />
de différentes manières au cours des dernières<br />
semaines: demandes des médias,<br />
travail d’information auprès de nos<br />
membres et nouvelles négociations avec les<br />
cliniques.<br />
<strong>No</strong>us avons demandé à nos membres<br />
qui souhaitent aussi instaurer une semaine<br />
de 42+4 heures de s’adresser dans une lettre<br />
commune à la direction et/ou au conseil<br />
d’administration de leur hôpital (aussi aux<br />
hôpitaux dans le canton de Zurich qui n’ont<br />
pas signé la CCT) pour leur signaler que la<br />
revendication des 42 heures correspond à<br />
un réel besoin.<br />
Sur notre portail des membres www.<br />
doc-doc.ch, nous avons rassemblé tous les<br />
documents nécessaires (modèles de lettres,<br />
informations sur le «concept 42+4 heures<br />
de formation postgraduée») ainsi qu’un<br />
aperçu des avantages et inconvénients de la<br />
CCT.<br />
Succès du séminaire Coach my<br />
Career pour étudiants en médecine<br />
La préparation des médecins fraîchement<br />
diplômés à leur entrée dans la vie professionnelle<br />
bat son plein. Début avril, plus<br />
de 70 étudiants en médecine ont participé<br />
à notre séminaire Coach my Career. Ils ont<br />
reçu de précieux conseils pour leur prochaine<br />
entrée dans la vie professionnelle.<br />
Dans le cadre d’ateliers interactifs sur<br />
des thèmes tels que la résilience, la présentation<br />
de soi ou la manière de s’y retrouver<br />
dans l’horaire de service, les participants<br />
ont eu l’occasion d’aborder les défis liés au<br />
travail quotidien. De plus, ils ont reçu de<br />
précieux conseils de la part de médecins<br />
expérimentés dans le cadre d’exposés et<br />
tables rondes.<br />
Un grand merci à tous les participants<br />
et intervenants!<br />
Table ronde sur le thème de la compatibilité et de l’égalité des chances à l’occasion du séminaire<br />
Coach my Career<br />
L’ASMAC Zurich cherche des collaboratrices<br />
et collaborateurs de projet<br />
L’ASMAC Zurich cherche des étudiant(e)s<br />
en médecine, médecins-assistant(e)s et<br />
chef(fe)s de clinique qui souhaitent soutenir<br />
notre association dans certains projets.<br />
Des tâches, projets et manifestations intéressants<br />
et une équipe motivée t’attendent<br />
dans nos ressorts formation postgraduée,<br />
planification des services, responsabilisation<br />
des membres, égalité des chances, rémunération,<br />
politique et chirurgie!<br />
Si tu as un grand cœur et si tu souhaites<br />
t’engager pour les intérêts de tes<br />
collègues et de meilleures conditions de<br />
travail, contacte-nous à l’adresse info@<br />
vsao-zh.ch et participe sans engagement<br />
à une séance du comité pour découvrir nos<br />
thèmes et notre équipe.<br />
Save the date: manifestation du<br />
21 septembre <strong>2023</strong> consacrée aux<br />
élections<br />
En collaboration avec la Société des médecins<br />
du canton de Zurich (AGZ), nous<br />
invitons nos membres à venir rencontrer<br />
et discuter avec leurs collègues qui se pré-<br />
sentent cet automne aux élections fédérales.<br />
<strong>No</strong>tre manifestation se déroulera le<br />
21 septembre <strong>2023</strong> dès 18h30 à Zurich.<br />
Dernier appel: l’assemblée générale<br />
annuelle de l’ASMAC Zurich / Schaffhouse<br />
a lieu le jeudi 15 <strong>juin</strong> <strong>2023</strong> dès 18h<br />
au Palais des congrès de Zurich.<br />
Inscris-toi sur www.vsao-zh.ch.<br />
Dominique Iseppi, assistante de communication,<br />
ASMAC Zurich /Schaffhouse<br />
Photo: màd<br />
24<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Je veux être<br />
plus proche de<br />
mes patients<br />
que de mon<br />
ordinateur.<br />
C’est possible?<br />
Oui, c’est<br />
possible!<br />
Ensemble, nous<br />
pouvons le faire!<br />
<strong>No</strong>us voulons plus de médecine et<br />
moins de bureaucratie.<br />
DEVENEZ MEMBRE SUR ASMAC.CH!
<strong>asmac</strong><br />
<strong>asmac</strong>-Inside<br />
Chiara Barbarossa<br />
Lieu de domicile: Gümligen, Berne<br />
Membre de l’<strong>asmac</strong> depuis:<br />
<strong>No</strong>vembre 2022<br />
L’<strong>asmac</strong> en trois mots:<br />
Hétérogène, ouverte, pragmatique<br />
C’est son intuition qui l’a<br />
guidée vers l’<strong>asmac</strong>. A sa<br />
sortie de l’école supérieure<br />
de commerce à Berne,<br />
Chiara a laissé toutes les options ouvertes<br />
pour l’avenir – qu’il s’agisse<br />
d’études ou d’une autre formation<br />
continue. Actuellement, elle souhaite<br />
avant tout acquérir de l’expérience<br />
professionnelle et se sent parfaitement<br />
à sa place à l’<strong>asmac</strong>.<br />
En tant qu’assistante de projet dans le<br />
département organes et mise en réseau,<br />
elle est la main invisible qui veille au bon<br />
déroulement des travaux de l’association.<br />
Cela implique surtout l’organisation, la<br />
préparation et le suivi des séances des<br />
différents organes de l’<strong>asmac</strong> – et ils sont<br />
nombreux. Du Comité directeur aux<br />
visites en passant par le Comité central,<br />
elle permet aux membres de l’<strong>asmac</strong> de<br />
s’engager en parallèle à leur profession et<br />
apporte ainsi une précieuse contribution<br />
au travail de l’association. Les indemnités<br />
et les décomptes des organes, dont elle<br />
est responsable, en font naturellement<br />
partie. En coordonnant les dates des<br />
visites, elle veille en outre à garantir les<br />
soins médicaux et la qualité de l’offre de<br />
formation postgraduée pour les médecins.<br />
Son soutien s’étend également aux<br />
étudiants: elle est en effet responsable<br />
du secrétariat de NCWiki, une organisation<br />
d’étudiants qui propose des documents<br />
pour la préparation des examens<br />
du numerus clausus.<br />
Les bonnes relations au sein de<br />
l’équipe et la confiance qu’on lui accorde<br />
sont ce qu’elle apprécie le plus à l’<strong>asmac</strong>.<br />
Dès le début, elle s’est vu confier des<br />
responsabilités et a pu travailler en toute<br />
autonomie, alors qu’elle ne disposait<br />
d’aucune expérience préalable. Pour elle,<br />
l’équilibre est parfait: à l’<strong>asmac</strong>, il existe<br />
une culture positive de l’erreur et un<br />
soutien sans réserve.<br />
Elle cultive la diversité et la bonne<br />
humeur autant sur son lieu de travail que<br />
dans sa vie privée. Elle aime consacrer<br />
son temps libre à la danse, de préférence<br />
la salsa et le jazz, ou passer du temps avec<br />
son chien – peut-être la future mascotte<br />
de l’<strong>asmac</strong>?<br />
Photo: màd<br />
26<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
<strong>asmac</strong><br />
Conseil juridique de l’<strong>asmac</strong><br />
Conséquences<br />
juridiques de la formation<br />
postgraduée<br />
Photo: màd<br />
La relation liant le médecinassistant(e)<br />
à son employeur<br />
présente des spécificités qui<br />
ont une incidence sur le droit<br />
du travail, puisque le rapport contractuel<br />
concerne des employés médecins,<br />
mais qui sont toujours en formation en<br />
vue d’acquérir un titre de spécialiste<br />
FMH.<br />
L’activité du médecin-assistant(e) est<br />
double et le contrat de travail doit permettre<br />
au médecin d’effectuer son travail<br />
conformément à ses obligations d’employé,<br />
mais aussi d’atteindre un objectif<br />
de formation, ce qui n’est pas sans<br />
difficulté.<br />
Ainsi, les contrats de travail doivent<br />
contenir deux volets, un lié à la prestation<br />
de travail et l’autre à la formation, ou<br />
alors un avenant qui règle spécifiquement<br />
les questions liées à la formation.<br />
Le contrat écrit est obligatoire et doit<br />
contenir certaines précisions (art. 41<br />
al. 3 RPF [Règlementation pour la formation<br />
postgraduée, édictée par l’ISFM]).<br />
Il existe des modèles sur le site de<br />
l’ISFM.<br />
L’activité de formation est un droit du<br />
médecin qu’il peut revendiquer auprès<br />
de son employeur.<br />
L’art 41 RPF exige que chaque établissement<br />
de formation mette sur pied un<br />
concept de formation. Ce concept de<br />
formation doit garantir que l’établissement<br />
propose (ou permette de suivre) une<br />
formation postgraduée structurée d’au<br />
moins quatre heures par semaine. L’ISFM<br />
a publié en avril 2022 une directive<br />
intitulée Qu’entend-on par «formation<br />
postgraduée structurée»? qui décrit ce<br />
que cela comprend, exemples à l’appui,<br />
et rappelle ce droit de tous les médecins<br />
en formation à quatre heures hebdomadaires<br />
de formation structurée.<br />
Quelles conséquences sur le droit<br />
du travail?<br />
La double activité du médecin-assistant(e)<br />
a concrètement une incidence<br />
sur le contenu du cahier des charges,<br />
qui doit englober le plan de formation.<br />
Les exigences liées à la formation<br />
imposées par l’ISFM impliquent que le<br />
médecin employé bénéficie de certains<br />
droits, dont les plus importants sont: 1<br />
– le droit d’avoir du temps pour se<br />
consacrer à sa formation;<br />
– le droit de bénéficier d’une formation<br />
théorique et pratique conforme aux<br />
exigences de la FMH;<br />
– le droit de terminer sa formation<br />
post graduée dans un délai raisonnable;<br />
– le droit à des entretiens d’évaluation<br />
périodiques et structurés;<br />
– le droit d’exiger un engagement<br />
personnel de la part du médecin<br />
formateur.<br />
Pour cela, le temps consacré à la formation<br />
doit être pris en compte dans<br />
l’élaboration des horaires et compter<br />
comme temps de travail, l’employeur<br />
n’étant pas autorisé à exiger du travail<br />
compensatoire. La durée maximale de<br />
travail doit être respectée, tout en<br />
garantissant la possibilité concrète d’une<br />
formation solide et de qualité. Ces<br />
objectifs sont parfois difficilement<br />
conciliables.<br />
Pour être reconnues, les périodes de<br />
formation postgraduée doivent remplir<br />
des critères de durée. Ces modalités<br />
prennent en compte les règles du droit du<br />
travail, notamment les droits aux vacances<br />
légales ou les périodes de congé<br />
pour maladie, accident, maternité,<br />
service militaire et service civil (art. 31<br />
RFP). Des périodes d’absence sans faute<br />
au sens du droit du travail peuvent<br />
être prises en compte dans la période<br />
de formation, en principe jusqu’à huit<br />
semaines par année. De même, des<br />
périodes d’absence pour raison de<br />
grossesse ou de maternité peuvent être<br />
prises en compte pour une durée de<br />
six mois, à certaines conditions, ceci<br />
aussi en dehors d’une période de formation<br />
(cf. Interprétation de l’art. 31 RFP<br />
«Absences et congés», eu égard en<br />
particulier à la grossesse/maternité,<br />
de l’ISFM).<br />
La formation des médecins-assistant(s)<br />
entraîne donc des droits et obligations<br />
tant pour les médecins que pour<br />
leurs employeurs, sous l’angle du droit du<br />
travail. En cas de difficulté à les faire<br />
appliquer, vous pouvez faire appel à<br />
l’<strong>asmac</strong> pour vous soutenir.<br />
1<br />
Cf. Mercedes NOVIER, Le droit du travail du<br />
médecin-assistant et du chef de clinique, Aperçu<br />
du droit fédéral et de la situation en Suisse<br />
romande, Schulthess 2016, p. 163 ss.<br />
Véronique Aeby,<br />
Juriste de la section Fribourg<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 27
Point de mire: Numérique<br />
Décision<br />
et dignité à l’ère<br />
de l’IA<br />
Actuellement, on écrit et on réfléchit beaucoup<br />
sur l’intelligence artificielle dans le secteur de la santé.<br />
Outre de grands espoirs et de grandes craintes,<br />
il y a également pléthore de nouveaux termes: Augmented Reality,<br />
Deep Learning, Machine Learning, ChatGPT – on a du mal<br />
à comprendre les concepts et à ne pas décrocher.<br />
Prof. D r Rouven Porz, éthique médicale et formation médicale postgraduée, Insel Gruppe, Inselspital Berne<br />
Ethique ou non? La société dans son ensemble doit décider de la manière et des lieux où l’IA peut être utilisée.<br />
Photos: Adobe Stock<br />
28<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
L’IA et les évolutions qui y sont<br />
liées nous placent, nous aussi<br />
dans l’éthique, face à de nouveaux<br />
défis. Après tout, nous<br />
parlons ici de sujets sur lesquels jamais<br />
encore une génération n’a eu à réfléchir<br />
sérieusement – sauf dans les films de<br />
science-fiction. Dans de nombreux domaines,<br />
nous devons notamment réapprendre<br />
l’évaluation éthique de l’intelligence<br />
artificielle. Beaucoup de choses qui<br />
nous paraissaient claires jusqu’à présent<br />
peuvent maintenant être remises en question.<br />
Rien que lorsque, par exemple, je<br />
prends le téléphone pour réserver une<br />
table au restaurant, on ne sait plus aujourd’hui<br />
si je parle avec un véritable<br />
humain ou avec un chatbot. Même si ce<br />
n’est pas forcément un grand problème<br />
dans ce cas, peut-être que le chatbot est<br />
plus aimable que le véritable humain, cela<br />
illustre l’ampleur du changement que<br />
notre réalité pourrait bientôt connaître,<br />
dans le secteur de la santé aussi.<br />
Le fait est que la numérisation tout<br />
comme l’utilisation de l’intelligence artificielle<br />
pourraient optimiser la médecine<br />
et la rendre plus efficace. Certaines inquiétudes<br />
s’expriment sans tarder: «<strong>No</strong>us ne<br />
voulons en aucun cas qu’un jour les ordinateurs<br />
décident pour nous!» Sur ce<br />
point, pour le moment, tous les médecins<br />
semblent effectivement d’accord. On ne<br />
veut en principe pas non plus que les ordinateurs<br />
remplacent des emplois un jour,<br />
même si nous ne pourrons guère l’éviter.<br />
Il existe en outre une peur répandue que<br />
cela pourrait être indigne si un robot de<br />
soin intelligent venait à soigner une patiente<br />
âgée démente sans peut-être que<br />
cette dame ne comprenne que le soignant<br />
n’est pas un humain.<br />
Qu’est-ce qu’une décision?<br />
Contentons-nous des sujets «décisions» et<br />
«dignité» – ils ont tous deux des répercussions<br />
directes sur les nouveaux partenariats<br />
que nous allons engager avec des machines<br />
intelligentes. Ces deux sujets sont<br />
souvent cités. Précisément parce que l’IA<br />
doit nous aider à prendre des décisions et<br />
parce que nous avons peur que les machines<br />
fonctionnent avec nous de manière<br />
plus indigne que les humains. Mais, dans<br />
notre réévaluation éthique de ces liens, la<br />
question se pose de savoir si nous ne nous<br />
faisons de toute façon pas déjà aider tous<br />
les jours lors de décisions et si nous – attention,<br />
tournant – n’utiliserons pas un<br />
jour peut-être de manière indigne les machines<br />
intelligentes.<br />
Que signifie décider? Lorsque l’outil<br />
de navigation de ma voiture cherche une<br />
station-service à proximité dans une ville<br />
inconnue et qu’il m’y conduit, le système<br />
de navigation n’est-il pas alors déjà en<br />
train de décider pour moi? Lorsque mon<br />
fournisseur de musique en streaming<br />
Spotify me propose une chanson sur la<br />
base de mes habitudes d’écoute des derniers<br />
mois, le système algorithmique<br />
n’est-il pas déjà en train de décider pour<br />
moi? Vous penserez probablement que<br />
non. Il ne s’agirait pas de vraies décisions,<br />
mais que de propositions. Je n’en suis plus<br />
si certain. Je crois qu’il pourrait effectivement<br />
déjà s’agir de décisions, cela dépend<br />
de la manière dont on définit des décisions.<br />
Et malheureusement, presque personne<br />
n’en parle dans les discussions actuelles.<br />
<strong>No</strong>us pensons tous savoir ce qu’est<br />
une décision. Mais le résultat d’une capacité<br />
de calcul complexe n’est-il pas déjà<br />
peut-être une décision? En particulier<br />
lorsque la capa cité de calcul du système<br />
Deep Learning est si complexe que je ne<br />
peux ni la comprendre, ni la suivre, ni l’interpréter<br />
de manière autonome. Ou, est-ce<br />
qu’une décision ne devient une décision<br />
que si un humain l’a classée de manière<br />
émotionnelle? (Par exemple: «Oh non,<br />
cette chanson proposée ne me plaît pas,<br />
elle me rappelle mon premier chagrin<br />
d’amour».)<br />
Quelles sont les personnes ou les<br />
choses qui méritent de la dignité?<br />
Arrêtons-nous encore à présent sur la dignité:<br />
nous sommes de toute façon tous<br />
d’accord sur le fait que jamais on ne réservera<br />
à un système doté de l’intelligence<br />
artificielle la dignité que nous nous accordons<br />
mutuellement, intrinsèquement, en<br />
tant que personnes, n’est-ce pas? Sur ce<br />
point, je ne suis plus certain non plus, car<br />
la limite entre «artificiel» et «naturel» s’estompe<br />
de plus en plus. Qu’est-ce qui rend<br />
le «naturel» meilleur que «l’artificiel»?<br />
Dolly était-elle une plus mauvaise brebis<br />
que d’autres, seulement parce qu’elle est<br />
venue au monde par clonage? Est-ce que,<br />
de ce fait, elle avait moins droit à une vie<br />
respectueuse du bien-être animal?<br />
Je devine déjà que vous pensez maintenant<br />
que la comparaison ne tient pas:<br />
cloner, ce n’est quand même pas la même<br />
chose que créer une intelligence artificielle.<br />
<strong>No</strong>n, c’est certain, mais cela porte la<br />
même signature. Les deux techniques<br />
portent la signature d’un possible dilemme<br />
du double usage. Selon la manière<br />
dont nous utilisons, interprétons et exploitons<br />
les avancées techniques, elles<br />
peuvent avoir de bonnes ou de mauvaises<br />
conséquences. Naturellement, il en est<br />
ainsi pour toutes les sortes de techniques.<br />
On peut utiliser un couteau pour tartiner<br />
du pain ou pour tuer quelqu’un – Dual<br />
Use. Mais, dans le cas de l’IA, les conséquences<br />
pourraient être largement plus<br />
désastreuses qu’avec un couteau. Et c’est<br />
ce que nous devons avoir à l’œil. <strong>No</strong>us pouvons<br />
encore piloter la direction de l’application.<br />
Mais nous devons également assumer<br />
cette mission et la responsabilité<br />
qu’elle implique. <strong>No</strong>us ne pouvons pas la<br />
rejeter seulement sur les juristes mais<br />
nous devons commencer à réfléchir sur la<br />
manière dont nous voulons entrer en relation<br />
avec des machines intelligentes et sur<br />
le type de machines intelligentes.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 29
Retour à l’origine<br />
de la langue<br />
Il y a presque 4000 ans en Mésopotamie, les lettres<br />
furent inventées afin d’accélérer la communication: pour négocier,<br />
on perdait un temps précieux à dessiner chaque fois la marchandise.<br />
Cela fait environ 30 ans que nous utilisons de nouveau<br />
des pictogrammes lorsque nous écrivons. Aujourd’hui, il s’agit<br />
en l’occurrence surtout d’exprimer des sentiments.<br />
Valentina Bergonzi<br />
Photos: Adobe Stock<br />
30<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
Les emojis suscitent l’empathie:<br />
voici ce que disait le principal<br />
résultat de l’Adobe Global Emoji<br />
Trend Report 2021. Celui-ci ne<br />
devrait du reste surprendre personne,<br />
chacun sait que «J’ai hâte d’être au jour<br />
du départ » signifie autre chose que<br />
«J’ai hâte d’être au jour du départ ».<br />
Autant appréciés des baby-boomers<br />
que des milléniaux, plus de 3000 emojis<br />
ont fait leur apparition dans notre communication<br />
quotidienne. Ces dernières<br />
années, de nombreux symboles pour les<br />
aliments, la nature et différents objets sont<br />
venus s’y ajouter mais les visages restent<br />
toujours les plus populaires. Pour le rapport<br />
Adobe mentionné, on a également<br />
demandé aux utilisateurs quelles catégories<br />
supplémentaires ils verraient bien:<br />
«émotions et sentiments» est en première<br />
place, suivie de «relations».<br />
Les petits «visages» ont probablement<br />
fait leur première apparition en mars 1881<br />
lorsque la revue satirique américaine Puck<br />
publia quatre visages stylisés afin d’illustrer<br />
une compétence typographique.<br />
Du taureau à la lettre A – l’évolution<br />
de l’alphabet<br />
L’abandon progressif des pictogrammes<br />
en Mésopotamie autour de 1700/1500 av.<br />
J.-C. était probablement lié à des évolutions<br />
sociales. On est ainsi passé de symboles<br />
qui représentent une chose à un système<br />
d’écriture dans lequel chaque symbole<br />
correspond à un son.<br />
Jusqu’à cette date, on avait utilisé des<br />
symboles, un développement des hiéroglyphes<br />
égyptiens, mais désormais le<br />
commerce s’intensifiait, les relations commerciales<br />
s’étendaient et l’ancien système<br />
n’était plus assez rapide. On ne pouvait<br />
plus passer de précieuses minutes à dessiner<br />
des rangées de moutons ou de gerbes<br />
de céréales.<br />
Différents alphabets se sont développés<br />
à partir de ce premier système d’écriture<br />
qui est appelé protosinaïtique: l’hébreu,<br />
l’araméen (dont sont issus l’alphabet<br />
arabe et différents alphabets indiens) et le<br />
phénicien. L’alphabet phénicien constituait<br />
la base du grec et donc du cyrillique<br />
et du latin, un alphabet qui apparut autour<br />
simplifiées pour les adapter au système<br />
d’écriture latin.<br />
Un autre exemple de lettre liée à un<br />
animal est notre C: elle vient du troisième<br />
caractère de l’alphabet protosinaïtique et<br />
renvoie au mot gamal qui signifie «chameau».<br />
80 ans plus tard, en 1963, le graphiste<br />
publicitaire Harvey Ball, a dessiné le premier<br />
grand smiley jaune que nous<br />
connaissons tous: une compagnie d’assurance<br />
s’en est servie pour une campagne<br />
de communication interne. Dans les années<br />
1980, les emojis ont été introduits<br />
dans le monde de l’informatique et depuis,<br />
leur popularité s’accroît. En 2015, les<br />
dictionnaires Oxford ont élu un smiley<br />
«mot» de l’année ( ). Les médias numériques<br />
via lesquels nous communiquons<br />
toujours plus rapidement et plus brièvement<br />
ont sans doute contribué au succès<br />
des emojis, mais le changement de l’écriture<br />
pourrait également dépendre des<br />
contenus que nous voulons transmettre.<br />
Est-ce que les mots pour exprimer des<br />
sentiments nous manquent? Ou est-ce<br />
que certaines évolutions dans la vie privée<br />
et sociale sont plus faciles à représenter<br />
ainsi?<br />
de 600 av. J.-C. et qu’environ 50 langues<br />
utilisent aujourd’hui dans le monde.<br />
Le symbole d’origine est encore reconnaissable<br />
dans certaines lettres que<br />
nous utilisons aujourd’hui. Dans notre A<br />
se trouve la première lettre de l’alphabet<br />
protosinaïtique: alef. Alef était également<br />
la désignation du «taureau» – incarnation<br />
de l’agriculture, la principale source de<br />
subsistance. Ce qui explique la première<br />
position dans l’alphabet.<br />
Dans l’Egypte ancienne, un hiéroglyphe<br />
qui représentait un taureau avait la<br />
même signification. Avec le temps, la représentation<br />
s’est simplifiée: les cornes<br />
sont devenues de plus en plus plates<br />
jusqu’à ce qu’elles «glissent» sur la tête. Au<br />
temps des Phéniciens, plusieurs symboles<br />
étaient utilisés en même temps; les Grecs<br />
ont transformé aleph en alpha et fait tourner<br />
le symbole de 180 degrés. Par l’intermédiaire<br />
des Etrusques, les lettres sont<br />
parvenues aux Romains qui les ont encore<br />
Les chameaux ont toujours revêtu une<br />
grande importance dans les régions désertiques,<br />
car ils transportent l’eau à travers<br />
des zones arides et peuvent résister à de<br />
longues périodes de sécheresse. Ils ont été<br />
représentés symboliquement par leur élément<br />
caractéristique: la bosse. Ce caractère,<br />
très simple et rapide à tracer par rapport<br />
à l’original protosinaïtique, fut également<br />
repris dans l’alphabet hébraïque.<br />
Dans le système d’écriture grec, tourné et<br />
redressé, il est devenu la lettre gamma.<br />
Photos: màd<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 31
Point de mire: Numérique<br />
Exemple d’une simplification © <strong>No</strong>ma Bar<br />
au 2 e siècle ap. J.-C., lorsque les humains<br />
se mirent à écrire avec un pinceau et de<br />
l’encre. Ces outils permirent plus simplement<br />
d’ornementer les caractères et la calligraphie<br />
chinoise, telle que nous la<br />
connaissons aujourd’hui, vit le jour. Une<br />
nouvelle simplification fut ensuite imposée<br />
par le Parti communiste après 1945,<br />
afin de lutter contre l’analphabétisme surtout<br />
à la campagne.<br />
Dès lors, on a préféré en Chine la<br />
forme simplifiée pour environ 2000 mots<br />
et les caractères traditionnels demeurent<br />
réservés aux cercles académiques. Le fait<br />
qu’à Taïwan et Hong-Kong ainsi que dans<br />
certaines communautés chinoises au Canada<br />
et aux Etats-Unis, on refuse les caractères<br />
simplifiés, a des raisons politiques:<br />
c’est le rejet de ce qui a été décidé par le<br />
gouvernement communiste à Pékin.<br />
Pour l’alphabet latin, après une nouvelle<br />
simplification et rotation, il est devenu le<br />
symbole du son «C» ou «K».<br />
La Chine simplifie à sa façon<br />
Tandis que les modifications du système<br />
d’écriture égyptien provenaient de la région<br />
méditerranéenne, le système chinois<br />
prospérait en Extrême-Orient, système<br />
qui associe toujours un symbole à un mot<br />
(lesdits idéogrammes, ou plus justement,<br />
logogrammes). Mais en Chine aussi, la<br />
question de la vitesse d’écriture s’est posée<br />
au cours des millénaires.<br />
Dans l’antiquité déjà, on commença à<br />
simplifier les caractères pour des raisons<br />
pratiques. Ainsi, le soleil fut d’abord représenté<br />
sur de la céramique ou de petits tableaux<br />
métalliques sous la forme d’un<br />
cercle rond; lorsque le bambou a remplacé<br />
la céramique, le soleil est devenu carré, car<br />
il était très difficile de dessiner des lignes<br />
courbes sur des bambous. La vraie révolution<br />
eut lieu avec l’introduction du papier<br />
:-) ou ^_^?<br />
Depuis quelques années, beaucoup de personnes<br />
se demandent si les emojis pourraient<br />
ouvrir un nouveau chapitre dans la<br />
communication et lever les barrières entre<br />
les langues. Pas complètement.<br />
<strong>No</strong>us devons d’abord commencer par<br />
clarifier la différence entre emojis, émoticônes<br />
et kaomoji.<br />
32<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
Les emojis sont «écrits» dans le jeu de<br />
caractères Unicode et sont aujourd’hui<br />
largement répandus sur les ordinateurs et<br />
les smartphones. Unicode est un système<br />
de codage universel qui est utilisé par différentes<br />
plates-formes de communication<br />
numériques, de sorte que les visages dessinés<br />
sont identiques ou très similaires partout<br />
dans le monde.<br />
Sur des appareils plus simples ou<br />
lorsque l’on ne peut ou ne veut pas utiliser<br />
une interface utilisateur graphique, on<br />
utilise à la place les émoticônes courants<br />
en Occident ou les kaomoji, la variante japonaise.<br />
Les émoticônes et les kaomoji<br />
sont des smileys qui ne sont «dessinés»<br />
qu’avec du texte (lettres et ponctuation).<br />
Les émoticônes se lisent de gauche à droite<br />
et on utilise au maximum quatre caractères:<br />
par exemple :-) pour un sourire. Les<br />
kaomoji en revanche, se perçoivent de manière<br />
frontale et peuvent comprendre<br />
jusqu’à 20 caractères: par exemple ^_^,<br />
mais également (^▽^), ce qui exprime une<br />
joie encore plus grande.<br />
Mais les différences ne sont pas uniquement<br />
dues à des langages informatiques<br />
différents. Les pictogrammes sont<br />
un concentré de la culture respective. Et<br />
pour rester sur le sourire: la différence<br />
entre les émoticônes et les kaomoji s’explique<br />
par le fait qu’en Occident le sourire<br />
est en premier lieu associé à la bouche:<br />
:-) ou :-D. Au Japon en revanche, l’accent<br />
est mis sur les yeux. Cela est encore plus<br />
clair dans la représentation du sourire<br />
d’une femme: ^.^; la bouche n’est qu’un<br />
point car montrer les dents est inconvenant<br />
pour les femmes. ≦(._.)≧ – on ne comprend<br />
également ce symbole que dans son<br />
contexte culturel. Les kaomoji représentent<br />
également des parties du corps et dans ce<br />
cas, ils montrent une révérence, un geste<br />
d’excuse courant au Japon.<br />
«J’ai hâte d’être au jour du départ<br />
≦(._.)≧» acquiert ainsi une nuance tout à<br />
fait différente …<br />
Cet article est paru dans le «Eurac Research<br />
Magazin» et se fonde sur supports pédagogiques<br />
qui ont été développés par l’équipe de recherche<br />
du projet «SMS – la diversité linguistique fait<br />
école».<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 33
Point de mire: Numérique<br />
Les enfants de la<br />
Silicon Valley<br />
On les appelle «Génération Z», la première génération<br />
à avoir grandi avec les médias numériques. Comment leur comportement<br />
et leur vision du monde évoluent-ils? Comment gèrent-ils le fait de<br />
vivre à la fois dans l’espace réel et dans l’espace numérique?<br />
Liz Smith, réalisatrice de l’excellent documentaire «I Am Gen Z».<br />
Je m’intéresse à la génération Z<br />
depuis 2018 et j’observe en quoi<br />
sa croissance est fondamentalement<br />
différente de celle des générations<br />
qui l’ont précédée. La génération<br />
Z désigne généralement les personnes<br />
nées entre 1997 et 2010. Les<br />
membres les plus âgés de cette cohorte<br />
n’avaient que 10 ans lorsque le smartphone<br />
a été inventé. Le documentaire<br />
«I Am Gen Z» est le fruit de mon étude.<br />
Lorsque nous avons apporté la touche<br />
finale au film fin 2020, nous craignions<br />
qu’il ne soit vite «dépassé». J’écris cet article<br />
deux ans plus tard, et le contenu<br />
du film est encore plus actuel qu’en 2020.<br />
La seule différence est que depuis que<br />
le film est terminé, nous disposons de<br />
preuves plus nombreuses de l’impact des<br />
médias numériques sur nos vies et sur<br />
celles des jeunes.<br />
Les adultes ont leur propre rapport<br />
compliqué aux médias sociaux. Mais pour<br />
comprendre ce qu’ils représentent pour<br />
les jeunes d’aujourd’hui, il est important<br />
d’envisager les choses sous l’angle de leur<br />
propre expérience. Pensez aux situations<br />
sur les aires de jeux auxquelles nous<br />
étions confrontés dans notre enfance, et<br />
imaginez à présent que l’aire de jeux se<br />
trouve dans l’espace numérique. Dans<br />
cette aire de jeux numérique, il y a plus de<br />
balançoires et de toboggans que vous ne<br />
pourrez l’imaginer. Il y a un nombre infini<br />
d’amis et d’ennemis. Imaginez que vous<br />
déambulez avec un panneau au-dessus de<br />
la tête indiquant le nombre de personnes<br />
que vous appréciez. Et l’aire de jeux de la<br />
génération Z ne ferme jamais ses portes,<br />
qu’il fasse jour ou nuit.<br />
«Likes» et «followers»<br />
Les médias sociaux ne sont qu’un outil<br />
supplémentaire dans nos vies, mais ils<br />
font partie intégrante de celle de la génération<br />
Z. C’est par leur biais qu’ils créent des<br />
liens sociaux, sont confortés dans leurs<br />
opinions, expérimentent la manière dont<br />
ils se présentent au monde, rencontrent<br />
leur premier amour et vivent leurs premières<br />
ruptures. C’est le lieu où ils organisent<br />
leur vie sociale.<br />
Alors que des inventions comme l’imprimerie<br />
et l’aviation ont révolutionné le<br />
monde d’une manière inimaginable pour<br />
nos ancêtres cavernicoles, la manière<br />
dont nous lions des amitiés n’a pas fondamentalement<br />
changé jusqu’à récemment.<br />
Le mécanisme des médias numériques<br />
comme moyen de créer des liens sociaux<br />
représente un paradigme entièrement<br />
nouveau. Comme les signaux tels que le<br />
langage corporel et le toucher disparaissent,<br />
de nouveaux repères sociaux<br />
sont inventés pour fournir le contexte et<br />
faciliter la compréhension.<br />
La plupart des personnes de plus de<br />
30 ans sont étonnées de voir le nombre de<br />
«likes» et de «followers» que les jeunes<br />
ont. Ce n’est pas parce que les jeunes sont<br />
nécessairement plus populaires que les<br />
plus de 30 ans, mais cela montre à quel<br />
point les réseaux sociaux sont centraux<br />
dans leur vie. La plupart des «likes» sur les<br />
réseaux sociaux sont de simples automatismes:<br />
lorsque les jeunes font défiler leur<br />
fil d’actualité, ils distribuent des «likes» et<br />
des emojis à tout-va, car le fait de ne pas<br />
«liker» la publication d’un ami pourrait<br />
être perçu comme un affront social.<br />
Les adolescents vivent simultanément<br />
dans le monde numérique et dans le<br />
monde réel. Pour eux, il ne s’agit pas de<br />
deux états distincts, mais bien d’états totalement<br />
imbriqués. Les réseaux sociaux et<br />
l’écosystème numérique ont fait de la génération<br />
Z une génération hypersocialisée,<br />
car les interactions sociales ne se limitent<br />
plus aux moments où l’on est avec<br />
les autres.<br />
Considérant cette hypersocialisation,<br />
les rapports faisant état d’une augmentation<br />
de la solitude chez les jeunes générations<br />
peuvent sembler contre-intuitifs.<br />
Est-ce lié au sentiment d’exclusion que<br />
l’on éprouve en faisant défiler son fil d’actualité<br />
et en voyant que d’autres personnes<br />
s’en sortent «mieux» que soi? La plupart<br />
des adolescents sont certes conscients<br />
qu’on leur présente une série de moments<br />
forts de la vie d’autres personnes, mais<br />
cette connaissance ne semble guère les aider<br />
à lutter contre le sentiment d’exclusion<br />
sociale que ces posts suscitent.<br />
Perte de la vie privée<br />
D’après les sondages, les jeunes de la génération<br />
Z attachent une grande importance<br />
à leur vie privée, mais comment<br />
dans ce cas expliquer la démesure avec<br />
laquelle ils exposent leur vie, leurs mo-<br />
34<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
Des «likes» qui représentent beaucoup. Pour la génération Z, les réseaux sociaux font partie intégrante<br />
de la vie. Dans ce cadre, des notions telles que vérité ou vie privée sont mises sous pression.<br />
Photo: màd (Liz Smith)<br />
ments personnels et leur vulnérabilité sur<br />
les réseaux? C’était quelque chose d’incompréhensible<br />
pour moi, jusqu’à ce que<br />
je me rende compte que nous avons des<br />
idées différentes quant à la définition de<br />
la vie privée.<br />
Tous les adolescents ne postent pas<br />
sur les réseaux, certains se contentent<br />
d’y jeter un œil de temps en temps,<br />
d’autres ont choisi de ne pas avoir de profil,<br />
mais qu’ils le veuillent ou non, ils<br />
vivent tous aujourd’hui dans une société<br />
marquée par l’érosion du droit au respect<br />
de la vie privée.<br />
Paradoxalement, les médias numériques<br />
nous ont dépouillés de notre vie<br />
privée et nous ont drapés en contrepartie<br />
dans un voile d’anonymat. Protégés derrière<br />
nos écrans, nous sommes plus enclins<br />
à nous montrer cruels envers les<br />
autres. Mais lorsque le monde digital est si<br />
présent dans notre quotidien, comme<br />
c’est le cas pour les adolescents, les mots<br />
que l’agresseur prononce à l’abri de son<br />
écran résonnent avec la même violence<br />
que s’ils avaient été adressés en face. Je<br />
suis pour la liberté de la presse. Toutefois,<br />
la liberté d’expression et le harcèlement<br />
ne devraient pas être les deux faces d’une<br />
même médaille. Il devrait être possible de<br />
vivre dans un monde où la liberté d’expression<br />
est protégée et où le harcèlement<br />
est banni.<br />
Si l’on peut tout demander à son appareil<br />
et obtenir une réponse immédiate,<br />
pourquoi chercher à acquérir de nouvelles<br />
connaissances? D’une certaine manière,<br />
c’est fantastique d’avoir une bibliothèque<br />
infinie à portée de main, mais comment<br />
cela affecte-t-il notre capacité d’entendement<br />
et de concentration? Aujourd’hui,<br />
nos téléphones sont à la fois un réservoir<br />
de connaissances infini et l’instrument de<br />
distraction ultime. Dans cette relation ambiguë,<br />
les smartphones menacent notre<br />
potentiel d’action humain.<br />
La révolution numérique et l’absence<br />
de lois sur Internet ont permis à des acteurs<br />
malveillants de diffuser des fausses<br />
informations à une vitesse et à une échelle<br />
jamais atteintes auparavant. Ce faisant, ils<br />
entraînent avec eux de nombreuses personnes<br />
en quête d’un sens à leur univers,<br />
qui renforcent à leur tour les récits de ces<br />
acteurs malveillants. La génération Z est<br />
la première à avoir grandi dans une ère<br />
postvérité — une tâche vraiment difficile<br />
pour naviguer dans le monde. Cependant,<br />
la génération Z est consciente de l’impact<br />
impitoyable des médias numériques: «Les<br />
gars, j’ai un problème ... Je sais très bien<br />
que TikTok plombe à 95 % ma santé mentale,<br />
mais je sais aussi qu’il contribue tout<br />
autant à ma stabilité psychique, parce que<br />
ça me fait rire ...» (Citation tirée du documentaire<br />
«I Am Gen Z»)<br />
Bibliographie<br />
Orben, A., & Blakemore, S. J. (<strong>2023</strong>).<br />
How social media affects teen mental<br />
health: A missing link. Nature, 614 (7948),<br />
410–412.<br />
Primack, B. A., Shensa, A., Sidani, J.<br />
E., Whaite, E. O., Yi Lin, L., Rosen, D., &<br />
Miller, E. (2017). Social media use and<br />
perceived social isolation among young<br />
adults in the US. American journal of<br />
preventive medicine, 53 (1), 1–8.<br />
Odgers, C. L., & Jensen, M. R. (2020).<br />
Annual research review: Adolescent mental<br />
health in the digital age: Facts, fears,<br />
and future directions. <strong>Journal</strong> of Child<br />
Psychology and Psychiatry, 61 (3), 336–348.<br />
Howick, J., Kelly, P., & Kelly, M. (2019).<br />
Establishing a causal link between social<br />
relationships and health using the Bradford<br />
Hill Guidelines. SSM-population health, 8,<br />
100–402.<br />
Site Internet: iamgenzfilm.com<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 35
Point de mire: Numérique<br />
La réalité virtuelle<br />
au service de la<br />
neuroréhabilitation<br />
L’utilisation de la réalité virtuelle (RV) dans la neuroréhabilitation<br />
présente divers avantages. Outre l’aspect ludique qui accroît le plaisir<br />
des exercices, l’entraînement peut être personnalisé et réalisé<br />
de manière autonome. L’important est d’utiliser les possibilités<br />
techniques de manière optimale.<br />
Prof. D r Tobias Nef, ARTORG Center for Biomedical Engineering Research & Clinique universitaire de neurologie, Université de Berne,<br />
Prof. D r Adrian Guggisberg, Neuro-réhabilitation universitaire, Clinique universitaire de neurologie, Hôpital de l’Ile<br />
Photo: Adobe Stock<br />
36<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
La réalité virtuelle (RV) peut être<br />
définie comme le recours à des<br />
simulations interactives en 2D<br />
ou 3D (p. ex., des environnements<br />
et des mondes virtuels) créées par<br />
ordinateur pour présenter aux utilisateurs<br />
des environnements qui semblent réels et<br />
conviviaux. En outre, les utilisateurs ont<br />
la possibilité d’interagir avec des objets,<br />
des scènes et d’autres utilisateurs directement<br />
dans l’environnement virtuel.<br />
Dans le cadre de la réadaptation assistée<br />
par RV, les patients interagissent avec<br />
des environnements et des objets virtuels.<br />
La représentation visuelle peut se faire par<br />
le biais d’écrans d’ordinateur (image 1a) ou<br />
de ce que l’on appelle les «Head-mounted<br />
displays» (lunettes de RV, image 1b). Les<br />
lunettes de RV se composent d’un écran<br />
sur lequel deux images sont affichées côte<br />
à côte, l’une pour l’œil gauche et l’autre<br />
pour l’œil droit. Le monde virtuel peut<br />
ainsi être représenté de manière stéréoscopique<br />
(3D). L’utilisateur ne voit alors<br />
que le monde virtuel et ne peut plus voir<br />
l’environnement réel. L’utilisation de lunettes<br />
de RV transparentes constitue une<br />
application spécifique. Dans le cas de la<br />
«réalité augmentée», l’utilisateur continue<br />
à voir l’environnement «réel», qui<br />
peut être complété par des éléments visuels<br />
virtuels supplémentaires. Sur<br />
l’image 1c, l’utilisateur saisit une bouteille<br />
virtuelle (représentée en bleu) et interagit<br />
avec elle.<br />
Alors que les lunettes de RV non transparentes<br />
sont techniquement au point et<br />
prêtes à être utilisées en clinique, les lunettes<br />
de RV transparentes nécessitent<br />
des étapes de développement supplémentaires,<br />
notamment pour améliorer la<br />
convivialité et le confort.<br />
Des accéléromètres et des capteurs de<br />
vitesse sont intégrés dans les lunettes de<br />
RV afin de mesurer la position de la tête et<br />
la direction du regard et d’adapter ainsi les<br />
images stéréoscopiques en temps réel.<br />
Image 2: Entraînement des bras avec des lunettes de RV et un robot thérapeutique<br />
(photo: Adrian Moser pour l’Université de Berne)<br />
La RV en réadaptation<br />
La réalité virtuelle présente plusieurs<br />
avantages dans le domaine de la neuroréhabilitation.<br />
Les éléments ludiques<br />
contribuent à accroître la motivation de<br />
certains patients. De plus, quelques patients<br />
peuvent effectuer certains exercices<br />
de manière autonome et éventuellement<br />
même à la maison; l’entraînement<br />
de tâches fonctionnelles est donc possible<br />
à une fréquence plus élevée qu’avec la thérapie<br />
traditionnelle. Un autre avantage<br />
souvent sous-estimé est que le timing, la<br />
répartition spatiale et la difficulté des<br />
tâches peuvent être adaptés très précisément<br />
aux besoins individuels des patients,<br />
ce qui permet d’effectuer les exercices<br />
avec une intensité et une configuration<br />
optimales. La technique présente<br />
toutefois aussi des inconvénients: les patients<br />
plus âgés et peu amateurs de nouvelles<br />
technologies se heurtent souvent à<br />
des difficultés. De plus, il faut déterminer<br />
si l’entraînement virtuel présente les<br />
mêmes effets sur l’autonomie au quotidien<br />
qu’un entraînement classique.<br />
En neuroréhabilitation, les lunettes<br />
de RV sont fréquemment utilisées pour<br />
entraîner les fonctions motrices, par<br />
exemple pour les bras après un accident<br />
vasculaire cérébral. Dans ce cadre, différents<br />
exercices d’entraînement sont proposés<br />
au patient. Sur l’image 2, la patiente<br />
porte des lunettes de RV et son bras droit<br />
est relié à un robot thérapeutique. Dans<br />
l’exemple représenté, la patiente doit résoudre<br />
une tâche de cuisine. Pour ce faire,<br />
la plaque de cuisson et les ustensiles de<br />
cuisine sont représentés dans les lunettes<br />
de RV. En bougeant son bras, la patiente<br />
peut contrôler le bras virtuel représenté<br />
dans les lunettes de RV et interagir ainsi<br />
avec les éléments virtuels (p. ex. les<br />
pommes de terre). Le robot thérapeutique<br />
a) Représentation 2D sur l’écran d’ordinateur<br />
b) Représentation 3D<br />
avec lunettes de RV (non transparent)<br />
c) Représentation 3D avec lunettes de RV transparentes<br />
Image 1: Possibilités de représentation de la réalité virtuelle (image: Université de Berne)<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 37
Point de mire: Numérique<br />
l’assiste dans cette tâche autant que nécessaire<br />
(assist as needed). Cela signifie<br />
que si le patient peut résoudre la tâche, le<br />
robot thérapeutique le laisse faire sans intervenir.<br />
Le patient reçoit une assistance<br />
robotique uniquement s’il est incapable<br />
de résoudre la tâche par ses propres<br />
moyens. Le robot thérapeutique permet<br />
également de générer un feed-back haptique,<br />
c’est-à-dire qu’un patient peut p. ex.<br />
sentir le poids de la poêle lorsqu’il la soulève,<br />
ou ressentir une résistance lorsque<br />
sa main virtuelle entre en collision avec le<br />
four virtuel. En combinant la perception<br />
visuelle (lunettes de RV), auditive (casque)<br />
et haptique (robot), les patients peuvent<br />
percevoir le monde virtuel de manière<br />
multimodale.<br />
Comme cette méthode est très coûteuse<br />
(environ 200 000 francs), des systèmes<br />
plus simples se sont imposés dans<br />
l’application clinique. Il est par exemple<br />
possible de recourir à un robot thérapeutique<br />
non motorisé plutôt qu’à un robot<br />
thérapeutique motorisé. Ces appareils<br />
aident les patients à lutter contre la gravité<br />
au moyen de ressorts et de contrepoids<br />
et peuvent ainsi faciliter les déplacements<br />
(coût env. 60 000 francs). Un<br />
robot peut également être remplacé par<br />
un appareil de saisie courant (cf. image 3).<br />
Les coûts peuvent ainsi être réduits à environ<br />
2000 francs.<br />
Outre la rééducation motrice, les lunettes<br />
de RV peuvent également être utilisées<br />
pour la rééducation cognitive. Par<br />
exemple, pour la rééducation de la négligence<br />
spatiale, un trouble de l’attention<br />
qui rend difficile la perception de stimuli<br />
du côté gauche du corps chez les patients<br />
présentant des lésions dans l’hémisphère<br />
droit du cerveau. Grâce à des exercices<br />
spécialement adaptés, ces patients peuvent<br />
s’entraîner à déplacer leur attention<br />
vers la gauche. Dans l’application illustrée<br />
à l’image 3, les patients essaient d’atteindre<br />
des oiseaux qui volent de droite à<br />
gauche. Le célèbre jeu «Moorhuhn Crazy<br />
Chicken» utilisé dans ce cadre apporte un<br />
aspect ludique à l’entraînement.<br />
38<br />
Image 3: Stimulation visuelle basée sur la RV pour les patients souffrant de négligence spatiale<br />
avec des appareils de saisie courants (Photo: Adrian Moser pour l’Université de Berne)<br />
Utiliser la RV de manière ciblée<br />
Diverses études d’efficacité ont été menées<br />
chez des patients victimes d’un AVC<br />
et ont été résumées dans une revue Cochrane<br />
sur la RV et la rééducation après un<br />
AVC. La méta-analyse de 2017 s’est basée<br />
sur 72 études portant sur 2470 personnes<br />
ayant subi un AVC et utilisant différents<br />
systèmes de RV, dont la plupart visent à<br />
améliorer la capacité de marche. Les auteurs<br />
ont conclu que «la RV n’était pas plus<br />
bénéfique que les approches thérapeutiques<br />
traditionnelles pour améliorer la<br />
fonction des membres supérieurs». Des<br />
méta-analyses récentes ont trouvé un<br />
avantage significatif de l’entraînement basé<br />
sur la RV par rapport à l’entraînement<br />
classique pour la motricité du membre supérieur<br />
et pour les fonctions exécutives,<br />
visuospatiales et de mémorisation, mais<br />
pas pour la stabilité de la marche.<br />
Une méta-analyse révélatrice réalisée<br />
par Maier et ses collègues en 2019 a révélé<br />
que seules les études qui utilisent les avantages<br />
techniques de la RV pour mettre en<br />
œuvre les principes neuroscientifiques de<br />
l’apprentissage présentent un avantage.<br />
Par exemple, dans les études fructueuses,<br />
les patients ont pu s’entraîner de manière<br />
plus spécifique ou plus variée grâce à la RV<br />
avec une intensité plus élevée, ou le niveau<br />
de difficulté a pu être mieux adapté<br />
aux capacités actuelles des patients. Cela<br />
montre que la technique de RV n’offre pas<br />
automatiquement un avantage par rapport<br />
à l’entraînement traditionnel, mais<br />
uniquement lorsque les possibilités techniques<br />
sont utilisées pour optimiser les<br />
principes neuroscientifiques de la plasticité<br />
cérébrale. Actuellement, la recherche<br />
s’efforce d’utiliser la RV de manière encore<br />
plus ciblée et d’accroître ainsi encore son<br />
efficacité.<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
Photo: Adobe Stock<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 39
Point de mire: Numérique<br />
L’IA n’est pas<br />
une pandémie<br />
Certains craignent que ChatGPT ne sape le système<br />
éducatif et réclament l’établissement de règles pour en régir<br />
l’utilisation. Gerd Kortemeyer estime que toute<br />
réglementation qui ne serait pas fondée sur le bon sens<br />
pourrait s’avérer contre-productive.<br />
D r Gerd Kortemeyer, directeur du département de développement et de technologie de l’enseignement à l’EPF de Zurich<br />
Les professionnels du système éducatif ont été choqués de constater que ChatGPT était tout à fait capable de réussir un examen d’entrée à l’université.<br />
Photo: Adobe Stock<br />
40<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
Lorsque la COVID-19 a fait son<br />
apparition, nous avons immédiatement<br />
réagi en élaborant,<br />
promulguant et retirant des<br />
règles et des restrictions. <strong>No</strong>us avons<br />
adopté des dispositions parfois contradictoires<br />
sur les masques, les tests, les<br />
voyages et les vaccins. Avec du recul, certaines<br />
mesures peuvent nous sembler ridicules,<br />
inefficaces ou tout simplement<br />
exagérées – mais à l’époque, l’imperfection<br />
était préférable à l’inaction: nous devions<br />
agir pour endiguer une pandémie<br />
mortelle.<br />
L’IA n’est pas une pandémie mortelle,<br />
mais là encore, nous risquons d’adopter<br />
par anticipation des règles et des réglementations<br />
contraignantes et excessives<br />
pour empêcher sa propagation. Il est vrai<br />
que, par rapport à d’autres technologies<br />
disruptives, des outils comme ChatGPT<br />
ont fait irruption dans le domaine public<br />
de manière assez abrupte,<br />
mais des voix s’élèvent déjà<br />
pour bloquer complètement le<br />
développement de futurs modèles<br />
d’IA. Des pays entiers<br />
tentent d’interdire ChatGPT et<br />
les éditeurs étendent leurs accords<br />
avec les auteurs. Les universités<br />
aussi s’empressent<br />
d’édicter de nouvelles règles.<br />
La plupart du temps, il ne<br />
s’agit pas de réglementer ce<br />
pour quoi l’IA peut être utilisée,<br />
mais seulement de déterminer où elle<br />
doit être interdite. Je suppose que dans<br />
quelques mois, nous considérerons également<br />
nombre de ces mesures comme ridicules,<br />
inefficaces ou tout simplement exagérées.<br />
Après le choc initial ...<br />
L’IA n’est pas une pandémie, c’est un outil.<br />
Un outil bluffant. Les professionnels<br />
du système éducatif ont été choqués de<br />
constater que ChatGPT était tout à fait capable<br />
de réussir un examen d’entrée à<br />
l’université. Et ce n’est pas tout: l’outil a<br />
passé avec succès des cours d’introduction<br />
aux sciences et peut créer des essais<br />
et des présentations au contenu remarquablement<br />
plausible, bien que fictif.<br />
J’emploie délibérément le terme «fictif»,<br />
car même si ces textes peuvent paraître<br />
objectifs, il s’agit au final d’une compilation<br />
statistiquement probable de fragments<br />
de texte dont les sources ne peuvent<br />
pas être étayées – le corpus de textes utilisé<br />
pour la formation est propriétaire,<br />
l’algorithme mélange le tout, et lorsque<br />
ChatGPT fournit des références, celles-ci<br />
sont complètement fictives.<br />
Malgré tout, ses capacités de programmation,<br />
de traduction et de synthèse<br />
sont stupéfiantes. Il nous faudra du temps<br />
pour découvrir ce que cela dit de l’IA,<br />
mais aussi ce que cela dit de notre système<br />
éducatif.<br />
Dans les tournois d’échecs, l’IA a été<br />
interdite afin de préserver le plaisir du<br />
jeu. Cependant, dans la science, nous<br />
sommes incités à utiliser les outils les plus<br />
performants à notre disposition pour repousser<br />
les limites de la connaissance. Le<br />
débat dans l’enseignement supérieur ne<br />
peut donc pas porter sur l’interdiction totale<br />
d’un outil, mais sur les conséquences<br />
de cette disruption sur ce que nous enseignons<br />
et sur la manière dont nous l’enseignons<br />
– avec probablement quelques limites<br />
strictes concernant l’utilisation<br />
abusive de cet outil.<br />
«Utiliser le texte non modifié<br />
d’un outil d’IA n’est certes pas<br />
du plagiat, mais prétendre<br />
‹c’est moi qui l’ai écrit› serait<br />
clairement un mensonge.»<br />
Gerd Kortemeyer<br />
Plus qu’un «simple» plagiat<br />
Les règles relatives au plagiat ne sont malheureusement<br />
pas très utiles pour fixer<br />
des limites à l’IA. Elles ont été établies<br />
avant que l’IA ne devienne une réalité quotidienne,<br />
et se concentrent généralement<br />
sur le fait que la propriété intellectuelle<br />
d’autrui n’est pas présentée comme<br />
sienne. Au sens strict, cela ne s’applique<br />
pas à l’IA, à moins que nous ne lui accordions<br />
une personnalité propre. Au lieu de<br />
nous concentrer sur le travail «de<br />
quelqu’un d’autre», nous devrions nous<br />
concentrer sur ce que signifie la notion de<br />
«travail personnel»: utiliser le texte non<br />
modifié d’un outil d’IA n’est certes pas du<br />
plagiat, mais prétendre «c’est moi qui l’ai<br />
écrit» serait clairement un mensonge.<br />
D’un autre côté, les outils d’IA peuvent<br />
être légitimement utilisés pour surmonter<br />
le syndrome de la page blanche et obtenir<br />
un aperçu rapide des bons et des mauvais<br />
côtés des différents contenus sur un sujet<br />
donné. Les auteurs doivent ensuite en<br />
faire leur travail personnel, en décantant<br />
les informations puis en vérifiant et validant<br />
celles qui proviennent de sources<br />
scientifiques réelles. Il faut discuter de<br />
l’endroit précis où commence «le travail<br />
personnel» dans le processus, au sens<br />
d’une prestation scientifique. Mais je<br />
pense qu’une règle interdisant l’utilisation<br />
de mots ou de formulations générés<br />
par l’IA va trop loin. Prenons le temps<br />
d’élaborer des règles sensées. Ou sommesnous<br />
dans l’urgence car nous sommes embarrassés<br />
de reconnaître les performances<br />
de ChatGPT?<br />
Mieux vaut se protéger contre les<br />
fake news<br />
Quoi qu’il en soit, les discussions sur la<br />
fraude basée sur l’IA sont probablement<br />
peu constructives. Les étudiants viennent<br />
nous voir parce qu’ils veulent apprendre et<br />
parce qu’ils apprécient la pensée critique,<br />
le libre arbitre et la créativité. Il est de<br />
notre responsabilité de leur fournir les aptitudes,<br />
les concepts, les méthodes<br />
et les compétences qui<br />
leur permettront d’exister et de<br />
s’affirmer dans un monde où<br />
l’IA sera omniprésente. Alors<br />
que nous continuons à poser<br />
des bases solides en mathématiques<br />
et en sciences, nous devons<br />
repenser certains programmes<br />
d’études. De simples<br />
exercices de programmation<br />
pourraient par exemple être<br />
dépassés. <strong>No</strong>us devons éventuellement<br />
nous concentrer sur la prévisibilité,<br />
les algorithmes et la théorie de l’information.<br />
<strong>No</strong>us en viendrons peut-être à<br />
la conclusion que le résumé «manuel» de<br />
textes et d’autres contenus d’enseignement<br />
sont obsolètes, mais il se peut que<br />
nous devions protéger nos étudiants<br />
contre la pandémie de fake news virales,<br />
fake science et deepfakes.<br />
Cet article est paru pour la première fois<br />
dans le Zukunftsblog de l’EPF Zurich<br />
(www.ethz.ch/zukunftsblog).<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 41
Point de mire: Numérique<br />
Qui l’a inventé?<br />
Peindre comme Rembrandt, Picasso ou Andy Warhol?<br />
Aucun problème, grâce à l’IA, aujourd’hui tout le monde peut le faire.<br />
Chercher un programme correspondant, saisir quelques<br />
mots-clés et en un tour de main, l’image est là. Mais quelle est la qualité<br />
de ces programmes? Et deviendront-ils bientôt davantage qu’une<br />
distraction amusante? La rédaction a généré des images en utilisant l’IA.<br />
En même temps, le célèbre illustrateur et dessinateur de BD suisse,<br />
Jared Muralt, prend position sur cet art artificiel et joint<br />
une propre œuvre, faite à la main.<br />
Maya Cosentino: Cerveau coloré dans le style<br />
des impressionnistes<br />
Bianca Molnar: Nature morte avec des tranches<br />
de pastèque dans le style de Monet<br />
Catherine Aeschbacher: Rembrandt et un<br />
astronaute dans le style baroque<br />
Fabian Kraxner: Autoportrait<br />
Kerstin Jost: Comprendre le corps humain dans<br />
le style de Picasso<br />
Marc Schällebaum: Vue depuis le bureau<br />
lors d’une journée ensoleillée avec un grand<br />
poulpe volant dans le ciel, photoréaliste<br />
Photos: Rédaction <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong>, Open AI<br />
42<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
Jeter tout de suite l’éponge?<br />
Les articles sur de nouveaux programmes<br />
d’IA comme Midjourney qui peuvent générer<br />
des dessins et des photos en quelques<br />
secondes ont, depuis leur publication,<br />
créé beaucoup d’émoi dans notre atelier<br />
communautaire.<br />
Des paroles de notre plus jeune illustratrice<br />
s’adressant à nous, les anciens à<br />
l’atelier, me sont particulièrement restées<br />
en mémoire: «Vous, au moins, vous avez<br />
pu jusqu’ici travailler en tant qu’illustrateurs.<br />
<strong>No</strong>us, qui sommes encore au début<br />
de notre carrière, nous pouvons tout de<br />
suite jeter l’éponge!»<br />
Ses paroles sont très pertinentes parce<br />
qu’elles soulèvent une question fondamentale<br />
concernant l’IA. «Pourquoi investir<br />
autant de temps de ma vie et passer<br />
des années à m’entraîner à quelque chose,<br />
à essuyer d’innombrables échecs et à surmonter<br />
tous les jours mes doutes s’il existe<br />
déjà des programmes qui produisent précisément<br />
cela, ce résultat final, parfaitement<br />
dans des variations infinies et en<br />
quelques secondes?» Les graphistes ne<br />
sont pas les seuls à devoir se poser cette<br />
question. La plupart d’entre nous se la<br />
posent, au moins depuis Chat GPT-3.<br />
Pourquoi les étudiants ne peuvent-ils pas<br />
faire écrire leur mémoire de master par<br />
une IA? Pourquoi ne fais-je pas écrire ce<br />
texte-ci par une IA?<br />
Excusez-moi si je m’écarte du sujet, il<br />
s’agissait en fait de droits d’auteur. C’est<br />
sûr, l’IA utilise du matériel existant déjà<br />
créé par les humains et s’en sert pour créer<br />
du nouveau contenu. Mais est-ce que<br />
nous, les humains, nous ne le faisons pas<br />
aussi? Combien de tableaux de maîtres anciens<br />
ai-je copiés pour apprendre ce que je<br />
sais faire aujourd’hui? Toutes mes capacités<br />
de dessin et de récit, je les ai apprises<br />
d’autres personnes. J’apprends et j’analyse<br />
en copiant, exactement comme l’IA.<br />
Mais celle-ci est simplement beaucoup<br />
plus rapide.<br />
Je dois admettre que je n’ai pas encore<br />
beaucoup d’expérience avec une IA génératrice<br />
d’images. Pour moi, il n’y a pas que<br />
le résultat final qui importe, mais également<br />
le processus de travail. Je vois néanmoins<br />
un potentiel énorme pour moi avec<br />
Chat GPT-3. Le programme peut être utilisé<br />
de manière extrêmement diversifiée.<br />
Souvent, quand on l’interroge, il fournit<br />
des idées très abstraites qui stimulent ma<br />
propre imagination ou montrent de nouvelles<br />
possibilités. Dans les processus de<br />
travail éditorial et administratif, GPT-3 représente<br />
également une grande aide. Je<br />
considère actuellement l’IA plutôt comme<br />
une aide que comme un concurrent. Il<br />
reste à voir ce qu’apporte la prochaine génération<br />
d’IA. La courbe d’évolution augmentera<br />
probablement de manière exponentielle<br />
et je pense que pour nous, les<br />
humains et la société dans son ensemble,<br />
il sera toujours de plus en plus difficile de<br />
rester en phase avec les nouvelles possibilités<br />
et les défis qui y sont liés. Je crois que<br />
nous sommes face à une évolution fondamentale<br />
de notre société, une évolution à<br />
laquelle nous ne sommes pas préparés. La<br />
question du «pourquoi» sera de plus en<br />
plus importante et finalement, elle reviendra<br />
au centre. La philosophie est peut-être<br />
ce qui nous reste encore. La seule question<br />
est pour combien de temps?<br />
Jared Muralt, illustrateur,<br />
cofondateur du collectif de graphisme<br />
et d’illustration BlackYard<br />
Photo: Jared Muralt<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 43
Point de mire: Numérique<br />
Qui peut<br />
y accéder et pour<br />
quelle durée?<br />
Une application est vite téléchargée. Et les CG n’intéressent<br />
souvent personne, ce qui ne pose généralement pas de problème.<br />
Pourtant, les choses se compliquent pour les applications<br />
de santé qui contiennent des données personnelles. La juriste et<br />
spécialiste de la protection des données Ursula Uttinger explique<br />
ce qu’il faut observer lorsqu’on utilise ces applications.<br />
Cordelia Trümpy, cofondatrice YLAH<br />
M me Uttinger, quelle place les applications<br />
de santé et la protection des<br />
données occuperont-elles à l’avenir<br />
dans notre prise en charge médicale?<br />
Je pense que les applications vont gagner<br />
en importance. Dans ce contexte, nous devons<br />
prendre conscience des deux aspects<br />
suivants: d’une part de la question de la<br />
protection des données, par exemple de savoir<br />
où les données sont sauvegardées et<br />
qui peut y accéder. D’autre part de la question<br />
de savoir si cette application est un dispositif<br />
médical. Si c’est le cas, elles doivent<br />
répondre à certaines exigences réglementaires.<br />
Dans quels domaines voyez-vous les<br />
principaux défis dans l’utilisation des<br />
applications de santé?<br />
Les utilisateurs doivent savoir à quoi ils<br />
consentent. L’être humain tend à approuver<br />
les CG et les déclarations de confidentialité<br />
d’une application sans vraiment s’intéresser<br />
à leur contenu. Et oui, je l’admets, les<br />
juristes portent une part de responsabilité<br />
dans tout cela. Très souvent, les CG sont rédigées<br />
dans un langage qui n’est pas adapté<br />
au lecteur. Tout est décrit et exclu dans le<br />
but de ne devoir assumer aucune responsabilité.<br />
Ces documents sont donc généralement<br />
très longs et détaillés. Personne ne les<br />
comprend et, en conséquence, personne ne<br />
les lit en pensant qu’ils sont acceptables.<br />
Qui est responsable?<br />
Je distinguerai deux scénarios. Le premier:<br />
on entend parler d’une application et la<br />
télécharge. Dans ce cas, nul doute que la<br />
responsabilité incombe au développeur de<br />
l’application. J’apprécierais que celui-ci<br />
déclare sans ambiguïté les points importants<br />
à observer lors de l’utilisation d’une<br />
telle application. Le deuxième: dès qu’un<br />
professionnel de la santé recommande une<br />
application de santé, c’est à ce dernier<br />
qu’incombe la responsabilité. Il devrait<br />
donc clairement indiquer à l’utilisateur<br />
dans quel but les données sont exploitées.<br />
Les patients doivent comprendre à quoi<br />
ils consentent. Cette logique peut être<br />
poussée plus loin. Si une application n’a<br />
plus été utilisée pendant une période prolongée,<br />
j’attends de l’application qu’elle<br />
m’informe de ce qui se passe avec les données<br />
ou avec qui celles-ci sont partagées.<br />
Car dans la réalité, on oublie vite ce à quoi<br />
on a consenti.<br />
J’imagine que ce n’est pas facile<br />
dans un cabinet ...<br />
Certes, les médecins assurent la prise en<br />
charge médicale de leurs patients et n’aimeraient<br />
pas devoir leur expliquer trop de<br />
détails. Il serait donc bien que les fournisseurs<br />
d’application résument les principaux<br />
points de manière claire et compréhensible.<br />
Par exemple: quelles données<br />
sont saisies et évaluées, que se passe-t-il<br />
avec ces données, quels outils sont éventuellement<br />
utilisés en plus, pour quelle durée<br />
les données sont-elles sauvegardées et<br />
dans quel but? Si une personne souhaite en<br />
savoir plus, elle devrait pouvoir avoir accès<br />
à tous les détails. Mais comme je l’ai dit<br />
plus haut, il faut surtout éviter d’imposer<br />
aux utilisateurs d’énormes documents<br />
dont personne ne comprend le contenu.<br />
Quels sont les trois points sur lesquels<br />
les médecins devraient informer leurs<br />
patients?<br />
Premièrement: où les données sont-elles<br />
hébergées? Deuxièmement: pendant quelle<br />
durée y sont-elles conservées? Et troisièmement:<br />
qui peut accéder aux données et<br />
comment cet accès pourrait-il, le cas<br />
échéant, être restreint?<br />
Et quelle serait la réponse idéale<br />
du point de vue de la spécialiste de la<br />
protection des données?<br />
Dans le meilleur des cas, les données sont<br />
hébergées en Suisse ou en Europe ou, plus<br />
précisément, à proximité de la Suisse.<br />
Même si la loi sur la protection des données<br />
est en principe la même dans l’UE et<br />
l’EEE, elle n’est pas partout mise en œuvre<br />
de la même manière. Pour ce qui concerne<br />
la durée de conservation: aussi longtemps<br />
que cela est nécessaire pour atteindre l’ob-<br />
44<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
Les applications de santé<br />
visent à soutenir le traitement<br />
sans être une contrainte<br />
supplémentaire pour les<br />
personnes impliquées.<br />
La transparence en matière<br />
de données est aussi importante<br />
qu’une instruction complète.<br />
Photo: Adobe Stock; màd<br />
jectif. Dans ce domaine, il faut cependant<br />
pouvoir opérer une distinction. Si je<br />
souhaite observer la pression artérielle<br />
de différents patients sur x années, il est<br />
justifié de la part du fournisseur de l’application<br />
de conserver les données pendant<br />
le nombre d’années correspondant, éventuellement<br />
sous forme anonyme ou pseudoanonyme.<br />
Si j’analyse par contre les épisodes<br />
grippaux et que les malades doivent<br />
porter une application de suivi pendant<br />
quelques jours, il n’est à mon avis pas nécessaire<br />
de conserver ces données personnelles<br />
pendant plusieurs années.<br />
J’estime que l’autorisation d’accès est<br />
un autre point important. Les personnes<br />
concernées doivent pouvoir décider qui<br />
peut accéder à leurs données. Il s’agira en<br />
premier lieu des personnes concernées et<br />
des professionnels de la santé en charge de<br />
leur traitement, mais pas de tiers. Dans ce<br />
cas de figure, le fournisseur de l’application<br />
ne devrait d’ailleurs pas avoir accès<br />
aux données.<br />
Biographie express<br />
Ursula Uttinger a<br />
étudié le droit à l’Université<br />
de Zurich.<br />
Ensuite, elle a suivi<br />
différentes formations<br />
complémentaires,<br />
notamment en gestion<br />
d’entreprise. Depuis<br />
1996, elle s’intéresse à la protection des<br />
données. Elle a été responsable de la<br />
protection des données, mais aussi du<br />
domaine de la conformité légale dans<br />
plusieurs entreprises, en particulier<br />
dans le secteur des assurances et de la<br />
santé. Elle a ensuite dirigé une PME et<br />
enseigne depuis 2000 à la Haute école<br />
spécialisée de Lucerne. De plus, elle<br />
conseille différentes entreprises sur les<br />
questions de protection des données.<br />
Dans quelle mesure le fait qu’une<br />
application soit certifiée comme<br />
dispositif médical est-il décisif à<br />
vos yeux?<br />
Je pense qu’il est de plus en plus difficile<br />
de répondre à la question: qu’est-ce qu’un<br />
dispositif médical traditionnel, qu’est-ce<br />
qu’un dispositif auxiliaire? <strong>No</strong>us disposons<br />
de moins en moins de données<br />
personnelles anonymes. Les personnes<br />
concernées devraient prendre conscience<br />
de cela. Pour moi, la certification en tant<br />
que dispositif médical n’est pas primordiale.<br />
Il est plus important que les données<br />
ne soient utilisées que dans le but<br />
indiqué.<br />
YLAH AG<br />
YLAH AG est un fournisseur de<br />
logiciels médicaux implanté à Berne.<br />
L’entreprise a développé et commercialisé<br />
en Suisse le premier système<br />
personnalisé pour la Blended Psychotherapy.<br />
L’agent thérapeutique numérique<br />
(DTx) combine les séances en<br />
présentiel avec des contenus thérapeutiques<br />
en ligne validés.<br />
Vous trouverez de plus amples<br />
informations sur www.ylah.ch<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 45
Point de mire: Numérique<br />
Bientôt une réalité? Dans quelle mesure les nouvelles technologies doivent-elles influencer ou même déterminer la prise de décision médicale?<br />
Et quel rôle incombe alors aux médecins? Une chose est sûre, toute utilisation de l’IA doit viser à améliorer la qualité de la prise en charge.<br />
<strong>No</strong>us ne voulons<br />
que le meilleur?<br />
Les médecins emploient de plus en plus d’outils numériques<br />
dans leur quotidien hospitalier lesquels visent à faciliter le diagnostic,<br />
le traitement et le travail administratif clinique dans la prise<br />
en charge des patients. Les utiliser peut avoir pour corollaire de provoquer<br />
une détresse morale lorsqu’il n’est pas certain que l’application<br />
de ces technologies serve toujours au bien-être du patient.<br />
Thomas Kapitza, Medicine & Economics Ethics Lab IBME, Université de Zurich<br />
Photo: Adobe Stock<br />
46<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
A<br />
l’automne 2022, la FMH a publié<br />
un document détaillé sur<br />
les champs d’application de<br />
l’intelligence artificielle dans<br />
le travail quotidien des médecins, dans<br />
lequel elle relevait également des enjeux<br />
éthiques. Il est clair que des logiciels<br />
novateurs ont commencé à modifier la<br />
prise en charge clinique des patients et le<br />
monde du travail médical dans les hôpitaux.<br />
Face aux nouveaux aspects qu’implique<br />
cette évolution, il sera plus difficile<br />
pour les médecins traitants de prendre les<br />
décisions, considérées comme les bonnes<br />
dans leur globalité, car meilleures du<br />
point de vue professionnel et éthiquement<br />
axées en premier lieu sur le bienêtre<br />
du patient.<br />
Pour les médecins, agir signifie toujours<br />
devoir prendre des décisions avec un<br />
certain degré d’incertitude (restante). Cela<br />
implique la responsabilité des conséquences<br />
et l’espoir d’atteindre le meilleur<br />
résultat médical pour les patients qui leur<br />
font confiance. Le savoir-faire des médecins<br />
et l’expertise professionnelle, avec en<br />
outre l’encadrement collégial de médecins<br />
expérimentés, permettent depuis longtemps<br />
de prendre en compte du mieux<br />
possible les risques du traitement liés aux<br />
décisions de traitement. Pour les médecins,<br />
agir signifie donc toujours également<br />
s’efforcer en permanence de transformer<br />
les incertitudes en certitude thérapeutique.<br />
Pas de chance sans risques<br />
Les produits logiciels fondés sur des algorithmes<br />
semblent offrir à leurs utilisateurs<br />
cliniques une possibilité intéressante<br />
d’optimiser leur action personnelle<br />
dans la prise en charge des patients. La<br />
documentation clinique, les systèmes<br />
d’aide à la décision clinique et le monitoring<br />
des patients pour surveiller l’avancée<br />
du traitement et l’adhésion au traitement<br />
peuvent en particulier leur être très utiles.<br />
Quelle que soit la charge administrative<br />
pour alimenter ces outils numériques<br />
en informations pertinentes, la nouvelle<br />
perspective de pouvoir mieux préparer et<br />
fonder professionnellement sa propre décision<br />
est tentante.<br />
La prise en compte de probabilités<br />
d’efficacité et de réussite calculées numériquement<br />
dans les décisions de prise en<br />
charge médicale vient élargir les possibilités<br />
antérieures grâce à la rationalité des<br />
données issue de la technologie numérique.<br />
Mais, en cas d’échec, les chances<br />
pour les médecins de pouvoir défendre<br />
leurs décisions thérapeutiques contre des<br />
critiques ultérieures et contre les risques<br />
concernant leur responsabilité individuelle<br />
se réduisent. Cela au plus tard<br />
lorsque le recours à la technologie aura été<br />
expressément intégré dans les normes de<br />
prise en charge médicoscientifiques généralement<br />
reconnues. Que devient alors<br />
l’obligation déontologique des médecins<br />
de mettre toujours le bien-être des patientes<br />
et des patients au centre des réflexions<br />
sur la prise en charge?<br />
Détresse morale en effet secondaire<br />
Le recours à des outils logiciels d’aide à la<br />
décision, voire même de facilitation de la<br />
décision, basés sur l’IA, sur le lieu de travail<br />
clinique, pourrait à l’avenir engendrer<br />
des situations difficiles d’un point de vue<br />
moral pour les médecins. Une condition<br />
essentielle à l’exercice professionnel sensé<br />
pour le personnel médical est la certitude<br />
personnelle que sa propre action n’engendre<br />
pas de conflit insurmontable avec<br />
ses propres valeurs déontologiques et ses<br />
convictions morales. Les discussions perpétuelles<br />
concernant les tendances à l’économisation,<br />
la commercialisation et la<br />
marchandisation de la prise en charge des<br />
patients mettent l’accent sur l’importance<br />
des questions de sens et de finalité en particulier<br />
également pour la relève médicale.<br />
La détresse morale conduit à des tensions<br />
émotionnelles considérables chez<br />
les personnes concernées. Celles-ci ne ressentent<br />
pas seulement leur action comme<br />
étant en contradiction avec leurs convictions<br />
personnelles. L’écart qui se creuse<br />
entre la propre volonté morale et l’action<br />
professionnelle effective qui leur est demandée<br />
est également considéré comme<br />
sans issue avec seulement un faible espoir<br />
de résolution possible. Personne n’aime<br />
vivre dans une incohérence permanente<br />
entre sa volonté morale et les obligations<br />
quotidiennes de la clinique.<br />
Dans un monde hospitalier de plus en<br />
plus encadré par la technologie numérique,<br />
un récit technicisant produit son effet,<br />
à savoir que les logiciels intelligents<br />
soutiennent toujours de manière efficace<br />
et économique le traitement axé sur le<br />
bien-être des patients. Mais le discernement<br />
du médecin ne suffit peut-être plus à<br />
évaluer, de manière suffisamment globale,<br />
la qualité des probabilités calculées par des<br />
algorithmes complexes lors des diagnostics,<br />
recommandations thérapeutiques et<br />
prédictions de guérison. Les patients ont<br />
de la peine à faire confiance à un médecin<br />
qui n’est pas à même de leur expliquer les<br />
résultats complexes calculés par les logiciels<br />
cliniques. Ce n’est pas sans raison que<br />
les fournisseurs de logiciels industriels<br />
considèrent la confiance humaine dans<br />
leurs nouvelles technologies comme une<br />
condition d’acceptation essentielle pour<br />
leur exploitation commerciale.<br />
Pas plus qu’un humain n’est que la<br />
somme de ses structures et processus biologiques<br />
représentés de manière mathématique<br />
et numérique (même si les<br />
concepts de jumeaux numériques veulent<br />
nous faire croire le contraire, quasiment<br />
comme une synthèse numérique cartésienne<br />
de l’humain), les médecins ne sont<br />
des ingénieurs spécialisés employés sur<br />
l’humain malade. De nombreux résultats<br />
d’évaluations scientifiques sur les logiciels<br />
d’IA utilisés dans le secteur de la santé<br />
mettent en évidence que le discernement<br />
des médecins est plus que jamais essentiel<br />
dans la médecine afin d’interroger de manière<br />
critique les possibilités et les limites<br />
de ces nouveaux outils de travail. Les personnes<br />
concernées vivent souvent la restriction<br />
de leur discernement comme une<br />
limitation pénible de leurs possibilités individuelles<br />
d’agir et de leur autonomie professionnelle<br />
et personnelle.<br />
Un discernement des médecins limité<br />
par des programmes cliniques d’IA peut<br />
non seulement être nuisible pour les patients<br />
dans le quotidien de la prise en<br />
charge mais également générer chez les<br />
médecins concernés le sentiment destructeur<br />
de leur propre (nouvelle) insuffisance<br />
et les faire considérablement douter d’euxmêmes.<br />
L’impossibilité professionnelle de<br />
tout savoir dans sa globalité tout en supportant<br />
l’attente de l’obligation de savoir<br />
devient un défi moral. Ne plus être en mesure<br />
de satisfaire à ses propres exigences<br />
tout en continuant malgré cela (ou en étant<br />
contraint de continuer) est un terreau fertile<br />
pour la détresse morale des médecins,<br />
mauvaise pour leur santé et leur performance.<br />
De même, à l’avenir, des phénomènes<br />
psychologiques tels que le syndrome<br />
de l’imposteur pourraient être de<br />
plus en plus fréquents.<br />
Economisation renforcée par<br />
l’industrialisation numérique?<br />
Les médecins praticiens cliniques sont<br />
non seulement des utilisateurs de nouvelles<br />
technologies dans la prise en charge<br />
des patients, mais au moins indirectement,<br />
aussi des développeurs de produit.<br />
Les nouveaux volumes de données générées<br />
par les traitements sont souvent utilisés<br />
pour continuer à développer le logiciel<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 47
Point de mire: Numérique<br />
utilisé. Chaque avancée du développement<br />
est finalement une importation des<br />
connaissances professionnelles sur le traitement<br />
vers les outils de travail créés de<br />
manière industrielle et commerciale. Estce<br />
que ce supplément de savoir du logiciel<br />
conduira à une baisse de l’obligation de<br />
savoir du côté du médecin?<br />
Dans une perspective plus large, en<br />
dehors de l’hôpital, le progrès de la technologie<br />
numérique provoque probablement<br />
des évolutions du rôle des médecins dans<br />
le secteur de la santé. L’importance future<br />
de la profession médicale pourrait en partie<br />
s’adapter au paradigme économique et<br />
industriel consistant à mettre à disposition<br />
des prestations de santé de manière techniquement<br />
efficace à l’aide de technologies<br />
médicales appropriées. Les énormes investissements<br />
dans les technologies de la santé<br />
revendiqueront à l’avenir leurs profits<br />
commerciaux. Un logiciel d’aide à la décision<br />
clinique est ainsi toujours aussi un<br />
«business case». Et pour ses fabricants<br />
commerciaux, cela représente une possibilité<br />
entrepreneuriale de générer des<br />
chiffres d’affaires et des bénéfices. A qui<br />
cela profite-t-il lorsque les missions traditionnelles<br />
des médecins sont limitées ou<br />
même réduites par des produits toujours<br />
plus «intelligents»? Des analyses des modèles<br />
de gestion de technologie numérique<br />
dans le secteur de la santé le montrent:<br />
à l’époque actuelle de la convergence technologique<br />
dans toutes les branches, le pouvoir<br />
du savoir, de la décision et de la gestion<br />
se déplace au profit des géants technologiques<br />
de l’économie privée commerciale<br />
et de leurs conglomérats. Reste à<br />
espérer que l’importance des définitions<br />
du cadre réglementaire et du discours<br />
éthique grandisse pareillement.<br />
Jusqu’à maintenant, les médecins<br />
observaient principalement les conséquences<br />
de l’économisation sur l’éthique<br />
de la prise en charge. A l’avenir, il s’agira<br />
également de réfléchir de manière critique<br />
aux tentatives de justification en faveur<br />
d’une économisation croissante des services<br />
de santé et de leur consolidation<br />
structurelle par des processus numériques<br />
d’industrialisation. L’utilisation de technologies<br />
numériques innovantes dans le<br />
traitement des malades devrait toujours<br />
entraîner l’amélioration prouvée de la qualité<br />
des processus de prise en charge. Une<br />
réflexion opportune des spécialistes expérimentés<br />
sur ce sujet pourrait éviter un futur<br />
stress moral aux médecins. Ou comme<br />
l’a un jour formulé le médecin lauréat du<br />
prix <strong>No</strong>bel Albert Schweitzer: «La chance<br />
ne sourit qu’aux esprits préparés.»<br />
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48<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 49
Point de mire: Numérique<br />
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et de règlements des affaires postales est soumis à de profonds<br />
questionnements suite à la survenue de la numérisation qui redéfinit tous<br />
les codes de l’utilité postale traditionnelle aux sociétés. D’ailleurs,<br />
à quoi servira encore la poste au XXI e siècle.<br />
Sébastien Richez, Docteur en histoire contemporaine, Comité pour l’histoire de La Poste<br />
C’est dans le dernier tiers du<br />
XIX e siècle, à l’heure où les nationalismes<br />
européens s’exacerbent<br />
et où les impérialismes<br />
s’opposent que naît l’une des plus anciennes<br />
assemblées internationales. A la<br />
suite de l’Union internationale des télécommunications,<br />
créée en 1865 et implantée<br />
à Genève, c’est autour d’un autre<br />
moyen de communication, plus ancestral,<br />
que les nations décident de se ressembler.<br />
L’Union Générale des Postes est instaurée<br />
en 1874 et fait place en 1876 à une Union<br />
postale universelle (UPU), siégeant à<br />
Berne cette fois, avec un nombre de pays<br />
accru, et des ambitions vouées à la facilitation<br />
des échanges.<br />
La poste nationale: un symbole<br />
de l’Etat<br />
Si le concert des nations met l’accent sur<br />
les postes pour le dialogue international,<br />
celui-ci ne découvre pas à l’occasion<br />
qu’elles sont des dimensions complexes<br />
d’une diplomatie beaucoup plus ancienne.<br />
Il faut dire que la chose postale remonte<br />
presque à la volonté des Hommes<br />
de faire société. Les empires antiques en<br />
Grèce ou autour de Rome, ceux beaucoup<br />
plus orientaux comme la Perse ou la Chine<br />
possédaient leur propre organisation postale<br />
à grande échelle, formes de protoposte<br />
réservées soit aux pouvoirs politiques intérieurs,<br />
ou ouvertes à tous ceux ayant les<br />
moyens alphabétiques et économiques de<br />
s’en servir. En Occident, d’autres utilisateurs<br />
créent leurs propres réseaux d’acheminement<br />
de messages comme les pouvoirs<br />
locaux ou régionaux par les villes ou<br />
provinces autonomes ou encore le monde<br />
religieux à travers les universités et les monastères.<br />
Sous l’Ancien Régime, les relations<br />
bilatérales des pays, de frontières à<br />
frontières, n’oublient pas les affaires postales<br />
comme les douanes au cœur des diplomaties.<br />
<strong>No</strong>mbreux sont en effet les traités<br />
postaux entre deux pays régissant les<br />
tarifs postaux.<br />
Au fil du temps, les administrations<br />
des postes se structurent quasiment<br />
toutes en administration d’Etat, inti mement<br />
au régalien et à la conduite des pays<br />
avec l’érection des Etats-nations au<br />
XIX e siècle. Système complexe com posé<br />
de pans d’activités de bureau, d’industrie<br />
et de commerce, elles sont au croisement,<br />
à la fois vectrices et amplificatrices, des<br />
progrès de l’alphabétisation jusqu’à la<br />
Première Guerre mondiale, des conséquences<br />
de la révolution industrielle dans<br />
le sillage de la vapeur, du rail et du télégraphe,<br />
d’une nouvelle étape dans la<br />
mondialisation des échanges et de l’essor<br />
des administrations impérialistes vers<br />
leurs colonies en Extrême-Orient ou en<br />
Afrique.<br />
<strong>No</strong>uvelles tâches et possibilités<br />
de paiement<br />
Sur la base d’une activité originelle essentiellement<br />
liée au transport du courrier –<br />
et parfois de voyageurs dans les mallesposte<br />
payant très cher le droit de circuler<br />
au haut trot ou au galop sur les routes –,<br />
les postes élargissent le panel de leurs services.<br />
La distribution du courrier se démocratise<br />
en Europe avant 1850; l’objet<br />
«courrier» s’enrichit de la poste restante<br />
ou de la lettre recommandée. Il accepte de<br />
plus en plus, comme catégorie postale<br />
complémentaire, les journaux, les échantillons<br />
et les papiers d’affaires. Certaines<br />
postes décident de se charger des paquets<br />
dans leurs frontières, quand d’autres les<br />
délaissent à l’initiative privée. Surtout, le<br />
timbre-poste vient inverser le sens du<br />
paiement du port de la lettre, passant du<br />
50<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire: Numérique<br />
Une profession d’avenir? La poste, autrefois pilier de l’Etat-nation, deviendra-t-elle une entreprise parmi d’autres?<br />
Et quelles seront ses tâches à l’avenir?<br />
Photo: Adobe Stock<br />
destinataire à l’expéditeur par l’affranchissement<br />
préalable. Il amène une<br />
double révolution: territoriale par l’uniformisation<br />
des territoires nationaux<br />
quant aux distances, et fiscale par une<br />
meilleure collecte du coût de l’acheminement.<br />
De plus, des prestations financières<br />
sont proposées aux usagers, du mandat-poste<br />
permettant la circulation de<br />
l’argent dématérialisé, aux comptes<br />
épargne ou de chèques. En France par<br />
exemple, le service public postal endosse<br />
ses caractéristiques juridiques en 1873.<br />
Quel avenir?<br />
Si le XX e siècle prolonge peu ou prou cet<br />
état de fait, la survenue du numérique<br />
vient questionner l’ambition de l’UPU de<br />
construire «un monde comme un seul territoire<br />
postal». Aux sujets des tarifs, taxes<br />
aériennes, de la normalisation du courrier,<br />
ou de circulation des fonds financiers,<br />
se sont ajoutées les conséquences<br />
de cette nouvelle technologie, dans le sillage<br />
de laquelle des entreprises privées<br />
actives à l’échelle mondiale font autant<br />
d’entrisme auprès de l’organisation<br />
qu’elles cherchent à torpiller les anciens<br />
opérateurs postaux.<br />
Se pose dorénavant la question de<br />
l’utilité de la poste, jadis valeur-étalon de<br />
la temporalité et de la matérialité des<br />
échanges. En France, la loi du 2 juillet 1990<br />
faisant évoluer le statut de La Poste d’une<br />
administration à une entreprise puis une<br />
société anonyme, a fixé des missions de<br />
service public qui semblent en voie d’obsolescence:<br />
le service universel du courrier,<br />
la contribution à l’aménagement du<br />
territoire, la distribution de la presse et<br />
l’accessibilité bancaire ne comptent que<br />
pour 20 % de ses recettes en 2022, quand<br />
80 % sont donc issues de services marchands,<br />
concurrentiels et diversifiés (services<br />
bancaires, colis, échanges numériques,<br />
logistique, services aux personnes,<br />
etc.). La question d’avenir sur l’utilité publique<br />
ou l’intérêt général de la poste, financés<br />
par la collectivité nationale, n’est<br />
pas renouvelée à l’aune des problématiques<br />
sociétales actuelles, alors que l’entreprise<br />
fait par ailleurs preuve d’audace<br />
dans sa diversification mercantile.<br />
A partir des années 1880, la Troisième<br />
République avait fait de La Poste un vecteur<br />
de citoyenneté grâce à la distribution<br />
de la presse pour diffuser une pluralité<br />
d’opinions, aux bureaux de poste accessibles<br />
pour s’informer et communiquer ...<br />
Les millenials sauront-ils trouver une<br />
autre utilité à la poste (ils l’utilisent parfois<br />
sans le savoir …), différente de celle<br />
dont ont profité les baby-boomers, alors<br />
qu’ils sont la première génération à ne<br />
plus en avoir cet usage traditionnel?<br />
Un des enjeux réside dans la façon<br />
dont les décideurs projetteront la poste<br />
comme continuatrice des liens entre les<br />
Hommes, entre et au sein de leurs différentes<br />
générations et de leurs territoires,<br />
dans un horizon instable à moyen terme.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 51
Perspectives<br />
Actualités de la médecine du voyage – prévention et suivi<br />
Les défis<br />
de la médecine<br />
du voyage<br />
Les frontières sont à nouveau ouvertes, l’envie de voyager est de retour.<br />
En revanche, la préparation minutieuse à un voyage dans une<br />
région à risque reste de mise. Et si des troubles apparaissent après le retour,<br />
il est vivement recommandé de consulter le spécialiste sans attendre.<br />
D r méd. Danielle Gyurech, PD Dr méd. Julian Schilling, Travel Clinic Zürich<br />
Un regard expert suffit parfois: la larva migrans est diagnostiquée par l’anamnèse et de visu. Le traitement est médicamenteux.<br />
Les mesures invasives sont inappropriées!<br />
Photo: màd<br />
52<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Dans notre travail quotidien au<br />
cabinet, nous voyons des personnes<br />
en bonne santé qui<br />
partent pour un périple,<br />
d’autres qui reviennent de voyage qui sont<br />
sérieusement atteintes, des cas relevant de<br />
la médecine générale après un voyage ainsi<br />
que des patients «normaux».<br />
Avant le départ<br />
La préparation du voyage porte généralement<br />
sur des thèmes tels que le paludisme et<br />
la protection contre les moustiques, les vaccinations<br />
et le contenu de la pharmacie de<br />
voyage.<br />
L’indication pour une prophylaxie antipaludique<br />
médicamenteuse dépend du<br />
risque d’être atteint de paludisme à Plasmodium<br />
falciparum et de la durée du voyage.<br />
Dans certaines régions d’Afrique, le risque<br />
est vingt fois plus élevé que dans de vastes<br />
régions de l’Asie du Sud-Est. De bonnes<br />
connaissances géographiques et l’information<br />
des voyageurs sur les itinéraires prévus<br />
(notamment l’altitude) facilitent la pose de<br />
l’indication. Le changement climatique représente<br />
aussi un défi, car le risque d’être<br />
atteint d’une maladie transmise par les<br />
moustiques risque de changer au cours des<br />
années à venir. Dans le cadre de la consultation,<br />
la protection appropriée contre les<br />
moustiques occupe une place importante,<br />
car les fièvres de dengue, de chikungunya et<br />
Zika continuent de se propager. La prophylaxie<br />
d’exposition par des vêtements imprégnés<br />
et un spray antimoustiques DEET à des<br />
concentrations de 40 à 50 % est toujours un<br />
sujet important.<br />
Les pénuries d’approvisionnement<br />
sont depuis longtemps un problème majeur<br />
pour différents vaccins et pour certains médicaments.<br />
La gestion des stocks incluant<br />
un inventaire hebdomadaire est donc essentielle<br />
dans la médecine des voyages. De plus<br />
en plus de cabinets médicaux, et depuis le<br />
COVID-19, de pharmacies proposent des<br />
vaccinations. Cette situation pose problème<br />
pour la médecine des voyages. La pose de<br />
l’indication pour la vaccination en fonction<br />
des itinéraires et de la durée du voyage est<br />
beaucoup plus complexe que l’on ne pourrait<br />
le penser. En conséquence, les erreurs<br />
sont fréquentes. Ceux qui pensent «Moi aussi,<br />
je peux faire un peu de médecine des<br />
voyages» se trompent.<br />
Le contenu de la pharmacie de voyage<br />
dépend du voyage prévu: plus la prise en<br />
charge médicale est mauvaise sur place,<br />
plus la pharmacie doit être complète. Il est<br />
important que les voyageurs puissent si possible<br />
se soigner eux-mêmes et ne dépendent<br />
pas de l’aide locale. La pharmacie comprendra<br />
par exemple un antibiotique à large<br />
spectre, une pommade antibiotique, une<br />
pommade efficace contre les démangeaisons<br />
ainsi que des doses uniques contre les<br />
cystites ou les mycoses vaginales. Sans oublier<br />
les moustiquaires qui seront de préférence<br />
carrées plutôt qu’en forme de tente.<br />
Pour ne pas devoir jeter quotidiennement<br />
les bouteilles PET, nous recommandons aux<br />
voyageurs d’emporter un filtre à eau.<br />
Après le retour<br />
Au retour, les voyageurs souffrent le plus souvent<br />
de troubles gastro-intestinaux qui disparaissent<br />
généralement spontanément.<br />
Dans le cas contraire, les patients nous consultent<br />
généralement après avoir effectué du<br />
tourisme médical à large échelle. Souvent, ils<br />
viennent après plusieurs con sul tations chez<br />
le médecin de famille en nous amenant des<br />
rapports TDM, IRM ou de coloscopies, alors<br />
que le diagnostic différentiel aurait déjà souvent<br />
pu être posé dans le cadre de l’anamnèse.<br />
En effet, quelques analyses de selles et/ou de<br />
laboratoire suffisent par exemple pour<br />
confirmer un cas suspecté de protozoaires ou<br />
helminthes et le traiter. Le plus important est<br />
de ne pas bricoler et d’envoyer le patient directement<br />
chez le spécialiste.<br />
En cas de fièvre après un voyage sans<br />
prophylaxie antipaludique dans une région<br />
à risque, elle doit être éclaircie de toute urgence!<br />
Même si le voyage remonte à un certain<br />
temps déjà. L’essentiel est de ne pas<br />
perdre de temps. Comme les frontières ont<br />
été rouvertes et que l’on peut voyager librement,<br />
les cas de paludisme et de dengue<br />
augmentent à nouveau. Cette éventualité ne<br />
doit pas être négligée, même si la fièvre s’accompagne<br />
d’un refroidissement. Attention:<br />
la plupart des cabinets médicaux n’ont pas<br />
de tests rapides en stock.<br />
Les problèmes dermatologiques figurent<br />
aussi parmi les questions fréquemment<br />
soulevées par les voyageurs. Il s’agit<br />
d’identifier les pathologies, que l’on ne découvre<br />
souvent qu’à un stade avancé dans<br />
les pays en développement, sur la base<br />
d’une présentation pathognomonique et de<br />
les traiter rapidement. Les puces chiques<br />
provoquent par exemple de très fortes démangeaisons<br />
qui peuvent durer plusieurs<br />
jours, ce qui est un motif de consultation<br />
fréquent après un voyage. Parfois, de nouvelles<br />
efflorescences n’apparaissent que<br />
plusieurs jours après l’exposition, ce qui incite<br />
les patients à penser que des puces se<br />
promènent sur leurs vêtements ou dans le<br />
lit. Les répulsifs habituels sont hélas inefficaces<br />
pour la prévention.<br />
La larva migrans est provoquée par des<br />
larves d’un parasite (ankylostome) chez les<br />
chiens et les chats. Ici, un simple regard suffit<br />
pour poser le diagnostic. L’application<br />
d’une pommade au mébendazole ou thiabendazole<br />
permet de traiter l’affection.<br />
Pourtant, ces deux produits thérapeutiques<br />
sont difficiles à obtenir. Si un traitement systémique<br />
s’avère nécessaire, l’ivermectine<br />
sera le premier choix ou alors l’albendazole.<br />
CAVE: cryothérapie ou autres mesures invasives!<br />
Comme pour la myiase, l’élimination<br />
chirurgicale de l’agent pathogène est considérée<br />
comme une erreur médicale.<br />
Outre le coup de soleil, les punaises, les<br />
dermatites allergiques, la gale ou la myiase,<br />
il y a parfois des diagnostics rares: un jeune<br />
homme s’est dernièrement présenté au cabinet<br />
pour un deuxième avis. Le service dermatologique<br />
d’une clinique n’avait pas été<br />
en mesure de diagnostiquer de visu une leishmaniose,<br />
ce qui avait provoqué un retard<br />
important dans la prise en charge.<br />
Maladies non liées aux voyages<br />
Il n’est pas rare qu’après un voyage, les patients<br />
souffrent de troubles généraux dont<br />
ils pensent qu’ils sont dus au voyage. D’une<br />
manière générale, il est important de garder<br />
la vue d’ensemble. Les carcinomes se manifestent<br />
par exemple souvent de manière atypique.<br />
Une anamnèse détaillée reste une<br />
fois de plus essentielle, car un diagnostic<br />
précoce peut être décisif pour le pronostic.<br />
Les maladies cardiovasculaires sont également<br />
fréquentes. Ainsi, une plongeuse<br />
ayant effectué plus de 1000 plongées a voulu<br />
ramener sa bouteille sur le bateau après une<br />
plongée et a fait une syncope. Lors d’un examen<br />
d’aptitude à la plongée, on a suspecté,<br />
lors de l’auscultation, que la patiente souffrait<br />
d’un foramen ovale perméable. Tous<br />
les médecins l’ayant examinée auparavant<br />
ne l’avaient pas décelé. Ce problème hémodynamique<br />
a pu être traité par la fermeture<br />
au moyen d’un disque.<br />
L’anamnèse correcte et la maîtrise des<br />
techniques d’examen manuelles en se servant<br />
des mains, des oreilles, de l’odorat et<br />
des yeux restent fondamentales non seulement<br />
dans la médecine des voyages, mais<br />
dans la médecine en général. Chez les jeunes<br />
collègues, nous sommes souvent surpris de<br />
voir que ces aptitudes sont remplacées par<br />
un diagnostic au moyen d’appareils qui<br />
s’avère souvent superflu. La collaboration<br />
interdisciplinaire et l’entretien d’un large<br />
réseau sont deux autres points essentiels à<br />
observer. Le vieil adage «à chacun son métier»<br />
reste donc plus que jamais d’actualité.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 53
Perspectives<br />
Aus der «Praxis»*<br />
Tendinopathien –<br />
häufige Diagnosen in<br />
der Handchirurgie<br />
Inga S. Besmens, Florian S. Frueh, Esin Rothenfluh, Marco Guidi und Maurizio Calcagni<br />
Klinik für Plastische Chirurgie und Handchirurgie, Universitätsspital Zürich, Zürich<br />
* Der Artikel erschien ursprünglich<br />
in der «Praxis» (2021); 110 (12): 667–672.<br />
Abbildung 1. Finkelstein-Test: Die Patientin / der<br />
Patient schliesst die Faust über ihrem / seinem<br />
Daumen, passive Ulnarduktion durch die<br />
untersuchende Person versursacht Schmerzen<br />
im Bereich des 1. Strecksehnenfachs.<br />
Abbildung 2. Das 1. Strecksehnenfach liegt<br />
am weitesten radial. Es führt die Sehnen des<br />
Musculus abductor pollicis longus (APL) und<br />
des Musculus extensor pollicis brevis. Der APL<br />
hat häufig mehrere Sehnenstreifen, manchmal<br />
ist das Fach zudem durch ein (fibro-) ossäres<br />
Septum unterteilt, das APL- und EPB-Sehne<br />
räumlich trennt.<br />
Abbildung 3. Circa 4 cm proximal des Lister<br />
Tuberkels kreuzen die Sehnen des 1. SSF<br />
(Abductor pollicis longus, Extensor pollicis<br />
brevis) diejenigen des 2. SSF (Extensor carpi<br />
radialis longus et brevis).<br />
Schmerzhafte Erkrankungen der<br />
Sehnen an Handgelenk und<br />
Hand werden unter dem Oberbegriff<br />
«Tendinopathien» zusammengefasst<br />
und sind einer der häufigsten<br />
Gründe für das Aufsuchen einer Handchirurgin<br />
oder eines Handchirurgen. Tendinopathien<br />
können in jeder Sehne auftreten,<br />
oft in der Nähe des Ansatzes oder<br />
an anatomischen Engstellen. Repetitive<br />
Belastungen stehen in einem direkten<br />
Zusammenhang mit der Ausbildung von<br />
Tendinopathien [1]. Die Diagnose der Erkrankungen<br />
aus diesem Formenkreis<br />
kann in aller Regel klinisch gestellt werden<br />
[2]. Eine ergänzende Ultraschalluntersuchung<br />
objektiviert das Krankheitsbild<br />
für Handchirurg / in und Pati ent/in [3]. Der<br />
pathophysiologische Hintergrund dieser<br />
Erkrankungen kann viel fältig sein und<br />
reicht von «Überbeanspruchung» bis zu<br />
rheumatologischen Krankheitsbildern wie<br />
rheumatoider Arthritis, Gicht oder CPPD<br />
(Chondrokalzinose). Die meisten die ser<br />
Erkrankungen sprechen auf eine nichtoperative<br />
Behandlung an im Sinn einer<br />
Aktivitätsmodifikation, entzündungshemmenden<br />
Medikamenten, Handtherapie<br />
und Kortikosteroidinjek tionen [4]. Wenn<br />
die Symptome trotz Ausschöpfen der konservativen<br />
Massnahmen persistieren, ist<br />
zum Teil eine operative Therapie indiziert.<br />
Diese Operationen können typischerweise<br />
im ambulanten Rahmen unter WALANT<br />
(Wide Awake Local Anesthesia no Tourniquet)<br />
oder Lokalanästhesie durchgeführt<br />
werden. Je nach Ausdehnung des<br />
Befundes kann zudem postoperativ Handtherapie<br />
hilfreich für eine rasche Abheilung<br />
sein.<br />
Im Anschluss stellen wir ohne Anspruch<br />
auf Vollständigkeit häufige Erkrankungen<br />
aus diesem Formenkreis vor, mit<br />
denen wir in unserem handchirurgischen<br />
Alltag regelmässig konfrontiert sind.<br />
Tendovaginitis de Quervain<br />
Die Tendovaginitis de Quervain wurde<br />
erstmalig 1895 von dem Berner Chirurgen<br />
Fritz de Quervain beschrieben [5]. 35 Jahre<br />
später publizierte auch der Deutsche<br />
Heinrich Finkelstein eine Fallserie und<br />
beschrieb den klinischen Test zur Diagnosestellung<br />
der Tendovaginitis de Quervain,<br />
der auch heute noch nach dem Namensgeber<br />
als Finkelstein-Test zum Einsatz<br />
kommt (Abbildung 1) [6].<br />
Ausgelöst wird die Erkrankung durch<br />
eine Irritation der Sehnen des 1. SSF<br />
(Strecksehnenfachs) APL und EPB (Abductor<br />
pollicis longus und Extensor pollicis<br />
brevis) (Abbildung 2). Lokale Reibung<br />
in dem osteofibrösen Kanal des 1. SSF<br />
führt zu einer Schwellung und Induration<br />
des Retinaculum extensorum, welches<br />
das 1. SSF bedeckt, und einer lokalen Tenosynovitis<br />
um die genannten Sehnen.<br />
Durch die genannte Volumenzunahme<br />
am und im 1. SSF kommt es zu vermehrter<br />
Reibung. Der Prozess ist somit selbstverstärkend<br />
und die funktionelle Beeinträchtigung<br />
ist sekundär auf das gestörte<br />
Gleiten von APL und EPB innerhalb des<br />
verengten fibro-ossären Kanals zurückzuführen,<br />
was zu Schmerzen und ver<br />
54<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Abbildung 4. Die Sehne des Musculus extensor pollicis longus läuft allein<br />
durch das vergleichsweise lang osteofibrös geführte 3. Strecksehnenfach<br />
ulnar des Tuberculum listeri.<br />
Abbildung 5. Im 4. Strecksehnenfach liegen die Sehnen des Musculus<br />
extensor digitorum und des Musculus extensor indices.<br />
minderter Bewegung führt [7]. Bestimmte<br />
anatomische Voraussetzungen können<br />
zudem die Entstehung einer Tendovaginitis<br />
de Quervain begünstigen. Bahm et al.<br />
beschrieben bei 60 % ihrer Patientinnen<br />
und Patienten eine Septierung des 1. SSF<br />
durch ein zusätzliches Septum [8]. Klinisch<br />
präsentiert sich die Tendovaginitis<br />
de Quervain üblicherweise mit Schmerzen<br />
über dem radialseitigen Handgelenk,<br />
verstärkt bei (belasteter) Exkursion des<br />
Daumens. Der Finkelstein-Test ist in der<br />
Regel positiv. Die Diagnose kann ergänzend<br />
durch eine Ultraschallbildgebung<br />
gesichert werden. Bei einer akuten Entzündung<br />
findet sich hier ein vermehrtes<br />
Dopplersignal, und proximal und distal<br />
des osteofibrösen Kanals können häufig<br />
Flüssigkeitskollektionen oder synovialitisches<br />
Gleitgewebe dargestellt werden [9].<br />
Die Behandlung erfolgt initial konservativ.<br />
Hier kommen Entlastung, Schienenruhigstellung,<br />
Handtherapie, nichtsteroidale<br />
Antirheumatika (NSAIDs) und /<br />
oder Kortikosteroidinjektionen in das<br />
1. Strecksehnenfach zum Einsatz [10]. Die<br />
Steroid injektionen erfolgen idealerweise<br />
Ultraschall-gestützt. Bei einem Scheitern<br />
der konservativen Massnahmen sollte eine<br />
Dekompression des 1. erfolgen, wobei<br />
je nach Präferenz der Operateurin / des<br />
Operateurs eine ein fache Eröffnung desselben<br />
oder aber eine Erweiterungsplastik<br />
durchgeführt werden kann. Diese schützt<br />
vor dem Risiko des postoperativen Luxierens<br />
der Sehnen aus dem 1. SSF bei Exkursion<br />
im Handgelenk. Bei beiden Operationsverfahren<br />
ist zwingend auf eine Schonung<br />
der Äste des Ramus super ficialis n.<br />
radialis zu achten sowie auf die vollständige<br />
Er öffnung eines möglicherweise<br />
separat angelegten EPB-Fachs. Auch im<br />
postoperativen Verlauf kann eine handtherapeutische<br />
Anbindung sinnvoll sein.<br />
Intersektionssyndrom<br />
Das Intersektionssyndrom ist gekennzeichnet<br />
durch radialseitige Handgelenksschmerzen,<br />
Schwellung, Druckempfindlichkeit<br />
und zum Teil ein Krepitieren<br />
ca. 4 cm proximal des Lister-Tuberkels<br />
(Abbildung 3). In diesem Bereich nämlich<br />
kreuzen die Sehnen des 1. SSF (APL und<br />
EPB) diejenigen des 2. SSF (Extensor carpi<br />
radialis longus et brevis) [11]. Das Syndrom<br />
ist typischerweise die Folge von repetitiven<br />
Tätigkeiten und kann so zum Beispiel<br />
bei Rudererinnen und Ruderern oder<br />
Tennisspielerinnen und Tennisspielern<br />
beobachtet werden [12]. Es handelt sich<br />
um eine klinische Diagnose. Neben den<br />
oben genannten Symptomen wird die<br />
Pronation gegen Widerstand typischerweise<br />
als schmerzhaft empfunden. Auch<br />
dieses Krankheitsbild kann durch eine<br />
fokussierte Ultraschalluntersuchung bestätigt<br />
werden. Hier findet sich klassisch<br />
ein peritendinöses Ödem und eine lokalisierte<br />
Synovialitis innerhalb der Sehnenscheiden<br />
am Kreuzungspunkt zwischen<br />
dem 1. und dem 2. SSF, mit Verlust der<br />
hyperechogenen Ebene zwischen den<br />
beiden Sehnengruppen [13]. Die Behandlung<br />
umfasst eine Kombination aus Aktivitätsmodifikation,<br />
vorüber gehender Ruhigstellung,<br />
Dehnungsübungen und entzündungshemmenden<br />
Medikamenten. In<br />
hartnäckigen Fällen können Steroidinjektionen<br />
in die Sehnenscheide des 2. SSF loco<br />
dolenti infiltriert werden [2].<br />
Extensor-pollicis-longus-<br />
Tenosynovitis<br />
Die Sehne des Musculus extensor pollicis<br />
longus läuft allein durch das vergleichsweise<br />
lang osteofibrös geführte 3. Strecksehnenfach<br />
ulnar des Tuberculum listeri<br />
(Abbildung 4). Eine Tendinitis oder Tendinose<br />
im 3. SSF ist selten und wird meist<br />
in Verbindung mit einer rheumatischen<br />
Erkrankung beobachtet [14]. Sehnenrupturen<br />
bei dieser Erkrankung sind vergleichsweise<br />
häufig, sodass die In dikation<br />
zur operativen Dekompression des 3. SSF<br />
und Vorverlagerung der Extensor-pollicis-longus(EPL)-Sehne<br />
grosszügig gestellt<br />
werden sollte. Bei Vorstellung klagen die<br />
Betroffenen über Schmerzen bei aktiver<br />
oder passiver Daumenexkursion und eine<br />
lokalisierte Schwellung sowie gegebenenfalls<br />
ein Krepitieren unmittelbar distal des<br />
Lister-Tuberkels. An dieser Lokalisation<br />
besteht nur eine eingeschränkte Durchblutung<br />
der EPL-Sehne; sie ist damit hier<br />
potenziell anfällig für ischämische Rupturen<br />
[15].<br />
Tenosynovitis des<br />
4. Streck sehnenfachs<br />
Die Tenosynovitis des 4. SSF ist häufig bei<br />
Personen mit rheumatoider Arthritis, sie<br />
kann allerdings auch ohne diese Grunderkrankung<br />
auftreten [16]. Die Betroffenen<br />
haben Schmerzen über dem 4. SSF sowie<br />
eine lokalisierte Druckdolenz und Schwellung<br />
(Abbildung 5). Die forcierte Extension<br />
des Handgelenks kann durch ein Im<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 55
Perspectives<br />
pingement der Sehnen zu einer Schmerzexazerbation<br />
führen [4]. Die Therapie der<br />
Tenosynovitis des 4. SSF schliesst primär<br />
die üblichen konservativen Massnahmen<br />
wie Entlastung, Schienen ruhigstellung,<br />
lokal antiphlogistische Massnahmen und<br />
NSAIDs ein. Bei Beschwerdepersistenz<br />
kann die Therapie mit Steroidinjektionen<br />
eskaliert werden. Bei einem Scheitern der<br />
konservativen Massnahmen muss stets<br />
ein mechanischer Auslöser zum Beispiel<br />
durch anatomische Varianten ausgeschlossen<br />
werden [17]. Analog kann dann<br />
die chirurgische Therapie unter Behebung<br />
der Ursache und verbunden mit einer Syno<br />
vektomie erfolgen [18].<br />
Extensor-carpi-ulnaris-<br />
Tendinopathien<br />
Die Extensor-carpi-ulnaris(ECU)-Tendi no <br />
pathie ist einer der möglichen Gründe für<br />
ulnarseitige Handgelenkschmerzen (Abbildung<br />
6) [19]. Bestimmte Sportarten wie<br />
zum Beispiel Tennis können die Entstehung<br />
der Erkrankung begünstigen [15]. Die<br />
Erkrankten beklagen üblicherweise eine<br />
Schmerzhaftigkeit im Verlauf der ECU-<br />
Sehnen scheide und Schmerzen oder auch<br />
Schwäche bei Hand gelenksextension und<br />
Ulnardeviation gegen Widerstand. Das<br />
von Ruland und Hogan beschriebene<br />
ECU-Synergie-Manöver kann helfen, ECU<br />
Beschwerden von intra artikulären Problematiken<br />
abzugrenzen (Abbildung 7) [20].<br />
Die Behandlung erfolgt primär konservativ<br />
durch Aktivitäts modifikation, NSAIDs,<br />
Entlastung und eine kurzfristige Ruhigstellung<br />
des Handgelenks. Eskalierend<br />
ist eine diagnostische/therapeutische Steroidinfiltration<br />
in die ECU-Sehnenscheide<br />
möglich. Therapierefraktäre Befunde können<br />
einer operativen Revision zugeführt<br />
werden. Diese erfolgt im Sinn eines Längszugangs<br />
mittig über dem 6. SSF unter<br />
Schonung des Ramus dorsalis n. ulnaris.<br />
Das 6. SSF wird exploriert, debridiert und<br />
Abbildung 6. Auf der Höhe des Ulnakopfes<br />
verläuft die ECU-Sehne durch einen fibro-ossären<br />
Tunnel, dem 6. Streckerkompartiment. Zum<br />
Schutz gegen Reibung ist sie hier in eine<br />
Synovialmembran gehüllt.<br />
56<br />
Abbildung 7. ECU-Synergietest: Die Patientin / der Patient stützt den Ellbogen in 90°-Flexion<br />
und voller Supination auf dem Untersuchungstisch ab. Das Handgelenk wird in neutraler Position<br />
gehalten, die Finger sind voll gestreckt. Die untersuchende Person fasst mit ihrer Hand den Daumen<br />
und die Langfiger der Patientin / des Patienten und palpiert mit der anderen Hand die ECU-Sehne.<br />
Die untersuchte Person abduziert dann den Daumen radial gegen Widerstand. Die Kontraktion<br />
sowohl des Flexor-carpi-ulnaris(FCU)- als auch des ECU-Muskels kann durch direkte Palpation<br />
bestätigt werden. Schmerzen entlang des dorso-ulnaren Aspekts des Handgelenks werden als<br />
positiver Test für eine ECU-Sehnenentzündung bewertet.<br />
Zusammenfassung<br />
Tendinopathien sind einer der häufigsten Gründe für das Aufsuchen einer Handchirurgin<br />
oder eines Handchirurgen. Die Diagnose der Erkrankungen aus diesem Formenkreis<br />
kann in aller Regel klinisch gestellt werden. Eine ergänzende Ultraschalluntersuchung<br />
hilft das Krankheitsbild zu objektivieren. Die meisten dieser Erkrankungen sprechen auf<br />
eine nicht-operative Behandlung an. Falls doch eine operative Behandlung nötig wird,<br />
kann diese in der Regel ambulant unter Lokalanästhesie erfolgen. Dieser Artikel gibt eine<br />
Übersicht über die häufigsten Tendinopathien an Hand und Handgelenk, ihre Diagnostik<br />
und Therapie.<br />
Schlüsselwörter: Handchirurgie, Tendinopathie, Sehnenscheidenentzündung, Ultraschall<br />
Abstract: Tendinopathies – Common Diagnoses<br />
in Hand Surgery<br />
Tendinopathies are among the most frequent reasons for consulting a hand surgeon. The<br />
diagnosis can usually be made clinically. A supplementary ultrasound examination helps<br />
to visualize the pathology. Most of these diseases respond to non-surgical treatment. If<br />
surgical treatment is necessary, it can usually be performed as an outpatient procedure<br />
under local anesthesia. This article provides an overview of the most common tendinopathies<br />
of the hand and wrist, their diagnosis and treatment.<br />
Keywords: Hand surgery, tendinopathies, tenosynovitis, ultrasound<br />
Résumé<br />
Les tendinopathies sont l’un des motifs les plus fréquents de consultation d’un chirurgien<br />
de la main. Le diagnostic des maladies de ce groupe peut généralement être établi cliniquement.<br />
Un examen échographique complémentaire permet d’objectiver le tableau<br />
clinique. La plupart de ces maladies répondent à un traitement non chirurgical. Si un<br />
traitement chirurgical est nécessaire, il peut généralement être effectué en ambulatoire<br />
sous anesthésie locale. Cet article donne un aperçu des tendinopathies les plus courantes<br />
de la main et du poignet, de leur diagnostic et de leur traitement.<br />
Mots-clés: Chirurgie de la main, tendovaginite, ténosynovite, échographie<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
die Sehne synovektomiert. Studien konnten<br />
zeigen, dass ein Wiederverschluss des<br />
Retinaculums über der ECU-Sehne nicht<br />
mit einem erhöhten Instabilitätsrisiko<br />
oder Subluxationen einhergeht [21]. Unserer<br />
Meinung nach sollte intraoperativ eine<br />
klinische Prüfung im Hinblick auf die<br />
Subluxationstendenz der ECU-Sehne erfolgen<br />
und im Zweifel eine Rekonstruktion<br />
des Dachs des 6. Strecksehnenfachs<br />
er folgen.<br />
Flexor-carpi-radialis-<br />
Tendinopathien<br />
Die distale Insertions-nahe Anatomie der<br />
Flexor-carpi-radialis(FCR)-Sehne begünstigt<br />
aus mechanischen Gegebenheiten die<br />
Ausbildung eines lokalen Reizzustands.<br />
Die Sehne tritt am proximalen Rand des<br />
Trapeziums in einen osteofibrösen Kanal<br />
ein und ist vom Karpaltunnel durch ein<br />
derbes Septum getrennt, das an seinem<br />
distalen Rand als Umlenkpunkt für den<br />
M. flexor pollicis longus fungiert. Innerhalb<br />
des Tunnels nimmt die FCR-Sehne<br />
90 % des verfügbaren Raums ein und steht<br />
in direktem Kontakt mit der leicht aufgerauten<br />
Oberfläche des Trapeziums [22].<br />
De generative Veränderungen in den angrenzenden<br />
Gelenken inklusive Carpometacarpal(CMC)-1-und<br />
Scapho-Trapezio<br />
Trapezoidal(STT)-Gelenk können eine<br />
Affek tion der Sehne bedingen [23]. Die<br />
Betroffenen beklagen Schmerzen im<br />
radiopalmaren Handgelenk, oft verbunden<br />
mit einer lokalen Schwellung (Abbildung<br />
8). Die belastete Flexion im Handgelenk<br />
insbesondere in Radialduktion<br />
verstärkt die Schmerzen. Differenzialdiagnostisch<br />
muss bei diesem Krankheitsbild<br />
bei Fehlen eines auslösenden Traumas<br />
vor allem an Ganglien und degenerative<br />
Veränderungen im Daumensattelgelenk<br />
oder STT-Gelenk gedacht werden, wobei<br />
die beiden Letztgenannten gleichzeitig<br />
Auslöser der FCR-Tendinopathie sein<br />
können. Eine fokussierte Ultraschalluntersuchung<br />
gibt hier rasch diagnostische<br />
Sicherheit. Die konventionell-radiologische<br />
Bildgebung kann zudem das Ausmass<br />
von etwaigen degenerativen Veränderungen<br />
quantifizieren. Auch bei dieser<br />
Tendinopathie kommen therapeutisch<br />
primär die üblichen konservativen Massnahmen<br />
zum Einsatz. Steroid infil trationen<br />
sind möglich, es muss aber beachtet<br />
werden, dass diese eine Sehnenruptur<br />
auslösen können. Die Sehnenruptur geht<br />
typischerweise mit einer relevanten Beschwerdelinderung<br />
einher, das funktionelle<br />
Defizit ist meist gering [4].<br />
Abbildung 8. Der Musculus flexor carpi radialis<br />
verläuft in einer langen Sehne schräg über die<br />
Ulna zum radialseitigen Handgelenk. Die Sehne<br />
ist die radialste Sehne, die wir proximal des<br />
Handgelenks im Oberflächenrelief des Unterarms<br />
sehen. Die Sehne tritt am proximalen Rand<br />
des Trapeziums in einen fibrös-knöchernen<br />
Kanal ein und ist vom Karpaltunnel durch ein<br />
derbes Septum getrennt, das an seinem distalen<br />
Rand als Umlenkpunkt für den M. flexor pollicis<br />
longus fungiert. Sie setzt an der Basis des<br />
Metacarpale II an.<br />
Persistierende Beschwerden nach<br />
Ausschöpfung der konservativen Massnahmen<br />
können ein operatives Debridement<br />
rechtfertigen, insbesondere wenn<br />
die Röntgen bilder eine erhebliche ossäre<br />
Einengung des FCR-Kanals suggerieren.<br />
In diesen Fällen schützt die frühzeitige<br />
Dekompression vor einer Sehnenruptur<br />
[24].<br />
Tendovaginitis stenosans<br />
Die Tendovaginitis stenosans, der Triggerfinger,<br />
ist die häufigste Sehnenpathologie<br />
an der Hand. Sie betrifft etwa 2 % der Bevölkerung<br />
[25], wobei Frauen ein 2- bis<br />
6-fach höheres Erkrankungsrisiko haben<br />
[26]. Am häufigsten sind Daumen und<br />
Key messages<br />
– Tendinopathien sind häufig.<br />
– Die Diagnose kann in aller Regel<br />
klinisch gestellt werden.<br />
– Ultraschalluntersuchungen<br />
helfen, die Erkrankung zu<br />
objektivieren.<br />
– In der Regel sollte primär eine<br />
nicht-operative Behandlung<br />
erfolgen.<br />
– Falls eine operative Behandlung<br />
nötig wird, kann diese in der<br />
Regel ambulant in Lokalanästhesie<br />
erfolgen.<br />
Abbildung 9. Auf der Höhe des Ulnakopfes<br />
verläuft die ECU-Sehne durch einen fibro-ossären<br />
Tunnel, dem 6. Streckerkompartiment. Zum<br />
Schutz gegen Reibung ist sie hier in eine<br />
Synovialmembran gehüllt.<br />
Ringfinger betroffen [27]. Überlastung,<br />
Trauma, Diabetes und das gleichzeitige<br />
Vorhandensein eines Karpaltunnelsyndroms<br />
sind allesamt Risikofaktoren für<br />
die Entwicklung einer Tendovaginitis stenosans<br />
[28]. Verän derungen sowohl im<br />
A1-Ringband als auch an Flexor- digi torum-superficialis<br />
(FDS)- und Flexor-digitorum-profundus(FDP)-Sehnen<br />
führen zu<br />
dem relativen Engnis, die der Erkrankung<br />
zugrunde liegt. Die Betroffenen beklagen<br />
Schmerzen über dem A1-Ringband, zum<br />
Teil verbunden mit lokaler Schwellung<br />
und einem Krepitieren bei Exkursion des<br />
Fingers (Abbildung 9). Das sogenannte<br />
Triggern oder Schnappen des Fingers entsteht<br />
bei der Beugung des Fingers, wenn<br />
lokal Volumen-vergrösserte Beugesehnen<br />
an der spezifischen anatomischen Region<br />
der FDS-Bifurkation auf das verdickte<br />
A1-Ringband treffen und hier anstehen<br />
[29]. Der akute Triggerfinger kann mit lokaler<br />
Ruhigstellung, Kühlung und NSAIDs<br />
behandelt werden. Bei bleibenden Beschwerden<br />
sollte eine Steroidinfiltration<br />
im Bereich des A1-Ringbands erfolgen<br />
[30]. Innerhalb eines Nachbehandlungszeitraums<br />
von sechs Monaten sehen wir<br />
eine Erfolgsrate von 57 % nach einer einzi<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 57
Perspectives<br />
gen Injektion und von 86 % nach einer<br />
zweiten Injektion [31]. Bei Beschwerdepersistenz<br />
nach zweimaliger Steroidinfiltration<br />
ist die offene Spaltung des A1-Ringbands<br />
der Goldstandard mit einer Erfolgsrate<br />
von 99 % [32].<br />
Im Artikel verwendete Abkürzungen<br />
APL Abductor pollicis longus<br />
ECU Extensor carpi ulnaris<br />
EPB Extensor pollicis brevis<br />
EPL Extensor pollicis longus<br />
FCR Flexor carpi radialis<br />
FDS Flexor digitorum superficialis<br />
NSAIDs Nichtsteroidale Antirheumatika<br />
SSF Strecksehnenfach<br />
STT Scapho-trapezio-trapezoidal<br />
Historie<br />
Manuskript akzeptiert: 18.06.2021<br />
Interessenskonflikte<br />
Es bestehen keine Interessenskonflikte.<br />
Dr. med. Inga Besmens<br />
Klinik für Plastische Chirurgie und<br />
Handchirurgie<br />
Universitätsspital Zürich<br />
Rämistrasse 100<br />
8091 Zürich<br />
inga.besmens@usz.ch<br />
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58<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Le lieu particulier<br />
Entre le ciel et l’Aar<br />
Bianca Molnar, membre de la rédaction du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong><br />
Photo: màd<br />
Lorsque je suis arrivée à Berne<br />
pour la première fois, je ne<br />
savais pas où se trouvait le<br />
centre-ville. Depuis la gare,<br />
j’ai tourné à gauche, puis j’ai rebroussé<br />
chemin et pris le bus en direction de<br />
l’Hôpital de l’Ile. Mon premier entretien<br />
d’embauche s’est déroulé de manière<br />
très spontanée, on m’a dit de «passer sans<br />
autre» et, une fois sur place, de prévenir<br />
le secrétariat. Je suis ensuite allée à la<br />
découverte de la ville de Berne, mais je<br />
l’ai trouvée un peu ennuyeuse. En somme,<br />
ni la ville ni le poste ne m’emballaient.<br />
Mais au cours des mois suivants, j’ai<br />
commencé à penser que je pourrais me<br />
sentir bien ici, que cette ville à taille<br />
humaine me servirait de tremplin vers ma<br />
vie d’adulte.<br />
Ma candidature et l’embauche qui a<br />
suivi remontent maintenant à douze ans.<br />
Je ne sais plus quand j’ai découvert la<br />
Münsterplattform. Mais je me souviens<br />
d’un moment où j’étais assise là et où<br />
j’ai senti que j’étais au bon endroit.<br />
En été, la plateforme – également<br />
surnommée «Platte» ou «Pläfe» – est un<br />
lieu de retraite idéal loin de l’agitation<br />
de la ville: derrière les portes en fonte,<br />
le vent bruisse à travers les cimes verdoyantes<br />
des arbres, les boules de pétanque<br />
roulent sur le gravier, étincellent<br />
au soleil et s’entrechoquent dans un<br />
puissant «clac», animé de discussions<br />
feutrées sur l’issue de la partie. Des<br />
hommes, pour la plupart torses nus,<br />
font rebondir des balles de ping-pong<br />
avec désinvolture tout en discutant du<br />
quotidien de leurs voix fortes. On entend<br />
au loin le clic d’une canette de bière.<br />
J’aime m’asseoir sur un banc avec<br />
un livre, enlever mes sandales et sentir<br />
la pelouse sous mes pieds, délicatement<br />
chauffée par le soleil, en sirotant un<br />
Aperol Spritz du kiosque «Einstein au<br />
jardin». Puis je laisse mon esprit vagabonder.<br />
Les sons fusent de toutes parts,<br />
le grondement de l’Aar loin en contrebas<br />
du Schwellenmätteli se mêle aux discussions<br />
et aux rires des adultes, les cris<br />
amusés des enfants se répandent avec,<br />
en écho, le coup retentissant de la<br />
cloche de la cathédrale.<br />
On oublie alors que cet endroit était<br />
un cimetière il y a des centaines d’années.<br />
Aujourd’hui, on y célèbre la vie, encore<br />
plus depuis qu’un stand de grillades<br />
grecques s’y est installé il y a quelques<br />
années.<br />
Il a également servi de décor à une<br />
scène du film «Dällebach Kari» de 1970,<br />
où Kari et son amour de jeunesse Annemarie<br />
sont assis sur l’un des bancs et<br />
parlent de l’avenir. Le nombre d’années<br />
qui se sont écoulées depuis est inscrit<br />
sur l’arbre à côté du banc.<br />
J’y ai également créé de nombreux<br />
souvenirs, marqués par des rires et des<br />
discussions interminables entre amis,<br />
des soirées à observer les étoiles et<br />
l’émergence de nouvelles idées. Mon<br />
histoire se mêle aux autres histoires que<br />
cet endroit a vu naître.<br />
Je suis pleinement satisfaite de mes<br />
débuts dans la «vraie vie». Et lorsque je<br />
fais la queue au kiosque et que l’Aar aux<br />
eaux turquoise semble littéralement<br />
remplir les cadres des fenêtres panoramiques,<br />
je me dis que j’adorerais me<br />
délecter de cette vue depuis le salon de<br />
mon prochain appartement.<br />
Bianca Molnar<br />
est membre de la<br />
rédaction du <strong>Journal</strong><br />
<strong>asmac</strong> depuis 2021.<br />
Après avoir travaillé en<br />
radiologie, en psychiatrie<br />
d’adultes, d’enfants<br />
et d’adolescents<br />
ainsi qu’en éthique médicale, elle a<br />
occupé en dernier lieu le poste de cheffe<br />
de clinique intérimaire en radiologie.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 59
mediservice<br />
Boîte aux lettres<br />
Escroquerie en ligne:<br />
trop bon pour être vrai<br />
Les fausses boutiques sont<br />
des sites web de vente mis en<br />
ligne à des fins frauduleuses.<br />
Il s’agit généralement de<br />
prétendus commerçants qui prennent<br />
des commandes, exigent un paiement<br />
d’avance et ne livrent pas le produit<br />
ou fournissent un article d’une qualité<br />
inférieure, par exemple une contrefaçon,<br />
au lieu de la marchandise initialement<br />
proposée.<br />
L’un des risques les plus courants<br />
lorsque l’on fait des achats en ligne est<br />
la perte directe d’argent. Cette perte<br />
se produit classiquement lorsque je paie<br />
quelque chose avant d’avoir reçu la<br />
contrepartie, en général la marchandise<br />
commandée. Les pertes d’argent indirectes<br />
surviennent lorsque les marchandises<br />
commandées ne correspondent<br />
pas à ce que l’on attendait, par exemple<br />
en cas d’erreur de livraison ou de<br />
livraison partielle, ou lorsque les marchandises<br />
sont défectueuses.<br />
Il y a une règle d’or: il faut se méfier<br />
des offres qui sont trop belles pour être<br />
vraies. Lorsqu’un produit est proposé sur<br />
un site web à un prix nettement inférieur<br />
à la moyenne du marché, il convient<br />
d’être prudent et de vérifier certaines<br />
données de cette boutique en ligne avant<br />
de passer commande.<br />
En outre, il faut examiner de plus<br />
près les photos des produits. Une boutique<br />
en ligne sérieuse attache une<br />
grande importance à la netteté et à la<br />
clarté des illustrations, généralement<br />
photographiées sous une même série.<br />
Il faut être prudent lorsque les photos<br />
des articles sont assemblées n’importe<br />
comment et de qualité variable.<br />
Enfin, méfiez-vous si la boutique en<br />
ligne n’accepte que les paiements<br />
d’avance par virement ou carte de crédit.<br />
Dans ce cas, mieux vaut vérifier les<br />
témoignages d’autres acheteurs.<br />
Comment reconnaître les boutiques<br />
en ligne frauduleuses?<br />
C’est très difficile, d’autant que les sites<br />
contrefaits ressemblent de plus en plus<br />
aux sites originaux. Cela dit, la vérification<br />
de certains points permet de déterminer<br />
la fiabilité d’une boutique:<br />
• Vérifier l’URL de la boutique:<br />
les escrocs inversent ou échangent<br />
souvent des lettres de manière si subtile<br />
que le consommateur les corrige<br />
automatiquement en les lisant,<br />
p. ex.: https://galaxius.ch/ ou https://<br />
amozon.fr/.<br />
• Les offres proposées sont-elles<br />
incroyablement avantageuses?<br />
En cas de doute, mieux vaut renoncer<br />
à cette «affaire en or»: le risque<br />
d’acheter des contrefaçons est bien<br />
trop élevé.<br />
• Le site web affiche-t-il des<br />
«Mentions légales»?<br />
Est-il possible d’identifier clairement<br />
le vendeur? Ses coordonnées sont-elles<br />
mentionnées sur le site? En Suisse,<br />
les pages Internet des boutiques en<br />
ligne doivent comporter des données<br />
de contact en plus de l’impressum.<br />
• Parcourir les conditions générales:<br />
faites l’effort de lire les petits caractères,<br />
au moins pour connaître les modalités<br />
de retour, les délais de livraison, etc.<br />
Si les informations ne sont pas claires,<br />
lâchez l’affaire!<br />
Photos: màd<br />
60<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
mediservice<br />
• Les textes affichés par la boutique<br />
sont-ils correctement rédigés?<br />
Ou bien truffés de fautes de grammaire<br />
et d’orthographe?<br />
Quelle est la différence entre<br />
http:// et https://?<br />
Ce qui différencie ces deux désignations<br />
de site, c’est la transmission de manière<br />
sécurisée des informations saisies, par<br />
exemple sur un formulaire en ligne.<br />
L’absence de «s» signifie qu’en cas de<br />
paiement par carte de crédit, les données<br />
saisies par l’acheteur sont transmises<br />
telles quelles, sans cryptage, de sorte<br />
qu’elles pourraient être interceptées et<br />
volées par des pirates informatiques.<br />
Si la boutique possède une adresse<br />
«https», le consommateur peut partir du<br />
principe que ses données sont cryptées<br />
et donc transmises de manière sûre.<br />
Lea Baumann Hahn,<br />
responsable Market Management<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 61
mediservice<br />
La relaxation<br />
musculaire<br />
progressive<br />
Avec un quotidien mouvementé et des agendas surchargés,<br />
il devient de plus en plus important de s’octroyer des pauses détente ...<br />
pour le corps et pour l’esprit. Apprenez à lâcher prise depuis<br />
votre canapé grâce à la relaxation musculaire progressive.<br />
Benedikt Nann est titulaire d’un MSc en sport et d’un MA en sciences humaines, management et droit du sport<br />
Photos: Adobe Stock; màd<br />
62<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
mediservice<br />
Facile à mettre en pratique, la<br />
relaxation musculaire progressive<br />
est une technique aux résultats<br />
éloquents, qui consiste à<br />
contracter un groupe de muscles précis le<br />
plus possible pendant quelques secondes,<br />
avant de relâcher la tension et de passer à<br />
une autre zone musculaire pour répéter<br />
l’exercice.<br />
La relaxation musculaire progressive<br />
permet de se détendre peu à peu et d’évacuer<br />
le stress. Au fil des exercices, vous apprenez<br />
à prendre conscience des zones de<br />
tensions de votre corps et à relaxer de manière<br />
ciblée les muscles crispés.<br />
Un cadre propice<br />
– Choisissez un endroit calme et agréablement<br />
tempéré et installez-vous confortablement<br />
sur une chaise ou votre canapé<br />
ou allongez-vous sur un tapis de gymnastique.<br />
– Détendez-vous en pratiquant quelques<br />
respirations profondes (trois secondes<br />
d’inspiration pour cinq secondes d’expiration<br />
par exemple). Fermez les yeux si<br />
vous le souhaitez.<br />
– Prenez conscience de vos différents<br />
muscles. Décrispez vos mâchoires inférieure<br />
et supérieure de manière à ce<br />
qu’elles ne se touchent plus et gardez<br />
vos mains décontractées, paume légèrement<br />
creusée.<br />
– Une fois que vous avez trouvé une position<br />
confortable, commencez une série<br />
d’exercices de contracter-relâcher.<br />
Une relaxation graduelle<br />
L’approche est progressive. Pour cela,<br />
contractez le groupe de muscles visé en<br />
maintenant la plus grande tension possible<br />
pendant sept à dix secondes. Puis<br />
relâchez en expirant longuement et focalisez-vous<br />
durant 30 secondes au minimum<br />
sur l’effet relaxant qui se diffuse.<br />
Répétez l’exercice si vous le souhaitez.<br />
Pour lâcher prise petit à petit, il est recommandé<br />
d’effectuer les exercices dans<br />
l’ordre suivant:<br />
1. Mains et avant-bras<br />
Pliez légèrement votre bras droit et formez<br />
un poing. Contractez les muscles de la<br />
main et de l’avant-bras aussi fort que possible,<br />
puis relâchez la tension et intériorisez<br />
la sensation de détente qui se propage.<br />
Répétez l’exercice avec le côté gauche,<br />
puis avec les deux mains et les deux avantbras.<br />
2. Visage<br />
Froncez vos sourcils le plus possible, serrez<br />
vos mâchoires avec précaution et pincez<br />
vos lèvres, puis contractez les muscles<br />
de vos joues et gonflez vos narines. Relâchez<br />
ensuite la tension et laissez-vous porter<br />
par la sensation de bien-être qui se diffuse.<br />
3. Epaules et nuque<br />
Haussez les épaules le plus haut possible<br />
et contractez fortement les muscles de<br />
votre nuque en faisant pression contre le<br />
sol ou le dossier de votre chaise. Relâchez<br />
la tension et sentez l’effet de relaxation<br />
vous envahir.<br />
4. Dos et abdomen<br />
Contractez les muscles de votre dos le long<br />
des vertèbres lombaires et thoraciques en<br />
rentrant votre ventre le plus possible. Puis<br />
relâchez et sentez comment votre tronc se<br />
détend.<br />
5. Fessiers et jambes<br />
Commencez avec une jambe. Soulever les<br />
orteils tout en pressant le talon contre le<br />
sol, le genou légèrement plié. Contractez<br />
les muscles de la fesse, de la cuisse et de la<br />
partie inférieure de la jambe. Relâchez et<br />
détendez-vous, avant de répéter l’exercice<br />
avec l’autre jambe, puis avec les deux<br />
jambes en même temps.<br />
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et CONCORDIA<br />
mediservice vsao-<strong>asmac</strong> entretient<br />
une étroite collaboration avec<br />
l’assureur-maladie et de prévoyance<br />
CONCORDIA depuis de nombreuses<br />
années. En votre qualité de membres<br />
de mediservice vsao-<strong>asmac</strong>, vous<br />
bénéficiez de conditions préférentielles<br />
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Conseil aux assurés<br />
par l’auteur<br />
L’auteur répond aux questions que les<br />
assuré∙e∙s de CONCORDIA lui envoient<br />
à fitness@concordia.ch concernant le<br />
fitness et l’activité physique.<br />
7. Pour conclure<br />
Restez immobile en position assise ou<br />
couchée et focalisez-vous sur votre respiration.<br />
Ressentez comme tout votre corps<br />
est détendu. Puis étirez-vous doucement<br />
et bougez les différentes parties de votre<br />
corps. Si vous avez effectué les exercices<br />
allongé·e au sol, roulez sur le côté droit et<br />
restez un moment dans cette position latérale<br />
avant de vous lever.<br />
Voilà, c’est à vous de jouer.<br />
Bonne détente!<br />
Cet article est publié avec l’aimable autorisation<br />
du magazine clientèle CARE de CONCORDIA.<br />
6. Tous les muscles<br />
Pour finir, contractez simultanément tous<br />
les muscles de votre corps. Relâchez ensuite<br />
brusquement la tension.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 63
mediservice<br />
Qui paye en cas d’absence<br />
pour maladie?<br />
Stefan Z. suit une formation continue de médecin-assistant à l’hôpital A.<br />
Il a un contrat de travail limité à un an; dans environ deux mois,<br />
il est prévu qu’il change d’hôpital – ce sera la dernière étape de sa formation.<br />
D’un jour à l’autre, il s’absente de son travail pour cause de maladie.<br />
Rafael Girbés, directeur des ventes innova Versicherungen AG<br />
Que ce soit sur le plan personnel<br />
ou professionnel, tout va<br />
bien pour Stefan Z.; depuis<br />
quelques mois, il est papa<br />
d’une petite fille. C’est alors<br />
que Stefan Z. s’absente de son poste de travail<br />
en raison d’une hernie discale; impossible<br />
d’échapper à une opération. Il ignore<br />
combien de temps durera sa convalescence.<br />
Il devient alors brusquement difficile<br />
pour Stefan Z. et sa famille de planifier leur<br />
avenir à court terme. Le médecin-chef du<br />
service de chirurgie informe Stefan Z. qu’il<br />
doit s’attendre à une période de convalescence<br />
et à une incapacité de travail d’au<br />
moins cinq mois. C’est un choc pour le<br />
médecin-assistant en devenir. Comment<br />
pourra-t-il poursuivre sa formation continue?<br />
Par chance, aucun souci financier ne<br />
s’ajoute pour le moment à ses préoccupations<br />
professionnelles. L’hôpital continue<br />
à lui verser son salaire – conformément à<br />
l’obligation légale de maintien du salaire<br />
en vigueur – jusqu’à la fin des rapports de<br />
travail, dans deux mois.<br />
Comme il a heureusement conclu une<br />
assurance perte de gain avec délai d’attente<br />
variable, son assureur prend en<br />
charge sa perte de salaire pendant les trois<br />
mois restants de sa convalescence. Ainsi,<br />
son niveau de vie économique est assuré<br />
jusqu’à ce qu’il soit à nouveau capable de<br />
travailler, et lui et sa famille sont préservés<br />
des difficultés financières.<br />
Quand il prendra son nouveau poste,<br />
Stefan Z. devra vérifier s’il doit adapter son<br />
assurance d’indemnités journalières aux<br />
nouvelles conditions de travail (salaire<br />
brut, maintien du salaire en cas de maladie<br />
et d’accident, etc.). De sorte qu’à l’avenir,<br />
son niveau de vie financier soit tout autant<br />
assuré en cas d’incapacité de travail.<br />
Si l’incapacité de travail avait été due<br />
à un accident, ce serait alors les dispositions<br />
de la LAA (loi fédérale sur l’assurance-accidents<br />
obligatoire) qui s’appliqueraient.<br />
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64<br />
3/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
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Taux minimal LPP 1.00% 1.00%<br />
Excellent degré de couverture<br />
2022 Moyenne 5 ans<br />
Medpension 108.2% 115.0%<br />
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Rendement attrayant<br />
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Medpension -9.22% 2.54%<br />
UBS Performance des CP -9.08% 2.14%<br />
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T +41 31 560 77 77, F +41 31 560 77 88<br />
des médecins assistant(e)s et chef(fe)s de clinique (<strong>asmac</strong>).<br />
info@medpension.ch, www.medpension.ch<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 3/23 65
Impressum<br />
Adresses de contact des sections<br />
N o 3 • 42 e année • Juin <strong>2023</strong><br />
Editeur<br />
AG<br />
VSAO Sektion Aargau, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />
Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />
tél. 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />
mediservice vsao-<strong>asmac</strong><br />
Bollwerk 10, case postale, 3001 Berne<br />
Téléphone 031 350 44 88<br />
journal@<strong>asmac</strong>.ch, journal@vsao.ch<br />
www.<strong>asmac</strong>.ch, www.vsao.ch<br />
Sur mandat de l’<strong>asmac</strong><br />
Rédaction<br />
Catherine Aeschbacher (rédactrice en chef),<br />
Kerstin Jost, Fabian Kraxner, Maya Cosentino,<br />
Bianca Molnar, Patricia Palten, Léo Pavlopoulos,<br />
Lukas Staub, Anna Wang<br />
Comité directeur <strong>asmac</strong><br />
Angelo Barrile ( président), <strong>No</strong>ra Bienz<br />
(vice- présidente), Severin Baerlocher,<br />
Christoph Bosshard (invité permanent),<br />
Marius Grädel, Patrizia Kündig, Richard<br />
Mansky, Gert Printzen, Svenja Ravioli,<br />
Patrizia Rölli, Martin Sailer, Jana Siroka,<br />
Clara Ehrenzeller (swimsa)<br />
Impression et expédition<br />
Stämpfli SA, entreprise de communication,<br />
Wölflistrasse 1, 3001 Berne, tél. 031 300 66 66,<br />
info@staempfli.com, www.staempfli.com<br />
BL/BS<br />
VSAO Sektion beider Basel, Geschäftsleiterin und Sekretariat:<br />
lic. iur. Claudia von Wartburg, Advokatin, Hauptstrasse 104,<br />
4102 Binningen, tél. 061 421 05 95, fax 061 421 25 60,<br />
sekretariat@vsao-basel.ch, www.vsao-basel.ch<br />
BE VSAO Sektion Bern, Schwarztorstrasse 7, 3007 Berne, tél. 031 381 39 39,<br />
info@vsao-bern.ch, www.vsao-bern.ch<br />
FR ASMAC section fribourgeoise, Sanae Chemlal, Rue du Marché 36,<br />
1630 Bulle, presidence@asmaf.ch<br />
GE Associations des Médecins d’Institutions de Genève, case postale 23,<br />
Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, 1211 Genève 14, amig@amig.ch, www.amig.ch<br />
GR<br />
JU<br />
NE<br />
VSAO Sektion Graubünden, Kornplatz 2, 7000 Coire, Samuel B. Nadig,<br />
lic. iur. HSG, RA Geschäftsführer/Sektionsjurist, tél. 081 256 55 55,<br />
info@vsao-gr.ch, www.vsao-gr.ch<br />
ASMAC section Jura, 6, Bollwerk 10, 3001 Berne, secretariat@<strong>asmac</strong>.ch,<br />
031 350 44 88<br />
ASMAC section neuchâteloise, Joël Vuilleumier, avocat,<br />
Rue du Musée 6, case postale 2247, 2001 Neuchâtel,<br />
tél. 032 725 10 11, vuilleumier@valegal.ch<br />
SG/AI/AR VSAO Sektion St. Gallen-Appenzell, Bettina Surber, Oberer Graben 44,<br />
9000 St-Gall, tél. 071 228 41 11, fax 071 228 41 12,<br />
Surber@anwaelte44.ch<br />
Maquette<br />
Oliver Graf<br />
Illustration de la page de couverture<br />
Stephan Schmitz<br />
Annonces<br />
Zürichsee Werbe AG, Fachmedien,<br />
Markus Haas, Laubisrütistrasse 44, 8712 Stäfa<br />
Téléphone 044 928 56 53<br />
E-mail vsao@fachmedien.ch<br />
SO<br />
TI<br />
TG<br />
VSAO Sektion Solothurn, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />
Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />
tél. 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />
ASMAC Ticino, Via Cantonale 8-Stabile Qi, 6805 Mezzovico-Vira,<br />
segretariato@<strong>asmac</strong>t.ch<br />
VSAO Sektion Thurgau, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />
Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />
tél. 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />
Tirage<br />
Exemplaires imprimés: 22 500<br />
Certification des tirages par la REMP/FRP<br />
2022: 21 679 exemplaires<br />
Fréquence de parution: 6 numéros par année<br />
L’abonnement est inclus dans la contribution<br />
annuelle pour les membres de l’<strong>asmac</strong><br />
ISSN 1422-2086<br />
L’édition n o 4/<strong>2023</strong> paraîtra en<br />
août <strong>2023</strong>. Sujet: Sauvage.<br />
© <strong>2023</strong> by <strong>asmac</strong>, 3001 Berne<br />
Printed in Switzerland<br />
VD<br />
VS<br />
ASMAV, case postale 9, 1011 Lausanne-CHUV,<br />
asmav@asmav.ch, www.asmav.ch<br />
ASMAVal, p.a. Maître Valentine Gétaz Kunz,<br />
Ruelle du Temple 4, CP 20, 1096 Cully, contact@asmaval.ch<br />
Suisse centrale (LU, ZG, SZ, GL, OW, NW, UR)<br />
VSAO Sektion Zentralschweiz, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />
Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />
tél. 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />
ZH/SH<br />
VSAO ZH/SH, RA lic. iur. Susanne Hasse,<br />
Geschäftsführerin, <strong>No</strong>rdstrasse 15, 8006 Zurich, tél. 044 941 46 78,<br />
susanne.hasse@vsao-zh.ch, www.vsao-zh.ch<br />
Publication<strong>2023</strong><br />
CIBLÉ<br />
COMPÉTENT<br />
TRANSPARENT<br />
Label de qualité Q-publication<br />
de l’association médias suisses<br />
66<br />
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Monitoring, CGM) ont révolutionné le traitement du diabète. Une lecture<br />
de la glycémie par prélèvement capillaire n‘est plus nécessaire qu‘en situation<br />
exceptionnelle.* 1 C‘est non seulement un grand soulagement pour les diabétiques,<br />
mais aussi une amélioration du contrôle du glucose à long terme. 1 2<br />
Un métabolisme le meilleur possible est également important pour réduire le<br />
risque de maladies consécutives au diabète. 3 Grâce au nouveau système CGM<br />
Dexcom G7, le contrôle du glucose est simplifié, entre autres, par la représentation<br />
du temps en plage cible 4 selon un code couleur tricolore facile à comprendre.<br />
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glucose en temps réel (CGM) est la clé. Pour cela, un capteur est porté au dos<br />
du haut du bras. Il mesure automatiquement la valeur du glucose dans le tissu<br />
sous-cutané et l‘envoie à un appareil d’affichage. Cela permet non seulement<br />
de supprimer les prélèvements capillaires en règle générale*, mais aussi le fait<br />
de scanner un capteur.<br />
Les appareils compatibles sont<br />
disponibles séparément.<br />
Vous trouverez une liste des<br />
appareils compatibles à l‘adresse suivante:<br />
https://www.dexcom.com/fr-CH/compatibility/select<br />
Dexcom International Switzerland<br />
Allmendstr. 18 | 6048 Horw | www.dexcom.com<br />
ch.info@dexcom.com | Dexcom Hotline: 0800 002 810<br />
* Sauf situations exceptionnelles. Calibré en usine. Si les alertes relatives aux valeurs du glucose et les lectures de glycémie sur le système CGM Dexcom G7<br />
ne correspondent pas à leurs symptômes ou à leurs attentes, les patientes et les patients doivent utiliser un lecteur de glycémie afin de prendre des décisions<br />
de traitement pour leur diabète. | 1 Šoupal J, et al. Glycemic Outcomes in Adults With T1D Are Impacted More by Continuous Glucose Monitoring Than by<br />
Insulin Delivery Method: 3 Years of Follow-Up From the COMISAIR Study. Diabetes Care. 2020;43:37-43. | 2 Martens T, et al. Effect of continuous glucose<br />
monitoring on glycemic control in patients with type 2 diabetes treated with basal insulin: A randomized clinical trial. JAMA. 2021;325(22): 2262-2272. | 3<br />
DDG und diabetesDE Deutsche Diabetes-Hilfe (Hrsg.) Deutscher Gesundheitsbericht Diabetes 2022. 119. | 4 Anglais: Time in Range (temps en plage cible);<br />
abréviation : TIR. Le temps en plage cible est la période au cours de laquelle le glucose se trouve dans une zone définie (généralement entre 70 et 180<br />
mg/dL ou 3,9 et 10 mmol/L). Il est défini avec le médecin et indiqué en pourcentage. | 5 Manuel de l‘utilisateur Dexcom G7. 2022/04. P. 6 | 6 Manuel de<br />
l‘utilisateur Dexcom G7. 2022/04. P. 10. | 7 La transmission des valeurs de glucose vers une montre connectée compatible nécessite l‘utilisation simultanée<br />
d‘un smartphone compatible. Vous trouverez une liste des appareils compatibles à l‘adresse www.dexcom.com/fr-CH/compatibility.<br />
G7énial – Aperçu des<br />
principales informations<br />
sur le Dexcom G7:<br />
• Pour les diabétiques à partir<br />
de 2 ans, même pendant la<br />
grossesse 5<br />
• Le capteur Dexcom G7<br />
mesure automatiquement<br />
la valeur du glucose sans<br />
mesure capillaire* et sans<br />
scanner<br />
• <strong>No</strong>tre capteur le plus petit à<br />
ce jour: le capteur Dexcom<br />
G7 est 60% plus petit que son<br />
prédécesseur<br />
• Utilisation facile: Capteur<br />
facile à appliquer en 3 étapes,<br />
jusqu‘à 10 jours de durée<br />
de port du capteur, plus 12<br />
heures de tolérance pour le<br />
changement de capteur 6<br />
• Discret et flexible: vous<br />
pouvez décider librement<br />
quel appareil d’affichage<br />
utiliser. Une utilisation en<br />
parallèle du smartphone 7 et<br />
du récepteur est également<br />
possible avec le Dexcom G7<br />
• Temps d‘attente réduit:<br />
Pouvoir consulter les valeurs<br />
du glucose moins de 30<br />
minutes après le changement<br />
de capteur 6<br />
• Rétrospective jusqu‘à 90 jours<br />
intégrée: application Dexcom<br />
G7 repensée et simplifiée<br />
avec synthèse des valeurs<br />
du glucose (rétrospective<br />
disponible également avec le<br />
récepteur en option)<br />
• Le Dexcom G7 peut être<br />
prescrit par un médecin<br />
spécialiste/endocrinologue/<br />
diabétologue à tous les<br />
patients et à toutes les<br />
patientes sous traitement par<br />
pompe ou selon un schéma<br />
basal-bolus (ICT).