syndicom magazine No.35

L’invitée
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Nous, les Aînées pour la protection du climat,
accusons la Suisse d’inaction climatique.
Nous, les personnes âgées, nous sommes le groupe
de population le plus fortement touché par l’augmentation
des canicules. Nous devons également
agir aujourd’hui pour protéger les générations
futures contre des effets encore pires. Depuis
l’autmne 2016, nous menons une action en justice
contre l’Etat, pour qu’il respecte ses engagements
pris en signant l’Accord de Paris. Nous revenons de
Strasbourg, où nous avons porté notre combat
devant la Cour européenne des droits de l’homme
(CEDH).
Ce sont nos droits fondamentaux, notre droit à
la vie et à la santé, qui sont bafoués. Pourtant, ni
nos autorités fédérales, ni les tribunaux suisses,
notamment le Tribunal fédéral, n’ont jugé nécessaire
d’examiner notre requête sur le fond. Ils
placent ainsi la crise climatique hors du droit.
La CEDH a réservé, elle, un traitement prioritaire
à notre requête : le 29 mars 2023, pour la première
fois de son histoire, la Cour a examiné les effets du
réchauffement climatique en lien avec les droits
fondamentaux. Lors de cette audience publique,
les deux représentants du Gouvernement suisse
ont admis que le budget carbone restant, soit la
quantité maximale de carbone que notre pays peut
émettre jusqu’en 2050, n’a pas été calculé. Pour
eux, un pays seul ne peut résoudre la crise globale.
Nous sommes bien d’accord, c’est pourquoi nous
demandons à la CEDH de fixer l’objectif à atteindre,
afin que la législation ait un réel impact ! La procédure
clarifiera pour la Suisse et, en tant que précédent,
pour tous les Etats du Conseil de l’Europe,
s’il existe des obligations en matière de droits
humains pour endiguer le réchauffement climatique
et, le cas échéant, lesquelles. Nous comptons
sur la CEDH pour rappeler à notre gouvernement
son devoir de protection contre les conséquences
négatives du réchauffement climatique.
Tout ce qui nous est
cher est en jeu
A 20 ans, alors sans droit de vote au
plan fédéral, Anne Mahrer prend
conscience que si elle ne s’occupait pas
de politique, la politique s’occupait
d’elle et qu’elle négligeait deux notions
fondamentales à ses yeux : l’égalité
entre femme et homme et la protection
de l’environnement. Après plusieurs
mandats politiques, sous la bannière
des Verts, au niveau communal (1987-
2001), cantonal (2001-2013) et national
(2013-2015), face à l’urgence climatique,
il n’y avait pas de retraite possible ! Agir
au niveau judiciaire ouvre de nouvelles
perspectives. Elle continue donc à faire
sa part en tant que coprésidente de
l’association des Aînées pour la protection
du climat.