Lien n°79

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05.06.2023 Views

FRANCE HOMMAGES BANDE DESSINÉE SUR LES JUSTES PARMI LES NATIONS Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses personnes, au péril de leur propre vie, ont secouru et sauvé des Juifs persécutés : ces héros de l’ombre, ce sont les « Justes parmi les Nations » ! À Nice, la population se montra particulièrement secourable pour les milliers de réfugiés. Mais lorsque les Allemands envahissent la « zone italienne », la chasse aux Juifs est aussitôt déclarée ! Face aux rafles nazies, la résistance s’organise autour de Pierre Merli, passant pour un fonctionnaire de Vichy modèle… Un couple de réfugiés juifs, Moussa Abadi et Odette Rosenstock, va initier un réseau, « le réseau Marcel », qui va s’appuyer sur la complicité du clergé local, l’évêque de Nice en tête (Monseigneur Rémond). Mais aussi de tant d’autres de confessions différentes comme les pasteurs Edmond Evrard et Pierre Gagnier. Grâce à leur courage, ce sont plus de 500 enfants qui seront cachés sous de fausses identités dans des institutions religieuses et échapperont ainsi à la déportation ! Le Comité Français pour Yad Vashem, a souhaité s’associer à ce projet ambitieux, qui par l’ampleur du travail, autant que par sa portée a délibérément choisi, en utilisant la bande-dessinée pour raconter l’histoire des Justes, de toucher un public plus large, peut-être plus jeune. Ce projet est devenu une magnifique réalité ; il s’inscrit avec brio dans le grand défi qui nous est soumis aujourd’hui : celui d’entretenir la mémoire de la Shoah, alors que les voix de ses derniers témoins, hélas, s’éteignent. Pierre-François Veil Président du Comité français 08 LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79

CLAIRE CONRARD : LE SAUVETAGE DE 4 ENFANTS JUIFS Le 2 avril 2023, Claire Conrard était nommée Juste parmi les Nations à titre posthume. Refusant la collaboration et faisant preuve de courage, d’humanité et de fidélité en amitié, elle avait sauvé Germaine, Charles, Maurice et Sylvain, les quatre enfants de Lina née Zweigenbaum et de Joseph Burstin, d’une mort certaine pendant la Shoah. Avant la guerre, Lina et Joseph vivent à Metz, entourés d’une vaste famille : les Zweigenbaum, arrivés de Pologne dans les années 1900 et les Burstin, au début des années 1920. Commerçants, ils sont appréciés pour leur dynamisme et leur générosité. Lina Zweigenbaum épouse Joseph Burstin. Ils se lient d’amitié avec Claire Conrard qui tient le bureau de tabac voisin. Après l’invasion de la France par les allemands, les Zweigenbaum et les Burstin se réfugient à Bordeaux. Mais en novembre 1940, ils sont refoulés de Gironde, dirigés vers Tours, puis transférés au camp de La Lande. Ils sont autorisés à s’installer à Tours et en février 1942, les familles se regroupent au 12 rue Pasteur. Lors de la grande rafle de Tours des 15 et 16 juillet 1942, Joseph Burstin et sa fille Germaine sont arrêtés. Germaine est libérée, mais Joseph partira sans retour pour Auschwitz par le convoi n°8 du 20 juillet 1942. Le 9 octobre, les grands-parents Zweigenbaum et Burstin, leurs filles, Régine, Frieda avec leurs époux et leurs enfants sont arrêtés et transférés à Drancy, puis déportés à Auschwitz. Germaine et Charles sont confiés à un foyer de l’UGIF sous contrôle allemand. Sept adultes et six enfants sont ainsi assassinés par les nazis. Lina, malade, est aussi arrêtée, mais transportée à l’hôpital Bretonneau de Tours avec ses plus jeunes enfants, Maurice et Sylvain. Elle demande à Claire, réfugiée à Lyon, de sauver ses enfants. Une voisine de lit de Lina fait sortir Germaine et Charles du foyer, les emmène à Tours où Claire vient les chercher. Ensuite, Claire va prendre les deux petits à l’hôpital Bretonneau où ils sont cachés. Elle va les protéger et partager avec eux et les siens, le peu dont elle dispose. Le 2 avril dernier, dans le cadre prestigieux du Cercle Interallié, à Paris, Jacques Conrard, petitfils de Claire a reçu, au nom de sa grand-mère, la médaille de Juste parmi les Nations des mains de Ronit Ben Dor, ministre plénipotentiaire, chargée d’Affaires près l’ambassade d’Israël. Charles, enfant survivant, et Jacques Conrard ont évoqué des souvenirs particulièrement émouvants. Thérèse Zmijewski, fille de Claire a pu s’exprimer par visio. Jacques dira : «ma grandmère m’a en partie élevé et donné les valeurs qui m’ont accompagné toute ma vie». De nombreux amis et membres de leur famille, venus d’Israël et d’Europe ont répondu à l’invitation d’Avy Burstin, le fils de Charles et ont partagé avec la famille Conrard ces moments d’émotion et d’hommage à Claire. Leur présence, pour cette famille durement éprouvée par la Shoah, est une revanche sur la barbarie. LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79 09

CLAIRE CONRARD :<br />

LE SAUVETAGE DE 4 ENFANTS JUIFS<br />

Le 2 avril 2023, Claire Conrard<br />

était nommée Juste parmi<br />

les Nations à titre posthume.<br />

Refusant la collaboration et faisant<br />

preuve de courage, d’humanité<br />

et de fidélité en amitié, elle avait<br />

sauvé Germaine, Charles, Maurice<br />

et Sylvain, les quatre enfants<br />

de Lina née Zweigenbaum et<br />

de Joseph Burstin, d’une mort<br />

certaine pendant la Shoah.<br />

Avant la guerre, Lina et Joseph<br />

vivent à Metz, entourés d’une<br />

vaste famille : les Zweigenbaum,<br />

arrivés de Pologne dans les années<br />

1900 et les Burstin, au début des<br />

années 1920. Commerçants,<br />

ils sont appréciés pour leur<br />

dynamisme et leur générosité.<br />

Lina Zweigenbaum épouse Joseph<br />

Burstin. Ils se lient d’amitié avec<br />

Claire Conrard qui tient le bureau<br />

de tabac voisin. Après l’invasion<br />

de la France par les allemands,<br />

les Zweigenbaum et les Burstin<br />

se réfugient à Bordeaux. Mais<br />

en novembre 1940, ils sont<br />

refoulés de Gironde, dirigés vers<br />

Tours, puis transférés au camp<br />

de La Lande. Ils sont autorisés à<br />

s’installer à Tours et en février<br />

1942, les familles se regroupent<br />

au 12 rue Pasteur.<br />

Lors de la grande rafle de Tours<br />

des 15 et 16 juillet 1942, Joseph<br />

Burstin et sa fille Germaine sont<br />

arrêtés. Germaine est libérée,<br />

mais Joseph partira sans retour<br />

pour Auschwitz par le convoi n°8<br />

du 20 juillet 1942. Le 9 octobre, les<br />

grands-parents Zweigenbaum et<br />

Burstin, leurs filles, Régine, Frieda<br />

avec leurs époux et leurs enfants<br />

sont arrêtés et transférés à<br />

Drancy, puis déportés à Auschwitz.<br />

Germaine et Charles sont confiés<br />

à un foyer de l’UGIF sous contrôle<br />

allemand. Sept adultes et six<br />

enfants sont ainsi assassinés par<br />

les nazis.<br />

Lina, malade, est aussi arrêtée,<br />

mais transportée à l’hôpital<br />

Bretonneau de Tours avec ses<br />

plus jeunes enfants, Maurice et<br />

Sylvain. Elle demande à Claire,<br />

réfugiée à Lyon, de sauver ses<br />

enfants. Une voisine de lit de Lina<br />

fait sortir Germaine et Charles<br />

du foyer, les emmène à Tours où<br />

Claire vient les chercher. Ensuite,<br />

Claire va prendre les deux petits<br />

à l’hôpital Bretonneau où ils sont<br />

cachés. Elle va les protéger et<br />

partager avec eux et les siens, le<br />

peu dont elle dispose.<br />

Le 2 avril dernier, dans le cadre<br />

prestigieux du Cercle Interallié,<br />

à Paris, Jacques Conrard, petitfils<br />

de Claire a reçu, au nom<br />

de sa grand-mère, la médaille<br />

de Juste parmi les Nations<br />

des mains de Ronit Ben Dor,<br />

ministre plénipotentiaire, chargée<br />

d’Affaires près l’ambassade<br />

d’Israël. Charles, enfant survivant,<br />

et Jacques Conrard ont évoqué<br />

des souvenirs particulièrement<br />

émouvants. Thérèse Zmijewski,<br />

fille de Claire a pu s’exprimer par<br />

visio. Jacques dira : «ma grandmère<br />

m’a en partie élevé et donné<br />

les valeurs qui m’ont accompagné<br />

toute ma vie».<br />

De nombreux amis et membres<br />

de leur famille, venus d’Israël<br />

et d’Europe ont répondu à<br />

l’invitation d’Avy Burstin, le fils<br />

de Charles et ont partagé avec<br />

la famille Conrard ces moments<br />

d’émotion et d’hommage à Claire.<br />

Leur présence, pour cette famille<br />

durement éprouvée par la Shoah,<br />

est une revanche sur la barbarie.<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79<br />

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