Lien n°79

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FLAMBEAUX DE LA MÉMOIRE 2023 Ben-Zion Raisch naît en 1932, en Roumanie. Il étudie à l’école juive locale. Son frère Poldy (Peretz) voit le jour en 1938. Cette année-là, en raison d’incidents antisémites, le père émigre en Eretz Israël. En 1940, les Russes occupent la maison familiale. Le lien avec Max, le père, est alors rompu. Juillet 1941 : la ville passe sous domination des Roumains et des Allemands. Les Juifs doivent porter l’étoile jaune et sont confinés dans un ghetto. Ben-Zion, sa mère et son petit frère sont poussés dans un wagon à bestiaux. Ils passent par plusieurs camps et ghettos où beaucoup meurent de froid, de faim et maladie Efim Gimelshtein voit le jour en 1935 à Minsk en Biélorussie Il vit avec ses parents, Mikhaïl et Rachel Ioudovitch, Juifs traditionnels, et ses grands-parents. En juin 1941, les Allemands envahissent l’Union soviétique. Le père d’Efim, recruté dans l’Armée rouge, meurt au combat. Efim et sa famille sont enfermés dans le ghetto de Minsk. Là, il assiste au meurtre de Juifs dans la cour, aux pendaisons sur la place, aux déportations. Il voit des Juifs poussés dans un véhicule, où ils sont apparemment gazés à mort. Avec sa mère, ils survivront à plusieurs Aktionen. En 1943, le beau-frère de Rachel, fabricant de poêles, creuse une ou sont abattus par les gardes, et arrivent finalement au ghetto de Zhabokrych, dans une maison sans porte où ils dorment à même le sol. Poldy, 3 ans, mourra de faim dans les bras de sa mère. Ben-Zion rampe sous les clôtures du ghetto à la recherche de betteraves à sucre, tombées des wagons de marchandises. Mi-mars 1944, l’Armée rouge libère la région : Ben-Zion et sa mère retournent en Roumanie. Sara rétablit le contact avec Max et, en janvier 1946, ils le rejoignent en Eretz Israël. Ben-Zion étudie l’ingénierie électronique au Technion de Haïfa, puis intègre la société Rafael, recevant deux Prix de la défense pour le développement de technologies militaires. Avec son épouse Chana, ils auront 4 enfants, 30 petits-enfants et plus de 70 arrière-petits-enfants. cachette pour 7 personnes sous sa maison. L’entrée est dissimulée par un poêle. Quand, en octobre 1943, les Allemands commencent à liquider le ghetto de Minsk, ils sont 26 à s’entasser dans le bunker, dont Efim, le plus jeune. L’obscurité est quasi-totale. Les rats essayent de ronger les doigts et les orteils. Certains meurent de soif, de faim, de faiblesse, comme la grandmère d’Efim - ils sont enterrés dans le bunker, ce qui réduit l’espace vital. Au total, la cache durera neuf mois. Le 3 juillet 1944, Minsk est libérée par des soldats soviétiques. 13 des 26 Juifs entrés dans le bunker survivront. Rescapé, Efim épouse Rivka, ils ont deux fils et cinq petits-enfants. En 1992, ils immigrent en Israël où Efim raconte son histoire à des groupes d’étudiants russophones pour Yad Vashem. Judith Sohlberg naît à Amsterdam en 1935, fille de Rosette et Joseph van Dijk. En 1940, l’Allemagne envahit les Pays-Bas. En 1943, trois Allemands sonnent à la porte : « Soyez prêts dans cinq minutes. » La famille est conduite au théâtre d’Amsterdam, où les Juifs sont rassemblés. La veille de Rosh Hashanah, Judith et sa famille sont déportés à Westerbork. Hommes et femmes sont séparés et dorment dans des dortoirs. Chaque mardi, des trains partent pour l’est. Une peur mortelle règne dans le camp. Judith et sa famille seront déportés à Bergen- Belsen. Des heures durant, ils doivent se tenir en rang, jour après jour, dans la neige et le froid glacial. Rosette parle allemand et peut donc travailler dans les bureaux. Elle réussit à glaner quelques croûtes de pain et les apporte à ses filles. En avril 1945, Judith et sa famille sont poussés dans un train sans destination, qui navigue entre les fronts Ouest et Est. Beaucoup mourront. À un arrêt, Judith et sa sœur sautent par-dessus les morts, descendent du wagon et ramènent un sac de pommes de terre. « Cela a sauvé beaucoup d’entre nous », note Judith. Deux semaines plus tard, l’Armée rouge libère les prisonniers du train près de la ville de Tröbitz. Judith et son mari Saul, un camarade de classe qui a traversé la Shoah caché par des fermiers chrétiens des Pays-Bas, immigrent en Israël en 1959. Ils ont quatre enfants, 24 petits-enfants et 33 arrière-petitsenfants. 04 LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79

Malka Rendel naît en 1927, Hongrie - la plus jeune d’une famille orthodoxe de six enfants. Son père est tué dans un accident avant sa naissance, sa mère Sara reprend alors la direction du magasin de textile familial. Ses deux frères et sa sœur aînés ont immigré en Eretz Israël avant la Seconde Guerre mondiale. Quand ils envahissent Nagyecsed en 1944, les Allemands obligent la fermeture des magasins juifs et imposent le port de l’étoile jaune. Malka se voit confier la tâche humiliante de nettoyer la rue devant ses amis hongrois. En mai 1944, les Juifs de la ville sont déportés dans le ghetto de Mátészalka. Puis Malka et sa famille partent pour Robert (Reuven) Bonfil naît en 1937 à Karditsa, en Thessalie Grèce, fils unique de David et Allegra. En 1941, l’Italie envahit la Thessalie. Fin 1943, les Allemands arrivent à Karditsa. Robert et sa mère se réfugient sous la maison. Son père se trouve chez l’évêque de la ville, Ezéchiel, à qui il enseigne le français. Quand les soldats allemands arrivent : ce dernier a passé sa croix au cou de David et le présente comme son bedeau. Robert et ses parents réussissent à prendre la fuite dans une charrette tirée par un âne sous une pluie torrentielle, pour arriver dans le village montagneux de Velessi. Des résistants communistes les feront passer clandestinement à Apidea. Auschwitz dans un wagon à bestiaux – un voyage de six jours. A l’arrivée, Malka et ses sœurs, Miriam et Rachel, seront les seules à passer les sélections. Elles vont travailler au camp de Płaszów, dans une carrière, transportant des pierres à mains nues, dans le froid glacial où de nombreux prisonniers sont tués par des explosions de pierres. Puis, à Neustadt, dans une usine de tissage de parachutes. À l’approche de l’Armée rouge, Malka et ses sœurs partent pour une Marche de la mort vers le camp de Gross- Rosen, puis sont transférées à Bergen- Belsen, où Miriam et Rachel trouvent la mort.Après la libération, Malka est emprisonnée dans un camp à Chypre, jusqu’à son immigration en Eretz Israël. Avec son mari Yehoshua, elle a 3 filles, 11 petits-enfants, 36 arrière-petitsenfants et un arrière-arrière-petit-fils. Là, ils sont accueillis par la famille grecque orthodoxe Goulas qui leur offre le gîte et le couvert.David enseigne l’arithmétique aux enfants du village, et Allegra leur apprend à lire et à écrire en grec. Puis, quand les avions allemands bombardent Apidea et que les troupes SS se rapprochent du village, Konstantinos et Vassiliki Goulas, reconnus Justes parmi les Nations à titre posthume en 2018, cachent Robert et ses parents dans une cabane. Ils se nourrissent de lait de chèvre et de baies ramassées dans la neige jusqu’à la libération. Robert épousera Eva, rescapée de la Shoah, et immigre en Israël avec sa famille en 1968. Il est professeur émérite d’histoire juive médiévale et de la Renaissance à l’Université hébraïque de Jérusalem. Robert et Eva ont 3 enfants, 8 petitsenfants et 2 arrière-petits-enfants. Tova (Guitèle) Gutstein naît à Varsovie en 1933, la cadette de trois enfants. La famille parle yiddish. Avec la création du ghetto en octobre 1940, son père est envoyé aux travaux forcés. De sa fenêtre, Tova voit chaque jour des soldats allemands tirer sur des jeunes hommes et femmes. Sa mère fera accrocher un drap pour que Tova ne soit plus témoin des horreurs. Pour subvenir aux besoins de la famille, elle sort du ghetto par les égouts, mendie de la nourriture et ramasse ce qu’elle trouve dans les champs. Quand éclate le soulèvement du ghetto de Varsovie, Tova est à l’extérieur. Soudain, elle voit le ciel devenir rouge ; le ghetto est en feu. Quand elle revient, sa maison est détruite et sa famille a disparu. Elle s’enfuit, enjambant les cadavres qui gisent dans les rues. Elle rejoint la forêt et sera recueillie par des partisans, pendant un an et demi : elle apprend à parler russe et polonais. Lorsque les partisans partent en mission, ils la cachent dans un fossé qu’ils recouvrent de branches. Un jour, ils ne reviennent pas. Tova reste seule jusqu’à la fin de la guerre. Fin 1944, on la conduit dans un orphelinat. Au bout de 18 mois, elle retrouve sa mère, sa sœur et son frère dans un camp de personnes déplacées de la ville d’Ulm. Tova immigre en Israël en 1948 où elle devient infirmière. Avec son mari Binyamin, aujourd’hui décédé, ils ont eu 3 enfants, 8 petits-enfants et 13 arrière-petits-enfants. LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79 05

FLAMBEAUX DE LA MÉMOIRE 2023<br />

Ben-Zion Raisch<br />

naît en 1932, en<br />

Roumanie. Il étudie<br />

à l’école juive<br />

locale. Son frère<br />

Poldy (Peretz) voit<br />

le jour en 1938.<br />

Cette année-là, en<br />

raison d’incidents antisémites, le père<br />

émigre en Eretz Israël. En 1940, les<br />

Russes occupent la maison familiale.<br />

Le lien avec Max, le père, est alors<br />

rompu.<br />

Juillet 1941 : la ville passe sous<br />

domination des Roumains et des<br />

Allemands. Les Juifs doivent porter<br />

l’étoile jaune et sont confinés dans un<br />

ghetto. Ben-Zion, sa mère et son petit<br />

frère sont poussés dans un wagon à<br />

bestiaux. Ils passent par plusieurs<br />

camps et ghettos où beaucoup<br />

meurent de froid, de faim et maladie<br />

Efim Gimelshtein<br />

voit le jour en<br />

1935 à Minsk en<br />

Biélorussie Il vit<br />

avec ses parents,<br />

Mikhaïl et Rachel<br />

Ioudovitch, Juifs<br />

traditionnels, et ses<br />

grands-parents.<br />

En juin 1941, les Allemands envahissent<br />

l’Union soviétique. Le père d’Efim, recruté<br />

dans l’Armée rouge, meurt au combat.<br />

Efim et sa famille sont enfermés dans le<br />

ghetto de Minsk. Là, il assiste au meurtre<br />

de Juifs dans la cour, aux pendaisons<br />

sur la place, aux déportations. Il voit<br />

des Juifs poussés dans un véhicule, où<br />

ils sont apparemment gazés à mort.<br />

Avec sa mère, ils survivront à plusieurs<br />

Aktionen.<br />

En 1943, le beau-frère de Rachel,<br />

fabricant de poêles, creuse une<br />

ou sont abattus par les gardes, et<br />

arrivent finalement au ghetto de<br />

Zhabokrych, dans une maison sans<br />

porte où ils dorment à même le sol.<br />

Poldy, 3 ans, mourra de faim dans les<br />

bras de sa mère. Ben-Zion rampe sous<br />

les clôtures du ghetto à la recherche<br />

de betteraves à sucre, tombées des<br />

wagons de marchandises.<br />

Mi-mars 1944, l’Armée rouge libère<br />

la région : Ben-Zion et sa mère<br />

retournent en Roumanie. Sara rétablit<br />

le contact avec Max et, en janvier 1946,<br />

ils le rejoignent en Eretz Israël.<br />

Ben-Zion étudie l’ingénierie<br />

électronique au Technion de Haïfa,<br />

puis intègre la société Rafael, recevant<br />

deux Prix de la défense pour le<br />

développement de technologies<br />

militaires. Avec son épouse Chana, ils<br />

auront 4 enfants, 30 petits-enfants et<br />

plus de 70 arrière-petits-enfants.<br />

cachette pour 7 personnes sous sa<br />

maison. L’entrée est dissimulée par<br />

un poêle. Quand, en octobre 1943, les<br />

Allemands commencent à liquider le<br />

ghetto de Minsk, ils sont 26 à s’entasser<br />

dans le bunker, dont Efim, le plus jeune.<br />

L’obscurité est quasi-totale. Les rats<br />

essayent de ronger les doigts et les<br />

orteils. Certains meurent de soif, de<br />

faim, de faiblesse, comme la grandmère<br />

d’Efim - ils sont enterrés dans le<br />

bunker, ce qui réduit l’espace vital. Au<br />

total, la cache durera neuf mois.<br />

Le 3 juillet 1944, Minsk est libérée par<br />

des soldats soviétiques. 13 des 26<br />

Juifs entrés dans le bunker survivront.<br />

Rescapé, Efim épouse Rivka, ils ont<br />

deux fils et cinq petits-enfants. En<br />

1992, ils immigrent en Israël où Efim<br />

raconte son histoire à des groupes<br />

d’étudiants russophones pour<br />

Yad Vashem.<br />

Judith Sohlberg<br />

naît à Amsterdam<br />

en 1935, fille de<br />

Rosette et Joseph<br />

van Dijk. En 1940,<br />

l’Allemagne envahit<br />

les Pays-Bas.<br />

En 1943, trois<br />

Allemands sonnent à la porte :<br />

« Soyez prêts dans cinq minutes. »<br />

La famille est conduite au théâtre<br />

d’Amsterdam, où les Juifs sont<br />

rassemblés.<br />

La veille de Rosh Hashanah, Judith<br />

et sa famille sont déportés à<br />

Westerbork. Hommes et femmes<br />

sont séparés et dorment dans des<br />

dortoirs. Chaque mardi, des trains<br />

partent pour l’est. Une peur mortelle<br />

règne dans le camp. Judith et sa<br />

famille seront déportés à Bergen-<br />

Belsen. Des heures durant, ils<br />

doivent se tenir en rang, jour après<br />

jour, dans la neige et le froid glacial.<br />

Rosette parle allemand et peut donc<br />

travailler dans les bureaux. Elle<br />

réussit à glaner quelques croûtes de<br />

pain et les apporte à ses filles.<br />

En avril 1945, Judith et sa famille<br />

sont poussés dans un train sans<br />

destination, qui navigue entre les<br />

fronts Ouest et Est. Beaucoup<br />

mourront. À un arrêt, Judith et sa<br />

sœur sautent par-dessus les morts,<br />

descendent du wagon et ramènent<br />

un sac de pommes de terre. « Cela a<br />

sauvé beaucoup d’entre nous », note<br />

Judith. Deux semaines plus tard,<br />

l’Armée rouge libère les prisonniers<br />

du train près de la ville de Tröbitz.<br />

Judith et son mari Saul, un camarade<br />

de classe qui a traversé la Shoah<br />

caché par des fermiers chrétiens<br />

des Pays-Bas, immigrent en Israël<br />

en 1959. Ils ont quatre enfants, 24<br />

petits-enfants et 33 arrière-petitsenfants.<br />

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