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Lien n°79

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YAD VASHEM<br />

LE LIEN FRANCOPHONE<br />

Jérusalem, mai 2023, no 79<br />

Yom Hashoah 2023<br />

Redécouvrez les temps forts de la Journée du Souvenir et de l’Héroïsme (p2 à 5)


YOM HASHOAH<br />

THÈME DE YOM HASHOAH 2023<br />

LA RÉSISTANCE JUIVE PENDANT LA SHOAH :<br />

LES 80 ANS DU SOULÈVEMENT DU GHETTO DE VARSOVIE<br />

Juifs arrêtés lors de la révolte du ghetto de Varsovie et conduits vers la Umschlagplatz par des SS.<br />

“Ce qui s’est passé a dépassé nos<br />

rêves les plus audacieux. Par deux<br />

fois, les Allemands se sont enfuis<br />

du ghetto… Je sens que de grandes<br />

choses se produisent, et ce que nous<br />

avons osé faire est d’une grande,<br />

d’une énorme importance.”<br />

Quand Mordechai Anielewicz,<br />

commandant de l’Organisation juive<br />

de combat, rédige sa dernière lettre,<br />

le 21 avril 1943, la révolte fait rage.<br />

Elle a éclaté 2 jours plus tôt, le 19<br />

avril, veille de Pessah. Il s’agit de la<br />

première rébellion urbaine contre<br />

l’Allemagne nazie mais aussi la plus<br />

longue et celle qui comptera le<br />

plus grand nombre de participants.<br />

Pendant que les combattants se<br />

battent dans les rues du ghetto, les<br />

habitants les soutiennent, barricadés<br />

dans des bunkers. Après quelques<br />

jours d’insurrection populaire, les<br />

Allemands incendient et font sauter<br />

les maisons du ghetto. Un mois<br />

durant, les Juifs du ghetto de Varsovie<br />

se battront avec panache. Beaucoup<br />

mourront, piégés par le feu ou la<br />

fumée. L’insurrection deviendra un<br />

symbole de lutte de liberté et de la<br />

puissance de l’esprit humain.<br />

Pendant la Shoah, la résistance juive a<br />

pris de nombreuses formes. Elle a pu<br />

être spirituelle, culturelle, politique,<br />

clandestine, éducative ou religieuse.<br />

Elle a compilé des documents, falsifié<br />

des cartes d’identité, caché des Juifs,<br />

fait traverser clandestinement la<br />

frontière à des milliers d’autres, initié<br />

des soulèvements armés, etc. Une<br />

expression de défi pour les Juifs, et<br />

une tentative de préserver à la fois<br />

leur corps et leur âme.<br />

Beaucoup savaient que la résistance<br />

ne serait pas en mesure de changer<br />

le sort des masses et qu’elle était<br />

dangereuse pour l’ensemble du<br />

groupe ou de la communauté.<br />

Mais quitte à mourir, autant mourir<br />

dignement : “Notre activité peut nous<br />

rapprocher de la fin - mais cette fin<br />

viendra de toute façon”, avait ainsi<br />

déclaré Abba Kovner.<br />

Dans des dizaines de communautés,<br />

des Juifs ont tenté d’organiser des<br />

soulèvements : à Vilna, Bialystok,<br />

Cracovie et ailleurs, certains ont<br />

commis des actes d’insurrection dans<br />

des tentatives désespérées, gestes<br />

symboliques de dignité. Dans les<br />

camps aussi, les prisonniers juifs ont<br />

organisé des soulèvements armés.<br />

Comme à Treblinka et Sobibor, ou<br />

le Sonderkommando d’Auschwitz<br />

quand des prisonniers – la plupart<br />

originaires de Grèce, de Pologne et<br />

de Hongrie – ont fait sauter l’un des<br />

crématoires en octobre 1944.<br />

Au premier plan des préoccupations<br />

de la résistance juive : le sauvetage des<br />

enfants. La résistance juive a coopéré<br />

avec des réseaux non juifs, voire avec<br />

des organisations juives officielles qui<br />

ont elles-mêmes mené des activités<br />

illicites pour sauver les enfants. Ainsi,<br />

des milliers d’enfants juifs ont été<br />

secourus en Belgique, aux Pays-Bas,<br />

en France et en Hongrie.<br />

Autre défi pendant la Shoah : la<br />

résistance spirituelle et culturelle.<br />

Les Juifs ont risqué leur vie pour<br />

continuer, soit ouvertement,<br />

soit dans le secret, à préserver<br />

leur spiritualité et les structures<br />

éducatives, à encourager la culture<br />

juive. En particulier dans les ghettos,<br />

avec l’existence de pièces de théâtre,<br />

de concerts, de bibliothèques établis<br />

dans la clandestinité, ou l’impression<br />

et la diffusion de poèmes et journaux.<br />

Bien évidemment, la résistance<br />

n’avait pas la capacité de sauver des<br />

masses de Juifs. Ses combats étaient<br />

perdus d’avance. Mais l’étendue<br />

et la polyvalence de la résistance<br />

juive pendant la Shoah ont légué<br />

un héritage juif aux générations<br />

suivantes, symbolisant la force<br />

de l’esprit humain et les valeurs<br />

fondamentales de l’humanité.<br />

02<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79


La délégation francophone le soir de la cérémonie officielle d’ouverture<br />

RETOUR EN IMAGES<br />

Nous vous proposons de revenir en images sur les points forts de<br />

la visite de la délégation francophone à Yad Vashem, dans le cadre<br />

des commémorations de Yom Hashoah 2023. Etaient présents<br />

des amis de Yad Vashem, venus de Suisse, d’Israël, mais aussi de France,<br />

dont une délégation d’élus dont les municipalités appartiennent au<br />

Réseau des Villes et Villages des Justes de France, et des membres du<br />

Comité français. Au programme de ces deux jours de commémorations :<br />

la cérémonie officielle d’ouverture le lundi 17 avril au soir sur l’esplanade<br />

du Ghetto de Varsovie ; une cérémonie à la Vallée des Communautés<br />

pour les amis de Yad Vashem, suivie d’une visite musicale du lieu ;<br />

un moment de recueillement au Jardin des Justes présidé par Pierre-<br />

François Veil avec des représentants municipaux du réseau des Villes et<br />

Villages de France ; un dépôt de gerbes dans la Crypte du Souvenir et la<br />

visite de la nouvelle installation de Yad Vashem, le monumental Livre des<br />

Noms (voir article p.12).<br />

Dépôt de gerbes dans la Crypte du Souvenir<br />

Recherche dans le Livre des Noms<br />

La délégation française à la Vallée des Communautés<br />

Cérémonie au Jardin des Justes avec<br />

la délégation des maires de France<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79 03


FLAMBEAUX DE LA MÉMOIRE 2023<br />

Ben-Zion Raisch<br />

naît en 1932, en<br />

Roumanie. Il étudie<br />

à l’école juive<br />

locale. Son frère<br />

Poldy (Peretz) voit<br />

le jour en 1938.<br />

Cette année-là, en<br />

raison d’incidents antisémites, le père<br />

émigre en Eretz Israël. En 1940, les<br />

Russes occupent la maison familiale.<br />

Le lien avec Max, le père, est alors<br />

rompu.<br />

Juillet 1941 : la ville passe sous<br />

domination des Roumains et des<br />

Allemands. Les Juifs doivent porter<br />

l’étoile jaune et sont confinés dans un<br />

ghetto. Ben-Zion, sa mère et son petit<br />

frère sont poussés dans un wagon à<br />

bestiaux. Ils passent par plusieurs<br />

camps et ghettos où beaucoup<br />

meurent de froid, de faim et maladie<br />

Efim Gimelshtein<br />

voit le jour en<br />

1935 à Minsk en<br />

Biélorussie Il vit<br />

avec ses parents,<br />

Mikhaïl et Rachel<br />

Ioudovitch, Juifs<br />

traditionnels, et ses<br />

grands-parents.<br />

En juin 1941, les Allemands envahissent<br />

l’Union soviétique. Le père d’Efim, recruté<br />

dans l’Armée rouge, meurt au combat.<br />

Efim et sa famille sont enfermés dans le<br />

ghetto de Minsk. Là, il assiste au meurtre<br />

de Juifs dans la cour, aux pendaisons<br />

sur la place, aux déportations. Il voit<br />

des Juifs poussés dans un véhicule, où<br />

ils sont apparemment gazés à mort.<br />

Avec sa mère, ils survivront à plusieurs<br />

Aktionen.<br />

En 1943, le beau-frère de Rachel,<br />

fabricant de poêles, creuse une<br />

ou sont abattus par les gardes, et<br />

arrivent finalement au ghetto de<br />

Zhabokrych, dans une maison sans<br />

porte où ils dorment à même le sol.<br />

Poldy, 3 ans, mourra de faim dans les<br />

bras de sa mère. Ben-Zion rampe sous<br />

les clôtures du ghetto à la recherche<br />

de betteraves à sucre, tombées des<br />

wagons de marchandises.<br />

Mi-mars 1944, l’Armée rouge libère<br />

la région : Ben-Zion et sa mère<br />

retournent en Roumanie. Sara rétablit<br />

le contact avec Max et, en janvier 1946,<br />

ils le rejoignent en Eretz Israël.<br />

Ben-Zion étudie l’ingénierie<br />

électronique au Technion de Haïfa,<br />

puis intègre la société Rafael, recevant<br />

deux Prix de la défense pour le<br />

développement de technologies<br />

militaires. Avec son épouse Chana, ils<br />

auront 4 enfants, 30 petits-enfants et<br />

plus de 70 arrière-petits-enfants.<br />

cachette pour 7 personnes sous sa<br />

maison. L’entrée est dissimulée par<br />

un poêle. Quand, en octobre 1943, les<br />

Allemands commencent à liquider le<br />

ghetto de Minsk, ils sont 26 à s’entasser<br />

dans le bunker, dont Efim, le plus jeune.<br />

L’obscurité est quasi-totale. Les rats<br />

essayent de ronger les doigts et les<br />

orteils. Certains meurent de soif, de<br />

faim, de faiblesse, comme la grandmère<br />

d’Efim - ils sont enterrés dans le<br />

bunker, ce qui réduit l’espace vital. Au<br />

total, la cache durera neuf mois.<br />

Le 3 juillet 1944, Minsk est libérée par<br />

des soldats soviétiques. 13 des 26<br />

Juifs entrés dans le bunker survivront.<br />

Rescapé, Efim épouse Rivka, ils ont<br />

deux fils et cinq petits-enfants. En<br />

1992, ils immigrent en Israël où Efim<br />

raconte son histoire à des groupes<br />

d’étudiants russophones pour<br />

Yad Vashem.<br />

Judith Sohlberg<br />

naît à Amsterdam<br />

en 1935, fille de<br />

Rosette et Joseph<br />

van Dijk. En 1940,<br />

l’Allemagne envahit<br />

les Pays-Bas.<br />

En 1943, trois<br />

Allemands sonnent à la porte :<br />

« Soyez prêts dans cinq minutes. »<br />

La famille est conduite au théâtre<br />

d’Amsterdam, où les Juifs sont<br />

rassemblés.<br />

La veille de Rosh Hashanah, Judith<br />

et sa famille sont déportés à<br />

Westerbork. Hommes et femmes<br />

sont séparés et dorment dans des<br />

dortoirs. Chaque mardi, des trains<br />

partent pour l’est. Une peur mortelle<br />

règne dans le camp. Judith et sa<br />

famille seront déportés à Bergen-<br />

Belsen. Des heures durant, ils<br />

doivent se tenir en rang, jour après<br />

jour, dans la neige et le froid glacial.<br />

Rosette parle allemand et peut donc<br />

travailler dans les bureaux. Elle<br />

réussit à glaner quelques croûtes de<br />

pain et les apporte à ses filles.<br />

En avril 1945, Judith et sa famille<br />

sont poussés dans un train sans<br />

destination, qui navigue entre les<br />

fronts Ouest et Est. Beaucoup<br />

mourront. À un arrêt, Judith et sa<br />

sœur sautent par-dessus les morts,<br />

descendent du wagon et ramènent<br />

un sac de pommes de terre. « Cela a<br />

sauvé beaucoup d’entre nous », note<br />

Judith. Deux semaines plus tard,<br />

l’Armée rouge libère les prisonniers<br />

du train près de la ville de Tröbitz.<br />

Judith et son mari Saul, un camarade<br />

de classe qui a traversé la Shoah<br />

caché par des fermiers chrétiens<br />

des Pays-Bas, immigrent en Israël<br />

en 1959. Ils ont quatre enfants, 24<br />

petits-enfants et 33 arrière-petitsenfants.<br />

04<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79


Malka Rendel<br />

naît en 1927,<br />

Hongrie - la plus<br />

jeune d’une<br />

famille orthodoxe<br />

de six enfants.<br />

Son père est tué<br />

dans un accident<br />

avant sa naissance, sa mère Sara<br />

reprend alors la direction du magasin<br />

de textile familial. Ses deux frères et sa<br />

sœur aînés ont immigré en Eretz Israël<br />

avant la Seconde Guerre mondiale.<br />

Quand ils envahissent Nagyecsed en<br />

1944, les Allemands obligent la fermeture<br />

des magasins juifs et imposent le port<br />

de l’étoile jaune. Malka se voit confier<br />

la tâche humiliante de nettoyer la rue<br />

devant ses amis hongrois.<br />

En mai 1944, les Juifs de la ville sont<br />

déportés dans le ghetto de Mátészalka.<br />

Puis Malka et sa famille partent pour<br />

Robert (Reuven)<br />

Bonfil naît en<br />

1937 à Karditsa,<br />

en Thessalie<br />

Grèce, fils unique<br />

de David et<br />

Allegra.<br />

En 1941, l’Italie<br />

envahit la Thessalie. Fin 1943, les<br />

Allemands arrivent à Karditsa. Robert<br />

et sa mère se réfugient sous la maison.<br />

Son père se trouve chez l’évêque de la<br />

ville, Ezéchiel, à qui il enseigne le français.<br />

Quand les soldats allemands arrivent : ce<br />

dernier a passé sa croix au cou de David<br />

et le présente comme son bedeau.<br />

Robert et ses parents réussissent à<br />

prendre la fuite dans une charrette tirée<br />

par un âne sous une pluie torrentielle,<br />

pour arriver dans le village montagneux<br />

de Velessi. Des résistants communistes les<br />

feront passer clandestinement à Apidea.<br />

Auschwitz dans un wagon à bestiaux –<br />

un voyage de six jours. A l’arrivée, Malka<br />

et ses sœurs, Miriam et Rachel, seront<br />

les seules à passer les sélections.<br />

Elles vont travailler au camp de Płaszów,<br />

dans une carrière, transportant des<br />

pierres à mains nues, dans le froid<br />

glacial où de nombreux prisonniers sont<br />

tués par des explosions de pierres. Puis,<br />

à Neustadt, dans une usine de tissage<br />

de parachutes.<br />

À l’approche de l’Armée rouge, Malka<br />

et ses sœurs partent pour une Marche<br />

de la mort vers le camp de Gross-<br />

Rosen, puis sont transférées à Bergen-<br />

Belsen, où Miriam et Rachel trouvent<br />

la mort.Après la libération, Malka est<br />

emprisonnée dans un camp à Chypre,<br />

jusqu’à son immigration en Eretz Israël.<br />

Avec son mari Yehoshua, elle a 3 filles,<br />

11 petits-enfants, 36 arrière-petitsenfants<br />

et un arrière-arrière-petit-fils.<br />

Là, ils sont accueillis par la famille grecque<br />

orthodoxe Goulas qui leur offre le gîte et<br />

le couvert.David enseigne l’arithmétique<br />

aux enfants du village, et Allegra leur<br />

apprend à lire et à écrire en grec.<br />

Puis, quand les avions allemands<br />

bombardent Apidea et que les troupes SS<br />

se rapprochent du village, Konstantinos et<br />

Vassiliki Goulas, reconnus Justes parmi les<br />

Nations à titre posthume en 2018, cachent<br />

Robert et ses parents dans une cabane.<br />

Ils se nourrissent de lait de chèvre et de<br />

baies ramassées dans la neige jusqu’à la<br />

libération.<br />

Robert épousera Eva, rescapée de<br />

la Shoah, et immigre en Israël avec<br />

sa famille en 1968. Il est professeur<br />

émérite d’histoire juive médiévale et de la<br />

Renaissance à l’Université hébraïque de<br />

Jérusalem.<br />

Robert et Eva ont 3 enfants, 8 petitsenfants<br />

et 2 arrière-petits-enfants.<br />

Tova (Guitèle)<br />

Gutstein naît à<br />

Varsovie en 1933,<br />

la cadette de trois<br />

enfants. La famille<br />

parle yiddish.<br />

Avec la création<br />

du ghetto en<br />

octobre 1940, son père est envoyé<br />

aux travaux forcés. De sa fenêtre,<br />

Tova voit chaque jour des soldats<br />

allemands tirer sur des jeunes<br />

hommes et femmes. Sa mère fera<br />

accrocher un drap pour que Tova<br />

ne soit plus témoin des horreurs.<br />

Pour subvenir aux besoins de la<br />

famille, elle sort du ghetto par les<br />

égouts, mendie de la nourriture et<br />

ramasse ce qu’elle trouve dans les<br />

champs.<br />

Quand éclate le soulèvement du<br />

ghetto de Varsovie, Tova est à<br />

l’extérieur. Soudain, elle voit le ciel<br />

devenir rouge ; le ghetto est en feu.<br />

Quand elle revient, sa maison est<br />

détruite et sa famille a disparu. Elle<br />

s’enfuit, enjambant les cadavres qui<br />

gisent dans les rues.<br />

Elle rejoint la forêt et sera recueillie<br />

par des partisans, pendant un an et<br />

demi : elle apprend à parler russe<br />

et polonais. Lorsque les partisans<br />

partent en mission, ils la cachent<br />

dans un fossé qu’ils recouvrent de<br />

branches. Un jour, ils ne reviennent<br />

pas. Tova reste seule jusqu’à la fin<br />

de la guerre.<br />

Fin 1944, on la conduit dans un<br />

orphelinat. Au bout de 18 mois, elle<br />

retrouve sa mère, sa sœur et son<br />

frère dans un camp de personnes<br />

déplacées de la ville d’Ulm.<br />

Tova immigre en Israël en 1948 où<br />

elle devient infirmière. Avec son<br />

mari Binyamin, aujourd’hui décédé,<br />

ils ont eu 3 enfants, 8 petits-enfants<br />

et 13 arrière-petits-enfants.<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79 05


PORTRAIT<br />

DÉCÈS D’EPHRAÏM MOL :<br />

ENFANT CACHÉ, RESCAPÉ<br />

DE LA SHOAH<br />

Choisi pour réciter la prière de<br />

El Malah Rahamim lors des<br />

cérémonies officielles de Yom<br />

Hashoah 2023, Ephraïm Mol a eu un<br />

malaise la veille des commémorations<br />

et s’est éteint quelques jours plus tard.<br />

Il espérait faire la fierté de ses petitsenfants<br />

et arrière-petits-enfants lors<br />

des cérémonies officielles de Yom<br />

Hashoah, lundi 17 avril 2023 au soir.<br />

Choisi par Yad Vashem pour réciter<br />

la prière de El Maleh Rahamim (Dieu<br />

plein de miséricorde), il avait prévu<br />

de monter sur l’estrade de la Place<br />

du ghetto de Varsovie à Yad Vashem,<br />

décoré de ses médailles des guerres<br />

israéliennes auxquelles il a participé ;<br />

son fils Yoël, qui porte le nom de<br />

son grand-père, le père d’Ephraïm<br />

décédé à Auschwitz, devait se<br />

tenir à ses côtés. Mais la veille des<br />

commémorations de cette Journée<br />

du souvenir et de l’héroïsme et peu<br />

avant la répétition générale, le rav<br />

Ephraïm Mol, rescapé de la Shoah,<br />

a été victime d’un malaise et conduit<br />

Lucie Cartier plante son arbre au titre de Juste parmi<br />

les Nations aux côtés d’Ephraïm Mol<br />

à l’hôpital. Il s’est éteint vendredi 21<br />

avril au matin, à l’âge de 85 ans.<br />

Yad Vashem et son président Dani<br />

Dayan ont fait part de leur profonde<br />

tristesse à l’annonce de sa disparition.<br />

Ephraïm Mol, enfant caché pendant<br />

la Shoah, dont les deux parents sont<br />

morts en déportation, a consacré sa<br />

vie à la mémoire et à la transmission,<br />

témoignant sans relâche.<br />

Ephraïm (Freddy) Mol est né à<br />

Uccle, une banlieue de Bruxelles<br />

en Belgique, le 9 mars 1938, fils<br />

unique de Yoël (Yulik) Reuven et<br />

Bella. Ses parents ont quitté leur<br />

ville natale de Varsovie en Pologne,<br />

avec leurs familles respectives, pour<br />

s’installer en Belgique peu après la<br />

Première Guerre mondiale. Après<br />

leur mariage, Yoël et Bella louent un<br />

appartement bruxellois qui abrite<br />

également leurs deux ateliers : lui,<br />

membre du mouvement Beitar,<br />

fabrique des portefeuilles en cuir,<br />

et elle, confectionne des chapeaux<br />

pour dames.<br />

Le rescapé de la Shoah Ephraïm Mol<br />

En septembre 1942, devant<br />

l’ampleur du danger, ils décident<br />

de fuir la Belgique occupée par les<br />

nazis avec leur fils Ephraïm et de se<br />

rendre en Suisse, en passant par<br />

Besançon à proximité de la frontière<br />

franco-helvétique où ils ont loué une<br />

chambre dans un petit hôtel. Les<br />

autorités suisses ont fermé leurs<br />

portes aux réfugiés juifs, alors, les<br />

parents d’Éphraïm ont décidé de<br />

faire confiance à un des habitants<br />

de la ville qui aide les Juifs à passer la<br />

frontière la nuit, contre rémunération.<br />

Mais le lendemain, en lieu et place<br />

du passeur, ils se trouvent nez à nez<br />

avec deux hommes de la Gestapo<br />

qui les attendent devant l’hôtel.<br />

Orphelin, adopté et enfant caché<br />

Ephraïm et ses parents sont conduits<br />

au poste de la Gestapo. Un Allemand<br />

ordonne à deux policiers français<br />

d’emmener l’enfant. Sa mère réussit<br />

à l’embrasser et à lui mettre deux<br />

photos dans sa poche : une photo<br />

d’elle et une de son mari. Ephraïm<br />

ne sait pas encore qu’il ne reverra<br />

jamais ses parents. Le 18 septembre<br />

1942, Bela et Reuven sont déportés à<br />

Auschwitz par le convoi 34 au départ<br />

de Drancy, où ils sont assassinés.<br />

Ephraïm a rempli des Feuilles<br />

de témoignage à leur mémoire,<br />

06<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79


Ephraïm Mol témoigne de son parcours<br />

d’enfant pendant la Shoah, à Yad Vashem<br />

Ephraïm Mol, Bruxelles, 1942,<br />

avant le départ pour Besançon<br />

Bella Mol, mère d’Ephraïm Mol<br />

ainsi qu’au nom de ses grandsparents,<br />

Hinda et Yankel Dembinski,<br />

assassinés dans la Shoah.<br />

Ephraïm, 4 ans, se trouve donc<br />

escorté par la police française<br />

jusqu’au monastère de Besançon<br />

où les sœurs accueillent des fillettes<br />

et garçonnets juifs, dans la même<br />

situation qu’Ephraïm. Au bout de<br />

quelques semaines, il est envoyé<br />

dans un orphelinat juif, à Paris, avec<br />

d’autres enfants du monastère. Les<br />

autorités françaises collaborent avec<br />

l’occupant nazi, mais permettent<br />

encore aux citoyens juifs français<br />

de gérer un orphelinat, un hôpital et<br />

une maison de retraite.<br />

Le petit garçon est alors adopté<br />

par le couple Weil, des Juifs français<br />

parents d’une fille unique de 18 ans<br />

et désireux d’avoir un fils. Ephraïm,<br />

choisi pour sa bonne conduite et<br />

pour être un des rares enfants à<br />

parler français, reçoit chaleur et<br />

amour de ses parents adoptifs.<br />

Alors que la Shoah s’intensifie, les<br />

époux Weil se tournent vers Lucie<br />

Cartier, une de leur connaissance :<br />

elle cache le couple chez elle<br />

et emmène Ephraïm en région<br />

parisienne, où elle subvient à tous<br />

ses besoins. Elle sera, par la suite,<br />

reconnue Juste parmi les Nations.<br />

A la Libération, Ephraïm retrouve<br />

ses parents adoptifs. Le foyer est<br />

assimilé, le jeune garçon fréquente<br />

les écoles de la République. En<br />

1956, il a 18 ans. Avec la couverture<br />

médiatique du Canal de Suez, il<br />

commence à s’intéresser à Israël.<br />

Il souhaite effectuer son service<br />

militaire, mais ses parents adoptifs<br />

s’y opposent. Il est donc enrôlé dans<br />

l’armée française et participe à la<br />

guerre d’Algérie.<br />

En 1960, il immigre en Israël et<br />

s’installe dans le kibboutz religieux<br />

de Sde Eliyahou. Avec sa femme<br />

Rachel il décide d’embrasser la<br />

mouvance Loubavitch ; ils s’installent<br />

à Jérusalem. Il continuera à servir<br />

dans des unités de réserve de<br />

combat, prenant part à la guerre<br />

des Six jours, du Yom Kippour et la<br />

première guerre du Liban.<br />

Ephraïm consacrera également<br />

une grande partie de son temps à<br />

témoigner à Yad Vashem devant<br />

différents publics. Avec sa femme<br />

Rachel, ils ont eu 4 enfants, de<br />

nombreux petits-enfants et arrièrepetits-enfants.<br />

Ephraïm Mol s’est éteint le 21 avril<br />

2023.<br />

Yoël Reuven Mol, père d’Ephraïm Mol<br />

Ephraïm Mol (à droite sur la photo),<br />

couvent de Besançon, France, 1942<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79 07


FRANCE HOMMAGES<br />

BANDE DESSINÉE SUR LES<br />

JUSTES PARMI LES NATIONS<br />

Durant la Seconde Guerre<br />

mondiale, de nombreuses<br />

personnes, au péril de leur<br />

propre vie, ont secouru et sauvé<br />

des Juifs persécutés : ces héros de<br />

l’ombre, ce sont les « Justes parmi<br />

les Nations » ! À Nice, la population<br />

se montra particulièrement<br />

secourable pour les milliers<br />

de réfugiés. Mais lorsque les<br />

Allemands envahissent la « zone<br />

italienne », la chasse aux Juifs est<br />

aussitôt déclarée ! Face aux rafles<br />

nazies, la résistance s’organise<br />

autour de Pierre Merli, passant pour<br />

un fonctionnaire de Vichy modèle…<br />

Un couple de réfugiés juifs, Moussa<br />

Abadi et Odette Rosenstock, va<br />

initier un réseau, « le réseau Marcel<br />

», qui va s’appuyer sur la complicité<br />

du clergé local, l’évêque de Nice<br />

en tête (Monseigneur Rémond).<br />

Mais aussi de tant d’autres de<br />

confessions différentes comme les<br />

pasteurs Edmond Evrard et Pierre<br />

Gagnier. Grâce à leur courage, ce<br />

sont plus de 500 enfants qui seront<br />

cachés sous de fausses identités<br />

dans des institutions religieuses et<br />

échapperont ainsi à la déportation !<br />

Le Comité Français pour Yad<br />

Vashem, a souhaité s’associer<br />

à ce projet ambitieux, qui<br />

par l’ampleur du travail,<br />

autant que par sa portée<br />

a délibérément choisi, en<br />

utilisant la bande-dessinée<br />

pour raconter l’histoire des<br />

Justes, de toucher un public<br />

plus large, peut-être plus<br />

jeune. Ce projet est devenu<br />

une magnifique réalité ; il<br />

s’inscrit avec brio dans le<br />

grand défi qui nous est soumis<br />

aujourd’hui : celui d’entretenir<br />

la mémoire de la Shoah, alors<br />

que les voix de ses derniers<br />

témoins, hélas, s’éteignent.<br />

Pierre-François Veil<br />

Président du Comité français<br />

08 LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79


CLAIRE CONRARD :<br />

LE SAUVETAGE DE 4 ENFANTS JUIFS<br />

Le 2 avril 2023, Claire Conrard<br />

était nommée Juste parmi<br />

les Nations à titre posthume.<br />

Refusant la collaboration et faisant<br />

preuve de courage, d’humanité<br />

et de fidélité en amitié, elle avait<br />

sauvé Germaine, Charles, Maurice<br />

et Sylvain, les quatre enfants<br />

de Lina née Zweigenbaum et<br />

de Joseph Burstin, d’une mort<br />

certaine pendant la Shoah.<br />

Avant la guerre, Lina et Joseph<br />

vivent à Metz, entourés d’une<br />

vaste famille : les Zweigenbaum,<br />

arrivés de Pologne dans les années<br />

1900 et les Burstin, au début des<br />

années 1920. Commerçants,<br />

ils sont appréciés pour leur<br />

dynamisme et leur générosité.<br />

Lina Zweigenbaum épouse Joseph<br />

Burstin. Ils se lient d’amitié avec<br />

Claire Conrard qui tient le bureau<br />

de tabac voisin. Après l’invasion<br />

de la France par les allemands,<br />

les Zweigenbaum et les Burstin<br />

se réfugient à Bordeaux. Mais<br />

en novembre 1940, ils sont<br />

refoulés de Gironde, dirigés vers<br />

Tours, puis transférés au camp<br />

de La Lande. Ils sont autorisés à<br />

s’installer à Tours et en février<br />

1942, les familles se regroupent<br />

au 12 rue Pasteur.<br />

Lors de la grande rafle de Tours<br />

des 15 et 16 juillet 1942, Joseph<br />

Burstin et sa fille Germaine sont<br />

arrêtés. Germaine est libérée,<br />

mais Joseph partira sans retour<br />

pour Auschwitz par le convoi n°8<br />

du 20 juillet 1942. Le 9 octobre, les<br />

grands-parents Zweigenbaum et<br />

Burstin, leurs filles, Régine, Frieda<br />

avec leurs époux et leurs enfants<br />

sont arrêtés et transférés à<br />

Drancy, puis déportés à Auschwitz.<br />

Germaine et Charles sont confiés<br />

à un foyer de l’UGIF sous contrôle<br />

allemand. Sept adultes et six<br />

enfants sont ainsi assassinés par<br />

les nazis.<br />

Lina, malade, est aussi arrêtée,<br />

mais transportée à l’hôpital<br />

Bretonneau de Tours avec ses<br />

plus jeunes enfants, Maurice et<br />

Sylvain. Elle demande à Claire,<br />

réfugiée à Lyon, de sauver ses<br />

enfants. Une voisine de lit de Lina<br />

fait sortir Germaine et Charles<br />

du foyer, les emmène à Tours où<br />

Claire vient les chercher. Ensuite,<br />

Claire va prendre les deux petits<br />

à l’hôpital Bretonneau où ils sont<br />

cachés. Elle va les protéger et<br />

partager avec eux et les siens, le<br />

peu dont elle dispose.<br />

Le 2 avril dernier, dans le cadre<br />

prestigieux du Cercle Interallié,<br />

à Paris, Jacques Conrard, petitfils<br />

de Claire a reçu, au nom<br />

de sa grand-mère, la médaille<br />

de Juste parmi les Nations<br />

des mains de Ronit Ben Dor,<br />

ministre plénipotentiaire, chargée<br />

d’Affaires près l’ambassade<br />

d’Israël. Charles, enfant survivant,<br />

et Jacques Conrard ont évoqué<br />

des souvenirs particulièrement<br />

émouvants. Thérèse Zmijewski,<br />

fille de Claire a pu s’exprimer par<br />

visio. Jacques dira : «ma grandmère<br />

m’a en partie élevé et donné<br />

les valeurs qui m’ont accompagné<br />

toute ma vie».<br />

De nombreux amis et membres<br />

de leur famille, venus d’Israël<br />

et d’Europe ont répondu à<br />

l’invitation d’Avy Burstin, le fils<br />

de Charles et ont partagé avec<br />

la famille Conrard ces moments<br />

d’émotion et d’hommage à Claire.<br />

Leur présence, pour cette famille<br />

durement éprouvée par la Shoah,<br />

est une revanche sur la barbarie.<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79<br />

09


FRANCE<br />

ÉDUCATION<br />

RETOUR DE<br />

WANNSEE<br />

Du 12 au 16 février dernier,<br />

l’Ecole Internationale de<br />

Yad Vashem a organisé un<br />

séminaire en partenariat avec le<br />

musée de la Conférence de Wannsee<br />

et le Comité français pour Yad<br />

Vashem.<br />

C’est dans le cadre de la villa Marlier<br />

que furent réunis, le 20 janvier 1942<br />

sous la présidence de Heydrich,<br />

quinze hauts dignitaires nazis afin<br />

de mettre au point l’organisation<br />

industrielle de l’extermination des<br />

Juifs d’Europe. Le post-séminaire<br />

s’adressait aux enseignants qui<br />

avaient déjà suivi un séminaire à<br />

Yad Vashem. 23 enseignants se sont<br />

retrouvés le 12 février venant de<br />

plusieurs académies. Trois membres<br />

du Comité accompagnaient le<br />

groupe, Viviane Lumbroso viceprésidente,<br />

David Sztabholz,<br />

délégué général et Corinne Melloul,<br />

responsable du département des<br />

Justes. Le séminaire fut animé par<br />

Anna Stocker, ses collègues et par<br />

Arièle Nahmias, responsable des<br />

séminaires francophones à l’Ecole<br />

Internationale que tous ont eu le plus<br />

grand plaisir à revoir. Merci à elles<br />

pour leur écoute, leur disponibilité<br />

et leur souci constant de réfléchir<br />

avec le groupe aux applications<br />

pédagogiques possibles.<br />

Les deux premières journées<br />

furent consacrées à la visite du<br />

musée centrée sur les bourreaux,<br />

la législation et l’organisation<br />

de l’extermination. Les ateliers<br />

ont permis l’étude du langage<br />

des bourreaux, l’analyse des<br />

photographies prises par les nazis.<br />

Ils ont donné lieu à des échanges<br />

nourris et chaleureux.<br />

La troisième journée a été dédiée à la<br />

découverte des mémoriaux de Berlin<br />

et au musée juif de Berlin, l’un des plus<br />

grands musées d’Europe. Le temps<br />

brumeux et glacial de la matinée<br />

a ajouté au sens de ces visites. Le<br />

musée juif de Berlin a fortement<br />

impressionné les professeurs qui en<br />

ont jugé la visite indispensable.<br />

Les professeurs nous ont comblé<br />

de retours gratifiants et certains ont<br />

exprimé leur volonté d’apporter leur<br />

aide à l’action du Comité.<br />

- La maison de la Conférence se<br />

situe au bord du Lac, dans un<br />

cadre enchanteur : “Quelle beauté<br />

à l’extérieur et quelle horreur à<br />

l’intérieur”, dira un professeur<br />

citant le propos d’un élève.<br />

- Gaëlle : “Merci pour ces moments<br />

partagés, ces échanges, ces<br />

apports toujours aussi riches.”<br />

- “Ce post-séminaire a été un<br />

complément très utile à la<br />

semaine à Yad Vashem.”<br />

- “Ce post-séminaire s’est avéré<br />

important pour analyser la position<br />

du bourreau face à la victime.”<br />

10<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79


CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES<br />

“TOUTE LA VIE DU PEUPLE JUIF SE<br />

TRANSMET PAR LA MÉMOIRE”<br />

“Du 19 au 24 février dernier,<br />

avait lieu une session de<br />

formation organisée par<br />

l’Institut International pour la<br />

Mémoire de la Shoah, Yad Vashem<br />

en partenariat avec le Service<br />

national pour les relations avec<br />

le Judaïsme de la Conférence des<br />

évêques de France (SNRJ).<br />

Autour du Père Christophe Le<br />

Sourt, directeur du SNRJ et de son<br />

adjointe Cécile Deprez, un groupe<br />

de 15 personnes a été constitué,<br />

majoritairement composé de<br />

délégués diocésains pour les<br />

relations avec le judaïsme ou de<br />

membres de leurs équipes.<br />

Nous croyions que nous allions à<br />

un séminaire intellectuel, sur un<br />

sujet douloureux, et nous avons<br />

en fait été inclus dans la vie, celle<br />

du peuple juif qui continue et<br />

gagne par un travail de mémoire<br />

et de vérité. Mémoire, “zakhor”<br />

“Souviens toi !”, toute la vie זכר<br />

du peuple juif se transmet par la<br />

mémoire, elle est en premier celle<br />

de la libération d’Egypte mais elle<br />

est aussi, aujourd’hui, celle de la<br />

Shoah qui marque désormais de<br />

son empreinte la renaissance d’un<br />

peuple et d’un pays. Vérité : “emet”,<br />

et א qui commence par aleph אמת<br />

finit par tav ‏,ת première et dernière<br />

lettre de l’alphabet hébraïque, car<br />

“il faut toutes les lettres pour dire<br />

la vérité”, nous dit Arièle Nahmias,<br />

responsable des programmes<br />

éducatifs francophones à l’Ecole<br />

internationale pour l’enseignement<br />

de la Shoah, établie au sein du site<br />

de l’institut Yad Vashem.<br />

Sur le Mont Herzl, Mont de la<br />

Mémoire, nous avons écouté<br />

les témoignages de survivants<br />

de l’indicible, nous avons vu<br />

comment la mémoire était<br />

transmise, nous nous sommes<br />

tenus debout dans le silence de la<br />

Crypte du Souvenir, premier site<br />

dédié à la commémoration de la<br />

Shoah devant la flamme éternelle<br />

et nous avons été entraînés<br />

dans l’espérance d’Israël qui se<br />

reconstruit devant les cendres des<br />

victimes de la Shoah qui ont été<br />

rapatriées des camps pour être<br />

enterrées dans cette crypte.<br />

Yad Vashem nous a fait entrer dans<br />

cette compréhension du a donné<br />

la possibilité d’appréhender le<br />

poids que porte le peuple juif, dans<br />

une élection de responsabilité,<br />

nous est-il rappelé. Il n’y a jamais<br />

aucun enfermement dans une<br />

voie mortifère, il y a l’espérance<br />

de la vie qui a pu renaître, et des<br />

Justes parmi les Nations qui ont<br />

existé.<br />

L’auteure est Magali Delannoy du<br />

Service National pour les Relations<br />

avec le Judaïsme au diocèse de<br />

Rennes<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79<br />

11


HISTOIRE<br />

LE LIVRE DES<br />

NOMS, NOUVELLE<br />

INSTALLATION<br />

MÉMORIELLE DE<br />

YAD VASHEM<br />

Livre des Noms à Yad Vashem<br />

Depuis sa création, Yad Vashem<br />

s’efforce de recueillir les<br />

noms des six millions de Juifs<br />

assassinés pendant la Shoah - l’une<br />

de ses missions centrales. Le 29<br />

mars dernier, a été inauguré sur son<br />

site du Mont du Souvenir, le Livre<br />

des Noms : le résultat unique d’un<br />

travail méticuleux et minutieux qui<br />

commémore 4,8 millions d’hommes,<br />

femmes et enfants juifs victimes de<br />

la Shoah. Leurs identités ont été<br />

découvertes et rassemblées au<br />

fil des ans - à travers des Feuilles<br />

de témoignages, des actions de<br />

coopération avec des sites et<br />

mémoriaux, des recherches dans<br />

différentes archives en Europe de<br />

l’Est par les équipes de Yad Vashem<br />

divers documents d’archives sur la<br />

Shoah rassemblés à Yad Vashem,<br />

depuis sa création et plus encore. Ces<br />

noms sont enregistrés et compilés<br />

dans la Base de données centrale<br />

des noms des victimes de la Shoah<br />

de Yad Vashem.<br />

Le Livre des Noms, deuxième<br />

installation du genre, après un<br />

premier exemplaire présenté au Bloc<br />

27, le Mémorial de Yad Vashem sur le<br />

site d’Auschwitz, a ainsi pour vocation<br />

de compiler le nombre inconcevable<br />

de victimes de la Shoah et de<br />

répertorier leurs noms ainsi que leurs<br />

dates de naissance, villes natales et<br />

lieux de décès - s’ils sont connus. Les<br />

informations sont imprimées sur des<br />

pages mesurant deux mètres de haut<br />

et un mètre de large, et éclairées par<br />

un léger faisceau de lumière. Les<br />

dimensions massives du Livre des<br />

Noms témoignent de l’énormité de<br />

la perte collective et inimaginable<br />

que représente la Shoah, pour<br />

l’humanité dans son ensemble et<br />

pour le peuple juif en particulier. Les<br />

dernières pages du livre sont vierges,<br />

symbolisant les noms qui doivent<br />

encore être retrouvés, documentés<br />

et commémorés, une mission qui<br />

représente un grand défi pour<br />

Yad Vashem.<br />

LAURA, ARPAD, SELENE :<br />

INSCRITS DANS<br />

LE “LIVRE DES NOMS”<br />

Laura, Arpad, Selene : tous trois<br />

figurent dans le “Livre des Noms<br />

parmi les 4.8 millions d’identités de<br />

victimes de la Shoah recueillies par<br />

Yad Vashem et commémorées dans<br />

cette installation monumentale.<br />

Voici leur histoire.<br />

Friedrich Kurz et Anna Stark se<br />

marient en 1930 à Vienne. Leur fils<br />

Heinz-Henri naît en 1931. Friedrich,<br />

socialiste, possède une imprimerie à<br />

Vienne, où il imprime des manifestes<br />

antigouvernementaux. De peur<br />

d’être arrêté, il s’évade à Paris en<br />

1934, rejoint quelques mois plus<br />

tard par Anna et Heinz et ouvre à<br />

nouveau une imprimerie dans la<br />

capitale française.<br />

Selene, la mère de Friedrich, quitte<br />

Vienne pour s’installer en France en<br />

1938. La mère d’Anna, Laura Stark,<br />

veuve, refuse quant à elle de les<br />

suivre, persuadée que rien de mal ne<br />

peut arriver aux personnes âgées en<br />

Autriche. En 1939, le foyer de Friedrich<br />

et Anna, accueille une fille, Suzanne.<br />

En 1940, Friedrich rejoint la Légion<br />

étrangère française et part pour Sidi<br />

Bel Abbès en Algérie. Avec l’invasion<br />

allemande de la France, Anna s’enfuit<br />

en zone sud et s’installe au village de<br />

Damazan dans le Lot-et-Garonne<br />

avec ses enfants.<br />

Friedrich les y rejoint après sa<br />

démobilisation. A l’été 1941, la famille<br />

rentre à Paris. Friedrich obtient de<br />

faux papiers qui leur permettent de<br />

quitter la capitale et de retourner<br />

en zone sud contrôlée par Vichy. Ils<br />

se répartissent en petits groupes :<br />

Henri fait partie du premier avec son<br />

père. Il raconte :<br />

12<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79


“On traverse une forêt en poussant<br />

nos vélos, ma sonnette cogne une<br />

branche, la baffe de ma jeune vie. Il<br />

pleuvait, pleuvait, pleuvait. Arrivés<br />

de l’autre côté, papa m’enlève<br />

blouson, pull, chemise et me frotte<br />

avec du papier journal, pris je ne<br />

sais où.<br />

Outre Friedrich, Anna et leurs<br />

enfants, Selene, son mari Arpad<br />

Bogyansky et d’autres personnes<br />

font partie des fugitifs.<br />

Mais Arpad est arrêté et incarcéré au<br />

camp de Drancy. Le 25 août 1942,<br />

il écrit à Selene : “Mon amour, ne<br />

t’inquiète pas. Je vais endurer cela.<br />

Porte-toi bien, bisous à tous, Body.”<br />

Ce sera son dernier signe de vie. Le<br />

31 août, il est déporté pour Auschwitz<br />

et assassiné. Dix-huit mois plus tard,<br />

Selene, restée à Martizay, est arrêtée<br />

et déportée à Auschwitz à son tour.<br />

En novembre 1942, les Allemands<br />

occupent la zone libre du sud de la<br />

France. La situation de la famille Kurz<br />

devient de plus en plus précaire.<br />

Friedrich installe sa famille dans<br />

le petit village de Boncelin, dans la<br />

Laura-Johana Stark, la mère d’Anna<br />

Kurz. Vienne, avant la guerre<br />

banlieue d’Aix-les-Bains, où il loue un<br />

appartement au rez-de-chaussée. A<br />

l’étage, habitent la propriétaire et sa<br />

fille.<br />

Friedrich travaille dans les champs<br />

du médecin du village ; il cultive des<br />

légumes et divise sa récolte avec le<br />

praticien. Les enfants vont à l’école<br />

et les dimanches, la famille se rend<br />

à l’église. Friedrich forme les jeunes<br />

locaux au football et Henry chanté<br />

dans la chorale. Un jour, un groupe<br />

de soldats allemands viennent dans<br />

le champ où Friedrich et ses enfants<br />

s’occupent des légumes. Ils ont<br />

l’intention d’habiter la maisonnette<br />

abandonnée au fond du jardin.<br />

Mais plus de peur que de mal. Les<br />

Carte envoyée de Drancy par Arpad Bogyansky<br />

à sa femme Selene à Martizay, 25 août 1942.<br />

Selene Kurz-Bogyansky et son second mari Arpad Bogyanski. France, 1942<br />

Allemands se moqueront de leur<br />

peau blanche et leur donneront<br />

régulièrement de grosses miches<br />

de pain. La famille Kurz continuera<br />

sa routine quotidienne, même<br />

après l’arrivée des Allemands dans<br />

la région. Ils rentrent à Paris moins<br />

d’une semaine après la libération et<br />

reprennent leur activité d’imprimerie.<br />

Henri avoue :<br />

“J’ai presque honte de le dire, mais<br />

dans la mesure où nous étions<br />

ensemble, malgré des conditions<br />

de vie plutôt spartiates, j’ai mené,<br />

pendant toute cette période, la vie<br />

presque normale d’un petit garçon<br />

de mon âge.”<br />

A la fin de la guerre, Suzanne<br />

apprend avec une certaine tristesse<br />

qu’elle n’est pas catholique, mais<br />

juive. Elle commence à aller à l’école,<br />

et Henri fréquente le lycée Voltaire.<br />

En 1952, Friedrich, Anna, Henry et<br />

Suzanne immigrent en Israël.<br />

Ils sont les seuls de la famille à avoir<br />

survécu à la Shoah. Le 31 août 1942,<br />

Laura-Johana Stark a été déportée<br />

de Vienne en Biélorussie où elle<br />

a trouvé la mort. Le même jour,<br />

en France, Arpad Bogyansky était<br />

déporté de Drancy à Auschwitz,<br />

où il sera assassiné. Dix-huit mois<br />

plus tard, son épouse Selene a été<br />

internée à Drancy puis envoyée à la<br />

mort à Auschwitz le 3 février 1944.<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79<br />

13


TÉMOINS SILENCIEUX<br />

“LES MÈRES<br />

N’ABANDONNENT<br />

PAS LEURS ENFANTS“<br />

Zofia Rosner est une petite<br />

fille pendant la Shoah. Elle<br />

voit le jour à Varsovie, en<br />

1939. En septembre de cette<br />

année, l’Allemagne envahit la<br />

Pologne. Son père est arrêté par<br />

les nazis dès les premiers jours<br />

de l’occupation. Zofia et sa mère<br />

sont incarcérées dans le ghetto<br />

de Varsovie, le plus grand de la<br />

Pologne occupée. Très active, la<br />

mère de Yaël se met en contact<br />

avec la Résistance et participe à<br />

différentes activités. Entre autres,<br />

elle fait passer des enfants de<br />

l’autre côté du mur, vers la zone<br />

aryenne, pour leur éviter la<br />

déportation. Parfois, dans le cadre<br />

de ses missions, elle est amenée à<br />

s’absenter plusieurs jours durant,<br />

laissant sa fillette seule. Zofia n’a<br />

alors pour seul compagnon qu’une<br />

poupée confectionnée par sa<br />

mère : elle avait trouvé une vieille<br />

tête de poupée, sur laquelle elle<br />

avait cousu une robe fabriquée à<br />

partir de chutes de tissu. « Prends<br />

soin de ta fille, surveille-là bien<br />

toute la journée », avait-elle dit à<br />

Zofia en lui donnant sa poupée,<br />

pour l’occuper en son absence.<br />

La fillette baptise sa nouvelle<br />

amie Zuzia et développe avec<br />

elle un lien particulièrement fort.<br />

Zuzia devient son alter ego, sa<br />

confidente, une figure rassurante.<br />

Elle est aussi sa seule famille<br />

pendant les longues et effrayantes<br />

journées qu’elle passe cachée<br />

dans un cellier, quelque part dans<br />

le ghetto.<br />

Un jour, la mère de Zofia ne peut<br />

rentrer. Elle charge un jeune<br />

garçon polonais d’entrer dans<br />

le ghetto et d’en faire sortir sa<br />

fille. Le garçon enfourne Zofia<br />

dans un sac de charbon qu’il<br />

jette sur son dos pour la faire<br />

sortir clandestinement. Au bout<br />

d’un moment, la fillette se met à<br />

hurler : « J’ai oublié ma poupée ».<br />

Le garçon essaye de la résonner,<br />

mais Zofia insiste : « Les mères<br />

n’abandonnent pas les enfants<br />

dans le ghetto ».<br />

Le jeune Polonais n’a d’autre<br />

choix que de faire demi-tour pour<br />

récupérer Zuzia. Zofia survivra à<br />

la Shoah, mais seule, une fois de<br />

plus. Son père a été assassiné en<br />

déportation et sa mère décèdera<br />

peu après la libération. La fillette<br />

émigre en Israël - par la suite, elle<br />

choisira le prénom Yaël - avec sa<br />

poupée pour seul compagnon<br />

familier de voyage : Zuzia fera<br />

partie de sa vie, de ses souvenirs<br />

de famille, unique témoin de son<br />

passé dans le ghetto de Varsovie.<br />

Zuzia, la poupée de Zofia<br />

Zofia Rosner à 8 ans<br />

14<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79


COMMUNIQUÉ<br />

Président du Comité Directeur : Dani Dayan<br />

Directeur Général : Tzvika Fayirizen<br />

Président du Conseil : Rav Israel Meir Lau<br />

Vice-Présidents du Conseil : Dr. Ytzhak Arad z”l,<br />

Dr. Moshé Kantor, Prof. Elie Wiesel z"l<br />

Historiens : Prof. Dan Michman, Prof. Dina Porat<br />

Conseillers scientifiques : Prof. Yéhuda Bauer<br />

Editrice du Magazine Yad Vashem : Iris Rosenberg<br />

Directeur des Relations Internationales :<br />

Haim Gertner<br />

DÉCLARATION DE YAD VASHEM SUR<br />

LES VISITES SCOLAIRES EN POLOGNE<br />

Directrice du Bureau francophone et Editrice<br />

du <strong>Lien</strong> Francophone : Miry Gross<br />

Editrice associée : Nathalie Blau<br />

Participations : Corinne Melloul, David<br />

Stabholz<br />

Photographies : Itzhik Harari, Erez Lichtfeld<br />

En mars dernier, un<br />

rapprochement avait eu lieu<br />

dans les relations israélopolonaises.<br />

Un accord a été<br />

signé entre les ministres des<br />

Affaires étrangères des deux pays,<br />

permettant le retour des voyages<br />

scolaires israéliens à Auschwitz.<br />

Yad Vashem a tenu à réaffirmer<br />

sa position quant aux visites de<br />

groupe, à vocation pédagogique,<br />

en Pologne. Pour l’institution, il<br />

s’agit-là d’initiatives importantes<br />

qui s’inscrivent dans le cadre de<br />

l’enseignement de la Shoah et de<br />

la préservation de la mémoire.<br />

Cependant, estime Yad Vashem,<br />

il est essentiel que ces groupes<br />

soient accompagnés d’une<br />

préparation en amont adaptée et<br />

soient guidés dans le respect d’une<br />

totale exactitude historique, y<br />

compris en ce qui concerne le rôle<br />

des Polonais dans la persécution,<br />

la dénonciation et le meurtre des<br />

Juifs pendant la Shoah, mais aussi<br />

des actes de sauvetage survenus<br />

sur le sol de la Pologne occupée.<br />

Le récent accord quant à la reprise<br />

des visites éducatives en Pologne<br />

ne semble pas dicter ou limiter de<br />

tels critères.<br />

Le point de discorde s’articule<br />

surtout autour du fait que<br />

l’accord contienne une liste<br />

de sites, compilée sans Yad<br />

Vashem, comprenant des lieux<br />

problématiques qui ne devraient<br />

pas être visités dans un contexte<br />

éducatif. A noter que l’accord<br />

n’impose pas la visite de ces sites.<br />

Yad Vashem ne sera donc pas<br />

impliqué dans des visites de groupe<br />

sur tout site suspecté de déformer<br />

les événements de la Shoah ou de<br />

présenter un récit historiquement<br />

inexact. L’institution espère qu’à<br />

l’avenir, les visites éducatives<br />

d’Israël en Pologne se dérouleront<br />

en conséquence.<br />

Conception graphique : Studio Yad Vashem<br />

Publication : Yohanan Lutfi<br />

Photo de couverture : Photo de la cérémonie<br />

officielle d’ouverture de Yom Hashoah 2023.<br />

(Yad Vashem)<br />

Miry Gross, Directrice des Relations avec<br />

les pays francophones, la Grèce et le Benelux<br />

POB 3477 – 91034 Jérusalem – Israël<br />

Tel : +972.2.6443424, Fax : +972.2.6443429<br />

Email : miry.gross@yadvashem.org.il<br />

Comité Français pour Yad Vashem<br />

6 avenue de la Motte Motte-Picquet - 75007 Paris –<br />

France<br />

Tel : +33.1.47209957<br />

Email : yadvashem.france@wanadoo.fr<br />

Association des Amis Suisses<br />

de Yad Vashem<br />

CIG- 21 Avenue Dumas - 1208 Genève -<br />

Switzerland | Tel : +41.22.8173688,<br />

Fax : +41.22.8173606 | Email : jhg@noga.ch<br />

LE LIEN FRANCOPHONE, MAI 2023, N°79<br />

15


SE SOUVENIR<br />

DU PASSÉ<br />

POUR FORGER<br />

L’AVENIR<br />

Depuis son institution par le droit israélien en<br />

1953, Yad Vashem répond aux missions qui lui<br />

ont été fixées. A savoir, la commémoration et<br />

l’enseignement de la Shoah. Mais sans vous, son<br />

travail ne peut s’accomplir. Ce n’est qu’avec votre<br />

soutien que Yad Vashem peut perpétuer les leçons<br />

de la Shoah, faire office de boussole morale pour<br />

l’humanité et ainsi lutter contre l’obscurantisme et<br />

les dérives raciales.<br />

FAIRE UN DON<br />

Aidez-nous à préserver la mémoire de la<br />

Shoah en nous apportant votre contribution.<br />

Tous les dons sont les bienvenus.<br />

Ci-dessous, nos coordonnées bancaires :<br />

Nom du compte : Yad Vashem<br />

Agence : 685<br />

Numéro du compte : 20500/86<br />

Banque : Bank Leumi<br />

SWIFT BIC CODE (8 or 11 unités) :<br />

L U M I I L I T X X X<br />

IBAN : IL550106850000002050086<br />

Vous êtes également invités à contacter Miry<br />

Gross, directrice du Bureau francophone<br />

des Relations internationales :<br />

miry.gross@yadvashem.org.il<br />

FAIRE UN LEGS<br />

Pour ceux qui ne peuvent nous aider de leur<br />

vivant, il existe également la formule des dons<br />

posthumes. Le service dons et legs de l’Etat<br />

d’Israël repose sur la convention bilatérale<br />

conclue entre les gouvernements français<br />

et israéliens, qui accorde l’exonération<br />

totale à l’Etat d’Israël en matière d’impôt<br />

sur les dons et successions. Lorsqu’un<br />

testament est attribué à Yad Vashem par le<br />

biais de l’ambassade d’Israël à Paris, l’Etat<br />

ne se rémunère pas, mais a en charge le<br />

versement des fonds, contrôle les projets<br />

mis en place et vérifie qu’ils sont conformes<br />

à la volonté du testateur. Les donateurs,<br />

souvent sollicités de leur vivant, savent ainsi<br />

que leurs legs qui reviendront à Yad Vashem<br />

après leur « 120 ans » contribueront avec<br />

efficacité à pérenniser les missions clés et<br />

primordiales de l’institution.<br />

Vous pouvez prendre contact avec Miry<br />

Gross, directrice du Bureau francophone<br />

des Relations internationales de Yad<br />

Vashem : miry.gross@yadvashem.org.il,<br />

ou avec le service des legs de l’ambassade<br />

d’Israël à Paris :<br />

Apotropous4@PARIS.MFA.GOV.IL<br />

Le devoir de mémoire de Yad Vashem repose sur des travaux de recherche, la collecte, la restauration et la conservation d’objets<br />

d’époque, la gestion de fonds d’archives (documents, photographies), la maintenance de musées d’art et d’histoire, de sites de<br />

mémoire comme la Crypte du souvenir, le jardin des Justes ou la Vallée des communautés, et le travail pédagogique de son Ecole<br />

internationale pour l’enseignement de la Shoah. Tout un panel d’activités qui nécessitent des ressources humaines, techniques<br />

et financières.<br />

Yad Vashem s’emploie à honorer le souvenir des disparus. Le regard que l’institution porte sur le passé constitue la clé pour le<br />

monde tolérant et humaniste qu’elle souhaite laisser aux générations de demain. Aidez-nous, dès aujourd’hui.<br />

˝L’oubli, c’est l’exil, mais la mémoire est le secret de la délivrance˝ (Baal Shem Tov)

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