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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS-CHAMPAGNE<br />
L’UNION<br />
Joseph Garnotel<br />
29·05·23<br />
REGARD <strong>DE</strong> NOTRE EXPERT, JOSEPH<br />
GARNOTEL SUR LA FUTURE LOI<br />
D’ORIENTATION AGRICOLE<br />
Chaque semaine, la rédaction de L’union et L’Ardennais Économie donne la parole à un(e) expert(e)<br />
qui fait part de son analyse sur un fait d’actualité ou une grande tendance de l’économie. Cette semaine,<br />
c’est au tour de Joseph Garnotel membre de l’Académie d’agriculture de France.<br />
Une énième loi d’orientation agricole est dans les tuyaux. Celle-ci avait été promise par le candidat Emmanuel<br />
Macron, en septembre 2022, avec pour ambition de reconquérir la souveraineté alimentaire française, d’assurer<br />
le renouvellement des générations et d’accélérer l’adaptation face à au changement climatique et la transition<br />
agro-écologique. Depuis, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a mis<br />
à débat un projet de pacte agricole qui devrait aboutir, en septembre, à un projet de loi d’avenir. Inaugurées<br />
sous le premier gouvernement de la Ve République, les lois d’orientations agricoles sont des instruments<br />
législatifs destinés à donner un cap à l’agriculture française pour les décennies à venir. En la matière, chacun<br />
est nostalgique de la loi d’orientation de 1960 et surtout de la loi complémentaire de 1960, orchestrée par le<br />
ministre Edgard Pisani qui tendit l’oreille à un jeune leader paysan, Michel Debatisse.<br />
Le pacte et la future loi d’orientation et d’avenir agricole sont organisés autour de trois axes essentiels :<br />
l’orientation et la formation, la transmission et l’installation des jeunes agriculteurs, la transition et l’adaptation<br />
face au changement climatique. Le recensement agricole de 2020 montre combien l’agriculture française a<br />
changé en dix ans et met en lumière les défis à relever. Le renouvellement des générations en est un, ainsi que la<br />
pérennité des exploitations à caractère familial. À ce jour, plus d’un quart des chefs d’exploitation approche de<br />
la retraite et avec leur départ, plus de 5 millions d’hectares de terre vont changer de main à l’horizon des 10 ans.<br />
Mais ces surfaces libérées seront largement convoitées, en particulier par des sociétés financiarisées en plein<br />
essor. Il y a près de 60 ans paraissait Une France sans paysans pour attirer le regard des Français sur l’exode<br />
rural. Aujourd’hui, deux observateurs chevronnés, Bertrand Hervieu et François Purseigle nous donnent à lire<br />
Une agriculture sans agriculteurs, un livre qui prête à réflexion.<br />
Les aides à l’installation des jeunes agriculteurs sont bien rodées en France. Cependant, des voix s’élèvent,<br />
auxquelles se mêle celle de la Cour des comptes, pour demander un assouplissement des conditions d’accès à ces<br />
aides. Cette même Cour des comptes pointe par ailleurs « les défaillances stratégiques de la transition agricole<br />
», en se prétendant au passage comptable du nombre de têtes du cheptel bovin français. Quoi qu’il en soit,<br />
l’urgence climatique et écologique ne se discute plus, ce qui implique d’utiliser toutes les clés dont disposent<br />
les agriculteurs pour réduire les GES et préserver la biodiversité par le truchement de politiques publiques<br />
ambitieuses. Quant à la souveraineté alimentaire de la France et de l’Europe, elle s’impose expressément à<br />
nous dans un contexte marqué par des pandémies et par des guerres.<br />
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