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BO#400 Le Cineum de Cannes

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CANNES<br />

<strong>Le</strong> <strong>Cineum</strong> en Sélection<br />

FOCUS EXPLOITATION<br />

Il ne passe pas inaperçu dans le paysage et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il<br />

attise plus que jamais la curiosité. La raison première ? Son revêtement extérieur<br />

imaginé par Rudy Ricciotti, auteur <strong>de</strong> l’atypique MuCEM <strong>de</strong> Marseille. Pour le<br />

<strong>Cineum</strong>, l’architecte italien a opté pour une coque multifacette, composée <strong>de</strong><br />

panneaux triangulaires en béton fibré brut, favorisant, suivant l’inclinaison, une<br />

variété d’ombres et <strong>de</strong> reflets en fonction <strong>de</strong> la lumière, tandis que <strong>de</strong>s groupements<br />

d’artistes spécialisés dans les éclairages ont été chargés <strong>de</strong> mettre en lumière certains<br />

espaces du cinéma. Implanté à l’entrée ouest <strong>de</strong> la ville, dans le quartier historique<br />

<strong>de</strong> la Bocca, le multiplexe est entouré <strong>de</strong> logements étudiants, d’un campus universitaire,<br />

d’une pépinière d’entreprises, d’un vaste parking et d’équipements dédiés<br />

à la création <strong>de</strong> contenus audiovisuels. Une partie constitue notamment le Technopôle<br />

<strong>de</strong> l’image, qui arbore lui aussi une architecture épurée et futuriste <strong>de</strong>ssinée par<br />

Gulizzi.<br />

Si <strong>de</strong> l’extérieur, le <strong>Cineum</strong> en impose déjà, l’intérieur, imaginé par le <strong>de</strong>signer Arik<br />

Lévy, n’est pas en reste, « avec 5 000 m 2 d’emprise au sol dont 2 000 pour les espaces<br />

restauration », précise Philippe Borys-Combret. Brasserie, coffee shop, sala<strong>de</strong>rie ou<br />

traiteur local : cinq à six restaurants seront, à terme, installés dans le hall, qui<br />

accueillera également un coin <strong>de</strong> réalité virtuelle, ainsi qu’une vaste galerie d’exposition<br />

<strong>de</strong> 450 m 2 , pour présenter aussi bien <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> collection relatives aux<br />

films projetés que <strong>de</strong>s œuvres d’artistes ou <strong>de</strong>s DJ sets. « C’est important <strong>de</strong> proposer<br />

<strong>de</strong>s activités attractives pour les jeunes, avec l’idée que le <strong>Cineum</strong> ne soit pas seulement<br />

un cinéma, mais un vrai lieu <strong>de</strong> vie où l’on puisse passer la journée. Un site aussi conçu<br />

pour <strong>de</strong>s soirées événementielles sans pour autant être dans la démesure et la démonstration.<br />

Il faut rester vigilant à ne pas en faire un parc d’attractions. » Au <strong>de</strong>uxième<br />

étage, plusieurs terrasses ont été aménagées avec une vue sur la Croisette, légèrement<br />

obstruée par un maillage en béton.<br />

<strong>Le</strong> très attendu multiplexe <strong>de</strong> douze écrans<br />

accueille le Festival <strong>de</strong> <strong>Cannes</strong> dès son<br />

lancement, avant une ouverture au public dans<br />

la foulée <strong>de</strong> la manifestation. Un établissement à<br />

la pointe situé dans l’ouest cannois et développé<br />

par le réseau Cinéplanet, présidé par Philippe<br />

Borys-Combret, exploitant local du cinéma<br />

<strong>Le</strong>s Arca<strong>de</strong>s.<br />

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officielle<br />

À la pointe <strong>de</strong> la technologie<br />

L’accès aux salles se fait sur plusieurs niveaux, au premier, au<br />

<strong>de</strong>uxième et au troisième étages. Douze salles et 2 426 sièges,<br />

dans <strong>de</strong>s tons crépusculaires, composent ce multiplexe, « premier<br />

cinéma <strong>de</strong> France à être intégralement équipé en son immersif »,<br />

se félicite Philippe Borys-Combret. Systèmes DTS-X ou Dolby<br />

Atmos, projecteurs laser « compatibles avec <strong>de</strong>s lampes xénon »<br />

dans toutes les salles – c’est le troisième multiplexe français à<br />

être équipé <strong>de</strong> la sorte avec le Kinepolis <strong>de</strong> Fenouillet et<br />

l’EuropaCorp <strong>de</strong> La Joliette –, avec une également dotée d’un<br />

argentique 35 mm, ainsi que <strong>de</strong>s écrans géants, dont le plus<br />

grand arbore 24 mètres <strong>de</strong> base. « C’est la taille d’un terrain <strong>de</strong><br />

tennis, ce qui, avec celui <strong>de</strong> la salle Lumière du Palais <strong>de</strong>s Festivals,<br />

en fait le plus grand <strong>de</strong> la Côte d’Azur. »<br />

Quatre salles sur douze sont premium, dont la première,<br />

équipée du nouveau concept Aurore développé par l’exploitant<br />

(voir encart). Parmi les trois autres, celle avec l’écran <strong>de</strong> 24<br />

mètres est en IMAX et une autre en ScreenX, technologie qui<br />

étend la projection aux murs latéraux à partir <strong>de</strong> l’écran <strong>de</strong> 15<br />

mètres <strong>de</strong> base. C’est la <strong>de</strong>uxième salle du réseau <strong>de</strong> Philippe<br />

Borys-Combret à possé<strong>de</strong>r ce concept après celle du Cinéplanet<br />

d’Alès (Gard). « Dans mon idée <strong>de</strong>s cinémas <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, il est<br />

essentiel <strong>de</strong> proposer au public <strong>de</strong>s expériences qu’il ne peut retrouver<br />

chez lui, comme cette projection à 270°. » La <strong>de</strong>rnière salle<br />

premium est la plus petite, avec 58 places et un écran <strong>de</strong> 12<br />

mètres. Intitulée salle Lodge, elle a une vocation VIP et arbore<br />

CINÉPLANET DÉVOILE SON FORMAT PREMIUM<br />

<strong>Le</strong> réseau <strong>de</strong> Philippe Borys-Combret se lance à<br />

son tour dans le développement <strong>de</strong>s concepts<br />

premium avec Aurore. Un concept « hybri<strong>de</strong> »<br />

dixit l’exploitant, doté d’une projection laser<br />

4K à forte luminosité et d’un son immersif<br />

réalisé conjointement par DTS-X et les équipes<br />

du <strong>Cineum</strong>, avec l’appui <strong>de</strong> Didier Lozahic,<br />

mixeur réputé notamment pour son travail<br />

sur les films <strong>de</strong> Luc Besson ; la toile blanc mat<br />

<strong>de</strong> l'écran n'est pas trouée, « conférant ainsi<br />

une vraie netteté à l’image ». Enfin, les sièges<br />

sont en partie inclinables mais pas au point<br />

d’atteindre la position allongée. L’accent a<br />

également été mis sur l’ambiance visuelle.<br />

« Un show LED inon<strong>de</strong> le sas d’entrée, puis, dans<br />

la salle, <strong>de</strong>s animations lumineuses partent <strong>de</strong>s<br />

murs, où sont intégrés <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>aux LED jusqu’à<br />

l’écran. Ce “spectacle” ne joue qu’en avant-séance.<br />

Pendant la projection, il n’y a que le film qui<br />

compte », explique le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Cinéplanet,<br />

qui précise que n’importe quel film peut être<br />

diffusé, Aurore n’imposant aucune modification<br />

contrairement à d’autres concepts. À titre<br />

indicatif, l’installation <strong>de</strong> l’équipement, hors<br />

fauteuils et fabrication <strong>de</strong> la salle, représente<br />

une enveloppe <strong>de</strong> quelques 300 000 euros. Mais<br />

alors, en quoi ce format est-il hybri<strong>de</strong> ? « Il n’y<br />

a aucune re<strong>de</strong>vance à payer sur la billetterie »,<br />

met en avant Philippe Borys-Combret, qui<br />

entend désormais commercialiser cette salle<br />

Aurore, « un Premium Large Format par un<br />

exploitant pour les exploitants ». Si un cinéma<br />

est intéressé, il doit souscrire à un abonnement<br />

<strong>de</strong> maintenance et à un volet marketing pour<br />

une communication du concept sur l’année.<br />

Il doit également se soumettre à un cahier<br />

<strong>de</strong>s charges précis concernant la technique,<br />

le matériel et la volumétrie <strong>de</strong> la salle, « mais<br />

<strong>de</strong>s personnalisations sont possibles, nous<br />

recommandons certains produits en laissant<br />

l’exploitant libre <strong>de</strong> choisir ». Il sera plus aisé<br />

d’intégrer ce type <strong>de</strong> salle dans un établissement<br />

en construction que dans <strong>de</strong> l’existant,<br />

qui nécessitera alors « une étu<strong>de</strong> sur le pas<br />

<strong>de</strong> gradin, élément important du concept ».<br />

Si le marché <strong>de</strong>s formats premium est déjà<br />

bien fourni, Philippe Borys-Combret mise sur<br />

l’absence <strong>de</strong> re<strong>de</strong>vance, et donc une forme <strong>de</strong><br />

« liberté pour l’exploitant », pour développer<br />

Aurore sur le territoire national.<br />

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FOCUS EXPLOITATION<br />

une ambiance épurée conçue par Arik Lévy, avec peu <strong>de</strong><br />

hauts parleurs visibles. La particularité du lieu rési<strong>de</strong> dans<br />

ses fauteuils : « Ils sont équipés du son Flexound, qui varie selon<br />

la diffusion du contenu à l’écran. Cette technologie est notamment<br />

idéale pour les retransmissions <strong>de</strong> spectacles et d’opéra », souligne<br />

l’exploitant, qui précise qu’il s’agit <strong>de</strong> la première salle dotée<br />

<strong>de</strong> ce système en France.<br />

Si la programmation sera principalement généraliste, la<br />

particularité <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux premières semaines d’exploitation<br />

rési<strong>de</strong> dans son partenariat avec le Festival <strong>de</strong> <strong>Cannes</strong>. Malgré<br />

une quinzaine <strong>de</strong> minutes <strong>de</strong> trajet en transports pour rallier<br />

le <strong>Cineum</strong> <strong>de</strong>puis le Palais <strong>de</strong>s Festivals, il va souffler un air<br />

festif autour du multiplexe. En effet, comme indiqué par<br />

Thierry Frémaux lors <strong>de</strong> l’annonce <strong>de</strong> la Sélection officielle,<br />

« quatre salles seront dédiées aux projections cannoises » : la salle<br />

Aurore, l’IMAX et <strong>de</strong>ux salles classiques. Dans les faits, encore<br />

très peu d’éléments sur les animations prévues au <strong>Cineum</strong>,<br />

Philippe Borys-Combret indiquant que « c’est le Festival qui<br />

loue l’espace et sera donc libre dans son exploitation ». Une chose<br />

est sûre : l’accès au cinéma sera réservé uniquement aux<br />

festivaliers pendant la durée <strong>de</strong> l’événement. « La vraie<br />

ouverture au grand public se fera plutôt dans la foulée du Festival,<br />

si toutes les conditions le permettent. »<br />

DEUX PROJETS EN<br />

PHASE TERMINALE<br />

Pour Philippe Borys-Combret, le <strong>Cineum</strong> est le<br />

premier <strong>de</strong>s trois projets qu’il concrétise cette<br />

année. En effet, l’exploitant va achever dans les<br />

prochains mois la construction d’un établissement<br />

<strong>de</strong> huit salles et 1 100 fauteuils dans le<br />

centre-ville d’Antibes (Alpes-Maritimes), et<br />

celle d’un site <strong>de</strong> huit écrans et 1 200 places,<br />

également dans le centre, à Salon-<strong>de</strong>-Provence<br />

(Bouches-du-Rhône), en remplacement <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux salles du Club et <strong>de</strong>s six <strong>de</strong>s Arca<strong>de</strong>s qu’il<br />

opère actuellement. Il gère par ailleurs les huit<br />

écrans du Cinéplanet d’Alès. À terme, Philippe<br />

Borys-Combret sera aux comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 31<br />

salles et environ 6 400 sièges pour un potentiel<br />

<strong>de</strong> 1,8 million d’entrées.<br />

Serpent <strong>de</strong> mer<br />

La présentation du <strong>Cineum</strong> en gran<strong>de</strong> pompe au Festival <strong>de</strong><br />

<strong>Cannes</strong> vient enfin concrétiser un projet qui aura été tout sauf<br />

un long fleuve tranquille. C’est en 2006 qu’est mise sur la table<br />

l’idée <strong>de</strong> construire un nouveau cinéma. À l’époque, le souhait<br />

est déjà <strong>de</strong> l’intégrer au projet <strong>de</strong> Technopôle <strong>de</strong> l’image, sur<br />

le terrain <strong>de</strong> l’ancienne Basti<strong>de</strong> rouge, avec Pathé désigné pour<br />

exploiter le futur site. <strong>Le</strong>s premiers investissements sont lancés<br />

mais en 2012, en raison du manque d’appui <strong>de</strong>s banques, une<br />

partie du projet est enterrée. C’est finalement dans une nouvelle<br />

configuration que le dossier du cinéma repart avec, en juillet<br />

2014, un appel à projets lancé par la Ville. Sur les trois candidatures<br />

soumises, dont Pathé Gaumont à nouveau et Megarama,<br />

c’est celle <strong>de</strong> la Compagnie cinématographique <strong>de</strong> <strong>Cannes</strong> qui<br />

est retenue, en raison notamment <strong>de</strong> sa connaissance <strong>de</strong><br />

l’exploitation locale puisque son dirigeant, Philippe Borys-<br />

Combret, gère les trois écrans <strong>de</strong>s Arca<strong>de</strong>s, rue Félix Faure<br />

dans le centre-ville.<br />

Après avoir obtenu l’aval <strong>de</strong> la CDACi du Var en mai 2016<br />

puis déposé le permis <strong>de</strong> construire en septembre 2017, le<br />

chantier a pu démarrer, avec notamment la pose symbolique<br />

<strong>de</strong> la première pierre en février 2019, en présence <strong>de</strong>s exploitants<br />

mais aussi <strong>de</strong> David Lisnard, maire <strong>de</strong> <strong>Cannes</strong>, et <strong>de</strong><br />

Thierry Frémaux, délégué général du Festival. À l’époque,<br />

l’objectif est d’inaugurer le <strong>Cineum</strong> pour l’édition 2020. Mais<br />

quelques difficultés administratives conjuguées à l’arrivée<br />

brutale <strong>de</strong> la pandémie ont retardé d’un an l’achèvement <strong>de</strong>s<br />

travaux. C’est finalement au moment où le plus grand festival<br />

du mon<strong>de</strong> renoue avec son édition physique que le multiplexe<br />

voit le jour : quel timing ! Au total, 33 M € ont été déboursés<br />

pour ériger cet établissement doté « d’une véritable aura », dixit<br />

Philippe Borys-Combret. Pour l’exploitant, « il était essentiel<br />

d’offrir à cette ville mythique du 7 e art, qui plus est sous équipée,<br />

un cinéma <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière génération ». L’objectif fixé avant la crise<br />

était <strong>de</strong> 700 000 entrées annuelles – « sans compter les <strong>de</strong>ux<br />

millions <strong>de</strong> touristes qui arpentent la Croisette l’été » – dans une<br />

ville qui en avait totalisé environ 400 000 en 2019<br />

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