Magazine CNC printemps 2023
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PRINTEMPS <strong>2023</strong><br />
Un chant<br />
d’espoir<br />
La population canadienne<br />
a répondu à l’unisson à l’appel<br />
pour conserver les dernières<br />
prairies indigènes du pays
PRINTEMPS <strong>2023</strong><br />
SOMMAIRE<br />
Conservation de la nature Canada<br />
4 L’union fait la force<br />
Le pouvoir des partenariats est<br />
essentiel à l’atteinte des objectifs<br />
de conservation du Canada.<br />
6 Dutch Creek Hoodoos<br />
En Colombie-Britannique, ces cheminées<br />
de fées offrent une vue imprenable sur<br />
un important corridor écologique.<br />
7 Un jardin pour les abeilles<br />
Quatre précieux conseils pour<br />
aider les abeilles.<br />
7 Réflexions sur l’eau<br />
Pour Catherine Stewart, ambassadrice<br />
pour les changements climatiques, l’eau<br />
nourrit l’esprit et le corps.<br />
8 Un cadeau pour<br />
les prairies<br />
La Weston Family Prairie Grasslands<br />
Initiative aide les propriétaires de ranch<br />
à jouer un rôle essentiel dans la<br />
conservation des prairies indigènes.<br />
12 Tout sourire<br />
Gardez l’oeil ouvert pour apercevoir<br />
cette tortue « souriante ».<br />
14 Dire les choses telles<br />
qu’elles sont<br />
Aerin Jacob, directrice de la science et<br />
de la recherche à <strong>CNC</strong>, et le recours à la<br />
science pour accélérer la conservation.<br />
16 <strong>CNC</strong> à l’œuvre<br />
« Le Rocher » encore mieux protégé<br />
(T.-N.). Sauvegarder les prairies à herbes<br />
hautes (Man.). Unis pour la conservation,<br />
l’éducation et la science (QC). L’Ordre du<br />
Canada remis à l’ex-président de <strong>CNC</strong>.<br />
18 Une danse mémorable<br />
Brian Keating se remémore le spectacle<br />
envoûtant de tétras à queue fine.<br />
C’est extra!<br />
Visitez magazinecnc.ca pour accéder à du<br />
contenu supplémentaire en lien avec ce<br />
numéro de notre magazine.<br />
Conservation de la nature Canada<br />
245, avenue Eglinton Est, bureau 410 | Toronto (Ontario) Canada M4P 3J1<br />
magazine@conservationdelanature.ca | Tél. : 416 932-3202 | Sans frais : 1 877 231-3552<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) est la force rassembleuse au pays pour la sauvegarde de la nature. Par la<br />
conservation permanente de vastes territoires, <strong>CNC</strong> apporte des solutions à la double crise du déclin rapide de la<br />
biodiversité et des changements climatiques. <strong>CNC</strong> est un organisme de bienfaisance enregistré.<br />
Avec la nature, nous créons un monde prospère.<br />
Le magazine Conservation de la nature Canada est offert aux personnes qui appuient <strong>CNC</strong>.<br />
MC<br />
Marque de commerce de La Société canadienne pour la conservation de la nature<br />
FSC MD n’est pas responsable des calculs concernant<br />
l’économie des ressources réalisée<br />
en choisissant ce papier.<br />
Imprimé sur du papier Enviro100 fait à 100 % de fibres post-consommation, certifié Écologo et Procédé<br />
sans chlore. Ce papier est fabriqué au Canada par Rolland, qui utilise le biogaz comme source d’énergie.<br />
L’impression est effectuée au Canada, avec des encres végétales par Warrens Waterless Printing.<br />
La publication de ce magazine a sauvegardé 183 arbres et 60 762 litres d’eau*.<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
GÉNÉRÉ PAR : CALCULATEUR.ROLLANDINC.COM. CETTE PAGE : LETA PEZDERIC/<strong>CNC</strong>. COUVERTURE : DAVID SEIBEL.<br />
*<br />
2 FALL 2022 natureconservancy.ca
Ranch McIntyre, Alb.<br />
Chères amies,<br />
Chers amis,<br />
Ont collaboré<br />
à ce numéro<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
KEVIN TENEYCKE : BRIAN YUNGBLUT. JULIE BARNES : MATT RAMAGE/STUDIO D. ALBERT LAW : SACHIN KHONA.<br />
J’ai eu la chance d’explorer les vastes prairies de notre pays;<br />
de véritables mers aux reflets verts et dorés, où les herbes<br />
dansent avec le souffle de la brise et où les fleurs sauvages<br />
ajoutent des touches de couleur aux plaines ondulées. Les doux<br />
effluves de l’armoise de l’Ouest donnent l’impression d’être dans le<br />
plus grand jardin d’herbes aromatiques au monde. Voilà ce qui me<br />
plaît le plus des prairies du Canada, qui sont à la fois captivantes et<br />
sources de vie. Mes enfants et moi avons pu profiter de ce paysage<br />
extraordinaire, mais je crains que les leurs n’aient pas cette chance.<br />
En 20 ans de mise en œuvre de programmes de conservation,<br />
j’ai pu assister à une vague de changements (certains au cours de<br />
la dernière décennie), qui ont mené à des solutions novatrices où<br />
convergent les objectifs de conservation et les besoins des<br />
éleveuses et éleveurs de bétail.<br />
La collaboration entre organismes de conservation, bailleurs de<br />
fonds, fondations et d’autres formes d’appuis fournit aux propriétaires<br />
de ranch les ressources financières nécessaires pour adopter<br />
des mesures améliorant la qualité des prairies, comme le pâturage<br />
en rotation. Des changements d’une telle portée requièrent une<br />
approche pansociétale de la conservation.<br />
Dans l’article principal de ce numéro de notre magazine, je vous<br />
invite à découvrir le Programme d’investissement dans l’intendance<br />
que finance la Weston Family Prairie Grasslands Initiative. À ce<br />
jour, il représente le plus important investissement privé pour la<br />
conservation des prairies au pays. Ce programme est un excellent<br />
exemple d’effort à l’échelle de la société pour protéger des habitats<br />
naturels et les espèces qui en dépendent.<br />
Avec le retour du beau temps, je vous encourage à retourner<br />
visiter un coin de nature qui vous est cher et à en apprendre plus<br />
sur les prairies et les projets de conservation menés près de chez<br />
vous et auxquels vous pourriez donner un coup de pouce.<br />
À Conservation de la nature Canada, nous avons la conviction<br />
que quand la nature prospère, nous en bénéficions tous.<br />
Avec vous pour la conservation,<br />
Kevin Teneycke<br />
Kevin Teneycke<br />
Vice-président de <strong>CNC</strong> pour le Manitoba<br />
Julie Barnes est une<br />
rédactrice pigiste établie<br />
à Saskatoon (Sask.). Elle<br />
a écrit sur les voyages,<br />
le jardinage, l’alimentation<br />
et l’agriculture,<br />
l’architecture et la<br />
construction résidentielle,<br />
les communautés<br />
de chalets, l’urbanisme<br />
et l’éducation, et ce,<br />
pour une variété de<br />
publications et de<br />
clients. Elle est l’auteure<br />
de « Un cadeau pour les<br />
prairies ». (p. 8)<br />
Albert Law est un<br />
photographe établi à<br />
Vancouver (C.-B.). Son<br />
travail est très diversifié,<br />
allant du classique<br />
portrait au photojournalisme<br />
dans des<br />
conditions austères<br />
auprès des Forces<br />
armées canadiennes.<br />
Il a photographié Aerin<br />
Jacob pour l’article<br />
« Dire les choses telles<br />
qu’elles sont ». (p. 14)<br />
natureconservancy.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2023</strong> 3
D’UN OCÉAN<br />
À L’AUTRE<br />
L’union<br />
2<br />
fait la<br />
force<br />
Prolongement du soutien pour<br />
la protection des aires naturelles du Canada<br />
1<br />
3<br />
4<br />
Au cours des 3 prochaines années,<br />
Conservation de la nature Canada<br />
(<strong>CNC</strong>) protégera 130 000 hectares<br />
de plus d’habitats naturels prioritaires,<br />
grâce au renouvellement du Programme de<br />
conservation du patrimoine naturel (PCPN)<br />
du gouvernement du Canada.<br />
Ce soutien, combiné aux fonds provenant<br />
de partenaires et de personnes qui appuient<br />
<strong>CNC</strong>, permettra à l’organisme de protéger des<br />
milieux naturels dont la superficie totale est<br />
environ 3 fois celle de l’île de Montréal (QC).<br />
Depuis 2007, le PCPN a généré des<br />
investissements de plus de 445 millions $ du<br />
gouvernement fédéral, en contrepartie<br />
des plus de 875 millions $ recueillis d’autres<br />
sources, et ce, pour des retombées totales<br />
dépassant 1,3 milliard $ pour la conservation.<br />
Ce programme est conçu pour réunir<br />
des parties prenantes afin de trouver<br />
des solutions en conservation. Avec ses<br />
partenaires du PCPN, dont Canards Illimités<br />
Canada, Habitat faunique Canada et la<br />
communauté des organismes de conservation<br />
du pays, <strong>CNC</strong> portera encore plus loin la<br />
réussite de ce programme qui a déjà produit<br />
des résultats d’une importance capitale pour<br />
la conservation.<br />
Le prolongement du PCPN aidera <strong>CNC</strong><br />
à trouver des moyens inédits et novateurs de<br />
protéger plus rapidement davantage de terres,<br />
y compris des aires protégées privées et publiques<br />
ainsi que des paysages fonctionnels.<br />
<strong>CNC</strong> continuera aussi à soutenir et à faire progresser<br />
la conservation menée par les Autochtones,<br />
notamment dans le contexte d’Aires<br />
protégées et de conservation autochtones.<br />
Les terres dont <strong>CNC</strong> assurera la protection<br />
et la gestion grâce au PCPN, profiteront aux<br />
espèces en péril et aux oiseaux migrateurs,<br />
tout en assurant la santé et la connectivité<br />
des écosystèmes. Elles permettront aussi<br />
NOS RÉUSSITES DEPUIS LE<br />
DÉBUT DU PROGRAMME<br />
DE CONSERVATION DU<br />
PATRIMOINE NATUREL<br />
l’atténuation des effets des changements<br />
climatiques ainsi que le maintien et<br />
l’adaptation des services écologiques dont<br />
profitent les collectivités voisines.<br />
Ces terres conservées pourraient capter<br />
au moins 250 000 tonnes de carbone durant<br />
la période de renouvellement du programme<br />
échelonnée sur 3 ans, ce qui équivaut à<br />
retirer 52 000 voitures des routes.<br />
Malgré tout ce que ce partenariat a permis<br />
d’accomplir, l’urgence des crises de la perte<br />
de biodiversité et des changements<br />
climatiques est telle que nous devons en faire<br />
plus pour assurer un monde où la nature et la<br />
population pourront s’épanouir.1<br />
G. À D. : CARYS RICHARDS; STEVE OGLE; JASON BANTLE; <strong>CNC</strong>.<br />
4 PRINTEMPS <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca
VISER JUSTE<br />
Statistiques en lien avec le Programme de conservation<br />
du patrimoine naturel (PCPN)<br />
90 000<br />
Nombre total d’hectares de prairies protégés, soit une superficie<br />
plus vaste que la ville de Calgary, Alb.<br />
480 000<br />
Nombre total d’hectares de forêts conservées, soit une superficie<br />
3 fois plus vaste que le parc national du Gros-Morne, T.-N.-L.<br />
300 000<br />
Nombre total d’hectares soutenus par des activités d’intendance.<br />
96<br />
Pourcentage des projets associés au PCPN situés dans un rayon de<br />
25 kilomètres d’une zone protégée provinciale ou nationale, et qui<br />
contribuent à la connectivité dans ces régions.<br />
10<br />
G. À D. : ANDREW WARREN; KENAUK NATURE; MIKE DEMBECK; DENIS DUQUETTE; IRWIN BARRETT; ANDREW HERYGERS/<strong>CNC</strong>.<br />
Projets d’envergure<br />
5<br />
1. Aire de conservation Darkwoods, C.-B.<br />
Vallées - Montagnes - Lacs<br />
2. Parc sauvage provincial Birch River, Alb.<br />
Forêt boréale<br />
3. Buffalo Pound, Sask.<br />
Prairies indigènes<br />
4. Marais Douglas, Man.<br />
Marais - Prairie indigène sèche<br />
5. Terres boréales, Ont.<br />
Forêt boréale - Rivières - Ruisseaux<br />
6<br />
6. Kenauk, QC<br />
Forêts anciennes - Milieux humides - Lacs<br />
7. Réserve naturelle de l’estuaire de la<br />
Musquash, N.-B.<br />
Forêt acadienne - Marais<br />
8. Dunes de Cascumpec<br />
et de Conway, Î.-P.-É.<br />
Dunes de sable- Milieux humides<br />
7<br />
8<br />
9. Parc sauvage Shaw. N.-É.<br />
Forêt tempérée - Marais<br />
10. Réserve naturelle de l’estuaire de la<br />
rivière Grand Codroy, T.-N.-L.<br />
Forêt boréale - Marais - Milieux humides<br />
9<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2023</strong> 5
SUR LES<br />
SENTIERS<br />
<br />
N<br />
Westside Road<br />
Dutch Creek<br />
Hoodoos<br />
En Colombie-Britannique, ces cheminées de<br />
fées (hoodoos) offrent une vue imprenable<br />
sur un important corridor écologique.<br />
Les cheminées<br />
de fées<br />
Dutch Creek<br />
Aire de<br />
conservation<br />
Dutch Creek<br />
Hoodoos<br />
Les colonnes rocheuses de l’aire de<br />
conservation Dutch Creek Hoodoos<br />
sont des plus impressionnantes.<br />
Composées de dépôts glaciaires dont les<br />
crêtes ont été façonnées par des milliers<br />
d’années d’érosion, elles ressemblent à un<br />
château de sable.<br />
Ces « falaises féériques » se trouvent<br />
dans le sillon des Rocheuses, à l’extrémité<br />
nord du lac Columbia, sur le territoire des<br />
Premières Nations Ktunaxa et Secwépemc<br />
(bande de Shuswap). Ce sillon est d’une<br />
importance considérable, puisqu’il constitue<br />
un corridor écologique.<br />
Sur la terrasse située au sommet des<br />
falaises, une forêt de douglas de Menzies<br />
(famille des pinacées) fournit un habitat de<br />
choix à de nombreuses espèces sauvages,<br />
dont le cerf mulet et le wapiti. Les cheminées<br />
de fées abritent quant à elle des nids<br />
périlleusement aménagés où se réfugient<br />
des martinets à gorge blanche et des<br />
hirondelles à face blanche, pendant que<br />
des rapaces en quête de proies tournoient<br />
dans le ciel avec les courants ascendants.<br />
L’aire de conservation Ducth Creek<br />
Hoodoos est un lieu de randonnée très prisé<br />
par la population locale et extérieure. Un<br />
sentier bien entretenu traverse sa forêt<br />
jusqu’au sommet des cheminées. De là-haut,<br />
on accède à une vue panoramique imprenable<br />
sur le lac Columbia et au-delà.1<br />
LÉGENDE<br />
-- Sentier Dutch Creek Hoodoos<br />
P Stationnement<br />
ESPÈCES À OBSERVER<br />
• Aigle royal<br />
• Hirondelle à face blanche<br />
• Blaireau d’Amérique • Martinet à gorge blanche<br />
• Cerf mulet<br />
• Ours noir<br />
• Épervier brun • Wapiti<br />
EN SAVOIR PLUS<br />
natureconservancy.ca/dutchcreek (en anglais)<br />
CARTE : JACQUES PERRAULT. PHOTOS (HAUT EN BAS) : STEVE OGLE;<br />
STEVE OGLE; ALAMY; STEVE OGLE; <strong>CNC</strong>.<br />
6 PRINTEMPS <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca
ACTIVITÉ<br />
LES<br />
INDISPENSABLES<br />
ILLUSTRATION : CORY PROULX. PHOTO : DOMINIC STEINMANN.<br />
Aménager un<br />
jardin pour<br />
les abeilles<br />
Quatre précieux conseils<br />
Le retour du beau temps et le dégel pourraient bien<br />
être la source de motivation dont vous aviez besoin<br />
pour apporter quelques améliorations à votre jardin<br />
cette année. Avant de retrousser vos manches, nous<br />
vous invitons à découvrir ce que vous pouvez faire<br />
pour aider les abeilles. Il faut savoir que les espèces<br />
indigènes sont mieux adaptées aux végétaux qui<br />
sont également indigènes. Ces derniers nécessitent<br />
bien souvent moins d’entretien que les variétés<br />
ornementales et fournissent aux abeilles une source<br />
de nourriture de meilleure qualité. Inutile de<br />
repenser la composition entière de votre jardin, car<br />
vous pouvez avoir un impact positif en n’ y ajoutant<br />
qu’une à deux espèces indigènes par an.<br />
1. OPTEZ POUR DES<br />
VÉGÉTAUX INDIGÈNES<br />
Consultez le Web, ou<br />
une librairie, pour<br />
obtenir des informations<br />
sur les plantes de votre<br />
région. Une pépinière<br />
locale est aussi une<br />
excellente ressource<br />
pour savoir quelles<br />
plantes sont les plus<br />
appropriées pour les<br />
abeilles. En cultivant<br />
différentes espèces, vous<br />
leur fournirez le nectar<br />
et le pollen dont elles se<br />
nourrissent, et ce, du<br />
<strong>printemps</strong> à l’automne.<br />
Aidez les abeilles en<br />
plantant leurs espèces<br />
végétales préférées sur<br />
de vastes parcelles.<br />
2. CRÉEZ UN HABITAT<br />
SUR MESURE<br />
Cultivez des plantes aux<br />
tiges creuses, pour les<br />
abeilles qui nichent dans<br />
des cavités, comme<br />
les abeilles maçonnes<br />
et charpentières. À<br />
l’automne, évitez de<br />
ramasser les débris de<br />
végétaux qui jonchent le<br />
sol, pour permettre aux<br />
abeilles et aux autres<br />
pollinisateurs de s’y<br />
réfugier l’hiver venu.<br />
3. OFFREZ DU SOLEIL<br />
Les espèces qui nichent<br />
dans le sol, comme les<br />
halictes et les abeilles<br />
fouisseuses, ont besoin<br />
d’un sol meuble, dégagé<br />
et ensoleillé. Aménagez<br />
un coin à découvert,<br />
bien drainé, et où elles<br />
pourront se réchauffer.<br />
4. APAISEZ LEUR SOIF<br />
Installez un récipient<br />
d’eau fraîche peu<br />
profond contenant des<br />
cailloux partiellement<br />
immergés sur lesquels<br />
les abeilles et d’autres<br />
pollinisateurs se poser<br />
et s’abreuver.1<br />
EN SAVOIR PLUS<br />
Réflexions<br />
sur l’eau<br />
Pour Catherine Stewart, l’ambassadrice du Canada pour les<br />
changements climatiques, l’eau nourrit l’esprit et le corps.<br />
L’eau a toujours occupé une place importante dans ma vie. Ayant grandi au<br />
bord du lac Ontario, puis du lac Rice, près de Cobourg (Ont.), j’ai développé<br />
une profonde appréciation du temps passé dans la nature.<br />
À 17 ans, j’ai travaillé comme brigadière de la forêt, où j’aidais à l’entretien et au<br />
nettoyage de parcs provinciaux. Ce fut l’occasion pour moi de rencontrer des jeunes<br />
des quatre coins de la province. Les échanges que nous avons eus en travaillant dans<br />
ces vastes paysages ont été profonds et enrichissants. Après une longue journée en<br />
canot, nous trempions nos casques de protection dans les eaux du lac et prenions le<br />
temps de savourer un breuvage rafraîchissant.<br />
Aujourd’hui, j’oublie rarement de mettre ma bouteille d’eau en acier inoxydable<br />
dans mon sac à dos. Que je sois dans la nature ou dans un aéroport, elle m’est<br />
indispensable. Elle a une valeur sentimentale pour moi, puisqu’elle m’accompagne<br />
fidèlement depuis de nombreuses années. Chaque fois que je l’utilise, je sais que je<br />
contribue à retirer une bouteille de plastique de la circulation.<br />
Pour moi, les étés au Canada se résument à passer du temps sur l’eau, sous un<br />
ciel étoilé, à écouter les grillons et le chant des plongeons huards. L’hiver venu, il<br />
n’y a rien de tel que de se sentir pousser par le vent en patinant sur un lac gelé. Qu’il<br />
s’agisse d’une brève promenade ou d’une longue excursion en plein air, je trouve<br />
toujours agréable de profiter de ces moments pour me rapprocher davantage des<br />
autres et de moi-même. La magie de la nature, c’est qu’elle est là pour nous tous.1<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2023</strong> 7
Un<br />
cadeau<br />
pour les<br />
prairies<br />
Grâce à la Weston Family<br />
Prairie Grasslands Initiative,<br />
les personnes qui exploitent<br />
un ranch peuvent jouer un rôle<br />
essentiel dans la conservation<br />
des dernières prairies indigènes.<br />
PAR Julie Barnes, rédactrice-réviseure pigiste<br />
Tamara Carter évalue<br />
l’état du troupeau du<br />
ranch familial.<br />
RACHELLE HODGINS.<br />
8 PRINTEMPS <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca
C’est dans le froid vivifiant<br />
d’un après-midi de décembre<br />
que j’arrive au ranch de la famille<br />
Carter, dans le sud-ouest<br />
de la Saskatchewan. À première<br />
vue, c’est un paysage hivernal austère, couvert<br />
d’une couche de neige fraîche marquée seulement<br />
par les traces d’un lapin de Nuttall.<br />
En y passant un peu de temps, il devient<br />
évident que cette terre regorge d’une biodiversité<br />
remarquable, tant à sa surface que<br />
dans son sol riche en minéraux. Et la famille<br />
Carter a l’intention qu’il en demeure ainsi.<br />
Après 3 kilomètres parcourus sur le chemin<br />
menant au ranch, on aperçoit quelquesuns<br />
des 250 bovins Black Angus des Carter,<br />
dont la couleur contraste grandement avec<br />
la toile de fond blanche. La propriété familiale<br />
se trouve tout de suite après, perchée sur la<br />
crête d’une colline et entourée de peuplements<br />
majestueux de conifères, de frênes<br />
rouges et d’érables à Giguère.<br />
Tamara et Russ Carter sont les gardiens de<br />
ces 2800 hectares de prairies indigènes, acquis<br />
en 1996, où ils ont élevé leurs enfants. Les<br />
racines des Carter y sont toutefois bien plus<br />
profondes, car la famille de Russ y pratique<br />
l’agriculture et l’élevage depuis plus de 100 ans.<br />
Ici, un réseau composé de microorganismes<br />
du sol, d’insectes, de plantes, d’animaux<br />
sauvages, de bétail et d’humains travaille<br />
en harmonie au maintien d’écosystèmes<br />
de prairie sains et résilients. « C’est à la fois<br />
un cadeau et un privilège, déclare Tamara.<br />
Prendre soin de la terre est une énorme responsabilité<br />
que je ne prends pas à la légère. »<br />
C’est l’expérience de Tamara Carter en tant<br />
qu’éleveuse qui en a fait la personne toute désignée<br />
pour le poste de directrice de la conservation<br />
des prairies à Conservation de la nature<br />
Canada (<strong>CNC</strong>). À ce titre, elle développe et<br />
dirige depuis deux ans la Weston Family<br />
Prairie Grasslands Initiative, le plus important<br />
investissement jamais réalisé pour l’intendance<br />
des prairies du Canada. Bien que Tamara<br />
s’apprête à passer le relais, elle a fermement<br />
engagé le projet sur la voie du succès.<br />
Lancé en 2021, le Programme d’investissement<br />
dans l’intendance (Stewardship Investment<br />
Program) est une collaboration de<br />
quatre ans financée par la Weston Family<br />
Prairie Grasslands Initiative et conçue<br />
pour protéger et conserver les prairies indigènes<br />
de l’Alberta, de la Saskatchewan et<br />
du Manitoba. Pour en augmenter la portée et<br />
l’impact, <strong>CNC</strong> s’est associé à quatre organismes<br />
: Canards Illimités Canada, la Société<br />
protectrice du patrimoine écologique du<br />
Manitoba, la Southern Alberta Land Trust<br />
Society et la Western Sky Land Trust.<br />
Avec ces partenaires, <strong>CNC</strong> offre jusqu’à<br />
830 subventions pour soutenir les travaux visant<br />
à préserver et rehausser la biodiversité<br />
sur 1,4 million d’hectares de prairies dans les<br />
provinces des Prairies, et ce, grâce à la générosité<br />
de la Fondation de la famille Weston<br />
et son portefeuille de terres saines, qui vise à<br />
restaurer et protéger la biodiversité en milieux<br />
sauvages, agricoles et urbains. Ainsi, les<br />
propriétaires fonciers qui répondent aux critères<br />
d’admissibilité peuvent demander à <strong>CNC</strong><br />
une subvention d’un maximum de 10 000 $<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2023</strong> 9
pour financer des projets visant à protéger<br />
leurs prairies et les espèces qui en dépendent.<br />
Ce financement arrive à point nommé, car<br />
les personnes qui exploitent des ranchs subissent<br />
une pression financière accrue en raison<br />
de la hausse rapide du coût des engrais,<br />
du carburant, de la nourriture pour les bêtes et<br />
des équipements. « Tout augmente, sauf ce<br />
qu’on nous paye pour notre bétail. Le prix de<br />
détail n’est pas du tout représentatif de la<br />
somme que nous recevons. » Les propriétaires<br />
fonciers peuvent gagner plus d’argent en<br />
convertissant leurs prairies pour y faire pousser<br />
des cultures de grande valeur comme le<br />
canola, le blé ou les lentilles. « C’est très tentant<br />
quand le bétail ne rapporte pas assez »,<br />
explique Tamara.<br />
Puisque la majeure partie des prairies qui<br />
subsistent au Canada appartiennent ou sont<br />
gérée par des éleveuses et éleveurs de bovins,<br />
des gens comme Tamara jouent un rôle crucial<br />
dans leur sauvegarde. Comme administratrice<br />
du Programme d’investissement dans<br />
l’intendance, elle a fait office d’intermédiaire<br />
entre le milieu de la conservation et les propriétaires<br />
de ranchs. « J’ai moi-même appris<br />
des choses sur la conservation grâce à <strong>CNC</strong>,<br />
et maintenant je transmets une partie de ces<br />
connaissances avec mes pairs en leur disant :<br />
“Hé! Voici ce que vous pouvez faire grâce à un<br />
partenariat avec <strong>CNC</strong>” ».<br />
Le programme, qui en est à sa deuxième<br />
année, a à ce jour financé près de 330 projets.<br />
Selon Tamara, l’aménagement de systèmes<br />
d’alimentation en eau et l’installation de clôtures<br />
respectueuses de la faune figurent parmi<br />
les projets les plus communément réalisés<br />
par les bénéficiaires de subventions.<br />
Des puits pour la<br />
conservation<br />
Les Prairies ont récemment connu cinq années<br />
d’importantes sécheresses. Tamara a rencontré<br />
des propriétaires qui envisageaient de réduire<br />
leur troupeau, et d’autres qui ont quitté l’industrie<br />
en raison du manque d’accès à l’eau. Le<br />
Programme d’investissement dans l’intendance<br />
a aidé les bénéficiaires de subventions<br />
à financer l’installation de nouveaux puits et<br />
d’abreuvoirs, permettant ainsi de garder leur<br />
troupeau. « Ces projets ont des résultats immédiats<br />
et mesurables », affirme Tamara.<br />
Cecily et Brian Knodel ont aussi été témoins<br />
de l’impact immédiat de l’ajout d’une<br />
nouvelle source d’eau. Leur famille pratique<br />
depuis plus de 120 ans l’élevage sur le versant<br />
nord des collines Cypress, en Alberta. Au<br />
cours de leur vie, le couple a vu une grande<br />
partie des prairies entourant leur propriété<br />
être converties en terres cultivées.<br />
« Nous travaillons fort pour faire la rotation<br />
des pâturages », explique Cecily. Ça implique<br />
Les éleveurs, éleveuses, et leurs troupeaux jouent un rôle<br />
essentiel dans la gestion des prairies restantes du Canada.<br />
de déplacer le bétail pour améliorer le sol,<br />
rajeunir l’herbe et donner au sol le temps de<br />
se régénérer. Une fois le bon équilibre atteint,<br />
les végétaux produisent plus de racines qui<br />
poussent plus profondément.<br />
Les Knodel avaient déjà une servitude de<br />
conservation avec la Southern Alberta Land<br />
Trust Society (SALTS), un organisme qui<br />
travaille avec les propriétaires de ranchs et<br />
qui conserve plus de 16 000 hectares dans les<br />
piémonts et les prairies de l’Alberta.<br />
« Nous avons discuté avec la SALTS de la<br />
possibilité d’amener l’eau plus au sud, c’est-àdire<br />
dans la partie nord de notre propriété<br />
où se trouvait le bétail. Les bêtes avaient<br />
toutefois tendance à vouloir rester sur l’herbe<br />
indigène plutôt que de brouter l’herbe<br />
cultivée, raconte Cecily. Nous avons pensé<br />
que si nous pouvions ajouter une nouvelle<br />
source d’eau sur l’étendue d’herbes cultivées<br />
et ensuite la clôturer, nous pourrions mieux<br />
l’utiliser et protéger l’herbe indigène. »<br />
Leur contact à la SALTS leur a parlé du<br />
Programme d’investissement dans l’intendance.<br />
Le financement octroyé leur a permis<br />
d’aménager une nouvelle source d’eau et un<br />
abreuvoir, et d’installer une clôture pour faciliter<br />
la rotation des pâturages. « Une fois la<br />
clôture en place, nous avons laissé le bétail<br />
paître sur l’herbe cultivée au <strong>printemps</strong> et au<br />
début de l’été, explique Brian. Cela a donné le<br />
temps aux oiseaux de nicher parmi les herbes<br />
indigènes sans être dérangés par la présence<br />
des bêtes ».<br />
Les populations d’oiseaux des prairies ont<br />
diminué de 57 % depuis 1970, et elles ne sont<br />
pas seules, car plus de 60 espèces en péril<br />
dépendent des prairies. Ces espèces ont vu<br />
leurs populations chuter de près de 90 % dans<br />
le même laps de temps.<br />
« Quand vous travaillez dans le secteur de<br />
l’élevage, vous n’avez pas beaucoup d’argent<br />
pour des dépenses supplémentaires, ajoute<br />
Brian. Il aurait été extrêmement coûteux pour<br />
nous d’amener l’eau par nous-mêmes. La subvention<br />
de la Fondation de la famille Weston<br />
nous a énormément aidés. » Une fois ces projets<br />
mis en œuvre, « nous avons créé un meilleur<br />
environnement pour la faune et aussi<br />
pour le bétail; c’est énorme », dit Brian.<br />
Cecily confirme un sentiment exprimé<br />
par Tamara lors de notre promenade au ranch<br />
Carter : « Je ne pense pas que les gens se<br />
rendent vraiment compte qu’en plus de gérer<br />
une entreprise, nous devons être de bons intendants<br />
du territoire. Si nous détruisons la<br />
terre, nous détruisons aussi notre entreprise. »<br />
Et Brian d’ajouter : « La terre s’occupe de<br />
nous, alors nous devons nous occuper d’elle. »<br />
La bonne intendance est<br />
bonne pour les affaires<br />
Selon Justin Thompson, directeur général de<br />
la SALTS, l’une des idées fausses que peuvent<br />
entretenir les gens qui ne travaillent pas dans<br />
le domaine de l’élevage est que le bétail ne<br />
peut jouer un rôle positif dans l’intendance<br />
des prairies.<br />
RACHELLE HODGINS.<br />
10 PRINTEMPS <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca
ALAMY STOCK PHOTO; JASON BANTLE.<br />
« Le bétail est un outil dans la gestion de<br />
prairies saines. Le pâturage est l’utilisation<br />
des terres la plus compatible qui soit si votre<br />
objectif est de préserver l’habitat d’espèces<br />
en péril, la valeur des bassins versants, et de<br />
stocker du carbone », ajoute-t-il.<br />
Selon M. Thompson, le financement de<br />
la Fondation de la famille Weston a un effet<br />
multiplicateur, grâce aux partenariats solides<br />
qu’il favorise entre les ONG environnementales.<br />
« Ces dernières années, la conservation<br />
est devenue beaucoup plus collaborative, ditil.<br />
Les subventions nous ont permis de nous<br />
associer et de collaborer avec d’autres ONG,<br />
qui ne font pas partie du programme, pour<br />
obtenir du financement additionnel… Nous ne<br />
réalisons pas seulement un projet; nous réalisons<br />
un projet et nous faisons appel à un autre<br />
partenaire pour en réaliser un autre. »<br />
Le Programme d’investissement dans l’intendance<br />
a un effet boule de neige similaire<br />
dans le sud-ouest de la Saskatchewan. Clint<br />
Christianson y est impliqué dans trois pâturages,<br />
soit comme président du Val Marie<br />
Community Pasture (40 400 hectares), gestionnaire<br />
du Beaver Valley Community Pasture<br />
(24 300 hectares) qui est adjacent, et<br />
membre du conseil d’administration du Lone<br />
Tree Community Pasture (13 300 hectares).<br />
Avec les fonds provenant du programme,<br />
M. Christianson a travaillé avec <strong>CNC</strong> au démarrage<br />
de quatre projets sur ces trois pâturages.<br />
Ces projets ont permis d’amener de<br />
l’eau et d’installer une clôture électrique respectueuse<br />
de la faune pour gérer la rotation<br />
des pâturages, comme l’ont fait les Knodel.<br />
L’impact est énorme. « C’est sans commune<br />
mesure », déclare-t-il. Il note que les fonds<br />
aident à supporter le coût de projets qui profitent<br />
à tous. « L’impact est réparti entre<br />
100 producteurs et productrices de bétail et<br />
profite à près de 81 000 hectares. »<br />
M. Christianson travaille en étroite collaboration<br />
avec <strong>CNC</strong> et les ministères de l’Agriculture<br />
et de l’Environnement de la province.<br />
Lors de rencontres sur les pâturages communautaires,<br />
chacun regarde le paysage sous un<br />
angle différent.<br />
« En tant qu’éleveur et producteur, je ne<br />
vois pas la même chose que les autres, mais<br />
maintenant nous pouvons tous être sur la<br />
même longueur d’onde, dit-il. Au fond, nous<br />
voulons tous la même chose : que cette terre<br />
soit toujours la même dans cent ans. »<br />
Eliza Mitchell est éleveuse et présidente du<br />
comité de conservation de la Fondation de la<br />
famille Weston. Elle explique que l’objectif de<br />
la Weston Family Prairie Grasslands Initiative<br />
est de soutenir les accords de conservation<br />
sur environ 1,6 million d’hectares de prairies<br />
privées, et ce, pour améliorer l’habitat des<br />
espèces en péril, favoriser les déplacements<br />
de la faune, gérer les espèces envahissantes,<br />
et restaurer les prairies indigènes. Ultimement,<br />
l’objectif est non seulement de rétablir<br />
la santé des prairies, mais qu’elles soient<br />
aussi saines qu’il y a 100 ans.<br />
Comme il ne reste que 20 à 25 % des<br />
prairies au Canada, « il est impératif de<br />
valoriser et de protéger ce qui reste », déclare<br />
M me Mitchell. Elle explique que les prairies<br />
ont le pouvoir de résister aux changements<br />
climatiques par la séquestration du carbone :<br />
« Ces paysages stockent des milliards de<br />
tonnes de carbone dans leur système racinaire<br />
et leur sol. Ils figurent parmi les stocks de<br />
carbone les plus élevés au monde. »<br />
La prairie a évolué avec la présence de<br />
bisons, explique-t-elle. Cet écosystème « a<br />
besoin d’une perturbation similaire, comme<br />
la présence de vaches, pour maintenir son<br />
intégrité écologique. Il y a le broutage, mais<br />
aussi le piétinement des sabots. Tous ces éléments<br />
ont un effet sur les espèces des prairies.<br />
Sans une gestion appropriée et ciblée<br />
pour imiter ces perturbations, les prairies<br />
perdraient rapidement leur biodiversité si<br />
unique et précieuse. »<br />
De retour au ranch de la famille Carter,<br />
Tamara décrit avec une certaine intensité une<br />
époque révolue. « J’en ai parfois des frissons,<br />
confie-t-elle. Il y a 200 ou 500 ans, vous auriez<br />
vu ici d’immenses troupeaux de bisons brouter<br />
et parcourir les prairies. En fermant les<br />
yeux, vous pouvez presque ressentir le tonnerre<br />
de leurs sabots, comme si vous étiez là<br />
en esprit. » Elle ajoute : « Pendant des milliers<br />
d’années, cette terre a fait vivre les bisons, les<br />
cerfs, les élans et les antilopes d’Amérique<br />
ainsi que nos ancêtres. Aujourd’hui, le bétail y<br />
paît aussi. Ces quelques prairies restantes<br />
n’ont jamais été labourées, cultivées ou développées.<br />
Quand je suis ici avec mes vaches,<br />
c’est comme si j’étais attachée à toutes les<br />
choses qui sont encore bonnes, encore naturelles.<br />
Dans combien d’autres endroits de la<br />
planète peut-on se dire “ce paysage est encore<br />
naturel”? »1<br />
Bison.<br />
Buse rouilleuse.<br />
LE DÉCLIN DES<br />
OISEAUX DE PRAIRIES<br />
Les oiseaux comptent parmi les meilleurs<br />
indicateurs de l’état de santé de notre<br />
planète. Ils sont bénéfiques pour notre<br />
santé mentale et nos milieux de vie.<br />
Cependant, les espèces qui dépendent<br />
des prairies, comme la buse rouilleuse et<br />
le bruant à ventre noir, risquent fort de<br />
disparaître. Les populations d’oiseaux des<br />
prairies ont en effet chuté de près de 60 %<br />
au Canada depuis 1970, ce qui représente<br />
300 millions d’oiseaux!<br />
Les raisons de ce déclin rapide sont<br />
l’agriculture, le recours à des pesticides,<br />
l’érosion et les graves sécheresses et<br />
inondations dues aux changements<br />
climatiques.<br />
Mais tout n’est pas perdu, car <strong>CNC</strong><br />
s’affaire à protéger des habitats de<br />
prairies. En Saskatchewan, par exemple,<br />
il aide à évaluer la santé des populations<br />
d’oiseaux sur son site de conservation<br />
Big Valley, en contribuant au programme<br />
Monitoring Avian Productivity and<br />
Survivorship (MAPS).<br />
Ce programme surveille les données<br />
démographiques sur les oiseaux et<br />
contribue à leur conservation à l’échelle<br />
de l’Amérique du Nord. Pendant la saison<br />
de nidification estivale, un système<br />
de filets à mailles fines est utilisé pour<br />
capturer des oiseaux. Le personnel du<br />
MAPS bague les spécimens capturés et<br />
recueille des données sur leur âge, leur<br />
sexe, leur condition physique et leur statut<br />
reproductif. Une fois munis d’une bague<br />
en aluminium numérotée, les oiseaux sont<br />
relâchés sains et saufs. Comme le MAPS<br />
est un programme déployé à l’échelle<br />
continentale, les données recueillies à Big<br />
Valley contribuent à la conservation des<br />
oiseaux dans toute l’Amérique du Nord.<br />
AIDONS LES HABITATS DE PRAIRIES<br />
conservationdelanature.ca/prairies<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2023</strong> 11
PROFIL<br />
D’ESPÈCE<br />
Tortue mouchetée<br />
Gardez l’oeil ouvert pour apercevoir cette tortue « souriante » marquée de jaune vif<br />
ROBERT MCCAW.<br />
12 PRINTEMPS <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca
APPARENCE<br />
On reconnaît facilement la tortue<br />
mouchetée à son menton et sa gorge<br />
jaunes. Sa bouche incurvée donne<br />
l’impression qu’elle sourit.<br />
Sa grosse carapace bombée, dont la couleur<br />
varie du noir au brun, peut mesurer jusqu’à<br />
28 centimètres de long. Elle arbore souvent des<br />
marques de couleur fauve ou jaune, qui sont<br />
plus pâles ou absentes sur certains<br />
spécimens. Son plastron est jaune<br />
avec de grosses taches foncées<br />
sur le pourtour.<br />
AIRE DE<br />
DISTRIBUTION<br />
Au Canada, la plupart des<br />
tortues mouchetées se trouvent<br />
dans le sud de l’Ontario et dans<br />
l’ouest du Québec; une<br />
population isolée existe en<br />
Nouvelle-Écosse.<br />
ROBERT MCCAW.<br />
HABITAT<br />
La tortue mouchetée fréquente<br />
les milieux humides, les étangs de<br />
castors ainsi que les lacs peu profonds<br />
et aux fonds boueux. Elle hiberne sous<br />
les fonds boueux et le <strong>printemps</strong> venu,<br />
se réchauffe au soleil. Cette espèce<br />
peut parcourir plusieurs kilomètres<br />
entre son habitat d’été et<br />
celui d’hiver.<br />
MENACES<br />
La population de tortues<br />
mouchetées des Grands Lacs/fleuve<br />
Saint-Laurent et celle de la Nouvelle-Écosse<br />
sont toutes deux considérées comme étant en<br />
voie de disparition par le Comité sur la situation<br />
des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Les<br />
menaces qui pèsent sur l’espèce comprennent la<br />
perte d’habitat de milieux humides, les collisions<br />
avec des véhicules et le commerce illégal<br />
d’animaux de compagnie. Ajoutons que les<br />
ratons laveurs et les renards sont<br />
des prédateurs de nids de<br />
tortues mouchetées.<br />
AIDEZ<br />
CETTE ESPÈCE<br />
Contribuez à protéger<br />
l’habitat d’espèces en péril à<br />
conservationdelanature.ca/<br />
donnez<br />
Que fait <strong>CNC</strong> pour<br />
protéger l’habitat<br />
de cette espèce?<br />
Au Québec, <strong>CNC</strong> assure la<br />
protection de terres où la tortue<br />
mouchetée est présente en<br />
Outaouais, plus précisément<br />
dans les municipalités du<br />
Pontiac, de Bristol, de Clarendon<br />
et de Sheenboro. Les<br />
étangs de castors représentent<br />
environ 90 % de l’habitat de<br />
cette espèce. En construisant<br />
leurs barrages, les castors créent<br />
des plans d’eau là où il n’y avait<br />
auparavant que des ruisseaux,<br />
ce qui devient un milieu idéal<br />
pour ces tortues. Bien installées<br />
sur le dessus des huttes de<br />
castor, elles se réchauffent au<br />
soleil, ce qui est essentiel à leur<br />
survie. Pour éviter de démanteler<br />
les barrages de castors<br />
qui peuvent provoquer des<br />
inondations, <strong>CNC</strong> participe<br />
à l’élaboration de solutions<br />
durables et pratiques, comme<br />
l’installation d’un système de<br />
canalisation qui régule naturellement<br />
le niveau des rivières sans<br />
détruire ces habitats.1<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2023</strong> 13
UNE FORCE POUR<br />
LA NATURE<br />
Dire les choses<br />
telles qu’elles sont<br />
Aerin Jacob s’appuie sur la science pour accélérer la conservation<br />
ALBERT LAW.<br />
14 PRINTEMPS <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca
Lorsqu’elle était petite, Aerin Jacob passait<br />
une partie de ses étés dans un chalet familial<br />
situé au nord du lac Supérieur, en Ontario.<br />
Elle et sa famille prenaient un train de nuit à partir de<br />
Toronto. Tout endormie après le long voyage, Aerin<br />
retrouvait ses grands-parents à la gare.<br />
ALBERT LAW.<br />
Aerin Jacob se souvient très bien du chant du plongeon huard et du<br />
crissement des feuilles sous ses pieds, alors qu’elle marchait dans la<br />
forêt autour d’un petit lac.<br />
Pendant sa jeunesse, elle et sa famille ont habité dans différentes régions<br />
du pays et à l’étranger. Peu importe où elle se trouvait, Aerin a toujours<br />
adoré passer beaucoup de temps à explorer la nature. « Un sujet<br />
de discussion courant dans ma famille était notre responsabilité envers<br />
les autres êtres vivants », se souvient-elle. « Nous parlions aussi de la<br />
façon de laisser les choses en meilleur état que nous les trouvions. »<br />
En septembre 2022, après six ans au sein de l’équipe de la<br />
Yellowstone to Yukon Initiative, Aerin s’est jointe à Conservation<br />
de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) à titre de directrice de la science et de<br />
la recherche. Ayant conçu et dirigé des recherches qui ont mené à<br />
plus de 50 articles scientifiques, rapports techniques et chapitres<br />
de livres, elle dispose d’une vaste expérience sur laquelle s’appuyer.<br />
En plus d’être professeure associée, elle a fait partie de nombreux<br />
panels et comités, et a reçu des bourses et des distinctions pour ses<br />
travaux en conservation.<br />
Aerin joue un rôle de leader en encourageant une approche<br />
scientifique de la conservation, en menant des recherches et en<br />
collaborant avec plus de 150 partenaires de recherche de partout<br />
Il faut mener les bons projets aux bons<br />
endroits et mesurer nos succès et nos<br />
échecs au fil du temps. Nous devons nous<br />
efforcer de constamment nous dépasser.<br />
au pays. À <strong>CNC</strong>, elle supervise le programme de bourses de recherche<br />
en science de la conservation de la famille Weston, qui s’adresse aux<br />
étudiant(e)s de maîtrise et de doctorat qui effectuent des recherches<br />
sur les priorités définies par l’organisme, telles que les espèces en<br />
péril, la connectivité écologique et les espèces envahissantes.<br />
« Le programme de bourses est passionnant et important », déclare-t-elle.<br />
« Il est très stimulant de travailler avec des jeunes qui<br />
apportent de nouvelles idées et forment la prochaine génération de<br />
leaders de la conservation. Les priorités établies par <strong>CNC</strong> contribuent<br />
à assurer la qualité des travaux de conservation, pas seulement leur<br />
quantité. Il faut veiller à mener les bons projets aux bons endroits et<br />
à mesurer nos succès et nos échecs au fil du temps. Nous devons<br />
nous efforcer de constamment nous dépasser. »<br />
Dans son travail, Aerin Jacob doit s’assurer d’avoir une vue d’ensemble.<br />
Elle souligne l’importance d’évaluer les solutions aux multiples<br />
menaces qui pèsent sur la nature, ainsi que les effets individuels<br />
et cumulatifs de chacune d’entre elles. « Il faut se concentrer sur les<br />
menaces les plus importantes et proposer des solutions audacieuses;<br />
il ne faut pas se contenter de demi-mesures », ajoute-t-elle.<br />
La communication des connaissances<br />
scientifiques est une pièce importante du<br />
casse-tête, selon Erin Jacob. Bien qu’elle n’ait<br />
pas toujours été à l’aise de parler en public,<br />
elle a toujours perçu cette partie de son travail<br />
comme étant un moyen efficace de mobiliser<br />
plus largement la recherche. D’ailleurs,<br />
des entretiens avec les médias ainsi que des<br />
présentations publiques l’ont tenue occupée<br />
lors de la 15e Conférence des Parties (COP15)<br />
à la Convention sur la diversité biologique des<br />
Nations Unies, qui a eu lieu à Montréal en<br />
2022. Elle confie que sa participation à la<br />
conférence l’a inspirée : « Il était important<br />
que le Canada passe de la parole aux actes en<br />
ce qui concerne les projets de conservation<br />
ambitieux et la réconciliation. Par exemple, le<br />
gouvernement y a annoncé un financement<br />
accru et un soutien actif du travail mené par<br />
les Autochtones. »<br />
Selon Aerin, on accorde de plus en plus<br />
d’importance aux connaissances autochtones.<br />
« C’est un changement important et nécessaire<br />
», déclare-t-elle. « Des preuves tout<br />
aussi valables sont issues des savoirs scientifiques<br />
et autochtones. Nous devons considérer<br />
et mettre à profit ces deux systèmes de<br />
connaissance. À cet égard, les scientifiques<br />
doivent faire preuve d’humilité. Il faut être<br />
ouvert à l’expertise de personnes qui ont été<br />
formées de manière différente. »<br />
Enfant, elle pensait à son avenir en s’imaginant<br />
exercer diverses professions, notamment<br />
celle de vétérinaire et de journaliste.<br />
Elle fait remarquer que le service à la communauté<br />
et à l’environnement a toujours fait<br />
partie de ses aspirations. En riant, elle admet<br />
également qu’elle était une enfant très curieuse<br />
de nature.<br />
« La petite Aerin aurait probablement été<br />
très heureuse de savoir qu’il existe des carrières<br />
dans lesquelles on peut nourrir à la fois<br />
son intérêt pour les animaux, le plein air et sa<br />
soif d’apprendre », assure Aerin Jacob. « Ne<br />
cachez pas votre enthousiasme, et utilisez vos<br />
talents pour aider les autres. »1<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2023</strong> 15
<strong>CNC</strong><br />
À L’ŒUVRE<br />
1<br />
« Le Rocher » encore mieux protégé<br />
BAIE ST. MARY'S, ÎLE DE TERRE-NEUVE<br />
2<br />
MERCI!<br />
Votre appui a permis la réalisation de<br />
ces projets. Pour en savoir plus, visitez :<br />
conservationdelanature.ca/nous-trouver.<br />
4<br />
3<br />
1<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) a l’occasion de plus<br />
que doubler la superficie de sa réserve naturelle Salmonier<br />
(177 hectares), située à une heure de route au sud de St. John’s.<br />
<strong>CNC</strong> se rapproche ainsi de son objectif de protéger 230 hectares<br />
boisés de plus le long de la baie Salmonier Arm et sollicite l’appui du<br />
public pour amasser les fonds manquants.<br />
Ce projet d’agrandissement se trouve du côté sud-est de la baie<br />
St. Mary’s, près de l’embouchure de la rivière Salmonier et de la réserve<br />
faunique d’Avalon, un habitat de l’emblématique caribou des<br />
bois. Le paysage vallonné et accidenté de cette réserve abrite une<br />
forêt saine de sapins baumiers, d’épinettes noires et la population de<br />
bouleaux jaunes la plus à l’est de l’Amérique du Nord. Une variété<br />
d’animaux sauvages, comme le faucon pèlerin, le hibou des marais et<br />
le renard roux, ainsi que des espèces menacées comme le bec-croisé<br />
des sapins et le moucherolle à côtés olive, y prospèrent.<br />
Découvrez comment vous pouvez contribuer à la réalisation de ce projet à<br />
conservationdelanature.ca/salmonier<br />
G. À D. : AVEC LA PERMISSION DE GAIL PENNINGTON; MIKE DEMBECK; MIKE DEMBECK.<br />
Un héritage<br />
durable<br />
« Ursula Linderkamp, ma bellemère<br />
maintenant décédée, a fait<br />
un don généreux à Conservation de<br />
la nature Canada (<strong>CNC</strong>) dans son testament.<br />
Cela ne m'a pas du tout étonnée, car toute sa vie elle<br />
a aimé les grands espaces dans leur forme la plus pure.<br />
Caribou.<br />
Ursula a quitté l'Allemagne en 1957 pour s'installer à Sudbury,<br />
en Ontario, et a rapidement trouvé son bonheur sur<br />
les rives du lac Wanapitei. Passionnée et indépendante, elle<br />
a construit l'une des premières maisons au bord du lac et a<br />
adoré la paix et le calme que ce lieu lui apportait. Dans les<br />
années 1980, après avoir rencontré et épousé mon père,<br />
Kenneth Pennington, elle a passé de nombreuses années<br />
avec lui. Quel que soit l'endroit où ils ont vécu, ils sont toujours<br />
restés connectés à la nature.<br />
Ursula aimait se baigner dans les eaux froides du lac Lake<br />
of Bays, dans la région de Muskoka. Quand elle et mon<br />
père ont déménagé à Kitchener, ils sont tombés amoureux<br />
du sentier nommé Grand River Trail où ils amenaient leur<br />
chien pour des sorties d’un jour. La nature occupait une<br />
grande place dans leur vie.<br />
Ursula et mon défunt père étaient tous deux très reconnaissants<br />
du travail continu de conservation des incroyables<br />
paysages du Canada. Ils savaient qu'en faisant un don à<br />
<strong>CNC</strong>, ils contribueraient à la protection des terres et des<br />
eaux qu'ils aimaient tant. Leur legs appuiera la conservation<br />
pendant de nombreuses années, pour des générations<br />
à venir. Ce geste me rend émue et très fière. »<br />
~ Gail Pennington<br />
16 WINTER <strong>2023</strong> natureconservancy.ca
2<br />
Un patrimoine pour les générations futures<br />
PRAIRIES À HERBES HAUTES, MANITOBA<br />
Dans la région des prairies à herbes hautes du Manitoba, une communauté<br />
collabore pour protéger ce milieu de vie unique au profit des générations futures.<br />
Les prairies à herbes hautes comptent parmi les écosystèmes les plus rares en<br />
Amérique du Nord. La région abrite également 28 espèces en péril, y compris la<br />
platanthère blanchâtre de l’Ouest, une plante qui ne se trouve nulle part ailleurs<br />
au Canada, et l’hespérie de Poweshiek, un papillon dont la population mondiale<br />
compte moins de 1 000 individus.<br />
Le Shared Legacy Partnership est un groupe de travail coopératif dirigé par la<br />
municipalité rurale de Stuartburn et <strong>CNC</strong>, ainsi que par leurs partenaires Sunrise<br />
Corner Economic Development et la Province du Manitoba. Ce partenariat a pour<br />
objectif principal d’atténuer les menaces qui pèsent sur les espèces en péril par<br />
une meilleure compréhension du caractère exceptionnel de la région, de son lien<br />
avec l’agriculture et de son patrimoine naturel, qui profite à l’ensemble de sa population.<br />
Il vise également à établir des relations significatives fondées sur les piliers<br />
que sont la nature, la culture et l’économie.<br />
Platanthère<br />
blanchâtre de<br />
l'Ouest.<br />
Pour en savoir plus, visitez sharedlegacymb.ca (en anglais). Les partenaires tiennent à<br />
reconnaître avec gratitude l’appui accordé par le Programme des lieux prioritaires désignés<br />
par les collectivités d’Environnement et Changement climatique Canada.<br />
Canard branchu.<br />
3<br />
Conservation, éducation et science<br />
KENAUK, QUÉBEC<br />
Pleins feux sur<br />
nos partenaires<br />
ALAMY STOCK PHOTO; MARK TOMALTY; MIKE FORD; HELEN JONES.<br />
<strong>CNC</strong> et l’Institut Kenauk (IK) font équipe dans le cadre d’une campagne spéciale<br />
destinée à s’assurer que Kenauk, situé entre Montréal et Gatineau, soit non seulement<br />
protégé à long terme, mais que ce joyau naturel de 25 000 hectares serve<br />
aux sciences de la nature et à l’éducation des générations futures.<br />
Pour ce faire, <strong>CNC</strong> et l’IK créent un laboratoire de recherche permanent et<br />
à ciel ouvert consacré à l’étude des impacts des changements climatiques sur<br />
ce territoire. En collaboration avec des universités et le secteur public, ce vaste<br />
laboratoire permettra de mener des recherches au sein d’une forêt tempérée.<br />
Les forêts anciennes, les lacs et les milieux humides de Kenauk abritent une<br />
biodiversité exceptionnelle, dont des espèces végétales et animales rares et<br />
menacées comme l’érable noir et le pioui de l’Est.<br />
4<br />
L’ex-président de <strong>CNC</strong> nommé<br />
à l’Ordre du Canada<br />
CANADA<br />
Nous sommes ravis de vous informer que John Lounds a été nommé membre<br />
de l’Ordre du Canada. L’annonce a récemment été faite par la gouverneure<br />
générale Mary Simon, qui a reconnu les contributions de 99 Canadiennes et<br />
Canadiens aux parcours divers.<br />
En tant qu’ex-président et chef de la direction de <strong>CNC</strong>, M. Lounds a guidé<br />
l’organisation tout au long d’un incroyable parcours marqué par une croissance<br />
considérable et de nombreuses réussites. Au cours de ses 24 années consacrées<br />
à l’intendance du territoire, il a fait de la protection du patrimoine naturel du<br />
Canada pour les générations futures sa mission personnelle et professionnelle. Il<br />
a encouragé, aussi bien au sein de <strong>CNC</strong> qu’à l’extérieur de l’organisme, l’apprentissage<br />
continu, les idées ambitieuses et les approches novatrices pour relever les<br />
plus grands défis auxquels le Canada est confronté en matière de conservation.<br />
Félicitations à John et aux autres Canadiennes et Canadiens à qui l’une des<br />
plus hautes distinctions honorifiques de notre pays a été décernée.1<br />
Scientifiques<br />
à Kenauk, QC.<br />
John Lounds.<br />
Depuis 2020, Northern Keep<br />
Vodka appuie Conservation de<br />
la nature Canada (<strong>CNC</strong>) afin<br />
d’accélérer la conservation et la<br />
protection d’habitats naturels<br />
d'un océan à l’autre et à l’autre.<br />
Northern Keep Vodka s’associe à<br />
<strong>CNC</strong> pour soutenir sa campagne<br />
de protection des terres.<br />
Ainsi, chaque bouteille de vodka<br />
vendue aide <strong>CNC</strong> à protéger<br />
près de 0,5 mètre carré de terre<br />
d’importance écologique et à<br />
soutenir leur mission visant à<br />
protéger l’eau, les champs et les<br />
forêts qui sont partie intégrante<br />
de leur produit.<br />
Notre partenariat avec Northern<br />
Keep nous fournit les ressources<br />
dont nous avons besoin pour<br />
protéger la biodiversité du<br />
Canada, dès maintenant et<br />
dans l’avenir.<br />
conservationdelanature.ca
GRANDEUR<br />
NATURE<br />
Une danse mémorable<br />
Par Brian Keating, naturaliste<br />
La danse des tétras à queue fine est l’un des<br />
nombreux spectacles naturels envoûtants auxquels<br />
il est possible d’assister à The Yarrow, un site<br />
naturel exceptionnel du sud de l’Alberta. En l’explorant<br />
de long en large, j’y ai vu des milieux humides, des<br />
prairies vallonnées et de magnifiques forêts qui foisonnent<br />
de vie. Et c’est pourquoi j’ai sauté sur l’occasion d’aider<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) à sensibiliser la<br />
population aux efforts déployés pour conserver ce site<br />
pour toujours.<br />
Simplement dit, c’est un lieu unique en son genre.<br />
L’une des expériences les plus mémorables que j’y ai<br />
vécues s’est déroulée à la fin d’avril 2022, quand j’ai eu<br />
la chance d’admirer des tétras à queue fine se livrer à une<br />
parade nuptiale appelée « lekking ».<br />
En effet, chaque année, les tétras à queue fine se<br />
regroupent sur les mêmes sites, appelés leks, où les mâles<br />
effectuent une parade complexe sous le regard attentif<br />
des femelles. Ces prouesses détermineront quels mâles<br />
pourront s’accoupler avec plusieurs femelles, et quels<br />
devront attendre à l’année suivante.<br />
À notre arrivée près du lek, plusieurs tétras étaient<br />
présents. Nous avons donc garé notre fourgonnette de<br />
camping un peu plus loin et y avons soupé en attendant<br />
qu’ils partent.<br />
À 20 h 15, juste avant le coucher du soleil, ils se sont<br />
envolés pour la nuit. Le lendemain matin, je me suis<br />
réveillé vers 5 heures au son du cri de tétras. Les oiseaux<br />
se faisaient de plus en plus bruyants à l’approche du lever<br />
du soleil. J’étais très emballé. Rapidement, il y eut assez<br />
de lumière pour filmer et nous avons pu assister à tout un<br />
spectacle. Au total, 15 mâles paradaient et au moins<br />
2 femelles évaluaient leur performance.<br />
Quand la première femelle est apparue, l’intensité<br />
de la danse a beaucoup augmenté. Les mâles exposaient<br />
fièrement leur sac guttural violet brillant et les crêtes<br />
courbées jaunes situées juste au-dessus de leurs yeux,<br />
tout en faisant de petits pas de danse rapides et en<br />
serrant leurs ailes contre leurs corps.<br />
À 9 heures, l’envol du dernier tétras a annoncé la fin<br />
de la représentation. Je n’oublierai jamais cette expérience<br />
et je la raconterai à toutes les personnes qui veulent bien<br />
m’écouter pour qu’elles sachent à quel point The Yarrow<br />
est un endroit exceptionnel! Sans ses milieux sauvages,<br />
ces extraordinaires oiseaux n’auraient tout simplement<br />
nulle part où aller.<br />
Puisque nous profitons de ce qu’il nous permet<br />
de vivre, et du spectacle des espèces avec qui nous<br />
partageons cette fabuleuse planète, il est évident<br />
que nous devons sauvegarder The Yarrow.1<br />
Pour savoir comment<br />
vous pouvez contribuer<br />
à protéger The Yarrow,<br />
visitez theyarrow.ca/fr<br />
CORY PROULX.<br />
18 PRINTEMPS <strong>2023</strong> conservationdelanature.ca
METTEZ VOTRE<br />
PASSION AU<br />
CŒUR DE<br />
VOTRE<br />
HÉRITAGE<br />
Votre passion pour les espaces naturels qui nous entourent est au cœur de votre vie.<br />
Et maintenant, vous pouvez en faire votre héritage. Un don testamentaire à Conservation<br />
de la nature Canada, quel que soit le montant, vous permet de contribuer à la protection<br />
de nos habitats les plus vulnérables et de la faune qu’ils abritent. Pour aujourd’hui,<br />
pour demain, et pour les générations à venir.<br />
Commandez votre livret d’information sur les dons planifiés dès aujourd’hui.<br />
Contactez-nous par courriel à don.planifie@conservationdelanature.ca,<br />
ou visitez natureenheritage.ca
VOTRE<br />
IMPACT<br />
La conservation<br />
par la collaboration<br />
À la fin de janvier, le gouvernement de la<br />
Colombie-Britannique a annoncé la protection<br />
de 75 000 hectares de terres et d’eau douce<br />
de la Couronne dans la majestueuse vallée de<br />
la rivière Incomappleux. Ce projet est le fruit<br />
d’une collaboration fructueuse entre <strong>CNC</strong>, des<br />
Premières Nations, le gouvernement provincial,<br />
Interfor Corporation et des partenaires financiers,<br />
notamment des organismes de bienfaisance<br />
et le gouvernement fédéral. <strong>CNC</strong> a joué un rôle<br />
important d’intermédiaire et de bailleur de<br />
fonds pour ce projet. Pour en savoir plus, visitez<br />
conservationdelanature.ca.ca/incomappleux.<br />
Un ajout modeste aux<br />
retombées considérables<br />
D’une superficie de 255 hectares, le plus récent ajout au projet Waterton Park Front,<br />
situé dans le sud-ouest de l’Alberta, peut paraître modeste, mais cette importante<br />
parcelle de prairies de fétuque, de forêts et de milieux humides s’ajoute aux plus<br />
de 13 000 hectares de terres déjà conservées autour du parc national des Lacs-<br />
Waterton. Cet ajout constitue un important corridor écologique qui favorise le<br />
déplacement de la faune entre les remarquables milieux naturels que sont le<br />
Waterton Park Front et le parc national des Lacs-Waterton.<br />
Merci d’en faire autant pour la nature au Canada!<br />
3 AU 7 AOÛT <strong>2023</strong><br />
En août prochain, prenez<br />
votre appareil photo et sortez<br />
observer la nature qui vous<br />
entoure. Chaque année, le<br />
Grand BioBlitz de <strong>CNC</strong> réunit<br />
des milliers de personnes à<br />
travers le Canada pour une<br />
activité communautaire<br />
destinée à célébrer et à<br />
documenter la biodiversité<br />
de notre magnifique pays.<br />
Joignez-vous à nous pour<br />
enrichir le répertoire des<br />
espèces présentes à travers le<br />
pays, afin que les scientifiques<br />
et les spécialistes puissent<br />
utiliser ces données pour des<br />
projets de conservation de<br />
la nature.<br />
Jetez un coup d’œil aux résultats<br />
de 2022, et inscrivez-vous pour<br />
recevoir des notifications au<br />
sujet de l’édition <strong>2023</strong> de cet<br />
événement : legrandbioblitz.ca<br />
HAUT EN BAS : PAUL ZIZKA; BRENT CARVER.