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J'attends le numéro 60

Laboratoire de recherches créatives

Laboratoire de recherches créatives

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SINCE

2011

LABORATOIRE

DE RECHERCHES

CRÉATIVES

EDITO

UTOPIE ? YOUPI !

DYSTOPIE ?

TOUT PIS ?

Alain Diot • Dépisteur de virgules.

« Vive l’utopie ! » Poussons tous

ensemble ce cri béni, et soyons en

ravi, en accompagnant ce hourvari

pour espérer quelque chose de nouveau,

quelque chose qui fasse envie,

mais surtout pas tout là-haut, dans

ces paradis trop beaux qu’on promet

aux nigauds, mais bien ici bas,

où, débarrassés des tracas, on pourrait

vivre avec bonheur, mes biens

chers frères, mes biens chères sœurs,

boire, lire, chanter, jouer de la musique,

danser, écrire, rêver, bronzer

sous les tropiques, et toutes ces

jolies choses qui font la vie en rose ?

Peut-être suffirait-il qu’on ose !

Laissons-nous donc porter par ces

rêveries fébriles mais subtiles qui

nous convient aux fééries de ces îles

fragiles mais fertiles où chacun pourrait

trouver sa part sans que quelques

barbares nous refilent le cafard et

s’en viennent troubler nos journées

amicales et nos nuits intersidérales.

Suite page 2 >

Image : Lee Rosario ~ Pixabay

LES ACTUS

Utaupie : foi aveugle idéalisée

Une taupe a élu domicile dans ma table de nuit, elle me trouve taupicime ! Je

l’ai surnommée Mam’zelle Sidonie. Lorsque j’ai demandé à mon ophtalmo

une consultation pour ma nouvelle amie, cette femme cartésienne est restée

perplexe, mais j’ai réussi à la convaincre en promettant de lui montrer ma

collection d’œils de verre, cachée sous mon lit. Chez l’opticien, Mam’zelle

Sidonie a choisi les lunettes roses en forme de cœur, elle est trop choupinette

comme ça. Lorsqu’on va au drive-in de MickDaniel, je la laisse conduire en

aveugle – j’ai une totale confiance en son instinct de survie – je suis utaupiste.

Samantha, la jolie brune qui vient nous servir, craque pour Sidonie et ses

belles lunettes de starlette, elle lui offre 6 nuggets de lombrics en plus et pour

moi, un cadeau Bob l’éponge en plastique avec les bras qui tournent ! Elle sait

pertinemment qu’elle me fait un immense plaisir depuis qu’elle a joué dans

ma baignoire avec Charlie mon concombre de mer.

By Ivan Leprêtre - Ajusteur Syllabique.

01


L’OURS

ONT PARTICIPÉ

AU N° 60

BIXENTE CABALLERO

• Éclaireur lexical.

JEAN-MARC COUVÉ

• Mélangeur de substantifs.

ALAIN DIOT • Dépisteur

de virgules.

CHRYSTEL ÉGAL • Fée du verbe.

THIERRY FAGGIANELLI

• Cracheur d’aphorismes.

RAOUL HARIVOIE • Rabateur

de quatrains.

OLIVIER ISSAURAT

• Pourfendeur de points

d’interrogation.

YVES LECOINTRE

• Collectionneur de mots rares.

IVAN LEPRÊTRE • Ajusteur

syllabique.

COLETTE LE VAILLANT

• Chasseresse de phonèmes.

Dragoljub MitroviC

• Surrealist Warrior.

Éric Rabbin • Capitaine

de vaisseau grammatical.

Laurent Vernaison

• Dénicheur d’allitérations.

ce franchouillard qui nous plaît bien,

nous l’a proposée sans problème son

abbaye bohème dans les prairies de

Thélème, de celles où l’on sème le

bon grain sans l’ivraie, où l’habit

ne fait pas le moine plus vrai, dans

cette belle demeure où le frère Jean

des Entommeures – plus anar que lui,

tu meurs ! – n’oubliait pas la picole,

après la guerre contre Pichrocole, et

où la loi des lois c’était, ne l’oublions

pas : « Fais ce que voudras »Mais

contre les amateurs d’utopies, beaucoup

trop disent « Bravo ! » aux

dystopies ! Voire attendent bien pis !

Or, dans ces mondes honnis, tout est

bien souvent pourri de chez pourri,

et la pourriture, çà sent bien vite la

dictature ! Ah ! Les enflures !

C’est vrai qu’on ne se la coule pas

douce avec Aldous, et son meilleur

des mondes immonde – fait mauvais

avec Huxley ? – pas plus qu’on ne se

les roule cool avec Boulle et sa planète

des singes qui fait mal aux méninges

–il fait le fier, Pierre ? - ou

qu’on perd nos repères avec Harrisson

qui raisonne sévère avec son soleil

vert –il a ri ? Harry ? – à moins

qu’on ne se carapate pour éviter

Jojo barjo – il nous la baille belle,

Orwell ! - et ses mille neuf cent quatre

vingt quatre. Va falloir se battre !

Et si, avec ce vieux Victor Hugo, on se

la pète à gogo et qu’on prédit, comme

un défi : « L’utopie est la réalité de

demain », depuis qu’on est à plus

qu’après-demain, on a beau regarder

dans le lointain, on est bien obligé de

faire tintin, alors que question dystopie,

alors là, on est servi. A la une,

on a Kim Jong-un, Orban et Erdogan

enfermés dans leurs cabanes, Maduro,

Bolsonaro, Loukachenko qui

jouent des biscoteaux, Poutine en vitrine,

Dutertre aux Philippines, Déby

ici, les ayatollahs là-bas, et tous les

autres qui s’en donnent à cœur-joie,

de la Guinée où çà sent le brulé à la

Thaïlande où çà pue les prébendes,

sans oublier toutes ces petites tyrannies

qu’on rencontre parfois au coin

des bois, au coin des rues, dans les

maisons, dans les bureaux, dans les

usines, dans les bistrots et qui nous

pourrissent la vie et la survie et qu’il

nous faut combattre à tout prix avec

tous et toutes nos ami.es.

Une topie contre dix topies, c’est vrai

qu’il n’y a pas photo et qu’on préfèrerait

que le Monde soit plus beau,

plus chaud, plus rigolo. Alors on va

se mettre tous ensemble au boulot

pour qu’à la place de la fin des haricots,

on ait l’avenir le plus riant

devant nous, le plus chaleureux, le

plus doux, le plus fou et que l’utopie

chérie nous sourit pour que nos enfants

petits deviennent grands dans

des pays où elle serait plus belle, la

vie ! Le contraire, cher père, décidément,

serait dément, maman !

Alain (vrai semblable) DIOT.

Septembre 2020.

Suite de l’édito...

Et sans le moindre fantasme, remercions

donc ce cher Erasme qui fit

connaître bien fort le nom de Thomas

More, ce gentil matamore, qui, de l’Angleterre

à l’Italie, et dans bien d’autres

pays, nous a concocté ce monde inouï

d’Utopie qui nous réjouit encore aujourd’hui,

cet idéal génial auquel on

voudrait tant croire même si çà semble

illusoire. N’oublions pas trop vite ce

à quoi il nous invite et gardons dans

nos têtes, plus ou moins bien faites, ce

rêve peut-être inavoué, ce fol espoir

insensé. Olé !! Et notre bon docteur

Rabelais, ce copain plein d’entrain,

Image : Jazella ~ Pixabay

02


Image : Stefan Keller ~ Pixabay

DYSTOPIE

Mangeurs de lumière By Thierry Faggianelli - Cracheur d’aphorisme.

8 novembre 2025. Je suis journaliste free-lance. Je viens de retrouver, de manière fortuite, le journal d’un écrivain

Anatole F. en acquérant un lot de vieux papiers à la Salle de Ventes de Drouot. Aujourd’hui, impossible

d’acquérir de tels documents sans visa. C’est donc une archive rare. L’article parle de cette époque terrible

de confinement. Celle qui a suivi le virus respiratoire qui s’est répandu sur le monde en 2020. J’ai fait des

recherches discrètes d’informations sur l’auteur. J’aimerais savoir s’il est encore en vie. Il aurait été signalé

dans un rapport d’Amnesty, assigné à résidence dans une île sur la mer Rouge. D’autres réfractaires aux mesures

d’exception ont été parqués là-bas en nombre, début de l’année 2021. Depuis aucune nouvelle.

A

u nom du droit à l’info, je

vous livre ce texte tel que je

l’ai trouvé. Il vous aidera à

vous faire une idée sur ce qu’il s’est

passé. Vous comprendrez pourquoi

je ne le signe pas.

« 25 mars 2020. En cette période de

contagion des peurs, à force de ne

voir l’homme que comme un virus

susceptible de corrompre le système,

il l’est devenu.

« - La société ne peut intégrer qu’un

faible pourcentage d’individus

libres au risque d’implosion. » C’est

ce que prétend la poignée de milliardaires

qui commandent à l’univers.

Ces nababs aiment à fréquenter les

pages glacées des magazines en

compagnie d’artistes, de personnalités,

de scientifiques, de bimbos

dans des cadres luxueux pour roder

leur discours de raison. Malgré leur

pragmatisme souvent abrupt, ils persistent

à cultiver une image de bienfaiteurs.

Vers un effondrement

de la société

« - Si chaque communauté, chaque

village, chaque société, chaque personne

revendique les droits ajustés

à sa zone d’influence, on ne pourra

bientôt plus gérer les grands ensembles

et la société entière s’effondrera.

» affirment-ils du haut de leur

hélico.

Selon ces capitaines du business

mondial, l’équation est simple :

« - Plus on est nombreux, plus la menace

virale est réelle. Le périmètre

des pouvoirs de chacun doit rétrécir.

C’est indispensable pour réguler la

survie du groupe. »

C’est aussi le diagnostic des autorités

asiatiques bientôt suivies par

bon nombre de nos gouvernements.

Résultat : des mesures drastiques de

coercition. Confinement + masques

pour tous.

23 avril 2020. Je constate que

pour gérer les flux humains et leurs

charges virales, il est admis que la

psychologie de masse et de masques

l’emporte sur celle de l’individu.

Inutile de préciser que notre Moi occidental,

cajolé par les industriels et

les psys depuis les 30 Glorieuses en

a pris un coup. On nous aurait menti.

Malgré notre pouvoir d’achat, nous

ne sommes plus libres de profiter

des bienfaits et des yoyos que la

03


société met à notre disposition. Freud

affirmait que notre put…de malaise,

c’était le prix à payer pour avoir mis

notre liberté sous séquestre contre de

la sécurité.

27 avril 2020. Le débat est clos.

Nous ne sommes plus tout-puissants.

Même la carte bleue n’ouvre

plus de nouveaux droits. Dire que

la Platinium n’est plus un sésame.

Du coup, les cafés ferment, les restaus

font la fine bouche et les salles

de concert résonnent désormais d’un

lugubre écho : celui de l’interdiction

de de vibrer ensemble.

1er mai 2020. Le gouvernement, accusé

d’impuissance fait du zèle. Pas

de défilé. On fout tout ce qui bouge

en quarantaine. Sans exception.

Les bons, les méchants, les petits et

les grands. Les bons, les brutes, les

truands. Les militaires idem. Les

pompiers, les infirmières. Les novices

en tout, les grabataires. On infantilise

en discriminant tout ce qui

mouche du nez, tout ce qui a de la

température. Tous ceux qui s’affranchissent

des contraintes, bref tous

ceux qui pourraient être des vecteurs

de désordre : au trou. On fait des offrandes

au Minotaure du Contrôle.

Même les privilégiés qui imaginent

en quittant la capitale échapper aux

lois d’exception sont ramenés, manu

militari, à la raison.

Les profs, les élèves, ensemble sont

contraints d’apprendre par écrans interposés.

On fait désormais des massages

à distance, munis de casques

de réalité augmentée. Plus de contact

direct. Rien que la Wi-Fi.

12 mai 2020. J’ai dû rallumer la TV

à contrecœur pour avoir des infos

sur ce qui va se passer dans ma vie

sur BFM. Des fakes souvent. Aujourd’hui,

on m’a forcé à porter le

masque et les gants pour parler à un

fonctionnaire derrière une vitre en

plexiglas.

Travestir son expression, ce n’est

pas anodin. Prenez l’homme au

masque de fer. Je plaisante. Je veux

bien reconnaître que Zorro, sous son

masque noir avait de l’allure. Même

Superman quand il se présente après

chaque mission sous la figure banale

de Clark Kent, sombre dans une

vague dépression. Mais leur masque

au moins était distinctif. Moi avec le

mien, je me sens aussi bizarre qu’un

poilu avec son masque à gaz entre

deux projections de gaz moutarde.

Je sais que c’est laid mais nécessaire.

Je me demande quand est-ce

que ça va finir.

11 Juin 2020. D’après les confidences

d’un ami activiste, j’ai appris

que les Anonymous sont moins

rebelles au port du « machin ». Ils

sont mieux placés pour anticiper les

bénéfices d’une action séditieuse

discrète. Au service d’un bien commun.

Et ils apprécient d’échapper

aux logiciels de reconnaissance faciale.

Mais la moustache ironique de

leur masque d’origine leur manque.

On ne peut, à l’infini, superposer

les trames de discrétion, les unes

sur les autres. À force de cacher,

on se montre. Alors, à leur tour, ils

rentrent dans la clandestinité.

16 juin. Incroyable ! Je remarque

que nombre mes amis renoncent de

leur plein gré à leur droit d’expression.

Au sens littéral. Ils se couvrent

la figure. Ce sont à la base des gens

de bon sens. Ils ont juste peur du

chamboule-tout de la contamination.

Ils souhaitent vite reprendre le cours

de leur vie ordinaire, hors virus. Qui

a envie de raccourcir la vie d’un être

cher qui nous a pris sur ses genoux

petits, qui nous a chanté des comptines

et raconté des histoires ? Qui

a envie d’occire sa mémé chérie par

négligence ou égoïsme coupable ?

Qui ose ne pas culpabiliser devant

un tel argument. Personne.

24 Juillet. Un ami paléontologue

m’a expliqué que les pandémies

agissent à notre insu pour réguler

les flux humains. Ce, depuis les prémices

de l’humanité. Les ressources

terrestres n’étant pas illimitées, la

population humaine ne peut se multiplier

et croître à l’infini. Moi, ça

ne me rassure pas de faire partie des

statistiques. Alors, en rechignant,

j’enfile ce satané machin.

28 Juillet. Rions un peu (sous cape).

En plus de sauver l’humanité, porter

ce rectangle d’anonymat au milieu

de la face a de sacrés avantages :

on peut tousser sans mettre la main

devant la bouche – bon, après ça

colle - et injurier des gens à la volée,

au marché, dans la queue, bien

planqué, sans se faire remarquer.

C’est vrai, je l’ai fait dimanche. En

revanche, ivre, il faut penser à le

soulever avant de vider son verre

d’un trait.

Dans la société d’Orwell

28 Août. De partout, sur les écrans,

les débats contradictoires entre partisans

et anti-masques s’ouvrent. Parfois

violents, la plupart sont incarnés

par des figures d’autorité. Des escarmouches

ont lieu. Certaines métropoles

refusent même d’appliquer les

consignes. On envoie l’armée. La

confusion grandit. « Non, tout cela

n’est que de la manipulation », nous

assènent certains. Pour eux, nous

sommes bien en train de rentrer de

plain-pied dans la société d’Orwell.

16 Octobre. Les adeptes de la première

heure, qui n’ont pas dû porter

le masque au boulot toute la journée

font tout pour l’imposer aux

autres. Pour eux, la France festive et

bruyante, forcément irresponsable.

Ils dénoncent tout manquement aux

autorités. Par courrier, mail, lettre

anonyme, téléphone et même « bocca

di leone* » à Venise. Pour eux, la

répression est juste. Une cohorte de

retraités aisés, chauffés à blanc par les

médias leur emboîte le pas : « - Vous

comprenez : un seul maillon faible

dans la chaîne de prophylaxie la rend

inefficace. Alors, pas de pitié. »

Les amandes pleuvent, frappant au

portefeuille les pauvres, les SDF et

les joyeux : 200, 400, 1000 euros

d’amende, puis c’est l’emprisonnement

direct.

13 Novembre 2020. Des mesures exceptionnelles

viennent d’être ordonnées

par décret. Les flics et l’armée

quadrillent les rues, mitraillette à la

hanche. Une frange de citoyens joue

à cache-cache avec eux et refuse de

jouer le jeu. Aussitôt partis, ils défient

les autorités et se réunissent de

façon sauvage pour danser et boire

des demis. En face les ultras, non

content de porter le masque dans les

zones obligatoires, l’arborent main-

04


tenant à tout moment. En patrouille

dans la rue, dans leur baignoire remplie

de mousse, dans leur voiture

électrique, leur cabane de jardin,

leur bunker. Partout, ils s’affichent...

Sur les photos d’identité, sur les

selfies, le rectangle blanc refait son

apparition. Ils n’hésitent plus à faire

l’amour avec et à se filmer pour les

besoins de la cause.

Certains d’entre eux se radicalisent.

Influencés par des gurus (mormons,

quakers ?), ils s’engagent, sous

serment, à ne plus toucher aucun

être humain. Ni étreindre, ni embrasser.

Peu importe qu’il s’agisse

de famille, d’amis ou de tiers, ils

s’écartent à la moindre tentative de

rapprochement. Dès qu’un regard se

pose sur eux, ils se volatilisent.

Très vite, ils renoncent à tout contact

corporel. Les gants de toilette sont

interdits. Les animaux de compagnie

itou. La plupart d’entre rejettent

leurs progénitures. Le petit

personnel doit quitter la maison, à

son tour, sans gages. Le nombre de

divorce explose. Leur niveau phobique

grimpe à des sommets. Ils refusent

désormais tout contact avec la

matière. Végétale, minérale, peu importe.

Tout est sale, propice au développement

de germes clandestins, de

bactéries sans éthique, de particules

perverses. Tout est suspect même

l’air qu’il respirent.

24 Décembre. Depuis quelques semaines,

ces radicaux refusent d’ingérer

quoi que ce soit. Ils refusent de

produire eux-mêmes de la matière.

Ils perdent un sacré poids, excepté

celui de leurs certitudes. Leur visage

pourtant s’éclaire. Il laisse enfin filtrer

quelque chose de doux et de diffus,

à la limite de la délicatesse. Ils

ne s’alimentent plus que de lumière,

cette énergie divine que les indiens

appellent Prana. Leurs yeux, d’habitude

renfoncés et ternes, se sont

mis à briller d’un éclat généreux. Ils

sont persuadés désormais de ne plus

avoir besoin de rien. Ca doit être le

syndrome de Noël.

3 Janvier. On dit que pour ces

ex-phobiques le Rien est devenu nutritif.

Il contient, paraît-il, tous les

sels minéraux et des oligoéléments

dont ils ont besoin. Il y aurait, selon

eux, de la vitamine A dans l’Amour,

de la vitamine C dans la Confiance,

de la vitamine D dans le Désir. Les

scientifiques, appelés sur place, attribuent,

eux, le miracle de leur survie

au masque. Il contient forcément

des principes alimentaires, en quantité

infinitésimale. Cette fois, on ne

les écoute pas. Et si la conscience,

vicieusement, commençait à supplanter

la science ?

Un territoire tribal,

sans chef, ni objectif

24 janvier 2021. Sous l’influence de

M. Olaoui, un ancien conseiller aux

affaires spirituelles de l’Elysée, les

mangeurs de lumière de France, déterminés,

ont quitté le pays pour fonder

un état, dans une région désertique.

Une sorte de territoire tribal,

sans chef, ni objectif. Sans représentation.

Chaque jour, des pèlerins venus

de loin tentent, malgré la répression,

de se joindre à eux…Il se dit

que les adeptes sur place boivent ses

paroles et mangent ses mots.

14 Février 2021. Cela n’aura pas

duré longtemps : à l’instant je viens

d’apprendre qu’un sordide cas de

cannibalisme dans la communauté

aurait provoqué l’arrestation de M.

Olaoui et aurait fait redescendre ses

adeptes sur terre.

Juste en face d’eux, sur l’autre île,

les informations concordent pour

dire que l’on a regroupé les récalcitrants.

Exit ceux qui persistent dans

leur refus de porter le masque. Ils

sont parqués ensemble dans d’immenses

bâtiments glacés. On les

entasse telles des bestioles derrière

des grillages. Les poulets de batterie

ou de vulgaires cochons ne sont

pas moins bien traités. A ceci près,

des infos ont filtré, qu’ils sont très

contents de se retrouver, de se serrer

- après une si longue abstinence

de visage et de cœur - dans les bras

les uns des autres, de se taper dans

le dos. Comme au bon vieux temps.

Ils se réjouissent de ne plus être sous

le joug d’une indicible angoisse :

celle d’attraper quoi que ce soit, de

se retrouver en réanimation dans un

Image : Susann Mielke ~ Pixabay

monde avare en soignants et en lit

d’hosto. ON assiste à des scènes de

liesse sous les yeux exorbités de gardiens

inquiets, masqués de pied en

cap.

Pour tester la solidarité des récalcitrants,

on tente d’en gaver certains

comme des oies et d’en affamer

d’autres. Mais, en dépit des algorithmes

prédictifs, ils réussissent à

se contenir et à partager. De plus, ils

ont, épuisé leur stock de craintes. Ils

sont persuadés n’avoir plus besoin

de rien même d’avoir peur. Ils se

tiennent chaud l’hiver et frais l’été.

Aucune épidémie ne les touche plus,

ils se tiennent debout les uns les

autres. En tous cas, c’est ce que les

libertaires disent. Les autorités ne

savent plus quoi faire avec eux. On

les abandonne à leur sort. De temps

en temps, les chaînes de télé privées

nous offrent un reportage misérabiliste

sur leurs soi-disant « horribles

conditions de vie ». Malgré le floutage

de leur visage, on devine leur

sourire légèrement narquois.

Mars 2021. On frappe à ma porte.

J’ai eu plusieurs de mes amis arrêtés

ces derniers jours. Il se dit qu’ils

ont été exilés. Écrire sur les réseaux

peut être dangereux. Je prends juste

le temps de cacher mes documents.

Je souhaite pouvoir finir cet article

mais je n’en suis pas... »

~

*Une bocca del leone, c’est une bouche

de dénonciation au Palais des Doges, à

Venise. La population était invitée à y

dénoncer un méfait qui pouvait nuire à

l’autorité de la République.

05


ANTIUTOPIJA By

Dragoljub Mitrovic - Surrealist Warrior.

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ANTIUTOPIJA By

Dragoljub Mitrovic - Surrealist Warrior.

08


09


FOCUS

#JPP By

Chrystel Égal • Fée du verbe.

"

Ça sert à rien » dit Zack.

-« J’ai toujours de la buée sur

mes lunettes » rajouta Blanche.

-« J’aime pas ne pas avoir le choix ! »

s’exclama Paul.

-« Je ne supporte plus mon propre

carbone ! J’ai mal au cœur dés que je

l’enfile » enchaîna vivement Nabila.

-«Je ne comprends rien à ce que l’on

me dit» reprit Nicolas.

-« J’ai des problèmes de vertige. Mon

champ de vision a rétréci » expliqua

Anissa « Je me sens diminuée, amputée,

inhumaine».

Erick, l’animateur écarta les bras. tel

un chef d’orchestre. Ils répétèrent

ensemble et après lui, les phrases

placardées sur les murs et qu’il pointait

tour à tour : « Gestes barrières

- Contraintes sanitaires ! Soyons

respectueux pour le futur de nos

enfants ». Ils s’assirent soulagés,

après avoir ôté et plié leurs masques

conformément à la video.

Renouer avec l’envie

de porter les masques

La nuit venait de tomber. Au-dessus

de leurs têtes, la pluie frappait sur

la verrière. Ils avaient tous marchés

les pieds dans la boue pour parvenir

jusque-là. Une structure éphémère

pour point de rencontre. La mairie

l’avait déposé le long des quais de

Seine. La salle formait un cercle

blanc dans un Algeco inhabituel,

carré et noir. Les éclairages, rasant

le sol, créaient une ambiance douce.

Anissa se trouvait à deux mètres de

Paul et de Nabila. Erick, un homme

d’une cinquantaine d’années sans

doute d’origine anglophone, précisa

l’objectif : Renouer avec

l’envie de porter les masques par

10


respect de soi-même et d’autrui. Les

6 personnes, en présence, avaient

perdu leurs points sur le permis de

port obligatoire du masque. Chacun

avait cumulé au moins 4 amendes à 3

points : Sortie de poubelles, conversations

téléphoniques, dégustation

de crêpes en marchant, déplacement

intérieur dans un lieu de restauration.

Actions réalisées sans masque,

il fallait tout reprendre à zéro.

Aujourd’hui ils regagnaient 6 points

sur 12. Le groupe de parole et

d’échange appelé « #JPP » (#J’en-

PeuxPlus) concernait uniquement

les récidivistes de Paris Centre. Le

processus comprenait deux étapes.

La première consistait à purger les

rancoeurs. Elle s’appelait « Prise de

conscience de l’étouffement par le

masque ET Dépassement pour nos

enfants ». La deuxième étape viendrait

couronner leurs échanges. Il

s’agissait de leur réinsertion dans le

monde avec écrivaient-ils une « Tentative

de pacification par une activité

spécifique : Physique, artistique,

manuelle etc…». Le champ des possibles

se révélait immense. Zack attaqua

bille en tête : « On se croirait

dans un western. Tout est binaire 0,1,

noir/blanc, les bons/les méchants,

les Raoult/les anti-Raoult. les hôpitaux/les

cliniques privés, les riches/

les pauvres. Les débats à la télévision

ressemblent à des réglements

de comptes. Les chiffres sont manipulés.

Les politiques se moquent des

idées. Ils veulent du buzz, toujours

plus de buzz. Plus personne n’a de

vision. Le masque vient renforcer

ce climat de confusion ». « Complètement

d’accord » poursuivit Nicolas.

« Plus personne ne s’entend. Je

fais répéter sans arrêt avec le bruit

de l’atelier. A la fin de la journée,

je suis rincé. On se demande si ce

n’est pas pour que plus rien ne se relie

ni ne s’organise. Le mouvement

des gilets jaunes est tué dans l’œuf.

Le gouvernement joue à confinement

déconfinement, ça stresse

et paralyse tout le monde. C’est

tout bueno pour les dirigeants ».

Nabila s’élanca : « Je travaille dans

une pharmacie. Nous n’avons jamais

autant vendu d’anxiolitiques, d’hypnotiques,

de tisane de Millepertuis.

Professionnellement, je ne suis pas

à plaindre mais chaque matin quand

je sors du métro et que je découvre

la queue devant l’officine, j’ai une

angoisse qui monte. Nous vendons

des tranquillisants sans ordonnance

pour éviter que ça explose. Les gens

ont recours aux tests en dix minutes

et reviennent la semaine d’après ».

« Comment veux-tu te sentir autrement

?! Faut que ça pète, on est criblé

de règles sans en comprendre le

sens. » coupa Paul. « A la radio, à

la télévision, ils parlent sans cesse

d’angoisse, de fatigue morale, de

lassitude généralisée, d’incertitudes

professionnelles, de deuxième

vague. Comment continuer à oser

respirer ?! ». Sur Instagram, le #JPP,

ce soir qui se trouvait aussi à l’honneur

incarnait le # qui ramenait le

plus de « likes ».

Pour le futur

de nos enfants

L’animateur tenta de remettre de

l’ordre : « Le masque est avant tout

une protection contre le virus, pour

vos proches et pour vous-même.

Nous agissons de la sorte pour le

futur de nos enfants. Les postillons

sont nos ennemis numéro 1 ! ». « Ok

mais on ne s’en remet pas de la violence

de la sortie de bulle » coupa

Anissa « On a confiné, on a eu des

vacances et depuis la rentrée, je suis

fatiguée d’être fatiguée». Nicolas

intervint : « J’ai tout essayé, les

bleus jetables, les cotons lavables,

les masques en soie plus filtrants, les

beiges, ceux de la municipalité qui

ont leurs élastiques à l’horizontal,

rien n’y fait. je ne peux pas communiquer

dans ces conditions même si

je redouble d’attention ». « Comment

produire du beau et du relax

quand on élève seule ses enfants et

que l’on officie au coeur d’une pharmacie

? Je passe ma journée à faire

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#JPP By

Chrystel Égal • Fée du verbe.

répéter et articuler ». Anissa pensait à

reprendre la cigarette, à adopter une

vapoteuse du lab du bonheur avec

de l’extrait de CBD mélangé à de

l’huile de chanvre pour augmenter la

cadence de ses pauses. Blanche s’emporta

: « Je fais du télétravail depuis

mars. Je craque. J’ai rendez-vous régulièrement

chez une acupunctrice

qui me brûle mes lobes d’oreilles à

l’azote pour inverser mon système

nerveux. Ce n’est pas viable. Je passe

en deux secondes de la chambre des

enfants à mon nouveau bureau, la

cuisine ouverte. Je me sens comme

un hamster pris dans la folie de la

roue qui tourne. Hier, j’ai acccusé

les enfants de m’avoir piquée mon

portable en me promenant le beurre

à la main. Le téléphone s’est mis à

sonner. Il se trouvait dans le frigo.

Imaginez la tête de mes enfants. Les

frontières ont sauté entre le travail et

la maison. Vous ne savez pas l’effet

que ça fait de sortir le linge entre

deux réunions avec l’international.

I can’t breathe !

j’étouffe !

Oui je regrette le self du boulot, les

couloirs du métro, l’escalator sans

fin, la machine à café. J’ai dépassé

les objectifs au boulot mais je

suis en vrac. J’ai besoin d’un sas

de décompression. Tout est dans

tout. I can’t breathe ! J’étouffe ! ».

Elle se rassit d’un coup. Zack suivit

: « On se sent toute la journée

en combinaison de plongeur sans

paliers pour remonter. Plus de frontières

entre le pro et l’intime. On se

crame ». Nabila précisa qu’en effet

un psychiatre avait nommé le phénomène

« Inflammation des corps

par la pression constante».«Quand

cela va t-il cesser ?! ». Le vaccin et

l’éventualité d’une période à venir

qui s’appellerait repos ou tranquillité

d’esprit mobilisait le groupe. Ils

se mirent à rire nerveusement quand

Anissa prononça le mot « repos ».

« Et la sexualité ?! » lança Paul, « On

n’en parle pas mais rencontrer c’est

galère ! ». Soudain, Erick se leva.

Tout le monde avait bien vidé son

sac. Il ne fallait pas perdre de vue

l’objectif : Racheter les points par

sa présence et passer les épreuves

du permis de port obligatoire du

masque. SURTOUT et, il avait bien

insisté avec son petit accent sexy, ils

étaient chanceux, ils avaient un job.

Il fallait cesser de se questionner sur

le travail pour éviter que cela leur

sorte par les yeux ». Ils s’étaient tous

regardés ahuris. « Vous devez vous

sentir privilégiés de garder votre

boulot ».

La prochaine fois, Erick aborderait

l’apaisement par la décoration,

le yoga, la pâtisserie. Redécorer

les intérieurs à défaut de contrôler

l’extérieur. Changer les voilages,

les doubler de velours, améliorer

son isolation, se mettre en cuisine,

compenser l’absence de contacts,

lutter contre l’invasion des écrans,

s’acheter un tapis de yoga pour faire

le chien tête en bas entre deux réunions.

Sur le moment, ils étaient

contents que ce soit fini. Lorsqu’ils

reprirent leurs masques pliés en deux

sur le côté pour éviter qu’ils ne reçoivent

le virus., ils se sentirent tous

perdus. Combien de temps tout ce

cirque allait-il durer ?. Ils désiraient

passer du #JPP au #FLC. Foutre le

Camp oui mais où ?! Erick insista

en les regardant partir masqués.

« C’est contraignant mais si vous ne

le faîtes pas pour vous, faîtes le pour

les autres ».

12


LOGO-RALLYES

Utopie, zèle, femme,

perplexe, servir

By Bixente Caballero

• Éclaireur lexical •

Aujourd’hui, je reste perplexe, autrement

dit : le deux août m’habite.

Arriverais-je un jour à comprendre

les femmes ? L’homme est capable

de servir sa nation avec zèle mais

quand il s’agit de revenir aux choses

plus simples, on dirait que ça devient

une Utopie...

By Colette Le Vaillant

• Chasseresse de phonèmes •

01

Ma plus grande utopie a toujours été

d’incarner la Femme, avec le « F »

du Feu, de la Force et de la Fougue.

Je m’attelle à servir cette quête

chaque jour, telle une louve galopant

dans la steppe, avec zèle et humour.

Je me doute que cela vous laissera

perplexe.

02

Je viens de participer au zéléthon

2020 de l’utopie, le fameux concours

littéraire et grimacier caritatif de la

dérisosphère. Cette année, les projets

qui rivalisent de folie douce

serviront les victimes d’un terrible

fléau, celui des femmes désabusées

et des hommes perplexes.

Pour ma part, j’ai gagné une boîte de

sardines à l’huile de coude et 2 mets

d’ail des ours polaires.

03

Je fais partie de l’espèce des femmes

z’ailées et j’exerce la profession

de dérisothérapeute. Je me sers de

cataplasmes d’onguent d’utopie

pour soigner vos mots accentués.

Mais j’utilise aussi la perplexité

comme électrochocs des états de

sidération.

By Raoul Harivoie

• Rabateur de quatrains •

J’ai retrouvé une dissertation que j’ai

faite en Première sur l’utopie : «... je

rêve d’un groupe où des personnes

passionnées d’écriture pourraient

échanger avec zèle grâce à des ordinateurs

... Ces textes seduiraient des

femmes... « Je me souviens que la

professeur lisait, d’un ton perplexe,

des extraits de ma copie au reste

de la classe. « Oui, bien sûr, Raoul

- rajouta-t-elle - et ils écriraient des

histoires à partir de cinq mots imposés...

N’importe quoi ! Sers-toi un

peu de ton intelligence ! »

By Laurent Vernaison

• Dénicheur d’allitérations •

Elle était trop belle pour moi. J’ai

toujours pensé que c’était une utopie

et, au regard du zèle que mettait

cette femme magnifique pour me séduire,

j’étais perplexe. Elle a fini par

se lasser. Comme quoi, l’intuition ça

sert toujours...

Utopie, zèle, femme, perplexe, servir

By Raoul Harivoie

Quand je vois une femme eh oui je suis perplexe

À quoi sert l’écriture en face d’un corps nu ?

Ce grand zèle de feu deviendra-t-il du sexe ?

Une utopie serait d’accepter l’Inconnu

13


LOGO-RALLYES

Utopie, zèle, femme,

perplexe, servir

By Yves Lecointre

• Collectionneur de mots rares •

On aura bien du mal à trouver des

huttes Hopis dans les treize villages

qu’ils occupent car ce pacifique

peuple Indien a toujours habité

dans des maisons typiques en pierres

sèches enduites de plâtre, construites

avec zèle par les femmes du clan.

Cette tribu est connue pour leurs célèbres

prophètes qui laissent néanmoins

perplexes nombre de spécialistes

quand ils déclarent entre autres

que leur vrai frère blanc, lorsqu’il

reviendra portera une cape rouge, et

avec lui viendront deux autres frères,

le premier arborant le signe du swastika

représentant la pureté et la féminité,

productrice de la vie et l’autre

un symbole du soleil. Ils les serviraient

alors espèrent-ils, pour assurer

la victoire à toutes luttes Hopi.

Uto3.1416 :

constante idéalisée.

By Ivan Leprêtre

• Ajusteur syllabique •

Utaupie : foi aveugle idéalisée.

Une taupe a élu domicile dans ma

table de nuit, elle me trouve taupicime

! Je l’ai surnommée Mam’zelle

Sidonie. Lorsque j’ai demandé à

mon ophtalmo une consultation

pour ma nouvelle amie, cette femme

cartésienne est restée perplexe, mais

j’ai réussi à la convaincre en promettant

de lui montrer ma collection

d’œils de verre, cachée sous mon lit.

Chez l’opticien, Mam’zelle Sidonie

a choisi les lunettes roses en forme

de cœur, elle est trop choupinette

comme ça.

Lorsqu’on va au drive-in de Mick-

Daniel, je la laisse conduire en

aveugle – j’ai une totale confiance

en son instinct de survie – je suis

utaupiste. Samantha, la jolie brune

qui vient nous servir, craque pour

Sidonie et ses belles lunettes de

starlette, elle lui offre 6 nuggets de

lombrics en plus et pour moi, un

cadeau Bob l’éponge en plastique

avec les bras qui tournent ! Elle sait

pertinemment qu’elle me fait un immense

plaisir depuis qu’elle a joué

dans ma baignoire avec Charlie mon

concombre de mer.

Dystopie, chou,

ministère, courbe, regarder

By Éric Rabbin

• Capitaine de vaisseau

grammatical •

01

Quand le ministère de l’agriculture

passe son temps à regarder la courbe

de la planète en l’imaginant recouverte

entièrement de choux, pour

moi carnivore confirmé, la dystopie

n’est pas loin...

Image : Stefan Keller ~ Pixabay

14


droit, ça monte un peu en courbe.

Au cédez-le-passage, à gauche dans

la rue Aurore Hovilai.

- Qui c’est ?

- Une espèce d’illuminée qui avait

le projet saugrenu d’un ministère du

Logos. Elle n’a jamais finalement

jamais rien fait, mais la commune

l’a trouvée sympathique. Pour finir,

première à gauche dans la rue

Chou-Enlai, je suis au numéro 49.

- C’est drôle, j’attendais le numéro

59... Mais passons !

Image : Enrique Meseguer ~ Pixabay

02

Je pense passer mon temps devant ce

portail, a le regarder et attendre que

quelque chose en sorte, je n’ai plus

que le temps comme compagnon

alors je scrute le possible retour des

crucifères assassins de Bruxelles, la

ville qu’ils ont failli anéantir. Habilement

déguisés en simples et inoffensifs

petits choux, ils guettaient

sur les étals du marché, les mains

qui les saisiraient avant de leur injecter

discrètement avec les feuilles

supérieures collantes, une neurotoxine

puissante qui faisait fondre

progressivement la graisse puis la

chair et pour finir les os.

Les belges atteints voyaient leurs

fières courbes disparaître et les

conseils du ministère de la santé restèrent

lettre morte comme très rapidement

une bonne partie de la population.

Ce monde aurait pu devenir

une terrible dystopie car les choux

fous venus de l’espace avaient des

idées de conquêtes. Mais c’était

sans compter sur l’intervention des

bouchers gardiens de l’hygiène alimentaire

venus d’alpha centaurii,

qui grâce à leur hachoirs à neutrons

réussirent à repousser l’invasion verdâtre

et sauver les survivants européens

en leur donnant le vaccin anti-choux.

ils créèrent un portail inter

dimensionnel à sens unique et choisirent

quelques SDF comme votre

serviteur pour surveiller et avertir si

une petite feuille verte chercherait à

se glisser dans notre monde. Voila

monsieur, vous comprenez maintenant

quand je vous dis que je ne

suis pas appuyé contre ce mur juste

pour mendier, je dois aussi sauver ce

monde du pire, vous comprenez ?

Aussi, si vous pouvez être un petit

peu plus généreux...

By Bixente Caballero

• Éclaireur lexical •

01

- Dis, Stoppy, tu as regardé ? Pour

éviter à chaque fois de se planter

dans les courbes du chômage, ils ont

créé un ministère du chou. Il y en a

qui risquent de devenir chèvres !

02

Pour venir chez moi, c’est simple :

- En entrant dans Chaffouin-sur-Tripette

par la rue Youri Margarine, tu

passes dix stops...

- Dix stops ? Y faut être concentré,

dis donc !

- Au dixième, tu prends à droite

dans la rue de la nuit du 3 Août. Le

prochain carrefour est une priorité

à droite, regarde bien, ça roule vite

dans le secteur. Tu continues tout

Dystopie, chou,

ministère, courbe, regarder

By Colette Le Vaillant

• Chasseresse de phonèmes •

La vie a toujours un sens, celui

des aiguilles d’une montre,

des courbes d’une femme ou des

cours de la bourse.

La semaine dernière, j’ai vendu

ma montre analogique et depuis

rien ne va plus ! Je ne peux

plus regarder le bal des aiguilles

sur le cadran, mais je ne pensais

pas qu’il y aurait tant de conséquences

: les communistes sont

devenus marteaux et ont perdu

leurs faux cils ; je dois pédaler à

l’envers sur mon vélo ; j’arrose

les plantes et elles rétrécissent ;

mon médecin me rend malade ;

mon jardin de permaculture a voté

Roundup au premier tour, bref la

dystopie a supplanté l’utopie !

Désemparée, désespérée, j’ai sollicité

le ministère des causes perdues,

mais j’ai fait chou blanc.

15


LOGO-RALLYES

Dystopie, chou,

ministère, courbe, regarder

By Raoul Harivoie

• Rabateur de quatrains •

Mon aspirateur est issu d’une dystopie

: il me suit à la trace, il me hurle

dessus quand je veux reprendre des

choux à la crème... Mon collègue du

ministère me dit que les siens - il en

a deux - sont muets mais qu’ils envoient

des notifications en douce à sa

dure moitié quand il zoome sur les

courbes de la présentatrice météo...

Désolé, je dois vous laisser ! Je regarde

le début de Dalida sur TF1 !

By Laurent Vernaison

• Dénicheur d’allitérations •

La dystopie du chou doit être traitée

dès l’apparition des premiers symptômes.

Le Ministère de l’Agriculture

ne courbe pas l’échine devant ce

fléau qu’il combat avec vigueur. En

revanche, il faut regarder les choses

en face : l’histoire des petits garçons

qui naîtraient dans les choux n’est

que pure utopie...

By Yves Lecointre

• Collectionneur de mots rares •

En 1974, Rangjung Rigpe Dorjé, le

vénéré chef spirituel rendit visite aux

bouddhistes Hopis. Lors de la réception,

ils s’échangèrent des bagues qui

stupéfièrent les présents car ils présentaient

des motifs identiques.

Après un simple repas où pour respecter

les maux endurés par les Tibétains

le chou et l’ail furent absents,

un représentant du ministère local

déclara au lama que son peuple souffrait

d’une longue sécheresse, en

dépit de leurs célèbres danses de la

pluie durant lesquelles ils dessinent

les courbes des crotales avant de les

jeter en l’air lors du final. Alors le

religieux répondit qu’il prierait pour

cela, ce qu’il fit dans la voiture qui

le ramenait au motel proche. Au

moment où il gagnait sa couche, il

regarda le ciel sans nuage et un formidable

orage se déclencha.

Image : Alison Updyke ~ Pixabay

By Ivan Leprêtre

• Ajusteur syllabique •

03 août 2062 - Ministère de L’écrémage

de Normandystopie.

- Je suis l’Agent Conseil Livarot et

voici ma collègue, l’Agent Pontl’évêque.

Savez-vous pourquoi vous

êtes là monsieur Giono ?

- Je n’sais pas, Conseiller, je ne

comprends pas ?

- Vous avez été dénoncé par votre

voisine, madame Vertuchou, elle

vous accuse d’employer de l’huile

d’olive vierge extra dans votre cuisine.

Il n’y a aucune trace de beurre

à votre domicile, ce qui constitue un

délit répréhensible par le code lipidique.

Reconnaissez-vous les faits

monsieur Giono ?

- Je suis un bon gracitoyen Conseiller

Livarot, cette femme ment pour

prendre ma place à la fabrique de

faisselles, c’est une vraie peau de

vache !

- Vous préférez peut-être que je

fasse appel au Tapeur Camembert

pour vous soutirer des aveux ! C’est

le champion de la baratte moldave et

de la cancoillotte...

- Non pas lui... Pitié !

- Je regarde votre courbe de croissance

et je vois que vous êtes en

sous-charge pondérale, vous avez

35 ans et vous n’avez pas atteint les

140 kilos réglementaires exigés par

le Ministère de la Santé. Vos parents

étaient originaires de Manosque et

possédaient une oliveraie avant la

Guerre du Gras [La GéGé]. Ceci

vous rend hautement suspect monsieur

Giono. Avouez maintenant !

- Qu’est-ce que je risque ?

- Grasse, donnez-lui la peine encourue

pour ce type d’inculpation.

- Stérilisation UHT !

16


To be SWIFT or not to be

By Jean-Marc Couvé • Mélangeur de substantifs.

(M & K niquent le Monde)

Environ cinquante ans après la période planétairement carnavalesque

d’incertain « vit russe » [toutes et tous, ou presque, avançaient masqué.e.s

; seul Zorro avait tombé le sien, par esprit de contre addiction],

Léon Musc, du Haut de la Suite Impériale de son Ehpad martienne

[H.S.I.É.], avait enfin trouvé – et commercialisé – un vaccin qui rendait

immortel. Éternel !

O

n était en 2084 après J. C.

[en mémoire d’un président

français clamsé en 2020

et qui, dans sa jeunesse de quasi-trotskiste,

avait imaginé l’abolition

du Feu Nucléaire [FN], en anticipant

un rêve martinlutherkingien

qui faisait craindre à une humanité

superstitieuse que la maison du Saigneur

ne brûle, si les brebis égarées

se mettaient à servir l’Office du méchoui

en regardant ailleurs (sic).]

INVITATION AU VOYAGE

L’immortalité, donc ; celle-là même

qu’avait déjà cauchemardé un

poète-philosophe du nom de Swift,

dans un livre de papier, désormais indisponible,

qui était une sorte d’« invitation

au voyage » pré-baudelairienne.

Oui, l’immortalité : à la fois

terra incognita et El Dorado (de la

Méduse). La mythique immortalité

était désormais à portée de Bourse.

À condition que cette dernière fut

bien garnie. Merci, Léon. Youpi !

Depuis ses 4000 m 2 , avec piscine

olympique et WC-jacuzzi intégrés,

L. M. aiME lui-MÊME, en capitaine

Marvel d’Ehpad America, alors en

pleine possession de ses moyens

financiers illimités et, aussi, de son

petit Q. I. en silicone moulé, distribuerait

son vaccin à la ronde, en un

geste large et auguste, à l’instar du

Semeur de Vie réellement augmentée

qu’il avait toujours voulu être.

Promis !

Il faisait doux, sur Mars, ce mémorable

jour (le 32 mars 2084),

lorsque Musc Léon présenta pour la

première fois à un parterre ébaubi

de packs-coeurs-hêtres arasés son

vaccin qui promettait, enfin, à la

Perfusée Académie Française (PAF)

d’offrir un second souffle tant à

VGE qu’à son Éminence AMI-nem,

in nomine Muscli. Amen !

Le par-terre, trié sur le volet, récolté

aux quatre [à douze] coins des galaxies

de Proxima du Centaure, à

gauche, en sortant de Bételgeuse-Inter-Dit

(BID), était – comme vous

le pensez (et grand bien vous fasse)

– acquis. A qui ? Ben, à Léon, c’ te

question ! C’était un parterre sans

chichis, à se taper le cul par terre.

En aparté (car rien tait rien), l’appart’

air conditionné fonctionnait

à fond. De là s’élevait la Parole en

Odeur de Sainteté Et muscienne

[POSE]. C’était un nappe-art terriblement

coo-koonsien. Car, dans

leur jeunesse, Léon Musc et J-F

Koons avaient été frères de laid. En

effet, nés le même jour J dans une

Mate-Hernie-Thé (MHT), entité

Raie-Pub-Lichen, ils avaient tété

goulûment, dis-je, en cela adoubés

dès le berceau par des Fées, des Fêlées,

des Fêlés-Faits, rien-que-des-

Fêtes. Esta fiesta !

M ET K, APPELÉS

AUSSI K EL M

Et, depuis ce jour glorieux d’un

siècle Antique oublié de tous (excepté

de votre serviteur ; parce que :

un narrateur, ça va… Mais deux,

bonjour l’Aîné Gatio-niste !), M et

K, appelés aussi K el M, avaient

déployé leur zèle, afin (dixit) « de

profiter au mieux de la naïveté de

leurs concitoyens (accent sur CON)

pour se faire un max de flouze en un

temps record », parce que :

1) Le temps, c’est de l’art – gens.

Largement. Et

2) « Record », vocable à nul autre

pareil, est l’anagramme de cordre et

rien qu’ordre !

Image : Reimund Bertrams ~ Pixabay

17


Ils avaient suivi leur Grand Homme

de Boul’vard et P.Q. chez la plupart de

leurs mécontents porcs. Huns, avaient

labouré, semé, sarclé, bayé-monsanté,

puis, enfin, récolté le fruit artificiel

de leur là-beur, l’art - gens du beurre,

et le cul-isotope de la Souris de leur

Rat-Pine du Jour [SRPJ] en prime.

Après avoir essoré, asséché, épongé,

aspiré, siphonné – j’en passe et des

Sapeurs –, nos dispendieux ados, naseaux

bien ouverts, avaient décidé de

sniffer la ligne de coq de l’Univers à

eux deux. Montés sur leurs airs GO :

un’-deux, un’-deux !

Honnis soient les poules mouillées,

qu’ils laissaient, tel un vulgaire lot

de consolation, aux innombrables pigeons

qu’ils s’étaient fait un devoir de

plumer. Sur l’air du Temple, humez !

Image : Enrique Meseguer ~ Pixabay

JOURNAL DE 20 HEURTS

DIT AJT – très agité.

33 mars, 2184. Dernière minute : « On apprend le suicide simultané, à l’âge vénérable de 221 ans, de Messieurs

K & M. Nous n’en savons pas beaucoup plus, car leurs héritiers ont exigé cet anonymat initial honteux, par

lâcheté, sans doute ? Mais ce n’est qu’une hypothèse… Ces derniers jours, K. avait rétréci à la dimension d’une

virgule de K. Car ridé. Et, de son côté, M. n’était plus qu’un infini tiret, aussi plat que son dernier encéphalogramme.

Mais nous savons, chers auditeurices, de source bien informée, que, à travers leur geste morbide et

conjoint, M & K ont tenté, de façon quasi Mé-Kanique, de briser le cercle infernal initié il y a belle lurette par

les uns – conscients – et par d’autres, scientistes cons - génies tôt mornés. Le dit cercle était un vicieux carré

qui, selon Pierre Dac, le Président-Directeur os-ça-moi-lien, aimait sans se lasser à se laisser caresser.

Pour seule, lapidaire explication de leur auto-destruction, K & M ont laissé, au bas d’une note de blanchisserie

de, de… d’argent « sale » (me souffle-t-on dans l’oreillette) des mots sibyllins dont l’origine se perd dans la

nuit d’étangs plus ou moins opaques : « L’éternité, c’est [trop] long. Surtout vers la fin. » Mon Goût-Gueule

search, chères téléspectateurices, en est resté comme deux ronds de flan. En effet, depuis l’Antiquité et jusqu’à

récemment, en passant par Strangule-Hiver d’un nommé Jaune Attend, la mollesse qui moleste comme les

mots laissés par les Man Brothers K &M sont attribués à 4 891 auteurs – historiens ou histrions – comme à

1 984 001 100 likers et/ou followers, au bas mot. Voir hauts maux. Car OMO érecte US ! Je remercie par la

même occasion UNI-le-VERS, notre partenaire en COM/Marketing. Soit dit en palpant…

Et maintenant, une ligne d’info banale plus qu’anale. Puisque moins vous rendrait accros, ah, ah ! Bonne soirée.

Et, surtout, sortez découverts… Car il reste tant à découvrir… »

Nota bene du narrateur : Il reste tant, certes, mais en aurons-nous encore le TEMPS ? Car le vaccin qui nous guérira

de l’a-culture crasse n’est pas même à l’étude. Alors : Détrumpe-toi. Décentrons-nous. Quand notre orgueil, seul, tout

embarrasse. Haine – hou – terrasse !

Un vieux sujet de dystopie… isn’t it ?

18


DYSTOPIE QUAND TU NOUS TIENS !

By Olivier Issaurat • Pourfendeur de points d’interrogation.

Dystopie humaniste

- Allô ?

- Passez-moi le service hydrologie

s’il vous plaît.

- Ne quittez pas…

- Monsieur Tyrolimagoli à l’appareil,

je vous écoute.

- Je vous appelle pour faire le point

au sujet des nappes phréatiques ainsi

que le niveau des réserves d’eau.

- Il n’y a plus aucun souci, tout est

revenu à un niveau acceptable. Nous

avons même dépassé les objectifs, et

pour certains barrages nous allons organiser

des lâchers d’eau.

- Je vous remercie pour toutes ces informations.

Nous ferons un nouveau

point samedi en 15.

- Allô ?

- Encore moi.

- Un problème ?

- Non, tout s’est déroulé parfaitement.

Pouvez-vous me passer le service

agriculture.

- Je vous mets en relation tout de

suite.

- Ici Logomethèque, que puis-je pour

vous ?

- J’ai besoin d’avoir un retour d’informations

sur la production agricole.

Pour être précis, le niveau de pesticides

dans les sols, par mètre cube de

terre, répartie sur une profondeur de

15.

- Les valeurs standardisées donc. Sur

le premier tiers creusé et sur l’ensemble

des territoires nous avons un

indice proche de 0, sur le deuxième

tiers nous pouvons évaluer la proportion

à 0,35 et sur le dernier tiers, nous

atteignons tout juste 0,4.

- Parfait. Nous sommes largement

dans les normes définies lors de la

deuxième Co-Médiation. Je vous

remercie pour ces précieuses informations.

- C’est encore vous ?

- Je ne vous dérange pas ?

- Au contraire, j’attendais votre appel.

Je suppose que vous souhaitez

avoir les services Air-Pur2065 ?

- Exactement.

- Je vous les passe.

- Je suis Triométricable, le responsable

d’Air-Pur, si c’est pour un bilan,

je vous ai envoyé les comptes-rendus

et nous allons vers une amélioration

globale. Nous sommes même en

deçà des minima pour la pollution à

l’ozone et la moyenne des températures

sur dix ans est en phase de rétablissement.

- Je sais bien, j’ai lu le rapport, mais

je tenais à l’entendre de votre bouche.

A bientôt pour la onzième Co-Médiation.

- Est-ce encore nécessaire ?

- Elles sont programmées sur cinquante

ans et vous connaissez la législation

comme moi.

- Il est IMPOSSIBLE de modifier le

calendrier, je sais bien. Je vous laisse,

j’ai rendez-vous avec les Teknos gouverneurs

des Etats Fédérés pour définir

la ligne de politique globale.

- J’attendais votre appel, vous voulez

le service de gestions des populations,

je vous le passe tout de suite.

- Monsieur Intégropolos de la SIGEC,

j’écoute.

- Je souhaiterais savoir où nous en

sommes avec les objectifs d’occupation

des lieux de vie ?

- Nous avons réussi au-delà de toutes

nos espérances.

- C’est-à-dire ?

- Nous nous sommes débarrassés totalement

des nuisibles !

- Les nuisibles, vous voulez dire les

être humains, n’est-ce pas ?

- En effet !

- Excusez-moi, mais je ne voulais

pas commettre d’impair avec les dirigeants

de la Co-Médiation puisqu’il

avait été dit expressément de ne plus

utiliser cette désignation.

- Maintenant, on peut !

Image : ImaArtist~ Pixabay

19


By Olivier Issaurat

• Pourfendeur de points

d’interrogation •

Dystopie ministérielle

- Où en sommes-nous avec le problème

du bâtiment ?

- Monsieur le Ministre, on n’a plus

personne pour construire…

Le ministre ouvrit de grands yeux

ébahis.

- Comment ça, on n’a plus personne ?

Et nos Portugais et nos Arabes ?

- Ils sont partis.

- Comment ça partis ? s’étonna le

ministre une nouvelle fois. C’est une

blague !

- Pas le moins du monde, ils sont

partis.

- Qui va construire alors ?

- C’est bien la question.

Il y eut un temps de silence, le ministre

voulut se servir un verre d’eau fraîche

à la fontaine.

- Mais elle est chaude !

- Ah oui, je voulais vous prévenir que

nous avons eu une coupure d’électricité.

- Qu’est-ce que vous me racontez-là,

vous n’allez pas me dire que c’est encore

à cause des Arabes ou je ne sais

quelle catégorie de travailleurs immigrés

!

- Non, là, c’est à cause du manque

d’uranium pour les centrales nucléaires

et puis aussi à cause des sous-traitants.

On ne trouve plus de Biélorusses pour

aller prendre des doses de radiation en

effectuant la maintenance.

- Et les électriciens d’Electricité Libérée

?

- Y veulent pas y aller, ça craint trop.

- Et ça craint vraiment ?

- Au dernier bilan, oui, pas mal ! Et

puis, ils préfèrent faire pousser des patates.

- Des patates, pourquoi des patates ?

- Ça s’échange mieux que de l’électricité

!

- Ils sont cons ou quoi !

- A vrai dire, pas tant. D’ailleurs j’ai

moi-même un petit carré de terrain

derrière le Sénat où je fais pousser des

radis.

- Mais avec le prix qu’on vous paye,

vous…

- Puisqu’on en parle, je préférerais

être payé en patates, plutôt qu’en

monnaie de singe.

Le ministre, outré, faillit s’étouffer

avec son verre d’eau. Il en perdit

l’équilibre et tomba sur son cul. En

se relevant, il s’épousseta à cause de

la poussière.

- On ne fait plus le ménage dans cette

taule ou quoi ! s’énerva le ministre.

- Non, on ne le fait plus depuis que

les Portugaises sont retournées au

Portugal en suivant leurs maris maçons

!

- On n’a qu’à demander à la secrétaire

! Elle n’en fout pas une.

- Elle n’en fout pas une, d’une part

parce qu’on a plus d’électricité à

cause des coupures et d’autre part, on

n’a plus de balais.

- Si c’est une blague, elle est de mauvais

goût !

- Non, non, tous les balais ont vraiment

disparu, ça se raréfie, on n’en

trouve plus nulle part. Des aspirateurs,

par contre on en a une palanquée.

C’est grâce à notre partenariat

avec Tout Pour la Maison. D’ailleurs,

ils ont fait faillite.

- Pour quelle raison ?

- Ils ont mal anticipé le marché du

balai !

Le ministre regarda sa montre, puis

enfila son veston et prit un dossier sur

son bureau. Il l’ouvrit pour relire les

notes préparées par le secrétaire.

- Vous n’avez trouvé rien d’autre

pour m’écrire mon discours !

- Non, et c’était le dernier rouleau,

j’ai dû me battre avec le ministre de

l’Intérieur qui voulait emporter le papier

toilette pour chez lui !

- On fera avec. Avez-vous prévenu

mon chauffeur.

- Oui, il vous attend.

- On va prendre la Wingoto, ça fera

plus discret auprès des prolétaires.

- Nous ne prendrons rien du tout, le

chauffeur et vous irez à pied.

- Mais…

- Il n’y a plus d’essence pour remplir

le réservoir.

- Et vous ?

- Moi, j’y vais à vélo.

Image : Enrique Meseguer~ Pixabay

- Et bien nous prendrons un vélo

aussi.

- Il n’y en a pas. Des voitures, on en

a toute une palanquée grâce à notre

partenariat avec Tout Pour La Circulation,

qui a aussi fait faillite. Ils

n’ont pas su anticiper l’évolution du

marché de la bicyclette.

- Nous devrions pouvoir en trouver

un quand même ?

- J’ai dû négocier avec mon fils pendant

des heures pour récupérer le

sien.

- Mais il a dix ans votre fils.

- Oui, mais il a deux vélos. Ça m’a

coûté un brin en patates et en radis !

- Mais vous devez avoir l’air con sur

un vélo d’enfant.

- Pas plus que l’ensemble du gouvernement…

20


PETITES ANNONCES

By Ivan Leprêtre - Ajusteur syllabique.

Image : Pete Linforth ~ Pixabay

01

Revends croissant au

beurre d’occasion. L’une

des cornes a été trempatouillée

dans le café au lait et mâchouillée

légèrement par notre mamie

Odette qui l’a oublié une journée

et une nuit entière sur la toile cirée

de la table de la cuisine, car elle est

sujette à certains troubles psychiatriques

occasionnant des pertes de

mémoire. Le croissant a aussi été un

peu léchouillé par Aristote, le chat

du voisin de mamie, mais il présente

encore bien, car on lui a passé un

bon coup d’éponge pour le nettoyer

après qu’il soit tombé par terre (un

p’tit coup de papatte d’Aristote).

La viennoiserie coûte désormais

1,07 euro, elle vous attend impatiente

à la résidence des Pivoines de

la Charité-sur-Loire.

Demandez Mme Odette Dejeux.

~

02

Échange une paire d’antibrouillard

de R8 Gordini

et un siège baquet

en simili-cuir suffocant contre une

Belle de jour, mais pas fille à papa

et sans dessous flamboyant, juste

une petite culotte en coton avec des

pandas ou des koalas imprimés. S’il

s’agit de sœurs jumelles, je suis preneur

aussi.

03

Vends veau et vache, de

beaux bovins Vendéens,

rouge-gorge Géorgiens

enjoué, seiche à sépia Norvégienne

et geai à plumet déplumé. Le tout

empaillé.

~

04

Vends navette Zanzara

3109 type ZXZ, munie

d’une direction interstellaire

automatique et d’un cérébro-computer

I.A. de 500 Yotta-octet

de mémoire, contenant toutes les

données connues sur les routes galactiques

hautement sécurisées. La

pilote est une bikarefōōl déclarée au

nom de Zååkltl-bīk-bīk dont le permis

espace profond est consultable

en ligne sur le site féminin sacré

dansmaculotte.galac [extrêmement

susceptible et ultra-dangeureuse, ne

pas chercher à draguer].

Prix : 175 000 000 Crédits Galactiques.

Pour répondre : cérébro-cliquez ici

~

05

Recherche 4 beaux

gaillards bien costauds

et une jolie guenon

pour une évasion nocturne au zoo

de Saint-Goulou en Bredingue. Nos

jumeaux Igor et Grichka ont trouvé

le moyen de se faire enfermer dans

la cage du dos argenté. Ils se sont

glissé derrière le soigneur à l’instant

précis où il déposait sa brassée de

feuilles journalière. Lorsque nous

nous sommes aperçu que les gamins

étaient de l’autre côté des barreaux,

nous avons fait appeler le directeur

de l’établissement qui s’est refusé

à les faire sortir, prétextant qu’il

n’avait pas la certitude que nos enfants

soient de la même lignée que

nous ! «Regardez, ils sont presque

pareils que le gorille !» qu’il nous a

dit avec son air goguenard !

Les 4 balèzes sont prévus pour maîtriser

le dos argenté et la guenon,

c’est pour attirer hors de la cage nos

deux ados gonflés de testostérone.

Ils sont chauds en ce moment !

Forte récompense en cas de réussite.

~

06

Vends touche F5 d’occasion

coloriée au

feutre rouge - année

2011 - 26 783 pressions au compteur

- état convenable avec légère trace

de crotte de nez séchée sur le front

gauche - compatible MAC / PC /

Minitel / Remington portative. Prix :

999,99 $ pangolin croisé tatou. Répondre

à l’hebdromadaire qui transmettra.

Manchots s’abstenir (même

en implorant des deux mains).

21


PETITES ANNONCES

By Ivan Leprêtre - Ajusteur syllabique.

07

Vends une dinette de

poupée Corolle 8 pièces

vaisselle : verres, assiettes,

fourchettes, cuillères, bols

et tasses à café (il manque les couteaux),

un calendrier 2007 du poète

Raoul H. nu dans son potager (un

collector) et une chambre à air de Caterpillar

797B avec un corps étranger

non identifié à l’intérieur, peut-être

un dindon, on l’entend glouglouter

de temps à autre. Mais, comment a-til

fait pour entrer là-dedans ?

Prix pour le lot : 79,95 €. Enlèvement

à domicile. Prévoir un camion

de déménagement, car la chambre à

air fait 4 mètres de hauteur, elle est

très encombrante et elle pèse assez

lourd.

~

08

Je suis dans l’obligation

de me séparer du comte

de La Salsepareille pour

cause d’évasion fiscale en Suisse

(Gonzague ne supporte pas l’altitude

et il est allergique aux edelweiss).

Mon mari est très affectueux. Malgré

ses 94 ans, il a le poil soyeux,

l’œil vif, les pommettes et les arcades

saillantes. Il nécessite un minimum

d’entretien car il est très propre. Le

comte mange de tout. Pour le goûter,

un thé à la myrtille et 2 nonnettes lui

suffisent. Son seul et unique défaut,

c’est qu’il pète lorsqu’il éternue, ceci

est assez gênant lors des soirées chez

l’ambassadeur qui collectionne des

fleurs des montagnes.

Ne prenez pas contact par téléphone,

car notre numéro a été piraté par la

boucherie du village, rendez-vous

directement au château de Cheverny

pour venir chercher le comte et sa

chaise roulante. Ne sonnez pas à l’entrée

de la propriété, car Nestor, notre

fidèle majordome, est désormais

sourd comme un pot, donnez plutôt

un grand coup de pied dans la grille,

ce qui aura pour effet de déclencher

toutes les alarmes du château.

Comtesse Séraphine de La Salsepareille

~

09

Vends carton contenant

6 flacons de bois bandé

Extra Strong, 200 ml,

prescrit spécialement aux écrivains,

poètes, artistes, designers, compositeurs,

pâtamodeleurs, en panne...

d’inspiration, particulièrement en

ces temps de confinement. Goûts :

fraise, banane, fruits de la passion,

citron vert, pizza surgelée et moules

marinière. Les flacons sont légèrement

passés de date depuis le 28

avril 1998, mais c’est encore très

efficace, j’ai moi-même fait l’expérience

hier soir et ma femme m’a

viré de la chambre, car j’ai pété la

bibliothèque en voulant la... Euh...

Bref, ça marche impec !

Prix à déband... débattre, mais pas

en dessous de 235,00 euros quand

même

Image : Willgard Krause ~ Pixabay

10

Vends DeLorean DMC-

12 de 1985, état impeccable

- dernier contrôle

technique effectué : avril 2820, dernière

vidange : février 1902 (avec de

l’élixir du Docteur Létal), 4 pneus

entièrement neufs achetés en promo

au Karrfouzzkr de Saint-Nazbrook

le 32 xargzourg 12712. Juste une petite

tache indélébile sur le siège arrière,

car mon bébé scrameuche dans

l’grougniaffr a vomi un peu dessus.

Certificat de circulation n° 314159

265358 du 11 novembre 3456.

Prix : 374 999 nouveaux crédits galactiques,

à régler directement par

digitalotransfer sur mon compte jovien

ZeNavi-118-918.

~

11

Formation de pleureuse

professionnelle sur 3 jours

et une nuit.

Jour 1 : aperçu des œuvres de littérature

pleurnichardes [analyses des

ouvrages « Savoir pleurer comme

une madeleine de Proust » et « Des

pleurs dans la nuit » du mari d’Higgins

Claques].

22


Jour 2 : Le Cri Libérateur ! Une

séance animée par le professeur

Omer Dalors [arrachage de cheveux

par poignées, roulades histrioniques

et larmes de crocodile].

Nocturne : Sortie en forêt et hurlements

avec les loups [trouver sa

tessiture optimale dans une frayeur

absolue].

Jour 3 : Automatisme lacrymal,

gymnastique de la paupière et évaluation

des points positifs de la comédie

du chagrin.

Fin du stage : Présentation et règlement

de la douloureuse - c’est à ce

moment-là que tu pleures ta mère !

~

12 13

Vends lot Tupperware

époque Tchernobyl.

Les boîtes gigognes ont

fondu les unes dans les autres et

les teintes sont plutôt livides. Les

moules à gâteaux sont désormais

luminescents jour et nuit (très pratiques

pour trouver son chemin à

la cave). Les assiettes pour bébé,

artistiquement décorées de petites

centrales nucléaires, surmontées de

nuages d’un beau jaune orangé raviront

petits et grands... Et pour finir,

6 coquetiers géants pour œufs de

poules mutantes de 60 centimètres

de circonférence chacun (des collectors).

Prix à battre, à rabattre et

à débattre (les roubles ne sont plus

acceptés depuis 1989).

Je profite de cette annonce pour embrasser

Mamie Anushka Bogdana

et pour lui dire que son dentier est

désormais complètement décontaminé

! Babouchka, tu pourras venir

le chercher après le déconfinement.

~

AltraVita. Vivez une expérience hors du commun !

By Ivan Leprêtre

Vous êtes petite et moche, vous auriez tant rêvé vivre la vie d’Addriāānå

Kårembeu !

Vous êtes gros, essoufflé et hypertendu, le parcours de l’athlète Uusāān

Bōōlt vous fascine !

Vous êtes con, inculte et vous savez à peine écrire, devenez Raoul H. le poète

adulé par toutes les jeunes filles de la Voie lactée.

Faites flèche de tout bois, grace à notre programme d’immersion virtutotale

AltraVita. Cette année, plutôt que de partir bêtement en vacances sur une

plage bondée, devenez Chūbbākaa pendant une existence entière, le héros

de l’espace de votre enfance.

Il s’agit d’un programme se déroulant au cours d’une nuit de sommeil dans

nos locaux sur PūūrėēOnnépacøūchė. À l’instant de l’endormissement, le

cérébrocomputer s’empare de votre subconscient et vous projette immédiatement

dans le scénario de vie que vous avez choisi. Vous vivrez seconde

après seconde, pendant des décennies, une tout autre existence – rien à voir

avec le rêve – vous êtes ici dans une virturéalité augmentée. Bon voyage en

AltraVita !

Prérequis : parfaite connaissance du Nagalis déstructuré et du Kōōbayyān

bivulvaire.

Certificat médical et police d’assurance obligatoire.

Tarif : 18 000,00 Crédits Galactiques TTC.

Vous pouvez sortir à tout moment de votre virtuLife en prononçant le sésame

d’échappement « C’est pas du bōulgōōur, j’en veux pas ! ». Néanmoins, les

sommes versées ne seront pas remboursées.

Aruspice en retraite depuis

le mois dernier

vend lot d’entrailles de

poulets, de cochons d’Inde, de vers

tendres et d’échidnés à nez court,

environ 230 kilos au total, ainsi que

l’ouvrage de référence « La lecture

divinatoire pour les nuls ». Retrait

directement à mon domicile - 7 passage

du temps - 29122 Piacenza.

Inutile de frapper, je sais que vous

êtes derrière la porte...

~

14

Donne saumon keta du

Pacifique âgé de 3 ans,

car devenu trop grand

pour tenir dans la baignoire. Nous

ne dormons plus en paix depuis qu’il

a fait un bond de 3 mètres hors de

l’eau, le projetant à quelques centimètres

du compteur jaune et des fils

électriques, ma femme a cru qu’il

allait finir fumé. Notre inquiétude

disparaîtra si nous le savons accepté

par des personnes aimantes possédant

une grande piscine. Il s’appelle

Sushi et il est très affectueux, il saura

émouvoir tous les membres de la

famille par ses câlins poisseux et ses

baisers humides. Pour finir, notre

saumon jouera volontiers à chat perché

avec le teckel de la maison. Ours

à lunettes, à collier, grizzlys et kodiaks

s’abstenir.

~

15

Échange cabinet de

toilette pour nigloute

des glaciers aux yeux

ronds - état neuf, car n’ayant servi

que 4 jours... Cécîle, ma petite nigloute

a été bouffé par le surprenant

scrameuche dans l’grougniaffr de

ma voisine au sale caractère - contre

boîtes de croquettes au Césium 136

goût chlorophylle qui me permettront

de réflechir pour émerger des

ténèbres, car ici - dans le Haut-Croutou

- nous n’avons plus l’électricité

depuis le 1er avril.

23


Image : Syaibatul Hamdi ~ Pixabay

NOUVELLES DU FRONT

RENTRÉE TRÈS SI ! By Alain Diot - Dépisteur de virgules.

Bon, ben on n’est pas sorti de l’auberge et dans les crânes, çà gamberge.

Quand est-ce qu’elle va nous lâcher les baskets, cette vilaine petite bête ?

Hein ? Quand est-ce ? Faudrait peut-être penser à lui botter les fesses,

à cette emmerderesse qui n’a de cesse que de nous contaminer sans discontinuer

jusqu’à faire porter le masque au pays tout entier alors qu’on

est bien loin du temps fantasque où, à notre guise, on se déguise pour faire

toutes sortes de frasques, même dans la bourrasque. Ben là, va encore

falloir qu’on casque !

t dans les lycées, les collèges

et les écoles, c’est

E

sûr que çà batifole quand

même pendant les cours et dans la

cour, et que çà fait problème quand

nos chères têtes blondes se dévergondent

au bord de l’onde, quand les

brunes s’importunent sur la lagune et

quand les rousses se troussent dans

la cambrousse. Faudrait pas croire

qu’elles vont jouer les bonnes poires

et se cacher la face éperdue sous ce

bout de tissu mal fichu qu’elles sont

censées se coller sur le nez ! Ah !

C’est sûr, la jeunesse délaisse ces

devoirs, ceux du matin et ceux du

soir, et çà fait pas rigoler chez les

mémés fatiguées et les pépés déglingués

qu’on ne peut même plus

cajoler.

Ah ! Mes aïeux, comme c’est malheureux

!

Par ailleurs, en ces temps trop

austères où souvent les cœurs se

serrent, même s’il n’a pas cassé sa

pipe, on l’a mis au rencard, Philippe,

au fond du placard. On nous

a refilé Castex super bien réchauffé

du cortex. On en reste perplexe, mes

beautés, à en perdre nos réflexes,

mes bontés ! D’accord, il a l’accent

chantant du pays d’Autan, le verbe

aisé du haut fonctionnaire avisé,

la calvitie avancée de celui qui a

beaucoup pensé, mais qu’est ce que

çà va changer ? Le corona ne s’en

remettra pas ?

LES COINS ET RECOINS

DE TOURCOING

Qu’est-ce qu’on croit ! Ce n’est pas

plus Darmanin qui lui fera passer la

main, à ce virus malsain, lui qui ne

pourra plus aller le chasser en loucedé

dans tous les coins et recoins de

Tourcoing.

24


Et pour nous, les artistes, y’a du

nouveau sur la piste ! C’est sûr, c’est

Bachelot qu’il nous faut ! Du fin

fond de son officine, la Roselyne, on

sent bien qu’elle va lui faire la nique

satanique à la bestiole qui se gondole,

mais il n’est pas certain que

la pharmacienne télévisuelle soit la

praticienne la plus rebelle pour assurer

la dynamique chimérique du

monde artistique ! Va falloir qu’elle

se bouge le paracétamol, la frivole,

au lieu de jouer les fofolles futiles

blindées au Lexomil !

ON SE DIT QUE

CE MONDE EST FOU

Et qu’est-ce qu’on a ri quand on

nous a dit que c’était Dupont-Moretti

qui allait faire guilli guilli à

tous les repris, de justesse et de justice

– mais que fait la police ? - et

qu’il allait nous garder les sceaux,

des fois que quelques sots mal inspirés

cherchent à nous les dérober !

Il va nous faire du guacamole judiciaire,

notre bon avocat atrabilaire ?

Y’a des coups où on se dit que ce

monde est fou quand on voit le roi

du barreau faire son numéro, lui le

chauve qui sourit si faux, devant la

presse qui se presse pour essayer de

le mettre à confesse ! Ils se sont perdus,

les coups de pied au cul ?!

LA CONTAMINATION

SÉVÈRE PERSÉVÈRE

Et pendant ce temps là, dans les

clusters pervers, la contamination

sévère persévère au point que le

PSG s’est fait avoir, pauvre poire,

par la covid avide qui lui a pourri ses

sud-américains pas malins qui sont

allés, gagas, faire la java à Ibiza et

même Mbappé - les supporters vitupèrent

! - s’est fait bouffé par le

croquemitaine qui l‘a foutu en quatorzaine

! Et depuis, ils ont encore

pété les plombs, les affolés du ballon

rond avec leurs copains marseillais,

ces galégeants qu’ils aiment tant,

et les cartons ont rougi à l’envi au

cœur du rififi ! C’est que, non mais,

le fair-play, à eux, çà leur déplait !!

Bon, ben on n’a pas le cul tiré des

ronces et les dernières annonces

n’ont pas trop de quoi nous rassurer,

mais masqué et distancié comme on

l’est, avec nos mains bien lavées,

et pourquoi pas aussi nos pieds, et

même notre corps tout entier, on va

bien finir par se tirer de ce bourbier.

Y’a pas de raison qu’on soit plus con

que ce poison nauséabond ! Non ?

ALAIN (vingt cibles) DIOT.

Octobre 2020.

Image : Prettysleepy ~ Pixabay

25


LABORATOIRE

DE RECHERCHES

CRÉATIVES

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