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THIERRY
FAGGIANELLI
PHOTO : STÉPHANE ISSAURAT
tous les soirs, avenue du Périscope. Le quartier
était très calme. A 22 heures précises alors que
son setter -il se rappelle c’était un setter- reniflait
un réverbère, il entend un bruit énorme et inhabituel.
Il se retourne. Il voit une chose fumante, de
la taille d’un fauteuil club venir s'encastrer dans
le trottoir à peine à un mètre à peine de lui. Un
astéroïde certainement !
Hocine, appuyée contre le balai se frotte
le menton, incrédule. Aminata fait claquer sa
langue. Elle regarde, inquiète, de tous côtés.
Martial reprend son récit :
« Fichée dans le trottoir, la pierre météorique
était entourée d’un nuage de fumée, dense, très
noire. » Il regarde, gêné, Aminata. « Elle rougeoyait
encore de son voyage dans l’espace. Mais ce n’est
pas tout. Après un coup de vent dantesque, l’individu
s’est retrouvé projeté au sol. Et là, toutes les
feuilles mortes de la rue se soulèvent d’un coup
et remontent toutes seules dans les arbres, en
ordre dispersé. Elles se recollent aux branches,
une par une, comme si de rien n’était. »
Mon cousin me certifie que le type l’a fixé au
moins une minute, l’air hagard. Et puis, il a voulu
savoir si dans la police, ils étaient déjà au courant.
Non, il lui répond que jusque-là, rien n’a filtré.
L’autre l’attrape alors par le col : « Vous imaginez,
vous monsieur l’agent ? Plus une seule feuille par
terre. En octobre. Plus une seule trace de l’astéroïde
non plus. Rien. À peine une petite bosse sur
le trottoir. Je deviens dingue. »
Mon cousin, lui offre un coca qu’il accepte. Il
l’informe qu’il peut faire une main courante au
commissariat, au moins une déposition. Ça le
soulagerait. L’autre décline. Le chien qu’il porte
dans les bras comme un nourrisson doit commençait
à lui peser. Il veut juste oublier ça. Au
nom des habitants du quartier, mon cousin le
remercie d’être resté vigilant. Et que s’il y avait
plus de gens comme lui, bla-bla-bla... Un peu par
politesse, il lui promet d’aller faire un tour voir
si de son côté, il remarquait quelque chose. Le
Monsieur parait satisfait. Et puis mon cousin oublie
cette histoire jusqu’au troisième dimanche
pendant les vacances scolaires. Sur les lieux,
il furète un peu sans rien repérer d’anormal.
Ce devait être l’invention d’un type sans histoire
qui aimait s’en créer. Il va partir mais sa chérie
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