ÉDITORIALPHOTO : STÉPHANE ISSAURAT06
ALAINDIOTLDRCTU SERS, FEUILLE ?Les feuilles mortes se ramassent à la pelle àl’appel de l’automne monotone, comme le dit lepoète qui se la pète, lorsque le tonnerre résonneencore quand, dans l’éther nu, les nues éternuent.C’est que leur vie est éphémère, même si sansêtre vraiment solidaires, elles ne sont pas pourautant solitaires, à ras de terre ou tout là hautdans les airs. Du début du printemps, et quelquesoit le temps, à la fin de l’été, c’est ainsi qu’il en estdécidé de leur longévité. Il faut bien reconnaîtrequ’elles doivent respecter la dure vérité du peu dedurée qui est attribuée à leur existence épanouie,pourtant peu impactée par les turbulences de lavie, à part le vent et la pluie, ou parfois quelquesouistitis enhardis. Et on les remercie, ces servilesamies, de protéger des regards indiscrets les nidsde nos volatiles chéris pour qu’ils puissent garderleurs secrets, en offrant autant de fauteuilstout doux aux écureuils tout roux qui se faufilent,tranquilles comme Basile, et qui jubilent dans lachlorophylle.Bien sûr, d’année en année, tout va recommenceret à peine sorties du bourgeon turgescent,dans un élan presque indécent, on va lesvoir déplier leurs nervures si pures et déployerleurs robes de verdure qui nous éclate à la figure,sans oublier de préciser le dessin sacro-saint deleurs bordures qui leur servent de signature. Etsous le soleil printanier, le monde entier voit sesarbres se rhabiller dans la fierté de leurs paruresimpériales bien avant les ardeurs estivales. Etc’est ainsi que nos chers portefeuilles bien dégarnisquand la bise fut venue se dressent alors avecorgueil comme des millefeuilles qu’ils sont redevenusquand mars est enfin revenu, en regardantdu coin de l’œil, si on les admire sans écueilmaintenant qu’ils ont quitté le deuil. Et le mondeun peu dénudé qui nous faisait quand mêmeun peu pitié se gonfle alors de fierté quand lesplatanes ont la banane à vouloir péter la cabane,quand les chênes se redressent à la chaine quandla sève revient dans leurs veines, quand les saulespleureurs sans arme qui avaient séché leurslarmes vous refont le coup du charme, quandles bouleaux montrent à nouveau les biscotosfeuillus qu’ils avaient perdus, quand les peupliersqu’on avait un peu trop oubliés jouent les fiers àbras avec leur grand air qu’ils voudraient d’opéra,quand on se recueille devant les tilleuls qui derechefredressent le chef et vous font de l’œil, et onles passe en masse tous ces autres trompe-l’œilqui se la joue tape-à-l’œil pendant que les pins etles sapins font tintin parce qu’ils ne sont pas foutus,les malins, de lâcher leurs aiguilles pointues,ces vilaines filles, qui jamais ne les déshabillent,hiver comme été, de peur qu’ils dégoupillent !N’oublions pas non plus celles des feuillesqu’on peut voir dès notre seuil, les pissenlits ou les07