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LD
RC
bleutée. Sa nudité d’une blancheur d’albâtre
donne l’impression étrange d’illuminer le sousbois.
La voici qui s’allonge sur un tapis de mousse
d’un vert empire. Elle expose sa nudité sans
l’ombre d’une retenue, dévoilant sa toison pubienne
et de petits seins fermes et pointus. Je
préfère arrêter là la description de peur de passer
pour impudique. Le reste de la scène, je le garde
pour moi. Mais revenons à sire Autophage qui
n’en perd pas une miette. Il n’ose faire le moindre
mouvement de peur d’effrayer la belle et de devoir
attendre la jeune femme jusqu’au retour de
l’été.
Mais voici que les feuilles d’automne tombent
comme pluie d’orage et en moins de temps qu’il
n’en faut pour l’écrire, la fille est recouverte de
feuilles mortes. Notre ami se lève discrètement,
approche à pas feutrés. Malheureusement, une
branche sèche comme une trique casse sous son
pied. Elle fait l’effet d’une détonation dans cette
quiétude absolue. Vite, notre homme rejoint le
tas d’humus, jette les feuilles par-dessus l’épaule
jusqu’à faire un tas équivalent derrière lui. Rien,
pas l’ombre d’une donzelle. La belle a disparu. Il
croit avoir mal calculé, que l’azimut choisi n’est
pas le bon, un repère peut vite passer pour un
autre lorsqu’on est distrait par les filles dans le
plus simple appareil. Il tente sa chance à plusieurs
endroits en suivant la rivière. Pas plus de
nymphe que de beurre en broche. Je sais, la comparaison
est osée.
Les années passent, plus aucune apparition !
Que ce soit dans la clairière, où les lapins à pâté
logent, ni, près de la rivière où les truites à embrocher
godillent de la queue. Il en est des feuilles
d’automne comme de la misère du monde, elles
recouvrent le désir et la joie pour en faire une
pauvre idée oubliée. S’agissait-il d’un rêve ? Pas
le moins. D’une apparition divine ? Encore moins.
D’un corps maltraité et jeté après avoir servi ?
Malheureusement vous approchez de la vérité.
Je voudrais que jamais on n’ait à écrire de telles
histoires, elles ne font que creuser la conscience
pour y enterrer l’amour.
PHOTO : STÉPHANE ISSAURAT
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