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J'attends le numéro 64

Laboratoire de recherches créatives

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LD

RC

bleutée. Sa nudité d’une blancheur d’albâtre

donne l’impression étrange d’illuminer le sousbois.

La voici qui s’allonge sur un tapis de mousse

d’un vert empire. Elle expose sa nudité sans

l’ombre d’une retenue, dévoilant sa toison pubienne

et de petits seins fermes et pointus. Je

préfère arrêter là la description de peur de passer

pour impudique. Le reste de la scène, je le garde

pour moi. Mais revenons à sire Autophage qui

n’en perd pas une miette. Il n’ose faire le moindre

mouvement de peur d’effrayer la belle et de devoir

attendre la jeune femme jusqu’au retour de

l’été.

Mais voici que les feuilles d’automne tombent

comme pluie d’orage et en moins de temps qu’il

n’en faut pour l’écrire, la fille est recouverte de

feuilles mortes. Notre ami se lève discrètement,

approche à pas feutrés. Malheureusement, une

branche sèche comme une trique casse sous son

pied. Elle fait l’effet d’une détonation dans cette

quiétude absolue. Vite, notre homme rejoint le

tas d’humus, jette les feuilles par-dessus l’épaule

jusqu’à faire un tas équivalent derrière lui. Rien,

pas l’ombre d’une donzelle. La belle a disparu. Il

croit avoir mal calculé, que l’azimut choisi n’est

pas le bon, un repère peut vite passer pour un

autre lorsqu’on est distrait par les filles dans le

plus simple appareil. Il tente sa chance à plusieurs

endroits en suivant la rivière. Pas plus de

nymphe que de beurre en broche. Je sais, la comparaison

est osée.

Les années passent, plus aucune apparition !

Que ce soit dans la clairière, où les lapins à pâté

logent, ni, près de la rivière où les truites à embrocher

godillent de la queue. Il en est des feuilles

d’automne comme de la misère du monde, elles

recouvrent le désir et la joie pour en faire une

pauvre idée oubliée. S’agissait-il d’un rêve ? Pas

le moins. D’une apparition divine ? Encore moins.

D’un corps maltraité et jeté après avoir servi ?

Malheureusement vous approchez de la vérité.

Je voudrais que jamais on n’ait à écrire de telles

histoires, elles ne font que creuser la conscience

pour y enterrer l’amour.

PHOTO : STÉPHANE ISSAURAT

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