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YVES
LECOINTRE
LD
RC
LA CHAUDIÈRE À FEUILLES
Conséquence de la révolution iranienne de
1979, le monde entier encaissa un deuxième et
encore plus brutal choc pétrolier, renchérissant
fortement le prix de l’or noir, poussant ainsi les
états dépendants à chercher des substituts, afin
de satisfaire leurs besoins en énergie sans augmenter
la facture de leurs importations.
A cette époque correspondant à l’ère giscardienne,
tout jeune maître d’œuvre au visage encore
bourgeonnant, j’obtins la mission d’agrandir
et de réhabiliter l’habitation bourgeoise d’un
ingénieur de l’agence nationale de la valorisation
de la recherche (ANVAR), villa située dans un lotissement
original et huppé établi en pleine forêt,
dont les grandes parcelles de terrain largement
engazonnées obligeaient chaque année les propriétaires
à ramasser et à évacuer des quantités
importantes de feuilles mortes. Alors j’eus l’idée
que je partageai avec mon client intéressé, de récupérer
les dites feuilles jonchant le sol à chaque
automne, de façon à en concocter un combustible
gratuit et renouvelable, comparable à une
manne tombée du ciel.
En partant d’une feuille blanche, on dressa
alors une feuille de route en commençant par
l’établissement d’une feuille de calcul des ressources,
et établîmes qu’en moyenne un lot de
cinq mille mètres carrés normalement boisé,
pouvait sans raconter de salades par ses feuilles
de chêne collectées, assurer une température
agréable dans une habitation de cinq pièces
pour une durée de cinq mois d’hiver en Picardie.
Le principe était de récolter les feuilles, et de
les faire sécher au soleil tout en les remuant doucement
dans un silo de stockage grillagé tout en
étant largement vitré vers le sud et couvert de
feuilles de zinc. Une fois le taux de siccité requis
atteint, les feuilles devaient être broyées de façon
à être transportées au moyen d’un réseau de
tuyaux d’air comprimé. Nous avions par ailleurs
contacté un fabricant de chaudière de Fougères
qui séduit par l’idée devait mettre au point un
brûleur adapté, sensé aspirer et calciner instantanément
la poussière végétale obtenue, dont
la combustion dans le foyer chaufferait l’eau alimentant
le circuit classique des radiateurs.
Au moment de présenter le projet qui tenait
finalement sur quatre feuilles volantes, nous
tremblions mais finalement l’audience fut positive,
et la proposition avait été entendue par une
agence gouvernementale habituellement dure
de la feuille pour ce genre de programme, ainsi
un financement riche en trèfle devait être versé
à l’industriel pour la mise au point du matériel,
mais en fin de l’année 1981 les producteurs de
l’OPEP mirent fin à cette situation et l’on assista
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