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ALINE
HANSHAW
LE BOIS BOURILLON
C’est un bois, un trou de verdure, il est merveilleusement
situé, face à la gare, à la suite des
quartiers sud.
C’est une artère verte qui irrigue le centre ville.
C’est mon bois : le bois Bourillon.
Le bois Bourillon m’a vu grandir, j’y ai appris les
saisons, j’y ai parcouru les « trous » à bicyclette,
je l’ai longé pour aller au cours préparatoire, je
l’ai traversé pour me rendre aux courses avec
mon père.
Les turfistes arrivant par le train l’empruntaient
jusqu’à l’hippodrome, lors des grandes
courses, des tables s’y installaient, offrant
bière et frites. Certains jouaient au bonneteau,
c’est un jeu d’argent, de dupes, une escroquerie
proposée à la sauvette.
Il faut retrouver une carte choisie parmi trois,
elles vont changer plusieurs fois et rapidement
de place, la mise est gagnée si on la retrouve
et perdue dans le cas contraire. Un complice
gagne et incite ainsi les autres à tenter leur
chance. J’étais intriguée et fascinée quand ils
ouvraient leurs parapluies et y déposaient leurs
cartes. Une fois leur forfait terminé, un complice
criait : « police » alors ils s’enfuyaient en refermant
leur parapluie.
C’est un bois, un trou de verdure, il est
merveilleusement situé, face à la gare, à la suite
des quartiers sud.
C’est une artère verte qui irrigue le centre ville.
C’est mon bois : le bois Bourillon.
PHOTO : ALINE HANSHAW
Le bois Bourillon continue de m’abriter de la
chaleur, j’aime le remonter et déboucher sur la
petite pelouse au niveau du jeu de boules et de
l’ancien jeu d’arc. Une buvette fermée témoigne
d’un temps qui n’est plus et que je n’ai pas
connu.
Parfois, je prends un autre chemin, il longe
le cimetière appelé Bourillon du nom d’un
dénommé «Burillon» laboureur fortuné résidant
à Quinquempoix, propriétaire de la parcelle qui
fut rachetée au Duc d’Aumale en 1841.
Mais ce n’est pas cela qui occupe mon esprit,
je pense à mes ancêtres couchés de l’autre côté
du mur, aux frondaisons les berçant de leurs
murmures.
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