J3e_899_FEV_2023_Bâtiment, objectif compétitivité
Dans cette édition, 3 dossiers : Smart Building & solutions digitales, Smart Room & expérience client et Industrie & IOT. + L'interview grand format du Président du SERCE
Dans cette édition, 3 dossiers :
Smart Building & solutions digitales, Smart Room & expérience client et Industrie & IOT.
+ L'interview grand format du Président du SERCE
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
INTERVIEW
Julien Hans
leur durée de vie. Aujourd’hui, les solutions réemployables
sont peu nombreuses, nous travaillons
essentiellement le recyclage et la recyclabilité. Il faut à
la fois utiliser moins de matières premières vierges et
plus de recyclage. De plus en plus de projets émergent,
notamment via des recycleries. Nous devons réduire
de 50 % les émissions en 2030, ce qui est possible, à
condition d’employer des solutions moins carbonées.
Il y a 20 ans, la consommation moyenne était
de presque 300 kWh/m². Aujourd’hui, nous savons
faire presque 10 fois moins. À partir de 2030, nous
ne parviendrons pas à réaliser les gains nécessaires de
performance « carbone » sans réapprendre dans notre
manière de réhabiliter et de construire. Il faudra également
adresser des sujets comme l’usage de l’eau ou
la biodiversité.
j3e - Selon vous, quel est le niveau d’avancement de
la France par rapport à ses voisins européens ?
J. H. – La réglementation environnementale pour
le neuf (RE2020) est clairement précurseur, car elle
intègre l’analyse de cycle de vie des bâtiments, et
donc le poids carbone des matériaux de construction,
ainsi que l’adaptation au changement climatique
avec un indicateur de confort d’été. Pour ce
qui est de la trajectoire de rénovation du parc existant,
nous ne faisons pas forcément mieux que nos
voisins. Nous constatons que la rénovation du parc
est poussive, avec des rénovations par geste, qui ont
moins d’efficacité sur la performance énergétique
et « carbone » des bâtiments que les rénovations
globales. Chaque année, moins de 100 000 logements
font l’objet d’une rénovation globale, ce qui
représente seulement 0,3 % du parc. Pour ce qui
est des consommations énergétiques, les progrès
ont été assez radicaux dans les bâtiments neufs, car
nous construisons aujourd’hui des bâtiments vraiment
économes. L’intégration d’énergies renouvelables
a bien sûr toute sa place. Mais attention, il
faut que les performances théoriques soient tenues
lors de la phase d’exploitation. Par exemple, le programme
Profeel, qui se base sur la méthode Sereine,
consiste à instrumenter les ouvrages, puis à suivre
leur réaction sur un cycle très court de chauffe
(24-48 h). Cela permet de vérifier la performance
intrinsèque à la réception. Cette méthode est
déployable opérationnellement sur des maisons
individuelles, et nous y travaillons pour les logements
collectifs, c’est l’objet du projet Sereine 2.
Soyons convaincus que si nous voulons financer la
rénovation du parc existant, nous devons nous assurer
que les résultats seront au rendez-vous. Pour donner
l’exemple de l’Allemagne, un très important effort
de financement pour la rénovation énergétique a été
déployé, mais les résultats ne sont pas à la hauteur des
attentes faute de vérification de la qualité des travaux.
j3e 899 / FÉVRIER 2023 - www.filiere-3e.fr 13