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Mon Entreprise 1/2023

Le magazine d’AXA vous donne, trois fois par an, des informations pertinentes liées à votre activité d’entrepreneur de PME.

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1 | <strong>2023</strong><br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

Le magazine d’AXA destiné aux PME<br />

Prix de l’énergie:<br />

comment réduire la note<br />

Page 8<br />

Métavers:<br />

effet de mode ou révolution?<br />

Page 22<br />

Chaque geste compte<br />

À la tête de la durabilité chez IKEA Suisse,<br />

Franziska Barmettler engage le géant de l’ameublement<br />

dans une gestion responsable des ressources.<br />

Elle explique son approche dans un entretien.<br />

Page 30


Ma fierté<br />

Fabian Gerber et Michèle Ségouin,<br />

Breiterbildung GmbH<br />

Le mot «formation» évoque le plus souvent une<br />

progression linéaire, dans une seule direction.<br />

Chez Breiterbildung GmbH, nous estimons que<br />

la formation continue consiste aussi à explorer<br />

d’autres dimensions. Il peut être utile de faire une<br />

pause et d’envisager les possibilités qui s’ouvrent à<br />

gauche et à droite. Notre entreprise soutient notre<br />

clientèle dans cet «itinéraire de formation transversal».<br />

Nous proposons des cours pratiques sur les<br />

thèmes les plus divers. Chez nous, il n’y a pas de<br />

cours type. Les sujets sont aussi variés que notre<br />

clientèle, et nos formats de cours sont animés et<br />

Repenser la formation<br />

volontiers un peu fous. Nous nous sommes rencontrés<br />

il y a quatre ans dans le cadre d’un projet commun<br />

et avons rapidement constaté que le courant<br />

passait. Nous partageons les mêmes approches et<br />

les mêmes attentes en matière de formation. Nous<br />

avons démarré notre activité en 2021 et l’année<br />

dernière a été fructueuse. La création d’une entreprise<br />

n’est bien sûr pas de tout repos. Mais nous<br />

avons toujours considéré les difficultés comme autant<br />

d’occasions d’apprendre. L’essentiel est de ne<br />

pas trop réfléchir: cela tue l’inventivité.<br />

breiterbildung.ch<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

2 01/<strong>2023</strong>


Ma fierté<br />

Roberto Bortoli,<br />

Bortoli AG<br />

Fondée il y a neuf ans sous forme d’entreprise unipersonnelle,<br />

Bortoli AG est aujourd’hui une société en<br />

pleine croissance. Active dans le secteur de la cybersécurité,<br />

son équipe compte huit expertes et experts en<br />

TIC. Nous nous sommes spécialisés dans la sécurité informatique<br />

pour les PME, car les grandes entreprises<br />

avaient déjà beaucoup investi dans la cybersécurité.<br />

Les hackers n’allaient donc pas tarder à s’attaquer aux<br />

sociétés plus petites et plus vulnérables. Notre objectif<br />

était le suivant: proposer aux entreprises plus modestes<br />

des solutions de cloud abordables élaborées à partir des<br />

produits de cybersécurité coûteux destinés aux grands<br />

Projets d’avenir ambitieux<br />

groupes. Ce qui est génial dans notre travail, c’est que<br />

la diversité de notre clientèle nous offre un aperçu des<br />

secteurs les plus variés. Le contact personnel avec la<br />

clientèle est un aspect crucial que nous souhaitons préserver<br />

au maximum en dépit de notre croissance. Chez<br />

nous, chaque client, chaque cliente a un conseiller dédié.<br />

C’est cette touche personnelle, ce contact humain<br />

qui me plaît le plus dans mon travail. Ce que je souhaite<br />

pour l’avenir? Que notre entreprise devienne leader du<br />

marché suisse dans le secteur de la cybersécurité pour<br />

les PME.<br />

bortoli.ch<br />

01/<strong>2023</strong> 3<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


L’énergie est limitée.<br />

Ne la gaspillons pas.<br />

5 recommandations pour<br />

économiser l’énergie au<br />

bureau<br />

Éteindre la machine<br />

à café:<br />

les appareils laissés en veille consomment<br />

beaucoup d’électricité. Éteignez-les après<br />

utilisation.<br />

Éteindre votre<br />

ordinateur:<br />

en fin de journée, éteignez votre ordinateur<br />

plutôt que de le mettre en veille.<br />

Réduire la luminosité<br />

de votre écran:<br />

en diminuant la luminosité de votre écran et<br />

de l’éclairage ambiant, vous économisez<br />

de l’énergie.<br />

Dégager les radiateurs:<br />

l’air chaud doit pouvoir circuler<br />

librement. Veillez à ne rien placer<br />

devant les radiateurs.<br />

Toujours éteindre les<br />

lumières:<br />

éteignez systématiquement les lumières<br />

dans les pièces inoccupées.<br />

Rendez-vous sur<br />

stop-gaspillage.ch pour<br />

découvrir d’autres conseils<br />

et tout savoir sur la situation<br />

énergétique en Suisse.


SOMMAIRE | ÉDITORIAL<br />

IMPRESSUM<br />

Éditeur:<br />

AXA, Newsroom<br />

Adresse de la rédaction:<br />

AXA «<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong>»<br />

Römerstrasse 17<br />

8400 Winterthur<br />

www.meine-firma.ch<br />

E-mail: meine.firma@axa.ch<br />

Rédaction:<br />

Melanie Ade<br />

(rédactrice en chef)<br />

Ont collaboré à ce numéro:<br />

Anna Ehrensperger,<br />

Joëlle Jeitler<br />

En ligne: Urs Wildi<br />

Traduction:<br />

Language Services, AXA<br />

Conception et production:<br />

Der Layouter,<br />

Marco Vara, AXA Newsroom<br />

Impression et expédition:<br />

Swissprinters AG<br />

Brühlstrasse 5<br />

CH-4800 Zofingen<br />

Parution:<br />

trois fois par an en français,<br />

en allemand et en italien<br />

Tirage:<br />

84 000<br />

Régie publicitaire:<br />

Galledia Fachmedien AG<br />

Burgauerstrasse 50<br />

9230 Flawil<br />

Tél. 058 344 97 69<br />

ornella.assalve@galledia.ch<br />

www.galledia.ch<br />

Changements d’adresse et<br />

désabonnements:<br />

merci d’adresser vos<br />

demandes à<br />

meine.firma@axa.ch<br />

8<br />

2<br />

3<br />

7<br />

8<br />

14<br />

16<br />

Ma fierté: Fabian Gerber et Michèle Ségouin,<br />

Breiterbildung GmbH<br />

Ma fierté: Roberto Bortoli, Bortoli AG<br />

Sécurité<br />

Efficacité énergétique: des mesures simples font baisser la<br />

note des PME.<br />

Durabilité: seule une PME sur huit connaît ses émissions<br />

de CO 2.<br />

Infographie: l’énergie<br />

Il reste du<br />

potentiel<br />

Flambée des prix de l’énergie, inflation,<br />

difficultés d’approvisionnement,<br />

pénurie de personnel qualifié: la<br />

conjoncture n’est pas des plus encourageantes<br />

pour les PME suisses. Et<br />

même si les coupures de courant tant<br />

redoutées n’ont pas eu lieu cet hiver,<br />

le coût des matières premières plombe<br />

les bilans. Il est donc crucial pour les<br />

entreprises de renforcer leur efficacité<br />

énergétique. Nous vous livrons<br />

des pistes pour réduire votre facture<br />

énergétique et préserver à la fois vos<br />

finances et l’environnement.<br />

Agir en faveur de la planète, c’est aussi<br />

une préoccupation majeure pour IKEA.<br />

Dans notre grand entretien, Franziska<br />

Barmettler, responsable de la durabilité<br />

chez le géant suédois du meuble,<br />

explique comment celui-ci entend<br />

rendre sa gamme durable sans augmenter<br />

les prix.<br />

Vous trouverez d’autres articles sur ce<br />

sujet et sur l’entrepreneuriat en général<br />

dans la présente édition de notre<br />

magazine.<br />

Bonne lecture!<br />

Stampato<br />

myclimate.org/01-23-363482<br />

17<br />

Succès<br />

18<br />

22<br />

Apprentissage: beaucoup de jeunes échouent aux examens<br />

– les pistes pour y remédier.<br />

Métavers: gadget ou révolution d’Internet?<br />

Melanie Ade<br />

Rédactrice en chef de «<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong>»<br />

25<br />

Responsabilité<br />

Photos: Dan Cermak; Keystone/Gaëtan Bally<br />

Nous sommes aussi<br />

présents sur LinkedIn.<br />

Venez consulter notre<br />

page:<br />

www.linkedin.com/<br />

company/meine-firma<br />

Des contenus passionnants,<br />

sur papier et en<br />

ligne.<br />

26<br />

30<br />

34<br />

35<br />

Modèles de travail flexibles: le télétravail et la semaine de<br />

quatre jours ne sont plus réservés aux employés de bureau.<br />

La preuve par l’exemple.<br />

Entretien avec Franziska Barmettler,<br />

responsable de la durabilité chez IKEA Suisse<br />

Ma fierté: Fabienne et Fabian Gschwend,<br />

Gschwend Kältech GmbH<br />

Ma fierté: Enrico Rüegg,<br />

Signaltec AG<br />

01/<strong>2023</strong> 5<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


Plus de benefits.<br />

Pour vous et vos collaborateurs.<br />

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Pour sociétés<br />

avec contrat<br />

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d'AXA.


Sécurité<br />

Questions des lecteurs<br />

Responsabilité en cas<br />

de glissement de neige<br />

Il y a quelques semaines, la neige accumulée<br />

sur le toit de mon commerce d’électronique<br />

a provoqué une petite avalanche de toit.<br />

Heureusement, personne n’a été blessé, mais<br />

je me demande maintenant qui répondrait<br />

d’un dommage causé à une personne ou à un<br />

véhicule parqué.<br />

K. M., Frauenfeld<br />

Le propriétaire du bâtiment est tenu de permettre<br />

un accès sans danger à son immeuble.<br />

Sa responsabilité est donc engagée en cas de<br />

dommage causé à un tiers par un défaut<br />

d’entretien. En vertu de la responsabilité du<br />

propriétaire d’ouvrage, le propriétaire répond<br />

également en cas de glissement de neige du toit<br />

de sa maison. L’existence d’un défaut de<br />

l’ouvrage s’apprécie sur la base de critères<br />

objectifs. Un éventuel motif d’excusabilité<br />

subjectif du propriétaire de l’ouvrage n’est pas<br />

déterminant. Le propriétaire peut donc être tenu<br />

pour responsable même s’il ignore tout du<br />

danger, p. ex. parce qu’il est en vacances.<br />

Toutefois, les devoirs de diligence du propriétaire<br />

d’ouvrage ne sont pas illimités. Les mesures<br />

requises doivent se situer dans un cadre<br />

raisonnable, c’est-à-dire que les dispositions<br />

visant à prévenir des dommages doivent être<br />

techniquement réalisables et rester financièrement<br />

dans un rapport coût-utilité adéquat. La<br />

proportionnalité s’évalue selon un critère<br />

subjectif qui, selon le Tribunal fédéral, dépend<br />

du risque susceptible de se réaliser sur le lieu en<br />

question. Dans le cas d’une maison située dans<br />

une rue très fréquentée, on pourra donc exiger<br />

des mesures plus poussées que dans le cas<br />

d’une ferme isolée.<br />

Seule une PME sur deux a<br />

défini des règles pour la<br />

création de mots de passe<br />

Une étude d’AXA montre que les PME suisses restent très peu sensibilisées<br />

aux risques en matière de cybercriminalité. Peu s’imaginent<br />

pouvoir être la cible de cybercriminels: 62% des PME sondées jugent<br />

faible le risque d’être victime d’une telle attaque. Elles ne sont que<br />

12% à qualifier le risque d’élevé. D’après les résultats de l’étude, 60%<br />

des PME jugent leurs données suffisamment protégées par des parefeux<br />

et des logiciels antivirus. Elles sont un peu plus des deux tiers à<br />

utiliser un antivirus, et 73% effectuent des sauvegardes régulières de<br />

leurs données. Un peu plus de la moitié (55%) ont installé un pare-feu<br />

pour protéger leur réseau d’entreprise, et 46% seulement ont défini<br />

des règles pour la création de mots de passe. Les PME ne sont pas<br />

non plus très au fait de la nouvelle loi sur la protection des données.<br />

Il ressort en effet de l’étude que plus d’une PME interrogée sur cinq<br />

ne se sent pas concernée par la révision totale. Et même parmi celles<br />

qui savent être soumises à la LPD, seule une sur deux a déjà pris des<br />

mesures. Elles sont à peine 16% à s’être informées, et seulement un<br />

dixième à avoir pris des mesures concrètes.<br />

Albert Studer<br />

lic. jur. avocat, Dommages<br />

matériels Responsabilité civile<br />

et construction<br />

Photos: màd; monsitj<br />

01/<strong>2023</strong><br />

7 <strong>Mon</strong> ENTREPRISE


GESTION DE L’ÉNERGIE<br />

Les économies<br />

d’énergie protègent<br />

le climat et le budget<br />

La hausse des coûts de l’énergie oblige aussi les PME à se pencher sur la question de l’efficacité<br />

énergétique. Trois entreprises ont trouvé le moyen de faire des économies d’énergie tout en<br />

contribuant positivement à l’environnement à l’aide de quelques mesures rentables à court terme.<br />

Texte Melanie Ade Photos Dan Cermak<br />

Même si la pénurie d’électricité<br />

était sur toutes les lèvres en<br />

2022, le scénario catastrophe<br />

ne s’est fort heureusement toujours<br />

pas produit cet hiver. Il<br />

n’empêche que la hausse des prix de l’énergie<br />

et des matières premières pèse lourdement sur<br />

le bilan de maintes PME. «En Suisse, quelque<br />

80 000 PME ont une facture énergétique annuelle<br />

comprise entre 20 000 et 300 000 francs.<br />

La plupart n’ont pas conclu de convention d’objectifs<br />

avec le canton ou la Confédération, ne<br />

sont pas exemptées de la taxe sur le CO 2 ni<br />

ne peuvent demander un remboursement du<br />

supplément réseau», explique Raffael Schiess,<br />

responsable Efficacité énergétique et système<br />

des bâtiments chez energiebüro ag. De nombreuses<br />

PME ont négligé ce sujet ces dernières<br />

années, parce que les prix de l’énergie étaient<br />

bas, mais aussi par manque de ressources ou<br />

de savoir-faire. Mais les choses évoluent depuis<br />

quelques mois en raison de la situation géopolitique<br />

et économique actuelle. «Le thème de<br />

l’efficacité énergétique est devenu pertinent<br />

pour les PME, surtout depuis la guerre et ses<br />

répercussions», estime R. Schiess.<br />

Bâtiment ancien, coûts d’exploitation élevés<br />

Diminuer sa facture énergétique est même devenu<br />

une question de survie pour Marianne<br />

Brechbühl-Bär, 48 ans. Depuis 2016, elle gère<br />

avec son époux Andreas le café Plaza à Cham,<br />

dont elle loue les murs. Ses parents exploitaient<br />

déjà une boulangerie avec coin café dans ce bâtiment<br />

construit en 1903, et elle avait à cœur de<br />

poursuivre cette activité. Mais le bâtiment prenant<br />

de l’âge, les installations étaient devenues<br />

obsolètes et les coûts d’exploitation, élevés. De<br />

plus, le café subissait les conséquences des fermetures<br />

dues à la pandémie de Covid et n’était<br />

plus rentable. Pour garantir la survie de leur<br />

commerce, les époux Brechbühl devaient impérativement<br />

baisser leurs frais d’entretien. «Dans<br />

la restauration, les marges sont plutôt faibles,<br />

et une baisse des coûts d’exploitation a un effet<br />

direct sur le bilan», affirme M. Brechbühl. Le<br />

couple a frappé à la porte de PEIK, un prestataire<br />

d’audit énergétique. «Notre objectif était de réduire<br />

nos coûts astronomiques d’électricité et<br />

de gaz naturel à l’aide d’investissements minimaux<br />

et d’assurer ainsi la survie du café.»<br />

R. Schiess, de la société energiebüro ag (agence<br />

officielle de PEIK en Suisse alémanique jusqu’à<br />

fin 2022), explique le déroulement d’un tel audit:<br />

«Les conseillères et conseillers en énergie<br />

de PEIK analysent sur place la consommation<br />

des PME et proposent des mesures concrètes<br />

en indiquant les coûts et la durée du retour sur<br />

investissement. Les PME reçoivent un rapport<br />

complet présentant les résultats et les mesures,<br />

ainsi qu’un plan de mise en œuvre avec des informations<br />

sur les subventions. Sur la base de<br />

ces données, elles peuvent définir leur calendrier<br />

de mesures. SuisseEnergie assume 50%<br />

des coûts de l’audit énergétique, au maximum<br />

2500 francs.»<br />

Économies d’énergie, même dans l’ancien<br />

Les époux Brechbühl avaient déjà pris des<br />

mesures avant l’audit. Ainsi, ils avaient remplacé<br />

les ampoules par des LED et étaignaient<br />

les appareils non utilisés au lieu de les mettre<br />

en mode veille. La conseillère PEIK a toutefois<br />

identifié un potentiel d’économies supplémentaire:<br />

les conduites et les radiateurs encore<br />

raccordés alors qu’ils n’avaient plus d’utilité<br />

ont été mis hors service, et la courbe de<br />

chauffe du bâtiment a été optimisée. La mesure<br />

la plus radicale a été le remplacement de<br />

la chambre froide datant des années 1980 par<br />

de petits congélateurs à utilisation modulable.<br />

«La chambre froide nous coûtait 700 francs par<br />

Au «Plaza», seuls des produits<br />

frais régionaux ont leur place.<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Marianne et Andreas Brechbühl<br />

gèrent le café Plaza<br />

à Cham depuis 2016. Ils<br />

emploient entre quatre et six<br />

collaborateurs et collaboratrices.<br />

Les parents de la<br />

gérante tenaient déjà une<br />

boulangerie avec coin café<br />

dans le bâtiment construit<br />

en 1903. L’endroit est connu<br />

pour servir le meilleur café<br />

de la ville, des gâteaux et des<br />

quiches maison, mais aussi<br />

pour l’accueil chaleureux de<br />

la patronne.<br />

plazacham.ch<br />

▶<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

8 01/<strong>2023</strong>


GESTION DE L’ÉNERGIE<br />

Le café Plaza est connu<br />

pour ses gâteaux maison<br />

et pour l’accueil chaleureux<br />

de Marianne Brechbühl.<br />

01/<strong>2023</strong><br />

9<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


GESTION DE L’ÉNERGIE<br />

L’audit énergétique a<br />

permis à Christian Maier de<br />

réaliser des économies<br />

d’énergie et d’agir pour le<br />

climat.<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

10<br />

01/<strong>2023</strong>


GESTION DE L’ÉNERGIE<br />

«Les économies d’énergie sont possibles partout, dans un<br />

immeuble vétuste ou dans un bâtiment neuf.»<br />

Raffael Schiess, conseiller en énergie<br />

Grâce à une pompe à chaleur,<br />

le garage Schloss chauffe<br />

désormais ses locaux dans le<br />

respect du climat.<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Le garage Schloss est le<br />

plus grand concessionnaire<br />

Alfa Romeo et Abarth de<br />

Suisse ainsi que le spécialiste<br />

Fiat pour le district de<br />

Winterthur et le canton de<br />

Thurgovie. Christian Maier<br />

gère l’entreprise familiale<br />

en quatrième génération et<br />

emploie 33 personnes sur<br />

deux sites.<br />

schloss-garage.com<br />

mois, contre 300 francs par an pour les petits<br />

congélateurs. Rien que ce changement a fait<br />

une énorme différence», affirme M. Brechbühl.<br />

Ces mesures immédiates et rentables à court<br />

terme ont permis au couple de maintenir son<br />

café à flot durant la pandémie. Aujourd’hui,<br />

les affaires ont repris. Les époux Brechbühl<br />

ne veulent pas pour autant en rester là et prévoient<br />

d’isoler les conduites restantes afin de<br />

réaliser des économies supplémentaires. «Pour<br />

nous, l’investissement dans l’audit énergétique<br />

a été très utile», souligne M. Brechbühl.<br />

Et R. Schiess d’ajouter: «Les économies d’énergie<br />

sont possibles partout, que ce soit dans un<br />

immeuble vétuste ou dans un bâtiment neuf.<br />

Dans la plupart des cas, des mesures immédiates<br />

simples peuvent réduire les coûts énergétiques<br />

de 10% à 15%.» Les personnes encore<br />

incertaines quant à l’utilité d’un audit énergétique<br />

PEIK pour leur PME peuvent calculer leur<br />

potentiel d’économies en ligne sur www.peik.<br />

ch/fr/calculateur-deconomies: il suffit de saisir<br />

les données clés de l’entreprise pour obtenir en<br />

quelques clics une estimation personnelle.<br />

Une production de chaleur très énergivore<br />

Avant, l’efficacité énergétique n’était pas une<br />

priorité pour Christian Maier, 42 ans, directeur<br />

du garage Schloss à Winterthur. Même si son<br />

garage est l’un des grands consommateurs<br />

d’électricité de la ville, le patron ne s’était<br />

jusqu’ici pas préoccupé de cette question. La<br />

durabilité et la hausse des prix de l’énergie ne<br />

le laissent pas de marbre, loin de là. Mais son<br />

quotidien professionnel très chargé ne lui en<br />

avait pas laissé le temps, précise le garagiste.<br />

«On s’occupe toujours en premier lieu des<br />

affaires urgentes, pas des questions importantes.»<br />

Ch. Maier a d’autant plus apprécié<br />

qu’un conseiller PEIK de la ville de Winterthur<br />

lui présente cette offre en 2019. «Le fait de pouvoir<br />

externaliser toutes ces activités et de me<br />

concentrer sur les affaires courantes a représenté<br />

un avantage décisif.<br />

Le rapport a mis en évidence une série de mesures<br />

de diverse envergure. Tout d’abord, la<br />

grande porte d’accès à l’atelier a été automatisée.<br />

D’une part, le personnel a tiré profit de<br />

cette solution confortable (il n’était plus nécessaire<br />

d’ouvrir et de fermer le portail manuellement),<br />

d’autre part, l’automatisation réduit<br />

les pertes de chaleur et accroît les économies<br />

d’énergie. De plus, le garage Schloss est passé<br />

progressivement à un éclairage LED. «La production<br />

de chaleur était toutefois notre prin-<br />

cipal gouffre à énergie», explique Ch. Maier. Le<br />

garage Schloss, qui chauffait ses locaux ainsi<br />

que la trattoria adjacente et 14 appartements à<br />

l’aide de deux chaudières au mazout, consommait<br />

30 000 litres de mazout par an. «Étant<br />

donné que les installations étaient intactes<br />

et auraient encore pu fonctionner pendant<br />

20 ans, nous avons bien réfléchi au moment<br />

idéal pour investir dans une nouvelle installation<br />

de chauffage – éliminer un système qui<br />

fonctionnait encore aurait été une aberration<br />

tant économique qu’écologique», estime le garagiste.<br />

Un investissement qui finit toujours par<br />

payer<br />

Le garage Schloss a changé son système de<br />

chauffage deux ans plus tard, profitant de<br />

grands travaux de transformation. «Les engins<br />

de construction étaient déjà sur place, le<br />

moment était donc idéal pour installer le nouveau<br />

système», déclare Ch. Maier. Le passage<br />

à une pompe à chaleur ne sera probablement<br />

pas rentable avant 20 ans. Le patron est néanmoins<br />

convaincu du bien-fondé de son investissement.<br />

«À côté des mesures simples et rapides,<br />

l’audit énergétique aide aussi à planifier des<br />

investissements plus importants et à évaluer le<br />

retour sur investissement, en calculant précisément<br />

la durée de rentabilisation.» De plus,<br />

en utilisant les ressources avec parcimonie, il<br />

se sent plus serein. Pour le garage Schloss, la<br />

prochaine étape sera une installation photovoltaïque<br />

dès que l’autorisation aura été délivrée.<br />

«De par leur infrastructure, environ 80% des<br />

PME ont le potentiel de produire leur propre<br />

L’expert<br />

Raffael Schiess dirige la division Efficacité énergétique<br />

et système des bâtiments de la société<br />

energiebüro ag à Zurich. L’entreprise indépendante<br />

est spécialisée dans les centrales photovoltaïques,<br />

l’hydraulique et l’efficacité énergétique.<br />

Une vingtaine d’expertes et experts offrent des<br />

prestations complètes, des audits aux contrôles<br />

qualité, en passant par la réalisation.<br />

energieburo.ch<br />

▶<br />

01/<strong>2023</strong> 11<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


GESTION DE L’ÉNERGIE<br />

«Puisque nous produisons désormais notre électricité<br />

nous-mêmes, nous avons pu limiter nos hausses de prix.»<br />

Roman Geu, directeur de Egli Federnfabrik AG<br />

électricité à l’aide d’une installation photovoltaïque.<br />

C’est non seulement durable et écologique,<br />

mais aussi très rapidement rentable»,<br />

explique R. Schiess.<br />

Évaluation professionnelle externe<br />

La société Egli Federnfabrik AG accorde également<br />

une place de choix à la durabilité. Économe<br />

en ressources et attentive au respect de<br />

l’environnement, l’entreprise s’est fait certifier<br />

ISO 14001 dès 2013. Lors de son déménagement<br />

de Dübendorf vers la nouvelle unité de production<br />

à Volketswil en 2017, ce fabricant de ressorts<br />

techniques à fil et à bande métallique en<br />

a profité pour réaliser diverses mesures d’économie<br />

d’énergie. Il a notamment remplacé<br />

les anciennes ampoules FL par de nouvelles<br />

lampes LED et mis en place une installation<br />

permettant de récupérer la chaleur des fours et<br />

d’autres systèmes thermiques, ce qui réduit les<br />

frais de chauffage en hiver. Egli Federnfabrik<br />

AG a néanmoins réalisé un audit énergétique<br />

en 2019. «Je voulais obtenir une expertise professionnelle,<br />

savoir où nous nous situions en<br />

termes d’efficacité énergétique et connaître les<br />

autres possibilités d’optimisation», explique le<br />

directeur Roman Geu. Après tout, une entreprise<br />

certifiée ISO doit viser une amélioration<br />

permanente de sa gestion environnementale et<br />

atteindre chaque année de nouveaux objectifs<br />

environnementaux.<br />

Récupérer la chaleur, renoncer à la climatisation<br />

De fait, la fabrique de ressorts présentait encore<br />

du potentiel: pour permettre le va-et-vient des<br />

camions, un grand portail restait ouvert dans<br />

l’atelier de production durant les opérations de<br />

chargement et de déchargement. L’air ambiant<br />

était donc particulièrement froid en hiver pour<br />

le personnel, avec des pertes de chaleur importantes<br />

et des frais de chauffage inutiles. Le<br />

conseiller énergétique de PEIK a recommandé<br />

à R. Geu d’ériger une cloison pour créer une<br />

zone de déchargement et une zone de travail.<br />

Il a aussi identifié un potentiel d’optimisation<br />

au niveau de l’installation de récupération de<br />

la chaleur, en particulier pour les journées<br />

chaudes: en faisant tourner le système durant<br />

la nuit, la fabrique peut utiliser l’air frais pour<br />

abaisser la température de quelques degrés<br />

dans l’atelier – plus besoin d’installer de climatisation!<br />

«Nous n’avions pas pensé que nous<br />

pouvions utiliser l’installation pour rafraîchir<br />

l’air en été», affirme R. Geu. «Les optimisations<br />

proposées par un expert externe et le concept<br />

global détaillé qu’il élabore grâce à ses connaissances<br />

des nouvelles technologies et installations<br />

sont d’une très grande utilité.»<br />

L’atout concurrentiel du photovoltaïque<br />

Autre mesure d’optimisation: en été 2022, la<br />

société Egli Federnfabrik a mis en place une<br />

installation photovoltaïque. «Avec une surface<br />

de toit de 3200 m 2 , nous pouvons produire<br />

nous-mêmes la quantité d’électricité dont nous<br />

avons besoin pour toute une année», affirme<br />

R. Geu. Un investissement coûteux, mais rentable.<br />

«Si les prix de l’énergie restent au niveau<br />

actuel, l’installation sera amortie dans huit à<br />

neuf ans», explique R. Geu. Mais ce n’est pas<br />

la seule raison: «La durabilité est un thème auquel<br />

la clientèle accorde toujours plus d’importance.<br />

Et puisque nous produisons désormais<br />

notre électricité nous-mêmes, nous avons pu<br />

limiter nos hausses de prix, ce qui nous confère<br />

un avantage concurrentiel.» Aussi les prochaines<br />

mesures sont-elles déjà prévues: R. Geu<br />

prévoit d’acquérir une flotte électrique pour<br />

pouvoir utiliser le courant excédentaire de son<br />

installation. Et une chose lui tient particulièrement<br />

à cœur: «Nous traînons encore un boulet:<br />

un chauffage au gaz que nous entendons aussi<br />

remplacer au plus vite. Et contribuer ainsi à la<br />

transition énergétique.» <br />

●<br />

Chez Egli Federnfabrik AG, une<br />

installation de récupération<br />

de chaleur assure des températures<br />

agréables, été comme<br />

hiver.<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Egli Federnfabrik AG fabrique<br />

des ressorts techniques à<br />

fil et à bande métallique<br />

de grande qualité et usinés<br />

avec précision à l’aide de la<br />

technologie laser. Fondée en<br />

1961, l’entreprise produit des<br />

séries pour tous les domaines<br />

industriels et artisanaux, essentiellement<br />

pour le marché<br />

suisse. Elle emploie 33 collaborateurs<br />

et collaboratrices<br />

sur son site de Volketswil.<br />

eglifedern.ch<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

12 01/<strong>2023</strong>


GESTION DE L’ÉNERGIE<br />

Le directeur Roman Geu n’a pas<br />

seulement immortalisé la<br />

nature sur les murs, mais aussi<br />

dans la stratégie d’entreprise.<br />

01/<strong>2023</strong> 13<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


ENQUÊTE<br />

Photo: iStock<br />

Seule une PME sur huit<br />

connaît ses émissions de CO 2<br />

La situation actuelle<br />

sur les marchés du<br />

gaz et de l’électricité<br />

met à rude épreuve<br />

de nombreuses PME<br />

en Suisse. Une enquête<br />

d’AXA montre<br />

que près de la moitié<br />

d’entre elles se sont<br />

dotées d’une stratégie<br />

de durabilité,<br />

mais que la mise en<br />

œuvre laisse encore<br />

à désirer.<br />

Texte Melanie Ade<br />

Inflation, difficultés d’approvisionnement<br />

et de production: les PME suisses<br />

font actuellement face à des défis de<br />

taille. D’après un sondage mené par la<br />

société de conseil EY fin 2022, près de<br />

90% des entreprises interrogées s’attendent à<br />

une nette augmentation des prix de l’énergie<br />

en <strong>2023</strong>. Elles sont dès lors de plus en plus nombreuses<br />

à engager des mesures pour réduire<br />

leurs coûts dans ce domaine. Un constat qui<br />

est d’ailleurs confirmé par une enquête d’AXA<br />

Suisse: la moitié des entreprises interrogées<br />

ont indiqué s’être d’ores et déjà dotées d’une<br />

stratégie en matière de durabilité, et cette proportion<br />

atteint 84% dans les PME comptant<br />

50 salariés ou plus.<br />

Gestion économe des ressources<br />

Dans le cadre de cette enquête d’AXA menée auprès<br />

des PME en partenariat avec Sotomo, seules<br />

28% des entreprises interrogées ont déclaré<br />

mettre en place des critères de durabilité afin<br />

de faire baisser leurs coûts. Pour 54% d’entre<br />

elles, il s’agit avant tout d’économiser les ressources.<br />

Elles sont par ailleurs 43% à considérer<br />

que l’adoption d’une stratégie de durabilité va<br />

dans le sens de leurs valeurs cardinales. En revanche,<br />

elles ne sont que 15% à déclarer qu’elles<br />

prennent de telles mesures afin de soigner leur<br />

réputation. À noter que 15% des entreprises<br />

sondées ne voient toujours aucune raison de<br />

mettre en place des critères de durabilité (voir<br />

graphique 1).<br />

Charge administrative, manque de moyens<br />

Même si, d’après l’enquête, une entreprise sur<br />

deux poursuit une stratégie de durabilité, il<br />

existe aussi des facteurs dissuasifs: une PME<br />

sur cinq invoque les obstacles bureaucratiques,<br />

et elles sont même 30% à être de cet avis si l’on<br />

ne considère que celles qui emploient dix personnes<br />

ou plus. Parmi les autres freins figure<br />

le manque de personnel ou de ressources financières,<br />

cité par une PME sur six. Enfin, 15%<br />

des entreprises interrogées estiment que le jeu<br />

n’en vaut pas la chandelle du point de vue économique,<br />

et un pourcentage équivalent balaie<br />

ces mesures en considérant qu’elles tiennent<br />

plus du «greenwashing» que de l’action réelle.<br />

Seule une PME sur huit connaît son bilan<br />

carbone<br />

La neutralité carbone n’est un objectif déclaré<br />

que pour une entreprise sur cinq et n’est pas<br />

d’actualité pour 60% des entreprises sondées.<br />

Elles sont aussi rares à connaître leurs émissions<br />

<strong>Mon</strong><br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

ENTREPRISE<br />

14 01/<strong>2023</strong>


ENQUÊTE<br />

Seule une entreprise interrogée sur dix applique des incitations<br />

à utiliser les transports publics<br />

de CO 2: seule une PME sur huit est au courant<br />

de son volume d’émissions. Même parmi celles<br />

qui visent la neutralité carbone, elles sont moins<br />

d’un tiers (32%) à connaître leurs émissions de<br />

CO 2 (voir graphique 2).<br />

Des mesures concrètes pour le tri des<br />

déchets et le matériel de bureau<br />

On constate aussi des différences quant aux mesures<br />

concrètes: 67% des PME interrogées ont<br />

indiqué trier leurs déchets et réduire les emballages.<br />

Dans les domaines de l’énergie et de la mobilité,<br />

ce sont avant tout les PME de grande taille<br />

qui se sont déjà engagées: la moitié environ des<br />

PME employant entre 50 et 250 personnes ont<br />

répondu utiliser des appareils à basse consommation<br />

ou de l’électricité verte, et le constat est<br />

similaire quand il s’agit de réduire les voyages<br />

d’affaires ou d’encourager le télétravail et les<br />

déplacements en transports publics.<br />

Du côté des achats, la prise en compte des émissions<br />

de CO 2 n’est pas encore entrée dans les<br />

mœurs: 7% seulement des petites PME et 10%<br />

des moyennes agissent ou forment leur personnel<br />

en ce sens, et même parmi les grandes PME<br />

(jusqu’à 250 salariés), à peine 15% prennent ce<br />

critère en considération.<br />

Le bilan relatif au parc automobile n’est pas<br />

plus flatteur: les entreprises ne sont que 10%<br />

à appliquer des incitations à utiliser les transports<br />

publics ou à avoir plafonné les émissions<br />

de gaz à effet de serre de leurs véhicules utilitaires.<br />

Néanmoins, environ 25% des PME disent<br />

attacher de l’importance aux circuits courts<br />

ou au choix de fournisseurs climatiquement<br />

neutres, alors que les entreprises plus petites<br />

misent davantage sur une utilisation économe<br />

en ressources de leur système informatique<br />

(voir graphique 3).<br />

Graphique 1: Pourquoi une stratégie de durabilité?<br />

• Total • Petites PME (1–9) • PME moyennes (10–49) • Grandes PME (50–250)<br />

54% 55<br />

49<br />

41<br />

Gestion<br />

économe<br />

des<br />

ressources<br />

Graphique 2: Connaissance des émissions en CO 2<br />

Total<br />

PME de 1 à 9 coll.<br />

PME de 10 à 49 coll.<br />

PME de 50 à 250 coll.<br />

43% 45<br />

42<br />

25<br />

Valeurs<br />

cardinales de<br />

l’entreprise<br />

28% 28<br />

27 24<br />

24%<br />

22 22%<br />

19<br />

20<br />

Réduction<br />

des coûts et<br />

de la<br />

consommation<br />

Argument de<br />

vente,<br />

critère<br />

d’attribution<br />

de marchés<br />

• Oui • Non • Ne sait pas<br />

Selon la taille de l’entreprise<br />

Graphique 3: Mesures prises<br />

48<br />

39<br />

38<br />

Motivation<br />

du<br />

personnel,<br />

bien-être<br />

30<br />

25<br />

21<br />

15%<br />

14 15% 14<br />

Réputation<br />

de l’entreprise<br />

• Total • Petites PME (1–9) • PME moyennes (10–49) • Grandes PME (50–250)<br />

1<br />

Aucune<br />

raison<br />

12% 80%<br />

8%<br />

11% 82%<br />

7%<br />

26% 59%<br />

15%<br />

26% 52%<br />

22%<br />

Une sensation de désavantage<br />

Il ressort également de l’enquête qu’un quart<br />

des PME interrogées se sentent désavantagées<br />

par rapport aux grandes entreprises dans un<br />

contexte où les critères de durabilité écologique<br />

prennent une importance croissante,<br />

cette part étant même de 44% chez les entreprises<br />

de taille moyenne (de 10 à 49 salariés).<br />

Pour l’heure, la pression extérieure qui s’exerce<br />

sur les entreprises pour les inciter à prendre<br />

des mesures durables ne semble pas très forte:<br />

près de la moitié (45%) des PME interrogées ont<br />

indiqué ne pas percevoir d’exigences en ce sens<br />

de la part de l’opinion publique, des médias, de<br />

leur personnel ou de leur clientèle. ●<br />

67% 69<br />

62<br />

44<br />

Déchets<br />

25% 26<br />

19<br />

13<br />

Informatique<br />

66<br />

63%<br />

58<br />

40<br />

Matériel de<br />

bureau<br />

26<br />

24<br />

19% 18<br />

Logistique<br />

52<br />

37% 37<br />

31<br />

Énergie<br />

17<br />

12% 15<br />

12<br />

Frigorigènes<br />

34% 35 26<br />

24<br />

Chauffage<br />

11% 11 9<br />

20<br />

Parc de<br />

véhicules<br />

50<br />

29% 2928<br />

Mobilité<br />

15<br />

10<br />

7% 7<br />

Achats<br />

7% 6<br />

16<br />

0<br />

Aucun<br />

domaine<br />

01/<strong>2023</strong> 15<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


INFOGRAPHIE<br />

MARKETING<br />

Une denrée rare<br />

Longtemps disponible en abondance, l’énergie<br />

est soudain devenue une denrée rare.<br />

Cet hiver, nous nous en sommes assez bien<br />

sortis. Mais pour l’avenir, les spécialistes sont<br />

pessimistes: dans toute l’Europe, la construction<br />

de centrales d’énergies alternatives<br />

avance bien trop lentement.<br />

2,0%<br />

Climatisation<br />

Ventilation<br />

Installations<br />

techniques<br />

4,1%<br />

Autres<br />

appareils<br />

électriques<br />

2,3%<br />

Lavage et<br />

séchage<br />

Degrés-jours de chauffage<br />

Consommation finale d’énergie<br />

Population résidante<br />

PIB réel (aux prix de 2020)<br />

1,9%<br />

Éclairage<br />

65,4%<br />

Chauffage<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

Indexé, 2020 = 100<br />

1970 1980 1990 2000 2010 2020<br />

Parts de consommation d’énergie<br />

dans les ménages privés<br />

Tendance positive,<br />

sombres perspectives<br />

Malgré une forte hausse de la<br />

population et de la performance<br />

économique au cours<br />

des dernières décennies, la<br />

consommation énergétique<br />

totale de la Suisse est en<br />

baisse. Outre les mesures<br />

d’efficacité comme l’isolation<br />

des bâtiments, le changement<br />

climatique y est pour<br />

beaucoup, puisque le nombre<br />

de jours pendant lesquels il<br />

faut chauffer en hiver a<br />

nettement diminué. Mais en<br />

raison du tournant énergétique<br />

et de la guerre en<br />

Ukraine, le risque de pénurie<br />

d’énergie demeure.<br />

Source: OFEN<br />

4,4%<br />

Cuisine et<br />

vaisselle<br />

14,4%<br />

Eau chaude<br />

2,6%<br />

Divertissement,<br />

information et<br />

communication<br />

2,7%<br />

Congélation et<br />

réfrigération<br />

Centrale éolienne<br />

de Haldenstein<br />

(GR) 176 m<br />

Tour Roche 2, Bâle<br />

205 m<br />

S’habiller chaudement<br />

Éteindre la lumière derrière soi, c’est bien. Mais ce n’est qu’une<br />

goutte d’eau dans l’océan.<br />

Car dans les ménages privés, le chauffage est de très loin le<br />

poste énergétique le plus important. Conclusion: pour aider à<br />

lutter contre le risque de pénurie d’énergie, mettez une petite<br />

laine et baissez le chauffage.<br />

Source: OFEN<br />

Mauvaise élève<br />

En matière de construction de<br />

centrales photovoltaïques et<br />

éoliennes, la Suisse accuse un<br />

important retard par rapport à<br />

d’autres pays. Ainsi, avec une<br />

production de 372 kWh par<br />

personne et par an, elle n’est<br />

que 23 e du classement<br />

européen.<br />

Source: Energiestiftung.ch<br />

4. Irlande<br />

1961<br />

15. France<br />

767<br />

2. Suède<br />

1. Danemark<br />

2980 kWh<br />

1970<br />

2782<br />

3. Allemagne<br />

23. Suisse<br />

372<br />

1403<br />

11. Autriche<br />

Reine des vents<br />

La plus grande éolienne de Suisse (176 mètres de haut) se trouve à<br />

Haldenstein, dans les Grisons. En comparaison internationale, elle est<br />

toutefois plutôt petite. Actuellement, le record mondial de 247 mètres<br />

est détenu par une éolienne située à Gaildorf, dans le land allemand du<br />

Bade-Wurtemberg. Et une installation atteignant même 300 mètres doit<br />

être mise en service l’année prochaine dans le Brandebourg.<br />

5. Espagne<br />

1764<br />

781<br />

14. Italie<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

16 01/<strong>2023</strong>


Succès<br />

Questions des lecteurs<br />

Créances non réglées<br />

Je suis propriétaire d’un garage. L’un de<br />

mes clients n’a pas réglé ses factures de<br />

réparation. J’aimerais donc retenir les<br />

pneus d’été qu’il a stockés chez moi. En<br />

ai-je le droit?<br />

W. K., Altstetten<br />

Oui, vous en avez le droit. Vous pouvez retenir<br />

les pneus d’été tant que votre client n’a pas<br />

réglé ses factures. C’est ce que l’on appelle le<br />

droit de rétention. Les bases légales figurent<br />

dans le Code civil suisse (art. 895 ss CC).<br />

Lorsqu’un créancier se trouve en possession<br />

de choses mobilières appartenant au débiteur,<br />

il a le droit de les retenir jusqu’à ce que<br />

ce dernier ait réglé sa créance. Il faut toutefois<br />

que la créance soit exigible et qu’il y ait un<br />

certain rapport entre elle et l’objet retenu. En<br />

termes juridiques, la réparation du véhicule<br />

de votre client constitue un contrat d’entreprise.<br />

Pour la conservation des pneus d’été,<br />

un contrat de dépôt a été conclu. Malgré ces<br />

deux motifs juridiques différents, vous pouvez<br />

faire usage du droit de rétention, car il existe<br />

un rapport entre votre créance et les pneus<br />

d’été.<br />

Carole Kaufmann Ryan<br />

Avocate chez AXA-ARAG<br />

Photos: Nattawan ǰayawan/EyeEm; màd<br />

Prévoyance vieillesse:<br />

un critère important dès<br />

la recherche d’emploi<br />

Il ressort d’une enquête représentative menée par AXA Investment Managers<br />

que le critère n° 1 lors du choix d’un employeur est le degré<br />

d’intérêt du poste, suivi des collègues et du salaire. La culture d’entreprise,<br />

l’image de l’employeur et le trajet domicile-travail figurent aussi<br />

dans le haut de la liste. Sur les douze critères lors de la recherche d’un<br />

emploi, les prestations de la caisse de pension se classent au 7 e rang.<br />

Pour les jeunes adultes surtout, la caisse de pension ne joue manifestement<br />

qu’un rôle secondaire dans la recherche d’emploi, alors qu’il<br />

serait justement judicieux de s’en préoccuper très tôt. Selon la caisse<br />

de pension, l’avoir qu’une personne peut accumuler au cours de sa vie<br />

professionnelle varie fortement.<br />

Néanmoins, environ 40% des personnes sondées ont déclaré se renseigner<br />

formellement sur les prestations de la caisse de pension lors de<br />

l'entretien d’embauche, dont une majorité d’hommes, de personnes<br />

d’âge mûr ou à haut pouvoir d’achat et une minorité de femmes, de<br />

jeunes et de personnes à bas pouvoir d’achat.<br />

«En proposant des solutions de caisse de pension de qualité, les entreprises<br />

peuvent se positionner comme des employeurs attrayants<br />

sur le marché du travail afin d’attirer du personnel qualifié. En effet,<br />

les cotisations et les prestations de prévoyance professionnelle<br />

font partie de la rémunération financière totale et ont une influence<br />

considérable sur le montant de la future rente de vieillesse», souligne<br />

Daniela Bräm, experte en caisse de pension auprès d’AXA Suisse.<br />

01/<strong>2023</strong> 17<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


TALENT MANAGEMENT<br />

La relève, notre<br />

meilleur atout<br />

Tout ce qui les intéresse, ce sont les jeux en ligne et les sorties. Inutile<br />

de leur parler de réveil aux aurores ou de dur labeur. La jeune génération<br />

est pourrie gâtée et totalement autocentrée. Voilà pour les a priori.<br />

Mais qu’en est-il vraiment? Nous avons posé la question.<br />

Texte Melanie Ade Photos Marco Vara<br />

Pénurie de main-d’œuvre plus criante que jamais,<br />

taux de chômage au plus bas depuis vingt<br />

ans: de nombreuses branches ne parviennent<br />

plus à recruter et sont dans l’impasse. Il est d’autant<br />

plus important de promouvoir la relève<br />

dans ses propres rangs et de former les forces<br />

vives de demain. Pourtant, selon les chiffres<br />

récents de l’Office fédéral de la statistique, les<br />

apprenties et les apprentis sont loin de tous<br />

achever leur formation. En 2021, 5889 jeunes<br />

ont ainsi échoué à leur examen final, soit 8,2%.<br />

Ce taux flirte avec les 20% ou plus dans divers<br />

métiers artisanaux, le record étant détenu par<br />

la construction d’installations de ventilation,<br />

avec 42% d’échec. Mais pourquoi?<br />

La génération Z – fainéante et démotivée?<br />

Pour les associations professionnelles et les<br />

médias, apprenties et apprentis ne peuvent<br />

s’en prendre qu’à eux-mêmes, tant ils sont<br />

peu motivés, fainéants et dénués de tout sens<br />

du devoir ou de la discipline. Balivernes! s’insurge<br />

Patrizia Hasler. La rectrice de l’école professionnelle<br />

technique de Zurich a mené une<br />

étude nationale sur les résiliations de contrats<br />

d’apprentissage dans le secteur principal de la<br />

construction et, dans ce contexte, examiné de<br />

près les conditions nécessaires pour qu’apprenties<br />

et apprentis puissent valoriser leur potentiel.<br />

«Si les jeunes étaient dûment encouragés,<br />

la plupart achèveraient leur apprentissage<br />

avec succès», souligne-t-elle. Dans la réalité,<br />

les recrues en formation sont souvent utilisées<br />

«On voit vite<br />

qui a la passion<br />

du métier.»<br />

Simon Hugi, Kuster Gärten<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Depuis 1911, Kuster Gärten,<br />

à Mühleberg, propose des<br />

services spécialisés dans<br />

l’horticulture, l’aménagement<br />

des jardins dans la<br />

région de Berne. La société,<br />

qui a été reprise en 2010<br />

par Simon et Martina Hugi,<br />

emploie 42 personnes, dont<br />

8 apprenties et apprentis.<br />

kuster-gaerten.ch<br />

comme main-d’œuvre bon marché plutôt que<br />

d’être préparées avec sérieux à leurs examens,<br />

en particulier dans l’industrie et l’artisanat.<br />

Or la promotion de la relève est cruciale, précisément<br />

dans ces secteurs. «En réponse à la<br />

pénurie de personnel et à l’académisation<br />

croissante, nous devons absolument former<br />

des spécialistes solides dans les métiers de l’artisanat,<br />

à même d’exécuter les travaux selon<br />

les hauts standards de qualité suisses», insiste<br />

l’experte. Elle conseille à chaque entreprise<br />

de bien s’assurer en amont qu’elle dispose des<br />

ressources et des compétences requises pour<br />

être une entreprise formatrice. «Il faut être<br />

conscient que l’accompagnement des jeunes en<br />

apprentissage est une activité très exigeante et<br />

chronophage, surtout au début.»<br />

Petites victoires et grande motivation<br />

Simon Hugi, gérant et responsable de la formation<br />

professionnelle chez Kuster Gärten à<br />

Mühleberg, le sait bien, puisque son entreprise<br />

de jardinage accompagne chaque année – et<br />

avec succès – de six à huit jeunes en apprentissage.<br />

Depuis mars 2021, Kuster Gärten est<br />

d’ailleurs l’une des dix sociétés de Suisse distinguées<br />

comme «TOP <strong>Entreprise</strong> formatrice<br />

de niveau 3», un certificat décerné aux entreprises<br />

qui s’engagent intensivement en faveur<br />

de la formation des jeunes. Quel est le secret<br />

de Kuster Gärten? «Nous intégrons nos apprenties<br />

et apprentis dans les tâches quotidiennes<br />

et, surtout, nous les plaçons au centre de nos<br />

▶<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

18 01/<strong>2023</strong>


1 – Simon Hugi, directeur de<br />

Kuster Gärten, s’investit<br />

à fond dans la formation de<br />

ses apprentis.<br />

TALENT MANAGEMENT<br />

2 – La société a été certifiée<br />

«TOP <strong>Entreprise</strong> formatrice<br />

de niveau 3» en 2021.<br />

3 – Chez Kuster Gärten, les<br />

apprentis travaillent à<br />

l’entretien des jardins, mais<br />

s’investissent aussi dans<br />

des projets plus ambitieux.<br />

4 – L’apprentissage en commun<br />

et axé sur la pratique fait<br />

partie intégrante de la<br />

formation.<br />

1<br />

3<br />

2<br />

01/<strong>2023</strong> 19<br />

4<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Flüma Klima AG dessine,<br />

installe et entretient des<br />

solutions de ventilation et de<br />

climatisation innovantes et<br />

sur mesure. Fondée en 1982,<br />

cette société sise à Ebikon<br />

emploie 45 personnes, dont<br />

3 apprentis.<br />

fluema.ch<br />

1<br />

1 – Bei der Flüma Klima kommt<br />

auch der Spass nicht zu kurz.<br />

2 – Die Ausbildung junger Anlagebauer<br />

ist auch eine Investition<br />

in die Zukunft.<br />

3 – Ausbildner Emanuele De Caro<br />

legt Wert auf eine empathische,<br />

konstruktive und transparente<br />

Kommunikation.<br />

3<br />

1 – Chez Flüma Klima, travail rime<br />

souvent avec plaisir.<br />

2 – La formation de jeunes<br />

constructeurs d’installations est<br />

aussi un investissement dans<br />

l’avenir.<br />

3 – Le formateur Emanuele De Caro<br />

privilégie une communication<br />

empathique, constructive et<br />

transparente.<br />

2<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

20 01/<strong>2023</strong>


TALENT MANAGEMENT<br />

activités, au sein de l’équipe et pas seulement<br />

sur le papier.» Ainsi, l’entreprise ne se contente<br />

pas de les employer à l'entretien des jardins,<br />

elle leur permet aussi de participer à des projets<br />

d’envergure afin d’élargir leurs horizons.<br />

Les incitations sont également de mise: «Nous<br />

les laissons rapidement conduire certaines machines.<br />

Pour nous, ce n’est pas spécialement<br />

efficient au début, mais pour eux, c’est une petite<br />

victoire», s’amuse le technicien paysagiste<br />

diplômé.<br />

En outre, l’équipe s’efforce de créer un environnement<br />

chaleureux dans lequel tout le monde<br />

se sente à l’aise, à l’exemple du tutoiement<br />

généralisé et des repas de midi pris en commun.<br />

«Les jeunes sont surpris au début, mais<br />

ils s’y font vite», observe Simon Hugi. Patrizia<br />

Hasler confirme l’importance de cet état d’esprit:<br />

«L’instauration active d’une relation de<br />

confiance dès le début de l’apprentissage est<br />

essentielle pour que les apprenties et les apprentis<br />

osent s’adresser à leurs personnes de<br />

référence en cas questions ou de problèmes.»<br />

Pour Simon Hugi, les jeunes doivent avoir du<br />

plaisir à travailler. Mais le plus important, c’est<br />

de choisir le métier qui leur plaira vraiment. «Les<br />

jeunes doivent se décider pour un métier à un<br />

moment complexe de leur vie, c’est un réel défi»,<br />

souligne l’entrepreneur. Patrizia Hasler abonde:<br />

«Les jeunes subissent une pression pour trouver<br />

rapidement une place de formation. Ils sont<br />

nombreux à penser qu’en Suisse, la formation<br />

professionnelle est la voie royale pour assurer<br />

financièrement leur avenir. Ils cherchent donc<br />

désespérément un apprentissage sans s’être<br />

réellement renseignés sur la profession ni avoir<br />

une idée de ce qui les attend.» Simon Hugi en a<br />

aussi fait l’expérience. C’est pourquoi il propose<br />

toujours quelques jours de stage aux candidates<br />

et candidats; les plus intéressés peuvent ensuite<br />

enchaîner avec une semaine complète à titre<br />

d’essai. «On voit vite qui a la passion du métier.»<br />

Aux indécis, Simon Hugi conseille d’explorer<br />

d’autres possibilités avant de faire un choix. S’ils<br />

reviennent, c’est qu’ils veulent vraiment être là<br />

et qu’ils sont plus motivés que jamais.<br />

Un investissement dans l’avenir<br />

Des jeunes motivés, on connaît cela aussi chez<br />

Flüma Klima AG, à Ebikon. Cette entreprise<br />

accueille actuellement trois apprentis, dont<br />

deux en construction d’installations de ventilation,<br />

précisément la filière qui recense le plus<br />

haut taux d’échec. La relève est donc d’autant<br />

plus importante pour la société. «La pénurie<br />

de main-d’œuvre est un grand problème dans<br />

notre branche, nous peinons à recruter. En<br />

«Chaque jeune<br />

est une personnalité<br />

avec une<br />

famille, une<br />

histoire, des<br />

problèmes et<br />

des soucis.»<br />

Emanuele De Caro, Flüma Klima AG<br />

L’experte<br />

Patrizia Hasler est la rectrice<br />

de l’école professionnelle<br />

technique de Zurich (TBZ).<br />

Elle a fait ses études à l’université<br />

de Berne et a obtenu<br />

en 1989 le brevet d’enseignement<br />

pour le secondaire. En<br />

2011, elle a décroché un Master<br />

of Science en formation<br />

professionnelle auprès de<br />

l’Institut fédéral des hautes<br />

études en formation professionnelle<br />

(IFFP), à Zollikofen.<br />

Soutenu à l’université de<br />

Stuttgart, son travail de master<br />

porte sur les résiliations<br />

de contrats d’apprentissage<br />

et sur le potentiel inutilisé<br />

des apprenties et des apprentis<br />

dans le secteur principal<br />

de la construction.<br />

formant des jeunes constructeurs, nous investissons<br />

dans l’avenir», explique Emanuele De<br />

Caro, formateur responsable.<br />

Il confirme la responsabilité que représente la<br />

formation d’apprenties et d’apprentis: «Pour les<br />

jeunes, la période 14-18 ans est très exigeante.<br />

Ils passent sans transition des bancs de l’école<br />

au monde du travail, où ils doivent tout apprendre.<br />

Ce n’est pas facile.» Il ne suffit donc pas<br />

de vérifier leur ponctualité. «Nombre d’entre<br />

eux ont des problèmes familiaux ou personnels<br />

qu’il faut traiter avec autant d’attention que les<br />

questions d’ordre professionnel.»<br />

Et Patrizia Hasler de mettre en garde: «N’oublions<br />

pas que les jeunes ne sont pas matures.<br />

Ils sont encore en plein passage entre enfance<br />

et âge adulte et ne connaissent pas les règles<br />

et les usages du monde du travail. Ils n’ont<br />

pas l’habitude de se lever tôt, de travailler<br />

physiquement ou d’exécuter des tâches de manière<br />

autonome. C’est pourquoi ils ont besoin<br />

d’une bonne dose de soutien, d’empathie et de<br />

temps, surtout au début. Aucun d’entre eux<br />

n’a la science infuse.» Pour Emanuele De Caro,<br />

il importe de parler ouvertement des attentes<br />

des uns et des autres et des règles de comportement<br />

en vigueur dans l’entreprise. Cela signifie<br />

parfois sortir du rôle du «gentil chef» qui<br />

passe tout aux jeunes pour leur faciliter la vie.<br />

Si on veut qu’ils apprennent quelque chose, il<br />

faut les amener de manière constructive plutôt<br />

qu’autoritaire à comprendre le sens de l’effort.<br />

Un soutien à tous les niveaux<br />

Chez Flüma Klima AG, on s’attache à combiner<br />

les aspects techniques, théoriques et sociaux.<br />

«Si nous remarquons qu’il y a des problèmes<br />

aux cours, nous mettons en place un cercle<br />

d’apprentissage à titre de soutien. Sur les chantiers,<br />

nous veillons à ce que les jeunes ne soient<br />

pas traités comme de la main d’œuvre corvéable,<br />

mais qu’ils puissent mettre en pratique<br />

ce qu’ils apprennent en classe.» Cependant,<br />

souligne Emanuele De Caro, le plus important,<br />

c’est la dimension sociale: «Chaque jeune est<br />

une personnalité avec une famille, une histoire,<br />

des problèmes et des soucis. En tant que<br />

formateurs, nous devons accompagner les apprenties<br />

et les apprentis dans leur évolution et<br />

leur apporter le soutien nécessaire. Ensemble,<br />

on trouve toujours une solution.»<br />

●<br />

01/<strong>2023</strong> 21<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


MÉTAVERS<br />

Internet de demain<br />

ou effet de mode?<br />

Se glisser dans la peau d’un<br />

avatar pour rencontrer des<br />

gens, travailler et voyager dans<br />

un environnement virtuel et<br />

interactif: ce concept encore<br />

abstrait pourrait bientôt<br />

devenir réalité.<br />

Mais qu’est-ce que le<br />

métavers, et quelles<br />

possibilités offre-t-il?<br />

Un expert nous répond.<br />

Texte Melanie Ade<br />

Illustration: iStockphoto/TarikVision<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

22 01/<strong>2023</strong>


La vision<br />

Le métavers se veut plus immersif,<br />

plus interactif et plus tangible que<br />

l’Internet actuel. Les expériences<br />

virtuelles doivent donner l’impression<br />

d’être réelles. C’est pourquoi la<br />

réalité virtuelle (RV) et la réalité<br />

augmentée joueront un rôle<br />

important. Munis d’un casque de RV,<br />

nous pourrions rencontrer des amis,<br />

participer à des réunions, jouer ou<br />

faire du shopping dans le métavers.<br />

MÉTAVERS<br />

Les avatars<br />

Pour pouvoir évoluer dans un monde<br />

virtuel, nous avons besoin d’un alter ego<br />

numérique, appelé avatar, que nous<br />

concevons et développons nous-mêmes.<br />

Celui-ci a aussi des besoins, comme<br />

l’interaction, la consommation, la<br />

reconnaissance et le divertissement. Le<br />

secteur de la mode, en particulier,<br />

entrevoit là un immense potentiel de<br />

marché. Des marques comme Nike, Adidas<br />

ou Prada se bousculent déjà pour<br />

l’exploiter.<br />

La décentralisation<br />

Tandis que l’Internet 1.0 se caractérisait par des sites Web statiques sur lesquels nous<br />

puisions de l’information, le Web 2.0 privilégie l’interaction sur des plates-formes mises<br />

à disposition par des géants comme Microsoft, Google ou Facebook. La vision du Web 3<br />

est de revenir à un Internet décentralisé: le contrôle central serait retiré des mains des<br />

grandes plates-formes et rendu aux utilisatrices et aux utilisateurs, qui pourraient ainsi<br />

préserver leur anonymat tout en gardant la maîtrise de leurs données.<br />

Les faits<br />

Aujourd’hui, nous passons déjà près de la moitié de<br />

notre temps dans des espaces numériques. Que ce soit<br />

pendant notre temps libre (jeux vidéo, shopping en<br />

ligne, réseaux sociaux) ou dans le cadre du travail<br />

(équipes MS Teams, conférences Zoom ou Google<br />

Docs). Pour l’instant, nous alternons encore beaucoup<br />

entre les mondes numérique et réel, même si la<br />

pandémie a accéléré la digitalisation des activités<br />

01/<strong>2023</strong> 23<br />

professionnelles et sociales.<br />

Les NFT<br />

Les NFT («non fungible<br />

tokens» ou jetons non<br />

fongibles) sont des objets<br />

numériques à caractère<br />

unique. Basés sur la<br />

blockchain, ils peuvent être<br />

achetés et revendus. Les<br />

domaines d’application sont<br />

nombreux: musique,<br />

peinture, vidéo, certificats,<br />

vêtements ou bijoux. Le<br />

thème gagne en importance<br />

et offre aux entreprises des<br />

opportunités intéressantes.<br />

Par exemple, elles peuvent<br />

organiser des campagnes de<br />

fidélisation dans lesquelles le<br />

nombre de jetons possédés<br />

procure des avantages<br />

exclusifs, ou des campagnes<br />

d’activation où le NFT sert de<br />

symbole de statut visant à<br />

accroître l’attractivité d’une<br />

marque.<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


MÉTAVERS<br />

Les réunions du futur<br />

Dans l’application Horizon Workrooms développée par Meta (anciennement<br />

Facebook), les personnes participant à une réunion se retrouvent dans une salle<br />

virtuelle sans être physiquement présentes. L’utilisation d’avatars et de son<br />

spatialisé améliore la sensation de présence par rapport aux solutions de<br />

vidéoconférence classiques, le but étant d’accroître la productivité. Horizon<br />

Workrooms est conçu pour la réalité virtuelle, mais on peut aussi y participer à<br />

travers des appels vidéo.<br />

Le conseil<br />

Actuellement, le métavers<br />

en est à ses balbutiements et<br />

relève encore beaucoup du<br />

gadget. Pourtant, il est plus<br />

qu’une mode et ne doit pas<br />

être sous-estimé. Les technologies<br />

et environnements<br />

virtuels modifieront en profondeur<br />

de nombreux pans<br />

de l’économie et de la société,<br />

comme l’ont fait les médias<br />

sociaux ces dernières années.<br />

Par conséquent, penchez-vous<br />

sans tarder sur le sujet, réfléchissez<br />

à des applications<br />

concrètes pour votre entreprise<br />

et surtout: testez les nouvelles<br />

technologies comme la<br />

réalité virtuelle; vous saurez<br />

ainsi de quoi il en retourne.<br />

Les mondes virtuels<br />

Les mondes virtuels comme<br />

Decentraland ou Sandbox sont des<br />

plates-formes 3D décentralisées<br />

dans lesquelles les utilisatrices et<br />

utilisateurs se déplacent au moyen<br />

d’avatars, achètent et vendent des<br />

biens virtuels, interagissent et<br />

créent des expériences virtuelles.<br />

Les possibilités sont illimitées: on<br />

peut organiser des fêtes, discuter,<br />

assister à des concerts ou faire des<br />

achats en ligne. Les actifs numériques,<br />

appelés NFT, sont payés en<br />

cryptomonnaies propriétaires. Il en<br />

résulte d’immenses d’opportunités<br />

pour les entreprises dans le<br />

domaine de l’e-commerce. Celles-ci<br />

peuvent investir de nouveaux<br />

secteurs d’activité en achetant ou<br />

en louant un espace commercial<br />

dans le monde virtuel afin d’y<br />

proposer leurs produits ou<br />

services.<br />

Le nom<br />

Le terme «métavers» est tiré du<br />

roman de science-fiction «Le<br />

Samouraï virtuel» («Snow Crash»<br />

en anglais) paru en 1992. Son<br />

auteur, Neal Stephenson, y décrit<br />

un monde parallèle virtuel où les<br />

gens évoluent sous forme<br />

d’avatars.<br />

Les opportunités pour les PME<br />

L’espace virtuel offre beaucoup de potentiel pour les<br />

PME. La technologie nécessaire est déjà disponible et<br />

utilisée par de nombreuses entreprises renommées. Les<br />

possibilités d’application sont variées, notamment dans<br />

l’industrie, la technique médicale ou la gestion de la<br />

production: en réalité virtuelle ou augmentée, on peut<br />

par exemple effectuer la maintenance de machines,<br />

analyser des erreurs dans le processus de production ou<br />

créer des notices d’entretien. Mais les opportunités sont<br />

tout aussi nombreuses dans les secteurs de la mode, de<br />

l’immobilier ou de la vente de détail.<br />

L’expert<br />

Yann Wanner est Head of<br />

Business Development au<br />

sein de l’agence numérique<br />

DEPT. Active à l’international,<br />

cette société spécialisée dans<br />

les services technologiques<br />

et de marketing soutient les<br />

entreprises dans leur développement<br />

numérique et crée<br />

des expériences numériques<br />

intégrées de bout en bout.<br />

Fondée en 1996, DEPT emploie<br />

aujourd’hui 3500 personnes sur<br />

37 sites répartis dans le monde,<br />

notamment à Zurich et à Berne.<br />

deptagency.com<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

24 01/<strong>2023</strong>


Responsabilité<br />

Questions des lecteurs<br />

Une protection<br />

juridique contre le<br />

cyberharcèlement<br />

Je possède un restaurant. Une de mes<br />

collaboratrices a été personnellement<br />

attaquée et insultée sur une plate-forme<br />

d’évaluation en raison d’un service prétendument<br />

insatisfaisant. Quelle suite juridique<br />

y donner et comment protéger ma<br />

salariée?<br />

G. L., Ascona<br />

Il est recommandé de faire immédiatement<br />

une capture d’écran de la publication à des fins<br />

de preuve. Vous pourrez ensuite demander la<br />

suppression de la publication incriminée auprès<br />

de la partie adverse, lorsque cette dernière est<br />

connue. Dans tous les cas, il faut signaler cette<br />

infraction à la plate-forme, afin qu’elle puisse<br />

supprimer le commentaire et bloquer son<br />

auteur. Souvent, c’est la seule solution lorsque<br />

l’auteur de l’insulte est introuvable.<br />

De plus, vous avez la possibilité de porter<br />

plainte. Selon la législation suisse, les cyberharceleurs<br />

peuvent être poursuivis en justice pour<br />

injure, diffamation et calomnie notamment.<br />

Kevin Zowa<br />

Juriste chez AXA-ARAG<br />

Photos: màd<br />

Changement climatique:<br />

la plus grande menace<br />

mondiale<br />

AXA a publié la 9 e édition de son Future Risk Report annuel. Plus de<br />

23 000 personnes dans le monde, mêlant des spécialistes de la gestion<br />

des risques et le grand public, ont été interrogées sur leur perception<br />

des risques futurs. Pour la première fois depuis le lancement de cette<br />

enquête, les expertes et experts de toutes les régions considèrent le<br />

changement climatique comme le risque numéro un. Lors de la dernière<br />

édition (en 2021), la tête du classement était occupée par les cyberrisques<br />

aux États-Unis et par les pandémies et les maladies infectieuses<br />

en Asie. Cette année, alors que les risques sanitaires figurent toujours<br />

parmi les principales menaces en Asie et en Afrique, les risques économiques<br />

et géopolitiques devancent la pandémie en Europe et en Amérique.<br />

En Suisse, 76% des expertes et experts sont préoccupés par les<br />

risques et les répercussions du changement climatique (11% de plus<br />

qu’en 2021). Comme en 2021, ils considèrent toujours ce dernier comme<br />

la plus grande menace. Pour la première fois depuis le lancement de<br />

cette enquête, les spécialistes de toutes les régions partagent cet avis; en<br />

2021, en comparaison régionale, le changement climatique n’occupait<br />

la première place qu’en Europe. Il est à noter que, désormais, le grand<br />

public aux États-Unis le place également en tête des préoccupations. La<br />

confiance dans les institutions publiques en matière de lutte contre le<br />

changement climatique a diminué par rapport à 2021: seuls 14% des<br />

expertes et experts mondiaux et 27% du grand public estiment que les<br />

autorités sont prêtes à faire face aux risques futurs.<br />

01/<strong>2023</strong><br />

25<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


NOUVEAUX MODÈLES DE TRAVAIL<br />

Le travail flexible, un<br />

avantage compétitif<br />

Dans les secteurs soumis à une forte pénurie de main-d’œuvre qualifiée,<br />

les entreprises misent sur des modèles de travail flexibles pour recruter.<br />

Désormais, télétravail et semaine de quatre jours ne sont plus réservés aux<br />

employés de bureau. La preuve par l’exemple.<br />

Texte Melanie Ade Photos Marco Vara<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

26 01/<strong>2023</strong>


NOUVEAUX MODÈLES DE TRAVAIL<br />

Voilà quinze ans déjà que l’idée de<br />

la semaine de quatre jours trottait<br />

dans la tête de Philipp Albrecht.<br />

À l’époque de sa formation à<br />

l’école hôtelière, il avait été séduit<br />

par ce concept novateur. Devenu directeur du<br />

Park Hotel à Winterthur, il a vu cette solution<br />

s’imposer d’elle-même à l’été 2021. «Après<br />

le deuxième hiver de pandémie, nous avons<br />

commencé trop tard à recruter du personnel,<br />

et faute de main-d’œuvre qualifiée dans la restauration,<br />

nous avons fait chou blanc.» Avec<br />

le retour en masse de la clientèle, l’équipe en<br />

cuisine a vite été débordée. Surmenée, elle n’a<br />

pas tardé à manifester son mécontentement,<br />

en pointant tout particulièrement les quatre<br />

heures de pause obligatoire de l’après-midi.<br />

«Dans les hôtels de montagne, le personnel profite<br />

de cette plage horaire pour faire du ski ou<br />

se reposer dans les locaux mis à sa disposition à<br />

proximité. Rien de tel dans les hôtels situés en<br />

ville, où cette interruption est un temps mort<br />

que le personnel, pénalisé par de longs temps<br />

de trajet, peut difficilement mettre à profit. Résultat,<br />

en période de forte affluence, la pause<br />

est tout bonnement supprimée et les heures<br />

supplémentaires s’accumulent.» C’est dire s’il<br />

était urgent de changer les choses.<br />

Rationaliser les procédures<br />

Aidé de son chef cuisinier et du responsable<br />

RH, Ph. Albrecht a élaboré un modèle visant<br />

en premier lieu à mieux répartir les ressources<br />

de la brigade et à gagner ainsi en efficacité.<br />

L’idée a donc germé de passer à la semaine<br />

de quatre jours, en supprimant la pause de<br />

l’après-midi pour pouvoir travailler chaque<br />

jour deux heures de plus. Le temps de travail<br />

ainsi récupéré est mis à profit pour préparer les<br />

services du soir et du lendemain. Pour Johann<br />

Weichbrodt, spécialiste en psychologie organisationnelle<br />

à la Haute école spécialisée de la<br />

Suisse du Nord-Ouest, il existe deux conditions<br />

sine qua non pour réussir la transition vers<br />

de nouveaux modèles de travail: adopter une<br />

approche globale et communiquer en toute<br />

transparence. «Tout l’art consiste à concilier<br />

les impératifs de gestion de l’entreprise et les<br />

besoins de son personnel. Il faut mesurer l’efficacité<br />

de chaque processus pour recenser ceux<br />

qui doivent être améliorés ou supprimés. Pour<br />

ce faire, instaurez un dialogue étroit avec vos<br />

équipes lors de la phase de planification, expérimentez<br />

votre modèle pendant quelques mois<br />

puis évaluez-le ensemble.»<br />

C’est précisément ce qu’a fait l’équipe du Park<br />

Hotel: deux mois d’essai pour tester la faisabi-<br />

15 étapes pour<br />

réussir son<br />

passage au<br />

travail 4.0<br />

Initialisation<br />

1 Coup d’envoi avec la<br />

direction<br />

2 Définition des objectifs/ de<br />

l’étendue du projet<br />

Évaluation des besoins et<br />

du potentiel<br />

3 État des lieux de<br />

l’entreprise<br />

4 Ateliers en équipe<br />

Développement stratégique<br />

et feuille de route<br />

5 Analyse et actualisation<br />

des objectifs<br />

6 Présentation des résultats<br />

et de la stratégie<br />

7 Planification<br />

Mise en œuvre<br />

8 Coup d’envoi avec l’équipe<br />

9 Mise en œuvre et suivi<br />

10 Contrôle des résultats et<br />

rapport<br />

11 Gestion de la qualité et<br />

sécurité<br />

12 Lancement<br />

Achèvement du projet/<br />

poursuite<br />

13 Documentation<br />

14 Contrôle et pérennisation<br />

des résultats<br />

15 Projets de suivi dans un<br />

environnement numérique<br />

dynamique<br />

Source: Marc K. Peter (FHNW)<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Le Park Hotel Winterthur<br />

a ouvert ses portes en<br />

1957. Autrefois dédié à<br />

une clientèle d’hommes<br />

d’affaires, l’hôtel 4 étoiles<br />

de 73 chambres propose<br />

aujourd’hui de nombreux<br />

événements culinaires et<br />

culturels et accueille un public<br />

varié pour des séjours en<br />

famille, des mariages ou des<br />

escapades d’un week-end.<br />

Dirigé par Philipp Albrecht<br />

depuis 2017, il emploie une<br />

cinquantaine de personnes.<br />

phwin.ch<br />

«La refonte de notre modèle<br />

de travail est une vraie réussite:<br />

nos collaboratrices et<br />

collaborateurs sont plus satisfaits,<br />

nos processus plus<br />

efficaces, et nous avons gagné<br />

en attrait en tant qu’employeur.»<br />

Philipp Albrecht, directeur du Park Hotel<br />

lité de la semaine de quatre jours, avant d’ultimes<br />

réglages. «Nous avons vite remarqué que<br />

le modèle ne fonctionnait pas pour tout, notamment<br />

pour la plonge», précise Ph. Albrecht.<br />

En la matière, l’établissement a donc renoué<br />

avec ses anciennes pratiques. Et J. Weichbrodt<br />

d’insister sur ce point: «Lorsqu’au sein de votre<br />

entreprise, les tâches diffèrent fortement d’un<br />

service à l’autre, prenez soin d’articuler le nouveau<br />

modèle avec les besoins spécifiques de<br />

chaque équipe.»<br />

Quoi qu’il en soit, la semaine de quatre jours<br />

est devenue la norme au sein de la brigade du<br />

Park Hotel, et les retours sont des plus positifs.<br />

De quoi envisager d’appliquer le concept<br />

à d’autres domaines. Bref, c’est un directeur<br />

d’hôtel heureux qui l’affirme aujourd’hui: «La<br />

refonte de notre modèle de travail est une vraie<br />

réussite: nos collaboratrices et collaborateurs<br />

sont plus satisfaits, nos processus plus efficaces,<br />

et nous avons gagné en attrait en tant<br />

qu’employeur.»<br />

La technologie au service de la flexibilité<br />

Avec des ateliers à Kirchberg et à Bâle et des<br />

horaires d’ouverture fixes, un prestataire de<br />

maintenance tel que Küffer Elektro-Technik<br />

AG (KETAG) ne peut pas assouplir ses modèles<br />

de travail tous azimuts. Mais le cadre bucolique<br />

dans lequel est implanté son siège social, dans<br />

l’Emmental, est passablement trompeur: cette<br />

entreprise fédérée autour de son dirigeant, Michael<br />

Kummer, est à l’avant-garde, y compris<br />

▶<br />

01/<strong>2023</strong> 27<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


NOUVEAUX MODÈLES DE TRAVAIL<br />

«Nous tentons de rester à<br />

l’écoute de nos équipes<br />

et de leur offrir un cadre<br />

de travail aussi agréable<br />

que possible.»<br />

Michael Kummer, directeur de Küffer Elektro-Technik AG<br />

Chez KETAG, Michael Kummer favorise depuis des années déjà le travail flexible et les<br />

nouvelles technologies.<br />

en matière de travail 4.0. Ainsi les collaborateurs<br />

du marketing, de l’administration et des<br />

ressources humaines sont-ils libres de travailler<br />

quand et où ils le souhaitent. Les réunions<br />

avec l’ensemble du personnel se tiennent en<br />

mode hybride et tout est fait, depuis des années,<br />

pour soutenir le temps partiel et les<br />

femmes souhaitant reprendre une activité<br />

après une pause familiale. «Avant même la pandémie,<br />

nous avions opté pour des modèles de<br />

travail flexibles chaque fois que l’occasion se<br />

présentait. La COVID a cependant hâté le mouvement<br />

et favorisé la mise en place d’outils et<br />

de logiciels performants comme Teams, pour<br />

simplifier encore le travail en équipe», précise<br />

Michael Kummer. Au point que ce dernier ne<br />

rencontre plus ses fournisseurs allemands physiquement<br />

qu’une fois par an et virtuellement<br />

le reste du temps. Et pour expliquer une offre<br />

à un client de Saint-Gall, plus besoin de se déplacer,<br />

un simple appel vidéo suffit. «Le temps<br />

ainsi dégagé est consacré à d’autres tâches».<br />

<strong>Mon</strong> <strong>Entreprise</strong><br />

Küffer Elektro-Technik AG est<br />

spécialisée dans la maintenance<br />

des systèmes d’entraînement<br />

et de commande.<br />

Fondée par deux amis au<br />

fond d’un garage en 1949,<br />

elle emploie aujourd’hui<br />

35 personnes sur deux sites.<br />

À Kirchberg et à Bâle, les<br />

ateliers révisent et réparent<br />

de A à Z des systèmes de<br />

transmission. Les techniciens<br />

assurent l’entretien<br />

et la modernisation d’équipements<br />

partout en Suisse<br />

et dans presque tous les<br />

secteurs de l’industrie et de<br />

l’artisanat.<br />

ketag.ch<br />

Le travail 4.0: une opportunité à saisir<br />

«La digitalisation et la COVID-19 ont révolutionné<br />

nos modes de travail. La question<br />

n’est plus de savoir si l’on accepte ce changement,<br />

mais bien comment l’accompagner au<br />

mieux», décrypte Marc K. Peter, directeur du<br />

centre de compétence pour la transformation<br />

numérique à la Haute École spécialisée de la<br />

Suisse du Nord-Ouest. Le monde du travail 4.0<br />

offre des possibilités insoupçonnées aux PME<br />

et pas seulement dans les bureaux, comme<br />

le souligne cet expert, par ailleurs co-auteur<br />

d’un livre sur le sujet (cf. encadré en page 29):<br />

«Grâce aux nouvelles technologies, conjuguer<br />

travail mobile et travail sur place n’a plus rien<br />

d’impossible, même pour les entreprises artisanales.»<br />

Un modèle de travail que KETAG se fait fort<br />

d’appliquer, puisqu’à Kirchberg, ses équipes<br />

jouissent d’une certaine souplesse, dans les<br />

ateliers comme sur les chantiers. «Si nous<br />

ouvrons le matin à sept heures, il est inutile<br />

que tout le personnel soit présent; lorsqu’un<br />

des membres de l’équipe prend son poste plus<br />

tard, ses collègues se chargent de réceptionner<br />

les commandes de travaux.» De même, sur les<br />

chantiers, les monteurs disposent des technologies<br />

nécessaires pour créer leurs rapports ou<br />

pointer électroniquement, ce qui leur épargne<br />

un détour par l’entreprise de bon matin et en<br />

fin de journée. «L’essentiel est que nos clients<br />

bénéficient de la même qualité de prestations<br />

qu’auparavant. Si, en prime, nous améliorons<br />

l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle<br />

de notre personnel, c’est encore mieux!»<br />

Des avantages gages d’attractivité<br />

Chez KETAG aussi, cette transition a été largement<br />

motivée par la pénurie de main-d’œuvre<br />

qualifiée. «Contrairement aux grandes entreprises,<br />

les PME ne peuvent pas offrir d’avantages<br />

supplémentaires aux membres de leur<br />

personnel. D’où la nécessité, pour les attirer,<br />

d’actionner d’autres leviers incitatifs.» M. Kummer<br />

sonde donc régulièrement l’humeur de ses<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

28 01/<strong>2023</strong>


NOUVEAUX MODÈLES DE TRAVAIL<br />

Les experts<br />

troupes et tente de répondre à leurs attentes.<br />

Ainsi, c’est à la demande du personnel que la<br />

pause déjeuner a été ramenée d’une heure et<br />

demie à une heure. «Avant, chacun rentrait<br />

manger à la maison, quelle que soit la durée<br />

du trajet. Désormais, c’est un traiteur local qui<br />

nous livre les repas sur place.» Une économie<br />

de temps appréciable, qui permet de rentrer<br />

plus tôt chez soi le soir. Difficile pour autant<br />

de satisfaire 35 personnes en même temps,<br />

d’où la nécessité de développer une culture du<br />

compromis. «Défendue par seulement deux<br />

employés, l’idée d’une cantine a fait long feu»,<br />

concède M. Kummer. Et Marc K. Peter de renchérir:<br />

«Le travail 4.0 exige d’opérer en permanence<br />

des arbitrages entre la stratégie de l’entreprise<br />

et les besoins du personnel. Mais plus<br />

on implique ce dernier, plus il soutient les décisions.»<br />

Chaque PME doit aussi garder à l’esprit<br />

qu’elle ne pourra pas se soustraire au travail<br />

hybride: «Voyez dans ces nouveaux modes de<br />

travail l’occasion d’aborder avec vos collaboratrices<br />

et collaborateurs un sujet incontournable<br />

et de poser ensemble les jalons du succès<br />

pour la décennie à venir.»<br />

●<br />

Marc K. Peter dirige le centre<br />

de compétence pour la transformation<br />

numérique au sein<br />

du département d’économie<br />

de la Haute École spécialisée<br />

de la Suisse du Nord-Ouest<br />

(FHNW), à Olten. En marge<br />

de ses activités de chargé<br />

de cours et de directeur<br />

d’études, il a lancé et encadré<br />

le projet baptisé «Transformation<br />

numérique des PME»<br />

et aide les entreprises à développer<br />

et à mettre en œuvre<br />

des stratégies de croissance<br />

numérique. Il a coécrit un<br />

livre intitulé «Arbeitswelt 4.0:<br />

Als KMU die Arbeitswelt der<br />

Zukunft erfolgreich gestalten»<br />

(Travail 4.0: créer avec<br />

succès le monde du travail de<br />

demain en tant que PME).<br />

Johann Weichbrodt est<br />

spécialiste en psychologie<br />

organisationnelle et<br />

enseignant-chercheur au<br />

département de psychologie<br />

appliquée de la FHNW. Il enseigne<br />

et mène des travaux de<br />

recherche sur les modèles de<br />

travail flexible et les processus<br />

de changement à l’œuvre<br />

dans le monde du travail.<br />

Ses principaux domaines de<br />

compétences: l’analyse et la<br />

conception d’un monde du<br />

travail flexi-mobile, les modes<br />

de gestion et d’organisation<br />

dans des contextes de flexibilité<br />

et d’agilité.<br />

Moins d’accidents,<br />

moins d’absences<br />

Prévenir les accidents de loisirs profite aux entreprises.<br />

Le BPA les aide dans cette démarche en leur offrant:<br />

• des conseils et formations pour les spécialistes<br />

de la sécurité et les responsables<br />

• des offres de sensibilisation et moyens d’intervention<br />

pour les collaborateurs<br />

entreprises.bpa.ch<br />

Bureau de prévention<br />

des accidents


ENTRETIEN AVEC MARKETING<br />

FRANZISKA BARMETTLER<br />

Franziska Barmettler, responsable de la<br />

durabilité chez IKEA Suisse, n’en doute pas:<br />

on peut s’inscrire dans une démarche durable<br />

tout en proposant des produits abordables.<br />

«Chaque geste compte,<br />

petit ou grand»<br />

En tant que responsable de la durabilité chez IKEA Suisse, Franziska Barmettler guide le<br />

géant suédois vers une gestion plus réfléchie des ressources. Car pour elle, la durabilité ne<br />

doit pas être un luxe.<br />

Entretien Anna Ehrensperger Photos Marco Vara<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

30<br />

01/<strong>2023</strong>


ENTRETIEN AVEC FRANZISKA BARMETTLER<br />

Madame Barmettler, IKEA est connu<br />

pour son mobilier bon marché. Comment<br />

allier produits abordables et<br />

durabilité? Des meubles à bas coût<br />

peuvent-ils être durables?<br />

En Suisse, on a tendance à croire qu’un produit<br />

bon marché ne peut pas être durable. Nous<br />

entendons prouver le contraire. Nous estimons<br />

en effet que la durabilité doit être abordable<br />

et accessible au plus grand nombre, et non réservée<br />

à un cercle d’initiés ou de nantis. Nous<br />

souhaitons donc que l’ensemble de notre offre<br />

soit durable.<br />

«Je suis persuadée<br />

que toute<br />

entreprise peut<br />

agir pour plus<br />

de durabilité.»<br />

C’est une avancée réjouissante, mais ce n’est<br />

pas suffisant. Le temps presse, et la politique<br />

est hélas à la traîne. Je trouve l’économie plus<br />

dynamique à cet égard.<br />

Quels sont les principaux enjeux selon<br />

vous?<br />

Les technologies modernes ouvrent de nombreuses<br />

possibilités pour limiter le changement<br />

climatique. C’est à présent le facteur temps qui<br />

est déterminant. Nous devons agir dès maintenant<br />

pour infléchir la tendance. Diviser par deux<br />

les émissions de CO 2 d’ici à 2030 est essentiel.<br />

Comment vous y prenez-vous?<br />

La durabilité a quand même un prix.<br />

Notre taille nous permet d’une part de réaliser<br />

des économies d’échelle sur les matériaux.<br />

IKEA est ainsi l’un des principaux acheteurs de<br />

polyester recyclé, ce qui nous confère une certaine<br />

marge de négociation. D’autre part, nous<br />

concevons nos produits selon le principe du «design<br />

démocratique»: dès le début du développement,<br />

le cahier des charges impose de réunir les<br />

cinq dimensions que sont la forme, la fonction,<br />

la qualité, la durabilité et le prix bas.<br />

Pouvez-vous nous donner un exemple?<br />

Pour remplacer les ampoules conventionnelles,<br />

nous avons demandé à nos designers<br />

de concevoir une ampoule LED ne coûtant pas<br />

plus d’un euro. Ils étaient d’abord sceptiques,<br />

mais ils ont réussi. Bien sûr, cela ne marche<br />

pas à tous les coups, mais c’est le principe de<br />

base que nous appliquons au développement<br />

de tous nos produits.<br />

En plus d’œuvrer pour plus de durabilité<br />

dans le cadre de votre travail, vous<br />

êtes engagée politiquement. Depuis<br />

quand vous sentez-vous concernée par<br />

ce thème?<br />

Je crois que je l’ai toujours été. À la maison,<br />

mes parents ont toujours veillé à ce que nous<br />

ne mangions que des fruits et des légumes<br />

locaux et de saison. C’est l’état d’esprit dans<br />

lequel j’ai grandi. J’ai pris conscience très tôt<br />

de l’importance d’opérer des choix conscients<br />

jusque dans les petits gestes du quotidien. J’ai<br />

d’ailleurs opté pour des études d’économie notamment<br />

parce que je voulais en comprendre<br />

les grands rouages.<br />

D’après vous, où se situe aujourd’hui<br />

la Suisse en matière de durabilité?<br />

Quand j’ai commencé à travailler, en 2008,<br />

les entreprises étaient souvent opposées au<br />

durcissement des objectifs climatiques. Depuis,<br />

l’idée selon laquelle l’économie et l’environnement<br />

pouvaient aller de pair et même<br />

se nourrir mutuellement a gagné du terrain.<br />

En quelques<br />

mots<br />

Ma devise<br />

«Rien n’est plus fort qu’une<br />

idée dont l’heure est venue.»<br />

(Victor Hugo)<br />

<strong>Mon</strong> rituel quotidien<br />

Cinq minutes de méditation<br />

chaque matin pour bien démarrer<br />

la journée.<br />

<strong>Mon</strong> plat préféré<br />

La chakchouka.<br />

Ma matière préférée<br />

à l’école<br />

Les mathématiques.<br />

<strong>Mon</strong> premier emploi<br />

Garde d’enfants.<br />

Je ne sors jamais sans<br />

<strong>Mon</strong> téléphone (hélas).<br />

Les réseaux sociaux<br />

où je suis<br />

Instagram, FB, Twitter et<br />

LinkedIn.<br />

Je recharge mes<br />

batteries<br />

En pratiquant le yoga, en<br />

marchant ou en courant dans<br />

la nature.<br />

Ce n’est pas mon fort<br />

L’oisiveté.<br />

Le pays où j’aimerais<br />

vivre<br />

Au bord de la Méditerranée ou<br />

dans une grande ville.<br />

IKEA s’est engagé à avoir un impact<br />

positif sur le climat d’ici à 2030.<br />

Qu’est-ce que cela signifie?<br />

Cela signifie éliminer plus d’émissions de<br />

CO 2 que nous n’en générons sur toute notre<br />

chaîne de valeur.<br />

Et comment procédez-vous concrètement?<br />

Avant tout, nous entendons réduire autant<br />

que possible nos propres émissions de CO 2, notamment<br />

en recourant aux énergies renouvelables.<br />

En complément, il s’agit de capter du<br />

CO 2 dans l’atmosphère et de le stocker de manière<br />

à ce qu’il ne nuise plus au climat. Enfin,<br />

nous voulons aider notre clientèle, nos fournisseurs<br />

et nos partenaires à émettre moins de<br />

CO 2. La lutte contre le changement climatique<br />

ne se mène pas en solo. Nous devons être aussi<br />

nombreux que possible à unir nos forces.<br />

Quelles ont été les principales réalisations<br />

d’IKEA ces dernières années?<br />

La promotion des énergies renouvelables,<br />

que ce soit dans les processus de production,<br />

l’exploitation ou la gamme de produits. Nous<br />

avons installé des panneaux solaires sur la<br />

quasi-totalité de nos magasins, et proposons<br />

des panneaux solaires et des pompes à chaleur<br />

pour les ménages. Car les énergies renouvelables,<br />

elles aussi, doivent être abordables pour<br />

tout le monde.<br />

Par ailleurs, nous nous efforçons de rendre<br />

tous les produits de nos magasins plus durables<br />

et plus efficaces du point de vue énergétique.<br />

Nous ne vendons plus que des ampoules LED<br />

depuis 2015 et avons supprimé les piles jetables<br />

en 2021 pour nous limiter aux batteries rechargeables.<br />

Nous aidons ainsi de nombreuses personnes<br />

à adopter des habitudes plus durables.<br />

Vous encouragez également l’économie<br />

circulaire. En quoi cela consiste-t-il?<br />

Là aussi, il y a plusieurs approches. À l’horizon<br />

2030, nos matériaux seront exclusivement<br />

renouvelables ou recyclés, ce sera donc la fin<br />

des plastiques bruts et autres matériaux si-<br />

▶<br />

01/<strong>2023</strong> 31<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


ENTRETIEN AVEC MARKETING<br />

FRANZISKA BARMETTLER<br />

Engagée pour la durabilité: à son poste<br />

ou devant l’objectif, Franziska Barmettler ne<br />

fait pas les choses à moitié.<br />

milaires. Nous voulons par ailleurs prolonger<br />

la durée de vie de nos produits, par la mise à<br />

disposition des pièces détachées ou la vente de<br />

meubles d’occasion par exemple. Depuis trois<br />

ans, nous reprenons ainsi certains meubles<br />

IKEA en bon état en échange d’un bon d’achat.<br />

Ces meubles sont ensuite revendus à un prix<br />

avantageux dans notre Espace seconde vie.<br />

L’Espace seconde vie d’IKEA donne une nouvelle vie<br />

aux meubles d’occasion.<br />

«Loin de<br />

prendre la<br />

poussière dans<br />

les magasins,<br />

les meubles<br />

d’occasion<br />

retrouvent<br />

très vite<br />

preneur.»<br />

Est-ce que ce service de seconde main<br />

marche bien?<br />

Loin de prendre la poussière dans les magasins,<br />

les meubles d’occasion retrouvent très<br />

vite preneur. La demande nous permettrait<br />

d’en revendre bien plus qu’actuellement, et<br />

nous travaillons donc à faire connaître ce service<br />

et à faciliter les retours. En effet, peu de<br />

gens savent qu’IKEA offre la possibilité de rapporter<br />

des meubles qui ne servent plus.<br />

Le fait de travailler dans une entreprise<br />

aussi grande est-il pour vous un<br />

avantage ou un inconvénient?<br />

Je suis persuadée que toute entreprise,<br />

quelle que soit sa taille, peut agir pour plus<br />

de durabilité. Chaque geste compte, petit ou<br />

grand. Chez IKEA, nous disposons d’un levier<br />

énorme, car nos magasins et nos restaurants<br />

touchent un très grand nombre de personnes.<br />

Toute adaptation de notre offre, de notre<br />

production ou de notre chaîne logistique entraîne<br />

des effets considérables. Pour cette raison,<br />

nos actions sont d’ailleurs observées à la<br />

loupe, et nous sommes plus exposés aux critiques.<br />

Mais nous sommes justement ouverts<br />

aux critiques.<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE<br />

32 01/<strong>2023</strong>


ENTRETIEN AVEC FRANZISKA BARMETTLER<br />

Une fois dans un magasin IKEA, il<br />

n’est pas rare qu’on achète plus que<br />

ce qu’on avait prévu. Cette incitation<br />

à consommer est-elle compatible avec<br />

votre approche durable?<br />

Nous avons pour objectif d’aménager notre<br />

gamme de manière à ce que tout ce qui s’achète<br />

chez nous soit durable. À l’heure actuelle, 70%<br />

de nos matériaux sont recyclés ou renouvelables,<br />

et nous voulons que tous nos produits<br />

soient respectueux du climat et fabriqués à<br />

base de matériaux recyclés ou renouvelables<br />

d’ici à 2030. L’excès de consommation n’est<br />

évidemment pas souhaitable, et c’est pourquoi<br />

nous créons des concepts favorisant la revalorisation<br />

ou la conservation des meubles. Mais<br />

il faut encore que les mentalités changent et<br />

que les gens cessent d’associer ce qui est bon<br />

marché à des articles sans valeur ou jetables.<br />

Portrait<br />

Franziska Barmettler (40 ans)<br />

est responsable de la durabilité<br />

chez IKEA Suisse depuis<br />

2019. Auparavant, elle<br />

avait été responsable adjointe<br />

du Fonds pionnier Migros,<br />

pour lequel elle était en charge<br />

de la durabilité. Elle est en<br />

outre députée au Conseil<br />

cantonal de Zurich (Vert’lib), et<br />

a cofondé, puis codirigé<br />

l’association swisscleantech.<br />

Lucernoise d’origine, elle a fait<br />

des études d’économie à<br />

l’université de Berne.<br />

Comment les comportements d’achat<br />

ont-ils évolué ces dernières années?<br />

La clientèle attache-t-elle plus d’importance<br />

à la durabilité?<br />

Oui, c’est très net. Les clientes et les clients<br />

sont toujours plus nombreux à se renseigner<br />

sur la durabilité de tel ou tel produit, et un sondage<br />

a révélé que 85% d’entre eux étaient prêts<br />

à s’engager davantage pour le climat. Nous<br />

constatons en particulier que les jeunes se<br />

montrent souvent plus critiques et désireux de<br />

connaître les valeurs défendues par la marque.<br />

Aujourd’hui, les entreprises ne peuvent plus<br />

se permettre de ne pas prendre position. Nos<br />

3500 salariées et salariés attendent aussi que<br />

nous agissions en faveur de la durabilité, et ce<br />

thème revient de plus en plus dans les entretiens<br />

d’embauche.<br />

Quels souhaits formez-vous pour<br />

l’avenir?<br />

Que tout le monde ait une bonne qualité de<br />

vie sans détruire la planète. Je crois que nous<br />

pouvons y arriver, je suis optimiste. Cela peut<br />

vous paraître un peu naïf, mais je me refuse à<br />

envisager le contraire. <br />

●<br />

01/<strong>2023</strong> 33<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


Ma fierté<br />

Fabienne et Fabian Gschwend,<br />

Gschwend Kältech GmbH<br />

Depuis 2020, Gschwend Kältech GmbH veille à offrir<br />

aux entreprises et aux particuliers un climat intérieur<br />

agréable tout au long de l’année. Nous proposons un<br />

service complet dans le secteur de la réfrigération et<br />

de la climatisation: du conseil à la réalisation et à la<br />

maintenance des installations. Il y a deux ans, nous<br />

nous sommes véritablement jetés à l’eau en nous mettant<br />

à notre compte. Les débuts sont toujours difficiles,<br />

mais nous avons eu la chance de pouvoir compter<br />

sur les conseils et le soutien de nos proches, dont<br />

certains avaient eux-mêmes créé leur entreprise. En<br />

tant qu’équipe au travail comme dans la vie privée,<br />

Une équipe bien rodée<br />

il n’a au départ pas toujours été facile de trouver le<br />

bon équilibre. Nos horaires de travail n’étant pas réguliers,<br />

il nous arrive de devoir répondre à des appels<br />

de la clientèle ou d’intervenir sur un appareil défectueux<br />

à des heures tardives. Mais les retours positifs<br />

de notre clientèle nous confirment régulièrement que<br />

nous avons pris la bonne décision. Le choix des bons<br />

partenaires a également contribué à notre réussite.<br />

Notre conseil à l’attention des futurs entrepreneurs<br />

et entrepreneuses: constituez-vous un réseau fiable et<br />

de qualité.<br />

gschwend-kaeltech.ch<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE 34<br />

01/<strong>2023</strong>


Ma fierté<br />

Enrico Rüegg, Signaltec AG<br />

Signalisation: innover dans la bonne direction<br />

À nous trois, mes partenaires Markus Manser, Yves<br />

Brändli et moi-même totalisons près de 60 ans d’expérience<br />

dans la technique de transport, de marquage<br />

et de dissuasion d’accès. Lorsque nous avons<br />

créé Signaltec AG en 2018, nous avons réussi à nous<br />

démarquer de la concurrence en misant d’emblée<br />

sur un nouveau système. Grâce à l’acquisition d’une<br />

imprimante spéciale, nous sommes aujourd’hui en<br />

mesure d’imprimer des films réfléchissants. Une<br />

autre de nos innovations a été très bien accueillie:<br />

nos panneaux anti-stickers, qui permettent un retrait<br />

sans résidus des autocollants. La durée d’utilisation<br />

de nos panneaux est ainsi prolongée, un<br />

plus à la fois pour notre clientèle et pour l’environnement.<br />

Nous fabriquons presque tout en interne,<br />

dans notre atelier de serrurerie et de production de<br />

panneaux. Nous sommes fiers de tout ce que nous<br />

avons construit. Au début, beaucoup ont tenté de<br />

nous dissuader de nous lancer dans l’entrepreneuriat.<br />

D’où mon conseil: si tu as une idée innovante,<br />

garde-la pour toi et monte un bon business plan. Il<br />

faut un peu de courage pour se mettre à son compte,<br />

mais l’aventure en vaut vraiment la peine.<br />

signaltec.ch<br />

01/<strong>2023</strong> 35<br />

<strong>Mon</strong> ENTREPRISE


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