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GI 2023 1 Fr

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G ALÁPA

G

édition printemps 2023

O S

I

N TER

N E

Premières photos de jeunes iguanes

terrestres roses

Quel est l‘état de santé des oiseaux

chanteurs des Galápagos ?

Une vie pour la protection des oiseaux

Bulletin

d‘information

des Amis des

Îles Galápagos

(Suisse)


Éditorial

Les Galápagos sont parmi les îles les plus étudiées

au monde. Depuis que Charles Darwin a visité les

îles en 1835, la flore et la faune uniques de l‘archipel

suscitent l‘intérêt des chercheurs du monde entier.

On pourrait donc penser qu‘il reste peu de choses à

découvrir aux Galápagos.

Mais c‘est loin d‘être le cas ! Nous sommes très heureux

de pouvoir vous montrer dans ce numéro de

„Galápagos Interne“ les premières photos de jeunes

iguanes terrestres roses. Ces reptiles vivent exclusivement

dans une petite zone du volcan Wolf, le plus

haut volcan de l‘île d’Isabela. L‘espèce n‘a été décrite

qu‘en 2009 par Dr Gabriele Gentile.

Dans ce numéro, nous faisons également état des

progrès de l‘étude sur les déchets plastiques dans

l‘archipel, et un autre chercheur, Dr Enzo M. R. Reyes,

nous fait partager sa passion pour les moqueurs de

Floreana. Il nous explique comment ses recherches

soutiennent le projet de restauration de l‘île de Floreana.

L‘appel aux dons de ce numéro est également lié

à ce projet de renaturation, un projet de conservation

actuel et très important dans les Galápagos.

Contenu

3 L‘espoir d‘une nouvelle colonie d‘albatros

des Galápagos

4 Premières photos de jeunes iguanes

terrestres roses

5 Avez-vous entendu parler des rats du

riz ?

6 Quel est l‘état de santé des oiseaux

chanteurs des Galápagos ?

7 Solutions au problème du plastique

aux Galápagos

9 L‘histoire des iguanes terrestres des

Galápagos

10 Une soirée au nom des espèces invasives

11 Une vie pour la protection des oiseaux

12 Nouvelles des Galápagos

Dr Birgit Fessl, coordinatrice de la protection des oiseaux

à la Charles Darwin Research Station, a constaté

que les populations d‘oiseaux sur les îles de Floreana

et de Santa Cruz étaient en forte diminution. Outre

les espèces invasives d‘insectes et de vertébrés qui

menacent les œufs et les oisillons des oiseaux, les

maladies aviaires introduites peuvent également être

responsables de ce déclin massif des animaux. C‘est

pourquoi Dr Fessl et son équipe travaillent à l‘analyse

de plus de 1200 échantillons d‘oiseaux chanteurs et

d‘oiseaux d‘élevage des deux îles afin de détecter des

agents pathogènes. L‘objectif est d‘obtenir une vue

d‘ensemble de la propagation des maladies aviaires

parmi les oiseaux terrestres. Ces connaissances sont

d‘une grande importance pour le projet de restauration

de l‘île de Floreana, dans le cadre duquel des

espèces d‘oiseaux disparues localement doivent être

réintroduites sur Floreana. Afin de protéger au mieux

ces animaux, il est essentiel de comprendre les maladies

des oiseaux aux Galápagos.

Malgré de nombreuses années de recherche, nous

ne comprenons pas encore complètement de nombreuses

relations et processus dans la flore et la faune

des Galápagos, notamment parce que de nouvelles

espèces et maladies introduites modifient sans cesse

freundegalapagos

la situation. Pour pouvoir préserver la nature unique

de l‘archipel pour les générations futures, nous

devons améliorer en permanence notre compréhension

des processus les plus importants pour

la nature. Au nom de notre association, je vous

remercie de votre généreux soutien à l‘importante

recherche menée dans les Galápagos.

Je vous souhaite une lecture intéressante et variée.

Mentions légales :

Amis des Îles Galápagos (Suisse)

c/o Zoo de Zurich, Zürichbergstrasse 221, 8044 Zürich

Téléphone : 044 254 26 70

E-Mail : freunde.galapagos@zoo.ch

Page d‘accueil : www.galapagos-ch.org

Collaboration sur cette question :

Lukas Keller, Patrick Schmitz, Claudia Haas, Veronika

Huebl, Doris Hölling, Karin Ramp. Imprimé sur du papier

certifié FSC.

La prochaine édition du

Galápagos interne

paraîtra au automne 2023

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friendsofgalapagos

Image de

couverture

2 Galápagos Interne

Lukas Keller, Président

Buse des Galápagos,

© Amy Mc-

Leod


L‘espoir d‘une nouvelle colonie d‘albatros des Galápagos

Si vous vous déplacez en bateau rapide entre les

îles de l‘archipel des Galápagos pendant la période

de Garúa, c‘est-à-dire la phase climatique la plus

fraîche, marquée par le courant de Humboldt, entre

mai et novembre, vous verrez de nombreux oiseaux

marins sur et au-dessus de l‘eau. Et si l‘on regarde

bien, il y a de fortes chances pour que, parmi tous

les pétrels, les fous et les mouettes, on repère un oiseau

plus grand dans la foule, qu‘on voie briller un

bec jaune, qu‘on reconnaisse un navigateur souple

qui n‘a presque jamais besoin de battre des ailes et

qui se laisse porter par les airs avec distinction et élégance

au-dessus de la crête des vagues. Il s‘agit alors

d‘un albatros des Galápagos.

L‘albatros des Galápagos est l‘une des 21 espèces

d‘albatros et est endémique des Galápagos. Il vit sur

l‘île d‘Española, à l‘extrême sud-est de l‘archipel. Les

albatros se nourrissent principalement de calmars et

de petits poissons et peuvent parcourir d‘énormes

distances pour se nourrir. Pendant la saison de reproduction,

ils reviennent toujours sur leur île d‘origine

pour nourrir leur petit qui les attend. Lorsque le courant

de Humboldt autour des Galápagos s‘affaiblit

et que l‘eau contient donc moins de nourriture pour

les albatros, ils quittent l‘archipel et passent la période

entre décembre et avril plus au sud, au large des

côtes du continent sud-américain.

Des expériences impressionnantes

Lors de notre visite à Española début décembre,

nous avons vu les albatros de très près. Nous avons

pu observer quelques atterrissages interrompus et

même un atterrissage plutôt réussi. Les décollages

et les atterrissages constituent un défi particulier

pour les albatros en raison de leur taille et de leur

poids, et ne sont pas sans danger pour les oiseaux

en raison du risque imminent de blessures. Aussi

élégants soient-ils, lorsqu’ils planent dans le ciel,lors

de leurs décollages et atterrissages, ainsi que lors de

leurs déplacements au sol, ils se dandinent et se déplacent

plutôt gauchement et maladroitement, et se

déplacent le moins possible. Deux albatros étaient

assis dans les buissons juste à côté de notre chemin

et se donnaient des coups de bec tendres. Les albatros

s‘accouplent pour la vie et exécutent régulièrement

des danses nuptiales bien définies. Un jeune

oiseau était assis à quelques mètres des albatros en

train de s‘accoupler. Il était encore bien camouflé

dans sa robe brune et bouclée parmi les roches de

lave brunes et noires, mais il était déjà assez grand

et lourd. Un peu plus loin sur la falaise, un autre jeune

oiseau, dont le duvet sur le cou cédait déjà lentement

la place à un élégant plumage blanc, s‘exerçait

à bouger ses ailes près du précipice. Il allait bientôt

pouvoir s‘envoler – et pas trop tôt, car le départ pour

la côte continentale était imminent.

Ils reviennent en avril pour pondre leur œuf sur le

sol de lave nu. Les albatros sont peu exigeants à cet

égard – et donc en bonne compagnie : à côté d‘eux

dans la plaine du sud-ouest d‘Española vivent des

fous à pieds bleus et des fous de Nazca, qui eux aussi

nichent simplement sur le sol. Il n‘est même pas nécessaire

qu‘il y ait une cavité. Les oiseaux marins des

Galápagos ne sont manifestement pas de grands

constructeurs de nids – pourquoi le seraient-ils, sans

aucun prédateur naturel ?

Poussin d‘albatros, © Veronika Huebl

Couple d‘albatros en train de s‘encanailler, © Veronika Huebl

Galápagos Interne

3


De nombreux dangers

Malgré l‘absence de prédateurs, l‘albatros des Galápagos

est menacé d‘extinction. La pêche à la palangre,

en particulier, lui est souvent fatale. La Charles

Darwin Foundation estime la population à environ

9600 couples nicheurs, avec un succès de reproduction

de 25% et un déclin d‘environ 6% par an. A environ

27 kilomètres de la côte équatorienne se trouve

une petite île d‘à peine six kilomètres carrés appelée

La Plata. Comme les Galápagos, elle abrite une grande

variété d‘animaux, dont des fous à pieds bleus,

des fous à pieds rouges et des fous de Nazca, ainsi

que des albatros des Galápagos. On estime qu‘une

vingtaine de couples d‘albatros se reproduisent à La

Plata, mais on manque de données précises sur la

survie des jeunes, la dynamique de la population ou

encore l‘interaction avec les rats invasifs. Un projet,

soutenu par l‘Association des Amis des Galápagos

en Suisse, collecte actuellement de telles données

dans le but de renforcer la population d‘albatros de

La Plata et d‘en faire une „population d‘assurance“

pour les albatros des Galápagos.

Veronika Huebl

Premières photos de jeunes iguanes terrestres roses

C‘est une petite sensation. Le chercheur Dr Jorge

Carrión a réussi pour la première fois à découvrir et

à photographier de jeunes iguanes terrestres roses.

Il y a quelques années, une équipe de chercheurs

et de rangers du Service du Parc national des Galápagos

(GNPD) avait placé des caméras et des pièges

photographiques pour la faune sauvage, bien

cachés, autour du bord du volcan Wolf sur l‘île Isabela.

Leur objectif était d‘observer l‘activité des iguanes

terrestres roses (Conolophus marthae), une espèce

extrêmement rare qui y vit, et d‘identifier également

leurs sites de reproduction.

La population d‘iguanes terrestres roses est estimée

à 200-300 individus et figure donc sur la liste rouge

de l‘Union internationale pour la conservation de la

nature (UICN) comme étant en danger d‘extinction.

La couleur rose de la peau des iguanes est due au fait

que les vaisseaux sanguins transparaissent à travers

la peau partiellement non pigmentée des animaux.

Au milieu de l‘année 2021, le Dr Gabriele Gentile a

réussi à localiser les premiers sites de nidification

de ces animaux rares. Nous en avions déjà parlé à

l‘automne 2021. Lors d‘une autre expédition vers le

volcan Wolf, le chercheur Dr Jorge Carrión a même pu

capturer un jeune iguane terrestre qui se distinguait

visuellement des jeunes animaux connus. L‘animal

avait une peau verte, une longue queue et un museau

court. Des examens approfondis ont ensuite montré

qu‘il s‘agissait en fait d‘un jeune iguane terrestre rose.

Iguane terrestre rose adulte, © Giuliano Colosimo

Jeune iguane terrestre rose, © GNPD/Galápagos Conservancy

4 Galápagos Interne

La joie fut d‘autant plus grande lorsque, lors d‘une

exploration des sites de nidification, les chercheurs

sont tombés sur une nichée dans laquelle de jeunes

iguanes étaient en train d‘éclore. Les premières photos

de jeunes iguanes terrestres roses fraîchement

éclos ont ainsi pu être prises.

Mais ce qui était inquiétant, c‘est que les pièges photographiques

ont révélé que des chats sauvages se

rassemblaient devant les nids d‘iguanes et tuaient

les jeunes iguanes lorsqu‘ils voulaient quitter le nid.

Les chercheurs pensent donc que ces chats invasifs

sont la raison pour laquelle la population d‘iguanes

terrestres roses a stagné au cours des 10 dernières

années.

Une station de recherche permanente, installée au

bord du volcan Wolf, a été mise en place pour s‘assurer

que les sites de nidification sont protégés contre le

braconnage et la capture d‘animaux.

Nous sommes très heureux de constater que de nouvelles

connaissances sur ces animaux rares ont été

acquises et qu‘il semble donc réaliste d‘assurer leur

survie à long terme.


Avez-vous entendu parler des rats du riz ?

Nous vous avons déjà informé dans plusieurs de

nos articles des graves problèmes causés par les rats

domestiques (Rattus rattus) introduits dans les îles

Galápagos. Mais peu d‘entre nous savent que l‘archipel

abrite également des rongeurs endémiques, appelés

rats du riz des Galápagos.

Les ancêtres de ces rats sont arrivés sur l‘archipel par le

bois flottant et, comme pour d‘autres espèces animales,

ils se sont divisés en plusieurs sous-espèces, dont

beaucoup sont toutefois considérées comme éteintes.

Les rats du riz préfèrent manger des fruits et des parties

d‘opuntia, qui leur fournissent non seulement de la

nourriture mais aussi de l‘eau. De cette manière, les

animaux se sont parfaitement adaptés à la sécheresse

des îles. Certains chercheurs ont même pu faire une

connaissance intéressante avec ces rongeurs confiants

et curieux, qui aiment se frayer un chemin dans les

tentes et essayer de tout grignoter.

Ces rongeurs endémiques des Galápagos font partie

des animaux menacés d‘extinction. Les rats invasifs

(Rattus rattus et Rattus norvegicus) et les chats, introduits

par l‘homme, sont les principaux responsables

de cette situation.

Manque de données actuelles

C‘est pourquoi une étude a été lancée l‘année dernière

dans le but de déterminer les populations actuelles

de rats du riz et peut-être de localiser d‘éventuelles

populations résiduelles de ces rongeurs indigènes.

Elle comprend le rat des Galápagos (Aegialomys galapagoensis),

qui vit sur l‘île de Santa Fé mais qui est

considéré comme éteint sur l‘île de San Cristóbal, ainsi

que le rat des Galápagos (Nesoryzomys indefessus) et

le rat des Galápagos (Nesoryzomys darwini), qui vit

sur l‘île de Santa Cruz et qui est également considéré

comme éteint. En outre, des populations existantes

du rat du riz de Santiago (Nesoryzomys swarthi) sont

identifiées. La biologiste Johanna Castañeda vit dans

les îles Galápagos et dirige cette étude. Elle est impatiente

de connaître la taille actuelle des populations

de rats de riz et espère contribuer à la redécouverte

d‘espèces considérées comme éteintes.

Pièges, © Johanna Castañeda

Pour ce faire, Johanna a mis en place des pièges pour

capturer les animaux vivants avec des appâts composés

d‘un mélange de beurre de cacahuète, de flocons

d‘avoine et d‘extrait de vanille, qui sont placés dans

les zones les plus sèches des îles, où l‘on trouve de

nombreux figuiers de Barbarie. En outre, sur l‘île de

Santa Cruz, la zone de Los Gemelos est également

surveillée, bien que le climat y soit plus humide en

raison de la prédominance de la forêt de Scalesia ; la

raison en est qu‘une entrée récente sur la plate-forme

scientifique numérique Naturalist fait état d‘une espèce

endémique de rat du riz.

Cependant, jusqu‘à présent, seules des espèces de

rongeurs invasives ont été capturées à Santa Cruz et

San Cristóbal.

Population stable de rats du riz

Sur l‘île de Santiago, les espèces de rongeurs endémiques

se limitent aux zones sèches où poussent de

nombreux cactus et à la zone arborée de Palo Santo

sur la côte centrale nord. Bien que des rats invasifs

aient été trouvés dans ces zones, les biologistes ont

pu constater que les rats endémiques ont un poids

corporel sain et qu‘il y a plus de femelles que de mâles

dans les populations. Johanna suggère que cela

pourrait être dû au fait que le rat de riz de Santiago est

mieux adapté aux ressources limitées de son habitat

que les rongeurs invasifs.

Cette étude est importante car elle attire l‘attention

sur les rongeurs endémiques, peu étudiés jusqu‘à

présent, mais qui sont essentiels à l‘équilibre des écosystèmes.

Elle contribue ainsi fondamentalement à la

conservation de la biodiversité, car des informations

actualisées sur le statut de certaines espèces sont

indispensables à la mise en œuvre de mesures de

protection et de conservation.

Rat du riz inspectant les réserves de nourriture dans le camp des chercheurs, © Paquita Hoeck

Galápagos Interne

5


Quel est l‘état de santé des oiseaux chanteurs des Galápagos ?

Les oiseaux terrestres des Galápagos nous

tiennent particulièrement à cœur, car les derniers

recensements effectués par Birgit Fessl et son équipe

ont malheureusement confirmé l‘estimation de

l‘Union internationale pour la conservation de la

nature (UICN) selon laquelle la moitié des espèces

d‘oiseaux terrestres de l‘archipel sont actuellement

menacées. L‘île de Santa Cruz enregistre le plus fort

déclin de population après l‘île de Floreana.

Comme souvent, l‘homme est à l‘origine de ces

problèmes. Les plantes introduites et l‘agriculture

modifient l‘habitat des oiseaux, tandis que des

espèces invasives comme la mouche vampire des

oiseaux (Philornis downsi) menacent la survie des

oisillons. En outre, des agents pathogènes aviaires

sont introduits dans l‘archipel par des volailles

importées ou des oiseaux migrateurs. Ces agents

pathogènes se transmettent aux oiseaux indigènes,

souvent uniques aux Galápagos, ce qui constitue

une menace supplémentaire pour les populations

d‘oiseaux chanteurs, déjà en déclin.

Dangers liés aux maladies infectieuses

Selon les dernières découvertes, les maladies

infectieuses émergentes représentent un risque

important pour les petites populations animales

vivant sur des îles éloignées comme les Galápagos,

car elles n‘ont pas pu développer de mécanismes

de défense contre les agents pathogènes, ce qui

peut ensuite entraîner une réduction drastique des

populations animales.

En 2008 déjà, des contrôles sanitaires ont été effectués

sur les volailles et les oiseaux sauvages des îles

habitées de Floreana, San Cristóbal et Santa Cruz.

Des anticorps contre différents parasites et agents

pathogènes ont été détectés chez certains oiseaux,

ce qui laisse supposer que ces animaux ont été

infectés. Malheureusement, il n‘a pas été possible

à l‘époque de mettre en place un suivi sanitaire à

long terme des oiseaux ou d‘envisager des études

plus approfondies.

Cela aurait pourtant été important, car certains des

agents pathogènes détectés à l‘époque peuvent

avoir un impact négatif sur la survie des oiseaux

endémiques des Galápagos. En outre, ils présentent

un risque pour la santé publique, car certains d‘entre

eux provoquent des zoonoses, ce qui signifie que

la maladie aviaire peut être transmise à l‘homme.

Il est donc important de déterminer quels agents

pathogènes sont déjà présents dans les Galápagos

et dans quelle mesure ils se sont propagés. Les

connaissances ainsi acquises peuvent ensuite aider

à élaborer des mesures de protection efficaces pour

lutter contre les maladies existantes et réduire le

risque que de nouveaux agents pathogènes soient

introduits par l‘homme.

Des analyses importantes

C‘est pourquoi, en 2019, des échantillons de différentes

Oiseau moqueur avec une patte infectée, © Paquita Hoeck

Géospize à bec pointu en bonne santé, © Dr. M. Dvorak

espèces de pinsons de Darwin, de moqueurs et

d‘autres oiseaux chanteurs ont commencé à être

collectés sur les îles de Santa Cruz et de Floreana

afin de les analyser pour détecter d‘éventuels agents

pathogènes.

La biologiste Birgit Fessl et son équipe ont pu effectuer

des tests de dépistage de maladies aviaires et des

bilans de santé sur plus de 400 oiseaux sauvages

et poulets, en prélevant avec un écouvillon un

échantillon dans la gorge, le bec et le cloaque de

chaque oiseau. Ces échantillons sont maintenant

analysés par biologie moléculaire dans le laboratoire

de la Station Charles Darwin (CDF), sous la direction du

Dr Ainoa Nieto-Claudin, vétérinaire, qui a également

dirigé le projet d‘analyse sanitaire des tortues géantes.

Les échantillons positifs sont conservéset font l‘objet

d‘une analyse génétique plus poussée. Les recherches

se concentrent sur les six maladies infectieuses

6 Galápagos Interne


suivantes, qui pourraient constituer une menace

pour les oiseaux terrestres : L‘adénovirus aviaire

et la maladie de Newcastle ont tous deux déjà été

détectés chez les volailles et les oiseaux terrestres.

En ce qui concerne le virus de Newcastle, on sait

en outre qu‘il peut également affecter l‘homme. Il

existe également la mycoplasmose et la maladie de

Marek, un herpès virus qui affecte de préférence les

poulets et présente donc un risque de transmission

à l‘homme. La grippe aviaire n‘a pas encore été

détectée aux Galápagos, mais comme elle est très

répandue en Équateur, on estime que le risque de

transmission par les oiseaux migrateurs est très élevé.

En outre, une salmonellose associée à une résistance

aux antibiotiques a étédétectée dans des élevages de

volailles de l‘île de Santa Cruz, ce qui peut constituer

une menace pour la santé publique.

La protection future est importante

La comparaison des informations ainsi obtenues

avec les données de 2008 servira ensuite de base à

l‘élaboration de mesures de protection de base pour

les oiseaux, dont le besoin est urgent.

Nous avons indiqué dans le dernier numéro de

Galápagos-Interne qu‘actuellement, sur l‘île de

Floreana, une grande partie de la population d‘oiseaux

terrestres vit dans des enclos de quarantaine, car des

appâts sont posés sur toute l‘île pour éradiquer les

rats domestiques invasifs (Rattus rattus).

Pour ce projet, les tests effectués par les équipes

de Birgit et d‘Ainona sont très importants car ils

contribuent à ce que les oiseaux bénéficient des

meilleures conditions sanitaires possibles lors de

leur réintroduction sur l‘île après leur libération de

la quarantaine, prévue pour la fin de l‘année 2023/

le printemps 2024.

Mucherolle vermilion mâle en bonne santé, © David Anchudia

Merci de nous aider par votre don à

garantir la santé et donc la survie des

oiseaux chanteurs aux Galápagos de

manière durable.

Solutions au problème du plastique aux Galápagos

Sur le chemin menant du front de mer de Puerto

Ayora à la Charles Darwin Research Station, on passe

devant une statue de deux mètres et demi de haut

représentant une scène sous-marine : une otarie, une

tortue de mer et un thon à nageoires jaunes nageant

dans l‘eau. La sculpture a été entièrement fabriquée

à partir de déchets plastiques ramassés sur la plage :

L‘otarie est principalement composée de tongs, la

carapace de la tortue est faite de couvercles de bouteilles

de boissons, la mer en arrière-plan est faite de

bouteilles en plastique de différentes tailles.

Depuis de nombreuses années, il existe une prise de

conscience et un consensus dans le monde entier sur

le fait que le plastique constitue un problème majeur

pour l‘environnement. Les animaux marins sont pris

au piège dans les filets et les fragments de filets, ce

qui limite leur liberté de mouvement et donc leur

alimentation, et ils meurent. Les restes d‘emballages

se retrouvent dans l‘estomac des animaux, perturbent

leur digestion et entraînent également leur mort.

Les animaux ne sont évidemment pas conscients

de ces dangers et utilisent les déchets qui traînent

pour construire leur nid, ce qui met en danger les

jeunes animaux. Même si l‘étape du recyclage est

aujourd‘hui maîtrisée, le problème de la collecte n‘est

pas résolu : les déchets plastiques se retrouvent en

grande quantité dans la nature, dans les ruisseaux et

les rivières et sont ainsi rejetés dans la mer. Souvent,

ils y parviennent aussi directement, lorsque les navires

perdent leur cargaison et leurs déchets ou les jettent

délibérément dans la mer. De plus, de nombreux pays

ne disposent pas d‘une politique adéquate de collecte

et d‘élimination des déchets, qui finissent donc par se

retrouver en mer.

Galápagos Interne

7


D‘où vient le plastique ?

Des déchets plastiques plus ou moins décomposés

s‘accumulent régulièrement sur les plages de

l‘archipel des Galápagos : bidons et bouteilles entiers,

films d‘emballage, sacs, lambeaux de plastique et microplastiques.

Moins de 10 pour cent de ces déchets

proviennent des zones d‘habitation des îles. Environ

30 pour cent des déchets plastiques échoués proviennent

de la pêche près de l‘archipel. Les casiers et les

boîtes de rangement qui ne sont plus utilisés, les filets

cassés, perdus ou coupés à la hâte lors d‘inspections

inopinées, ou tout autre déchet dont on ne peut

plus se servir à bord – tout cela prend rapidement le

chemin, a priori facile, de la mer. La majorité, plus de

60%, dérive au gré des courants marins. Dans le cas

des Galápagos, c‘est principalement le courant de

Humboldt qui amène les déchets du continent sudaméricain

sur les plages de l‘archipel.

Les efforts visant à éviter le plastique localement et

à sensibiliser la population sont déjà bien avancés.

Depuis plusieurs années déjà, la loi interdit le plastique

à usage unique sur les îles ; dans les écoles, les

enfants apprennent à trier les déchets ; des ateliers

artistiques sont régulièrement organisés pour transformer

les déchets collectés en œuvres d‘art – comme

la sculpture sur le chemin de la station de recherche.

La population est régulièrement invitée à participer

à des actions collectives de ramassage des plastiques

échoués sur les plages.

De nouvelles connaissances pour la prévention

Avec l‘aide de la Fondation Béatrice Ederer-Weber,

nous avons pu soutenir l‘année dernière un projet

du Galápagos Conservation Trust britannique, qui

associe également la population locale aux efforts de

lutte contre les déchets plastiques sous la forme d‘une

science citoyenne. Dans le but de comprendre d‘où

viennent les déchets, des scientifiques et des jeunes

© Veronika Huebl

galápagos collectent des données sur les déchets

plastiques de toutes tailles, jusqu‘aux microplastiques,

et enregistrent ces découvertes avec des photos et

des informations standardisées. Il en résulte non seulement

une base de données qui permet de tirer

des conclusions sur l‘origine des déchets plastiques,

mais aussi une prise de conscience croissante de la

population sur les problèmes qui y sont liés, et donc

un changement de mentalité durable, au moins au

niveau local, et une adaptation correspondante du

comportement face au plastique dans la vie quotidienne

de chacun.

Veronika Huebl

Les déchets plastiques sur les plages, © Paquita Hoeck

8 Galápagos Interne


L‘histoire des iguanes terrestres des Galápagos

Il existe trois espèces endémiques d‘iguanes terrestres

aux Galápagos : Conolophus subcristatus de

couleur jaune, Conolophus pallidus, nettement plus

pâle, qui vit uniquement sur l‘île de Santa Fé, et Conolophus

marthae, de couleur rose, que l‘on trouve

exclusivement sur l‘île d‘Isabela, en haut du volcan

Wolf. La première espèce, l‘iguane terrestre jaune,

est présente sur plusieurs îles de l‘archipel. La California

Academy of Sciences avait déjà organisé une

expédition aux Galápagos en 1905/06, au cours de

laquelle un groupe de chercheurs de haut niveau

avait collecté des iguanes terrestres de Baltra, Santa

Cruz et des îles Plaza et les avait momifiés pour leur

collection. Lors d‘un autre voyage d‘exploration en

1932, les chercheurs ont installé à titre expérimental

quelques iguanes terrestres de Baltra sur l‘île voisine

de Seymour Norte. Ils n‘étaient pas originaires de l‘île,

mais celle-ci n‘étant pas très différente de Baltra, les

iguanes terrestres s‘y sont rapidement sentis chez

eux. Dans les années 1940, lorsque les Américains ont

utilisé les Galápagos comme base aérienne stratégique

et ont agrandi l‘aéroport de Baltra, l‘île voisine de

Seymour Norte, ils ont été gênés par la faune locale,

notamment les iguanes terrestres qui se promenaient

sur le tarmac. Mais ces iguanes terrestres pouvaient

être utilisés comme cibles pour des exercices de tir.

Bientôt, iln‘y en avait plus à Baltra.

Premiers efforts pour protéger les iguanes

Dans les années 1990, un projet a été lancé pour

ramener des iguanes terrestres de Seymour Norte à

Baltra, mais il fallait d‘abord prouver que les iguanes

terrestres de Seymour Norte étaient bien des iguanes

de Baltra, en raison des règles strictes du parc national.

L‘approche de l‘Académie des Sciences de Californie a

permis de disposer d‘un excellent matériel génétique

pour la comparaison et la comparaison. En 2002,

il a été scientifiquement confirmé que les iguanes

terrestres de Seymour Norte étaient génétiquement

identiques aux iguanes de Baltra, et ils ont donc été

autorisés à s‘installer. En 2010, Baltra a été intégrée

au parc national. Depuis lors, les employés du parc

national s‘occupent de les cueillir régulièrement sur

la piste d‘atterrissage avant que le prochain avion

n‘atterrisse.

Début 2019, l‘île de Seymour Norte a été fermée aux

touristes pendant quelques semaines afin d‘éradiquer

les rats, tous les iguanes terrestres qui s‘ytrouvaient

ont été collectés et stockés temporairement à Baltra

et, en partie, à la station de recherche Charles Darwin

de Puerto Ayora. Après l‘extermination et la période

de quarantaine, l‘interdiction a été levée, des pièges

à rats ont été installés par précaution et les iguanes

terrestres ont été ramenés – mais ils étaient devenus

si nombreux qu‘il a été décidé de diviser la population

et de relâcher environ 2000 individus sur l‘île voisine

de Santiago, située à l‘ouest. Les iguanes terrestres

y avaient déjà disparu au 19e siècle. Ce sont surtout

les chèvres retournées à l‘état sauvage qui leur ont

été fatales. La dernière chèvre y ayant été abattue en

2004, plus rien ne s‘opposait au retour des iguanes

terrestres.

Réintroduction à Santiago

L‘association des Amis des Galápagos soutient un

projet qui observe l‘évolution de la population de

Santiago. Pendant la pandémie de Corona, le suivi

n‘était pas possible, mais en juillet 2022, une expédition

a démarré et a heureusement trouvé non

seulement des iguanes adultes, mais aussi quelques

jeunes âgés de moins d‘un an à environ trois ans.

Les iguanes terrestres de Santiago se reproduisent

donc visiblement. Cela ne signifie pas en soi une

augmentation absolue de la population, mais dans

tous les cas, les spécimens lâchés en 2019 semblent

s‘être bien acclimatés.

Nous avons pu observer une dispute conjugale

d‘iguanes terrestres à Santiago, près de Puerto Egas,

fin 2019 : Une femelle était assise à l‘entrée de sa

grotte et fixait le mâle, immobile devant, qui cherchait

visiblement à entrer. Notre guide nous a expliqué

qu‘elle défendait apparemment sa grotte et qu‘elle

ne voulait pas le laisser entrer. Sur le chemin du retour

de notre promenade à terre, nous sommes repassés

à cet endroit. La femelle avait disparu, l‘entrée de la

grotte était vide, mais le mâle creusait sa propre grotte

à un demi-mètre de là. Livin‘ next door to Alice...

Veronika Huebl

Le mâle aimerait rejoindre la femelle dans la grotte, © Veronika

Huebl

Maintenant, ilcreuse son propre appartement, © Veronika

Huebl

Galápagos Interne

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Une soirée au nom des espèces invasives

Le 13 septembre 2022, nous avons eu l‘occasion

d‘inviter le Dr Heinke Jäger à donner une conférence

sur les espèces envahissantes des Galápagos au Musée

zoologique de Zurich.

La biologiste a rapidement réussi à captiver les nombreux

visiteurs de l‘événement grâce à son style

charmant et à sa narration vivante. Elle a expliqué

très clairement les dégâts causés par les espèces introduites

dans les Galápagos.

Nous avons appris que le quinquina rouge, bien que

magnifique, modifie le microclimat de son environnement,

car le brouillard se condense sur ses feuilles,

ce qui rend le sol très humide sous les arbres. C‘est un

gros problème pour les plantes endémiques comme

le miconia, car le sol en dessous devient trop humide

et elles manquent de soleil. C‘est pourquoi les arbres

de quinquina peuvent se propager librement. Heureusement,

un autre organisme introduit a apporté

le salut. Il s’agit d‘un champignon qui attaque les racines

des quinquinas. De cette manière, la propagation

des arbres a pu être réduite, mais on ne sait pas

encore si ce champignon n‘endommagera à long

terme que les arbres invasifs. Heinke a également

présenté de manière claire les problèmes posés par

les ronces invasives et les conséquences pour les petits

oiseaux chanteurs.

Lors de l‘apéritif qui a suivi, de nombreux participants

se sont étonnés que le travail des scientifiques

aux Galápagos soit si long et qu‘il s‘agisse souvent

d‘une activité répétitive avec seulement de petites

étapes de réussite, qui peut s‘étendre sur des années

et qui connaît souvent des revers.

Ce qui m‘a beaucoup ému, c‘est la volonté de plusieurs

personnes présentes d‘entreprendre un voyage

aux Galápagos pour aider activement au désherbage

des ronces pendant deux ou trois semaines.

Je suis très heureuse de voir que beaucoup d‘entre

vous soient aussi motivés.

Malheureusement, cela n‘aide pas vraiment les

chercheurs, car une grande partie de l‘archipel est

protégée et les zones d‘intervention ne peuvent

être visitées que par du personnel spécialisé. Les

autorisations ne sont accordées par l‘autorité du

Parc national des Galápagos que si les personnes

étrangères peuvent justifier qu’elles possèdent un

mandat de recherche. En outre, chaque directeur de

recherche devrait affecter un membre de l‘équipe à

la logistique nécessaire, qui serait uniquement chargé

de coordonner les allées et venues des assistants,

d‘organiser leur hébergement et de les former ou de

les superviser dans leur travail.

Vous vous rendez certainement compte qu‘il s‘agit

d‘une organisation beaucoup trop lourde pour

une équipe de recherche. C‘est pourquoi on essaie

d‘intéresser les habitants des Galápagos à ce genre

de travaux – d‘autant plus qu‘ils sont disponibles en

permanence et peuvent être employés à court terme.

La formation de ces collaborateurs est certes

coûteuse à court terme, mais utile à long terme, car

elle permet aux personnes vivant aux Galápagos de

bénéficier d‘une formation utilisable à long terme et

d‘un emploi sûr.

Il est donc plus utile de faire don à un projet de recherche,

ici en Suisse, d‘une partie des frais que nous

aurions engagés pour un tel „voyage d‘aide“, afin

non seulement d‘assurer le succès du projet, mais

aussi de permettre des emplois à long terme.

Le problème de trouver des auxiliaires appropriés

n‘est donc pas tant dû au fait que l‘on ne trouve pas

de personnes adéquates, mais plutôt aux moyens limités

pour les financer.

Et le meilleur dans tout ça, c‘est que cette option est

également bien meilleure pour notre bilan écologique.

Claudia Haas

L‘auditorium avec Heinke Jäger, © Dominik Ziegler

10 Galápagos Interne


Une vie pour la protection des oiseaux

Je n‘avais pas encore cinq ans lorsque ma vie a changé.

Après avoir regardé un documentaire sur les oiseaux

tropicaux, le présentateur s‘est présenté comme „un

ornithologue, une personne qui étudie les oiseaux“. Ce

mot est resté dans ma tête. Depuis, mon amour pour

les oiseaux a grandi, en me concentrant sur les espèces

rares et menacées. Le problème de l‘extinction était

quelque chose qui me préoccupait depuis longtemps.

Le jeune garçon, alors âgé de 5 ans, était loin de se

douter qu‘il tenterait un jour d‘obtenir un doctorat

afin d‘améliorer les connaissances sur le moqueur de

Floreana, l‘un des oiseaux les plus rares au monde. Cet

oiseau, connu sous le nom de „muse de Darwin“, est

celui qui a inspiré à Charles Darwin ses théories sur

l‘évolution et la spéciation, ce qui en fait non seulement

une espèce rare, mais aussi un trésor scientifique.

Les moqueurs m‘étaient familiers, car il existe une

espèce de moqueur sur le continent équatorien. Cependant,

il faut de bonnes jumelles pour observer ces

oiseaux. Sur l‘île de Champion, j‘ai rencontré pour la

première fois un groupe de moqueurs de Floreana et

j‘ai été étonné de voir à quel point ils étaient intrépides

avec les humains et à quel point ils s‘approchaient de

nous. Les oiseaux étaient si curieux qu‘ils ont même tiré

sur notre équipement et nous ont volé sur la tête. Ce

fut la première des nombreuses rencontres amicales

avec les moqueurs au cours de mon projet. Le projet

avait un objectif unique mais complexe : il s‘agissait

de mieux comprendre le moqueur de Floreana avant

de le réintroduire sur Floreana, l‘île où il a disparu. J‘ai

décidé de me concentrer sur les lacunes de la recherche

qui pourraient avoir un impact négatif sur le succès

de la réintroduction.

Un travail de terrain passionnant

Avant de pouvoir effectuer des analyses complexes,

je devais trouver un moyen de déterminer le sexe

des oiseaux. Malgré quelques études antérieures sur

les oiseaux, personne n‘avait utilisé une méthode de

détermination du sexe adaptée aux moqueurs de

Floreana. J‘ai adapté un programme d‘analyse simple,

qui pourra être utilisé à l‘avenir pour l‘évaluation des

populations d‘oiseaux, spécialement pour le moqueur

de Floreana. Cela a facilité le travail sur le terrain.

Un autre programme de soutien a ensuite simulé le

choix du partenaire des oiseaux. J‘ai ainsi pu remonter

Enzo avec un moqueur, © Enzo M. R. Reyes

jusqu‘en 2006 et créer un modèle de population pour

chaque oiseau bagué. Cela m‘a permis de calculer

pour la première fois des données démographiques

pour les moqueurs de Floreana, une espèce menacée

d‘extinction. L‘un des principaux résultats a été que la

population actuelle est trois fois plus importante que

ce que l‘on pensait auparavant. Grâce à ces données,

je me suis concentré sur deux aspects comportementaux

qui n‘avaient pas été pris en compte lors de la

planification de la relocalisation des oiseaux : La reproduction

et le comportement social. J‘ai découvert qu‘il

existe une séparation sociale entre les populations, qui

s‘explique par la distance géographique et les différences

de comportement de groupe. J‘ai également

pu démontrer l‘importance d‘une structure de groupe

social intacte pour la réintroduction des moqueurs.

Impact sur la conservation des espèces

De cette manière, ma recherche a un impact direct sur

la gestion des espèces. Elle montre que les mesures

actuelles ont permis de maintenir la stabilité des

populations de moqueurs. En outre, la différenciation

vocale peut nuire à l‘amélioration de la diversité

génétique, qui est l‘un des principaux objectifs de la

réintroduction. Ce problème est typique des oiseaux

chanteurs menacés, mais il peut être facilement résolu

par certaines expériences de playback. En outre, en

raison de la nature sociale de l‘espèce, il est conseillé

de ne pas réintroduire seulement des individus isolés,

mais soit un groupe familial entier, soit au moins des

sous-groupes. En effet, une cohésion sociale augmente

la probabilité de réussite du retour des moqueurs sur

l‘île de Floreana.

Enzo M. R. Reyes

Groupe de moqueurs, © Enzo M. R. Reyes

Floreana moqueur, © Enzo M. R. Reyes

Galápagos Interne

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Nouvelles des

Galápagos

La lutte contre le braconnage aux Galápagos

On croyait depuis longtemps que l‘époque du braconnage

aux Galápagos était révolue. Pourtant, au

cours des deux dernières années, plus de 15 tortues

ont été retrouvées mortes sur l‘archipel. L‘enquête

menée par les autorités locales laisse penser que les

animaux étaient chassés pour être consommés.

Malheureusement, l‘année dernière, des bateaux ont

à nouveau été arraisonnés alors qu‘ils se dirigeaient

vers le continent avec des jeunes tortues géantes et

des iguanes terrestres capturés. Cela s‘explique par

la demande croissante d‘espèces exotiques sur le

marché mondial. Bien que le braconnage et la chasse

commerciale d‘animaux sauvages soient interdits par

la loi depuis 1960 et punis d‘une peine pouvant aller

jusqu‘à trois ans de prison, il est très difficile d‘arrêter

les coupables.

Charles Darwin demande qu‘on réfléchisse d‘urgence

à une augmentation draconienne des peines pour

braconnage.

C‘est pourquoi l‘autorité du parc national des Galápagos

a renforcé ses mesures de contrôle dans les zones

particulièrement vulnérables. De plus, un nombre

croissant de caméras pour la faune ont été installées

à des endroits stratégiques du parc national et fournissent

de nombreuses images. De cette manière, les

gardes espèrent pouvoir identifier les braconniers à

un stade précoce.

Les connaissances acquises sur les modèles de déplacement

des différentes espèces animales, qui

ont été équipées d‘émetteurs satellites à des fins de

recherche, aident également les rangers dans leur

recherche des braconniers.

En outre, le directeur de la station de recherche

Soldat de la marine avec les animaux confisqués à bord du

Xavier III, © Marine équatorienne - Twitter

Invitation à la 29e assemblée générale

Quand:

Qù:

Ordre du jour:

Orateur invité:

jeudi 30. mars 2023, 18h30

Zoologique de l’Université de Zurich, Karl-Schmid-Strasse 4, 8006 Zürich

cf. Lettre d’invitation en annexe

cf. Lettre d’invitation en annexe

Suivi d’un apéro avant 21h00

Nous nous réjouissons de votre participation.

12 Galápagos Interne

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